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Recherche pour “une famille normale”

2022-03-21T22:38:29+01:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Séverine VIDAL

Publié par Tlivres
Mars au féminin, tapis rouge pour Séverine VIDAL

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de mettre des plumes féminines sous les projecteurs.

Celle de Séverine VIDAL, je l'ai découverte grâce à ma fille qui m'a confié un roman graphique, "George SAND", réalisé avec la dessinatrice, Kim CONSIGNY.

Cette biographie d'une femme du siècle est brillamment restituée, quelques textes accompagnés d'illustrations en monochrome avec des personnages aux seuls contours. 

J'étais loin de connaître l'ensemble de la vie de cette femme de lettres. Cette désignation lui sied tout particulièrement. Elle en aurait rédigé à peu près 20 000 qu'elle adressait à ses amants, sa famille, toutes celles et tous ceux avec qui la féministe et l'écrivaine entretenait une relation.

Cette BD s’inspire d’événements marquants de l’existence de George SAND pour en brosser le portrait à grands traits.

Cette BD résonne comme un appel à se replonger dans l’œuvre de l'écrivaine. Je vous invite à écouter La compagnie des auteurs qui a consacré sur France Culture quatre volets à la romancière, la critique littéraire, la femme engagée que fut George SAND.

Mais plus que ça, il s'agit là de s'intéresser à Séverine VIDAL. Honte sur moi quand je vois le nombre de livres réalisés. Si là, il s'agit d'un roman graphique, l'écrivaine a plus d'une corde à son arc, elle navigue entre les registres littéraires. Sa production est époustouflante. Je crois que je vais m'y intéresser de plus près. Vous aussi j'espère !

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2018-07-24T17:00:00+02:00

L'Art de perdre d'Alice ZENITER

Publié par Tlivres
L'Art de perdre d'Alice ZENITER
 
Il est des romans qui nous aident à aborder l'Histoire de notre pays et nous offrent des clés de compréhension sur notre société contemporaine. Incontestablement, l'excellent roman d'Alice ZENITER entre dans cette catégorie.
 
Naïma est une jeune femme, elle travaille dans une galerie d'art parisienne. Ses origines, elle ne les connaît pas plus que ça. Femme libérée, elle boit, elle fume, elle est la maîtresse de son patron. Mais régulièrement, dans son quotidien, l'histoire de sa famille lui est rappelée par de menus indices sans jamais être explorée de fond en comble. Le fantôme de l'Algérie hante ses journées, ses nuits aussi, jusqu'à devenir un incontournable de son itinéraire personnel. La perspective d'une exposition dédiée à Lalla, un peintre kabyle, met Naïma sur la voie. Là commence une toute nouvelle histoire.
 
Ce roman, je dois bien l'avouer, m'a profondément intéressée. D'abord, je crois, parce qu'il aborde une page de l'Histoire de la France très méconnue, celle de l'Algérie, depuis sa colonisation jusqu'à la guerre d'indépendance avec tout ce que cela peut encore générer aujourd'hui en termes de résonnances. La littérature, avec quelques générations de recul, commence à lever le voile sur des événements des XIXème et XXème siècles.


C’est pour cela aussi que la fiction tout comme les recherches sont nécessaires, parce qu’elles sont tout ce qui reste pour combler les silences transmis entre les vignettes d’une génération à l’autre. P. 19

Valérie ZENATTI, Colombe SCHNECK, Joseph ANDRAS, Kaouther ADIMI, Anne PLANTAGENET, Magyd CHERFI... pour ne citer qu'eux, s'y sont déjà essayés mais Alice ZENITER va plus loin. En un peu plus de 500 pages, elle brosse un portrait complet d'un territoire largement impacté par des stratégies politiques. Depuis 1830, la conquête de l'Algérie par l'armée française, jusqu'en 1962, la signature des accords d'Evian, l'écrivaine reconstitue méticuleusement la chronologie des événements. Que son travail de recherche et de restitution soit ici largement salué.
 
Mais ce roman, c'est aussi une formidable épopée romanesque, un livre qui vous immerge au sein d'une famille française, mettant des noms sur des êtres, avant tout, humains. C'est ainsi que l'on découvre Ali, un jeune garçon qui va faire fortune grâce à un don du ciel. Alors qu'il se baignait dans un torrent et risquait sa vie avec ses copains, un pressoir transporté par les eaux lui est offert. Il n'en faudra pas plus pour qu'Ali lance une vaste entreprise de production d'olives. Marié à l'âge de 19 ans à une cousine, il aura deux filles qui ne sauraient le satisfaire. Il renie sa première épouse et en choisit une deuxième, Yema n'a que 14 ans quand elle vient vivre à ses côtés. Hamid naîtra en 1953, l'honneur de la famille est sauf. Parallèlement, Ali voit sa trajectoire affectée par le destin de son pays. en 1940, il s'engage dans l'armée française et combat avec les alliés, c'est la première pierre posée à l'édifice, Ali fera partie des harkis, ces hommes qui prirent le parti de la France au moment de la guerre d'indépendance.
 
Avec le parcours de cette famille, Alice ZENITER embrasse trois générations, une bonne soixantaine d'année, qui marquent de leur empreinte celui de Naïma. J'ai été profondément émue par la sensibilité croissante de cette femme à l'histoire de la terre de ses ancêtres et ses origines familiales.
 
L'écrivaine nous offre un très beau portrait de femme, émancipée, libre dans ses pensées et ses actes. Dans la littérature, force est de constater que le filtre de lecture est souvent masculin. Là, Alice ZENITER donne un caractère original à son roman. Elle fait ainsi tomber le cliché selon lequel seuls les garçons pourraient être marqués, à vie, par l'histoire de leur père. Les filles, elles aussi, issues de l'immigration, sont psychologiquement chahutées par un passé particulièrement lourd à porter. Et si, au début, Naïma semble n'y porter qu'une faible attention, l'Algérie est bien présente :


Pourtant, si l’on croit Naïma, l’Algérie a toujours été là, quelque part. C’était une sorte de composante : son prénom, sa peau brune, ses cheveux noirs, les dimanches chez Yema. P. 12

et deviendra, au fil du livre, le sens même de son existence.
 
Outre l'approche du sujet de l'immigration, de l'intégration, des questions linguistiques, il y a aussi quelque chose d'important dans "L'Art de perdre", c'est l'exploration du logement et de ses déterminants sur la vie de celles et ceux qui l'occupent. Alice ZENITER tient un propos engagé vis-à-vis de l'urbanisme des années 1960, toutes ces barres d'immeubles existant encore dans le patrimoine architectural français, censées répondre à une demande d'habitat, considéré comme modernes à l'époque, mais qui rapidement se sont révélées inadaptées à la façon même de vivre de leurs résidents.



Malgré toute leur bonne volonté, Ali et Yema n’habitent pas l’appartement, ils l’occupent. P. 192

Outre un certain regard posé sur nos banlieues, l'écrivaine focalise sur le statut des migrants et les solutions d'urgence offertes. Entre les camps Joffre et Jouques, dits aussi respectivement "Rivesaltes" et "Cité du Logis d'Anne", des années 1960 et ceux d'aujourd'hui, il n'y a qu'un pas.
 
J'ai eu une réelle prise de conscience à la lecture de ces lignes :
 


La porte leur donne l’illusion qu’ils peuvent préserver à l’intérieur de la tente une intimité encombrée qui leur appartient, qu’ils peuvent choisir d’ouvrir ou de fermer leur domaine, qu’ils en sont maîtres. P. 154

Une révélation de ce que peut représenter un cocon familial, fermé, protégé des regards, pour des populations qui ont tout perdu, ou presque, leur dignité en dépend.
 
Vous l'aurez compris, j'ai été complètement captivée par ce roman dans une plume que je ne connaissais pas au préalable. Elle est agréable à lire, fluide, précise aussi, percutante, et profondément humaine, un excellent livre lauréat du Prix Goncourt des Lycéens.

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2018-08-16T06:00:00+02:00

Cette maison est la tienne de Fatima FARHEEN MIRZA

Publié par Tlivres
Cette maison est la tienne de Fatima FARHEEN MIRZA

Calmann Lévy
 

Ce premier roman, qui sort aujourd'hui en librairie dans le cadre de la rentrée littéraire, ne fera pas partie de la sélection des 68 Premières fois, tout simplement parce qu’il est étranger, mais la qualité de la plume de l’écrivaine, et de sa traductrice, aurait pu le voir sélectionné par nos fées.

Je vous dis quelques mots de l’histoire.

Le roman s’ouvre sur une scène de mariage. Hadia, la fille aînée de Layla et Rafiq, originaires de Hyderabad en Inde, épouse Tariq. La sœur de la mariée, Huda, est aux côtés de Hadia. Toutes les deux sont inquiètes du déroulement de la cérémonie. Amar, leur frère, est parti sans laisser d’adresse il y a trois ans. À la demande de la mariée, il a répondu présent mais Dieu seul sait de quoi il est capable. Le père se tient à distance, il respecte l’ordre intimé par sa femme. Leur mariage a eux était arrangé. Elle a suivi son mari aux Etats-Unis, ce pays où ils ont tout construit ensemble. Comment ont-ils pu en arriver là ? Cette question les taraude. Au fil de leurs réflexions, le fil de l’histoire familiale se déroule...

