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2022-06-30T18:40:46+02:00

Celle qui fut moi de Frédérique DEGHELT

Publié par Tlivres
Celle qui fut moi de Frédérique DEGHELT

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur une lecture récente qui a pris beaucoup de place dans mon esprit, le dernier roman de Frédérique DEGHELT "Celle qui fut moi" aux éditions de l'Observatoire.

Sophia L traverse une période difficile de son existence. Elle a récemment divorcé et subit de sa mère, malade d’Alzheimer depuis deux années, son agressivité grandissante, un symptôme bien connu de la pathologie. Perdue dans ses pensées, elle confie à sa propre fille qu’elle appelle « Mademoiselle », ses tourments. Elle se souvient de sa fille évoquant dans sa plus tendre enfance son autre maman, "une belle et grande femme aux yeux verts", vivant dans un pays exotique. Ses dessins étaient inspirés de décors insulaires un brin tropicaux, tout en couleurs. Si les propos de l’enfant avaient à l’époque le don de la mettre en colère, remettant chaque jour en question sa filiation maternelle, il semble que cette histoire lui devienne aujourd’hui insupportable. Il faut dire que cette femme avait choisi d’abandonner sa famille bourgeoise et une carrière promise aux plus riches pour vivre une histoire d’amour avec un modeste fils d’immigré italien, une histoire aussi improbable que rocambolesque. La maternité lui avait longtemps résisté au point d’imaginer recourir à l’adoption. Et puis, il y avait eu deux naissances, à un an d’intervalle, une fille d’abord, l’ingrate, un garçon ensuite, le préféré des deux, vivant désormais en Australie et se contentant de subvenir financièrement aux besoins de sa mère. Alors que Sophia L prend de plus en plus en charge sa mère, elle ressent un besoin irrépressible d’en découdre avec son passé, l’histoire de sa vie, à moins que ça ne soit de celle d’avant…

 

Le roman prend la dimension d’un thriller psychologique au fil des évocations aux lisières de la magie et du spiritisme. Confrontée à la réalité de certaines images longtemps apparues sans explication dans son esprit, Sophia L éprouve la sensation oppressante de toucher du doigt sa vie d’avant. Et  Frédérique DEGHELT de poser incessamment la question : « Qu’est-ce qu’un être humain ? ». De tout temps, l’Homme s’est interrogé sur une vie après la mort. Dans ce roman, il est question d’incarnation et de réincarnation.
 
Je suis sortie de ma lecture une nouvelle fois subjuguée par la beauté de la prose de l’autrice et envoûtée par le sens des mots. Combien de fois me suis-je interrogée moi-même sur l’existence du destin ? Ce roman a fait résonner ma profonde sensibilité.
 
Celui-là, comme tous les autres, je vous le conseille absolument !

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2022-06-30T08:38:53+02:00

Les combats d’une effrontée au Festival d’Anjou

Publié par Tlivres
Les combats d’une effrontée au Festival d’Anjou

Le 30 juin 2017 s’éteignait Simone VEIL, l’icône des combats de femme.

 

Le 15 juin 2022, un brillant hommage lui était rendu, un spectacle hors du commun programmé dans le cadre du Festival d’Anjou, une interprétation assurée par Christiana REALI avec la complicité de Noëmie DEVELAY-RESSIGUIER.

 

Mise en scène par Pauline SUSINI à partir de l’autobiographie de Simone VEIL, la pièce de théâtre relate une histoire familiale déchirée et meurtrie par la Shoah. Et puis, son retour à la vie, les secrets bien gardés au risque d’une incompréhension de celles et ceux qui ne l’avaient pas vécue. 

 

Elle s’est battue pour assurer sa SURvie dans les camps de la mort, elle a mené ensuite mille et un combats, à commencer par celui de tenir tête à son mari pour avoir une activité professionnelle, elle sera magistrate. 

 

Plus rien ne pourra alors l’arrêter. Contactée par Jacques CHIRAC, elle deviendra Ministre de la Santé. C’est là qu’elle mènera celui de la dépénalisation de l’IVG, une loi du 29 novembre 1974. Derrière des apparences classiques et des émotions cachées, elle était d’une très grande modernité et ne lâchait rien, y compris devant les menaces de mort au moment de la promulgation de la loi. Quand le droit à l’avortement recule aux États-Unis, sa voix me manque. J’aimerais qu’elle porte un regard sur les événements des derniers jours et nous éclaire sur les perspectives d’avenir pour les femmes, en France. 

 

Elle terminera sa carrière politique au sein de l’Union Européenne.

 

Effrontée elle l’était, peut-être la plus belle qualité pour réussir tous les combats qu’elle a engagés et réussis.

 

Sur scène, par le biais d’une émission de radio, les deux actrices vont progressivement échanger et nouer le lien des générations.

Quelle plus belle joie que de découvrir aussi dans les gradins de toutes jeunes personnes venues s’imprégner de la grandeur d’une femme qui a écrit une page de notre Histoire.

 

J’ai été bluffée par le jeu de la comédienne italo-portugaise qui restitue à la perfection la posture, les mimiques (les mains dans les cheveux pour lisser sa coiffure jusqu’au chignon, le regard tourné vers l’arrière pour laisser passer l’émotion), les intonations de la voix de la grande Dame que fut Simone VEIL. C’est à s’y méprendre celle dont je me souviens sur les écrans de télévision des années 1970.

 

Les parenthèses musicales, les extraits de témoignages comme celui de Marceline LORIDAN-IVENS, son amie de toujours, et de films d’époque, résonnent dans le cloître, moments hors du temps.

 

Dans l’assistance, un silence monacal. Chacun retient sa respiration jusqu’au tonnerre d’applaudissements. Un spectacle sensationnel.

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2022-06-29T06:00:00+02:00

Cet été, #jamaissansmon68 !

Publié par Tlivres
Cet été, #jamaissansmon68 !

Cet été, ça sera #jamaissansmon68 ! 

Je reviendrai régulièrement sur mes lectures de la #selection2022, histoire de mettre sous les projecteurs des premiers et seconds romans qui méritent toute votre attention.

