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2018-01-03T07:00:00+01:00

Une vie minuscule de Philippe KRHAJAC

Publié par Tlivres
Une vie minuscule de Philippe KRHAJAC

Editions Flammarion


Phérial Chpapjik a 4 ans, il arrive à l'orphelinat plongé dans une immense forêt de Bourgogne. Nous sommes dans les années 1970. Ce petit garçon est de l'Assistance Publique. Après avoir été hébergé en famille d'accueil, maltraité, il rejoint une structure collective et le groupe des dauphins. Tous les enfants qui vivent là ont eu, comme lui, des itinéraires difficiles. Mais voilà, l'orphelinat ne peut pas être une solution durable. Alors, de nouveau, Phérial connaît les familles d'accueil, certaines très attentionnées, d'autres moins. Chaque fois, c'est une nouvelle éducation qui se dévoile, pour le meilleur et pour le pire. Phérial n'a de cesse de lutter contre ses propres démons et doit affronter, en plus, un monde d'adultes impitoyable. Trouvera-t-il le chemin qui donnera à sa vie minuscule toute sa grandeur ?


Ce 1er roman de Philippe KRHAJAC est le chemin de croix d'un tout jeune enfant malmené par la vie, de ces êtres vulnérables qui semblent attirer sur eux toutes les forces maléfiques, mais c'est sans compter sur le talent de l'auteur qui ponctue cette histoire de formidables parenthèses d'amour.

J'ai particulièrement aimé partager le quotidien des Liliane, cette famille dont la maman souffre d'une sclérose en plaque qui surmonte la maladie et les handicaps qu'elle engendre tout en beauté. J'ai été transportée par cette sortie familiale au cinéma, un bain de culture apprécié à sa juste valeur par une famille mise sur son trente-et-un le jour de l'événement. 


Les lumières de la salle s'éteignent doucement, presque en même temps que le silence se fait. Quand le film commence, on est comme sous l'effet d'une potion. Nos yeux dévorent l'écran. Le voyage est grandiose. P. 87

Par la plume de Philippe KRHAJAC, c'est un très bel hommage aux familles qui acceptent d'accueillir des enfants en souffrance au sein de leur foyer. Les éducateurs, éducatrices serait plus exact, font preuve d'une profonde générosité, d'une disponibilité sans faille et d'un attachement incroyable, comme autant de petites bouées lancées à un enfant en plein naufrage.
 


Mon voeu est exaucé, c'est vraiment la fée bleue, cette Mlle Isabelle ! On nage en plein conte avec elle. Elle est de ces êtres qui savent exactement de quoi on a besoin et le livrent avec la plus grande simplicité. Vous voulez un gâteau, elle en a trois dans la poche et tous au chocolat. P. 39

Ce roman est d'une intense profondeur. Il explore le mal-être de cet enfant, ses crises d'angoisses et la manière, à l'époque de les traiter. Les boîtes de valium comme la solution aux tourments d'un petit être isolé, croulant sous le poids des secrets.

Parce que la menace est toujours là mais qui le croirait, hein ? Le garçon garde au fond de lui l'empreinte de toutes les agressions qu'il a vécues comme un boulet qui, sans cesse, le tire vers les profondeurs. 

Il va grandir avec, passer l'adolescence avec perte et fracas, vivre dans la vulgarité, côtoyer les durs, les caïds, sombrer en prison, en ressortir et garder en lui cette formidable envie de vivre.


Mon coeur palpite plus fort que jamais et la vie l'emporte sur ma peine. P. 212

Tout au long de sa modeste existence, Phérial va rencontrer des êtres humains attentionnés, à l'image de cette professionnelle qui porte très bien son nom :


Ce ne sont pas les questions ou les réponses qui m'apaisent, madame Lecoeur, mais les yeux qui me les posent ou me les donnent. P. 282

Et si l'art, le théâtre particulièrement, lui permettait de s'épanouir, grandir, s'affranchir des pressions ? L'écrivain donne à Phérial l'opportunité de sonder un tout nouveau champ des possibles. Le chemin n'est pas sans embûche mais c'est peut-être celui de la résilience, il mérite d'être visité !


Et puis, dans ce roman, il y a aussi l'appel impérieux des origines. Il y a, bien sûr, celui de la  filiation. Comment se construire soi-même sans connaître nos géniteurs, le motif de leur abandon ? Le jeune garçon va mener son parcours initiatique avec un seul but, celui de retrouver sa mère. Avec elle, c'est aussi le fil de l'histoire d'un pays tout entier qui est tiré. Phérial est originaire de Yougoslavie, un pays étranger avec sa langue, ses traditions... 


Philippe KRHAJAC conclut son 1er roman tout en beauté, pour donner à "Une vie minuscule" toute sa grandeur. La chute imaginée avec la couverture, cet enfant au bord d'un gouffre envahi par des nuages, se révèle être une petite bombe, éblouissante.  Après avoir maintenu le.a lecteur.rice dans la brume, étouffant sous la chape de plomb, il fait souffler un vent d'optimisme sur l'humanité.

Je me suis surprise à refermer ce roman, un sourire aux lèvres, de ceux qui témoignent que la vie est belle et que chacun peut trouver sa voie, des mentors sont là à veiller sur nous !

Une nouvelle plume à suivre, c'est certain. Peut-être saura-t-il séduire les fées des 68 Premières fois...

Ce roman concourt au Challenge de la Rentrée Littéraire organisé par le blog "Aux bouquins garnis" :

comme :

- Les guerres de mon père de Colombe SCHNECK

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commentaires

U
Les douleurs enfantines, même si le livre est magnifique... Je suis dans le Delphine de Vigan, "Les loyautés", qui traite du même sujet. On verra;)
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T
Je comprends tout à fait. Il convient de s'offrir quelques parenthèses entre deux romans de ce type-là !
K
Non, je ne l'ai pas lu mais ce que tu en dis m'amène à cette conclusion... ;-)
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T
Oh Krol, très émue de tes retours... merci !
K
Une vie minuscule pour une écriture majuscule...
Répondre
T
Tu l'as lu alors Krol ?

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