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Articles avec #en poche catégorie

2023-04-22T12:50:26+02:00

Le Premier Homme du monde de Raphaël ALIX

Publié par Tlivres
Le Premier Homme du monde de Raphaël ALIX
C’est le printemps, les livres sortent en poche comme les fleurs dans les jardins.
 
Place aujourd'hui au premier roman de Raphaël ALIX, "Le Premier Homme du monde" édité en poche chez Points.
 
Rose et Marcus dansent chaque soir en bord de Seine. Depuis 5 ans, ils se délectent sur les notes langoureuses et fougueuses du tango, cette danse venue d’Amérique du Sud, cette danse à quatre temps de Buenos Aires. Tout se passe formidablement bien entre eux, ils s’aiment, jusqu’au jour où Rose propose à Marcus d’avoir un enfant. Rose et Marcus s’adonnent, en plus de la danse, aux ébats amoureux pour concevoir l’enfant. Malheureusement, tout ne se passe pas comme ils l’avaient prévu, au point que Marcus se retrouve à héberger l’embryon du couple. Là commence pour eux une toute nouvelle histoire. 
 
Marcus n’est autre que le narrateur de ce roman, un brin loufoque, parfois burlesque, d’une fraîcheur et d’une modernité sans égal. C’est donc par le filtre de son regard que, le temps d’une lecture, nous allons nous plonger dans le corps, et les neurones, de ce garçon dont la virilité va être ébranlée.
 
L’auteur consacre son tout premier roman à la question de la procréation. Il pose la question d’une déclinaison de la grossesse au masculin. Le simple fait d’être enceint vient rebattre les cartes de notre société et fragiliser ses fondations en revisitant la question du genre mais n’est-ce pas pour le meilleur ?
 
Plus que le genre, c’est finalement une question d’identité à laquelle il s’agit de répondre. Vous voilà plongés, bon gré mal gré, dans un bain philosophique dans lequel il ne vous reste plus qu’à nager !
 
C’est un roman revigorant, bourré de fantaisie, fin et intelligent, de ceux qui vont semer dans votre esprit de petites graines et creuser un sillon, l’ADN de la maison d’édition Les Avrils, à l’origine de cette naissance. 

 

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2023-04-18T17:51:06+02:00

Fuir l'Eden d'Olivier DORCHAMPS

Publié par Tlivres
Fuir l'Eden d'Olivier DORCHAMPS

Editions Pocket

Ce roman, c'est d'abord une rencontre organisée dans le cadre du Prix du Roman Cezam 2023 avec une soirée passée à la Bibliothèque Nelson Mandela d'Angers, un très beau moment comme peut les offrir la littérature.

Olivier DORCHAMPS, j'avais fait connaissance avec sa plume grâce aux 68 Premières fois, l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'équipe. Il était alors question de son premier roman : "Ceux que je suis" aux éditions Finitude, un bijou.

J'attendais donc avec impatience de pouvoir le retrouver avec "Fuir l'Eden", déjà lauréat du Prix des Lecteurs de la Maison du Livre, du Prix Louis GUILLOUX, du Prix des Jeunes – Alain SPIESS. C'est une nouvelle fois un roman où l'humain prend toute sa place.

L’Eden, c'est le doux nom (à mourir de rire… jaune) donné à deux immeubles, une tour et une barre, classés auprès du Fonds Mondial pour les Monuments en Grande-Bretagne. L'Eden, c'est l'illustration de ce qu'a pu produire le mouvement architectural du brutalisme en termes de construction de l'après-guerre, pour le meilleur... comme pour le pire. Derrière les intentions de professionnels du bâtiment habitent des hommes et des femmes. Adam sait bien ce qu'il en est. Il aura bientôt 18 ans. Il est né dans un environnement familial violent rongé par l'alcoolisme du père et les violences conjugales. Sa mère a fui, le laissant avec Lauren, sa petite soeur, dans les griffes de l'ogre. Heureusement, leur grand-mère est venue à leur secours pour sauver ce qui pouvait l'être, leur corps et leur âme !

Ce roman, c'est d'abord un procès fait à ces constructeurs qui imaginent, sur plan, des lieux de vie qui n'ont absolument rien d'humains. Là où les hommes et les femmes aspirent à trouver un cocon, on leur offre des lieux tout justes à photographier pour des touristes avides de découvrir la trace d’un grand nom du monde de l’architecture.

La trace, elle, marque au fer rouge celles et ceux qui y habitent. Dis moi où tu vis, je te dirai qui tu es. L’Eden, qui n’a rien d’un coin de paradis, accueille des familles qui accumulent les fractures (sociales, financières…).

J'ai personnellement été profondément touchée par l'itinéraire de cette famille, une jeune femme qui donne naissance à Adam alors qu'elle n'a que 17 ans, un compagnon alcoolique, un projet immobilier qui sera la ruine du couple.


Non, personne ne lui avait jamais dévoilé que devenir une femme signifiait saigner tout sa vie. P. 65

Le personnage d'Adam est profondément émouvant. Il donne à voir ce que l’humain peut trouver de ressources pour se sortir d’une situation de crise. Il s’est fait protecteur de sa sœur jusqu'à lui imaginer une histoire... un conte de fée.


Claire a raison, certains moments méritent de ne pas finir noyés au milieu de centaine de photos. Ils nous appartiennent et se fondent doucement dans nos mémoires. Et il suffit de fermer les yeux pour les revisiter. P. 204

Cette maturité précoce, la charge mentale qui a pesé sur ses épaules, sont autant de cailloux dans sa chaussure le rendant un jour incapable de marcher.

