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Recherche pour “une famille normale”

2018-05-08T08:41:42+02:00

Juste après la vague de Sandrine COLLETTE

Publié par Tlivres
Juste après la vague de Sandrine COLLETTE

Editions Denoël

Je ne lis par régulièrement du roman noir mais une rencontre sur le Salon du Livre de Paris m’a fait replonger si je puis dire. Il faut dire que la plume de Sandrine COLLETTE est toujours la promesse de profondes émotions, impossible de résister ! Après « Six fourmis blanches » et « Un vent de cendres », voici donc « Juste après la vague », son tout dernier roman publié en janvier 2018.

Je vous dis quelques mots de l’histoire :

Un tsunami a récemment immergé l’ensemble des terres d’une  île, à l’exception du sommet où vit une famille de 11 personnes, Pata, Madie, et leurs 9 enfants. Ils sont les seuls survivants du cataclysme. Après 6 jours passés à scruter l’horizon dans l’attente de secours et devant la montée permanente des eaux charriant les restes des maisons détruites et les corps des noyés, les parents décident de fuir. Ils ne tiendront toutefois pas tous sur l’embarcation de fortune qui leur reste encore. Les parents décident finalement de laisser trois enfants, endormis, avec la promesse de venir les chercher dès qu’ils auront accoster sur les hautes terres.

Ce roman fait partie de la collection « Sueurs froides », vous comprendrez aisément qu’il y a effectivement toute sa place.

Sandrine COLLETTE plante le décor d’une fin du monde.

D’un côté, il y a une épopée familiale portée à bout de pagaies par le père et l’aîné des garçons. Le périple pour rejoindre les hautes terres est estimé à 12 jours de navigation, mais c’est sans compter sur la furie des éléments. Ils sont si fragiles face à l’immensité d’un paysage, qui n’est plus composé que d’eau, et le bouillonnement d’un océan enragé. Ils vivent des moments d’intenses frayeurs et, vaille que vaille, tentent d’avancer. 

D’un autre côté, il y a les aventures de trois jeunes enfants, plongés dans un chagrin immense d’avoir été abandonnés, qui vont se laisser guider par leur instinct de survie. Leur maman a bien laissé une lettre leur demandant de faire durer le stock de nourriture pour tenir le temps qu’ils reviennent les chercher, mais il ne s’agit que d’enfants ! Ils ont bien vu leur mère cuisiner, mais de là à assurer la préparation de repas pour trois... Ils ont bien vu leur père pêcher mais de là à relever un poisson des eaux noirâtres...

Ce roman, je ne vais pas vous en dire beaucoup plus si ce n’est que votre cœur va être mis à rude épreuve.

L’histoire est terrifiante et profondément dramatique. Sandrine COLLETTE maîtrisant à la perfection l’art de la description, elle met tous nos sens en éveil. Les tribulations de cette famille sont toutes plus intenses les unes que les autres. Vous pensez que le pire est arrivé ? L’écrivaine, elle, conçoit un scénario qui va encore plus loin !


La barque est seule et dérisoire sur l’océan en colère. La mère regarde Pata de toutes ses forces. Il observe le monde, il sait lui aussi. Il compte leurs chances. Les rames sont posées sur le bord de l’embarcation, inutiles à présent. P. 129

Avec ce roman, l’auteure met le doigt sur le rapport de l'homme à l'environnement dès lors qu'il en perd la maîtrise. Elle en dit long sur l’histoire des réfugiés climatiques, une population trop peu appréhendée aujourd’hui qui pourrait pourtant atteindre les 250 millions en 2050 selon les prévisions de l’Organisation des Nations Unies. Je n’ose à peine concevoir qu’il s’agisse d’un roman d’anticipation et pourtant. On se souvient tous des images largement médiatisées du tsunami du 26 décembre 2004 dans l’océan indien et qui a fait environ 250 000 morts. La nature se fait d’une telle violence qu’elle en devient une arme de destruction massive.

Ce sont aussi dans les contextes où la vie devient la plus fragile que la vraie nature des gens s’exprime le plus fortement. Sandrine COLLETTE crée une intrigue post-apocalyptique qui devient le terrain de jeu idéal à l’exploration des relations humaines. Elle va ainsi disséquer celles qui unissent cette famille, déchirée.

Il y a celles des parents avec leurs enfants, les émotions d’une mère, torturée par le sentiment de culpabilité d’en avoir laissé trois, meurtrie viscéralement par l’amour inconditionnel qu’elle porte à tous :
 


Madie ne se délivrera pas de sa peine, c’est elle qui la porte. Sans elle, elle serait déjà devenue un courant d’air, une ombre, une poussière de mère. P. 181

Il y a aussi la résignation d’un père qui tente le tout pour le tout, histoire de sauver ce qu’il lui est encore permis d’espérer, à la vie à la mort.

J’ai personnellement beaucoup aimé suivre les aventures des trois enfants restés seuls, rivalisant d’ingéniosité, se heurtant à la méconnaissance des matériaux et leur alchimie, de la loi de gravité (au sens propre comme au sens figuré !), menant expérience sur expérience avec une ténacité redoutable. Le portrait de chacun est attendrissant et les trois, ensemble, constitue une équipe de charme.  Sandrine COLLETTE nous offre ainsi quelques parenthèses jubilatoires d’enfants portés par un enthousiasme débordant, animés le sens de la fratrie et  une furieuse envie de vivre. Il y a une dimension sauvage, presque animale, dans leur parcours.

Quant à la chute, elle est juste magistrale.

Ce roman est un coup de maître porté par une plume prodigieuse, à lire absolument.
 

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2020-08-18T17:05:00+02:00

Carmen et Teo de Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL

Publié par Tlivres
La première de couverture du roman "Carmen et Teo" de Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL. En arrière plan, un petit clin d'oeil, fleuri, avec un Mandevilla laxa, communément appelé Jasmin du Chili.

La première de couverture du roman "Carmen et Teo" de Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL. En arrière plan, un petit clin d'oeil, fleuri, avec un Mandevilla laxa, communément appelé Jasmin du Chili.

Mon #mardiconseil, c'est un roman écrit à quatre mains. Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL ont collaboré à l'écriture de "Carmen et Teo" sous la baguette d'une talentueuse Cheffe d'Orchestre, je parle bien sûr de l'éditrice, Caroline LAURENT. Et oui, il fait partie de la Collection Arpège lancée en janvier 2019 chez Stock. Vous vous souvenez bien sûr de celui de Caroline CAUGANT "Les heures solaires", l'un de mes coups de coeur ! Aujourd'hui, je fais une petite place à ce roman sorti en librairie au lendemain du confinement. Pas de chance, à moins que ce rendez-vous manqué ne soit rattrapé !
 
Quelques mots de l'histoire. Nous partons pour le Chili. Carmen naît dans une famille privilégiée d'une mère aux origines aristocratiques, professeure de littérature et comédienne, d'un père architecte et enseignant à l'Université. Pendant sa jeunesse, Carmen, une urbaine, part un été avec le Père Mariano Puga, elle découvre la tribu Mapuche, sa grande pauvreté, son histoire aussi, une tribu massacrée par les Espagnols, ces colons européens, et les créoles chiliens. Parallèlement, Teo, lui, naît dans une famille pauvre de la région de Tarapaca, une région minière où est alors exploité le salpêtre, cette poudre blanche qui est étendue sur les sols européens pour les enrichir. Quand l'Europe décide d'utiliser des produits alternatifs, toute la chaîne de production s'arrête, obligeant les mineurs à s'exiler vers Santiago pour trouver du travail. L'enfant de la campagne n'a alors que 7 ans. Dans un contexte politique des plus tendus, nous sommes au début des années 1970, Carmen et Teo vont prendre part, chacun à leur mesure, aux événements qui soulèvent leur pays. Salvador Allende décède lors du coup d'Etat du 11 septembre 1973 dans le Palais Présidentiel bombardé. Là commence une toute nouvelle histoire, avec un grand H (aussi) !
 
"Carmen et Teo", c'est avant tout un roman historique. Delphine GROUES est Directrice de l'Institut des compétences et de l'innovation de Sciences Po, elle a écrit une thèse sur la protestation populaire chilienne. Olivier DUHAMEL, connu notamment pour ses interventions sur Europe 1 et LCI au sujet des institutions et de la vie politique, a écrit "Chili" publié en 1974. Tous deux sont des spécialistes et nous font revivre une page de l'Histoire du Chili, une page dont personnellement je n'avais que très peu de connaissances. 
 
Le propos est dense mais tout à fait accessible je vous rassure. 
 
La passionnée d'urbanisme que je suis ne peut passer à côté de la prédisposition des hommes et des femmes à inter-réagir avec des événements nationaux, voire mondiaux, en fonction de leur territoire d'origine. Mais plus que ça, ce qui m'a permis d'apprécier ce roman foisonnant, c'est le fait, je crois, que Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL se soient inspirés de parcours de vie bien réels, des gens un brin ordinaires dont ils ont fait des personnages de romans. Teo que vous pourrez retrouver, en chair et en os, dans la vidéo de la rencontre en ligne réalisée avec Nicolas AUVINET de la Librairie Richer d'Angers, ne manquera pas de vous émouvoir, j'en suis certaine.
 
Ce qui, personnellement, m'a captivée, c'est la formidable euphorie que vivait à l'époque une jeunesse assoiffée de liberté et qui voyait dans les mouvements communistes l'opportunité d'un régime égalitaire. Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL font se croiser deux regards différents sur la situation politique du moment, une femme, un homme, dont les origines sociales ne sont pas sans impacter leurs façons respectives de voir le monde. Si les parents de Carmen étaient tout acquis à la cause défendue par leur fille, chez Teo, l'heure était à la soumission avec des parents contraints de vivre avec fatalisme, pour le meilleur et pour le pire, les aventures de leur fils, à l'image peut-être de ce que pouvaient vivre des familles françaises lors des événements de 1968. Nous sommes à la même période et les co-auteurs font eux-mêmes un pont entre les deux pays avec les études supérieures réalisées par Carmen dans la capitale à l'Université de Vincennes, université d'un nouveau modèle lancé par Edgar FAURE alors Ministre de l'Education Nationale.
 
La narration à quatre mains est parfaitement orchestrée, à tel point que l'on ne saurait soupçonner qui a écrit telle ou telle phrase. Il y a une harmonie dans le propos absolument remarquable. Chapeau Madame, Monsieur, pour la partition proposée !
 
Si ce roman concourt à la mémoire d'un pays d'Amérique du Sud et de son Histoire, il est aussi un formidable roman d'aventure qui peut s'apprécier comme un beau moment d'évasion littéraire à parcourir le monde au bras d'attachants personnages.
 
Je vous le conseille, tout simplement !   

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2018-03-31T10:04:57+02:00

Celui qui disait non de Adeline BALDACCHINO

Publié par Tlivres

Fayard éditions


Ouvrir le premier roman de Adeline BALDACCHINO « Celui qui disait non » le jour de la marche organisée en l’honneur de Mireille Knoll, cette octogénaire sauvagement assassinée, victime d’un homicide volontaire à caractère antisémite, prend un sens tout particulier. Je l'avoue, il résonne de façon assourdissante.