Alors, aujourd'hui, récap de mes belles lectures :

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY, lauréat du Prix du roman Marie-Claire,

"Furies" de Julie RIOCCO, lauréat du Prix Saint-Georges de la Librairie Gibier de Pithiviers

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ, un coup de coeur,

"Les envolés" d'Etienne KERN, sacré Goncourt du Premier roman 2022

"Blizzard" de Marie VINGTRAS, lauréat du Prix des Libraires et du Prix [métro] Goncourt,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD,

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD.

Alors, certains vous font envie ?

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2022-06-29T06:00:00+02:00

Quand le Musée d'Art hispano-américain Isaac Fernández BLANCO fait campagne en faveur du dépistage précoce du cancer du sein

Publié par Tlivres
Quand le Musée d'Art hispano-américain Isaac Fernández BLANCO fait campagne en faveur du dépistage précoce du cancer du sein

Partons en Argentine, à Buenos Aires, visiter le Musée d'Art hispano-américain Isaac Fernández BLANCO.
Cet établissement a été créé dans un ancien palais construit dans les années 1920 par Martin NOEL, un architecte argentin formé à Paris.

La maison néocoloniale accueille des collections sud-américaines.

Ce musée fait parler de lui dans les médias en ce moment. Il s'inscrit effectivement dans la lutte contre le cancer du sein et propose aux visiteurs de réaliser des palpations d'oeuvres d'art. Habituellement, il est interdit de s'approcher trop près, encore moins d'oser poser le doigt sur une toile. Là, le visiteur peut le faire en toute impunité. Il y est même incité et c'est pour une bonne cause.

Il accueille une exposition temporaire, "L'art de l'auto-examen", dans laquelle des oeuvres classiques de Rubens, Rembrandt... ont été revisitées par le musée, en relief. Pour aller plus loin, ont été cachés quelques symptômes fréquents lors du développement du cancer du sein, invisibles à l'oeil nu mais repérables au toucher.

Cette exposition fait suite aux travaux du Docteur Liliana SOSA qui en aurait repéré dans des toiles des maîtres.

Il n'en faudra pas plus pour que l'association Movimiento ayudo cancer de mama (MACMA) se saisisse de l'information et travaille avec le concours de l'agence David Buenos Aire. 

Bravo pour cette initiative qui fait suite à une vidéo dans laquelle l'association faisait chanter des seins.
A l'heure où les réseaux sociaux censurent les images laissant apparaître des tétons, "cacher ce sein que je ne saurai voir", autorisons-nous ce petit pas de côté, c'est pour la bonne cause !

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2022-06-28T15:32:09+02:00

Le prix de nos larmes de Mathieu DELAHOUSSE

Publié par Tlivres
Le prix de nos larmes de Mathieu DELAHOUSSE

Les Éditons de L’Observatoire, je les apprécie pour leurs romans, souvent des coups de ❤️ à l’image de ceux de Thibault BERARD, « Il est juste que les forts soient frappés » et « Les enfants véritables », celui d’Anaïs LLOBET « Au café de la ville perdue », ou encore de Marie CHARREL « Les danseurs de l’aube », et de Withney SCHARER « L’âge de la lumière », mais aussi de Sébastien SPIZTER « Ces rêves qu’on piétine », et d’Odile D’OULTREMONT « Les déraisons ».

 

 

Je ne les connaissais pas sur le registre des essais, c’est aujourd’hui chose faite avec « Le prix de nos larmes » de Mathieu DELAHOUSSE que j’avais entendu au micro de Léa SALAME sur France Inter. Il a exploré ces deux dernières années les rouages du fonds d’indemnisation des victimes d’attentats. 

 

Que savons-nous de son organisation quand nous n’y sommes pas confrontés ?

 

C’est grâce à cet essai que j’ai découvert les fondements juridiques, d’abord une loi de 1982, dite Badinter, reconnaissant le statut de victime, et puis en 1986, la création d’un fonds de garantie pour les victimes d’actes terroristes, une exception française, européenne, voire mondiale. Ce n’est qu’en 1990 que les victimes du terrorisme seront reconnues victimes civiles de guerre avec pour conséquence, notamment pour les enfants de victimes, d’être déclarés pupilles de la Nation.

 

C’est aussi sous la plume de Mathieu DELAHOUSSE que j’ai compris le mode de financement du fonds, 5,90 euros prélevés sur chaque contrat d’assurance de biens immobiliers, un fonds financés par les Français sans qu’ils le sachent vraiment.

 

En qualité de journaliste, Mathieu DELAHOUSSE va accéder aux audiences qui caractérisent les préjudices subis et fixent les indemnisations. C’est là que se confrontent deux filtres de lecture des attentats :


Plusieurs fois durant ces journées dans la petite salle blanche, des cas similaires affleurent et, dans une danse macabre, on chaloupe entre les critères stricts du fonds et ceux, plus souples et imparfaits, de la vie. P. 79

Aux chiffres, aux critères d’évaluation, sont opposés la peine, le deuil d’un amour perdu, d’une mère, d’un père, d’un enfant… 

 

Et cette question posée en boucle, quel est le prix d’une vie ? La réparation passe-t-elle par l’argent ?

 

Bien sûr, à l’image de notre société, certains passent au-delà du chagrin et voient dans le fonds l’opportunité de gagner de l’argent sur le dos de blessés à vie, de morts, c’est juste indécent.

 

Le comble de la mascarade, c’est bien sûr l’usurpation d’identité, se faire passer pour une victime, s’imaginer une vie… jusqu’à se croire sur parole. Les cas sont rares mais diaboliques.


On ne se résout pas vraiment à imaginer que, parfois, des diables soufflent à ces âmes perdues que « qui ne tente rien n’a rien ». Et sur ces pauvres innocents s’y accrochent. P. 80

Cet essai, porté par une plume pudique et bienveillante, est très intéressant. Il donne à voir un microcosme de la justice française.

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2022-06-27T06:00:00+02:00

Skin de Chiharu SHIOTA

Publié par Tlivres
Skin de Chiharu SHIOTA

Mes dernières lectures célébraient le kintsugi, l’art japonais qui magnifie les brisures des objets en céramique ou porcelaine avec de la poudre d’or, sublimant les failles au lieu de chercher à les dissimuler. Je pense bien sûr à « Celle qui fut moi » de Frédérique DEGHELT et « La patience des traces » de Jeanne BENAMEUR.

