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2021-09-30T16:40:00+02:00

La femme et l'oiseau de Isabelle SORENTE

Publié par Tlivres
La femme et l'oiseau de Isabelle SORENTE

Ma #citationdujeudi, je l'extrais d'un roman découvert très récemment, celui de Isabelle SORENTE, "La femme et l'oiseau" aux éditions Lattès.

Thomas a 91 ans. Il vit dans les Vosges dont le quotidien s’organise autour de sa randonnée matinale, là haut dans la colline, son rendez-vous avec les oiseaux. Il leur parlerait, depuis son retour du camp de Tambov en Russie où il a été emprisonné pendant 2 ans après avoir été enrôlé de force dans l’armée allemande. Il était là bas avec son frère, Alex, lui n’en reviendra pas. Le vieil homme est hanté par ces fantômes et lutte contre ses démons par des voies mystérieuses. Mona lui fait ses courses, entretient la maison et lui prépare les repas. C’est alors qu’il reçoit un appel téléphonique de sa petite nièce, Elisabeth, Directrice d’une société cinématographique. Elle lui demande de l’accueillir avec sa fille, Vina, qui a agressé un jeune homme et qui est exclu de son établissement scolaire. Là commence une toute nouvelle histoire…

Ce qui m'a beaucoup séduit dans ce roman, c'est l'itinéraire parcouru par chacun. Peu importe l'âge, nous sommes tous en devenir ! 

Ce roman, servi par une plume un brin mystique, est profondément lumineux, je vous le conseille !

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2021-09-29T18:10:52+02:00

Saint Phalle Monter en enfance de Gwenaëlle AUBRY

Publié par Tlivres
Saint Phalle Monter en enfance de Gwenaëlle AUBRY

L'essai de Gwenaëlle AUBRY "Saint Phalle Monter en enfance" publié aux éditions Stock fait partie de la sélection du Prix Renaudot, formidable nouvelle.

C'est l'occasion de revenir sur un magnifique livre sur une grande dame de l'art contemporain, Niki de Saint Phalle.

Au fil de XII chapitres, dont les titres sont choisis parmi les vingt-deux cartes du jeu, les Arcanes majeurs, Gwenaëlle AUBRY propose une forme de médiation artistique singulière autour de l’œuvre de Niki de SAINT PHALLE, le Jardin des Tarots réalisé sur la colline de Garavicchio en Toscane.

 

Elle déroule le fil de l’existence d’une artiste hors norme. La vie avait bien mal commencé pour elle avec ce viol incestueux à l’âge de 11 ans, l’été des serpents. A l’instar de sa mère qui voulait tout cacher, Niki de SAINT PHALLE montre tout, elle se joue de tout pour mieux se venger. Elle se marie avec Harry MATHEWS comme les règles de la bourgeoisie l’y obligent. C’est avec lui qu’elle a deux enfants mais ils ne sauraient la retenir au foyer familial. L’appel de l’art est trop fort. Elle rencontre Jean TINGUELY avec qui elle va jouir de l’existence. Lui est un passionné de Formule 1. Tous deux me font penser au couple formé par « Gabriële » BUFFET et PICABIA. Ils sont fougueux, ils croquent la vie à pleines dents, enivrés par la vitesse de leur bolide comme des événements.

Leur amour, Niki de SAINT PHALLE le qualifie d’une


amplification l'un de l'autre. P. 111

Niki de SAINT PHALLE et Jean TINGUELY ont ce point commun d’être des victimes de violence de leur père, à eux deux, ils en feront une force, un élan de création. Il y a, à partir de 1961, les tirs de carabine. Dans un contexte géopolitique des plus explosifs, elle tire sur les hommes, son père, sa mère, les institutions, l’Eglise… donnant naissance à des coulées de couleurs primaires, puis noires, sur des tableaux blancs faits de plâtre et mille et un objets collés, souvent coupants, tranchants… Il y aura ensuite les mariées, et puis, naîtra Hon, en 1966 à Stockholm.

 

Dès lors, plus rien ne peut les arrêter. En référence au roman de Ralph ELLISON « L’Homme invisible » sorti en 1952, Niki de SAINT PHALLE créera sa première Nana en 1966, Black Rosy en hommage à Rosa Parks.

De là à imaginer la création du Jardin des Tarots, il n’y a qu’un pas que les artistes franchiront main dans la main.

Dans une narration à la première personne du singulier, Gwenaëlle AUBRY prête sa plume tantôt à la voix de Niki de SAINT PHALLE, tantôt à sa démarche personnelle. J’ai beaucoup aimé le croisement des trajectoires et le concept de « Monter en enfance ».

Je suis totalement fascinée par le personnage, la femme, la féministe, l’artiste.

Je sors enivrée de l'avoir accompagnée tout au long de ces 278 pages.