Et puis, il y a cette formidable histoire avec une femme âgée, une professeure d'université, non-voyante, qui demande qu'on lui lise des livres à domicile.


Les livres permettent de mieux vivre et la vie, de mieux lire. C’est une question d’équilibre. P. 178

Je ne vous en dirai pas plus, juste que des bouffées d’air comme celle-ci, Olivier DORCHAMPS vous en réserve quelques unes.

Enfin, ce roman ne serait pas ce qu’il est sans une pointe de suspense. Autour d’une histoire d’amour impossible tourne en boucle un jeune homme assoiffé de liberté !

A la question des bibliothécaire d’une qualité qu’il pourrait revendiquer, Olivier DORCHAMPS répond : « l’altruisme ». Loin de lui l’idée de se targuer d’un trait de caractère que l’on ne retrouverait pas dans sa prose. Laissez-vous porter par sa sensibilité hors pair. Si l’homme aime à concourir à la mémoire d’une société bien mal en point, il croit aussi profondément en l’avenir de l’humanité. Dans un ciel fait de grisaille, lui sait faire la place à des rayons de soleil et dessiner des arcs-en-ciel !

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2023-04-13T06:01:55+02:00

Les Bourgeois de Calais de Michel BERNARD

Publié par Tlivres
Les Bourgeois de Calais de Michel BERNARD

Editions de La Table Ronde, Collection La Petite Vermillon

Coup de ❤️ pour ce roman qui sort aujourd’hui en librairie en version poche. 

À l’âge de 13 ans, Auguste RODIN se souvient de la découverte en famille de la statue du Maréchal Ney, la création du père RUDE inaugurée en 1853. L’homme qu’il est devenu travaille la glaise et fabrique des plâtres que le bronze immortalisera. « L’Âge d’Airain », réalisé il y a une dizaine d’année quand il habitait encore Bruxelles, sera prochainement installé dans le Jardin du Luxembourg. Rodin a 44 ans quand Omer DEWAVRIN, Maire de Calais, pousse la porte de l’atelier parisien de la rue de l’Université. RODIN en bénéficie depuis 4 ans pour réaliser « La Porte de l’Enfer » destinée au Musée national des arts décoratifs. L’élu lui passe une commande au nom de la municipalité, celle de réaliser une oeuvre pour honorer la mémoire d’Eustache DE SAINT-PIERRE, l’un des six Bourgeois de Calais portés volontaires pour remettre, pieds nus, cheveux découverts et la corde au cou, la clé de la cité vaincue au roi d’Angleterre, Edouard III. 
Le roman de Michel BERNARD, c’est l’histoire d’une oeuvre, une sculpture qu’Auguste RODIN mettra 10 ans à réaliser.

C’est d’abord, l’histoire d’une création artistique en lien avec les évènements locaux. Auguste RODIN se mettra en quête d’archives témoignant du contexte de la guerre des Cent Ans et de ce sacrifice. Il se rendra aussi régulièrement à Calais pour s’imprégner des lieux.


La lumière n’était pas la même qu’à Paris. La clarté du jour sur les choses, l’éclairage du lieu, cela comptait beaucoup. P. 106

Michel BERNARD en profite pour magnifier la ville de Calais et son bord de mer, le Cap Blanc-Nez et ses falaises de craie. L’écrivain délivre l’histoire des fabriques de dentelle et de tulle de Saint-Pierre.
A travers cette médiation artistique, Michel BERNARD célèbre le travail de l’artiste, sa part de création dans le parti pris d’une interprétation. 

C’est aussi le lien entre l’artiste et son oeuvre, à l’image d’un enfantement et de la coupe du cordon à sa livraison au commanditaire.

C’est plus encore un hommage au pas de côté qu’aimait réalisé Auguste RODIN par rapport aux canons de la sculpture, les modèles académiques du XIXème siècle. Auguste RODIN faisait partie de ces hommes qui n’avaient que faire du regard des autres sur ses oeuvres, lui les assumait tout en prenant le risque de déplaire. 

A travers l’histoire d’une oeuvre, Michel BERNARD nous livre une biographie fascinante d’Auguste RODIN, le tout servi par une plume éminemment romanesque.

Avant de conclure, je voudrais saluer la première de couverture dessinée par Aline ZALKO, quelle plus belle illustration !

J’ai adoré tout simplement. Je remercie très sincèrement Les éditions de La Table Ronde pour ce joli cadeau.

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2023-04-08T07:26:25+02:00

Les enfants véritables de Thibault BERARD

Publié par Tlivres
Les enfants véritables de Thibault BERARD

C'est le printemps, les fleurs aux couleurs chatoyantes font leur apparition dans les jardins, les livres aussi en librairie ! "Les enfants véritables", 2d roman de Thibault BERARD, initialement publié chez Les éditions de L’Observatoire, est désormais disponible en version poche, chez J'ai lu. Regardez sa couleur éclatante !