Je voulais rester dans le registre du Japon.

J’ai retrouvé une œuvre d’art textile réalisée par Chiharu SHIOTA, une artiste contemporaine, et découverte au Musée des Beaux Arts d’Angers lors d’une exposition temporaire de 2017.

« Skin », qui veut dire « peau » en français, est une création de 2016.

Chiharu SHIOTA offre à une toile blanche une seconde peau avec des morceaux de tissus de toutes les couleurs, assemblés à des objets de récupération, une douce évocation du passé, avec des fils noirs et rouges piqués et entrelacés. 

L’artiste représente tout en beauté les relations humaines, la singularité et la diversité des individus, leur capacité à s’unir pour faire corps, tous ensemble.

Cette installation monumentale était spectaculaire. C’est ma #lundioeuvredart. 

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2022-06-26T06:00:00+02:00

Ready to start de Arcade Fire

Publié par Tlivres
Ready to start de Arcade Fire

Le bal des 68 Premières fois se poursuit.

Il y en a qui s'imposent de fait, par leur tonalité, leurs paroles, leur titre.

Il y en a d'autres qui sont puisées dans la playlist du romancier comme ma #chansondudimanche aujourd'hui.

Vous ne saurez que samedi prochain qui se cache derrière un coup de coeur de cette #selection2022. 

Là, parlons un peu de Arcade Fire. Il s'agit d'un groupe de rock québécois lancé dans les années 2000. Il a sorti son 6ème album, WE, très récemment, en mai 2022. 

Ce titre, "Ready to start", est comme une invitation à engager une lecture qui deviendra inoubliable. C'est un single sorti en octobre 2010.

Dès la première phrase il est question de sang, c'est bien l'objet du livre dont je vous parlerai très bientôt, le sang de la filiation.

Mais je crois que j'ai assez parlé, maintenant musique !

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2022-06-25T06:00:00+02:00

La fille que ma mère imaginait de Isabelle BOISSARD

Publié par Tlivres
La fille que ma mère imaginait de Isabelle BOISSARD

Le bal des 68 Premières fois se poursuit. 

Après :

"Aux amours" de Loïc DEMEY

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN

place au premier roman de Isabelle BOISSARD : "La fille que ma mère imaginait" chez Les Avrils.

Il y a cet anniversaire avec un cadeau original, un atelier d’écriture, et puis un nouveau grand départ, le lot commun des expatriés, toujours entre deux avions. Après Limoges, en guise d’amuse-bouche, l’étranger, le grand saut. Après la Suède, l’Italie, place à Taïwan, l’Asie, changement d’environnement, de climat, de cuisine… une sacrée épreuve pour une conjointe-suiveuse, c’est comme ça qu’est appelée celle qui suit son mari qui travaille, celui qui entretient sa famille, mais tout ça ne serait rien encore sans un appel téléphonique des plus alarmants…
 
Au rythme d’un journal intime, alimenté au gré des émotions de la narratrice dont on devine qu’elles sont largement inspirées du parcours personnel de la primo-écrivaine, le roman dévoile le quotidien d’une femme en mal du pays, mal-être, mal tout court. 
 
Vendu comme ça, ce premier roman pourrait être un brin dissuasif mais surtout, ne reculez pas, non, ce roman c’est un ton, humoristique, caustique, vous allez rire, jaune !
 
La jeune femme, mère de deux enfants, mariée avec Pierre, sœur de deux garçons, fille d’un père décédé d’un cancer quand elle n’avait que 10 ans, et d’une mère… dont je vais taire le sort, elle a beaucoup de choses à dire sur sa vie… plurielle ! Ne vous attendez pas à de la bienveillance, non, la narratrice vous sert le tout à bâton rompu, en toute franchise, à bas le conformisme et autres arrangements raisonnables. Toutes vérités ne seraient pas bonne à dire, là, le venin est craché pleine figure !
 
Vous allez être poussé dans le mur. A vous de voir si vous avez envie d’être l’avocat du diable et l’inviter à modérer le propos…
 
Outre le fait de découvrir ce territoire méconnu qu’est Taïwan, ses tribulations politiques depuis la fin de l’occupation japonaise, j’ai beaucoup aimé l’humour qui traverse l’ensemble du roman


J’aimerais que le corps soit une chose extérieure que l’on puisse déposer devant soi. On pourrait passer son corps à la machine, le faire sécher, le recoudre, et pourquoi pas une fois trop usé, le jeter. Il suffirait alors de s’en acheter un nouveau. Neuf ou bien d’occasion, si on est écolo. Puisque tout le monde semble avoir un complexe, je suis convaincue qu’il aurait un marché incroyable pour troquer ou vendre son corps. www.leboncorps.com. P. 33

Et puis, il y a l’approche de la langue, cette partie visible de l’iceberg de ce qu’est chacun…


Le problème n’est pas d’appendre la langue, mais de comprendre toute une conception du monde. Il n’y a pas un filtre, mais de multiples interprétations. P. 71

Un élément incontournable de l’interculturalité. J’ai beaucoup pensé au père de l’ethnopsychiatrie, Tobie NATHAN, qui dit la même chose en d’autres mots.
 
Il y a encore cette analyse de ce que peut être une mère…


Une vraie mère courage. De celles qui se surpassent, qui se dépassent même. Mais se dépasser, c’est aussi prendre le risque de passer à côté de soi. P. 134

Il y a son regard sur ce qu’elle vit de sa relation avec ses filles et celui, surtout, posé sur celui de sa propre mère. 
 
Ce premier roman est très réussi, d’abord parce qu’il m’a fait rire. C’est suffisamment rare pour le préciser ! Je vais pouvoir préparer mon calendrier de l’ #Aventlitteraire sereinement ! Il est singulier aussi dans le regard posé sur le monde, cynique. A méditer sans modération !
 