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2021-09-28T06:00:00+02:00

Artifices de Claire BEREST

Publié par Tlivres
Artifices de Claire BEREST

Stock éditions

Retrouver la plume de Claire BEREST après "Rien n'est noir" et "Gabriële" est un petit bonheur. Là, changement de registre, l'écrivaine investit dans le champ du roman noir avec "Artifices".
Tout commence avec une scène de chaos, un bal du 14 juillet qui devient un bain de sang. Abel Bac voit ses nuits régulièrement perturbées par le même cauchemar. Quatre nuits par semaines, il donne libre cours à ses insomnies, se lève, s'habille et part déambuler dans les rues de Paris jusqu’à se perdre, jubile, et rentre. Abel Bac est flic, enfin, était. Il a été suspendu de ses fonctions il y a 8 jours. Il était lieutenant de police à la 1ère DPJ de Paris. Ses journées, il les passe seul, il s'occupe de ses quatre-vingt treize orchidées qu’il soigne avec une attention toute particulière. Et puis, comme personne ne le visite jamais... enfin, visitait, parce que la nuit dernière, la voisine du dessus, ivre morte, s'est trompée d'appartement. Cette intrusion dans son intimité le fait vaciller. Et puis, il y a ce journal, trouvé sur son paillasson, chaque jour, relatant la découverte d'un cheval blanc dans une bibliothèque de Beaubourg. Etrange, non ?

Dans le titre, "Artifices", il y a "Art". Une nouvelle fois, il est au coeur de l'histoire contée par Claire BEREST. Après le Centre Pompidou, d'autres établissements culturels verront en leur sein des mises en scènes pour le moins surprenantes. La partenaire d'Abel Bac, Camille, est chargée d'enquêter pour trouver qui se cache derrière ces performances artistiques. Au fil des rencontres du policier suspendu avec sa voisine, Elsa, étudiante en histoire de l'art, l'écrivaine nous éclaire sur l'acte de création artistique et la vie de l'oeuvre :


Donc, l’œuvre existe par son regard et même plus, son action subséquente. Rejet, destruction, sublimation, préservation, etc. P. 127

Claire BEREST ne saurait se contenter d'une toile ou d'une sculpture, non, elle emprunte la voie de la performance, en référence à l'artiste Marina ABRAMOVIC, pour explorer les formes d’expressions artistiques contemporaines.

Et puis, il y  a des personnages construits avec une incroyable minutie. L'autrice imagine des êtres torturés par des drames familiaux, hantés par les fantômes des disparus, des êtres poussés à changer d'identité. Si chacun avait imaginé être à l'abri de la résurgence du passé, il s'était trompé, au péril de tout ce qu'il avait construit depuis... et peu importent les "Artifices". Le roman endosse, alors, le costume du thriller psychologique. 


Il n’avait aucun goût pour l’analyse, mais les pensées sont des chauves-souris qui tournent, sifflent et se cognent dans le clocher de la tête. P. 59

Dans une plume énergique et haletante, Claire BEREST dévoile des liens restés dans l'ombre et gardés secrets. Si la vie ressemble parfois à un jeu, il n'y a que l'écrivaine qui en connaisse toutes les cartes. Suspense assuré !

Ce que j'aime avec Claire BEREST, c'est que rien n'est jamais laissé au hasard, pas même les prénoms des personnages, savamment choisis. Si les titres des chapitres de "Rien n'est noir" étaient extraits d'un nuancier de peinture, une bien jolie manière de ponctuer l'itinéraire de Frida KAHLO, là, c'est une fable de La Fontaine, "Le Renard, le Loup et le Cheval", qui structure cet excellent roman policier. 

L'écrivaine montre son talent dans un registre littéraire très codifié. Elle nous livre un véritable page-turner.

Je crois que rien ne peut décemment l'arrêter. Au fil d’une trainée de poudre, Claire BEREST fait des étincelles, les détonations ne tardent pas à se faire entendre. Elle nous offre dans les toutes dernières pages un puissant feu d'artifice. 

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2021-09-27T06:00:00+02:00

Hannes de Felicitas SCHWENZER

Publié par Tlivres
Copyright Felicitas SCHWENZER

Copyright Felicitas SCHWENZER

Ma #lundioeuvredart, c'est une photographie de Hannes qui "fait corps" avec les livres.

Parce qu'il n'y a pas de hasard dans la vie, c'est quand je lis le dernier roman de Claire BEREST, "Artifices", qui honore notamment les performances artistiques de Marina ABRAMOVIC, que je découvre le compte Instragram d'une toute jeune photographe allemande, Felicitas SCHWENZER, alias Oh_Ophelia.

Âgée de 25 ans, elle se focalise sur les corps, nus, et imagine des mises en scène tout à fait fascinantes de personnes seules ou à plusieurs.

Nul besoin d'un regard pour retenir l'oeil, l'intimité désexualisée représentée suffit à susciter l'émotion. 

Les jeux de mains, les chevelures... sont autant d'éléments naturels qui viennent souligner des détails d'une anatomie sublimée.

Les clichés, en noir et blanc, sont d'une esthétique remarquable. Je vous invite à les découvrir !

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2021-09-26T09:01:55+02:00

Love under pressure de James BLUNT

Publié par Tlivres
Love under pressure de James BLUNT

Mon chouchou, James BLUNT, nous revient avec un single « Love under pressure », c’est ma #chansondudimanche ».

 

L’amour, toujours l’amour, James BLUNT explore une nouvelle fois son thème fétiche mais là, il est en lutte contre un éventuel abandon.

 

L’artiste britannique nous envoûte du timbre de sa voix. 

 

Ce titre, très rythmé, est un inédit extrait de « The Stars Beneath My Feet (2004-2021) ».

 

Allez, maintenant, musique 🎶 

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2021-09-21T06:00:00+02:00

La femme et l’oiseau de Isabelle SORENTE

Publié par Tlivres
La femme et l’oiseau de Isabelle SORENTE
Après « Un tesson d’éternité » de Valérie TONG CUONG, une lecture coup de poing, les éditons Lattès font une rentrée littéraire remarquée avec le roman de Isabelle SORENTE, « La femme et l’oiseau », la découverte pour moi d’une très belle plume.
 