Théo élève seul ses enfants, Simon et Camille, de 7 et 4,5 ans, depuis le récent décès de sa compagne Sarah. Cléo fait son entrée, tout en délicatesse, dans ce cocon familial meurtri. Elle est douce, Cléo, elle est gentille, et puis, c'est l'amoureuse de papa, alors chacun lui fait une petite place mais les démons ne cessent de hanter tout ce petit monde. Derrière les sourires se cachent la douleur de l'absence et du manque, la peur de la mort aussi. S'il est difficile d'accepter cette nouvelle présence et le petit pas de côté fait avec les habitudes, ce n'est pas plus simple pour Cléo, qui, elle-même, a connu une famille loin des standards. Elle a été élevée par son père, Paul, dans la vallée de l’Ubaye. Quand elle n'avait que 7 ans, elle a dû faire une place à César dont le père, alcoolique, était décédé. Il habitait juste à côté et Paul avait un grand coeur, alors, il l'avait adopté. Quant à Solène, c'était le fruit d'une relation extraconjugale. Diane Chastain n'a jamais assumé son rôle de mère. Cette « mère-herbe-folle » avait besoin d'air et disparaissait régulièrement. Après 15 mois d'absence, elle est rentrée à la maison. Elle était enceinte. Là aussi, Paul a fait amende honorable. Il aimait trop sa femme pour ne pas accepter ce bébé à naître. Alors pour Cléo, cette entrée en matière, c'est un peu comme un plongeon vers l'inconnu !

Thibault BERARD explore avec gourmandise et tout en délicatesse l'entrée de Cléo, le personnage principal de cet opus, dans la famille de Théo. Il s'agit d'un lent apprivoisement, de l'un, de l'autre, des uns, de l'autre, parce que oui, il y a une communauté initiale... à trois, et un individu de plus qui va progressivement chercher sa place, un peu comme un corps étranger à greffer dont on attend l'acceptation ou le rejet. Au gré, des opportunités, festives les premières, courantes de la vie pour les suivantes, les choses lentement s'organisent sous l'autorité d'un chef d'orchestre, Théo, le dénominateur commun de tous. Théo c'est le père, Théo c'est l'homme fou amoureux de Cléo, Théo c'est l'amant de Cléo.

Les fondations de cette nouvelle famille reposent sur ses épaules, à lui. C'est un sacré pari pris sur l'harmonie d'un groupe, l'alliance entre ses membres, la solidarité, la fraternité, l'équilibre, tout ce qui a besoin, pour se construire, de beaucoup d'amour, mais aussi, de mots. 

Ce roman, une nouvelle fois, est largement inspiré de la vie personnelle de l'auteur, mais pas que. Il y a aussi toute une part de son livre suggérée par son imaginaire. Et ce qui est merveilleux chez Thibault BERARD, c'est le jeu de la narration.

Ce roman, c'est un coup de coeur, comme "Il est juste que les forts soient frappés", à moins que vous ne souhaitiez vous plonger dans les premières lignes du tout dernier roman de Thibault BERARD "Le Grand Saut"...

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2023-03-30T16:57:26+02:00

La maison des solitudes de Constance RIVIERE

Publié par Tlivres
La maison des solitudes de Constance RIVIERE

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de revenir sur une plume qui m'a profondément marquée, celle de Constance RIVIERE.

Il y a d'abord eu « Une fille sans histoire », l’occasion d’un petit clin d’œil à l’équipe des 68 Premières fois, et puis « La maison des solitudes », second roman sorti en poche très récemment et dont j'extrais ma #citationdujeudi.

Elisabeth, la narratrice, est la fille d'Anne, comédienne, en rupture avec ses parents. Sa grand-mère maternelle est accueillie à l’hôpital dans un état critique, son mari est décédé 9 mois plus tôt. En plein confinement, Elisabeth réussit à rester en salle d’attente. En 1995, les grands-parents s’étaient installés dans une maison familiale. C’est là qu’Elisabeth a passé de nombreuses vacances. Des souvenirs, elle en a plein la tête, y compris ses tentatives d’en découdre avec des secrets trop bien gardés.

L’écrivaine creuse le sillon de l’exploration des traumatismes psychologiques. Si je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sans déflorer l’histoire, je peux toutefois évoquer le fait que Constance RIVIÈRE prenne, une nouvelle fois, appui sur un fait de société pour s’élancer. Dans son premier roman, les attentats du Bataclan, dans son second, le confinement lié au Covid avec les drames humains générés chez les proches dans l’incapacité de se porter au chevet des malades hospitalisés. C’est un peu comme si chacun avait besoin d’un événement, un uppercut, pour ouvrir les vannes et libérer la pression qui l’assaille.

Et puis, il y a ce sujet, l'histoire des murs !

Ce roman pourrait être terne, il est au contraire profondément lumineux dans la possibilité qu’il offre à chacun de mettre sens dessus dessous les fondations de sa vie pour accéder à une certaine forme de sérénité.

Cette lecture est profondément troublante. Constance RIVIÈRE réussit une nouvelle fois un tour de force dans une plume acérée où chaque mot est terriblement pesé. Lecture coup de poing.

La maison des solitudes de Constance RIVIERE

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2023-03-28T19:32:52+02:00

Un tesson d'éternité de Valérie TONG CUONG

Publié par Tlivres
Un tesson d'éternité de Valérie TONG CUONG

Parce que la rentrée littéraire, ça se passe aussi en poche, place aujourd'hui au dernier roman de Valérie TONG CUONG, "Un tesson d 'éternité", disponible désormais chez Le livre de poche.

Anna et Hugues habitent une villa surplombant la mer, ils font partie de ces gens privilégiés, à l'abri de tous soucis financiers, bien intégrés dans les sphères de pouvoir des CSP+. Ils ont un fils, Téo, de 18 ans, qui vient d'être accepté dans une école de commerce prestigieuse. Il s'apprête à passer son bac quand il est interpellé et mis sous les verrous pour agression et coups portés à un agent de police lors d'une manifestation. Les réseaux sociaux s'emballent. Ils médiatisent l'événement qui se retrouve sur les grandes chaînes de télévision. Léo devient le héros d'un mouvement de rébellion contre les forces de l'ordre dont les parents se seraient bien passés. Anna est pharmacienne dans le Village. Hugues est sur un nouveau poste, à la culture, à la mairie. Dès lors, c'est, pour tous les trois, une nouvelle page de leur histoire qui s'écrit...