Ce roman nous plonge dans l’intimité d’une famille exilée depuis l’Inde vers les Etats-Unis. Les enfants sont tous les trois nés sur le sol américain, deux filles et un garçon. J’ai beaucoup aimé l’approche subtile de la langue, celle qui est maternelle parlée dans l’intimité et celle du pays d’adoption.


En l’entendant parler ourdou, Hadia se détend : les mots sont les mêmes mais l’effet est différent. P. 227

Je me souviens des propos tenus par Lenka HORNAKOVA-CIVADE lors de sa venue à Angers. Elle expliquait alors qu'elle n'aurait jamais pu écrire "Giboulées de soleil" dans sa langue maternelle, elle aurait été beaucoup trop émue pour pouvoir en faire un roman. C'est donc bien de la résonnance des mots, et de la sensibilité induite, dont il est question, quelque chose qui compose le quotidien des exilés.

Les enfants ont été élevés par une famille musulmane, pratiquante. Leur éducation est binaire, elle est édifiée sur le principe manichéen du bien et du mal, du halal et du harram, mais si les différences étaient aussi marquées, ça se saurait n'est-ce pas ? La vie est beaucoup plus complexe et bientôt le château de carte se fragilise. Le garçon ne fait rien comme ses sœurs, il a des difficultés à l’école alors que les filles sont brillantes, il remet en cause la parole de ses parents alors que les filles font preuve d'une docilité remarquable, il prend ses distances vis-à-vis de la religion et s’autorise à boire, consommer de la drogue, alors que Hadia et Huda respectent scrupuleusement les valeurs religieuses. Le comportement d'Amar sème le doute dans l'esprit de ses parents qui perdent progressivement leur autorité sur lui jusqu'au jour où...

Personnellement, ce qui m'a profondément touchée, c'est le sentiment d'injustice ressenti par l'aînée de la fratrie, Hadia, la mariée. Ce qu'elle faisait n'était jamais assez bien alors que le petit, Amar, lui, se voyait largement remercié d'un petit doigt levé, aussi rare soit-il. Dans cette famille, le culte du garçon est nourri à satiété, comme dans les familles de la communauté indienne du roman. Là, nulle référence à un déterminisme social, urbain... non, seulement l’emprise de la religion sur l’éducation des enfants.

Mais les filles ne sauraient se contenter aujourd’hui de ce modèle et par la voie de leur scolarité, elles montrent à quel point elles peuvent rivaliser avec les garçons et, au final, occuper une place digne dans la société. Les deux filles, dans ce roman, ont le même parcours, la même docilité dans les tâches quotidiennes, la même assiduité à l’école mais aussi des convictions à défendre. Hadia a exigé que hommes et femmes vivent ensemble les festivités du mariage, et non séparés comme cela se passe traditionnellement. Ses parents n'ont pas eu le choix. Plus jeune, Hadia s'était déjà évertuée à les défier et avait apprécié ô combien la prise d'initiative peut se révéler savoureuse :


Un jour, elle avait teint en bleu une mèche de ses cheveux, quel délicieux frisson de prendre sa vie en main, même d’une si infime manière. P. 308

C’est un roman familial dont la narration est exigeante, passant ainsi d’un personnage à un autre, d’une époque à une autre, rythmée qu'elle est par la réminiscences des souvenirs. Elle devient naturelle dès lors que vous acceptez d'y passer quelques heures à suivre, de vous immerger dans cette histoire foisonnante.

La plume de Fatima FARHEEN MIRZA est prometteuse, elle maintient le suspense au fil du livre et nous offre un quatrième et dernier chapitre surprenant mais réussi. Elle aurait toutefois pu se passer de quelques pages, je crois, et sortir des stéréotypes largement véhiculés de filles respectant les convenances communautaires et de garçons rebelles. J'aurais personnellement aimé, dans une fiction, que l'écrivaine puisse rompre avec les idées reçues et sortent des sentiers battus pour ouvrir le champ des possibles.

Ce roman concourt au Challenge 1% rentrée littéraire organisé par Délivrer des livres !

 

- "Chien-loup" de Serge JONCOUR, coup de coeur

- "Les exilés meurent aussi d'amour" d'Abnousse SHALMANY, *****

- "Lèvres de pierre" de Nancy HUSTON, coup de coeur

- "L'hiver du mécontentement" de Thomas B. REVERDY, *****

 

 

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2018-05-02T06:00:00+02:00

Est-ce ainsi que les hommes jugent ? de Mathieu MENEGAUX

Publié par Tlivres
Est-ce ainsi que les hommes jugent ? de Mathieu MENEGAUX

Editions Grasset
 

Il y a des plumes avec lesquelles s'installe une douce fidélité. Assurément, avec celle de Mathieu MENEGAUX, il y a quelque chose de cet ordre-là. Après "Un fils parfait" et "Je me suis tue", je me suis retrouvée un peu orpheline de ce genre littéraire, celui des affaires judiciaires, et de cette approche aussi, celle qui lentement se diffuse dans les interstices pour démontrer l'indémontrable, se faire l'avocat du diable, quoi ! Alors, inutile de vous dire que j'étais dans les starting-blocs depuis l'annonce de la sortie du troisième roman : "Est-ce ainsi que les hommes jugent ?". Il est aujourd'hui en librairie !

Je vous dis quelques mots de l'histoire :

Claire va bientôt avoir 13 ans. Elle vit avec son père, Bertrand, arboriculteur. Chaque samedi matin, depuis 18 mois, ils ont pris l'habitude, après les courses, d'aller fleurir la tombe de Nathalie, décédée à l'âge de 37 ans d'un cancer du sein. Le temps du recueillement est devenu comme un rituel. Mais, ce samedi matin-là, rien ne se passe comme d'habitude. Il a neigé dans la nuit, des arbres sont tombés. Bertrand n'est pas d'astreinte mais il a répondu à son chef qu'il interviendrait dans cette école où le réseau de chauffage est coupé et qu'un spectacle de danse des élèves est programmé l'après-midi. Bertrand essaie d'accélérer le rangement des provisions à la caisse, il demande à Claire de partir avec les premiers sacs, il la retrouvera à la camionnette. Mais là, non plus, rien ne se passe comme d'habitude. Claire est enlevée par un homme, blond, vêtu d'une veste en jean. Claire hurle, alerte son père qui prend ses jambes à son coup pour arrêter le type qui réussit à monter dans sa voiture. Bertrand change d'allée, il veut mettre la main dessus, la voiture fonce, il fait un écart, le conducteur aussi, c'est l'accident, Bertrand meurt sur le coup. Claire est accueillie par l'une de ses tantes. Pendant 3 ans, il ne se passe rien, l'enquête piétine, mais, un jour, à 6 heures du matin, la police perquisitionne le domicile de Gustavo Santini. Là commence une toute nouvelle histoire...

Alors que Léo FERRÉ reprenait en chanson les vers d'un poème d'Aragon : "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?", Mathieu MENEGAUX, lui, nous emmène sur un autre terrain, celui de la justice ! 

Fidèle aux histoires judiciaires, il nous plonge dans une fiction dans laquelle les rouages sont bien huilés, la mécanique mise en oeuvre par les services de police on ne peut plus maîtrisée. Le dés du jeu de déconstruction de toute dignité humaine sont lancés. 

Il y a d'abord cette intrusion dans l'intimité familiale d'une violence incroyable, rien ne saurait la panser. Le "présumé coupable", parce que c'est bien ainsi qu'il est traité, est isolé de ses proches, interdisant toute complicité.

Et puis, sous ces yeux, et ceux de sa famille toute entière, les objets vont être pris à partie. Toutes les petites choses du quotidien empreintes de la singularité de la famille se révèlent dans leur plus simple appareil. La maison bien ordonnée devient un capharnaüm, mise à nu, elle a perdu toute forme d'anonymat.

Dans le chaos ambiant, une question existentielle ne tarde pas à se poser :  


Connaît-on jamais tout de celui avec qui l’on vit ? P. 69

Mais l'heure n'est pas aux questions. Gustavo Santini est soupçonné d'homicide volontaire. Très vite, le fil de la vie de cette famille est rapidement déroulé. Mathieu MENEGAUX nous livre les motifs à charge. Gustavo Santini est en garde à vue, là, tous les coups sont permis, depuis la plus simple et mesquine humiliation jusqu'aux pires provocations. Il s'agit de déstabiliser le suspect, le faire avouer !

Après nous avoir touché(e)s en plein coeur avec la tristesse de cette famille endeuillée, Mathieu MENEGAUX sort les armes. Il nous emmène sur le terrain de l'affaire à proprement parler :
 


Démêler le faux du vrai, mettre en lumière les contradictions, faire surgir la vérité touche par touche, par la force du raisonnement, la puissance des faits et quelques ficelles de praticien chevronné. P. 92

Tantôt les preuves justifiant l'arrestation de Gustavo Santini sont accablantes, tantôt elles perdent de leur force pour laisser le doute s'immiscer. Le rythme est trépidant. Tout va très vite, une garde à vue ne dure "que" 24 heures !

Dans cette satire du système judiciaire français, une nouvelle fois, Mathieu MENEGAUX nous brosse un très beau portrait de femme. Gustavo Santini ne dispose que de très peu de moyens pour se défendre, à part garder le silence et faire appel à un avocat. Sa femme, elle, va prendre le relais, elle va se battre, par amour pour son mari. Parce qu'elle est certaine de son innocence, elle va tout mettre en oeuvre et contre-attaquer. Elle fait preuve d'une force insoupçonnée. Du statut de femme au foyer, elle va rapidement prendre les choses en main, une belle leçon de force et de courage.

