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2018-06-12T06:00:00+02:00

Ta vie ou la mienne de Guillaume PARA

Publié par Tlivres
Ta vie ou la mienne de Guillaume PARA

Anne Carrière éditions

Ce premier roman est arrivé comme tous les autres des 68 Premières fois. Je n'avais rien lu sur lui avant, je peux bien l'avouer. Je n'ai pas lu non plus la quatrième de couverture, sacrilège. Je me suis installée confortablement à 21 h, je ne l'ai  abandonné qu'une fois la dernière page parcourue, un peu après 1 heure du matin, ça faisait bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé !

Ce roman c'est un page-turner. Je vous dis quelques mots de l'histoire.

Léa est avocate, elle vit à Paris, à Saint-Cloud plus précisément. Elle est mariée et mère d'un garçon. Un jour, au bureau, elle découvre le nom d'un homme sur un dossier. Elle déclare à son collège que celui-là, elle le traitera. Pourquoi ? Le dossier, c'est celui d'Hamed Boutaleb, un garçon élevé dans le deuil de sa mère, décédée à sa naissance. Son père n'a pas survécu très longtemps à la mort de son épouse, sombrant dans l'alcool. Son frère aîné est mort lui aussi. Agé de 5 ans de plus, il passait son temps dans les trafics de drogue. Un jour, une affaire a mal tourné, il a pris cinq balles dans le corps. Hamed a quitté Sevran pour Saint-Cloud, accueilli par la famille de la soeur de sa mère. Là, il a bénéficié d'une éducation apaisée, loin de la vie turbulente de la cité. Passionné de foot, il a très vite sympathisé avec François. Sympathisé est un grand mot, disons qu'il n'a pas supporté qu'il soit le bouc-émissaire de l'équipe et un jour, il l'a défendu. Les premières graines d'une relation étaient semées, une toute nouvelle vie allait commencer.   

Dès les premières lignes, l'intrigue était plantée et moi hameçonnée. 

J'ai aimé suivre le parcours initiatique du jeune garçon confronté aux inégalités sociales, un vrai choc des cultures. Elevé les premières années de sa vie en Seine Saint-Denis où la violence est reine, il quitte un univers de béton et autres grands ensembles pour découvrir Saint-Cloud, les beaux quartiers, les belles maisons, une famille aimante qui va lui donner à voir une autre façon de vivre. Son oncle lui disait : 


Mais évite la violence autant que tu le peux, fuis-la. C’est l’arme du faible. P. 15

C'est là qu'il va découvrir la passion du football et rêver d'un avenir professionnel dans le domaine. On commence à se dire que le garçon est sauvé.  Hamed s'épanouit, il est heureux, il découvre l'amour avec Léa, un amour qu'il croyait impossible et qui pourtant se révèle. Il y a de très beaux passages sur la passion amoureuse, cette fulgurence des sentiments, cette euphorie des corps, à une période de sa vie où tout n'est qu'apprentissage.

Mais les bourgeois aussi sont contaminés par la violence. Dans les familles privilégiées, elle  revêt un tout autre costume. Cachée, à l'abri des regards, tue, elle fait pourtant des ravages.
Léa vit une adolescence torturée, elle va sombrer dans la folie et  relever un temps de la psychiatrie. 


A défaut de la guérir, on assomme la souffrance. P. 44

J'ai été profondément touchée par l'itinéraire de cette jeune femme affectée au plus profond de sa chair.

Ce roman, il aurait pu porter le titre "Par amour". Guillaume PARA est arrivé trop tard, Valérie TONG CUONG l'avait déjà utilisé. Par amour, oui, parce qu'Hamed ne supporte pas l'injustice, il ne supporte pas que l'on touche à la dignité de ses amis, à leur corps. Il va se mettre en travers du destin et se retrouver derrière les barreaux.    

"Ta vie ou la mienne" est un roman bouleversant porté par un rythme haletant et une plume d'une profonde sensibilité. Les phrases sont courtes mais d'une force intense. Je me suis retrouvée complètement K.O. après cette lecture qui explore la dimension humaine lorsqu'elle est réduite à sa plus simple expression.

C'est une lecture coup de poing, de celles qui laissent en vous une empreinte à jamais. Je comprends maintenant pourquoi ce premier roman a trouvé toute sa place dans la sélection de cette rentrée littéraire des 68 Premières fois. Bravo les fées pour la révélation de ce talent. Je crois bien que l'on n'a pas fini de parler de Guillaume PARA !
 

Retrouvez l'ensemble des chroniques de cette saison...


 

"L'Attrape-souci" de Catherine FAYE

"Les déraisons" d'Odile d'OULTREMONT

"Pays provisoire" de Fanny TONNELIER

"L'homme de Grand Soleil" de Jacques GAUBIL

"Les rêveurs" d'Isabelle CARRE

"Eparse" de Lisa BALAVOINE

"Celui qui disait nonde Adeline BALDACCHINO

"Une mère modèle" de Pierre LINHART

"Fugitive parce que reine" de Violaine HUISMAN

"La nuit introuvable" de Gabrielle TULOUP

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commentaires

K
C'est la première fois que je croise ce livre sur un blog, tu as l'air d'avoir été remuée par cette lecture. Je le note...
Répondre
T
Oh, heureusement que les 68 Premières fois sont là (d'ailleurs si tu veux y participer, c'est le moment !!!) pour défricher ces jeunes talents. J'ai été bousculée oui par ce premier roman très intense. Plus j'y pense, et plus je le trouve dense. C'est dire !

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