Ce roman, c'est la focale posée par l'autrice sur Anna, le personnage principal de ce roman, une femme dont les origines et la vie d'adolescente ressurgissent dans ce qu'elles ont de plus misérables. Par la voie d'une alternance des chapitres, tantôt au présent, tantôt au passé, Valérie TONG CUONG réussit à tisser un fil ténu mais terriblement solide entre le destin de la mère et son fils. Anna va jouer la libération de son fils, à moins que ça ne soit la sienne…

Et puis, il y a la relation de couple qui va être explorée minutieusement par l'écrivaine, une relation mise à mal bien sûr par l'incarcération de leur fils et la pression sociale exercée.

Valérie TONG CUONG avait déjà montré son talent dans ce registre avec "Les guerres intérieures", mais là, croyez moi, c'est de la haute volée, un coup de maître, une lecture coup de poing, quoi !

Le roman est haletant, le rythme soutenu, la fin vertigineuse, un thriller psychologique dans toute sa splendeur, l'occasion de cocher la 7ème case du challenge #marsaufeminin initié par Flo and Books.

Un tesson d'éternité de Valérie TONG CUONG

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2023-03-18T09:40:04+01:00

L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

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L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Je poursuis la déclinaison de #marsaufeminin avec une écrivaine dont le premier roman m'a totalement subjuguée, une découverte réalisée avec les 68 Premières fois, l'occasion d'un petit clin d'oeil à toute l'équipe.

Isabelle AUPY nous livre une fable tout à fait éclairante sur notre monde moderne avec "L'homme qui n'aimait plus les chats" publié chez Les éditions du _Panseur et désormais disponible en poche chez Folio.

Fermez les yeux et laissez vous porter par la première phrase : "Imagine une île avec des chats."

Je vous envoie une lettre d'une terre étrangère, insulaire, un brin onirique, où les hommes vivraient avec des chats, ces animaux de compagnie qui peuvent décider librement de côtoyer l'homo sapiens ou de s'en défaire. Ils n'ont rien à voir avec les chiens, ça non, les chiens, eux, sont tenus en laisse par leurs maîtres. Ils ont besoin qu'on leur serve le repas, qu'on les sorte pour leurs besoins. Les chats peuvent être indépendants, ils se satisfont de ce qu'ils débusquent dans la nature, ils chassent, eux ! Chiens et chats ne font d'ailleurs pas bon ménage, et ce n'est pas d'aujourd'hui, le proverbe date du XVIème siècle et n'a pas pris une ride. Alors, quand les chats disparaissent mystérieusement de cette île chimérique et que l'administration décide de leur offrir des chiens en remplacement, chiens qu'il conviendrait d'appeler chats, il y a ceux qui acceptent et d'autres pas. La morale de cette histoire...

Isabelle AUPY, à travers un propos métaphorique dans lequel elle réserve une place de choix aux animaux, vous l'aurez compris, nous renvoie en miroir ce sur quoi repose notre société aujourd'hui.

Si la dictature par la force tend à disparaître, celle de l'incitation, beaucoup plus insidieuse, tend à se développer de façon sournoise et préoccupante.

Isabelle AUPY, à travers le personnage du gardien de phare, nous permet de toucher du doigt les bienfaits de la lecture, cette activité intellectuelle qui nous permet d'endosser le costume d'un Autre et, le temps d'un livre, de porter sur la société un regard différent. 

Par la voie de ce petit traité philosophique, l'écrivaine dénonce les nouveaux modes d'oppression, à chacun de réfléchir à son mode de vie et à ce qui peut nous abrutir, nous couper de nos proches quand des relations avec de soi-disant amis nous accaparent, nous abêtissent. J'ai adoré me laisser prendre au jeu de l'écrivaine, me surprendre à sourire devant certaines situations mais attention, le texte est plus grave qu'il n'en paraît, vous allez rire jaune, en fait !

Dans une plume qui parfois relève d'une construction enfantine, Isabelle AUPY grossit encore le trait, vous pourriez bien finir par pleurer !

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2023-03-11T09:05:59+01:00

Le cas singulier de Benjamin T. de Catherine ROLLAND

Publié par Tlivres
Le cas singulier de Benjamin T. de Catherine ROLLAND

Je poursuis #marsaufeminin avec une femme tout à fait EXTRAordinaire découverte en 2018 avec un coup de ❤️

Pourquoi l’est-elle ?

D’abord, parce qu’elle écrit plus vite que son ombre et dans tous les registres de la littérature, pas un ne lui résiste. Elle le réussit, en plus, avec brio 🎩

Ensuite parce qu’elle navigue dans les différents mondes de l’édition. Ce roman, « Le cas singulier de Benjamin T. » a d’abord été publié par Les Escales, aujourd’hui en auto-édition.

Encore, parce qu’elle soigne (et dans le genre, elle a plus d’une corde à son arc 😉) ses livres jusque dans les moindres détails, là une première de couverture réalisée par Katia BONNEAU, illustratrice et autrice. Vous pourrez l’observer à la loupe, elle fourmille de clins d’oeil à l’histoire. Il faut dire que l’initiale était parfaitement réussie, la barre était haute.

Enfin, parce qu’elle est une femme généreuse,  brillante et formidable qui me fait vibrer par sa plume. 