Vous comprendrez que je ne puisse vous en dire plus, si ce n'est que, pour celles et ceux qui vénèrent le talent de Mathieu MENEGAUX, là, n'ayez aucune crainte, il est confirmé ! Après avoir dénoncé la maltraitance de la présomption d'innocence, il va explorer un autre champ et celui-là, attention à vous, il relève de notre responsabilité collective, la mienne, la vôtre. Il est plus insidieux, et peut-être encore plus dévastateur ! 

Quand vous fermerez le roman, lu en apnée totale bien sûr, et que vous relirez son titre, nul doute que vous en prendrez pour quelques heures de méditation. Et là, vous ne reconnaîtrez plus la chanson ! 

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2016-11-30T06:40:47+01:00

A la fin le silence de Laurence TARDIEU

Publié par Tlivres

"A la fin le silence", c'est le dernier roman de Laurence TARDIEU, une écrivaine dont je n'avais pas encore découvert la qualité de la plume. Personne n'est parfait !

 

C'est Antigone qui m'a sauvée de ce bien mauvais pas. J'avais effectivement lu sa chronique enthousiaste, le sujet m'avait interpellée, il ne restait plus qu'à passer chez mon libraire préféré... Bon choix assurément !

 

La narratrice vit à Paris. C'est une jeune femme, une écrivaine, une mère aussi. Elle a 2 filles et elle est enceinte de 5 mois quand les attentas de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015 ont été commis. C'est aussi la période à laquelle il est envisagé de vendre la maison de famille de Nice, cette maison pleine de souvenirs et qui lui échappe.

 

Ce roman de Laurence TARDIEU nous invite à un voyage intérieur, aux confins du moi, là où les sentiments sont exacerbés. Il explore la place du corps, ses frontières, mais aussi ses sensations, ses réactions, sa capacité à surmonter les événements. Il a le mérite de poser des mots sur le ressenti de cette femme dont le corps devient le réceptacle de ses émotions. Il y a celles qui relèvent du collectif (qui n'a pas été affecté par la violence des faits perpétrés au sein de la rédaction du journal satirique ?), et puis celles qui impactent une famille en particulier et qui prennent une dimension individuelle.

 

Ce roman aborde les liens établis, consciemment ou non, entre une maison de famille et le corps de la narratrice qui l'occupe, les interférences aussi.

 

 


J'ai appris chaque fois à la connaître plus intimement. Au fil du temps, ma peau, mon corps, mon âme se sont attachés à la maison, à force de s'y attacher s'y sont agrégés, à force de s'y agréger s'y sont incorporés. Ses fondations sont devenues une part de mon ossature. J'y ai construit mon espace de sécurité intérieure. P. 28


Il va encore plus loin en mesurant les effets du manque à venir. 


Vendre la maison, c'était perdre ce qui m'ancrait depuis l'enfance. C'était perdre le lieu de mes racines, le lieu des images heureuses - les voix, les corps, les gestes si présents encore là-bas, chaque fois que j'y revenais, de ceux que j'avais aimés et qui n'étaient plus là. P. 17


Avec l'angle des attentats perpétrés le 7 janvier et aussi le 13 novembre 2015, ce roman met en exergue le côté imprévisible de la vie. L'homme est mortel, chacun le sait, mais avec les actes terroristes qui ont frappé la France en son coeur, la fragilité de la vie a pris une dimension toute particulière dans la conscience collective. Il y a un avant et il y aura un après. L'auteure appréhende cette mutation psychique avec beaucoup de finesse et de précision.


Pourtant, comme ces mots-là me faisaient du bien. Je m'y agrippais, je leur étais reconnaissante d'exister. Bien au-delà de l'état de violence extérieure, imprévisible et frappant au hasard, dont ils se faisaient les témoins, ils me permettaient de nommer une partie du magma de sensations dans lequel j'étais empêtrée depuis des mois. P. 97/98

L'écriture de ce roman a une vocation thérapeutique pour la narratrice. Dès les premières lignes, elle nous livre l'objet même de sa démarche, laisser une trace de l'existence de cette maison de famille en voie de disparition. Elle ne soupçonnait pas encore que sa vie à elle serait impactée par des attentats commis tout près de son domicile. Le roman de Laurence TARDIEU repose ainsi sur le parcours, l'itinéraire de cette femme qui, grâce à cet exercice, va s'offrir de nouveaux horizons : 


Il me semble ce matin, alors que j'écris ces dernières lignes, que quelque chose s'est passé, s'est transformé en moi, comme si j'avais effectué une longue, douloureuse, impossible traversée. Je m'apprête à poser le pied sur un nouveau rivage, un rivage dont j'ignorais l'existence avant d'entreprendre ce texte, un rivage où je n'aurais jamais pensé un jour mettre les pieds, en être à vrai dire capable, un rivage sans maison blanche ni odeur de mimosa, un rivage sans nul refuge possible, un rivage sur lequel la folie des hommes peut tout détruire en un instant. P. 169

J'ai été frappée par la ressemblance du propos tenu par Laurence TARDIEU : 


[...] ce qui n'aura pas été écrit tombera dans l'oubli, ce qui n'aura pas été écrit se confondra avec ce qui n'a pas existé. P. 121

avec celui de Gilles MARCHAND dans "Une bouche sans personne" sur cette nécessité d'écrire pour donner corps à des événements et ainsi assurer leur mémoire. Gilles MARCHAND faisait lui-même référence à une citation empruntée au roman « La conscience de Zeno » d’Italo SVEVO :


Les choses que tout le monde ignore et qui ne laissent pas de trace n'existent pas.

Cette ressemblance relève-t-elle d'un simple hasard ou bien est-elle la représentation d'une préoccupation émergente des auteurs du 21ème siècle ? Cette question me taraude mais peut-être avez-vous une idée sur le sujet...

 

J'avoue avoir lu ce roman avec beaucoup de plaisir et je crois qu'une prochaine fois, à la Bibliothèque, je passerai avec curiosité dans le rayonnage des T histoire de... Si vous avez d'autres romans de Laurence TARDIEU à me conseiller, je suis preneuse !

 

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2015-02-25T12:36:15+01:00

L'oeil du prince de Frédérique DEGHELT

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Quand j'accumule les coups de coeur comme en ce début d'année, je crains toujours la lecture qui va me faire retomber... dans un environnement plus ordinaire, plus fade, moins grisant, moins pétillant. C'est ce qui s'est produit avec le tout dernier roman de Frédérique DEGHELT.


Je croyais bien connaître cette écrivaine pour avoir lu "La brume des apparences", "La nonne et le brigand", "La grand mère de Jade", "La vie d'une autre"... et pourtant, la lecture de son dernier roman n'a pas été à la hauteur du plaisir passé.


4 histoires se succèdent : celle de Mélodie, une adolescente cannoise ; celle de Yann, un Français expatrié aux Etats Unis et frappé par un profond chagrin ; celle de Benoît dont le couple part à la dérive ; celle enfin d'Alceste et Agnès bâtie sur des correspondances clandestines. A chacune est dédiée un chapitre, le 5ème étant censé dévoiler les secrets d'une famille et les liens entre tous ces personnages.


Malheureusement, l'alchimie ne s'est pas faite, la magie n'a pas opéré !


Il y avait pourtant de bons ingrédients qui auraient pu, à eux seuls, faire l'objet d'un roman. Je pense à la résilience de Yann, à la liaison extraordinaire d'Alceste et Agnès dans un environnement ô combien hostile... J'aurais aimé, je crois, partager plus longuement leur quotidien.

 

Dommage !

 

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2016-07-17T12:25:31+02:00

En attendant Bojangles d'Olivier BOURDEAUT

Publié par Tlivres
En attendant Bojangles d'Olivier BOURDEAUT

Ce 1er roman fait partie de la sélection des 68 premières fois. Je ne vais pas vous cacher plus longtemps qu'il se hisse dans la catégorie des Coups de coeur.


C'est dimanche, il fait grand soleil, je vous offre ce petit cadeau !


Pour bien le savourer, quelques préambules :


- installez-vous à l'ombre de votre arbre préféré
- allongez-vous dans votre transat favori
- cliquez sur ce lien pour avoir un petit fond musical


et maintenant, lâchez prise...

"Certains ne deviennent jamais fou... Leurs vies doivent être bien ennuyeuses." C'est ainsi que s'ouvre le roman d'Olivier BOURDEAUT, avec une citation de Charles BUKOWSKI.

Un jeune garçon relate sa vie au sein d'une famille peu ordinaire !


Mon père m'avait dit qu'avant ma naissance, son métier c'était de chasser les mouches avec un harpon. Il m'avait montré le harpon et une mouche écrasée. "J'ai arrêté car c'était très difficile et très mal payé", m'avait il affirmé en rangeant son ancien matériel de travail dans un coffret laqué. P. 7

Quant à sa mère :


[...] elle s'extasiait sur tout, trouvait follement divertissant l'avancement du monde et l'accompagnait en sautillant gaiement. Elle ne me traitait ni en adulte, ni en enfant mais plutôt comme un personnage de roman. Un roman qu'elle aimait beaucoup et tendrement et dans lequel elle se plongeait à tout instant. P. 14


Ses parents s'aimaient beaucoup. Ils rythmaient leur vie du doux chant de Nina SIMONE et de quelques pas de danse sur "Mister Bojangles", l'essence même de leur passion.