Passionnée de romans historiques, j’ai lu beaucoup de livres sur la seconde guerre mondiale, mais celui-là est très singulier, je  vous en dis quelques mots :


August Landmesser adhère au parti nazi de 1931 à 1935 mais le 13 juin 1936, sur le quai de Blohm + Voss lors de la mise à l’eau du Horst Wessel, un trois-mâts, à Hambourg, il refuse de saluer Hitler et croise ostensiblement ses bras. Une photographie immortalise l’instant. August est tombé fou amoureux d'une Juive, Irma Eckler, malheureusement, leur passion ne sera que de courte durée. Lui sera arrêté alors qu’il tentait de s’enfuir au Danemark. Après un an d’emprisonnement, il est libéré sous condition de ne pas revoir sa femme. L’amour aura raison de lui, il sera arrêté de nouveau et là, condamné à des travaux forcés et fera finalement partie du Bewährungsbataillon 999. Le destin d'Irma sera marqué du saut de cet amour, elle sera déportée et gazée à Ravensbrück en 1942 pour complicité de souillure raciale. Deux filles seront pourtant conçues, hors mariage, mais là, les destins des enfants seront directement impactés par les lois du régime en place, l'une sera déclarée Mischling, l'autre Juive, elle est née après le 31 juillet 1936. Cette histoire familiale aurait pu rester dans l'anonymat mais c'était sans compter sur l'action d'historiens, journalistes, archivistes. Le fil de la vie de cette famille mi aryenne, mi juive prend alors un tout autre dessein. 


Ce 1er roman est bouleversant, je comprends aujourd'hui pourquoi les fées des  68 premières fois ont eu la délicate attention de lui réserver une place de choix dans cette sélection de janvier/février 2018.


D'abord, il revêt une dimension toute particulière parce qu'il s'inspire de l'histoire vraie d'une famille dont le parcours a été torturé par le régime nazi. Ces hommes et ces femmes qui sont nommés tout au long du roman font l'objet, à la fin, d'une biographie très précise à laquelle s'est scrupuleusement conformée l'écrivaine. Ce n'est pas un récit de vie et pourtant, il emporte une empathie exceptionnelle.


Ensuite, parce que le destin de cette famille aurait pu rester dans l'ombre, aux yeux de l'humanité mais aussi des descendants. Cette histoire familiale qui tombait directement sous le coup des lois de Nuremberg fraîchement votées emportait avec elle mille et un secrets que j'imagine particulièrement à porter pour les deux filles, survivantes. Bien des choses avaient été dites mais la vérité, elles ne la découvriront que tardivement, et ne serait ce que pour cette libération apportée, tardivement certes, mais bien présente, je voudrais saluer le travail des hommes et des femmes qui réécrivent tous les jours la grande Histoire sur la base de découvertes incroyables mais ô combien précieuses.


Enfin, parce que l’auteure évoque un acte d’insoumission d’un homme, d'un citoyen ordinaire qui devient par là EXTRAordinaire. Cette façon de croiser les bras était une façon pour August Landmesser de  résister au régime en place. Touché personnellement par les règles qui régissent à cette époque la vie des Allemands, il change de camp et devient un opposant au Führer. Par amour, tiens, ces mots me rappellent subitement le roman de Valérie TONG CUONG, August Landmesser va mettre sa vie à lui en danger, mais celle des autres aussi. Certains ne lui pardonneront pas d'avoir envoyer sa femme aux camps de la mort :
 


L’homme qui n’avait pas su se cacher quand il le fallait avait tué la femme qu’il aimait à force de l’aimer. P. 223

Pour terminer, je voudrais faire l'éloge de la plume de Adeline BALDACCHINO, elle est délicate quand elle aborde l'amour, elle est tranchante quand il s'agit de relater l'ignominie du régime nazi, elle est juste toujours et ne dément aucun élément historique. Elle est romancée et permet d'aller jusqu'au bout malgré la nausée qui vous envahit parfois, un subtil équilibre pas toujours facile à trouver. Elle a aussi le formidable mérite de nourrir la littérature, cette grande Dame de la Culture qui offre de nouvelles perspectives et crée du lien entre les populations, les générations aussi.
 


Comme si la littérature, qui semble faire écran entre les êtres et nous, servait en fait de passerelle. P. 25

Une nouvelle lecture que je n'aurais sans doute pas faite s'il n'y avait eu les  68 premières fois, bravo et merci les fées pour cette révélation. Elle rejoint les autres réalisées récemment...


L'Attrape-souci de Catherine FAYE

Les déraisons d'Odile d'OULTREMONT

Pays provisoire de Fanny TONNELIER

L'homme de Grand Soleil de Jacques GAUBIL

Les rêveurs d'Isabelle CARRE

Eparse de Lisa BALAVOINE

 

Ce roman concourt au Challenge de la Rentrée Littéraire organisé par le blog "Aux bouquins garnis" :

comme :

- Les guerres de mon père de Colombe SCHNECK

- Une vie minuscule de Philippe KRHAJAC

- Une longue impatience de Gaëlle JOSSE Coup de coeur

- Tristan de Clarence BOULAY

- Un funambule d'Alexandre SEURAT

- Juste une orangeade de Caroline PASCAL

- Les déraisons d'Odile d'OULTREMONT

- Pays provisoire de Fanny TONNELIER

- Une verrière sous le ciel de Lenka HORNAKOVA CIVADE

- Le cas singulier de Benjamin T. de Catherine ROLLAND

- L'Attrape-souci. de Catherine FAYE

- Bénédict.de Cécile LADJALI

- L'atelier des souvenirs.d'Anne IDOUX-THIVET

- La nuit je vole de Michèle ASTRUD

- La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose de Diane DUCRET

- L'homme de Grand Soleil de Jacques GAUBIL

- Les rêveurs d'Isabelle Carré

- Eparse de Lisa Balavoine

- Un regard de sang de Lina Meruane

- Une mère modèle de Pierre Linhart

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2016-01-03T12:40:11+01:00

Jeanne HEON-CANONNE

Publié par Tlivres
Jeanne HEON-CANONNE

Pour commencer l'année 2016 comme il se doit, je dédie ce 1er billet à une femme d'exception : Jeanne HEON-CANONNE.


J'ai fait sa découverte au gré d'un roman, un coup de coeur de la fin de l'année 2015 : "L'importun" de Aude LE CORFF.


L'écrivaine cite cette femme. Elle fait référence à la prison d'Angers, à l'emprisonnement et la torture des Résistants de la région avant leur déportation. Je me suis rapidement fait la réflexion que je ne connais, en réalité, rien de cette page de l'Histoire alors que je suis née dans cette ville, que j'y vis toujours, et qu'elle fait un peu partie de ma vie, mes parents sont nés en 1944, au moment même où une nouvelle page de la 2de guerre mondiale était écrite, une page oubliée. Aude LE CORFF a fait un magnifique travail en la retraçant.


Et ma curiosité a encore grandi quand j'ai découvert que Jeanne HEON-CANONNE avait laissé une trace de son itinéraire dans un témoignage intitulé "Les hommes blessés à mort crient" dans lequel figure une Lettre-préface d'Albert Camus. Il ne m'en fallait pas plus pour me connecter à la Librairie en ligne de La Griffe Noire, et là, surprise, il est disponible !


Livré quelques jours plus tard, il m'a accompagné dans le passage à la nouvelle année. Je vous livre quelques éléments de sa vie :


Tout commence le 20 juin 1944, le jour de leur arrestation, celle de son mari et de Jeanne HEON-CANONNE, tous deux médecins installés près de la Gare. Ils ont récemment transféré leur cabinet à leur domicile, Rue Paul Bert à Angers. Ils ont 3 enfants, elle est enceinte de 3 mois. Ils sont emprisonnés par la Police Allemande. Ils sont séparés et plongés dans un univers de torture. Alors qu'ils découvrent les messages écrits sur les murs de la Prison d'Angers par leurs précédents occupants, qu'ils entendent les cris de ceux qui subissent les pires châtiments, Jeanne HEON-CANONNE écrit :


Il faudra jusqu'à la mort protéger les camarades en liberté pour leur permettre de continuer le travail, même si je dois perdre Michel... P. 27


Pour moi, une seule ligne de conduite : tenir tête, résister à la terreur, résister à l'intimidation, résister à la panique, résister au désespoir, surtout résister au règlement. Veiller chaque jour à accomplir un acte positif de résistance, pour convaincre l'ennemi qu'il peut asservir nos corps, mais que nos esprits demeurent libres. P. 46

Son mari est soupçonné de participer au réseau des Cheminots Résistants, d'avoir fait évader des officiers des Hôpitaux d'Angers, des centaines de familles juives, de rédiger de faux certificats pour empêcher les transferts vers l'Allemagne...


Elle puise sa force dans la foi religieuse :


Celui qui pense que la prière est une vaine redite, celui-là n'a pas prié, torturé dans son corps et dans son âme, il n'a pas prié avec sa faiblesse, avec ses péchés. P. 44

Elle craint plus que tout que la Gestapo s'en prenne à ses enfants. La Libération approche, elle craint que les Allemands ne se vengent sur leurs familles, celles


des terroristes, c'est ainsi qu'on nous appelle...P. 88

Jeanne HEON-CANONNE

Je vais toutefois vous inciter à le lire...


Parce que, d'abord, c'est un très beau témoignage, intime dédié à ses enfants (Danielle, François, Annette), qui a trouvé la voie de la publication qui permet aujourd'hui de rendre hommage à tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont lutté, se sont battus contre l'occupant, au péril parfois de leur vie et de celle de leurs proches.


Quelle abnégation ! Quand je lis ce type de témoignage, je ne peux m'empêcher de penser à la chanson de Jean-Jacques GOLDMAN : "Né en 17 à Leidenstadt". Moi qui est mariée, moi qui est 2 enfants, qu'aurais-je fais si j'avais été à sa place ?

Parce ce que, outre la présentation de ces hommes et de ces femmes, ce témoignage brosse le portrait de toute une région sous l'occupation. Découvrir l'Histoire qui s'est passée dans les rues d'Angers, de Saumur, sur les bords de Loire... me touchent profondément. Ce sont des lieux où j'aime me promener et je découvre, au gré de cette lecture, une page insoupçonnée.


Parce ce qu'enfin, nous ne savons malheureusement pas de quoi sera fait notre avenir... l'année 2015 s'est achevée avec les attentats du 13 novembre à Paris. Les Français sont meurtris par ce nouvel épisode d'actes barbares. Cette femme avec un grand F pourrait bien nous montrer le chemin de la liberté...


Je vous propose de terminer avec une citation d'Albert CAMUS, la 1ère phrase de sa Lettre-préface : "


Je n'ai pas besoin de vous dire que la vérité, quand elle a malheureusement ce visage-là, ne peut s'aborder ni se quitter sans la plus sincère des compassions. P. 7

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2016-05-29T19:08:15+02:00

Les grandes et les petites choses de Rachel KHAN

Publié par Tlivres
Les grandes et les petites choses de Rachel KHAN

Ce roman fait partie de la sélection des 68 premières fois !


Lu hier, chroniqué aujourd'hui ! Il faut dire que lorsque l'on parle d'athlétisme, je suis dans les starting-blocks !


Nina a 18 ans. Elle commence des études supérieures de droit à la Faculté d'Assas de Paris. Alors qu'elle pense pouvoir s'émanciper dans ce nouvel univers, c'est toute sa condition métisse qui lui éclabousse à la figure, encore et encore. Petite, quand elle pratiquait la danse, on lui reprochait la rondeur de ses fesses. Alors, pourquoi ne pas se confronter à un chrono ? Nina court vite, très vite. L'athlétisme pourrait bien lui donner une chance de devenir quelqu'un...


Dans ce 1er roman de Rachel KHAN, la parole est donnée à une certaine jeunesse de la société française d'aujourd'hui. Il y a bien sûr la découverte de l'amour, c'est l'âge comme l'on dit. Il y a aussi la découverte d'un monde d'adultes avec les études universitaires. Mais les jeunes comme Nina sont singuliers et doivent affronter des démons bien particuliers. Ils sont le fruit de 2 cultures et en portent la trace sur leur peau.