Thomas a 91 ans. Il vit dans les Vosges dont le quotidien s’organise autour de sa randonnée matinale, là haut dans la colline, son rendez-vous avec les oiseaux. Il leur parlerait, depuis son retour du camp de Tambov en Russie où il a été emprisonné pendant 2 ans après avoir été enrôlé de force dans l’armée allemande. Il était là bas avec son frère, Alex, lui n’en reviendra pas. Le vieil homme est hanté par ces fantômes et lutte contre ses démons par des voies mystérieuses. Mona lui fait ses courses, entretient la maison et lui prépare les repas. C’est alors qu’il reçoit un appel téléphonique de sa petite nièce, Elisabeth, Directrice d’une société cinématographique. Elle lui demande de l’accueillir avec sa fille, Vina, qui a agressé un jeune homme et qui est exclu de son établissement scolaire. Là commence une toute nouvelle histoire…
 
Je suis littéralement tombée sous le charme de l’écriture envoûtante de l’autrice, puissante, un brin mystique. Isabelle SORENTE plante lentement le décor et brosse minutieusement les portraits de ses trois personnages. Il y a l’effet de rupture bien sûr avec l’événement qui touche directement Vina mais qui va rayonner et venir fragiliser les châteaux de cartes de chacun. Les passés sont douloureux, les secrets lourds à porter.
 
La gestation pour autrui dont Vina est le fruit n’est, elle, pas un secret. Isabelle SORENTE relate une histoire, méconnue qui a pourtant permis à de nombreuses familles d’enfanter, grâce à des mères porteuses en Inde. Georges et Elisabeth sont restés dans ce pays pendant 9 mois. Ils sont rentrés à San Francisco avec leur bébé de quelques jours. Mais cette histoire de maternité n’est pas sans laisser de trace… et nous amène à réfléchir. Cette pratique n'est interdite en Inde que depuis 2019.
 
Je me suis retrouvée subjuguée par la complicité du vieil homme avec son arrière-petite-nièce. Ce séjour va être l’occasion pour l’un et l’autre d’apprendre à se connaître et s’apprivoiser. Tous deux partagent quelques points en commun qui ne vont pas manquer de nourrir leur relation. J’ai particulièrement aimé la mutation des hommes au gré des événements, des rencontres, des confessions, et du pardon.


Parce qu’on est si vulnérable quand on n’est pas celui qu’on était, mais pas encore celui qu’on va devenir. P. 256

Et puis, il y a ce lien aux arbres et aux oiseaux tout à fait singulier comme un baume pour soigner ses plaies. L’écrivaine explique le parcours méditatif depuis sa source jusqu’à sa maîtrise. Je me souviens très bien du roman de Frédérique DEGHELT, « Sankhara » publié chez Actes Sud, qui fait l’éloge du silence pour se REconstruire et avancer. Là, il y a le silence aussi, mais il y a aussi et surtout le partage,


Il avait lu un jour que toutes les espèces vivantes cherchent à communiquer. Mais que signifie communiquer, si ce n’est partager un secret ? P. 386

une transmission entre deux générations, de quoi mettre le pied à l’étrier de Vina qui va vivre un parcours initiatique en version accélérée auprès de Thomas.


Quand tu commences à changer de point de vue, c’est un peu comme si… comme si tu apprenais à marcher. Tu commences à voir le monde de plus haut, alors forcément tu vois des choses que tu ne voyais pas avant. P. 262

Lui a appris l’exercice d’une femme, il y a longtemps maintenant. Elle lui a ouvert les portes de la liberté, intérieure et spirituelle. Thomas est un rescapé du camp de Tambov. Personnage de fiction, il est largement inspiré des Malgré-Nous. Le livre prend, de fait, une dimension historique, celle que j’aime tant côtoyer avec la littérature.

Je sors de cette lecture totalement fascinée.

Ce roman, lumineux, est captivant ! Il est tout juste lauréat du Prix de la Feuille d'Or 2021 décerné par France Bleu, France 3 et L’Est Républicain. Souvenez-vous, l'année dernière, le lauréat était "Ce qu'il faut de nuit" de Laurent PETITMANGIN chez La Manufacture du livre. Souhaitons que le roman de Isabelle SORENTE vive le même succès !

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2021-09-20T06:00:00+02:00

Les fleurs de Natalia RAK

Publié par Tlivres
© Natalia RAk

© Natalia RAk

Ma #lundioeuvredart nous emmène loin de l'Anjou à la découverte d'une oeuvre réalisée par Natalia RAK, une artiste polonaise établie aux Etats-Unis qui réalise des créations monumentales dans le monde entier et d'une profonde sensibilité.

Il y a de la poésie dans sa manière de traiter les sujets.

Dans des couleurs chatoyantes, elle réalise des peintures éminemment réalistes. Là, la scène d'une biche dont les traits sont peints avec une grande finesse. Les fleurs roses viennent rehausser le délicat portrait brossé de l'animal, en harmonie avec la couleur tendre de l’intérieur de ses oreilles.

Elle rivalise avec le succès d'artistes masculins, tels que Banksy, JR, rien de moins.

Natalia RAK varie les formats pour aller du plus grand vers le plus petit et illustre des affiches, des albums. Son graphisme et l'esthétique de son art sont singuliers. Bravo !