Bien sûr, la vie était parfois difficile pour le jeune garçon, tantôt plongé dans la réalité, tantôt immergé dans un univers de douce folie. Ses parents ont rapidement pris le parti d'assurer sa scolarité à domicile et de lui offrir toute la fantaisie possible à l'étranger, dans une maison de vacances, leur château en Espagne !


La danse, les cocktails, les soirées entre amis constituaient son quotidien. Mais c'était sans compter sur une place de plus en plus grande accaparée par la maladie. Son père disait d'elle :


Son comportement extravagant avait rempli toute ma vie, il était venu se nicher dans chaque recoin, il occupait tout le cadran de l'horloge, y dévorant chaque instant. Cette folie, je l'avais accueillie les bras ouverts, puis je les avais refermés pour la serrer fort et m'en imprégner, mais je craignais qu'une telle folie douce ne soit pas éternelle. P. 55

En attendant Bojangles d'Olivier BOURDEAUT

C'est un magnifique roman, de ces coups de coeur qui vous emportent et que vous redoutez de terminer, de ces moments de lecture qui vous font oublier la réalité pour vous faire vivre une aventure délirante.

J'avoue que je craignais presque d'aborder ce 1er roman d'Olivier BOURDEAUT. J'avais lu et entendu que certains l'avaient aimé : pas du tout ou passionnément. Il ne laissait pas indifférent. La ressemblance souvent citée avec Boris VIAN n'était pas pour me rassurer, la lecture de "L'écume des jours" au Lycée ne m'avait pas laissé un très bon souvenir !


Mais, une nouvelle fois, grâce aux 68 premières fois, cette lecture s'est imposée à moi, impossible de reculer, et heureusement.


Je suis sous le charme de l'histoire de cette famille, de la psychologie de la mère, l'amour fou voué par le père, la vie baignée de tendresse de cet enfant, tout ça relaté avec une plume d'une très grande fluidité, toute en pudeur et en émotion.


Les ponctuations dans la narration avec les passages en italique extraits du carnet secret dans lequel le père écrivait ses notes est d'une très grande ingénuosité. Elles offrent des respirations dans un roman lu en apnée totale.

Surtout, ne passez pas à côté !

En attendant Bojangles d'Olivier BOURDEAUT

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2015-06-06T15:55:27+02:00

Six fourmis blanches de Sandrine COLLETTE

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Six fourmis blanches de Sandrine COLLETTE

Très belle rencontre de l'auteure de 3 romans noirs : "Des noeud d'acier", "Un vent de cendres" et "Six fourmis blanches" samedi matin au Café Littéraire des Justices à Angers (ça fait une semaine déjà, je patine sur le blog en ce moment !!!).


Son dernier roman fait la part belle à 2 histoires distinctes qui s'uniront progressivement... à la vie à la mort !


Il y a Mathias, cet homme d'Albanie qui passe son existence à perpétuer les rituels de son peuple enseignés par son grand père, aujourd'hui décédé. Il sacrifie des chèvres pour chasser les mauvais esprits et porter bonheur aux nouveaux nés, aux nouveaux mariés... Avec ses osselets, il identifie la bête qui "l'appelle". Mais un jour, les osselets lui résistent, impuissants à désigner celle qui devrait éloigner le diable de la famille Carche, une famille puissante du village.

Et puis, il y a Lou et Elias, un couple de jeunes amoureux. Ils se sont rencontrés à Bologne lors de leurs études. Elle est paysagiste, lui est ostéopathe. Un trecking test en montagne leur est offert, en Albanie justement.

Trois jours d'un mois de mars radieux et gelé, pour découvrir la montagne comme nous ne l'avons jamais vue, pas sur les pistes à touristes de base, mais à travers les chemins abrupts et glacés qui mènent sur les crêtes et qui sont d'habitude réservés aux randonneurs chevronnés. Page 23

Lou et Elias font connaissance avec Arielle et Lucas, Etienne et Marc, leurs compagnons d'aventure. C'est Vigan, leur guide, qui va repérer le risque le premier :

Le ciel est blanc là bas. Page 66

Vous imaginez la suite... enfin non, vous ne pouvez pas !


Parce que Sandrine COLLETTE a de l'imagination et que le rythme et le suspense sont 2 valeurs qu'elle travaille ardemment pour un résultat d'altitude !


Cette écrivaine, je l'ai découverte avec "Un vent de cendres", j'avais beaucoup aimé. De nombreuses images sont encore gravées dans mon esprit bien que sa lecture date un peu maintenant. C'est souvent là le signe d'un bon crû. Et quand il s'agit de vendanges, le terme est à propos !


J'ai beaucoup aimé "Six fourmis blanches" aussi. Peut-être l'attrait du trecking mais aussi le côté irrationnel, spirituel, de la montagne et des rites, la magie des lieux et des traditions...


J'ai aussi beaucoup apprécié Sandrine COLLETTE au gré de cette rencontre. Pas moins de 2h30 à échanger sur son style d'écriture, son inspiration... C'est assurément "une très belle personne", une femme spontanée, nature, sans chichi, authentique quoi ! Et je ne vous dévoile pas la dédicace... rien à voir avec ce qu'elle aurait pu écrire sur un salon où les lecteurs se suivent et se ressemblent, ou pas !!!


Vivement la parution de son 4ème roman !


Très beau souvenir d'un samedi matin au milieu des livres, et des passionnées de livres !!!

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2016-01-11T22:30:39+01:00

L'Arabe du futur de Riad SATTOUF

Publié par Tlivres
L'Arabe du futur de Riad SATTOUF

Riad SATTOUF, on ne parle que de lui ces derniers jours et il le vaut bien !


Riad SATTOUF est cet homme qui a fait trembler le monde du Festival BD d'Angoulême et qui a révélé, au grand jour, l'absence totale de femmes sur la liste des 30 nominés.


Alors que le Collectif des créatrices de BD contre le sexisme avait appelé au boycott du Festival et que personne n'avait réagi, ou presque, il n'aura fallu qu'un post de Riad SATTOUF pour faire exploser la bulle !


Riad Sattouf
1 Mutual Friend · January 5 at 5:29pm ·

Bonjour!

J'ai découvert que j'étais dans la liste des nominés au grand prix du festival d'Angoulême de cette année. Cela m'a fait très plaisir !

Mais, il se trouve que cette liste ne comprend que des hommes.

Cela me gêne, car il y a beaucoup de grandes artistes qui mériteraient d'y être.
Je préfère donc céder ma place à par exemple, Rumiko Takahashi, Julie Doucet, Anouk Ricard, Marjane Satrapi, Catherine Meurisse (je vais pas faire la liste de tous les gens que j'aime bien hein !)...

Je demande ainsi à être retiré de cette liste, en espérant toutefois pouvoir la réintégrer le jour où elle sera plus paritaire! Merci!

On se voit à Angoulême!

Riad

Riad SATTOUF aurait pu être une femme, peu importe. Il doit être reconnu en tant qu'individu pour les valeurs qu'il revendique mais aussi et surtout, pour son art, il s'agit d'un auteur de BD.
Il s'est fait remarquer avec "L'Arabe du futur", lauréat en 2014 du Grand Prix RTL de la BD et en 2015 du Prix du Premier Album au Festival BD d'Angoulême.


La moindre des choses, aujourd'hui, est de présenter cet album magnifique qui retrace "l'histoire vraie d'un enfant blond et de sa famille dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d'Hafez Al-Assad", entre 1978 et 1984. Et cette histoire est celle de Riad SATTOUF justement.


Roman graphique autobiographique, "L'Arabe du futur" retrace sa petite enfance composée de voyages et marquée par le choc des cultures. Son père est Syrien, sa mère est Française. Ses parents se sont rencontrés sur les bancs de l'Université à Paris. Quand son père est diplômé, il cherche un poste qu'il trouve en Lybie. Lui et sa mère découvrent une autre manière de vivre. Pour la naissance du 2ème enfant, sa mère et Riad prennent l'avion pour la Bretagne, retour au Cap Fréhel. Un dernier voyage l'emmènera en Syrie, sur la trace des origines de son père.

L'Arabe du futur de Riad SATTOUF

Cet album est riche d'enseignements historiques. Il permet de replacer dans leurs contextes des hommes et des femmes qui ont vécu sous les régimes de Kadhafi et Hafez Al-Assad, 2 hommes arrivés au pouvoir suite à des coups d'Etat.


J'aime beaucoup le graphisme de l'album. Les dessins sont simples, la bichromie avec l'alternance de pages oranges, bleues, roses, permet de se repérer dans la chronologie des événements. La police de caractère est très lisible, ce qui permet de profiter pleinement du plaisir de la lecture.


Ce qui est très drôle, c'est l'humour de l'auteur mis au service du regard d'un enfant sur son environnement, sa famille, ses grands-parents, paternels et maternels, ses oncles et tantes, ses cousins...


Cet album met aussi le doigt sur les différences, les stéréotypes. Quand un petit garçon aux longs cheveux blond platine débarque en Lybie, tout est possible...