Impossible de vous quitter sans quelques notes de musique. J’invite Rihanna à chanter son titre « Farewell »… savourez 🎶 
http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/06/farewell-de-rihanna.html

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2022-06-24T06:00:00+02:00

La carte postale de Anne BEREST

Publié par Tlivres
Photographie des éditions Grasset

Photographie des éditions Grasset

Le roman de Anne BEREST, "La carte postale" était lauréat du Prix Renaudot des Lycéens et du Goncourt version américaine, le roman est une nouvelle fois honoré avec le Grand Prix des Lectrices Elle 2022.

Vous vous souvenez peut-être que l'année dernière, c'était Claire BEREST qui avait remporté le même prix avec "Rien n'est noir" célébrant l'artiste Frida KAHLO.

Claire et Anne sont soeurs dans la vie.

Anne puise dans leur histoire familiale pour nous livrer un roman exceptionnel, un coup de coeur, le 80ème du blog.

Tout commence au petit matin. La neige a tombé dans la nuit. La mère de Anne BEREST, Lélia, va, en chaussons, cigarette à la bouche, faire le relevé du courrier. L'année 2003 commence tout juste. Au pied de la boîte aux lettres toute disloquée, parmi les cartes de voeux, gît une carte postale avec, au recto, une photographie de l'Opéra Garnier, au verso, quatre prénoms : 
Ephraïm
Emma
Noémie
Jacques
Aussi obscure et impénétrable soit-elle avec ces seuls prénoms comme repères, ceux des grands-parents, oncle et tante de Lélia, "La carte postale" a été rangée au fond d'un tiroir après avoir suscité quelques brefs échanges lors du repas familial. Une bonne dizaine d'années plus tard, alors que Anne BEREST est enceinte et doit se reposer pour sa fin de grossesse, elle prend le chemin de la maison familiale et demande à Lélia de lui raconter la vie de ses ancêtres. Là commence toute l'histoire... ou presque. Si Lélia a fait beaucoup de recherches pour remonter le fil de l'existence des Rabinovitch, "La carte postale", elle, reste une énigme. Quelques années plus tard, elle deviendra une obsession. 
 
"La carte postale", c'est une enquête menée par Anne BEREST, elle-même, écrivaine, réalisatrice. De bout en bout, j’ai été captivée par la recomposition du puzzle familial. Ce roman est empreint d’un mystère jamais résolu qui, sous le feu de son action, prend un nouveau tournant. 
 
Sous la plume de Anne BEREST, la petite histoire, celle de ses ascendants, résonne cruellement avec la grande, celle qui porte un H majuscule, si douloureuse. Elle concourt ainsi non seulement à la mémoire de sa famille, mais aussi à celle de tous les juifs exterminés dans les camps de la mort.
 
Ce qui m’a profondément touchée aussi dans cette lecture, c’est la relation établie par Anne BEREST avec sa mère, Lélia, sans qui rien n'aurait été possible. 
 
"La carte postale", c’est la révélation de moult secrets de familles, parfois sciemment cachés, parfois totalement subis par une génération qui va pouvoir, désormais, s’émanciper de ce poids trop lourd à porter. Mais c'est aussi une démarche intellectuelle autour du sens du mot "juif". 
 
Un roman historique, un roman d'aventure, un roman jubilatoire, des personnages éminemment romanesques, tout y est, de la grande littérature comme je l'aime.
 
Anne BEREST a été interviewée par l'équipe de VLEEL (Varions les éditions en live) le 28 octobre dernier. Vous pouvez visionner l'émission.

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2022-06-23T06:00:00+02:00

Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Publié par Tlivres
Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un coup de coeur, un premier roman sélectionné par les fées des 68, un roman inoubliable, un roman qui me fait frissonner rien que de l'évoquer. Il s'agit de "Ubasute" de Isabel GUTIERREZ aux éditions La fosse aux ours.

Marie s’apprête à réaliser son dernier voyage. Elle est malade. Elle va mourir, elle le sait. Sa dernière volonté, que son fils la porte jusqu'au Grand Rocher. D’ici là, lui va fabriquer la chaise dans laquelle elle s'installera, elle va préparer les quelques effets personnels qu'elle emmènera, un bol qu'elle a tourné elle-même, une natte, une couverture. Seule la date reste à fixer. Un jour, Marie téléphone à son fils. C’est le moment de partir.

Il y a tout un tas de manières d’imaginer sa fin de vie.

Aux Etats-Unis, les gens font appel à une doula, cette personne qui va tout prendre en charge, se substituant aux enfants souvent occupés à vivre leur vie, loin, comme l'évoque si tendrement Jodi PICOULT dans son dernier roman, "Le Livre des deux chemins". Cette pratique arrive depuis peu en France.

Au Japon, il y aurait une tradition, l'ubasute, qui consisterait à demander à quelqu’un de nous porter sur son dos pour l'ascension d’une montagne, là où l’on rendrait notre dernier souffle.

S’il est question de faire de la mort son alliée, ce roman n’en est pas moins profondément lumineux. Le portrait de femme de Marie est fascinant. En attendant le grand jour, Marie revisite sa vie et, dans une narration qui alterne la première et la troisième personnes du singulier, elle nous livre ses confidences. Outre cette décision, tellement courageuse, du choix du moment et des modalités de sa fin de vie, elle est en quête d’une paix intérieure, une libération, une certaine forme de pardon.

 

La prose est tendre et délicate, les mots sont beaux. « Ubasute », c’est un voyage intérieur, une quête spirituelle, une expérience humaine portée par l’espoir. Ce roman je l'ai aimé, passionnément, à la folie !

Et pour que ce moment s'achève tout en beauté, vous prendrez bien quelques notes de musique... aussi ! "Sublime et silence" de Julien DORE.

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/sublime-et-silence-de-julien-dore.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/sublime-et-silence-de-julien-dore.html

Retrouvez mes lectures de cette #selection2022 :

"Aux amours" de Loïc DEMEY

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

 

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ

 

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN

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#bookstagram #jamaissansmon68 #selection2022 #premierroman #7anscasefete #onnarretepasles68 #un68sinonrien #touchepasamon68 #jepensedoncje68  #ubasute #isabelgutierrez

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2022-06-21T06:00:00+02:00

Consolation de Anne-Dauphine JULLIAND

Publié par Tlivres
Consolation de Anne-Dauphine JULLIAND

Ce récit de vie, peut-être qu’il n’aurait jamais croisé mon existence s’il n’y avait eu le Book club. Nouvelle référence et pas des moindres : « Consolation » de Anne-Dauphine JULLIAND publié initialement chez Les Arènes Eds et maintenant chez J'ai lu.