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2021-09-19T06:00:00+02:00

Follow you de Imagine Dragons

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Follow you de Imagine Dragons

Ma #chansondudimanche est extraite du 4ème album du groupe américain, Imagine Dragons, créé en 2008.

J'ai choisi "Follow you", une jolie chanson d'amour très rythmée, pop rock comme on aime.

Et puis, il y a cette pochette d'album. Personnellement, je la trouve très esthétique et particulièrement réussie. Un oeil ouvert, en partie supérieure, l'autre fermé. 

Allez, maintenant, musique...

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2021-09-16T12:10:00+02:00

Saint Phalle Monter en enfance de Gwenaëlle AUBRY

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Saint Phalle Monter en enfance de Gwenaëlle AUBRY

Ma #citationdujeudi est l'opportunité de revenir sur une lecture récente, c'est un livre de la rentrée littéraire : "Saint Phalle Monter en enfance" de Gwenaëlle AUBRY édité chez Stock, un essai tout à fait original sur l'artiste.

L'oeuvre de sa vie, c'est le Jardin des Tarots de la colline de Garavicchio en Toscane. L'écrivaine, au gré d'une douzaine de cartes, assure la médiation des créations monumentales de Niki DE SAINT PHALLE réalisées avec Jean TINGUELY. A eux deux, ils vivront un rêve, iront jusqu'au bout pour donner une certaine forme de matérialité à leurs pensées les plus folles.

Ces deux êtres meurtris dans leur plus tendre enfance feront une force de la violence dont ils ont été victimes. 

Dans une narration à la première personne du singulier, Gwenaëlle AUBRY prête sa plume tantôt à la voix de Niki de SAINT PHALLE, tantôt à sa démarche personnelle. J’ai beaucoup aimé le croisement des trajectoires et le concept de « Monter en enfance ».

Cet essai fait partie de la première sélection du Prix Renaudot. Bravo !

Vous préférez découvrir cette grande Dame de l'art à travers un roman ? Qu'à cela ne tienne, je vous propose « Trencadis » de Caroline DEYNS chez Quidam éditeur, un coup de coeur.

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2021-09-14T20:14:37+02:00

Le Monde qui reste de Pierre VERGELY

Publié par Tlivres
Le Monde qui reste de Pierre VERGELY

Éditions Héloïse D’ORMESSON 

 

Le premier roman de Pierre VERGELY, c'est un coup de coeur, l'occasion d'un nouveau clin d'oeil à Marie MONRIBOT et son "Coeur gros".

 

Nous sommes au début de la seconde guerre mondiale, le 10 mars 1941. Tout commence avec cette arrestation. Charles Vergely, surnommé « Finch », a 18 ans. Il se rend pour épargner ses parents. Suivront des interrogatoires musclés. Il est transféré au Cherche Midi, puis au Fresne. Son quotidien est rythmé par les actes de torture mais il ne lâchera rien. Non, l'ennemi n'obtiendra pas le nom de celui qui a commandité cette lettre à partir pour Londres. Ni Charles VERGELY ne cèdera, pas même par les autres prisonniers de son réseau. Les 17 accusés pour espionnage, aide à l’ennemi, opinions gaullistes… seront condamnés à mort par le tribunal militaire installé à proximité du Crillon à Paris. Dès lors, la vie prend une toute nouvelle dimension.

 

Avec ce roman historique, Pierre VERGELY rend hommage à son père, un soldat, un résistant, un jeune homme dont la maturité est redoutable.


Hier, avec mes camarades, nous avons gagné le plus grand des procès : nous avons acquis le pouvoir d’être tués pour nos idées. P. 74

Il n’a que 18 ans et pourtant, quel amour pour la patrie, quel sens du devoir ! Loin de ses parents, confronté à la haine de ses bourreaux, il garde la tête haute. Il est absolument incroyable de courage. S'il est abattu par l'ennemi, il veut pouvoir le regarder en face. Le pire des châtiments serait pour lui de mourir les yeux bandés.

 

Et puis, il y a la place du beau. Alors que tout n’est que misère, déchéance et insalubrité… Charles VERGELY mène une quête insatiable.


En caressant la beauté, l’imaginaire m’offre d’échapper à la laideur du temps présent. P. 121

C’est assez incroyable et pourtant… il a cette volonté et cette témérité qui font de lui quelqu'un d'exceptionnel. Pour surmonter la torture dont il était victime chaque jour, il avait choisi sa voie. Comme j'ai aimé ce passage sur les objets qu'il s'amuse à détourner de leurs usages. Ils ne sont pas nombreux dans la cellule mais à chacun, il porte une attention toute particulière et fait fonctionner son imagination pour lui trouver une nouvelle vocation, belle ou drôle bien sûr. Tout cela n'est qu'un jeu, n'est-ce pas !

 

Enfin, il y a la place des livres. Je n'ai bien sûr pas pu m'empêcher de noter toutes ces références distribuées à l'envi. Quelle émotion devant l'ouverture d'un colis reçu de sa mère dans lequel il trouvera savon, chaussettes tricotées et... "Jérôme 60°" de Maurice BEDEL. Si là n'est pas l'essentiel...

 

Chez les VERGELY, il y avait de l'amour, c'est certain. La relation de couple entre père et mère est nourrie de cette force que rien ne pourrait détruire, et puis, il y a celle de Charles entretenue alternativement avec son père et sa mère. Là, juste vous dire que j'ai été bouleversée par la lecture de quelques moments de complicité. Impossibilité de se toucher, de s'étreindre au parloir, il n'y a que les regards, mais quelle puissance ! 

