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2016-10-12T21:05:12+02:00

Vivre près des tilleuls de l'AJAR

Publié par Tlivres
Vivre près des tilleuls de l'AJAR

"Vivre près des tilleuls", c'est un 1er roman qui fait partie de la sélection des 68 premières fois

Encore un petit bijou !

Attention, le sujet est douloureux. Le lecteur découvre très vite qu'Esther Montandon est une mère endeuillée, sa fille, Louise, est décédée accidentellement alors qu'elle n'avait que 3 ans.

Celui, ou celle qui tient la plume de ce roman bouleversant, présente le contexte dans un avant-propos : "Lorsque Esther Montandon m'a laissé la responsabilité de ses archives, en 1997, je me suis trouvé face à une masse de documents divers : cartes postales, pièces administratives, courriers, coupures de journaux... A quoi s'ajoutait le lot commun de tous les écrivains dont la recherche fait son miel : brouillons griffonnés épars, pages dactylographiées avec ou sans annotations autographes, et trois carnets de notes." P. 7

Il n'en faudra pas plus à la lectrice passionnée que je suis pour être appâtée !

Ce roman retrace les souvenirs de cette femme, depuis la conception de cet enfant, presque inespéré au regard de toutes les tentatives mises en oeuvre avec Jacques, l'homme de sa vie.

On y découvre le plaisir de mettre au monde un enfant et ce qui fait immédiatement la différence avec un lien maternel :


Mon corps portait seul les traces de cette naissance, de ce miracle et, alors qu'il en rejetait encore les restes, j'ai vu l'amour faire son apparition. P. 18

Et puis, il y a le décès de cette petite fille et la douleur d'une mère, le chagrin sur lequel l'auteur essaie de mettre des mots :


Le chagrin est moins un état qu'une action. Les heures d'insomnie, puis le sommeil en plomb fondu sur les paupières, la prostration dans le noir, la faim qui distrait la douleur, les larmes qu'on ne sent plus couler : le chagrin est un engagement de tout l'être, et je m'y suis jetée. [...] Le chagrin est tout ce que je suis capable de faire. P. 53

Après avoir porté un enfant dans son ventre, voilà qu'un vide incommensurable y prend place avec une résonance extrême dans tout le corps :


Personne ne m'avait expliqué le vide au creux des entrailles, le vrombissement dans le cerveau, le tremblement des mains. P. 81

Et puis il y a cette terreur devant l'oubli. Comment préserver les souvenirs de cet enfant ? Comment conserver son parfum ? Comment mémoriser à jamais le timbre de sa voix ? Autant de questions que se pose une mère qui voit peu à peu les images de sa fille s'étioler avec le temps :


Et j'oublierai Louise. Je ne garderai d'elle que les souvenirs que ma vieille mémoire refusera d'effacer, ces quelques feuillets désordonnés. Je me raccrocherai à eux comme à un rocher suspendu au-dessus du vide. Et je saurai, tout au fond de moi, que ce n'est plus Louise. Que Louise est partie, peu à peu, à pas de loup, comme elle savait si bien le faire. P. 117

J'ai été bouleversée par l'émotion de cette lecture, la justesse des mots employés, la sensibilité avec laquelle est abordé le sujet du deuil.

La petite étincelle de ce roman réside dans le porteur de la plume, une singularité suffisamment rare pour être remarquée.

Impossible toutefois de la dévoiler, il s'agit là d'une partie du charme de cette oeuvre ! Je crois qu'il ne vous reste plus qu'à la lire...

Encore un très beau coup de chapeau à la joyeuse équipe de fées qui présélectionne des 1ers romans de la rentrée littéraire 2016 pour notre plus grand plaisir.

Vivre près des tilleuls de l'AJAR

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