"Over the rainbow", c'est le titre d'une chanson écrite par Edgar YIPSEL HARBURG pour Judy GARLAND en 1939, reprise plus récemment par Israel "IZ" Kamakawiwoʻole's Platinum.
Pour la 9ème danse de l'édition 2021 du bal des 68 Premières fois,
"Over the rainbow", c'est aussi le titre du second roman de Constance JOLY publié chez Flammarion. Vous vous souvenez peut-être comme moi de son premier "Le matin est un tigre"... Si la complicité fusionnelle d'une mère et sa fille était le coeur du sujet, là, c'est un tout autre duo que va explorer Constance JOLY.
L'écrivaine puise dans ses souvenirs...
Jacques est né à Nice. Il a un petit frère, Bertrand un brin différent. Scandale, un dimanche, quand la famille rentre plus tôt que prévu à la maison après une promenade, Bertrand est découvert dans un lit avec un homme, noir. Sa punition, un exil en Guadeloupe, loin des yeux, loin du coeur. Mais avant le départ, il y a des mots qui claquent. "Ce n'est pas moi le plus pédé des deux" ! Les deux garçons de la famille seraient-ils homosexuels ? Le ver est dans le fruit et même si Jacques va engager une vie de couple avec Lucie à Paris, dans un logement situé près de la Closerie des Lilas, avoir une fille, Constance, il n'en demeure pas moins que le professeur de littérature italienne lutte contre son désir. En 1976, il part avec Ivan. La mère de Constance, désespérée, fait une tentative de suicide. Dès lors, plus rien ne sera pareil pour la petite fille sur la photo de la première de couverture.
Ce roman d'auto fiction, c'est une formidable preuve d'amour d'une fille à son père. Il est singulier dans ce qu'il découvre de l'intimité d'un noyau familial. Sous la plume de Constance JOLY, le père devient personnage de roman avec tout ce que cela recouvre de beau, séduisant, charmant, de triste aussi. L’écrivaine décrit très joliment sa démarche...
J’ai l’impression de tricoter à grosses mailles en écrivant pour te sortir de l’ombre. P. 37
Ce roman, c'est aussi celui d'une époque, les années sida. Je découvre que je suis née la même année que Constance JOLY et que ses références font rejaillir mes propres souvenirs. Jamais je n'oublierais bien sûr le baiser de Clémentine CELARIE à un malade du sida sur un plateau de télévision, vous aussi, non ? Et même si Constance JOLY ne n’évoque pas cet événement en particulier, ce qu'elle décline tout au long du roman, c'est cette époque contaminée par un virus sexuellement transmissible, c'est cette époque où la jeunesse portée par un élan de liberté est freinée dans son élan amoureux. Elle doit "sortir couvert". Aujourd'hui, on le fait aussi, mais différemment.
Avec le sida, c’est aussi la focale mise sur l’homosexualité, masculine. Par le jeu de l’écriture, Constance JOLY restaure la beauté d’une relation amoureuse. Qu’il s’agisse d’une relation homme femme ou homme homme, rien ne change, la passion vous vrille toujours les tripes, c’est le corps qui parle et nous enivre de jouissance...
Tu comprends ce qu’être heureux veut dire. Tu le comprends dans les fibres de ton corps, qui s’épanouit largement, comme s’il occupait plus d’espace à l’intérieur. P. 72
« Avant le jour » de Madeline ROTH
"Il est juste que les forts soient frappés" de Thibault BERARD
"Les orageuses" de Marcia BURNIER
"Ce qu'il faut de nuit" de Laurent PETITMANGIN
"Nos corps étrangers" de Carine JOAQUIM
"Avant elle" Johanna KRAWCZYK
"Tant qu'il reste des îles" de Martin DUMONT
"Les coeurs inquiets" de Lucie PAYE
Vous prendrez bien quelques notes de musique avant de me quitter ! Si la playlist de Constance JOLY est foisonnante, je ne retiendrais qu’un titre, allez, dansez maintenant...
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