Ma mère m'a faite noire pour que je m'en sorte toujours, pour que ma cachette à moi, ce soit la couleur de ma peau. Mon père m'a faite blanche pour que je n'aie pas à prendre le bateau à fond de cale et que j'aie des papiers en règle. P. 20

Et comme si le faciès n'était pas suffisant, Nina est juive. Et là, c'est encore une autre histoire.


Je suis une fille issue de deux histoires qui sont dans les livres. Celle d'un peuple que l'on a voulu éradiquer et celle d'un autre peuple que l'on a voulu soumettre. J''aurais pu apprendre ces histoires chez moi, de manière intime, sans que j'aie à sortir du quartier, ni même de la rue de la Justice mais ils sont trop pudiques, dans cette maison. P. 19

Avec les études, les livres, Nina découvre l'Histoire, celle d'un peuple, celle de sa famille. Rachel KHAN met le doigt sur l'absence de transmission aux générations descendantes chez les immigrés, sur la difficulté qu'ont les enfants à accéder à l'histoire, au passé de leurs parents. On parle souvent de secret de famille, là il en est un qui concerne souvent des communautés toutes entières.


Nina se pose aussi des questions sur les enjeux de ce passé sur sa propre existence à elle.


Et je me tais pour ne pas comparer nos héritages. Après tout, l'histoire de mes parents est elle encore la mienne ? P. 111

Mais elle trace son chemin, cette jeune femme a des convictions, des valeurs, elle est attachée à son grand-père qui incarne le peuple juif, elle est attachée au savoir parce qu'elle sait très bien que son émancipation y sera liée.


Enfant, je ne comprenais pas que s'en sortir, ça voulait dire apprendre. Plus tard, je m'y suis mise. Je fais actuellement des études de droit. J'ouvre les livres et les dictionnaires. Plus j'apprends, plus les livres lisent en moi. P. 19

Et puis Nina entretient des relations d'amitié, elle se sent portée, accompagnée, et y puise sa force.


En fait, c'est ça les amis, ça vous fait avancer. P. 99

Avec le sport et plus particulièrement l'athlétisme, il s'agit de repousser les limites. La citation de Serge GAINSBOURG en tout début de roman en disait déjà long sur ce qui attendait le lecteur :


Je connais mes limites. C'est pourquoi je vais au delà".

La vitesse de Nina, ses performances, vont lui permettre d'être enfin reconnue pour ses qualités.


Dans les yeux de l'entraîneur, je retrouve la bienveillance de M. Chauvel quand il regarde Camille. Il me trouve intelligente l'entraîneur, je le vois. Pourtant j'ai pas dit grand chose. P. 33/34

Mais tout cela n'aurait pas été possible si Nina n'avait pas été portée par un sentiment de FIERTÉ, fierté d'être juive en mémoire de son grand-père déjà, mais fierté aussi d'appartenir au peuple noir :

Mes yeux s'arrêtent sur la collection "Présence africaine" qui réunit des textes de tous les écrivains noirs de l'après-guerre. Des textes qui clament la fierté d'une race, qui dressent le poing sans colère. P. 172

Ce 1er roman de Rachel KHAN est porteur d'espoir, il montre à quel point il faut y croire. Cette jeunesse, bien que freinée dans son élan par le poids de son passé, du passé plus précisément de la génération d'avant, peut trouver sa place dans la société, c'est tout ce que je retiendrais de ce livre.


En parlant de livre justement, je crois que vous serez sensible(s) à cette citation :


Mais un livre, quel qu'il soit, c'est une consécration de l'existence. C'est être au monde, même après le pire. P. 172

Les grandes et les petites choses de Rachel KHAN

Après des grandes et des petites, ce 1er roman de Rachel KHAN augure de bien belles choses.

Vive les 68 premières fois !

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2023-04-18T17:51:06+02:00

Fuir l'Eden d'Olivier DORCHAMPS

Publié par Tlivres
Fuir l'Eden d'Olivier DORCHAMPS

Editions Pocket

Ce roman, c'est d'abord une rencontre organisée dans le cadre du Prix du Roman Cezam 2023 avec une soirée passée à la Bibliothèque Nelson Mandela d'Angers, un très beau moment comme peut les offrir la littérature.

Olivier DORCHAMPS, j'avais fait connaissance avec sa plume grâce aux 68 Premières fois, l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'équipe. Il était alors question de son premier roman : "Ceux que je suis" aux éditions Finitude, un bijou.

J'attendais donc avec impatience de pouvoir le retrouver avec "Fuir l'Eden", déjà lauréat du Prix des Lecteurs de la Maison du Livre, du Prix Louis GUILLOUX, du Prix des Jeunes – Alain SPIESS. C'est une nouvelle fois un roman où l'humain prend toute sa place.

L’Eden, c'est le doux nom (à mourir de rire… jaune) donné à deux immeubles, une tour et une barre, classés auprès du Fonds Mondial pour les Monuments en Grande-Bretagne. L'Eden, c'est l'illustration de ce qu'a pu produire le mouvement architectural du brutalisme en termes de construction de l'après-guerre, pour le meilleur... comme pour le pire. Derrière les intentions de professionnels du bâtiment habitent des hommes et des femmes. Adam sait bien ce qu'il en est. Il aura bientôt 18 ans. Il est né dans un environnement familial violent rongé par l'alcoolisme du père et les violences conjugales. Sa mère a fui, le laissant avec Lauren, sa petite soeur, dans les griffes de l'ogre. Heureusement, leur grand-mère est venue à leur secours pour sauver ce qui pouvait l'être, leur corps et leur âme !

Ce roman, c'est d'abord un procès fait à ces constructeurs qui imaginent, sur plan, des lieux de vie qui n'ont absolument rien d'humains. Là où les hommes et les femmes aspirent à trouver un cocon, on leur offre des lieux tout justes à photographier pour des touristes avides de découvrir la trace d’un grand nom du monde de l’architecture.

La trace, elle, marque au fer rouge celles et ceux qui y habitent. Dis moi où tu vis, je te dirai qui tu es. L’Eden, qui n’a rien d’un coin de paradis, accueille des familles qui accumulent les fractures (sociales, financières…).

J'ai personnellement été profondément touchée par l'itinéraire de cette famille, une jeune femme qui donne naissance à Adam alors qu'elle n'a que 17 ans, un compagnon alcoolique, un projet immobilier qui sera la ruine du couple.


Non, personne ne lui avait jamais dévoilé que devenir une femme signifiait saigner tout sa vie. P. 65

Le personnage d'Adam est profondément émouvant. Il donne à voir ce que l’humain peut trouver de ressources pour se sortir d’une situation de crise. Il s’est fait protecteur de sa sœur jusqu'à lui imaginer une histoire... un conte de fée.


Claire a raison, certains moments méritent de ne pas finir noyés au milieu de centaine de photos. Ils nous appartiennent et se fondent doucement dans nos mémoires. Et il suffit de fermer les yeux pour les revisiter. P. 204

Cette maturité précoce, la charge mentale qui a pesé sur ses épaules, sont autant de cailloux dans sa chaussure le rendant un jour incapable de marcher.

Et puis, il y a cette formidable histoire avec une femme âgée, une professeure d'université, non-voyante, qui demande qu'on lui lise des livres à domicile.


Les livres permettent de mieux vivre et la vie, de mieux lire. C’est une question d’équilibre. P. 178

Je ne vous en dirai pas plus, juste que des bouffées d’air comme celle-ci, Olivier DORCHAMPS vous en réserve quelques unes.

Enfin, ce roman ne serait pas ce qu’il est sans une pointe de suspense. Autour d’une histoire d’amour impossible tourne en boucle un jeune homme assoiffé de liberté !

A la question des bibliothécaire d’une qualité qu’il pourrait revendiquer, Olivier DORCHAMPS répond : « l’altruisme ». Loin de lui l’idée de se targuer d’un trait de caractère que l’on ne retrouverait pas dans sa prose. Laissez-vous porter par sa sensibilité hors pair. Si l’homme aime à concourir à la mémoire d’une société bien mal en point, il croit aussi profondément en l’avenir de l’humanité. Dans un ciel fait de grisaille, lui sait faire la place à des rayons de soleil et dessiner des arcs-en-ciel !

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2016-01-05T22:41:17+01:00

N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Paola PIGANI

Publié par Tlivres

Quand il m'arrive de manquer de références de livres à lire (je plaisante bien sûr !!!), je fréquente les cafés littéraires...

C'est comme ça que j'ai récupéré celui de Paola PIGANI : "N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures".

Je dois bien l'avouer, j'ai totalement fait confiance aux lectrices qui ne tarissaient pas d'éloge pour ce livre, en ignorant même jusqu'au sujet.

Et là, surprise ! Quand ce n'est pas moi qui cherche les romans historiques, ils viennent à moi !

Nous sommes dans la région d'Angoulême en novembre 1940. L'ordre est donné par la Feldkommandantur aux sans domicile fixe de rejoindre le camp des Alliés. Alba a 14 ans à l'époque. Sa famille, comme de nombreuses autres, va devoir s'y installer. La sédentarisation devient la règle, les roulottes doivent être mises au rebut et les chevaux vendus. Même le feu est interdit. Pour combien de temps ?

C'est un magnifique roman sur les Tziganes, leurs modes de vie, leurs rites, leurs traditions, leur relation fusionnelle avec Dame Nature, source de richesses. Il retrace cette soif de liberté que seul le mouvement peut assouvir. Il met en valeur la place des femmes parfaitement incarnée par le personnage d'Alba, et plus encore par Rita, cette vieille femme qui fait obéir l'ensemble du clan, hommes, enfants, tous s'y soumettent. Ce roman m'a fait penser à "Grâce et dénuement" d'Alice FERNEY dans cette approche ô combien respectueuse des Tziganes et de leur condition.

C'est aussi un roman qui a le mérite de relater, une nouvelle fois, une page de l'Histoire négligée par les programmes scolaires. Ce roman est écrit sur la base des témoignages d'Alexienne Winsterstein qui a inspiré le personnage d'Alba. 350 Tziganes furent internés au camp des Alliés entre 1940 et 1946. Il s'agit du dernier camp d'internement libéré sur la trentaine qui a existé en France occupée. Au total, ils ont accueilli 6500 hommes, femmes et enfants.

Il traduit le désarroi de ces familles contraintes de se regrouper et de renoncer à leur existence passée :


Durant la toute dernière partie du voyage, ils avancent hébétés comme si on leur avait intimé l'ordre de marcher sur l'eau. De fait, c'est une horde de noyés qui franchit le portail du camp des Alliés ce jour de novembre 1940. P. 37

Il s'attache à décrire leurs conditions de vie. Nous sommes en temps de guerre. La misère, la faim, le froid... guident leurs moindres faits et gestes.

J'ai été bouleversée par cette scène des fêtes de Noël. Une parenthèse avec des femmes belles, lavées, des enfants gâtés avec des sucettes de caramel réalisées dans des cuillères à café, et puis ce spectacle d'ombres chinoises donné par Louis, le père d'Alba. Un très beau moment de fraternité.

Ce roman met le doigt sur le choc des cultures qu'exacerbe ce type de structures. Comme souvent, il y a les dominés et les dominants. Pour les premiers, il s'agit d'imposer à ce peuple une manière d'être, de vivre...


Le camp d'internement se veut être un camp d'éducation où tout le monde doit oublier son mode de vie antérieur, apprendre les joies de la sédentarisation, le plaisir de vivre dans les ersatz de maisons qui se putréfient sur des sols froids et humides, traversés de toutes sortes de rongeurs et d'insectes nocifs, le plaisir d'être coupés de la bienfaisance des arbres, du vent et de la lune. P. 61-62

Pour les dominés, il y a la force irrépressible des origines, des valeurs, des codes, des références, et les déchirements qu'occasionnent l'abandon de ce qui donnait un sens à leur vie, à l'image de leurs animaux...