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2016-01-09T13:55:11+01:00

L'analphabète d'Agota KRISTOF

Publié par Tlivres
L'analphabète d'Agota KRISTOF

Encore une référence du café littéraire ! Un tout petit livre, seulement 55 pages, mais d'une très grande intensité.


Il s'agit du 1er récit autobiographique d'Agota KRISTOF, romancière. Vous la connaissez ?


Elle est née en Hongrie en 1935, d'un père instituteur, et d'une mère au foyer. Elle mène sa vie d'enfant aux côtés de ses 2 frères, baignée dans un monde d'instruction.


Elle est passionnée de lecture :


Je lis. C'est comme une maladie. Je lis tout ce qui me tombe sous la main, sous les yeux : journaux, livres d'école, affiches, bouts de papier trouvés dans la rue, recettes de cuisine, livres d'enfants. Tout ce qui est imprimé. P. 5

Son grand-père offre une animation aux habitants du village le dimanche, il demande à sa petite-fille de lire le journal. Il est fier d'elle.


Ses lectures développent son imagination, elle imagine des histoires, écrit des poèmes... jusqu'à l'âge de ses 14 ans. Là, elle entre en internat où seules les filles sont admises. Les règles de vie sont strictes. Elle est loin de ses frères et de sa famille. Elle souffre terriblement du manque de liberté. Alors, pour oublier ses moments de solitude, elle anime les soirées avec des amies en mettant en scène des histoires.


A l'extérieur, et depuis plusieurs années déjà, son pays est en guerre. L'année 1953 est marquée par la mort de Staline, les suivantes le seront par celle de milliers de personnes, 30 000 en Hongrie en 1956.


Mariée avec une petite fille de 4 mois à charge, Agota KRISTOF décide de quitter la Hongrie. Ils franchissent la frontière par le biais d'un passeur. Ils arrivent en Suisse. Elle y trouve un emploi à l'usine. Elle commence à écrire des pièces de théâtre et puis vient le moment de la publication de son 1er roman.


Ce tout petit récit autobiographique est une véritable perle.


Il nous fait toucher du doigt les richesses de la lecture et cette capacité à s'émanciper de son environnement, y compris quand le contexte est grave.


Le titre pourtant nous interpelle : "L'analphabète". En fait, elle aborde avec beaucoup de justesse l'exil, l'apprentissage des langues et cette déchirure lorsqu'elle s'est rendue compte qu'en terre étrangère elle ne pouvait lire, elle qui croyait qu'il n'existait qu'une seule langue dans le monde entier :


Je ne pouvais pas imaginer qu'une autre langue puisse exister, qu'un être humain puisse prononcer un mot que je ne comprendrais pas. P. 21

Elle met aussi des mots sur ce mal du pays, cette force irrépressible des origines. Alors même que leurs conditions de vie se sont améliorées, elle ne vit plus dans un pays en guerre, elle travaille et peut nourrir sa famille, elle a un toit pour dormir. Et pourtant, impossible d'être heureuse.


Comment lui expliquer, sans le vexer, et avec le peu de mots que je connais en français, que son beau pays n'est qu'un désert pour nous, les réfugiés, un désert qu'il nous faut traverser pour arriver à ce qu'on appelle "l'intégration", "l'assimilation". A ce moment-là, je sais que certains n'y arriveront jamais.P. 44

C'est un magnifique témoignage qui nous éclaire une nouvelle fois sur la condition de réfugiés. Malgré la bienveillance, la solidarité des accueillants, jamais rien n'est gagné !


J'ai maintenant bien envie de lire Agota KRISTOF. Vous avez des références à me conseiller ?

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2023-02-07T20:00:49+01:00

L’heure des oiseaux de Maud SIMONNOT

Publié par Tlivres
L’heure des oiseaux de Maud SIMONNOT

Editions de L’Observatoire

Nouvelle référence du Book club, lecture coup de poing, rien de moins !

Ce roman est un brin mystérieux, il est aussi profondément troublant.

Il y a Lily, une enfant accueillie à l’orphelinat de l’île de Jersey, une terre anglo-normande. Elle porte une attention toute particulière à un enfant, le Petit. Tous deux essaient de se protéger des coups, mais, dans les années 1900, la maison de dieu se révèle des plus violentes. En 2008, une découverte macabre met en émoi la population de l'île. La narratrice, une ornithologue, a tout intérêt, des dizaines d’années après, à faire la lumière sur les détails de la tragédie. Une nouvelle page de l'Histoire s'ouvre alors !

Vous vous souvenez peut-être du livre de Michel JEAN, « Maikan » largement plébiscité par l'équipe de Vleel. Il dénonçait alors les sévices et autres mauvais traitement sur des enfants amérindiens retirés de leur famille par des religieux catholiques pour les éduquer, les civiliser, les assimiler. Là nous sommes dans la même veine, les petites victimes sont les enfants de familles pauvres. Honte sur l’Eglise. Maud SIMONNOT nous livre un roman engagé. Elle dénonce les faits et tous ceux qui savaient mais ont laissé faire. Elle concourt à la mémoire des disparus.


Les habitants d’aujourd’hui, eux, ne pouvaient être comptables de crimes anciens, cependant ils étaient complices en continuant de se taire. P. 38

Maud SIMONNOT évoque l’amnésie post-traumatique, la douleur et le déchirement de ceux qui sont marqués à jamais par une enfance maltraitée.

Dans la prose de l’écrivaine, il y a aussi de magnifiques descriptions de la faune et de la flore. L’île de Jersey est aussi appelée l’île aux oiseaux. Elle en compterait pas moins de 300 espèces. Maud SIMONNOT rend hommage à Olivier MESSIAEN, ornithologue et rythmicien, et sa femme Yvonne LORIOD.

À travers le personnage de Lily, l’autrice évoque la puissance de la nature, sa capacité à ressourcer l'Homme.


Lily sent que l’arbre est le centre vivant d’un cercle invisible qui la protège. P. 62

Le jeu de la narration, les chapitres courts... sont autant d'éléments qui renforcent le pouvoir des mots de Maud SIMONNOT. La plume est ciselée, les personnages écorchés. Coup de maître, chapeau !

Retrouvez les références du Book club :

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 
 
"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS
"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL
 
 "Les enfants sont rois" de Delphine DE VIGAN
 
"Au-delà de la mer" de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

 

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

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2023-01-28T13:53:42+01:00

Les Enfants endormis d’Anthony PASSERON

Publié par Tlivres
Les Enfants endormis d’Anthony PASSERON

Parce que je ne lis plus jamais les quatrièmes de couvertures, je vous propose les premières lignes du premier roman d'Anthony PASSERON, "Les Enfants endormis" aux éditions Globe.

Il y a cette famille d’artisans bouchers, de pères en fils, des gens connus de tout le village, des gens qui se tuent au travail. Alors, quand le fils aîné, Désiré, se destine à des études, un nouvel élan souffle sur la lignée. C’est le fils cadet qui, lui, sera soumis à la relève, lui n’aura pas le choix de son avenir professionnel. Mais avec les études, Désiré découvre la vie en ville. Il côtoie des jeunes qui n’ont que faire du modèle ancestral. Ce qu’ils veulent, eux, c’est vivre. Dès lors, ils repoussent les limites, bravent tous les dangers. Désiré lâche l’école. Direction Amsterdam. Quand il en reviendra, plus rien ne sera pareil. La drogue fait partie de sa vie, la drogue dure, l’héroïne. Il se pique, lui et ses amis de l’époque. Ils partagent les mêmes seringues, celles-là mêmes qui véhiculent le VIH. Mais le virus est à cette époque loin d’être maîtrisé. Ce ne sont que les balbutiements de la recherche médicale dans le domaine, le début d’un des plus grands combats scientifiques du XXème siècle. 

Le primo-romancier, Anthony PASSERON, a un talent fou.

Il réussit à mêler habilement la fiction et la réalité.

Il nous offre un double regard avec la dimension micro pour l'exploration de l'intimité d'une famille "ordinaire", la sienne, et la dimension macro, celle de l'univers de la recherche en prise avec l'épidémie du sida. 

Anthony PASSERON nous livre un roman social, de ceux qui témoignent d'une époque. J'y ai retrouvé mille et un détails de cette période comme autant de souvenirs familiaux, télévisuels aussi. Le témoignage, c'est ce qui explique la démarche de l'écrivain :


Ce livre est l’ultime tentative que quelque chose subsiste. P. 11

Il concourt à la mémoire de son oncle, Désiré, sa femme et sa fille.

Il honore aussi Willy ROZENBAUM, l'épidémiologiste qui a été le premier à faire le rapprochement entre :


une maladie très rare du système pulmonaire survenue chez un sujet jeune, homosexuel, qui n'a aucune raison d'être immunodéprimé. Tout est là, devant ses yeux. C'est la même affection, une maladie quasi éradiquée, qui vient d'être observée chez six patients, cinq Américains et, désormais, un Français. P. 17

Il s'est battu corps et âme pour fédérer des chercheurs, emporter l'adhésion des Américains pour faire cause commune. Il a payé de sa personne, devenu paria de l'hôpital Claude-Bernard comme ses patients. Il est aussi passé à côté du Prix Nobel de Médecine 2008 décerné à Françoise BARRE-SINOUSSI et Luc MONTAGNIER pour "leurs découvertes du virus de l'immunodéficience humaine (VIH)". Non pas qu'eux déméritaient, non. Ils faisaient partie comme Willy ROZENBAUM de celles et ceux qui menaient le combat contre cette terrible maladie depuis l'origine. Simplement, ils auraient pu être trois ! Anthony PASSERON relate son parcours, il célèbre le médecin français, qu'il soit loué pour sa démarche littéraire.