Vous n’allez pas tarder à découvrir le drame qui l’a fauchée, il se décline en réalité au pluriel, et malgré la tragédie qu’ils recouvrent, ils tiennent en une seule phrase, la première du livre. Plus précisément, ils tiennent en quatre mots :


J’ai perdu mes filles.

 

quatre mots comme le fil rouge du livre, profondément lumineux malgré la douleur, la souffrance, le deuil…
 
En parlant de la mort de deux enfants, deux filles, Thaïs et Azylis, toutes les deux de la même maladie dégénérative, la leucodystrophie métachromatique, Anne-Dauphine JULLIAND, leur mère, nous parle de la vie, des sentiments, des émotions qui l’ont traversée et le font encore, certains jours avec tendresse et délicatesse, certains instants avec violence et fracas à l’image d’un éléphant qui entrerait dans un magasin de porcelaine, broyant tout sur son passage, foulant du pied tout ce qui a été précieusement construit.
 
Dans ce récit de vie, autobiographique, l’écrivaine brosse le portrait de la « Consolation », toujours avec beaucoup de poésie…


La consolation est une histoire d’amour écrite à l’encre des larmes. P. 11

Anne-Dauphine JULLIAND explore les tréfonds de son âme et nous livre son regard, personnel, sur les épreuves qu’elle a vécues. Elle nous apprend à les décrypter, les apprivoiser, les faire sienne, et à les partager. Les taire serait d’infliger une double peine.


Le silence donne l’illusion de tenir la réalité à distance. Ce qui n’est pas dit ne prend pas corps, ni pour les autres ni pour soi-même. P. 113

L’autrice nous livre son chemin, certains diront de croix.
 
Si j’appréhendais cette lecture, j’en ressors grandie. Elle m’a fait toucher du doigt tout ce qui devient subtil lorsque vous êtes éprouvé, toutes ces manifestations d’humanité qui font battre plus vite le cœur. J’ai fondu devant la présence de cette infirmière avec ces seuls mots, « je suis là », ou bien encore ces funérailles avec les ongles vernis rouges de toutes les personnes qui se joignaient à sa peine. Pleurer, pourquoi m’en cacher ?


Pleurer, c’est avoir confiance dans le monde. P. 80

Et j’ai confiance en vous !
 
J'ai pris l'habitude avec les 68 d'accompagner mes lectures de musique. Là, elle s'est imposée à moi. Le livre terminée, je suis partie me promener. Les écouteurs sur les oreilles, j'ai commencé par zapper sur les différentes radios et puis, j'ai entendu ses notes... et enfin, ses paroles ! Comme une évidence, je vous propose "Save your tears" de The Weeknd.

Retrouvez toutes les références du Book club :

"La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON" de David DIOP

"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE

"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" de Maggie O'FARRELL

 "Les enfants sont rois" de Delphine DE VIGAN

"Au-delà de la mer" de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE,

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU,

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD,

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD, 

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME,

"Il n'est pire aveugle" de John BOYNE...

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2022-06-20T06:00:00+02:00

Tissue of Time de Coderch et Malavia

Publié par Tlivres
Tissue of Time de Coderch et Malavia

Ma #lundioeuvredart, je l'ai puisée une nouvelle fois dans les collections de la Galerie In Arte Veritas, installée 16 rue des Lices à Angers. Elle regorge de sculptures absolument prodigieuses.

Vous vous souvenez peut-être très récemment de "Plénitude" de Claude JUSTAMON. 

Et puis, il y a les oeuvres réalisées par un duo d'artistes espagnols, Coderch et Malavia. Je vous ai déjà présenté "My life is my message", une création d'une impressionnante délicatesse dans le traitement des tatouages d'inspiration maorie et qui m'inspire une profonde sérénité.

Je vous propose de rester dans le même registre aujourd'hui avec "Tissue of time".

Il s'agit d'une sculpture en trois dimensions en bronze, patinée noire, posée sur socle, d'une hauteur totale d'un mètre cinquante (à quelques centimètres près, la mienne !).

La sculpture représente le corps d'une femme que l'ont reconnaît aux traits de son visage et au développement de sa poitrine qui lui confère une grande sensualité.

Sa posture est, en elle-même, toute une histoire. La femme est accroupie, reposant sur la pointe des pieds, les fesses sur les talons, les avant-bras sur les genoux, le tout donnant à l'ensemble l'image d'un parfait équilibre, conforté par l’alternance des pleins et des vides. Cette posture est souvent pratiquée en Asie mais je ne l'avais pas encore vue sculptée.

Le port altier donne une puissante élégance à cette femme qui semble confortablement installée et pouvoir rester ainsi des heures.

Les formes sont lisses dans des masses plutôt rondes et globalement homogènes au-devant du personnage, il n'en est pas de même pour le dos dont la position du corps génère un étirement de la colonne vertébrale, révèle des os saillants et une structuration complexe.

La femme est représentée nue, à l'exception de sa tête.

Là, un morceau de tissu, couvrant l'intégralité de son crâne, qui me fait penser au chèche touareg. La tête est ainsi couverte pour se protéger des aléas du temps. Les deux pans de tissu, dans des plis parfaits, se croisent sous le menton pour maintenir l'ensemble mais l'originalité repose dans le fait de les laisser libre, à pendre, au vent.

Le titre de l'oeuvre, que l'on pourrait traduire en français par "Le tissu du temps", représente le temps qui passe, les années qui, de haut en bas de la sculpture, marquent l'individu des étapes de la vie. A la naissance, tout semble ficelé, parfaitement organisé, et puis, avec l'âge, le champ des possibles, le lâcher-prise, l'acceptation des événements comme ils se présentent.

Je suis profondément touchée par la sérénité incarnée par les oeuvres de Coderch et Malavia. Je crois que je pourrais les regarder pendant des heures. Elles me font du bien. Elles pourraient être ma représentation de l'art-thérapie !

