Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2018-03-31T10:04:57+02:00

Celui qui disait non de Adeline BALDACCHINO

Publié par Tlivres

Fayard éditions


Ouvrir le premier roman de Adeline BALDACCHINO « Celui qui disait non » le jour de la marche organisée en l’honneur de Mireille Knoll, cette octogénaire sauvagement assassinée, victime d’un homicide volontaire à caractère antisémite, prend un sens tout particulier. Je l'avoue, il résonne de façon assourdissante.


Passionnée de romans historiques, j’ai lu beaucoup de livres sur la seconde guerre mondiale, mais celui-là est très singulier, je  vous en dis quelques mots :


August Landmesser adhère au parti nazi de 1931 à 1935 mais le 13 juin 1936, sur le quai de Blohm + Voss lors de la mise à l’eau du Horst Wessel, un trois-mâts, à Hambourg, il refuse de saluer Hitler et croise ostensiblement ses bras. Une photographie immortalise l’instant. August est tombé fou amoureux d'une Juive, Irma Eckler, malheureusement, leur passion ne sera que de courte durée. Lui sera arrêté alors qu’il tentait de s’enfuir au Danemark. Après un an d’emprisonnement, il est libéré sous condition de ne pas revoir sa femme. L’amour aura raison de lui, il sera arrêté de nouveau et là, condamné à des travaux forcés et fera finalement partie du Bewährungsbataillon 999. Le destin d'Irma sera marqué du saut de cet amour, elle sera déportée et gazée à Ravensbrück en 1942 pour complicité de souillure raciale. Deux filles seront pourtant conçues, hors mariage, mais là, les destins des enfants seront directement impactés par les lois du régime en place, l'une sera déclarée Mischling, l'autre Juive, elle est née après le 31 juillet 1936. Cette histoire familiale aurait pu rester dans l'anonymat mais c'était sans compter sur l'action d'historiens, journalistes, archivistes. Le fil de la vie de cette famille mi aryenne, mi juive prend alors un tout autre dessein. 


Ce 1er roman est bouleversant, je comprends aujourd'hui pourquoi les fées des  68 premières fois ont eu la délicate attention de lui réserver une place de choix dans cette sélection de janvier/février 2018.


D'abord, il revêt une dimension toute particulière parce qu'il s'inspire de l'histoire vraie d'une famille dont le parcours a été torturé par le régime nazi. Ces hommes et ces femmes qui sont nommés tout au long du roman font l'objet, à la fin, d'une biographie très précise à laquelle s'est scrupuleusement conformée l'écrivaine. Ce n'est pas un récit de vie et pourtant, il emporte une empathie exceptionnelle.


Ensuite, parce que le destin de cette famille aurait pu rester dans l'ombre, aux yeux de l'humanité mais aussi des descendants. Cette histoire familiale qui tombait directement sous le coup des lois de Nuremberg fraîchement votées emportait avec elle mille et un secrets que j'imagine particulièrement à porter pour les deux filles, survivantes. Bien des choses avaient été dites mais la vérité, elles ne la découvriront que tardivement, et ne serait ce que pour cette libération apportée, tardivement certes, mais bien présente, je voudrais saluer le travail des hommes et des femmes qui réécrivent tous les jours la grande Histoire sur la base de découvertes incroyables mais ô combien précieuses.


Enfin, parce que l’auteure évoque un acte d’insoumission d’un homme, d'un citoyen ordinaire qui devient par là EXTRAordinaire. Cette façon de croiser les bras était une façon pour August Landmesser de  résister au régime en place. Touché personnellement par les règles qui régissent à cette époque la vie des Allemands, il change de camp et devient un opposant au Führer. Par amour, tiens, ces mots me rappellent subitement le roman de Valérie TONG CUONG, August Landmesser va mettre sa vie à lui en danger, mais celle des autres aussi. Certains ne lui pardonneront pas d'avoir envoyer sa femme aux camps de la mort :
 


L’homme qui n’avait pas su se cacher quand il le fallait avait tué la femme qu’il aimait à force de l’aimer. P. 223

Pour terminer, je voudrais faire l'éloge de la plume de Adeline BALDACCHINO, elle est délicate quand elle aborde l'amour, elle est tranchante quand il s'agit de relater l'ignominie du régime nazi, elle est juste toujours et ne dément aucun élément historique. Elle est romancée et permet d'aller jusqu'au bout malgré la nausée qui vous envahit parfois, un subtil équilibre pas toujours facile à trouver. Elle a aussi le formidable mérite de nourrir la littérature, cette grande Dame de la Culture qui offre de nouvelles perspectives et crée du lien entre les populations, les générations aussi.
 


Comme si la littérature, qui semble faire écran entre les êtres et nous, servait en fait de passerelle. P. 25

Une nouvelle lecture que je n'aurais sans doute pas faite s'il n'y avait eu les  68 premières fois, bravo et merci les fées pour cette révélation. Elle rejoint les autres réalisées récemment...


L'Attrape-souci de Catherine FAYE

Les déraisons d'Odile d'OULTREMONT

Pays provisoire de Fanny TONNELIER

L'homme de Grand Soleil de Jacques GAUBIL

Les rêveurs d'Isabelle CARRE

Eparse de Lisa BALAVOINE

 

Ce roman concourt au Challenge de la Rentrée Littéraire organisé par le blog "Aux bouquins garnis" :

comme :

- Les guerres de mon père de Colombe SCHNECK

- Une vie minuscule de Philippe KRHAJAC

- Une longue impatience de Gaëlle JOSSE Coup de coeur

- Tristan de Clarence BOULAY

- Un funambule d'Alexandre SEURAT

- Juste une orangeade de Caroline PASCAL

- Les déraisons d'Odile d'OULTREMONT

- Pays provisoire de Fanny TONNELIER

- Une verrière sous le ciel de Lenka HORNAKOVA CIVADE

- Le cas singulier de Benjamin T. de Catherine ROLLAND

- L'Attrape-souci. de Catherine FAYE

- Bénédict.de Cécile LADJALI

- L'atelier des souvenirs.d'Anne IDOUX-THIVET

- La nuit je vole de Michèle ASTRUD

- La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose de Diane DUCRET

- L'homme de Grand Soleil de Jacques GAUBIL

- Les rêveurs d'Isabelle Carré

- Eparse de Lisa Balavoine

- Un regard de sang de Lina Meruane

- Une mère modèle de Pierre Linhart

Voir les commentaires

commentaires

B
Ah, mais je ne savais pas qu'un roman avait été consacré à cet homme qu'on appelle souvent "celui qui refusa de faire le salut nazi". Merci.<br /> Bonne journée.
Répondre
T
Il est sorti tout récemment, il fait partie de cette #RL2018
U
C'est un livre que je note, ça a l'air passionnant et bouleversant ! Merci :)
Répondre
T
Ça l’est

Girl Gift Template by Ipietoon Blogger Template | Gift Idea - Hébergé par Overblog