Leurs chevaux sont leurs ailes, leur puissance, leur signe extérieur de richesse. P. 55

Je fais partie de celles et ceux qui pensent que les livres peuvent nous permettre d'évoluer dans notre relation à l'Autre. Dans le contexte actuel d'afflux de migrants en Europe et plus près de nous, en France, le roman de Paola PIGANI donne indéniablement un éclairage tout particulier sur les écueils de certaines modalités d'intégration. Essayons de ne pas les renouveler !

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2022-05-06T14:26:35+02:00

Le bal des cendres de Gilles PARIS

Publié par Tlivres
Le bal des cendres de Gilles PARIS
Vous avez envie de voyage ? Je crois que j'ai quelque chose pour vous !
 
Après "Certains coeurs lâchent pour trois fois rien", Gilles PARIS nous revient avec un roman, "Le bal des cendres", toujours aux éditions Plon.
 
En route pour les Îles éoliennes. On accoste sur l'une d'entre elles, Stromboli, cette petite portion de terre située au large de la Sicile. Bienvenue à l'hôtel Strongyle gérée par Guillaume et sa fille Giulia. Là, il y a aussi Thomas, Lior, Sevda, Ethel, Elena, Tom, Abigale, Gaetano, Anton, Matheo, Sebastian, Irina, Marco, Pippa, Emilio. Dans cet établissement, c'est un peu la croisière s'amuse. Il y a des gens de passage, seuls, en couple, en famille, entre ami.e.s. Tous ont un point commun, ils sont venus là trouver refuge, à l'année ou le temps d'un séjour. Leur vie pourrait être un long fleuve tranquille, mais c'est sans compter sur l'ascension du volcan, le Stromboli, une excursion régulièrement proposée aux visiteurs. Si les habitants de l'île vivent au rythme des éruptions, les touristes, eux, pourraient bien vivre quelques sueurs froides, mais là commence une autre histoire.
 
La faune de Stromboli, sa flore, ses paysages, son architecture, sa géographie, son histoire, tout y est scrupuleusement décrit par l'auteur, Gilles PARIS, devenu expert de cette infime portion du globe. 
 
Pour visiter l'île de Stromboli, j'aurais pu vous proposer un guide touristique mais j'ai trouvé qu'un roman permettait de donner un côté vivant au territoire. Et croyez-moi, quand je dis vivant, je pèse mes mots. Il suffit de poser ses valises à l'hôtel le Strongyle pour s'en convaincre. A travers une galerie de personnages de fiction tout à fait fascinante, l'écrivain nous fait vivre au rythme d'un microcosme un brin représentatif de la société tout entière, de quoi en dire long sur la capacité de Gilles PARIS à conter des histoires. Qu’ils soient sédentaires ou en transit, j’ai été frappée par la diversité des costumes que chacun peut être amené à porter, le temps d’un instant… ou d’une vie. Certains seraient tentés d’étiqueter chacun, lui coller un statut, mais ça serait là notre plus grossière erreur. Gilles PARIS nous alerte sur cette facilité


Il ne faut pas me juger pas trop vite. P. 281

Gilles PARIS construit un hôtel et en fait le jeu de toutes les tentations, des doutes et des envies, des fuites et des passages à l’acte. C’est un peu comme si la vie prenait, subitement, une saveur différente. Le temps d'un été, tout peut basculer. Quant à cette excursion touristique, elle pourrait bien devenir le révélateur de multiples facettes de ce que peut représenter un homme, une femme, un être unique mais en perpétuelle mutation.


Nos vies ressemblent à des kaléidoscopes qu’on regarde et qui réfléchissent à l’infini, et en couleurs, la lumière extérieure. P. 260

Je vous l'ai dit, Gilles PARIS est un formidable conteur. Il va nous relater des histoires d’amour sur fond de secrets de famille, inviter les fantômes des défunts, nous faire vivre des émotions fortes. 
 
Mais rien ne serait plus éphémère que devant Dame Nature qui a droit de vie et de mort sur les habitants de l’île. Par le passé, elle a déjà montré de quoi elle était capable. Les hommes et les femmes peuvent bien prendre des décisions ici ou là, rien ne saura contrer ses palpitations, à elle. Quand la Nature et l'Homme ont en commun d'être vivant, les cartes peuvent toujours être rebattues par un jeu de balancier. Et si le Stromboli était une illustration de ce que Dame Nature nous réserve à l’échelle du monde...
 
Ce roman, c'est un peu comme une saga, sauf que Gilles PARIS concentre les tribulations en un seul volume, palpitant, servi par une plume rythmée avec des chapitres courts (2, 3 pages maximum). A travers ce roman choral, l’auteur révèle les forces et les fragilités de l’Homme, peu importe son genre, sa sexualité, sa vie… il nous fait délicatement toucher du doigt toutes ces futilités face au destin de la Terre !

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2023-01-03T07:00:00+01:00

Quand tu écouteras cette chanson de Lola LAFON

Publié par Tlivres
Quand tu écouteras cette chanson de Lola LAFON

Éditions Stock

Une lecture coup de poing pour démarrer l'année, une référence du Book club pour démarrer 2023 avec un texte fort.

Vous connaissez peut-être la Collection "Ma nuit au musée", une série de livres qui lient admirablement l'art et l'Histoire dans le murmure du temps. Vous vous souvenez peut-être de ma première découverte de "Comme un ciel en nous" de Jakuta ALIKAVAZOVIC

J'ai rechuté avec "Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LOFAN, un texte EXTRAordinaire.

D'abord, Lola LAFON a choisi un lieu sur lequel la Shoah a marqué son empreinte comme le tatouage sur le bras gauche des hommes et des femmes, juifs, dans les camps de concentration. L'Annexe du Musée est le lieu où la famille Frank a vécu clandestinement pendant 25 mois, 40 mètres carré pour 760 jours de survie, à l'abri des regards et des oreilles du peuple hollandais, lui, qui, en 1940, capitule et s'astreint à appliquer les mesures anti-juives. Otto et son épouse Edith, Margot et Anne leur deux filles, hébergeront quatre autres des leurs jusqu'au 4 août 1944, ce jour où la Gestapo accède au troisième étage de l'immeuble de bureaux d'Opekta.

Et puis, le temps d'une nuit, Lola LAFON, l'écrivaine de talent, va cohabiter avec une absente, celle qui a fait de l'écriture son alliée pour s'évader de ces 40 mètres carrés, celle dont le texte a depuis été spolié à des fins commerciales et politiques. Abject ! A travers ce récit, Lola LAFON s'attache à restituer l'authenticité de la prose de la jeune adolescente pour en assurer la postérité.


Transformer le Journal en un texte sentimental ! P. 114

Lola LAFON excelle dans les liens tissés entre les destins brisés des deux jeunes femmes, le sien et celui d'Anne FRANK, toutes deux intimement liées par leur judéité. L'histoire de leurs familles suit malheureusement les mêmes dramatiques itinéraires à l'exception près que les ancêtres de Lola LAFON ont survécu aux exterminations, assurant ainsi une descendance, hantée aujourd'hui par les fantômes des disparus, croulant sous le fardeau de ce passé. 


L’exil - perdre racine - est un mal dont les symptômes me sont familiers. […] Je sais les désordres de ceux qui ont du se défaire de leur prénom, de leur langue, de leur pays, de leur maison, de leurs parents, de leurs désirs. P. 156

L'écrivaine explore au scalpel le sujet de l'identité et philosophe autour du rôle et du pouvoir de l'écriture.


Écrire n’est pas tout à fait un choix : c’est un aveu d’impuissance. On écrit parce qu’on ne sait par quel biais attraper le réel. P. 89

J'ai été touchée en plein coeur par ce texte qui navigue entre les registres de la littérature, l'histoire romancée d'une page de la vie d'une adolescente devenue célèbre malgré elle, le récit de vie personnelle de l'écrivaine, la médiation culturelle d'un des lieux les plus visités des Pays-Bas.

La plume est profondément émouvante. Elle vous serre le coeur du mal qui ronge les générations, de l'ignominie humaine qui fait front. Quant à dire plus jamais ça, la chute est foudroyante.

S'il n'était qu'un brin d'espoir, retenons que l’appartement des Frank de Merwedeplein soit devenu un lieu de résidence d'écrivains persécutés, un lieu de création, un lieu de vie, quoi !

"Quand tu écouteras cette chanson" est lauréat du Prix Décembre 2022 et du Prix Les Inrockuptibles.

Retrouvez toutes les références du Book club :

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 
 
"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS
 
"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL
 
 "Les enfants sont rois" de Delphine DE VIGAN
 
"Au-delà de la mer" de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE,

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU,

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD,

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD, 

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME,

"Il n'est pire aveugle" de John BOYNE...

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2021-04-27T06:00:00+02:00

Les hommes blessés à mort crient de Jeanne HEON-CANONNE

Publié par Tlivres
Les hommes blessés à mort crient de Jeanne HEON-CANONNE

Hier, je vous parlais de l'exposition installée sur le Boulevard de la Résistance et de la Déportation juste devant l'Hôtel de Ville, exposition honorant 22 hommes et femmes dont le destin fut malheureusement tragique.

Je me suis souvenue d'un livre sur l'une des femmes dont le visage et le parcours sont exposés, Jeanne HEON-CANONNE.

C'est Aude LE CORFF dans  "L'importunqui m'avait mise sur la voie.

Vous savez à quel point j'aime les romans historiques, mais là, il s'agit d'un livre un peu particulier. Il s'agit du récit de l'itinéraire de cette femme remarquable dans un témoignage intitulé "Les hommes blessés à mort crient" et dans lequel figure une Lettre-préface d'Albert Camus. 

Tout commence le 20 juin 1944, le jour de leur arrestation, celle de son mari et de Jeanne HEON-CANONNE, tous deux médecins installés près de la Gare. Ils ont récemment transféré leur cabinet à leur domicile, Rue Paul Bert à Angers. Ils ont 3 enfants, elle est enceinte de 3 mois. Ils sont emprisonnés par la Police Allemande. Ils sont séparés et plongés dans un univers de torture. Alors qu'ils découvrent les messages écrits sur les murs de la Prison d'Angers par leurs précédents occupants, qu'ils entendent les cris de ceux qui subissent les pires châtiments, Jeanne HEON-CANONNE écrit :


Il faudra jusqu'à la mort protéger les camarades en liberté pour leur permettre de continuer le travail, même si je dois perdre Michel... P. 27


Pour moi, une seule ligne de conduite : tenir tête, résister à la terreur, résister à l'intimidation, résister à la panique, résister au désespoir, surtout résister au règlement. Veiller chaque jour à accomplir un acte positif de résistance, pour convaincre l'ennemi qu'il peut asservir nos corps, mais que nos esprits demeurent libres. P. 46

Son mari est soupçonné de participer au réseau des Cheminots Résistants, d'avoir fait évader des officiers des Hôpitaux d'Angers, des centaines de familles juives, de rédiger de faux certificats pour empêcher les transferts vers l'Allemagne...

Elle puise sa force dans la foi religieuse.

Elle craint plus que tout que la Gestapo s'en prenne à ses enfants. La Libération approche, elle craint que les Allemands ne se vengent sur leurs familles.

Ce documentaire, mon #mardiconseil, je ne peux que vous inviter à le lire.

 

Parce que, d'abord, c'est un très beau témoignage, intime dédié à ses enfants (Danielle, François, Annette), qui a trouvé la voie de la publication chez les éditions Regard et Voir et qui permet aujourd'hui de rendre hommage à tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont lutté, se sont battus contre l'occupant, au péril parfois de leur vie et de celle de leurs proches.