Sa plume est prometteuse. Je ne suis pas la seule à le dire ! Le roman "Les Enfants endormis" est lauréat du Prix Wepler 2022 et du Prix Première Plume 2022.

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2023-03-02T07:13:16+01:00

Ma double vie avec Chagall de Caroline GRIMM

Publié par Tlivres
Ma double vie avec Chagall de Caroline GRIMM

Tout au long du mois, je vais décliner #marsaufeminin.

Après

Une farouche liberté, cette BD qui honore Gisèle HALIMI

place aujourd'hui à une plume féminine tout à fait fascinante, celle de Caroline GRIMM.

Je poursuis ma lecture de la biographie de "Sonia DELAUNAY, une vie magnifique" de Sophie CHAUVEAU. J'en suis à la fin des années 1920 quand l'artiste souffre d'un profond surmenage. Le couple part à la Bourboule se reposer. Le peintre, Marc CHAGALL et sa femme Bella, font partie de l'aventure.

Il ne m'en fallait pas plus pour saisir l'opportunité de la #citationdujeudi et revenir sur ce roman, "Ma double vie avec Chagall" tout à fait prodigieux.

Chagall, c’est le peintre du plafond de l’Opéra Garnier, une commande qui lui est confiée par Malraux, Ministre de la culture. Il y rend hommage à quatorze compositeurs. Chagall a alors 77 ans. Il travaille gratuitement comme un cadeau fait à la France qui lui a tout donné. C’est le pays qui l’a accueilli, lui, Moïche Zakharovitch Chagalov, quand il a quitté son shtetl, son petit village biélorusse de Vitebsk pour se vouer à la peinture, faire fortune et rentrer demander la main de Bella ROSENFELD, la femme dont il est fou amoureux. Quand il arrive dans la capitale, il est accueilli par Victor MEKLER. Il a tout à apprendre. Il trouve de nouveaux maîtres, John SINGER SARGENT et Ignacio ZULOAGA. Il se nourrit des richesses parisiennes. Il s’installe dans un atelier rue de Vaugirard, la Ruche. Il se lie d’amitié avec Blaise CENDRARS sur fond de cubisme. Si les Français ne montrent pas d’intérêt particulier pour son art, les Allemands, eux, y sont sensibles. Il rentre chez lui, retrouve ses racines et Bella, elle qui croît en sa réussite et impose le mariage à sa famille bourgeoise. Malheureusement, leur vie amoureuse commence avec la guerre. Les frontières se ferment. Ainsi commence la vie de l’artiste qui va cumuler les rendez-vous manqués, avec le public, avec son pays...
 
Caroline GRIMM réussit la prouesse de relater une vie ponctuée de mille et une tribulations, tout en beauté. Chagall et Bella sont éminemment romanesques. En rupture avec leurs familles, ils vivent leur passion amoureuse et leur passion de l’art, contre tous. Ils sont beaux, ils sont fous, ils sont portés par l'allégresse des sentiments, des émotions, de tout ce qui fait vibrer deux coeurs à l'unisson. L'écrivaine s'est largement documentée pour restituer tout le piment d'une existence hors du commun. 
 
Ce roman, c'est un coup de ❤️.

La plume de Caroline GRIMM, je la connaissais pour l'avoir découverte en 2014 avec la lecture de "Churchill m'a menti". Je me plais à parcourir ma chronique de l'époque... alors que "T Livres ? T Arts ?" n'existait pas encore. Imaginez, nous étions encore à l'époque de "L'Antre des Mots" ! Et devinez quoi... c'était déjà un coup de ❤️ !

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2023-01-04T07:00:00+01:00

Les Mangeurs de nuit de Marie CHARREL

Publié par Tlivres
Les Mangeurs de nuit de Marie CHARREL

Marie CHARREL nous revient avec "Les Mangeurs de nuit" aux éditions de L'Observatoire que je remercie pour ce très beau cadeau. L'année 2023 promet d'être belle ! Nous sommes le 4 janvier, premier coup de ❤️, l'occasion d'un petit clin d'oeil à Aleksandra SOBOL.

Nous partons pour le Canada revisiter son Histoire à travers des personnages aussi attachants que mystérieux. Il y a Hannah, une femme qui vit recluse depuis une dizaine d'année dans une maison en haute montagne. Elle porte en elle les traces de sa famille meurtrie par un courant migratoire croyant en l'eldorado mais qui, en posant le pied en terre américaine, révéla à Aika Tamura la grossière erreur de croire en un mariage arrangé. Elle fit partie en 1926 de ces "picture bride", des japonaises qui, en l'absence d'avenir dans leur pays, consentirent à une union sur photographies avec un étranger. Aika n'avait que 17 ans, lui, Kuma, 45. Et puis, il y a Jack, un creekwalker, l'un des 150 hommes recrutés pour veiller sur les cours d'eau et compter les saumons de la Colombie-Britannique. Il passe sa vie avec ses deux chiens. Hannah et Jack ont tous deux été bercés par des contes pour enfants. La réalité s'est chargée de leur faire vivre un tout autre destin. 

Vous vous souvenez peut-être du premier roman de Marie CHARREL, "Les Danseurs de l'aube", un coup de ❤️, déjà.

Dans ce roman, il y a tout ce que j'aime, que dis-je, j'adore !

Il y a d'abord la grande Histoire, celle à laquelle je n'ai pas accédé sur les bancs de l'école et qui me manque tant. La littérature me permet heureusement de combler ces failles.

A l'ouest du Canada, donc, il y a eu l'installation de Japonais, des hommes, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Ils se lancent dans la pêche. Et puis, en 1907, éclatent des émeutes à leur encontre. Les Japonais perdent leurs licences professionnelles, ce n'est que le début de la déchéance de leurs droits de citoyens. C'est pourtant là que des femmes les rejoignent, notamment les "picture bride". Tous sont promis à une vie dans des camps. Ils vont devoir SURvivre.

C'est aussi dans ces années-là que des enfants amérindiens sont retirés de leurs familles pour les "éduquer".

L'écrivaine creuse le sillon de l'interculturalité, de la mixité des populations, du rapport dominants/dominés.

Dans ce roman, il y a encore l'aventure. Les parcours de vie de personnages très attachants sont chahutés, la vengeance un plat qui se mange froid. Le souffle romanesque de la plume de Marie CHARREL donne du rythme et tient le lecteur en haleine jusqu'à cette révélation... 

Et puis, dans "Les Mangeurs de nuit", la nature occupe une très grande place. Marie CHARREL nous offre de magnifiques descriptions et nous dévoile les secrets de la biodiversité.


L’avenir de la forêt dépend des saumons : « Les nutriments des arêtes s’enfoncent lentement dans le sol qu’elles fertilisent, irriguant de leurs bienfaits cèdres rouges, épicéas, pins tordus, pruches à l’ombre desquels les buissons de baies s’épanouissent au printemps, buffet des orignaux, des chèvres et des ours, attendant le retour du poisson béni. Sans le saumon, la forêt disparaît. P. 26-27

Quel plaisir de retrouver l'écriture de Marie CHARREL, elle est prodigieuse. Je ne suis d'ailleurs pas la seule à le penser. L'écrivaine fait une entrée remarquée dans la rentrée littéraire. "Les Mangeurs de nuit" font partie des dix romans de la première sélection du prestigieux Grand Prix RTL Lire – Magazine Littéraire 2023. Je lui souhaite le meilleur !

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2022-02-02T18:24:19+01:00

George SAND fille du siècle Séverine VIDAL et Kim CONSIGNY

Publié par Tlivres
George SAND fille du siècle Séverine VIDAL et Kim CONSIGNY

J’aime quand les BD honorent des femmes puissantes. George SAND, fille du siècle, fait partie de celles-là. C’est la création de Séverine VIDAL et Kim CONSIGNY, publiée chez Delcourt.

 

Tout commence avec cette expédition vers Nohant, dans le Berry. Aurore est malade, l’enfant est fiévreuse. A l’arrivée de la famille chez Madame Dupin de Francueil, grand-mère paternelle de George Sand, Aurore survivra. C’est son petit frère, qui, lui, sera emporté, comme leur père quelques jours plus tard. La famille est endeuillée. La grand-mère qui n’a jamais crû dans le mariage de son fils prend les choses en main et propose un accord financier à sa belle-fille. La mère d’Aurore l’accepte, elle quitte Nohant et confie l’éducation d’Aurore à sa grand-mère. Pour égayer ses journées, il y a Hippolyte, son demi frère, et puis Ursule, une fillette d’origine modeste avec qui Aurore fera les 400 coups.  Devenue grande, Aurore se marie avec le baron Dudevant de qui elle aura deux enfants, un mariage malheureux, elle se battra becs et ongles pour obtenir le divorce, la garde de ses enfants et Nohant. Nous sommes en 1836. Parallèlement, c’est en 1832 qu’elle ouvre le « refuge des éditeurs, des journalistes et des amis » dans un logement que son ami Latouche met à sa disposition. C’est à ce moment-là qu’Aurore décide d’un pseudonyme. Elle sort le soir dans Paris, découvre la vie culturelle, fait la connaissance de Marie DORVAL, comédienne, avec qui elle entretiendra une relation amoureuse. George SAND multiplie les conquêtes, Alfred DE MUSSET, Frédéric CHOPIN… George SAND multiplie aussi les correspondances, elle envoie de nombreuses lettres, 20 000 environ. Elle fera de ses combats l’émancipation des femmes jusque dans la révolution de 1848.