 

Dans une plume tendre et délicate, le fils fait de son père un personnage de roman. Il dresse un portrait éminemment honorable d’un résistant et assure la mémoire de celles et ceux qui ont donné leur vie pour leur pays. Pierre VERGELY réussit à traiter un sujet grave avec humour, c'est la preuve de son immense talent.

 

Ce roman, c’est une prouesse littéraire, un premier roman EXTRAordinaire. Il fait partie de la présélection des Talents Cultura 2021 !

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2021-09-13T11:30:00+02:00

Comme un oiseau en cage de d_r_e_c

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Comme un oiseau en cage de d_r_e_c

Une nouvelle fois, ma #lundioeuvredart, je l'ai découverte à La Rezidence initiée par Doris KOFFI et son association Artproject Partner. Après

"Les bulles" de Doline LEGRAND DIOP

"L'oeil" de NMO Art

place à "Comme un oiseau en cage", une fresque réalisée par d_r_e_c, un street artiste angevin par adoption.

A la bombe, le peintre porte un regard sur l'homme du XXIème siècle.

Les yeux dans un casque de réalité virtuelle, le nez et la bouche dans le masque chirurgical qui a envahi nos vies depuis quelques mois, les doigts sur le smartphone, les oreilles mobilisées par des écouteurs. A bien y regarder, les cinq sens de l'Homme sont annihilés par de nouvelles technologiques.

L'être humain se retrouve ainsi emprisonné par ce qu'il a créé. Le voilà la tête en cage, sous le regard d'une colombe, qui, elle, l'a quittée pour s'envoler.

Le message est puissant et fascinant, l'esthétisme remarquable.

La Rezidence, ce lieu d'exposition d'art contemporain éphémère (faites-vite, après le mois de septembre, il sera trop tard), les oeuvres militantes sont nombreuses et donnent à réfléchir sur ce que nous sommes, une façon originale et artistique d'offrir une certaine vision du monde.

A méditer sans modération !

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2021-09-12T06:00:00+02:00

Love Can Only Heal de Myles KENNEDY

Publié par Tlivres
Love Can Only Heal de Myles KENNEDY

J'ai envie de douceur et d'amour... que pensez-vous de "Love Can Only Heal" de Myles KENNEDY, le chanteur américain et guitariste ?

Si certains titres sont très rock, celui-là est séduisant à plus d'un titre. C'est ma #chansondudimanche !

Alors, vous aimez ?

Il sera au Hellfest 2022 à Clisson, peut-être un rendez-vous à noter dès maintenant...

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2021-09-10T10:14:45+02:00

Au-delà de la mer de Paul LYNCH

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Au-delà de la mer de Paul LYNCH

Albin Michel

 

Bolivar commence sa journée. Il est prêt à partir pêcher en mer. Rien ne saurait l’arrêter, ni son chef, Arturo, qui l’intime de rester à terre, ni la tempête annoncée par les services de météo, ni l’absence d’Angel, son binôme habituel, ni même Hector, l’adolescent recruté par défaut. Il est fou mais le voilà à bord de son panga. Son objectif, s’éloigner de la côte d’une centaine de milles pour accéder à sa zone de pêche favorite, les autres, les « gosses », ne s’y aventurent pas, c’est « le bout du monde ». Bientôt le vent se lève, les déferlantes aussi, l’eau envahit le bateau, il faut l’écoper… au péril de sa vie. Là commence une toute nouvelle histoire !

 

Dans un environnement de fiction et dans le huis clos du bateau de pêche, les deux hommes de deux générations différentes soumis à la furie des éléments, au rythme des levers et couchers de soleil, à l’action du sel sur les corps et les âmes…


Il commence à se dire que tous ses souvenirs vont disparaître, comme si le sel était en train de ronger l’espace où les images sont encloses. P. 127

ils vont progressivement tisser le fil d’une certaine forme d’amitié, contraint par les éléments à la solidarité. 

 

Au rythme de la réminiscence des souvenirs et des introspections de chacun…


Il se tait pour se plonger dans une vision intérieure qui le ramène vers les lieux d’autrefois. P. 96

les hommes improvisent la confession à haute voix de leurs maux, leurs fautes, leurs regrets. Et si leur dessein devenait maintenant la quête du pardon ?

 

Entre les phases de sommeil et d’éveil, rêve et réalité, hallucination et matérialité, les mots posés sur les émotions sont profondément touchants. J’ai senti mon coeur se serrer et s’étreindre.

 

Et puis, j’ai succombé devant les philosophies de vie, ou de mort, des deux personnages. À chacun son parti pris (sans aucun jugement de l’auteur), tout est affaire de volonté, de « force vitale », un concept que Paul LYNCH se plaît à explore, pour notre plus grand plaisir.


[…] celui qui choisit de mourir plutôt que de vivre est le seul à comprendre ce qu’est la liberté. P. 182

Dans une plume onirique que je découvre, Paul  LYNCH nous transporte au fil de l’eau et nous offre un formidable voyage. J’ai noté des dizaines de citations, de quoi alimenter quelques chroniques à venir 😉

 

Merci Sandra pour cette très belle nouvelle référence du Book club.

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2021-09-09T21:28:10+02:00

Gabriële de Anne et Claire BEREST

Publié par Tlivres
Gabriële de Anne et Claire BEREST

Alors que je m'apprête à me lancer dans la découverte du tout nouveau roman de Claire BEREST "Artifices", je me plais à réévoquer "Gabriële", un roman écrit à quatre mains par deux soeurs, écrivaines, au talent incroyable

Publié initialement chez Stock éditions, il est aujourd'hui disponible chez Le livre de poche.