Quelle abnégation ! Quand je lis ce type de témoignage, je ne peux m'empêcher de penser à la chanson de Jean-Jacques GOLDMAN : "Né en 17 à Leidenstadt". Moi qui est mariée, moi qui est 2 enfants, qu'aurais-je fais si j'avais été à sa place ?

Parce ce que, outre la présentation de ces hommes et de ces femmes, ce témoignage brosse le portrait de toute une région sous l'occupation. Découvrir l'Histoire qui s'est passée dans les rues d'Angers, de Saumur, sur les bords de Loire... me touchent profondément. Ce sont des lieux où j'aime me promener et je découvre, au gré de cette lecture, une page insoupçonnée.

Parce ce qu'enfin, nous ne savons malheureusement pas de quoi sera fait notre avenir... 

Je vous propose de terminer avec une citation d'Albert CAMUS, la 1ère phrase de sa Lettre-préface : "


Je n'ai pas besoin de vous dire que la vérité, quand elle a malheureusement ce visage-là, ne peut s'aborder ni se quitter sans la plus sincère des compassions. P. 7

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2021-04-20T06:00:00+02:00

Batailles de Alexia STRESI

Publié par Tlivres
Batailles de Alexia STRESI

Mon #Mardiconseil, c'est un coup de coeur (vous avez reconnu l'oeuvre de Marie MONRIBOT bien sûr), "Batailles" de Alexia STRESI.

Je ne connaissais pas encore cette plume. Alexia STRESI est l'autrice de "Looping" sorti en 2017, lauréat du Grand Prix de l'Héroïne Madame Figaro. J'avais laissé passé son premier roman, Lecteurs.com et les éditions Stock ont fait le reste. Un très grand merci pour ce joli cadeau.

Rose est sage-femme. Un jour, elle va rendre visite à sa mère et là, oh surprise. Elle découvre qu'elle n'habite plus dans son logement. Elle va voir la gardienne de la résidence qui lui remet une enveloppe laissée à son nom. Nous sommes en 2003. Sa mère est partie et souhaite que sa fille ne la recherche pas. Elle lui annonce qu'elle reviendra vite. Sous le choc, Rose tente de poursuivre sa vie mais il devient rapidement impossible pour elle de continuer à donner naissance à des bébés, et de nouveaux parents. Elle se réorientera professionnellement et deviendra cuisinière. Elle rencontrera Rémi. Ensemble, ils auront deux filles, Asia et India. Et puis, dix ans après, elle est interpellée par la mort d'un enfant de 15 à 18 mois de type africain, découvert mort sur la place de Berck sur Mer. Elle se joint à la marche funèbre. Cet événement va réveiller l'envie irrépressible de Rose de connaître ses origines. Là commence une toute nouvelle histoire...

Ce roman, je m'y suis plongée sans connaître le sujet. Dès les premières pages, il m'a happée. Il faut dire que Alexia STRESI sait très bien planter le décor, enfin, plusieurs décors en réalité. Elle va savamment mêler deux histoires qui a priori n'ont rien à voir l'une avec l'autre et pourtant...

La quête des origines est un sujet qui me fascine. Les romans, mais aussi la vie, me montrent chaque jour qu'il est des instants où le fait de savoir d'où l'on vient devient une nécessité, qui plus est lorsque l'histoire est ponctuée de silences, lorsque les familles ploient sous le poids de secrets, et ce n'est pas l'écrivaine qui me démentira.


Le passé n'aime pas qu'on le néglige. Arrivera toujours le moment où il se mettra à suinter. P. 194

Et puis, ce qui me captive plus encore, c'est quand la grande Histoire vient percuter la petite. La famille de Rose aurait pu rester dans le champ de la fiction, de l'imaginaire, mais Alexia STRESI a décidé de lui donner une autre portée, une dimension nationale. Les faits remontent aux années 1962-1984. Ils relèvent de la compétence de Michel DEBRE, alors Député de l'île de la Réunion. L'écrivaine relate rien de moins qu'une déportation, le déplacement de plus de 2000 enfants. Je ne vous en dis pas plus, juste que ce livre est à partager sans modération parce que la littérature a ce pouvoir de mettre en exergue des événements passés inaperçus dans l'enseignement académique. Je ne pouvais d'ailleurs pas l'apprendre à l'école puisqu'ils se déroulaient au moment même où j'étais sur les bancs. Aujourd'hui, il est temps d'en parler. Je me souviens de la citation de Simone DE BEAUVOIR : "Nommer c'est dévoiler, dévoiler c'est agir". Imaginez, des hommes et des femmes supportent encore aujourd'hui le fardeau de leur passé et puis, vous savez, ce n'est pas quand leur génération qu'il disparaîtra, non, il ne fera que décupler avec les années parce qu'il y a de la revendication là dessous.

Quand Rose échange avec sa belle-mère. 


Elle aussi ne se sent juive qu'en face des antisémites. P. 143

Alors quand il est en plus question de la couleur de peau, vous pouvez imaginer à quel point les hommes et les femmes ont besoin de savoir qui ils sont ? d'où ils viennent ? pour assumer leur condition et retrouver leur dignité.

Ce roman, c'est une bombe... à retardements. Outre le sujet (impossible de vous en dire plus au risque de spolier le livre tout entier), c'est la manière de l'écrire qui fait boum, boum, boum, et boum. J'ai noté dans mon petit carnet les coups de tonnerre. Il y a un premier impact page 110, et puis 244-245, ensuite le rythme s'accélère, pages 254 et 262. Alexia STRESI orchestre d'une main de maître l'intrigue, le tout dans une plume profondément humaine. J'en ai la chair de poule rien que d'y penser.

Ce roman, ne passez pas à côté.

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2021-04-03T06:00:00+02:00

Over the rainbow de Constance JOLY

Publié par Tlivres
Over the rainbow de Constance JOLY

"Over the rainbow", c'est le titre d'une chanson écrite par Edgar YIPSEL HARBURG pour Judy GARLAND en 1939, reprise plus récemment par Israel "IZ" Kamakawiwoʻole's Platinum. 

Pour la 9ème danse de l'édition 2021 du bal des 68 Premières fois

"Over the rainbow", c'est aussi le titre du second roman de Constance JOLY publié chez Flammarion. Vous vous souvenez peut-être comme moi de son premier "Le matin est un tigre"... Si la complicité fusionnelle d'une mère et sa fille était le coeur du sujet, là, c'est un tout autre duo que va explorer Constance JOLY.

L'écrivaine puise dans ses souvenirs...

Jacques est né à Nice. Il a un petit frère, Bertrand un brin différent. Scandale, un dimanche, quand la famille rentre plus tôt que prévu à la maison après une promenade, Bertrand est découvert dans un lit avec un homme, noir. Sa punition, un exil en Guadeloupe, loin des yeux, loin du coeur. Mais avant le départ, il y a des mots qui claquent. "Ce n'est pas moi le plus pédé des deux" ! Les deux garçons de la famille seraient-ils homosexuels ? Le ver est dans le fruit et même si Jacques va engager une vie de couple avec Lucie à Paris, dans un logement situé près de la Closerie des Lilas, avoir une fille, Constance, il n'en demeure pas moins que le professeur de littérature italienne lutte contre son désir. En 1976, il part avec Ivan. La mère de Constance, désespérée, fait une tentative de suicide. Dès lors, plus rien ne sera pareil pour la petite fille sur la photo de la première de couverture.

Ce roman d'auto fiction, c'est une formidable preuve d'amour d'une fille à son père. Il est singulier dans ce qu'il découvre de l'intimité d'un noyau familial. Sous la plume de Constance JOLY, le père devient personnage de roman avec tout ce que cela recouvre de beau, séduisant, charmant, de triste aussi. L’écrivaine décrit très joliment sa démarche...


J’ai l’impression de tricoter à grosses mailles en écrivant pour te sortir de l’ombre. P. 37

Ce roman, c'est aussi celui d'une époque, les années sida. Je découvre que je suis née la même année que Constance JOLY et que ses références font rejaillir mes propres souvenirs. Jamais je n'oublierais bien sûr le baiser de Clémentine CELARIE à un malade du sida sur un plateau de télévision, vous aussi, non ? Et même si Constance JOLY ne n’évoque pas cet événement en particulier, ce qu'elle décline tout au long du roman, c'est cette époque contaminée par un virus sexuellement transmissible, c'est cette époque où la jeunesse portée par un élan de liberté est freinée dans son élan amoureux. Elle doit "sortir couvert". Aujourd'hui, on le fait aussi, mais différemment.

Avec le sida, c’est aussi la focale mise sur l’homosexualité, masculine. Par le jeu de l’écriture, Constance JOLY restaure la beauté d’une relation amoureuse. Qu’il s’agisse d’une relation homme femme ou homme homme, rien ne change, la passion vous vrille toujours les tripes, c’est le corps qui parle et nous enivre de jouissance...


Tu comprends ce qu’être heureux veut dire. Tu le comprends dans les fibres de ton corps, qui s’épanouit largement, comme s’il occupait plus d’espace à l’intérieur. P. 72

J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la plume profonde et sensible de Constance JOLY. Elle brosse un très beau portrait d’un homme aujourd’hui disparu. Le voilà éternel !
 
Retrouvez les autres romans de cette sélection 2021 :

« Avant le jour » de Madeline ROTH

"Il est juste que les forts soient frappés" de Thibault BERARD

"Les orageuses" de Marcia BURNIER

"Ce qu'il faut de nuit" de Laurent PETITMANGIN

"Nos corps étrangers" de Carine JOAQUIM

"Avant elleJohanna KRAWCZYK

"Tant qu'il reste des îles" de Martin DUMONT

"Les coeurs inquiets" de Lucie PAYE

Vous prendrez bien quelques notes de musique avant de me quitter ! Si la playlist de Constance JOLY est foisonnante, je ne retiendrais qu’un titre, allez, dansez maintenant... 

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2021-03-06T07:00:00+01:00

Ce qu’il faut de nuit de Laurent PETITMANGIN

Publié par Tlivres
Ce qu’il faut de nuit de Laurent PETITMANGIN

Jamais 2 sans 3 ! Nouvelle lecture coup de poing de l'édition 2021 du bal des 68 Premières fois. Après, 

"Nos corps étrangers" de Carine JOAQUIM

"Avant elleJohanna KRAWCZYK

me voilà de nouveau à terre !

Fus est un jeune garçon passionné de football et reconnu pour ses qualités sportives dans le club du village. Son père l'accompagne aux matches le dimanche matin. C'est le rendez-vous, un lieu de rencontre des copains, comme un rituel qui tient toute sa place dans une journée de collégien qui se poursuit avec la visite de la moman à l'hôpital. Elle est malade d'un cancer. Trois années durant, Fus et son père seront au chevet d'une femme battue par la maladie. Quand elle s'éteint, Fus s'occupe de son jeune frère, Gillou, pendant que leur père travaille de nuit à la SNCF. Le premier été suivant la mort de la moman, les trois garçons partent en vacances en camping. Il n'y aura qu'une année tous ensemble. Fus grandit, il a de nouveaux copains, d'autres plans. Et puis rapidement, c'est l'engrenage, la distance prise avec Jérémy, son pote d’enfance,  un retour à la maison avec un bandana affichant une croix celtique, et puis, l’impossibilité à communiquer d'homme à homme, et puis, l’extrême, l’irréparable... 

La narration de ce roman est à la première personne du singulier.

Derrière le je, il y a un homme, un Français du 54, un employé de la SNCF, un supporter du FC Metz, qui s'exprime dans une langue un brin populaire, qui dévoile ses états d'âme comme une confession. Le texte est au présent, un peu comme si le narrateur nous dévoilait son journal intime au fil des années.

