Vous qui me suivez régulièrement, vous savez désormais que je suis une inconditionnelle de la plume de Gaëlle JOSSE.
Vous qui visitez le blog pour la première fois, je ne vais pas pouvoir vous le cacher bien longtemps. L'écrivaine, dont le dernier roman s'intitule "Une longue impatience", fait partie de mes auteur(e)s préféré(e).
Quand la Librairie Doucet du Mans annonce une soirée rencontre-dédicace avec Gaëlle JOSSE, je ne peux résister, vous me comprenez bien sûr. Un aller-retour en train et le tour est joué !
Cette rencontre-dédicace m'a permis de mieux comprendre le message de l'auteure et sa démarche d'écriture.
Tout d'abord, Gaëlle JOSSE donne quelques précisions sur les sources de son inspiration, sa Bretagne natale et des histoires familiales, un brin d'imagination aussi.
L'histoire se passe dans les années 1950, c'est la période pendant laquelle les cartes sont rebattues. La guerre est derrière soi, certaines zones sont grises, ambiguës. Qu'est-ce qui a pu faire que certains ont choisi un camp plutôt qu'un autre ? C'est la période des questionnements, tous les champs sont possibles, de quoi offrir à l'auteure un beau terrain de jeu, littéraire bien sûr.
Avec "Une longue impatience", Gaëlle JOSSE explore le sujet de l'absence d'un enfant, la souffrance d'une mère confrontée au vide. Elle va choisir de réorganiser complètement sa vie.
L'écrivaine pose les mots sur le statut de mère dans ce qu'elle a de plus viscéral, la relation aux enfants qui a quelque chose de charnel, de physique, donnant au manque, à l'attente, une dimension tout-à-fait singulière. En peinture, Gaëlle JOSSE nous dit être fascinée par l'art du portrait, un grain de beauté, un regard, une émotion. Le face à face a quelque chose de saisissant, une certaine force, une forme de magnétisme. En littérature, elle a ce souci du détail, elle dissèque à l'envi pour atteindre la substantifique moelle.
Bien sûr, le sujet est douloureux, mais Gaëlle JOSSE va lui donner un nouveau souffle avec le côté nourricier de la mère, une très belle idée. Cette dimension va offrir au récit un brin de fantaisie avec la perspective du repas qui pourrait être organisé pour les retrouvailles. Elle y va de son imagination pour concevoir un menu à la hauteur de l'événement. Elle nous fait saliver rien qu'à décrire toutes les victuailles qui seront posées sur la table. C'est une très belle parenthèse qui fait resurgir des souvenirs. Qui n'a pas cité un jour le plat préféré de sa maman que nul autre ne pourra égaler ?
Alors que l'angoisse nous prend à la gorge, Gaëlle JOSSE détend l'atmosphère avec la prévision de ce moment de fête. Ce repas est hautement stratégique, le lecteur ne s'y trompe pas. Il pourrait être celui de la réconciliation, un repas pour se demander pardon, faire table rase du passé pour se tourner vers l'avenir. Le texte devient lumineux.
Outre l'histoire, il y a la manière de la raconter. Gaëlle JOSSE nous parle de la narration de son roman, elle nous dévoile avoir fait une tentative à la troisième personne mais avoir décelé comme un décalage entre ce qu'elle voulait exprimer et ce qui résonnait à sa lecture. Elle a essayé de réécrire le premier chapitre à la première personne du singulier, et là, elle a découvert que cette forme était finalement la plus adaptée pour rendre compte de la sincérité du propos, l'onde était juste, l'intensité profonde. Il ne restait alors plus qu'à réécrire l'ensemble du roman, et Gaëlle JOSSE l'a fait.
A plusieurs reprises, Marie-Adélaïde a demandé à Gaëlle JOSSE de lire quelques passages. Le ton est donné, la voix est posée, il y a comme un frisson qui parcourt la salle, suspendu(e)s que nous sommes par l'itinéraire de cette femme abandonnée, un pur délice.
Gaëlle JOSSE nous dit être une lectrice boulimique dans la vie, une lectrice qui prend du plaisir à lire ce qu'écrivent les autres, et ils sont nombreux. A raison de 2 à 3 romans par semaine, vous pouvez imaginer. A la question de Marie-Adélaïde "Que lisez-vous en ce moment ?", Gaëlle JOSSE cite "Tristan", le premier roman de Clarence BOULAY qu'elle va rencontrer très prochainement. Mon petit doigt me dit que côté atmosphère, ces deux auteures vont avoir beaucoup à partager...
Tiens, tiens, un premier roman, il pourrait bien retenir l'attention des 68 Premières fois celui-là. Ah oui, je ne vous ai pas dit, les fées étaient là aussi, comme une cerise sur le gâteau.
Gaëlle JOSSE attend d'une lecture qu'elle l'embarque. A mon tour de vous rassurer, Madame JOSSE, "Une longue impatience" m'a littéralement transportée.
Alors, si vous ne l'avez pas encore lu, je crois qu'il convient de courir chez votre libraire préféré(e) pour le découvrir au plus vite.
J'ai déjà hâte de lire le prochain, c'est dire !