Donc, un petit mot sur ce roman :

David revient pour la deuxième fois dans un petit village, il cherche une trace, une empreinte, le nom d'un homme. L'atmosphère est étouffante, il fait chaud mais ce n'est pas qu'une affaire de climat. David est obsédé par le sujet, il voudrait pouvoir s'en libérer. Et puis, il y a Benjamin, le narrateur. Sylvie l'a quitté après une dizaine d'années de mariage pour partir vivre le grand amour  avec son patron à lui. Il vit à Lyon dans un deux pièces. Son fils, Pierrick, devrait passer une semaine sur deux chez son père mais la relation est difficile et très vite, il décide de ne plus venir du tout. David n'est autre que son meilleur ami, tous les deux , ils forment un binôme d'ambulanciers. David soutient Benjamin, il est de toutes les attentions, le motive, le pousse à tenir debout même si les choses sont particulièrement difficiles en ce moment. Les crises d'épilepsie de son enfance ont repris dès l'annonce de la nouvelle de la séparation et ne cessent de s'accroître. Il faut dire que depuis cette date, Benjamin a perdu pied et trouvé refuge dans l'alcool. Un matin, David trouve son ami le visage tuméfié, il est tombé dans la nuit. Il va être de plus en plus difficile de cacher les vices de Benjamin d'autant qu'il semble, ces derniers temps, que Benjamin soit en prise à des hallucinations. Il est projeté dans une autre vie que la sienne, à moins que ça ne soit sa vie antérieure.

Le roman est foisonnant. Il y est question de la famille aujourd’hui, de santé mentale, d’une éventuelle vie après la mort, avec une référence à la grande Histoire. 

Bref, ce roman est une pépite ❤️

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2023-03-04T07:00:00+01:00

Mousson froide de Dominique SYLVAIN

Publié par Tlivres
Mousson froide de Dominique SYLVAIN

La rentrée littéraire, ça se passe aussi en poche.

Je poursuis donc la déclinaison de #marsaufeminin avec un roman initialement publié par les éditions Robert Laffont, désormais disponible chez Pocket, l'occasion de mettre sous les projecteurs la plume de Dominique SYLVAIN, découverte avec "Mousson froide".

Mark Song vit à Montréal. Il est lieutenant, chef du groupe agressions sexuelles à la direction des enquêtes criminelles du service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Mark Song est devenu au fil du temps le seul confident de L’Equarrisseur, un tueur en série emprisonné qui s’amuse avec les nerfs du policier, distillant avec parcimonie des éléments d’information qui pourraient bien mener sur le lieu du crime... ou pas. Chaque fois, Mark Song se fait accompagner de Jade Assiniwi, d'origine indienne de Haute Mauricie, de l’escouade canine du SPVM. Mark Song et Jade Assiniwi partagent un peu plus qu’une simple relation professionnelle. Jade vit au rez-de-chaussée de la maison de Min-Young, Coréenne, c’est la mère de Mark Song. Min-Young a quitté son pays pour refaire sa vie après l’assassinat de sa fille par son mari sous les yeux de Mark, enfant. Cette histoire date de 25 ans mais il y a des histoires qui vous collent à la peau toute votre vie.

 

Nous sommes à Montréal en hiver. Le climat est hostile. Imaginez, -30, -40. Mais il n’y a pas que la météo qui le soit. L'affaire de l’Equarrisseur, Mark Song veut l'élucider. Il ne lâche rien. Il ne se prive pas des services de Jindo, le chien de Jade, un personnage à part entière qui a même voix au chapitre, une narration tout à fait originale.

 

Je ne vais pas vous en dire beaucoup plus, juste que la plume de Dominique SYLVAIN, une autrice de romans policiers que je ne connaissais pas encore (il faut dire que je ne suis pas une fidèle du genre et pourtant), est haletante. L’intrigue, un coup de maître. J’ai été happée par les deux histoires qui s’entrecroisent savamment. Un jeu d’écriture parfaitement réussi qui m’a fait voyager entre la Corée et le Québec. 

 

Suspense garanti.

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2023-02-18T07:54:00+01:00

Enfant de salaud de Sorj CHALANDON

Publié par Tlivres
Enfant de salaud de Sorj CHALANDON

Parce que la rentrée littéraire, ça se passe aussi en poche. Place aujourd'hui à Sorj CHALANDON avec son roman "Enfant de salaud" publié initialement chez Grasset et désormais disponible chez Le Livre de poche.

Tout commence avec la visite de la Maison d’Izieu dans l’Ain, celle qui a accueilli une colonie d’enfants, celle qui les as vus raflés le 6 avril 1944 par la Gestapo. 44 enfants ont été déportés avec les adultes qui s’occupaient d’eux. Le narrateur, journaliste, ressent au plus profond de son corps les vibrations de cette maison. Il repart avec plus de mystères à élucider que de réponses aux questions qu’il se posait à son arrivée. Peut-être que le procès de Klaus BARBIE lèvera le voile sur son lot ignoble de la grande Histoire, à moins que ça ne soit les confrontations avec son propre père qui finissent par l’éclairer…

Sorj CHALANDON fait de son histoire familiale, une nouvelle fois, le sujet d’un roman. La littérature lui permet de jouer avec les temporalités et d’orchestrer la synchronisation de deux formes de procès. Il y a celui qui est grand public, en 1987, devant la Cour d’Assises de Lyon. Il y a celui qui se passe au sein d’un microcosme familial. Dans les deux cas, l’auteur est en quête de vérité, qu’il s’agisse de son cadre professionnel comme de l’intime.