Derrière le je, il y a un veuf. Sa femme est décédée. Elle l'a laissé seul. Il n'y a pas eu d'élan de tendresse, de complicité amoureuse, de gestes passionnés. Elle est partie comme elle a enduré la maladie, avec fatalisme. Il s'évertue pourtant à penser qu'elle serait fière de lui...


La moman m’habitait dans ces moments, je pense qu’elle était contente de la façon dont je gérais l’affaire. P. 95

Derrière le je, il y a un père, un être qui se sent responsable, en charge de deux garçons. C'est quelqu'un qui gère le quotidien avec ses armes. Les mots et les grands discours, c'est pas son truc, mais quelle preuve d'amour ! Bien sûr, s'il n'avait pas été directement concerné par l'affaire, il aurait pris de la distance, il se serait peut-être même exprimé, mais là... c'est un peu comme une déferlante qui s'abat sur lui. Il est tétanisé par la gravité des faits et rongé par un sentiment de culpabilité.


Un réflexe de vieux, poussif à ne plus en pouvoir, mais j’avais agi en père dont le fils était en danger. P. 10

A travers cet itinéraire familial, c'est un roman social, celui de la désillusion d'une famille, de la mort d'une industrie, d'une région aussi. 

Laurent PETITMANGIN, à défaut de comprendre, tente d'expliquer, par l'exemple, la montée du populisme, l'adhésion à une idéologie de haine, l'expression par les poings.

A la naissance, tous les bébés se ressemblent, leurs destins seront pourtant fondamentalement différents. C'est aussi la paternité qui est explorée dans une famille monoparentale, la jeunesse d'un enfant bafouée, le deuil, l'adolescence, cette période de toutes les prises de risques, de vulnérabilité aussi.


Que toutes nos vie, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de cette foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards. P. 171

Je me suis rapidement retrouvée piégée par le jeu d'écriture de l'auteur. La pression a monté, mon indignation aussi. J'ai senti mon coeur se serrer et puis la digue a lâché. Je me suis retrouvée à fondre en larmes sur les toutes dernières pages, la chute est magistrale.

La plume, je l'ai dit, elle est un brin populaire, ça ne l'empêche pas d'être empreinte d'une tendresse profonde et d'une force inouïe.

Chapeau Monsieur PETITMANGIN pour le contenu de l'histoire, la qualité du scénario.

Chapeau aussi à La Manufacture de livres, il fallait oser.

"Ce qu'il faut de nuit" de Laurent PETITMANGIN

tout juste lauréat du Prix Libr'à nous,

également le grand gagnant des Prix Stanislas et Femina des Lycéens,

est en lice pour le Prix Saint-Georges du Premier roman organisé par la Librairie de Pithiviers avec

"Avant elleJohanna KRAWCZYK

"Le premier Homme" de Raphaël ALIX

Que le meilleur gagne !

 

Au bal des 68 Premières fois, "Ce qu'il faut de nuit" de Laurent PETITMANGIN succède à :

"Avant elle" de Johanna KRAWCZYK

"Tant qu'il reste des îles" de Martin DUMONT
"Les coeurs inquiets" de Lucie PAYE

"Nos corps étrangers" de Carine JOAQUIM

on reste dans le registre du hard rock. Je vous propose "Demon Fire" du groupe AC/DC...

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2021-06-08T06:00:00+02:00

Ma double vie avec Chagall de Caroline GRIMM

Publié par Tlivres
Ma double vie avec Chagall de Caroline GRIMM
 
Il y a plusieurs manières de découvrir l’œuvre d’un artiste peintre : visiter les musées (en s’y déplaçant ou bien à distance), lire des ouvrages spécialisés, regarder des documentaires... Caroline GRIMM, elle, nous propose avec la maison d'édition de partir sur la voie de Chagall, cet artiste russe, avec un roman.
 
Chagall, c’est le peintre du plafond de l’Opéra Garnier, une commande qui lui est confiée par Malraux, Ministre de la culture. Il y rend hommage à quatorze compositeurs. Chagall a alors 77 ans. Il travaille gratuitement comme un cadeau fait à la France qui lui a tout donné. C’est le pays qui l’a accueilli, lui, Moïche Zakharovitch Chagalov, quand il a quitté son shtetl, son petit village biélorusse de Vitebsk pour se vouer à la peinture, faire fortune et rentrer demander la main de Bella ROSENFELD, la femme dont il est fou amoureux. Quand il arrive dans la capitale, il est accueilli par Victor MEKLER. Il a tout à apprendre. Il trouve de nouveaux maîtres, John SINGER SARGENT et Ignacio ZULOAGA. Il se nourrit des richesses parisiennes. Il s’installe dans un atelier rue de Vaugirard, la Ruche. Il se lie d’amitié avec Blaise CENDRARS sur fond de cubisme. Si les Français ne montrent pas d’intérêt particulier pour son art, les Allemands, eux, y sont sensibles. Il rentre chez lui, retrouve ses racines et Bella, elle qui croît en sa réussite et impose le mariage à sa famille bourgeoise. Malheureusement, leur vie amoureuse commence avec la guerre. Les frontières se ferment. Ainsi commence la vie de l’artiste qui va cumuler les rendez-vous manqués, avec le public, avec son pays...
 
Caroline GRIMM réussit la prouesse de relater une vie ponctuée de mille et une tribulations, tout en beauté. Chagall et Bella sont éminemment romanesques. En rupture avec leurs familles, ils vivent leur passion amoureuse et leur passion de l’art, contre tous. Ils sont beaux, ils sont fous, ils sont portés par l'allégresse des sentiments, des émotions, de tout ce qui fait vibrer deux coeurs à l'unisson. L'écrivaine s'est largement documentée pour restituer tout le piment d'une existence hors du commun.
 
J’ai beaucoup aimé aussi, j'avoue, les relations que nourrit Chagall avec d’autres artistes. Le couple des DELAUNAY est très présent dans la vie du peintre russe. « La femme enceinte », cette oeuvre réalisée en 1912-1913, est inspirée de la maternité de Sonia DELAUNAY.
 
Ce roman, c’est encore une formidable fresque historique sur une cinquantaine d’année, ancrant la vie de Chagall dans la grande Histoire avec la seconde guerre mondiale qui gronde et stoppe en plein vol le jeune fougueux.
 
Et puis, ce roman c’est un voyage à travers le monde. Vous allez vivre au rythme des étapes de l’itinéraire de Chagall, entre la Russie, le vieux continent et le nouveau monde. Le récit est foisonnant.
 
Quant au rythme, c'est de la pure folie, il est endiablé.
 
Cerise sur le gâteau : l’autrice égrène les chapitres comme autant d’œuvres d’art dont elle assure une prodigieuse médiation. Elle place la toile dans son contexte, explore chaque détail pour nous en délivrer les secrets. Faites-lui une petite place sur votre table de salon... quand vous n’aurez que quelques minutes, vous savourerez le plaisir de vous évader avec « Vue de la fenêtre », « Solitude », « La maison brûle », et bien d’autres encore... autant d'oeuvres d'art qui assurent la postérité de l'artiste !


La magie d’une œuvre d’art, c’est qu’elle agit sur nous comme la lumière venue des étoiles, elle nous éclaire encore bien des années après que l’astre est mort. P. 60

Un petit mot sur celle qui figure en première de couverture : « Double portrait au verre de vin » qui orne parfaitement le roman intitulé "Ma double vie avec Chagall", un titre que je ne décrypterai pas parce qu'il est le symbole d'une autres histoire... juste vous dire qu'il est annonciateur d'un procédé narratif audacieux tout à fait réussi. Bravo !

Ce roman, c'est un coup de ❤️. Vous avez reconnu bien sûr la sculpture de Marie MONRIBOT qui accompagne tous ceux qui, en 2021, m'ont foudroyée.

La plume de Caroline GRIMM, je la connaissais pour l'avoir découverte en 2014 avec la lecture de "Churchill m'a menti". Je me plais à parcourir ma chronique de l'époque... alors que "T Livres ? T Arts ?" n'existait pas encore. Imaginez, nous étions encore à l'époque de "L'Antre des Mots" ! Et devinez quoi... c'était déjà un coup de ❤️ !

Alors, comme le proverbe le dit si bien, jamais 2 sans 3, j'aimerais bien succomber une nouvelle fois. Vous me conseillez quoi : Vue sur mère ? Moi, Olympe de Gouges ? La Nuit Caroline ?

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2018-12-01T11:23:57+01:00

Où vivre de Carole ZALBERG

Publié par Tlivres
Où vivre de Carole ZALBERG

Grasset
 

Le tout dernier roman de Carole ZALBERG, "Où vivre", vient de sortir, il est foisonnant et saisissant.

Tout commence avec une scène d'hôpital. Un homme, Noam, gît sur un lit. Toute sa famille est réunie autour de lui. Il sort du coma après un terrible accident de la route. Nous sommes en Israël en 1994. Sa femme, épousée aux Etats-Unis, était à ses côtés dans la voiture, elle est également blessée. Marie, une française, la cousine de Noam, se souvient de cette histoire qu'il lui a racontée des années plus tard, comme celle relatée par ses grands-parents aussi, des juifs polonais, sa tante, ses cousins... Tous sont profondément marqués par la Shoah et vivent hantés par ses démons même si la vie a progressivement repris ses droits, dans le kibboutz ou ailleurs. Il y a eu des mariages, des naissances, des divorces, des enfants qui ont grandi et sont devenus adultes à leur tour. Leur quête de sérénité, à tous, est malheureusement enrayée par des événements leur rappelant inlassablement la fragilité de leur existence, à l'image de l'assassinat d'Yitzhak RABIN le 4 novembre 1995. Tous se posent la même question. Et si, avec la mort du Premier Ministre israélien abattu par un jeune juif, l'un des siens, le dernier espoir de paix s'était envolé ? 

Ce roman est foisonnant, d'abord, parce qu'il est chorale et qu'il donne alternativement la parole à des hommes et des femmes qui se souviennent de leur histoire, celle d'une famille croisant la grande Histoire du peuple juif.

Avec cette narration plurielle à la première personne du singulier, Carole ZALBERG déplace en permanence le faisceau des projecteurs et offre un panel multiple des parcours de vie. Impossible de dresser le portrait du juif comme un être unique. Il est à l'image de la société, c'est-à-dire interculturel. Avec la convocation de trois générations, l'écrivaine guide le lecteur et lui apprend 


[...] à ne pas juger. P. 134

Certains se sont expatriés à l'étranger, d'autres sont restés, chacun a tenté de tracer sa voie qui en tout point mérite le respect. J'y vois ici la signification du titre. "Où vivre", non pas comme une question, mais comme une réponse donnée par chacun au besoin irrépressible de s'inscrire dans un territoire.

Ce roman est foisonnant aussi par tous les événements historiques qu'il aborde. Il y a, bien sûr, la déportation des juifs pendant la guerre et puis la création de l'Etat d'Israël en 1948. Chacun pensait pouvoir trouver la paix avec une terre d'asile, mais les choses sont finalement beaucoup plus compliquées qu'elles n'y paraissent. Carole ZALBERG assure la mémoire de tout un peuple et celle d'un homme politique en particulier. Avec l'assassinat d'Yitzhak RABIN, c'est une page de notre histoire contemporaine qui s'est tournée. Qu'on s'en souvienne ! 