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2022-06-19T06:00:00+02:00

Farewell de Rihanna

Publié par Tlivres
Farewell de Rihanna

Le bal des 68 Premières fois se poursuit.

Elle ne s'était pas encore invitée dans cette #selection2022. Là voilà, Rihanna, avec son titre "Farewell" extrait de l'album "Talk That Talk" pour évoquer le départ, la séparation...

Un titre qui s'associera parfaitement au #premierroman que je vous présenterai samedi prochain. 

Avez Rihanna, il y a la puissance de la voix bien sûr, et puis, les notes de piano qui contribuent à donner de la nostalgie.

J'ai choisi cette artiste parce qu'elle est originale. Et croyez-moi, la plume de l'écrivaine à venir l'est tout autant !

Allez, maintenant, musique !

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2022-06-18T06:00:00+02:00

Aux amours de Loïc DEMEY

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Aux amours de Loïc DEMEY
Le bal des 68 Premières fois se poursuit.
 
Après :

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN

place à un roman aux allures de manège poétique, un tourbillon chimérique, une lente divagation...

Loïc DEMEY et les Éditions Buchet Chastel nous proposent un texte hors norme : « Aux Amours », une douce rêverie.
 
Le texte s’étire sur une centaine de pages, en une seule phrase, c’est là toute l’originalité, une tendre et délicate attention portée à une femme que le narrateur attend, espère, convoite, désire, fantasme… jusqu’à son dernier souffle.
 
On aurait pu imaginer que je m'y ennuie. En fait, cette lecture, je l’ai savourée.
 
Comme quoi, c'est bon de se laisser surprendre par la littérature, et dans le genre, les fées des 68 Premières fois savent y faire !
 
La plume est délicieuse, c’est une succulente friandise, un bonbon tendre, une gourmandise exquise.
 
Vous connaissiez peut-être "Je, d'un accident ou d'amour". Je me prends à penser que l'auteur fait de l'amour son sujet de prédilection, non ?
 
Pour l'accompagner, j'ai choisi le titre "Manège" de November Ultra, histoire de poursuivre l'enchantement...
http://tlivrestarts.over-blog.com/ 2022/06/manege-de-november-ultra.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/ 2022/06/manege-de-november-ultra.html

#68premieresfois #68premieresfoisetplussiaffinité #68premieresfois2022 #litteraturefrancaise #secondroman #68unjour68toujours #bookstagram #jamaissansmon68 #selection2022 #premierroman #7anscasefete #onnarretepasles68 #un68sinonrien #touchepasamon68 #jepensedoncje68 #auxamours #loicdemey

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2022-06-17T06:00:00+02:00

La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON de David DIOP

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La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON de David DIOP
 
Vous connaissiez peut-être la plume de David DIOP, notamment pour son roman "Frère d'âme", Prix Goncourt des Lycéens 2018, moi pas. "La porte du voyage sans retour", c'est une nouvelle référence du Book club !
 
Michel Adanson est un naturaliste français. Six mois avant de mourir, il écrit une longue lettre à sa fille pour lui raconter sa vie. Nous sommes en 1806. Il se souvient de sa mission au Sénégal pour répertorier les espèces. Il se souvient aussi de Maram, une jeune femme, noire. Surnommée la revenante, il se devait de découvrir son secret, une esclave noire n’est jamais revenue au pays !
 
David DIOP relate les quelques années passées par Michel ADANSON au Sénégal, un homme un peu plus ouvert que les colons en mal d’esclavage.
 
L’auteur nous livre un roman haletant. La vie de Michel ADANSON est à de nombreuses reprises mise en danger. C’est un roman d’aventure, une véritable épopée.
 
J’ai personnellement aimé le regard moderne de cet homme. Son altruisme et son approche de l'interculturalité faisaient de lui un homme hors du commun :


La langue wolof, parlée par les Nègres du Sénégal, vaut bien la nôtre. Ils y entassent tous les trésors de leur humanité : leur croyance dans l’hospitalité, la fraternité, leurs poésies, leur histoire, leur connaissance des plantes, leurs proverbes et leur philosophie du monde. [...] J’ai découvert ainsi, en racontant ma généalogie à Ndiak, que, lorsqu’on apprend une langue étrangère, on s’imprègne dans le même élan d’une autre conception de la vie qui vaut bien la nôtre. P. 55-56 et P. 110

Michel ADANSON prêtait une attention toute particulière à celles et ceux qui étaient différents de lui. Il savait prendre du recul, analyser ce qui fait de nous l’humanité. Il y a aussi ces passages sur la médecine, la manière qu'ont les guérisseurs de porter une attention particulière à leurs patients :


Elle m’a appris à écouter. Elle m’a souvent répété que les premiers remèdes sont à trouver dans les paroles mêmes de ceux qui exposent les symptômes de leur maladie. P. 173

Entre sorcellerie et traitement scientifique de la maladie, l’approche du soin par l’extériorisation du mal m’a toujours profondément intéressée, David DIOP me conforte.
 
L’auteur nous livre un roman salutaire dans une plume inspirante. Revenir sur Michel ADANSON, c’est assurer à ses travaux la postérité. C’est aussi inscrire la mémoire  du peuple noir du Sénégal dans le grand livre de notre Histoire.

Vous aimerez peut-être les autres références du Book club...

"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE

"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" de Maggie O'FARRELL

 "Les enfants sont rois" de Delphine DE VIGAN

"Au-delà de la mer" de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE,

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU,

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD,

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD, 

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME,

"Il n'est pire aveugle" de John BOYNE...

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2022-06-16T06:00:00+02:00

Un funambule sur le sable de Gilles MARCHAND

Publié par Tlivres
Un funambule sur le sable de Gilles MARCHAND

Ma #citationdujeudi est l'occasion de remettre Gilles MARCHAND sous les projecteurs.

Vous vous souvenez peut-être de son premier roman : 

Une bouche sans personne

et puis son second :

Un funambule sur le sable.

Il y a eu encore un recueil de nouvelles : 

Des mirages plein les poches,

le tout publié Aux Forges de Vulcain.

