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2024-01-03T07:00:00+01:00

Un monde à refaire de Claire DEYA

Publié par Tlivres
Un monde à refaire de Claire DEYA

Je vous avais prévenus, la création de Cristina SAMPAIO est déjà à l'honneur.

 

Nous sommes le 3 janvier, jour de sortie en librairie de ce premier roman de Claire DEYA, « Un monde à refaire » aux Éditions de L’Observatoire, c'est un coup de ❤️ de cette rentrée littéraire de janvier 2024.

 

C’est la fin de la seconde guerre mondiale. Nous sommes en 1945 sur la Côte d’Azur. Sur les plages situées entre Hyères et Saint-Tropez, les hommes s’affairent au déminage. Certains sont militaires, des Français, d’autres sont des prisonniers, des Allemands. D’autres encore viennent du camp de Fréjus, des Italiens. A moins d’être volontaire comme Vincent au dessein, un brin mystérieux. C’est à cette période que les survivants de la Shoah sortent des camps de la mort, à l’image de Saskia qui revient seule. Toute sa famille a été exterminée. Quant à sa maison, une autre s’y est installée. Tous se côtoient. Entre eux, se créent des liens, pour le meilleur comme pour le pire.

 

Ce premier roman est absolument fascinant.

 

D’abord, il y a cette page de la grande Histoire, méconnue, cette phase de réappropriation du sol, millimètre par millimètre, au péril de la vie de ces hommes mandatés par l’Etat, le Ministère de la Reconstruction sous les ordres du Résistant, Raymond AUBRAC. Les Allemands, voulant empêcher les alliés de débarquer, avaient miné le bord de mer et la plage. Ils avaient alors rivalisé d’ingéniosité dans la création de ces bombes à retardement. Il y en avait des petites et des grandes, la plupart en métal, d’autres en bois, en béton, en verre, en céramique. Toutes avaient pour vocation de tuer. 

 

Et puis, il y a l’histoire de gens, ordinaires, et cette nécessité d’une reconstruction de l’intime quand on a connu l’indicible. Le personnage de Saskia est tout à fait sensationnel dans ce qu’il témoigne du chemin à parcourir pour retrouver la confiance en l'Homme. Il incarne aussi la spoliation des juifs de leurs biens et les démarches à réaliser pour justifier de leur propriété pour imaginer les voir un jour restitués. Ce n'est que le 22 juillet 2023 qu'une loi est promulguée en France pour faire sortir des collections publiques des oeuvres d'art injustement acquises, 82 ans, jour pour jour, après celle qui plaçait sous administration française tous les biens des personnes juives. A l'époque, le texte n'incluait pas la résidence principale. Ce sont des hommes sans foi ni loi qui s'en sont emparée. Claire DEYA va faire de ces faits un terrain de jeu pour porter au grand jour l'ignominie de la guerre.   

 

Mais rien ne serait aussi captivant sans les qualités de la plume de Claire DEYA, nourrie de descriptions, presque cinématographiques. Peut-être le métier de scénariste de Claire DEYA l’a-t-il naturellement incitée à nous livrer 409 pages d’une beauté exceptionnelle.

 

L'écrivaine joue avec les symboles. Elle les décrypte dans ce qu'ils ont de plus subtil :


Le fruit du désir, sensuel et merveilleux, qui ne se donne pas facilement, qui recèle ses trésors sous son écorce, qui gicle, rassasie, et étanche la soif, c’est la grenade. La couleur du péché n’a jamais été le blanc paille de la pomme, mais le rouge, le rouge vermillon, le rouge passionné presque bleu, rouge et violet comme le sang, le rouge qui jaillit. P. 84

Elle est profondément émouvante dans ce qui relève du sensible avec des personnages très attachants. J’ai adoré accompagner Fabien, le responsable des équipes de déminage sur le terrain, et Saskia. Tous deux mesurent à quel point la vie peut être fragile. C'est profondément sensoriel.


Tout lui revint. […] le parfum c’était autre chose.  Elle savait sa puissance. Son alliance secrète avec la mémoire. Sa force protectrice. P. 161/162 

Elle est aussi haletante. Ces hommes réussiront ils à déminer le terrain sans y laisser leur vie ? Certains ne jouent-ils pas de double jeu ? Avouez que faire travailler ensemble les ennemis d’hier relève de l’audacieux. A moins que le danger ne vienne d’ailleurs, encore. Qu'en est-il des histoires d'amour à l'épreuve de la guerre ? L’intrigue est parfaitement menée jusqu’à la fin. Les secrets se dévoilent les uns après les autres. Tout est si bien orchestré.

 

Cerise sur le gâteau, Claire DEYA ponctue son propos de références artistiques comme des sursauts de vie alors que tout est mortifère. Elle convoque la littérature, la musique, la sculpture, la photographie, le cinéma… pour faire de ce premier roman une lecture prodigieuse.

 

Ce coup de ❤️ est une nouvelle fois publié par les éditions de L'Observatoire, souvenez-vous de... 

 

"Humus" de Gaspard KOENIG

 

"L'Ultime testament" de Giulio CAVALLI

 

"Pour qui s'avance dans la nuit" de Claire CONRUYT

 

"Les Mangeurs de nuit" de Marie CHARREL

"Celle qui fut moi" de Frédérique DEGHELT

"Au café de la ville perdue" de Anaïs LLOBET

"Les nuits bleues" de Anne-Fleur BURTON

"Il est juste que les forts soient frappés" et "Les enfants véritables"  de Thibault BERARD

"Simone" de Léa CHAUVEL-LEVY

"Les danseurs de l'aube" de Marie CHARREL

"Le poids de la neige" de Christian GUAY-POLIQUIN

"Juste une orangeade" de Caroline PASCAL

"Les déraisons" d'Odile D'OULTREMONT

"L'âge de la lumière" de Whitney SHARER

"Ces rêves qu'on piétine" de Sébastien SPITZER

Publicité, livre offert par la maison d’édition.

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