Les premières pages sont absolument glaçantes. Elles permettent à l’auteur d’honorer la mémoire des déportés d’Izieu, de laisser une trace pour les générations à venir. Qu’on se le dise. Tous ont été transférés vers les camps de la mort parce qu’ils portaient une étoile jaune.

Mais très vite, le roman se focalise sur le père de l’auteur, un mythomane, un affabulateur, un usurpateur (avec qui il s'attache pourtant à partager un verre de bière). Le journaliste professionnel mandaté pour couvrir le procès de Klaus BARBIE découvre un être porté par un dessein abject.

Dans ce roman, j'ai été frappée par le sujet de la fuite, un point commun aussi deux hommes.

La narration à la seconde personne du singulier est d'une force redoutable, les mots tranchants, les silences assourdissants, la fin magistrale.

De Sorj CHALANDON, vous aimerez peut-être aussi :

"Une joie féroce"

 

"Le jour d'avant"

"Le quatrième mur"

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2023-02-11T07:00:00+01:00

Blizzard de Marie VINGTRAS

Publié par Tlivres
Blizzard de Marie VINGTRAS

Parce que la rentrée littéraire ça se passe aussi en poche, place aujourd'hui à "Blizzard" de Marie VINGTRAS initialement publié aux éditions de l'Olivier et désormais chez Points. J'ai découvert ce roman avec la #selection2022 des 68 Premières fois.

 

Les premières lignes sont saisissantes :


Je l'ai perdu. J'ai lâché sa main pour refaire mes lacets et je l'ai perdu.

Dès lors, tout peut arriver. Dans un climat hostile, deux êtres, dont on ne sait rien, qui, il y a encore une seconde, étaient solidaires dans leur destinée, se retrouvent seuls. Bess, une femme raconte son effroi, la culpabilité qui la tenaille déjà. Et puis, vient Benedict, un homme. Quand il découvre la maison ouverte et personne à l'intérieur, il s'inquiète, il peste. Lui sait que dans son pays, le simple fait de lâcher une main se fait au péril de la vie. Il est né là, en Alaska. Et encore, Freeman, un retraité noir. Et enfin, Cole. Dans la situation présente, il y a urgence à agir, à la vie à la mort.

Marie VINGTRAS nous livre un thriller psychologique haletant. Je peux bien l'avouer, une fois commencé, je n'ai pas pu le lâcher, moi !

Il y a d'abord les personnages qui un à un se saisissent d'une réalité et improvisent dans la prise de décision. L'autrice nous livre une galerie aussi mystérieuse qu'hétéroclite. Tous, dans leurs conditions, ne sont pas armés à égalité. Quand un homme ou une femme est exposé.e à des conditions climatiques extrêmes, il y a des choses à faire (ou ne pas faire), il y a des réflexes à adopter, mais encore faut-il les avoir appris, les maîtriser aussi.

 

Comme j'ai aimé ce roman pour ce qu'il véhicule de puissance, pour ce qu'il génère chez les êtres humains qui imaginent la fin de leur vie imminente et ont cette envie irrésistible d'en dérouler le fil.

Comme j'ai aimé passer des moments d'intimité avec des personnages en introspection, seuls avec eux-mêmes, seuls confrontés à leur propre sort.

Comme j'ai aimé la narration, arriver à chaque fin de chapitre, court pour donner encore plus de vitalité au propos, et découvrir la petite phrase qui va encore faire monter d'un cran l'intensité.

Comme j'ai aimé la chute, prodigieuse. 

Comme j'ai aimé ce premier roman exceptionnel dans une plume presque cinématographique. Je crois que je vais garder très longtemps en mémoire les images que Marie VINGTRAS a fait naître dans mon esprit.

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2023-02-04T07:00:00+01:00

Les maisons vides de Laurine THIZY

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Les maisons vides de Laurine THIZY

Parce que la rentrée littéraire, ça se passe aussi en poche, place aujourd'hui à un premier roman exceptionnel, "Les maisons vides" de Laurine THIZY aux Éditions de L’Olivier.

Le rapport au corps est le fil rouge de ce premier roman orchestré d’une main de maître. Depuis ses premiers jours, Gabrielle a dû apprendre à dompter ce corps, inachevé du prématuré, mal formé par l’infirmité, maîtrisé par la pratique sportive qui ne manque pas de reprendre ses droits dès le premier effort abandonné. C’est le jeu d’équilibre d’une vie qui, chez Gabrielle, prend une dimension toute particulière.

Et puis, il y a ces parenthèses des clowns à l’hôpital, des moments aussi fugaces que bouleversants, aussi rapides que l’éclair, aussi puissants que le tonnerre. 

Il y a encore le rapport à la religion. Comme j’ai aimé le parcours initiatique de Gabrielle aux côtés de Maria, la vieille espagnole, celle qui a fuit la guerre civile de son pays, celle qui est arrivée en France en franchissant les montagnes des Pyrénées, celle qui est veuve mais d’une sagacité incroyable, et qui comprend mieux que personne la sensibilité de son arrière-petite-fille.

 

Il y a enfin le rapport à la mort, celle-là même qui vous saute à la gorge dès les premières pages et qui ne va pas manquer de vous menacer tout au long du roman. Là aussi, un jeu d’équilibre que Laurine THIZY termine en apothéose.
 
Quelle plume, la main de fer dans un gant de velours, quelle construction narrative, une alternance de chapitres méticuleusement rythmés, quel premier roman, une lecture coup de poing, tout simplement. J'en suis sortie K.O., bravo !
 