Quelques mots de l'histoire :

Gabriële, née BUFFET, grandit au côté de femmes inspirantes, sa grand-mère, Laure de JUSSIEU, essayiste, sa tante, Alphonsine, peintre, formée avec Berthe MORISOT auprès de Charles CHAPLIN. En 1898, elle tente le concours d’entrée au Conservatoire national de musique de Paris. Elle échoue, mais, acharnée, elle sera la première femme à accéder à la classe composition de La Schola Cantorum. Elle part pour Berlin contre l’accord de ses parents. Là-bas, elle gagne sa vie pour payer ses cours après de Ferruccio BUSONI, auteur du manifeste « Esquisse d’une nouvelle esthétique de la musique », l’homme cultive le terreau déjà bien fertile chez Gabriële, il transmet à ses élèves l’envie de créer. Il dit lui-même « Qui est né pour créer devra préalablement accepter la grande responsabilité de se débarrasser de tout ce qu’il a appris. » Gabriële se délecte des plaisirs qu’offre Berlin, la capitale européenne porteuse de modernité. Elle y poursuit ses études de musique. Lors de l’un de ses séjours en famille, son frère, Jean, peintre, qui a élu domicile à Moret-sur-Loing dans les pas de l’impressionniste Alfred SISLEY, lui présente Francis PICABIA. Là commence une toute nouvelle histoire !

Cette histoire d’amour entre deux monstres de l'art, Gabriële BUFFET et Francis PICABIA, relève de la passion vertigineuse, de celles qui vous font tout abandonner sur le champ. Anne et Claire BEREST nous livrent un roman rythmé, euphorique, juste jubilatoire. Un cadeau à offrir sans modération !

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2021-09-08T06:00:00+02:00

SAINT PHALLE Monter en enfance de Gwenaëlle AUBRY

Publié par Tlivres
SAINT PHALLE Monter en enfance de Gwenaëlle AUBRY

Éditions Stock

Il y a plusieurs manières d’aborder l’œuvre monumentale de Niki de SAINT PHALLE, aller dans un musée, naviguer sur la toile, lire le roman « Trencadis » de Caroline DEYNS ou bien « SAINT PHALLE Monter en enfance » qui sort aujourd’hui en libraire, un livre de Gwenaëlle AUBRY.

Au fil de XII chapitres, dont les titres sont choisis parmi les vingt-deux cartes du jeu, les Arcanes majeurs, Gwenaëlle AUBRY propose une forme de médiation artistique singulière autour de l’œuvre de Niki de SAINT PHALLE, le Jardin des Tarots réalisé sur la colline de Garavicchio en Toscane.

Elle déroule le fil de l’existence d’une artiste hors norme. La vie avait bien mal commencé pour elle avec ce viol incestueux à l’âge de 11 ans, l’été des serpents. A l’instar de sa mère qui voulait tout cacher, Niki de SAINT PHALLE montre tout, elle se joue de tout pour mieux se venger. Elle se marie avec Harry MATHEWS comme les règles de la bourgeoisie l’y obligent. C’est avec lui qu’elle a deux enfants mais ils ne sauraient la retenir au foyer familial. L’appel de l’art est trop fort. Elle rencontre Jean TINGUELY avec qui elle va jouir de l’existence. Lui est un passionné de Formule 1. Tous deux me font penser au couple formé par « Gabriële » BUFFET et PICABIA. Ils sont fougueux, ils croquent la vie à pleines dents, enivrés par la vitesse de leur bolide comme des événements.

Leur amour, Niki de SAINT PHALLE le qualifie d’une

amplification l’un de l’autre P. 111

Niki de SAINT PHALLE et Jean TINGUELY ont ce point commun d’être des victimes de violence de leur père, à eux deux, ils en feront une force, un élan de création. Il y a, à partir de 1961, les tirs de carabine. Dans un contexte géopolitique des plus explosifs, elle tire sur les hommes, son père, sa mère, les institutions, l’Eglise… donnant naissance à des coulées de couleurs primaires, puis noires, sur des tableaux blancs faits de plâtre et mille et un objets collés, souvent coupants, tranchants… Il y aura ensuite les mariées, et puis, naîtra Hon, en 1966 à Stockholm,


La plus grande putain du monde

Dès lors, plus rien ne peut les arrêter. En référence au roman de Ralph ELLISON « L’Homme invisible » sorti en 1952, Niki de SAINT PHALLE créera sa première Nana en 1966, Black Rosy en hommage à Rosa Parks.

De là à imaginer la création du Jardin des Tarots, il n’y a qu’un pas que les artistes franchiront main dans la main.

Dans une narration à la première personne du singulier, Gwenaëlle AUBRY prête sa plume tantôt à la voix de Niki de SAINT PHALLE, tantôt à sa démarche personnelle. J’ai beaucoup aimé le croisement des trajectoires et le concept de « Monter en enfance ».


Sans doute sait-elle que ce ne sont pas les monstres qui pourchassent les enfants, mais que l’enfance est elle-même le monstre auquel on tente, sa vie entière, d’échapper. P. 29

Toute la vie de Niki de SAINT PHALLE aura été un combat…


Mers du Sud, neiges éternelles ou brasier sacrificiel : elle cherche l’élément où disparaître, où se dissoudre pour mieux renaître. […] C’est comme si elle avait besoin de réunir en un seul geste ce qui la tue et ce qui la sauve. D’embrasser de très près ce qui la menace pour forcer son salut. De plonger dans le noir pour en faire surgir la couleur. P. 244/245

pour notre plus grand plaisir aujourd’hui.

