Olympe de GOUGES, je connaissais d'elle sa Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne de 1791, je connaissais ses combats féministes et sa triste fin, mais il ne s'agit là en réalité que de quelques éléments de sa vie qui ne sauraient représenter à eux-seuls un itinéraire remarquable.
CATEL et BOCQUET se sont attachés à la réalisation d'une biographie à la hauteur du personnage.
Olympe de GOUGES est en réalité née Marie GOUZE. Elle se marie toute jeune, elle a un fils Pierre. Il faut dire qu'à l'époque la condition féminine se résumait bien souvent aux missions de mère et femme de maison.
Lors de la crue du Tarn, son mari participe aux opérations de sauvetage. Quelques jours plus tard, il s'éteint. Marie n'a alors que 18 ans, elle est déjà veuve.
Très sensible aux écrits des grands hommes (Voltaire, Rousseau...), elle revendique sa liberté et refuse un nouveau mariage. Elle décide de se faire appeler Olympe de GOUGES, une toute nouvelle vie commence alors pour elle.
Elle entretient une relation amoureuse avec un homme qui la comprend et la considère en tant que femme, un statut moderne pour l'époque.
Il imagine un contrat sur la base d'un emprunt fictif pour assurer l'avenir d'Olympe et son fils.
Parallèlement, Olympe de GOUGES se rebelle contre la condition des noirs, l'esclavage, elle revendique un traitement égalitaire, c'est d'ailleurs son 1er combat qui lui donnera ensuite l'idée de défendre les femmes.
Avide de culture et notamment de théâtre, Olympe écrit. Grâce à son réseau de connaissances établi dans le milieu, elle réussit à faire jouer sa pièce "Zamore et Mirza" à la Comédie Française. Les deux personnages principaux sont des fugitifs noirs.
S'en suit une large polémique, ses propos révolutionnaires faillirent lui coûter la vie, ça ne sera finalement que partie remise.
Son combat personnel est porté par l'émulation des grandes découvertes, ainsi assiste-t-on au 1er vol d'une montgolfière...
mais il intervient aussi dans un contexte historique singulier, le peuple est affamé et les femmes prennent la tête des revendications en organisant une marche qui les conduira à Versailles !
Olympe de GOUGES écrit alors sa Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, un texte très avant-gardiste qu'elle remet à Madame La Princesse de Lamballe.
Elle fera le pas de trop. Sa critique de Robespierre aura raison d'elle. Emprisonnée elle continuera pourtant d'écrire !
Elle sera guillotinée en novembre 1793.
Ce roman graphique est une véritable pépite.
D'abord, il rend hommage à une grande dame du 18ème siècle, l'une de ces femmes qui faisaient de l'égalité le combat de leur vie. La composition de cette biographie est assurée avec brio, de nombreuses références viennent étayer le propos et le réseau de relations d'Olympe de GOUGES est recomposé avec minutie, chacun pourra y puiser des portraits d'hommes et de femmes qui ont marqué cette époque.
Et puis, sur la forme, il est aussi à saluer. Le graphisme en monochrome se suffit à lui-même, les textes et leur police de caractères permettent de lire ce gros volume quasiment d'une traite.
Cette BD, c'est la 2ème du genre que je me plais à savourer. J'avais pris un énorme plaisir à découvrir la vie de Joséphine BAKER, j'ai replongé avec tout autant d'enthousiasme dans la collection Casterman écritures pour explorer l'itinéraire d'Olympe de GOUGES.
En refermant le 2ème volume de la collection, je me fais la réflexion que ces femmes étaient nées bâtardes toutes les 2, qu'elles furent élevées par des mères libertines toutes les 2. De là à y voir une forme d'éducation propice à mener des combats d'intérêt général, il n'y a qu'un pas... que je ne franchirai pas ! Vous, si ?
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