Ce roman, découvert avec les 68 Premières fois, est une petite bombe.

Il est lauréat des 

 
Prix Régine DEFORGES du premier roman
 

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2023-01-28T07:00:00+01:00

Artifices de Claire BEREST

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Artifices de Claire BEREST

La rentrée littéraire, ça se passe aussi en poche.

Après "Rien n'est noir" et "Gabriële", place à "Artifices" de Claire BEREST, un roman édité initialement chez Stock et désormais chez Le livre de poche.

Tout commence avec une scène de chaos, un bal du 14 juillet qui devient un bain de sang. Abel Bac voit ses nuits régulièrement perturbées par le même cauchemar. Quatre nuits par semaines, il donne libre cours à ses insomnies, se lève, s'habille et part déambuler dans les rues de Paris jusqu’à se perdre, jubile, et rentre. Abel Bac est flic, enfin, était. Il a été suspendu de ses fonctions il y a 8 jours. Il était lieutenant de police à la 1ère DPJ de Paris. Ses journées, il les passe seul, il s'occupe de ses quatre-vingt treize orchidées qu’il soigne avec une attention toute particulière. Et puis, comme personne ne le visite jamais... enfin, visitait, parce que la nuit dernière, la voisine du dessus, ivre morte, s'est trompée d'appartement. Cette intrusion dans son intimité le fait vaciller. Et puis, il y a ce journal, trouvé sur son paillasson, chaque jour, relatant la découverte d'un cheval blanc dans une bibliothèque de Beaubourg. Etrange, non ?

Dans le titre, "Artifices", il y a "Art". Une nouvelle fois, il est au coeur de l'histoire contée par Claire BEREST. Elle elle emprunte la voie de la performance, en référence à l'artiste Marina ABRAMOVIC, pour explorer les formes d’expressions artistiques contemporaines.

Et puis, il y  a des personnages construits avec une incroyable minutie. L'autrice imagine des êtres torturés par des drames familiaux, hantés par les fantômes des disparus, des êtres poussés à changer d'identité. 

Dans une plume énergique et haletante, Claire BEREST dévoile des liens restés dans l'ombre et gardés secrets. Si la vie ressemble parfois à un jeu, il n'y a que l'écrivaine qui en connaisse toutes les cartes. Suspens assuré !

Ce que j'aime avec Claire BEREST, c'est que rien n'est jamais laissé au hasard, pas même les prénoms des personnages, savamment choisis.

 

L'écrivaine montre son talent dans un registre littéraire très codifié. Elle nous livre un véritable page-turner.

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2023-01-21T07:00:00+01:00

Ton absence n’est que ténèbres de Jón KALMAN STEFÁNSSON

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Ton absence n’est que ténèbres de Jón KALMAN STEFÁNSSON

La rentrée littéraire, ça se passe aussi en poche. Le roman de Jón KALMAN STEFÁNSSON, « Ton absence n’est que ténèbres » vient de sortir chez Folio.

L’histoire se passe dans un fjord islandais, un lieu au bout du monde, un lieu au climat hostile, mais les oiseaux, eux, ne s’y trompent pas. Sur le chemin de leur migration, ils s'y arrêtent comme cet homme qui a perdu la mémoire. Après une rencontre mystérieuse à l’église, il est invité par une jeune femme à déjeuner sur la tombe de sa mère Aldís, une femme lumineuse qui, dans sa jeunesse, avait fait la connaissance avec Haraldur par le plus grand des hasards. Elle partait en week-end avec son fiancé. En chemin, ils subirent une crevaison. Ils se rendirent dans la première ferme des environs pour demander de l’aide. C’est là qu’elle croisa le regard du jeune paysan qu’elle ne pourra plus jamais oublier. Rentrée chez ses parents, elle fera une modeste valise, prendra le car pour vouer sa vie à cet inconnu. Ainsi va la vie. L’homme amnésique découvre ainsi Rúna, profondément triste du décès de sa mère. Il faut dire qu’elle est morte dans un accident de voiture. Rúna, après une thèse en histoire de la philosophie, avait décidé de rentrer chez ses parents. Alors qu’elle conduisait la voiture sur une route verglacée, sa mère, sur le siège passager, riant aux éclats avec son mari assis à l’arrière, avait fait une cabriole pour l’embrasser. Le talon de sa chaussure était venu blesser Rúna à l’œil. Elle avait alors perdu le contrôle du véhicule. Sa mère était morte sur le coup, son père resté tétraplégique, ainsi va la vie, à moins que ça ne soit une affaire de destin…

Jón KALMAN STEFÁNSSON est un formidable conteur, un exceptionnel romancier. 

Je me suis laissée porter par des destins tragiques, des vies d’amour et de labeur, au rythme d’une playlist incommensurable. Bod DYLAN, Léonard COHEN, Nas, Damien RICE, Nick CAVE, John LENNON, Regina SPEKTOR, Elle FITZGERALD, Cure, et bien d'autres encore, nourrissent le propos d'émouvantes mélodies.
 
Ce roman, c’est aussi celui d’une nature sublime, de celle qui vous ferait prendre un billet d’avion sans réfléchir.
 
Vous l’aurez compris, Jón KALMAN STEFÁNSSON nous livre un nouveau roman éblouissant. La plume est belle, fluide, talentueuse. 

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2023-01-14T08:50:34+01:00

Le Stradivarius de Goebbels de Yoann IACONO

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Le Stradivarius de Goebbels de Yoann IACONO

La rentrée littéraire, ça se passe aussi en poche.

