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2022-08-06T06:00:00+02:00

Une nuit après nous de Delphine ARBO PARIENTE

Publié par Tlivres
Une nuit après nous de Delphine ARBO PARIENTE

Editions Gallimard

Le bal des 68 Premières fois se poursuit avec le premier roman de Delphine ARBO PARIENTE : "Une nuit après nous".

 

Mona est une femme de 46 ans, elle a deux enfants d’un premier mariage, et la petite Rosalie avec Paul avec qui elle vit depuis 12 ans. Ça fait des années maintenant que Mona s’évertue à garder son passé cadenassé mais sa rencontre avec Vincent, professeur de Taï-chi, va ouvrir les vannes. Plus jamais la petite fille qui dormait en elle ne sera prisonnière.
 
Ce premier roman est bouleversant.
 
Il prend racine dans une histoire familiale complexe, la génération de ses grands-parents s’est exilée de Tunisie dans un contexte douloureux avec seulement quelques effets personnels sur le dos. Ils ont tout reconstruit mais nous étions dans les années 1960, et à cette époque, les logements étaient petits et miteux. Sa mère, quand elle était enfant, voulait fuir cet environnement familial toxique. Et puis, comme une prédisposition naturelle, il va y avoir une transmission de la douleur par la voie des femmes au fil des générations. Mona va hériter bien malgré elle de ce patrimoine lourd à porter qui va marquer son corps de son empreinte.
 
Vous l'avez compris, il y a dans ce nouveau roman de la #selection2022 des 68 une affaire de corps, de maltraitance du corps. Pour pouvoir se construire, Mona a choisi l'oubli, à moins que ça ne soit son cerveau qui ait pris les commandes.
 
C'est Adélaïde BON avec "Une petite fille sur la banquise" qui m'avait mise sur la voie avec un récit de vie aussi effroyable qu'éblouissant. Elle y expliquait ses mécanismes de protection lors de faits de violence. C'est un peu comme un instinct de survie. Le cerveau se déconnecte et engendre ce que l'on appelle une amnésie traumatique. Avec ce roman, et sans l'approche scientifique, Delphine ARBO PARIENTE illustre parfaitement le mal qui ronge Mona.
 
Dans ce roman, ce qui est intéressant, c'est aussi et surtout ce qui va provoquer la rupture avec un quotidien qui pourrait être qualifié d'ordinaire. Je suis totalement fascinée par ce que les rencontres peuvent générer en termes d'émotions. Là, c'est celle de Mona avec Vincent qui va tout bouleverser.


Et en ouvrant la trappe où j’avais jeté mes souvenirs, la petite est revenue, elle attendait, l’oreille collée à la porte de mon existence. P. 13

Il n'aura fallu qu'un sourire, un regard, une écoute, l'intonation d'une voix... pour que les souvenirs déferlent avec tout ce qu'ils charrient de souffrance mais aussi tout ce qui fait de la personne ce qu'elle est aujourd'hui. Je n'irai pas plus loin, bien sûr, au risque de dévoiler le charme de cette lecture. Je peux juste vous dire que les battements de mon coeur se sont accélérés à un rythme insoutenable, ce roman, je ne pouvais plus le lâcher.

"Une nuit après nous", c'est une libération...


Sa mémoire, ce n’est pas le passé qu’elle contient, mais le présent qui la déborde. P. 187

Ce roman m'a rappelé un extrait du poème "Confession" des Fleurs du Mal de Charles BAUDELAIRE :

"Tout à coup, au milieu de l'intimité libre

Eclose à la pâle clarté,

De vous, riche et sonore instrument où ne vibre

Que la radieuse gaieté,

De vous, claire et joyeuse ainsi qu'une fanfare,

Dans le matin étincelant,

Une note plaintive, une note bizarre,

S'échappa, tout en chancelant"

"Une nuit après nous", c'est aussi l'histoire d'une révélation. Mona vivait avec toute une part d'elle, de sa vie, de son itinéraire, qui lui était inaccessibles. Avec Vincent, c'est la promesse de retrouver ses origines, son enfance, son adolescence, sa vie de femme, adulte, c'est l'assurance de trouver des réponses à toutes ces questions qui la taraudaient, c'est un peu comme si elle trouvait la clé d'un trésor dont elle ne soupçonnait même pas l'existence. Ce roman, c'est une porte ouverte sur une (RE)naissance.

Finalement, l'écrivaine explore tout au long du roman le champ de la mémoire, celle des territoires, celle des hommes et des femmes. C'est fascinant.

Ce roman, construit en cinq chapitres comme une tragédie grecque, est aussi déchirant que lumineux. Il est servi par une plume d'une très grande sensibilité. J'évoquais l'instant de rupture quelques lignes plus haut. S'il est important pour le lecteur, il l'est plus encore pour l'auteur en termes d'écriture. C'est l'évènement qui rebat l'ensemble des cartes, un tout nouveau jeu s'offre à lui. A charge pour lui de rebondir, certains réussissent l'exercice comme Delphine ARBO PARIENTE, d'autres moins.

Ce premier roman, c'est une belle réussite. Bravo !

Et pour terminer, vous prendrez bien quelques notes de musique, classiques, choisies par l'écrivaine elle-même...

Retrouvez les autres références de la #selection2022 :

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

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