J'avais laissé passer le train du roman "Requiem pour une apache". Mais là, je suis dans les starting-blocks de la rentrée littéraire de septembre, "Le soldat désaccordé" est annoncé. Mon petit doigt me dit que l'auteur pourrait retrouver la voie du roman historique...

Vous comprenez donc pourquoi j'ai eu envie de reparler de Gilles MARCHAND. J'ai choisi de mettre en lumière un certain rapport aux livres. La citation est extraite du roman "Un funambule sur le sable".

Je vous en dis quelques mots :

Le narrateur est né avec un violon dans le cerveau, de ces différences qui font de vous un être à protéger. De quoi ? De tout ! Des autres, du regard des autres, des enfants, de l'école, de la société en général. Son quotidien est ponctué de visites à l'hôpital, le diagnostic est incertain, il faut faire des examens, encore et encore. Ses parents l'entourent de leur amour, l'étouffent même. Lui, il a envie de vivre comme tout le monde. Mais ce monde lui est inaccessible. Il va trouver quelques êtres qui vont adoucir sa vie, lui offrir une complicité, une compréhension, le traiter d'égal à égal. Il y a les oiseaux d'abord, les cordes de son violon s'en donnent à coeur joie, ils parlent le même langage. Et puis, il y a Max, cet autre enfant, différent lui aussi, il boite. Partager ce même statut, celui d'enfant différent, va nouer entre eux une relation. La musique va venir en consolider les fondations, l'amitié qui va s'établir entre eux sera d'une force inouIe, elle résistera au temps, aux années, aux épreuves de la vie, mais là, c'est encore une autre histoire !
Je ne vais pas vous en dire beaucoup plus, il faut que vous découvriez cette pépite par vous-même(s).

Ce roman, c'est une pépite.

Dans une plume pleine de fantaisie et éminemment poétique, l'auteur aborde le sujet de la différence. C'est un roman lumineux qui invite à aimer les Hommes. Il y a de la générosité dans le propos, de la délicatesse et de la tendresse, tout ce qu'on aime, quoi !

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2022-06-15T06:00:00+02:00

La ruche de Blerta BASHOLLI

Publié par Tlivres
La ruche de Blerta BASHOLLI

Il y a des premiers romans avec les 68 Premières fois, il y a aussi des premiers films !

Je suis sortie fascinée par le film "La ruche" de Blerta BASHOLLI, cinéaste kosovare, un film sorti en 2021 qui s'inspire d’une histoire vraie, récompensé par les Prix du Public, Prix du Jury, Meilleur réalisateur du Sundance 2021.

Synopsys

Le mari de Fahrije est porté disparu depuis la guerre du Kosovo. Outre ce deuil, sa famille est également confrontée à d'importantes difficultés financières. Pour pouvoir subvenir à leurs besoins, Fahrije a lancé une petite entreprise agricole. Mais, dans le village traditionnel patriarcal où elle habite, son ambition et ses initiatives pour évoluer avec d'autres femmes ne sont pas vues d'un bon oeil. Fahrije lutte non seulement pour faire vivre sa famille mais également contre une communauté hostile, qui cherche à la faire échouer.


Mon avis :

Farhije, personnage de fiction au cœur du film, est incarnée par une actrice fascinante, Yllka GASHI. 

Cette histoire relate celle d'une femme dont le mari est porté disparu, comme 1600 hommes du village Krushe e Madhe dans le sud du Kosovo. Habitant avec ses deux enfants et son beau-père, elle va créer une entreprise de production d'ajvar, un condiment des Balkans, de couleur rouge, comme le sang que fait couler la guerre.
"La ruche", c'est un film militant en faveur de la condition féminine, de leur capacité à lutter, coûte que coûte, pour SURVIVRE, elles et leurs familles. 

A travers ce portrait brossé d'une femme taiseuse, battante, que rien ne saurait arrêter, pas même les ragots, pas même les hommes et leur patriarcat, c'est toute une communauté, animée par la force de la sororité, que Blerta BASHOLLI honore. Pour la petite histoire, l'entreprise compte aujourd'hui 50 salariés. Ce film, c'est une nouvelle preuve que les femmes peuvent s'émanciper par l'économique. Quelle plus belle métaphore que "La ruche" pour montrer la force d'un collectif... de femmes !

Et puis, il y a dans ce film, des beaux moments, de ceux qui illuminent les visages de satisfaction, de fierté et de noblesse. Comme je l'ai aimée, Fahrije, apprendre à conduire et rouler ensuite au volant de sa voiture.

Avec des films comme celui-là, dramatiques on le sait, il y a une leçon de vie.

La façon de filmer de Blerta BASHOLLI avec tous ses gros plans, à l'image de l'affiche, sublime la ténacité de Fahrije. Chapeau, Mesdames !

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2022-06-14T06:00:00+02:00

Le lac de nulle part de Pete FROMM

Publié par Tlivres
Le lac de nulle part de Pete FROMM
Commencer une semaine de vacances, passer à la La Librairie Contact, se laisser séduire par le voyage proposé par Pete FROMM avec "Le lac de nulle part" aux éditions Gallmeister.
 
Trig et Al sont des jumeaux de 27 ans, lui est parti en Californie, elle vit à Denver. Les parents sont divorcés. Depuis leur tendre enfance, leurs vacances étaient dédiées à des aventures. Ils sont de véritables rangers. Alors, quand leur père, Bill, leur envoie un sms pour leur proposer une dernière aventure. Même s’ils sont un brin intrigués, ils répondent par l’affirmative. Il y a bien eu ces doutes à l’aéroport autour des bagages qui auraient disparu. Et puis, l’absence d’itinéraire précis. Mais ils sont en confiance. Ils ne savent pas encore que cette expédition se fera au péril de leur vie.
 
Avec ce roman, vous allez embarquer sur deux canoës pour visiter les lacs canadiens. Vous allez faire connaissance avec la faune du pays, découvrir la flore aussi. Mais plus que tout, vous allez vivre comme des trappeurs, allumer le feu, le nourrir pour qu’il reste allumer, vous allez pêcher pour manger et naviguer, encore et toujours.
 