Après 

Les Danseurs de l'aube de Marie CHARREL

place à un autre coup de ❤️ un premier roman tellement prometteur

Le Stradivarius de Goebbels de Yoann IACONO

édité initialement chez Slatkine & Cie et maintenant chez J'ai lu.

Felix Sitterlin, le narrateur, est Trompettiste classique. Il fut formé au Conservatoire de Paris. À partir de 1938, il intègre la brigade de musique des gardiens de la paix et prendra part à l’insurrection populaire pour reprendre la Préfecture de Police de Paris. Le 12 janvier 1945, il est chargé par le Préfet Luizet de retrouver le Stradivarius du neveu de Monsieur Braun, Juif, ami du Général De Gaulle. Et s’il s’agissait de celui offert par Goebbels le 22 février 1943 à la jeune Nejiko Suwa, prodige japonaise, comme un acte politique pour sceller l’union du régime nazi avec le Japon, les premiers exterminant les Juifs, les seconds les Chinois. Après un enseignement reçu auprès de sa tante Anna, arrivée de Russie, Nejiko évolue auprès de grands maîtres mais son Stradivarius lui résiste. D’où peut bien venir son incapacité à maîtriser parfaitement l’instrument. Certains luthiers affirment que les violons ont de la mémoire ? Et si Nejiko avait intérêt à connaître l’histoire du sien...

« Le Stradivarius de Goebbels » est un roman historique qui va prendre sa source avec le cadeau de Goebbels. Nous sommes en 1943. C’est à cette époque que le régime nazi lance la confiscation des œuvres d’art. Chaque jour, 80 camions de biens juifs quittent Paris pour l’Allemagne et l’Autriche pendant que les propriétaires, eux, étaient transférés au camp de Drancy. Herbert Gerigk est chargé du secteur musical. C’est entre ses mains que le Stradivarius transite. 

Dans ce roman, vous retrouverez Paris sous l'occupation. 

Ce roman, c’est aussi l’exploration d’une discipline artistique, la musique.

J’ai savouré les passages autour de l’apprentissage de Nejiko Suwa. Sous la plume de l’écrivain, elle devient un personnage de roman. Entre sa vie à Paris, son retour à Berlin, son emprisonnement aux Etats-Unis... c’est une épopée tout à fait fascinante.

La narration à la première personne du singulier met le lecteur dans la position du spectateur d’un scénario hallucinant digne du plus machiavélique des dictateurs. 

Audacieux, ce roman est un pari réussi !

 

 

 

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2023-01-07T07:00:00+01:00

Les Danseurs de l’aube de Marie CHARREL

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Les Danseurs de l’aube de Marie CHARREL

Cette semaine, vous avez peut-être découvert le tout nouveau roman de Marie CHARREL, "Les Mangeurs de nuit", aux éditions de L'Observatoire.

C'est pour moi un coup de ❤️ de cette rentrée littéraire de janvier. Je ne suis d'ailleurs pas la seule à le penser, ce roman fait partie des dix en lice pour le prestigieux Grand Prix RTL Lire – Magazine Littéraire 2023. Je lui souhaite le meilleur !

Mais le 4 janvier 2023, c'était aussi le jour de la sortie de son premier roman, "Les Danseurs de l'aube" chez Le Livre de Poche

Si vous voulez faire connaissance avec la plume de cette écrivaine pleine de talent, je vous le conseille (aussi !) :

Tout commence dans le chaos. Le quartier de Schanzenviertel de Hambourg en Allemagne connaît une nouvelle vague de rébellion, cette fois orientée contre le G20. Le théâtre Rote Flora est squatté, fief d'une communauté anarchiste de longue date. Chaos toujours, les événements se passent en Hongrie. Les Roms sont expulsés, ils doivent libérer les logements qu’ils habitent pour les laisser à d’autres. Iva fait partie de ces populations mises de force sur les route. Elle arrive à Hambourg, tout comme trois amis, trois garçons, trois berlinois, tout juste bacheliers. Lukus, Nazir et Carl vont commencer des études universitaires d’informatique. Ils s’offrent une escapade estivale à Hambourg. Pendant que Nazir et Carl fréquentent les clubs de strip-tease, Lukus, lui, le jeune homme efféminé, part sur les traces d’un danseur de flamenco, juif et travesti, Sylvin RUBINSTEIN qui est décédé en 2011. Cet artiste, c’est sa professeure de danse classique qui l’a mis sur la voie. Il n’avait alors que 12 ans. Il deviendra son icône. C’est dans cette ville allemande, en juillet 2017, que Iva et Lukus vont se croiser. Leur photographie d’un couple sorti mystérieusement des brumes de la ville incendiée sera diffusée à travers le monde entier. Elle marque le début d’une épopée éminemment romanesque.

J'ai adoré me familiariser avec le registre du flamenco en accompagnant, le temps d'une lecture, les jumeaux RUBINSTEIN. Marie CHARREL s'est effectivement inspirée d'une histoire vraie et pas des moindres, mais impossible de vous en dire plus si vous ne les connaissez pas encore, le tout, bien sûr, sur fond de la grande Histoire, de celle qui hante encore nos mémoires.

Entre passé et présent, réalité et fiction, mon coeur s'est laissé porter par la fougue d'êtres hors du commun, des hommes et des femmes, indignés, qui, de gré ou de force, choisissent la voie de la liberté, à la vie, à la mort. Marie CHARREL restitue tout en beauté d'innombrables archives. Elle nous livre un roman d'une richesse éblouissante.

Retrouvez aussi 

Le Stradivarius de Goebbels de Yoann IACONO

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