Je suis totalement fascinée par le personnage, la femme, la féministe, l’artiste. Merci infiniment, Gwenaëlle AUBRY, de nous offrir, avec ce merveilleux opus, l’opportunité de renouer avec cette grande femme de l’Art. Je sors enivrée de l'avoir accompagnée tout au long de ces 278 pages.

Cet essai fait partie de la première sélection du Prix Renaudot. Bravo !

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2021-09-07T21:47:38+02:00

Enfant de salaud de Sorj CHALANDON

Publié par Tlivres
Enfant de salaud de Sorj CHALANDON

Éditions Grasset

Je referme « Enfant de salaud », le 10ème roman de Sorj CHALANDON, et suis sous le choc d’une telle prose, d’une telle mise en abîme de deux trajectoires.

Tout commence avec la visite de la Maison d’Izieu dans l’Ain, celle qui a accueilli une colonie d’enfants, celle qui les as vus raflés le 6 avril 1944 par la Gestapo. 44 enfants ont été déportés avec les adultes qui s’occupaient d’eux. Le narrateur, journaliste, ressent au plus profond de son corps les vibrations de cette maison. Il repart avec plus de mystères à élucider que de réponses aux questions qu’il se posait à son arrivée. Peut-être que le procès de Klaus BARBIE lèvera le voile sur son lot ignoble de la grande Histoire, à moins que ça ne soit les confrontations avec son propre père qui finissent par l’éclairer…

Sorj CHALANDON fait de son histoire familiale, une nouvelle fois, le sujet d’un roman. La littérature lui permet de jouer avec les temporalités et d’orchestrer la synchronisation de deux formes de procès. Il y a celui qui est grand public, en 1987, devant la Cour d’Assises de Lyon. Il y a celui qui se passe au sein d’un microcosme familial. Dans les deux cas, l’auteur est en quête de vérité, qu’il s’agisse de son cadre professionnel comme de l’intime.

Les premières pages sont absolument glaçantes. Elles permettent à l’auteur d’honorer la mémoire des déportés d’Izieu, de laisser une trace pour les générations à venir. Qu’on se le dise. Tous ont été transférés vers les camps de la mort parce qu’ils portaient une étoile jaune.

Mais très vite, le roman se focalise sur le père de l’auteur, un mythomane, un affabulateur, un usurpateur. Le journaliste professionnel mandaté pour couvrir le procès de Klaus BARBIE découvre un être porté par un dessein abject.


Être anonyme, ta vie entière s’est construite autour de cette menace. P. 144

J’ai été frappée tout au long de cette lecture, coup de poing, par l'omniprésence de la fuite.

La fuite du père qui s’est toujours sorti d’affaire, changeant de camp comme de chemise, portant indifféremment la Croix de Lorraine et la croix gammée. Il n’a ni honte, ni honneur, c’est le salaud tel que Sorj CHALANDON le définit :


Le salaud, c’est l’homme qui a jeté son fils dans la boue. Sans traces, sans repères, sans lumière, sans la moindre vérité.

L’auteur se dit trahi par son père. Depuis sa plus tendre enfance, depuis la révélation de son grand-père :


Ton père pendant la guerre, il était du mauvais côté. P. 32

il n’a eu d’objectif que de découvrir les activités de son père pendant la seconde guerre mondiale. 

La fuite, c’est aussi la voie empruntée par celui qui sera condamné à perpétuité. Klaus BARBIE a usé du droit français pour échapper lors de son procès au regard de ses victimes, aux témoignages des actes de tortures qu'il avait ordonnés.

La narration à la seconde personne du singulier est d'une force redoutable, les mots tranchants, les silences assourdissants, la fin magistrale.

Les jurés du Prix Goncourt ne s’y sont pas trompés. Il s’agit là d’un nouveau coup de maître de l’auteur, il figure dans la première sélection. Haut les cœurs pour ce grand homme de la littérature !

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2021-09-06T21:34:03+02:00

Fret aérien de Carlos CHACIN

Publié par Tlivres
Fret aérien de Carlos CHACIN

Ma #lundioeuvredart, une nouvelle fois, je l'ai découverte sur le parcours Nov'Art, une exposition temporaire d'art contemporain sur les communes de Villevêque et Soucelles, toutes deux réunies dans la commune nouvelle #rivesduloirenanjou.

Après "Otto" de Elsa TOMKOWIAK, une création très esthétique, voici une déclinaison de "Fret aérien" de Carlos CHACIN. Cette oeuvre est installée dans le moulin. Elle fait partie d'une série de créations, faisant appel à différentes disciplines artistiques : la sculpture, la peinture et le dessin.

L'artiste colombien axe ses réalisations autour de trois thèmes dont celui de la respiration. Carlos CHACIN représente à sa manière la pollution et les conséquences écologiques du phénomène, il traite également de l'épidémie de Covid19 bien sûr. Ces deux gros poumons noircis donnent à voir le déplorable état de santé de l'humanité. 

Et puis, vous l'avez peut-être repéré. Il y a un barbelé en partie supérieure de l'oeuvre. Avec cet accessoire, l'artiste dénonce les frontières édifiées entre les états, toutes ces barrières qui sont autant de freins au déplacement et à la migration des populations.