Le propos est saisissant quand le lecteur mesure l'ampleur de l'empreinte laissée, à vie, par la grande Histoire dans chaque membre de la communauté juive, et qui continue à se perpétuer, après la mort, auprès des générations suivantes. Cette phrase résonne comme un ultime honneur à célébrer :


Et je te dirai, Anna, ma mère, que ta sœur et toi n’avez jamais été séparées, que nous tous, finalement, sur nos radeaux entraînés par le courant, vivons les heurts, malheurs et beautés d’une seule et même vie, enracinée dans la perte et tendue vers l’embellie. P. 135

C'est avec ce roman que je découvre la plume de Carole ZALBERG, j'avoue, je n'avais encore rien lu d'elle, honte sur moi. Elle est sensible et d'une intensité remarquable. Chaque mot est choisi avec minutie, il sonne juste.

Dès les premières pages, je me suis surprise à noter des citations marquantes mais je me suis rapidement rendue compte qu'il convenait de recopier le livre dans son intégralité !

Le propos est d'une telle puissance, je vous le conseille absolument.

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2017-05-09T20:45:56+02:00

Elle voulait juste marcher tout droit de Sarah BARUKH

Publié par Tlivres
Elle voulait juste marcher tout droit de Sarah BARUKH

Editions Albin Michel


La seconde guerre mondiale s'invite une nouvelle fois dans cette rentrée littéraire de janvier 2017 et elle n'a pas manqué de retenir l'attention de nos fées des 68 premières fois.


Alice a 8 ans, elle vit des jours heureux chez une nourrice, à la campagne, où elle côtoie les animaux, passe son temps à aller chercher l'eau au puits. Elle vit sa vie de petite fille et puis un jour, surgit une femme qui dit être sa mère. Elle doit quitter son foyer pour une nouvelle famille. Malheureusement, sa mère, qui l'impressionne avec ce tatouage sur le bras, va tomber malade. Elle ne peut plus s'occuper de sa fille. Elle décide de la confier à son père qui vit à New-York aux Etats-Unis. C'est une toute nouvelle aventure qui s'offre à elle en terre inconnue, dans une famille qu'elle ne connaît pas et aux côtés d'un père qui ne lui montre aucun signe d'affection. Elle va sympathiser avec Vadim, un vieux monsieur qui vit là et va s'attacher à reconstituer son passé.


Ce livre, c'est un roman d'aventure, c'est le regard d'une petite fille sur des réalités qui la dépassent, nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale. Je me suis sentie décalée par  rapport à cette histoire et j'ai eu un peu de mal à me retrouver dans cette expression enfantine. Je me disais qu'au collège, j'aurais sûrement aimé ce type de roman qui vous fait voyager entre les continents et découvrir parcimonieusement quelques éléments de la grande Histoire. Il n'est toutefois pas suffisamment fouillé pour revêtir le costume de roman historique.

 

Et puis, le scénario paraît soit trop prévisible (quand les correspondances de la petite fille à sa mère sont retrouvées dans un bac à linge et qu'elles n'ont donc jamais été postées), soit peu vraisemblable (quand elle saute du bateau pour rester avec Vadim). Bref, je suis passée à côté de ce texte. 


Le seul moment où j'ai ressenti une émotion, c'est lors de ce moment de complicité partagé entre Alice et Vadim autour du piano :

 


Il céda quand même. Il lui décrivit la note, au milieu du clavier, juste avant les deux barres noires resserrées. Alice posa le pouce de son oncle dessus, il était juste à côté. De son autre main, Vadim caressa les touches. Les traits de son visage se gonflèrent, ses lèvres s'entrouvrirent, et il resta un moment les doigts collés au clavier. P. 284

Et pourtant, il y avait quelques éléments qui auraient pu me séduire. Le sujet de la photographie, je suis assez sensible à l'art et quand il est associé à une page de l'Histoire, il réussit en général à me faire vibrer mais là, non. Il y aura bien la référence à ce couple, les époux Capa, mais là aussi, de façon trop vague.


J'ai laissé maturer cette lecture quelques temps mais rien n'y a fait.


Il est pourtant bien écrit. Je peux saluer la qualité de la plume de Sarah BARUKH. J'attendrais quand même son 2ème livre pour me prononcer définitivement !

Celle lecture s'inscrit dans le cadre de la sélection des 68 premières fois pour son édition 2017 :

Outre-mère de Dominique Costermans ****

Maestro de Cécile Balavoine *****

Marguerite de Jacky Durand *****

La plume de Virginie Roels ****

Mon ciel et ma terre de Aure Atika *****

Nous, les passeurs de Marie Barraud *****

Principe de suspension de Vanessa Bamberger *****

Les parapluies d'Erik Satie de Stéphanie Kalfon ****

Presque ensemble de Marjorie Philibert ***

Ne parle pas aux inconnus de Sandra Reinflet *****

La téméraire de Marine Westphal *****

La sonate oubliée de Christiana Moreau ****

Cette lecture participe aussi au Challenge de la Rentrée Littéraire MicMelo de janvier 2017 ! 

Outre-mère de Dominique Costermans ****

Vermeer, entre deux songes de Gaëlle Josse *****

Maestro de Cécile Balavoine ***** Coup de coeur

Marguerite de Jacky Durand *****

Les indésirables de Diane Ducret ***** Coup de coeur

Mon ciel et ma terre de Aure Atika *****

Nous, les passeurs de Marie Barraud *****

Pour que rien ne s'efface de Catherine LOCANDRO *****

Principe de suspension de Vanessa BAMBERGER ****

Les parapluies d'Erik Satie de Stéphanie KALFON ****

Coeur-Naufrage de Delphine BERTHOLON ***** Coup de coeur

Presque ensemble de Marjorie PHILIBERT ***

La baleine thébaïde de Pierre RAUFAST ****

L'article 353 du code pénal de Tanguy VIEL ****

Ne parle pas aux inconnus de Sandra REINFLET ****

La téméraire de Marine WESTPHAL *****

Par amour de Valérie TONG CUONG ***** Coup de coeur

La société du mystère de Dominique FERNANDEZ ****

L'abandon des prétentions de Blandine RINKEL ****

La sonate oubliée de Christiana MOREAU ****

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2021-07-27T17:48:18+02:00

L'Amour au temps des éléphants de Ariane BOIS

Publié par Tlivres
L'Amour au temps des éléphants de Ariane BOIS

Belfond

Mon #Mardiconseil est une lecture étourdissante. Il s'agit du tout dernier roman de Ariane BOIS. Je vous dis quelques mots de l'histoire.

Arabella Cox, rebelle, insoumise depuis sa plus tendre enfance, bercée par les histoires de sa grand-mère inspirées de sa propre expérience de missionnaire adventiste en Afrique australe, est fascinée par le cirque. Elle assiste, indignée, à l’effroyable spectacle, la mort d’un éléphant par pendaison. Nous sommes dans le Tennessee en 1916. Tous les journalistes sont là pour couvrir l’événement. Lors de la parade du cirque, la veille, dans les rues de Kingsport, l’éléphante Mary a tué son dresseur devant une foule apeurée. Arabella a profondément été affectée par l’assassinat du pachyderme. Elle poursuit sa vie d’adolescente sous le regard exigeant de son père, adventiste du 7ème jour. Et puis, il y aura une histoire de jeunesse, dénoncée par son frère. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, Arabella est renvoyée de la famille par son père. Elle part pour New-York où elle suit une formation d’infirmière, mais là ne sera qu’une première étape de son itinéraire à travers le monde.

Arabella est un personnage haut en couleurs, un très beau portrait de femme, c’est sans conteste l’héroïne du livre. Petite, elle ne faisait rien comme les autres enfants de son âge. Elle aura repoussé les limites jusqu’au point de rupture avec son père mais c’est sans doute là le plus beau cadeau qu’il ait pu lui faire, lui offrir la voie de la liberté. Et puis, Arabella est éminemment romanesque. Elle va vivre une histoire d’amour fougueuse...


Grâce de l’amour : chaque geste, comme le ressac d’un cœur libéré, est une offrande. P. 173

et une histoire d’amitié absolument magnifique, les deux intimement liées par une même allégresse.

« L’amour au temps des éléphants » est un brillant roman d’aventure. Avec Kid, elle va vivre l’émancipation d’un homme qui, comme elle, a fui les États-Unis. Lui a été lynché pour avoir bousculé une femme blanche alors qu’il se précipitait pour aller chercher du maïs pour sa famille. Son père a été tué, renversé par un automobiliste blanc. Il est menacé. Il doit partir, quitter ceux qu'il aime, c’est une question de vie ou de mort. Il arrive à New-York où il découvre la musique. Il part pour Paris avec James REESE EUROPE, celui qui avec son orchestre a été le premier à interpréter du jazz en Europe. Avec Kid, c’est l’euphorie des sous-sols parisiens dans lesquels les Noirs prennent le pouvoir, celui de faire danser les hommes et les femmes qui fréquentent les lieux branchés du moment.


Les Français semblaient colorblind, indifférents à la couleur de peau. D’ailleurs, des Noirs, il y en avait plein les rues, des Martiniquais, des Guadeloupéens, des Africains. On se saluait d’un coup d’oeil, les rires fusaient, les accents se mélangeaient, les corps aussi dans les dancings surpeuplés. P. 126

Plus que la seule musique, Ariane BOIS embrasse la culture toute entière des années folles. Elle fait se côtoyer dans son roman des personnages légendaires comme Kiki de Montparnasse, Gertrude STEIN, Ernest HEMINGWAY, Joséphine BAKER, Charles BAUDELAIRE…

Et puis, « L’Amour au temps des éléphants » est un foisonnant roman historique. Tout commence avec ce fait réel de la pendaison d’un pachyderme. Et puis, avec James REESE EUROPE, Ariane BOIS saisit l’occasion de mettre en lumière les Harlem Hellfighters, dont la bravoure du corps d’armée était particulièrement redoutée par les Allemands pendant la première guerre mondiale. Effectivement, avant d’être rendu célèbre pour sa musique, James REESE EUROPE était un lieutenant. L’autrice relate son assassinat, poignardé par un membre de son orchestre. Je ne savais pas qu’il fut le premier citoyen africain américain à bénéficier de funérailles publiques.

J’ai adoré accompagner Arabella dans sa vie de femme impétueuse et passionnée. Ce roman de Ariane BOIS est palpitant, les événements se succèdent à un rythme endiablé, nous transportant à travers les continents et les époques.

Avec « L’Amour au temps des éléphants », j’ai découvert la plume ardente de Ariane BOIS, une révélation.

Impossible de conclure sans quelques notes de musique suggérées par l'écrivaine : Mississipi Rag de William KRELL, vous voilà dans l'ambiance !

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2017-02-12T16:25:47+01:00

La téméraire de Marine WESTPHAL

Publié par Tlivres
La téméraire de Marine WESTPHAL

Il est des livres comme ça, qui s'imposent totalement à vous.


J'avais lu une excellente chronique qui avait attisé mes convoitises sur ce premier roman de Marine WESTPHAL, celle de L'ivresse littéraire. Et puis il y a eu la Masse Critique de Babelio, et puis encore, Netgalley
et enfin Les 68 premières fois édition 2017 !

Impossible de passer à côté et au final, une lecture coup de poing, de celles qui vous marquent à jamais.


Je vous explique :


Bartolomeo, dit Lo Meo, a 58 ans. Il est victime d'un accident vasculaire cérébral. C'est lui qui occupe désormais le lit médicalisé installé dans le salon. Sali, sa femme, veille sur lui, nuit et jour. Elle se fait assister d'une infirmière pour la toilette quotidienne, la toilette de Lo Meo. La sienne, elle l'oublie. Cette femme, mariée depuis 36 ans, s'oublie. Elle n'a qu'un seul but, accompagner son mari jusque dans les derniers instants. Non, en fait, elle en a un autre, lumineux, mais c'est une toute autre histoire. 


