Un petit bijou, ce roman, et une nouvelle fois, conseillé par Gérard COLLARD de la Griffe Noire, encore lui !
C'est un 1er roman mais pas dans la collection des 68 !!! Je suis en rodage avec celui de Armelle GUILCHER, sorti en 2014 !
Marine et Yves, son frère aîné, vivent avec leur grand-père. Leurs parents sont décédés quand ils étaient encore enfants. Nous sommes en 1960, le 25 décembre. Les jeunes se retrouvent pour fêter Noël ensemble. Une bouteille de whisky circule, Marie-Anne à l'air sainte-nitouche est mise au défi de goûter, elle boit à pleines gorgées et répond aux provocations du groupe sur l'existence d'un "amant". Un nom est rapidement prononcé, celui de l'Abbé Jaouenn. La nouvelle se répand dès le lendemain dans tout le village qui s'offusque du comportement de la jeune fille. Marie-Anne est l'amie de Marine, elle va être mise en quarantaine par ses parents le temps des vacances et reprendra l'école sous le poids de la honte. Marine, jeune fille désinvolte souhaite vivre son adolescence en toute indépendance, mais c'est sans compter sur la présence du Docteur Jaouenn, le médecin du village et frère de l'Abbé, qui semble accorder une importance capitale au sort de Marine qui n'a qu'une idée en tête, retrouver la terre de ses origines, cette île bretonne sur laquelle elle a vécu sa plus tendre enfance jusqu'à la mort de ses parents.
C'est un formidable roman construit sur un secret de famille que la jeune fille va découvrir malgré elle. Marine va mener son enquête sur les traces de la mort de son père d'abord, de sa mère ensuite. J'ai été très émue par sa quête et son parcours, un très beau portrait de femme !
Oublier c'était renier les raisons qui lui avaient permis de grandir, de s'aguerrir, de se façonner dans les deuils, les chagrins, pour finalement renaître, reconstruite, fortifiée, apaisée. P. 394
C'est aussi un très beau roman sur la vieillesse et sur ce que peuvent apporter les grands-parents et plus largement les anciens aux jeunes générations. La personnalité du grand père est particulièrement attachante, tout comme celle de la tante Lucie.
Je l'avoue volontiers. Je me plais en la compagnie des vieillards. Il se dégage d'eux une telle aura due à leur expérience, qu'il ne leur est pas utile de raconter, d'expliquer ou de démontrer, leur présence suffit à nourrir mon imaginaire. P. 75/76
C'est enfin un magnifique roman sur les îles bretonnes, le climat bien trempé de ces territoires où la nature offre un spectacle permanent :
[...] il y avait la mer, le vent, les oiseaux, mouettes et goélands qui criaient à longueur de journée, les bateaux qui quittaient le port ou y entraient. Tout cela lui remplissait la tête et les yeux. Elle avait l'impression d'un tableau en mouvement permanent et son attention était constamment en éveil. P. 246
Le portrait des îliens est non moins négligeable avec ce lien irrépressible à leur terre.
J'aime mon île. Chaque fois que j'y viens, j'éprouve des émotions pures et communie étroitement avec le décor environnant. Ici, je touche du doigt quelque chose qui, partout ailleurs, m'échappe, peut être une intégration totale, physique et intellectuelle, avec ce pays que j'admire par dessus tout. P. 67
La beauté des paysages et la solitude leur offrent un sentiment de plénitude :
Elle marchait sur une bande de terre, avec l'océan de part et d'autre. Et la sérénité qui émanait de ce paysage, simplement rythmé par la marée et le cri des mouettes, apportait au corps un bien-être si intense qu'il en était douloureux. P. 241
Mais n'allez pas croîre que ce sentiment soit à la portée de chacun. Gare à celui dont l'histoire pourrait bien l'en tenir éloigné.
Ce roman vient de sortir en poche, ne vous en privez pas, c'est un excellent choix !
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