 

J’aime les BD pour ce qu’elles révèlent de l’itinéraire de femmes hors du commun.

 

Il y avait eu 

 

Joséphine BAKER par CATEL et BOCQUET

 

Kiki DE MONTPARNASSE de CATEL et BOCQUET

 

La vie mystérieuse, insolente et héroïque du Dr James BARRY de Isabelle BAUTHIAN et Agnès MAUPRÉ

 

Les apprentissages de Colette par Annie GOETZINGER

 

il y a maintenant George SAND fille du siècle de Séverine VIDAL, écrivaine, et Kim CONSIGNY, dessinatrice,

 

 

une BD en monochrome, les personnages dessinés dans leurs contours, pour se remémorer une époque et braver les courants au bras de celle qui choisit de porter un pseudonyme masculin et des vêtements d’homme pour lutter contre les interdits du XIXème siècle.

 

 

Cette BD s’inspire d’événements marquants de l’existence de George SAND pour en brosser le portrait à grands traits.
 

Je remercie la personne délicate (elle se reconnaîtra 😉) qui m’a offert l’opportunité de m’y plonger. Petit clin d’œil à nos années de naissance, les mêmes que celles des autrices de la BD, quand je dis qu’il n’y a pas de hasard dans la vie 😉

 

Cette BD résonne comme un appel à se replonger dans l’œuvre de l'écrivaine. Je vous invite à écouter La compagnie des auteurs qui a consacré sur France Culture quatre volets à la romancière, la critique littéraire, la femme engagée que fut George SAND.

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2022-06-24T06:00:00+02:00

La carte postale de Anne BEREST

Publié par Tlivres
Photographie des éditions Grasset

Photographie des éditions Grasset

Le roman de Anne BEREST, "La carte postale" était lauréat du Prix Renaudot des Lycéens et du Goncourt version américaine, le roman est une nouvelle fois honoré avec le Grand Prix des Lectrices Elle 2022.

Vous vous souvenez peut-être que l'année dernière, c'était Claire BEREST qui avait remporté le même prix avec "Rien n'est noir" célébrant l'artiste Frida KAHLO.

Claire et Anne sont soeurs dans la vie.

Anne puise dans leur histoire familiale pour nous livrer un roman exceptionnel, un coup de coeur, le 80ème du blog.

Tout commence au petit matin. La neige a tombé dans la nuit. La mère de Anne BEREST, Lélia, va, en chaussons, cigarette à la bouche, faire le relevé du courrier. L'année 2003 commence tout juste. Au pied de la boîte aux lettres toute disloquée, parmi les cartes de voeux, gît une carte postale avec, au recto, une photographie de l'Opéra Garnier, au verso, quatre prénoms : 
Ephraïm
Emma
Noémie
Jacques
Aussi obscure et impénétrable soit-elle avec ces seuls prénoms comme repères, ceux des grands-parents, oncle et tante de Lélia, "La carte postale" a été rangée au fond d'un tiroir après avoir suscité quelques brefs échanges lors du repas familial. Une bonne dizaine d'années plus tard, alors que Anne BEREST est enceinte et doit se reposer pour sa fin de grossesse, elle prend le chemin de la maison familiale et demande à Lélia de lui raconter la vie de ses ancêtres. Là commence toute l'histoire... ou presque. Si Lélia a fait beaucoup de recherches pour remonter le fil de l'existence des Rabinovitch, "La carte postale", elle, reste une énigme. Quelques années plus tard, elle deviendra une obsession. 
 
"La carte postale", c'est une enquête menée par Anne BEREST, elle-même, écrivaine, réalisatrice. De bout en bout, j’ai été captivée par la recomposition du puzzle familial. Ce roman est empreint d’un mystère jamais résolu qui, sous le feu de son action, prend un nouveau tournant. 
 
Sous la plume de Anne BEREST, la petite histoire, celle de ses ascendants, résonne cruellement avec la grande, celle qui porte un H majuscule, si douloureuse. Elle concourt ainsi non seulement à la mémoire de sa famille, mais aussi à celle de tous les juifs exterminés dans les camps de la mort.
 
Ce qui m’a profondément touchée aussi dans cette lecture, c’est la relation établie par Anne BEREST avec sa mère, Lélia, sans qui rien n'aurait été possible. 
 
"La carte postale", c’est la révélation de moult secrets de familles, parfois sciemment cachés, parfois totalement subis par une génération qui va pouvoir, désormais, s’émanciper de ce poids trop lourd à porter. Mais c'est aussi une démarche intellectuelle autour du sens du mot "juif". 
 
Un roman historique, un roman d'aventure, un roman jubilatoire, des personnages éminemment romanesques, tout y est, de la grande littérature comme je l'aime.
 
Anne BEREST a été interviewée par l'équipe de VLEEL (Varions les éditions en live) le 28 octobre dernier. Vous pouvez visionner l'émission.

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2021-12-24T07:00:00+01:00

La carte postale de Anne BEREST

Publié par Tlivres
La carte postale de Anne BEREST

Pour #MonAventLitteraire2021 lancé par deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine,

J24

"Un livre pour finir en beauté"

 

Toutes mes lectures 2021 étaient belles, mais j'ai dû choisir, alors, place à

 

« La carte postale » de Anne BEREST publié chez Grasset.

 

 

80ème coup de coeur

de T Livres ? T Arts ?

Tout commence au petit matin. La neige a tombé dans la nuit. La mère de Anne BEREST, Lélia, va, en chaussons, cigarette à la bouche, faire le relevé du courrier. L'année 2003 commence tout juste. Au pied de la boîte aux lettres toute disloquée, parmi les cartes de voeux, gît une carte postale avec, au recto, une photographie de l'Opéra Garnier, au verso, quatre prénoms : 
Ephraïm
Emma
Noémie
Jacques
Aussi obscure et impénétrable soit-elle avec ces seuls prénoms comme repères, ceux des grands-parents, oncle et tante de Lélia, "La carte postale" a été rangée au fond d'un tiroir après avoir suscité quelques brefs échanges lors du repas familial. Une bonne dizaine d'années plus tard, alors que Anne BEREST est enceinte et doit se reposer pour sa fin de grossesse, elle prend le chemin de la maison familiale et demande à Lélia de lui raconter la vie de ses ancêtres. Là commence toute l'histoire... ou presque. Si Lélia a fait beaucoup de recherches pour remonter le fil de l'existence des Rabinovitch, "La carte postale", elle, reste une énigme. Quelques années plus tard, elle deviendra une obsession. 
 
"La carte postale", c'est une enquête menée par Anne BEREST, elle-même, écrivaine, réalisatrice. De bout en bout, j’ai été captivée par la recomposition du puzzle familial. Ce roman est empreint d’un mystère jamais résolu qui, sous le feu de son action, prend un nouveau tournant. 
 
Sous la plume de Anne BEREST, la petite histoire, celle de ses ascendants, résonne cruellement avec la grande, celle qui porte un H majuscule, si douloureuse. Elle concourt ainsi non seulement à la mémoire de sa famille, mais aussi à celle de tous les juifs exterminés dans les camps de la mort.
 
Ce qui m’a profondément touchée aussi dans cette lecture, c’est la relation établie par Anne BEREST avec sa mère, Lélia, sans qui rien n'aurait été possible. 
 
"La carte postale", c’est la révélation de moult secrets de familles, parfois sciemment cachés, parfois totalement subis par une génération qui va pouvoir, désormais, s’émanciper de ce poids trop lourd à porter. Mais c'est aussi une démarche intellectuelle autour du sens du mot "juif". 
 
Un roman historique, un roman d'aventure, un roman jubilatoire, des personnages éminemment romanesques, tout y est. Enorme coup de coeur.
 
Anne BEREST a été interviewée par l'équipe de VLEEL (Varions les éditions en live) le 28 octobre dernier. Vous pouvez visionner l'émission.
 

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2022-08-19T06:00:00+02:00

Le soldat désaccordé de Gilles MARCHAND

Publié par Tlivres
Le dernier roman de Gilles MARCHAND, "Le soldat désaccordé", sur un monument d'Angers, la copie d'une borne de la Voie sacrée reliant Bar-Le-Duc à Verdun

Le dernier roman de Gilles MARCHAND, "Le soldat désaccordé", sur un monument d'Angers, la copie d'une borne de la Voie sacrée reliant Bar-Le-Duc à Verdun

Ma #VendrediLecture sort aujourd'hui en librairie, le dernier roman de Gilles MARCHAND aux éditions Aux Forges de Vulcain : "Le soldat désaccordé".

Vous vous souvenez des romans,
et le recueil de nouvelles
 
Si j’étais passée à côté de « Requiem pour une Appache », me voilà réconciliée avec l’auteur qui nous montre une nouvelle fois son immense talent.
 