Ce roman, c’est un voyage au cœur de Dame Nature. Vous allez vous émerveiller des aurores boréales :


Ce n’est pas la fin du monde, juste la planète qui la ramène, histoire de nous montrer ce dont elle est capable, au lieu de se contenter d’exister, ainsi qu’elle le fait d’habitude, une petite rodomontade au crépuscule pour nous rappeler que nous ne sommes pas le centre de la Terre, mais un détail mineur condamné à errer à sa surface. P. 122

Comme j’ai aimé leur combat, à la vie à la mort, comme j’ai soutenu le moindre de leurs efforts devant la puissance des éléments. Ce roman, vous allez le vivre dans votre chair. Vous allez avoir froid, vous allez sentir chacun de vos membres se frigorifier, vos lèvres gercer…
 
Et puis, ce qui m’a profondément touchée, c’est ce lien indéfectible entre les jumeaux, Trig et Al, deux être que rien ne pourrait séparer, deux individus de 27 ans unis comme deux gamins. Les souvenirs de vacances ensemble, de rituels, vont ranimer leurs joies enfantines. Il y a de l’humour dans le propos :


L’adolescence fondait sur nous telle une locomotive, un cheminot balançait pelletée après pelletée d’hormones dans les flammes. P. 41

Ce roman est lent mais rythmé par le suspens de la (sur)vie. Vous allez vivre au rythme du lever et du coucher du soleil, plus rien d’autre n’aura d’importance que d’imaginer le lieu d’installation de votre prochain campement.
 
Je voudrais saluer non seulement la plume de Pete FROMM mais aussi la traduction réalisée par Juliane NIVELT, une prouesse de 444 pages.
 
Les romans d’auteurs américains ont cette capacité à nous transporter, comme une signature singulière, un genre particulier. Ils nous livrent des romans d'aventure captivants. Comme j’aime sombrer en aux troubles sous le joug de leurs mots.
 
Faites comme moi, laissez vous embarquer !
 
Avec celui-ci, ou bien encore ceux-là...
 
"Une maison parmi les arbres" de Julia GLASS
"Ces montagnes à jamais" de Joe WILKINS
 

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2022-06-12T17:46:15+02:00

Three Poppies "Arab Chief" de Irving PENN

Publié par Tlivres
Three Poppies "Arab Chief" de Irving PENN

A la question de Riad SATTOUF : "Qui surkiffe la saison des coquelicots ici ?", je réponds moi bien sûr.

Le simple fait de les évoquer me fait penser au roman d'Alexandra KOSZELYK, "A crier dans les ruines", un coquelicot a pris place sur la première de couverture, et puis, à l'oeuvre de Nathalie-Audrey DUBOIS.

Là, j'ai choisi une photographie, un registre artistique que j'apprends à découvrir.

Il y a notamment eu les travaux de Lee MILLER dans "L'âge de la lumière" de Withney SCHARER, ceux de Lucien CLERGUE magnifiés par Annabelle COMBES dans "Baisers de collection", ceux encore de Louis STETTNER découvert avec l'exposition organisée au Musée Pompidou, l'oeuvre de JR "The eye of the New York Ballet", celle de Felicitas SCHWENZER "Hannes" et encore les "Autoportraits" d'Astrid DI CROLLALANZA, "Hands love" de SKIMA, toutes les oeuvres de Fares MICUE, les clichés de la faune et la flore de Fabrice LENFANT... il y en a en tous genres et elles me fascinent.

Je partage avec vous aujourd'hui une création de Irving PENN dans un procédé appelé le Dye Transfer, ou encore le transfert de colorant, une technique d'impression photographique. Le cliché s'appelle "Three Poppies Arab Chief", en français Trois pavots Arab Chief. C'est ma #lundioeuvredart.

Cette création, je l'ai découverte en 2017 lors de l'exposition réalisée en l'honneur d'Irving PENN au Grand Palais, un grand moment de découvertes artistiques. 

La photographie a été réalisée en 1969 à New York et imprimée en 1992.

Elle m'émeut pour le raffinement de la corolle, les pétales des fleurs semblent de papier, d'une infinie délicatesse, elle donne à voir la finesse de la fleur qui bat au vent. Le gros plan permet de découvrir la grâce de leur coeur.

La couleur pourpre vient équilibrer cette fragilité et montrer la puissance des trois pavots, ces fleurs pour partie interdites en raison de la production d'opium qui en est réalisée.

Le coquelicot, comme le bleuet, est aussi porteur d'un message, ce sont des fleurs régulièrement retenues pour assurer la mémoire de ceux qui sont morts lors de la Première Guerre Mondiale. A ce propos, peut-être vous souvenez-vous de l'ANZAC Day, un hommage rendu le 25 avril de chaque année aux soldats néo-zélandais et australiens débarqués ce jour-là en 1915 pour préserver l'accès à la Mer Noire, via le Détroit des Dardanelles. La Turquie avait alors choisi le camp de l'Allemagne. Ian BORTHWICK et Vincent FERNANDEL le célèbre dans le livre "Au coeur de la fougère" aux éditions Au vent des îles.

Cette photographie, elle prend une dimension toute particulière pour son esthétique aussi, ce qui fait d'une création une oeuvre d'art. Irving PENN est un grand homme de cette discipline, j'avais envie aujourd'hui de le mettre dans le viseur !
 

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2022-06-12T06:00:00+02:00

Manège de November Ultra

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Manège de November Ultra

Le bal des 68 Premières fois se poursuit.

Pour accompagner le premier roman que je présenterai samedi prochain (j'adore les effets d'annonce !!!), je vous propose de la pop, plus précisément, de la bedroom pop, de la musique créée dans sa chambre avec les moyens du bord.

Et pour incarner le genre, j'ai choisi le titre "Manège" de la chanteuse November Ultra, une Française.

November Ultra, je l'ai découverte dans Boomerang, au micro d'Augustin TRAPENARD sur France Inter


Apaiser l’autre par la voix, c’est déjà s’apaiser soi-même.

J'avais été séduite au point de l'écouter en boucle tout le week-end suivant !

La voix est douce, tendre et délicate, les tonalités cotonneuses et envoûtantes, on a envie de se laisser porter, lentement, tourbillonner, toujours. Il y est question d'amour avec un grand A.

Bref, tout se prête à cette gracieuse association.

Je vous laisse écouter...

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