Cette situation, n'importe qui peut la vivre, aujourd'hui, demain. Un AVC a cette caractéristique d'être brutal, imprévisible, et de réduire parfois à néant les facultés encore disponibles l'instant d'avant. En une minute, que dis-je, en une seconde, le caillot de sang bouche une artère et c'est fini, ou presque. Certains comme Lo Meo sont maintenus en vie, coûte que coûte. Avec ce roman, Marine WESTPHAL, infirmière, donne à voir les conséquences d'un AVC sur toute une famille, l'épouse, et les enfants aussi.


Marine WESTPHAL évoque la mort bien sûr, mais pas n'importe laquelle, celle prévisible qui tarde à venir.

 


Car il est une chose plus pénible encore que d'apprendre la mort d'un être aimé, c'est de l'attendre. P. 51

J'ai été profondément touchée par le chaos mis dans cette maison, un peu comme si la mort dévastait tout sur son chemin, réorganisait physiquement cette intimité en déplaçant le mobilier et laissant apparaître les plus grandes fragilités à qui pénètre dans cet antre familial. Il y a une affaire de territoire et d'appropriation jusqu'à en dévoyer les usages ordinaires.


Le sujet est grave, le contexte glauque, la famille en perte de repères, oui, mais il y a aussi ce projet fou d'une femme "téméraire", et là, rien ne saurait l'arrêter :

 


Car elle avait un but, un incroyable objectif qui mobilisait toutes ses pensées et des forces : ne pas le laisser crever là, lui qui aimait tant l'impolitesse du vent et les grands espaces. P. 73

Et puis, il y a aussi l'éloge de la contemplation, cette posture qui nécessite du temps pour s'imprégner de ce qui nous entoure, source de plaisir. Nous vivons dans un monde où tout va vite, les messages électroniques suscitent l'urgence y compris pour de banales affaires. Et là, il y a un arrêt sur image, une pause !


L'immobilité est perçue comme une perte de temps, ceux qui se pressent ont peur et ratent tout de la beauté du monde. Sous nos yeux, en permanence des chefs-d'oeuvre animés, des ballets de feuilles mortes, rouquines sylphides, des nuages qui se déploient en éventail. P. 89

Le corps occupe une dimension toute particulière dans ce roman de Marine WESTPHAL. J'ai été particulièrement sensible au passage relatif à son apaisement, au lâcher prise, au moment de répit enfin accordé, comme un soulagement, une accalmie, le calme après la tornade :


Le sommeil, l'abandon total, est venu cette nuit, il a répondu à l'appel de la maison des Gravielle et retrouvé le chemin. Il s'est emparé de Sali, sans prévenir, comme d'un sac de jouets préférés. Ils ont déambulé un moment ensemble, ça faisait longtemps, elle en avait oublié la tiédeur de son souffle et son ventre tout mou. Au lever du jour, il l'a flanquée sur le matelas et elle a atterri comme ça, il n'a pas eu le temps de la remettre en place : les bras ouverts, un corps déplié qui se découvre, un coeur qui s'étire. P. 135/136.

Ce roman est pour moi une lecture coup de poing. J'ai toujours du mal à parler de coup de coeur quand je sors sonnée d'une lecture. J'ai pris un uppercut qui m'a laissée chaos. La respiration coupée ne m'a pas permis de m'émouvoir, dans quelques jours peut-être, ou bien quelques semaines, ou encore quelques mois... Cette lecture nécessite de maturer. Je sais déjà qu'elle ne va pas manquer de me hanter !


La plume de Marine WESTPHAL, vous l'aurez compris, est sans concession. Les phrases sont courtes, cinglantes, les mots sont acérés, tranchants.

 

Cette jeune écrivaine a du talent, c'est certain. Sa sélection dans le cadre des 68 premières fois en atteste, non ?

 

La téméraire de Marine WESTPHAL

Cette lecture participe au Challenge de

la Rentrée Littéraire MicMelo de janvier 2017 ! 

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2017-01-04T20:28:42+01:00

Petit pays de Gaël FAYE

Publié par Tlivres
Petit pays de Gaël FAYE

Editions GRASSET

Goncourt des Lycéens 2016

 

"Petit pays" fait partie des romans sélectionnés par les 68 premières fois, édition 2016.


La famille de Gabriel montre quelques fragilités. Son père est né en France, sa mère au Rwanda, pays qu'elle a quitté à l'âge de 4 ans. Depuis quelques temps, ils ne semblent plus en parfaite harmonie jusqu'au jour où lors d'un dîner chez un ami la colère éclate. La séparation devient inéluctable. Gabriel et sa soeur, Ana, demeurent au domicile familial avec leur père, enfin, quand il est là. Les enfants sont souvent livrés à eux-mêmes. Ils profitent de leur liberté pour s'amuser, monter des plans avec les copains, vivre leur vie. Et puis, un jour, ce n'est plus seulement la  famille qui se  déconstruit, leur "Petit pays", le Burundi, subit un coup d'Etat. Nous sommes le 21 octobre 1993, le Président Melchior Ndadaye est assassiné. C'est là qu'une toute autre histoire commence !


Ce très beau roman montre à quel point la paix et la cohésion d'un peuple peuvent être fragiles. Les 2 communautés ethniques  cohabitaient en toute harmonie jusqu'au jour où les tensions qui se développaient au Rwanda ont commencé à se répandre dans ce "Petit pays". 


Bientôt, ces petits riens du quotidien prirent une signification toute particulière :

 


Comme un aveugle qui recouvre la vue, j'ai alors commencé à comprendre les gestes et les regards, les non-dits et les manières qui m'échappaient depuis toujours. P. 133


Les enfants eurent à se familiariser avec les codes de la guerre. Ils durent apprendre à vivre dans un climat permanent d'insécurité.

 


L'insécurité était devenue un sensation aussi banale que la faim, la soif ou la chaleur. La fureur et le sang côtoyaient nos gestes quotidiens. P. 173


Choisir son camp est aussi devenu une nécessité :


Hutu ou tutsi. C'était soit l'un soit l'autre. Pile ou face. P. 133

Mais dans un tel contexte, les prises de position peuvent très vite se révéler lourdes de conséquence sur les individus. A la vie, à la mort ! 


C'est un roman terrifiant construit sur fond de génocide.


Heureusement, Gaël FAYE nous offre une parenthèse avec la complicité établie entre Gabriel et Madame Econopoulos autour des livres. Le jeune garçon s'y approvisionne en romans qui lui offrent un moment d'évasion. 

 


Ce sont les grands amours de ma vie. Ils me font rire, pleurer, douter, réfléchir. Ils me permettent de m'échapper. Ils m'ont changée, ont fait de moi une autre personne.
Un livre peut nous changer ?

Bien sûr, un livre peut te changer !

Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis. P. 169


On voudrait tous avoir dans notre entourage une Madame Econopoulos, à moins qu'on le soit soi-même ! 


Finir cette chronique sur le pouvoir des livres est particulièrement séduisant. Pour autant, il s'agirait de cacher une actualité qui m'a totalement percutée à la fin de ma lecture : l'assassinat du Ministre de l'Environnement du Burundi tué par balles le dimanche 1er janvier au matin à Bujumbura, cette capitale tellement citée par Gaël FAYE. Entre fiction et réalité, il est parfois difficile de faire la part des choses. Ce "Petit pays" vit une grave crise politique depuis avril 2015 avec au moins 500 personnes tuées et 300 000 exilées.


"Petit pays" m'a permis de porter une attention toute particulière au Burundi et son histoire. C'est une mission que je confie allègrement à la littérature ! 

 

Petit pays de Gaël FAYE

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2021-02-19T12:20:00+01:00

Héritage de Miguel BONNEFOY

Publié par Tlivres
Héritage de Miguel BONNEFOY

Rivages

Miguel BONNEFOY est un formidable conteur. Après « Sucre noir » et « Le voyage d’Octavio », il confirme son talent pour décrire de formidables épopées.

 Les Lonsonier se transmettaient le vignoble familial du Jura de génération en génération jusqu’à ce que le phylloxera réduise les ceps sur pied en bois mort. Dès lors, une autre vocation restait à trouver, le Nouveau Monde séduisait les foules, c’était le moment d’embarquer. Le fils Lonsonier pris le bateau au Havre. Drogué par une diseuse de bonne aventure, il se mit à halluciner. Craignant qu’il ne soit malade de la typhoïde, le capitaine du navire décida de le faire accoster à Valparaiso au Chili. C’est là qu’il rencontrera Delphine, d’origine bordelaise, avec qui il aura trois enfants, trois garçons, qui tous, seront engagés dans l’armée pour sauver la France des griffes de l’occupant. Deux tomberont dans les tranchées de la Marne, seul Lazare en réchappera avec des blessures de guerre au poumon. A son retour, il fonde une famille avec Thérèse. Leur fille, Margot, triste, que les jeux d’enfants n’intéressent pas, choisira d’être aviatrice, un destin qui ne sera pas sans faire de cheveux blancs à ses parents. Mais là commence d’autres aventures sur fond de seconde guerre mondiale et de dictature en Argentine.

 Ce roman, c’est un voyage entre les continents avec la découverte de l’Amérique du Sud par des Français, c’est aussi un voyage dans le temps dans lequel vont s’égrener les grands événements du XXème siècle, les guerres mondiales et la dictature en Argentine. J’ai adoré me laisser porter par les aventures de cette famille et la transmission entre générations. Le roman devient une véritable saga.

 Plus que tous, c’est le personnage de Margot qui m’a « emballée ». Hors norme dès sa plus tendre enfance, son portrait et l’approche de son comportement par sa mère m’ont fait penser à Helen et Kate KELLER dans le roman d’Angélique VILLENEUVE "La belle lumière".


Sa mère fut peut-être la seule à comprendre la distante rêverie de sa fille qu’on confondit avec de la froideur de caractère. P. 68

Miguel BONNEFOY prend le pari audacieux de distinguer l’instinct maternel de celui paternel...


Les silences masculins remplaçaient les baisers, les tâches journalières se substituaient aux indulgences maternelles, les exigences du devoir chassaient les cajoleries. P. 142

Nul doute qu’il ne fera pas l’unanimité mais rappelons-nous, l’histoire se passe au XXème siècle, les us et coutumes évoluent avec le temps, non ?

 Bref, la petite Margot n’a cessé de tracer son sillon. On sait ô combien il était difficile à l’époque pour une fille de s’improviser dans des champs réservés aux hommes. Margot faisait preuve de courage et de ténacité, d’une audace absolument incroyable qui lui permit de repousser les limites et participer, elle aussi, à des événements des deux côtés de l’océan Atlantique. En ce sens, « Héritage » revêt le costume du roman d’aventure.

 Avec le personnage de Margot, je saisis l’opportunité de rappeler aux filles de tout oser, tout rêver, et de cesser de penser que certaines activités seraient l’apanage d’un genre. Alors, si la littérature peut susciter des vocations, ne nous en privons pas !

 Mais les romans de Miguel BONNEFOY ne seraient pas ce qu’ils sont sans une certaine part d’onirisme, c’est un peu la signature de l’écrivain, un registre qui lui va si bien. « Héritage » n’y échappe pas et voit une partie du roman construite sur le fil ténu du rêve. Dès lors, tout peut vous arriver !

 Le rythme est fougueux, la plume enchanteresse et le roman captivant. C'est assurément un très bon crû. Il est en lice pour le Prix des Libraires 2021 avec notamment :

"Tant qu'il reste des îles"

de Martin DUMONT découvert grâce aux 68 Premières fois

"Ce qu'il faut de nuit"

de Laurent PETITMANGIN également dans la sélection 2021

J’ai rédigé cette critique dans le cadre du mois consacré à la littérature latino-américaine, une initiative de Ingannmic et Goran, découverte Sur la route de JosteinDans ce cadre, retrouvez également

 « Les Vilaines »

de Camila SOSA VILLADA

 

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