Nous sommes dans les années 1920. Le narrateur a été blessé à la guerre, il y a laissé une main, lui occasionnant un retour prématuré à la maison. Lui, il voulait continuer d’être utile, pour la France. Conducteur de tramway, il n’a pas pu retrouver son travail mais pour assurer la logistique, peu importait qu’une main lui manque. Et puis, il y a eu ces enquêtes, celles qui permettraient à des familles d’honorer des êtres chers, de faire leur deuil, parfois, aussi. Des disparus de la première guerre mondiale, il y en a eu 250 000. Émile Joplain en faisait partie. Lui n’avait plus donné de nouvelles depuis 1916. Sa mère est persuadée qu’il est vivant, c’est elle qui lui confie la charge de le retrouver. Dès lors, c’est un nouvel itinéraire qui s’offre à lui.
 
Avec ce roman, Gilles MARCHAND renoue avec la grande Histoire, là, celle des poilus, celle des hommes des tranchées.
 
Ses recherches mettent en lumière des archives, les traces de courriers, d’articles de presse, d’histoires familiales marquées par les obligations du conflit, le départ, pour certains, sans retour. Ce roman, c’est un magnifique cadeau fait aux familles, à celles qui ont perdu un père, un frère, un mari, une façon de leur rendre hommage et de saluer leur bravoure.
 
Comme j’ai aimé accompagner le narrateur dans sa quête, les rencontres réalisées au gré de menus indices, les témoignages.


La guerre, quand tu y as goûté, elle est dans ton corps, sous ta peau. Tu peux vomir, tu peux te gratter tout ce que tu veux, jusqu’au sang, elle ne partira jamais. Elle est en toi. P. 13

Dans un roman court, Gilles MARCHAND évoque le sort d’anonymes, des Amérindiens ayant prêté leur concours à la France, que les code talkers soient honorés ici comme il se doit.
 
Il fait la place belle aussi aux femmes, celles qui ont tenu la ferme, travaillé à l’usine pour remplacer les hommes partis à la guerre quand elles ne la faisaient pas elles-mêmes, à l’image de Marie MARVINGT, aviatrice, et de toutes ces aides-soignantes et infirmières. 
 
Et puis, Gilles MARCHAND ne serait pas lui-même sans un brin de magie. Comme j’ai aimé la fille de la lune, une apparition lumineuse là où tout est chaos. Et ses jeux avec la langue française…


En 1925, la France fêtait sa victoire depuis sept ans. Ça swinguait, ça jazzait, ça cinématographiait, ça électromenageait, ça mistinguait. L’Art déco flamboyait, Paris s’amusait et d’insouciait. Coco Chanélait, André Bretonnait, Maurice Chevalait. P. 53

Il y a encore l’amour, une histoire impossible, c’est ce qui le rend plus précieux encore.
 
La plume est belle, tendre et délicate, de celles qui vous font aimer les hommes !

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2022-06-11T06:00:00+02:00

Debout dans l’eau de Zoé DERLEYN

Publié par Tlivres
Debout dans l’eau de Zoé DERLEYN
Le bal des 68 Premières fois se poursuit.

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ

place au premier roman de Zoé DERLEYN, « Debout dans leau » aux éditions La brune du rouergue.

Nous sommes en Belgique. La narratrice, une jeune fille de 11 et demi vit chez sa grand-mère. Elle aime l’étang qui borde la maison. Elle s’y baigne. Elle y navigue. Il lui offre la possibilité de s’extraire de la tension qui règne sous le toit familial. Sa mère l’a abandonnée quand elle avait 3 ans., et son grand-père se meurt à l’étage. Les journées sont rythmées par le passage de l’infirmière, Inge, et de la femme de ménage, Magda. Pas une pointe de fantaisie dans un quotidien plombé par des réalités tragiques.
 
Dans ce premier roman, j’ai été saisie par la scène d’entrée. Le corps de la jeune fille est figé dans leau, les jambes immobilisées dans la vase de l’étang qui, au fil des pages, devient un personnage à part entière. Si la famille donne plutôt l’impression de cohabiter dans les mêmes murs, la narratrice et l’étang ne font qu’un. Il y a une sorte d’interaction charnelle entre eux.
 
C’est aussi un roman contemplatif. Les premières lignes donnent le ton avec cette jeune fille qui reste là sans bouger à attendre que les poissons viennent l’effleurer.
 
Le rythme est lent, les personnages taiseux, la vie est terrifiante avec l’absence d’origine (le mystère de sa mère pèse sur la famille) et l’absence d’avenir (la mort imminente du grand-père). C’est un peu comme si la jeune fille était en transition, dans un hall de gare, en attendant de monter dans un train, celui de la vie.
 
J’ai aimé les convoitises de la jeune fille autour du livre que prend systématiquement sa grand-mère pour aller à l’église, un livre rouge foncé à l’écriture calligraphié, les premières lettres enluminées. C’est avec cet épisode que l’on mesure la dimension du roman initiatique.


Le livre est rangé dans le dernier tiroir de la table de nuit. […] Il m’a fallu du temps pour l’ouvrir, au hasard. Et j’ai lu. Des mots qui m’ont donné chaud. Des mots qui parlaient d’un corps adorable, de s’abandonner dans ses bras ; des demandes répétées que l’autre prenne pitié ; d’un amour débordant, excessif, supplié et suppliant. Je n’avais jamais lu ni entendu de phrases comme celles-là et je n’en ai jamais lu ou entendu ailleurs que dans ce livre. P. 35

Dans une narration à la première personne du singulier, Zoé DERLEYN nous livre un premier roman éminemment sensoriel dans lequel elle envisage une fusion du vivant. La plume, descriptive, est presque cinématographique. L'autrice avait précédemment écrit un recueil de nouvelles publié aux éditions Quatrature : "Le goût de la limace". 

Impossible de vous quitter sans quelques notes de musique. J'ai choisi le titre "Résiste" de France GALL, un texte qui correspond bien au combat que mené chaque jour.

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/06/resiste-de-france-gall.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/06/resiste-de-france-gall.html

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2021-04-16T06:00:00+02:00

Un jour ce sera vide de Hugo LINDENBERG

Publié par Tlivres
Un jour ce sera vide de Hugo LINDENBERG

Christian BOURGOIS Editeur

Il y a eu cette soirée « Varions Les Éditions en Live » (Vleel) organisée par Anthony connu sous le doux nom de serial_lecteur_nyctalope avec Clément RIBES, Directeur de la maison d'édition, et puis cet échange avec Hélène. A chaque livre son histoire...

Un jeune garçon de 10 ans passe l’été chez sa grand-mère. Chaque jour, il joue sur cette même plage normande. Alors qu’il s’amuse à gratter une méduse avec un bâton, Baptiste s’invite à ses côtés. Il lui demande de la tuer !

Dans les romans, ce que j’aime, c’est l’instant de rupture. Là, un premier intervient très vite dans la prose de Hugo LINDENBERG, primo-romancier. 

Dans ce roman familial, j'ai adoré les passages autour de la relation que lie la grand-mère à son petit fils. Lui, lui voue un immense amour :


Mais je peux encore étirer le moment, l’observer, à condition de ne pas faire trop de bruit. C’est ma manière à moi de l’aimer. P. 59

Le regard qu'il porte sur cette femme est ingénu mais une relation s'établit à deux. Ce roman, plus globalement, c'est une manière d'approcher la grand-maternité et de la magnifier dans ce qu'elle a de plus sincère, de plus vrai, de plus beau.

Et puis, vous l’avez compris, il y aura un avant et un après cet été là. L’écrivain nous invite à passer deux mois dans la vie d’un enfant qui va vivre un parcours initiatique en vitesse accélérée. Cet été là, c'est le champ de tous les possibles qui s'offre à lui.

C'est là qu'il va découvrir la puissance de l’amitié avec Baptiste, faire des premières expériences, inoubliables.


Chaque seconde nous rapproche du moment où il faudra dévoiler plus de soi qu’on ne voudrait. P. 14

J'ai aimé décrypter le regard porté aux autres et la potentielle adoration qu'ils génèrent. Qui n’a jamais envié un.e plus grand.e que soi, qui n’a jamais sublimé la famille d’un.e autre, l’imaginant plus ci, plus ça, idéale quoi ! Je suis toujours fascinée par ce qui emporte l’adhésion au modèle ou au contraire la rébellion. Qu'est-ce qui fait qu'un enfant, confronté à des réalités autres que la sienne, finit par se dire que sa famille c'est la meilleure, ou au contraire, la pire ?

Et puis, ce qui m'interpelle toujours, c’est la juxtaposition de la sphère de l’intime avec celle publique, ce jeu de l'alternance de l’intérieur et de l’extérieur. Ce qui est acceptable à la maison, à l’abri des regards, devient l’objet de la honte sous le regard des autres, dehors, sur la plage. Comment un enfant appréhende-t-il les choses ? Comment se construit-il entre ces deux univers qui, tous deux, le happent à n'en plus finir ?

Dans ce roman, beaucoup de questions sont posées. Hugo LINDENBERG choisit de partager une certaine vision du monde par le filtre des yeux d’un enfant. La narration à la première personne du singulier, dans ce cadre précis, est loin d’être facile tant le risque de tomber dans la mièvrerie est grand. Mais là, la magie a opéré. J’ai aimé retrouver l’innocence des jeunes pousses, oublier qui je suis pour me laisser porter par la candeur des apprentissages.

La plume est belle. Ce premier roman est très réussi.

Merci Hélène ! Nul doute que lors de notre prochain book club, il sera évoqué...

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