Sur le parcours, chacun pourra choisir une création plus qu'un autre, certaine sont réalisée avec de l'argile dans une teinte chaude, le marron, d'autres sont peintes avec des couleurs chatoyantes. Mais, ne vous y trompez pas, la violence transcende toutes les oeuvres de Carlos CHACIN. L'art nous offre l'opportunité de méditer...

Vous avez jusqu'au 19 septembre pour réaliser votre visite. Après, il sera trop tard !

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2021-09-05T08:52:13+02:00

Ani Kuni de Polo & Pan

Publié par Tlivres
Ani Kuni de Polo & Pan

Pour ma #chansondudimanche, j’ai choisi de rester dans le ton de la semaine.

Vous avez peut-être lu ma chronique sur « Maikan » de Michel JEAN.

En story, elle était accompagnée d’un chant d’autochtones Indiens d’Amérique.

Là, je vous propose un remix de comptines indiennes qui a le vent en poupe. C’est l’album de Polo & Pan. Après avoir été à la première place, le voilà à la 11ème des hits du moment.

Allez, maintenant, 🎶 

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2021-09-03T06:00:00+02:00

Maikan de Michel JEAN

Publié par Tlivres
Maikan de Michel JEAN

Éditions Dépaysage

Nouvelle lecture largement recommandée par la team de « Varions Les Éditions en Live » (Vleel). Vous vous souvenez peut-être de

"Tu parles comme la nuit" de Vaitiere ROJAS MANRIQUE aux éditions Rivages

ou bien "Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG aux éditions Christian BOURGOIS,

ou encore "Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME aux Editions Cambourakis

et bien, une nouvelle fois, je me suis laissée porter par ses références, et j'ai sacrément bien fait.

"Maikan" de Michel JEAN est une lecture coup de poing, un CRI !

Audrey Duval, Avocate, se voue chaque année à une cause solidaire. Loin des milieux huppés qu’elle fréquente habituellement, elle se retrouve en quête d’une vieille femme, Marie Nepton, dont elle souhaite percer le jour. Elle a disparu de tous les radars alors que le gouvernement lui doit une indemnité pour se faire « pardonner » de ce que le régime, de concert avec le clergé, a causé à son peuple, les Innus de Mashteuiatsh, des Amérindiens. Nous sommes en 1936 quand les politiques décident d’assimiler des « sauvages », les éduquer, mais là commence une autre histoire.

Alors que le Canada est aujourd’hui largement plébiscité pour les modalités de participation de ses citoyens,  j’étais loin d’imaginer qu’il était, dans une histoire récente, l’auteur d’un génocide culturel. La révélation qu’en fait Michel JEAN dans "Maikan" m’a touchée en plein coeur, c'est un CRI qu'il hurle lui-même, il dédie effectivement son roman à "plusieurs membres de sa famille qui ont fréquenté le pensionnat de Fort George".

J’ai été subjuguée, je dois bien le dire, par la beauté des premières pages, des descriptions tout à fait fascinantes de la nature, mais aussi des us et coutumes des Innus, peuple nomade, qui, au fil des saisons, migrait pour chasser et ainsi se nourrir, se vêtir… J'ai été fascinée par la transmission de savoirs entre générations. Chez lui, nul besoin de mettre des mots sur les gestes... 


Pour la première fois, Charles allait diriger sa propre embarcation, sans sa mère pour le guider. Mais il savait déjà comment le manier, même dans les eaux tumultueuses de la crue printanière. Il n’avait qu’à imiter les gestes qu’il l’avait vue répéter au fil du temps. Des gestes qui, sans qu’il s’en rende compte, faisait partie de lui désormais. P. 92

Mon CRI d'indignation a été d'autant plus grand quand j'ai vu les enfants des Innus arrachés à leurs familles, sous peine de représailles, pour les civiliser. Ils avaient entre 6 et 16 ans. Mais de quel droit ? Et quand j'ai découvert à quel point ils étaient humiliés, maltraités, violés... par les religieux, de l'indignation, je suis passée à la colère. S'il ne suffisait pas de leur faire oublier tout ce qui constituait leurs origines culturelles, il fallait encore qu'ils les violentent à outrance. Qui étaient les sauvages ?


Même une longue vie comme la sienne ne suffit pas à apaiser la colère qui brûle le cœur de l’Innue quand elle évoque le jour du départ pour Fort George. P. 175

Des pensionnats comme Fort George, il y en a eu 139 au Canada, 4 000 enfants y sont morts. Avec ce roman, "Maikan" qui veut dire les loups, Michel JEAN assure la mémoire des Amérindiens sacrifiés au titre d'une politique ignoble. Il donne de l'écho aux procédures juridiques toujours en cours contre l'Etat pour les indemnisations des familles. La narration qui fait se croiser fiction et réalité avec des personnages de femmes remarquables, Audrey et Marie, permet aussi de créer du lien entre deux périodes, les années 1930 d'une part, les années 2010 d'autre part. Le procédé est ingénieux et parfaitement réussi.

La plume est d'une très grande sensibilité, elle est soignée comme la qualité des première et quatrième de couverture, bravo. 

Ce roman, c'est un CRI du coeur pour ce qu'il dévoile de la grande Histoire, qu'on se le dise. Plus jamais ça (si seulement on pouvait encore l'espérer...) !
 

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2021-09-02T12:00:00+02:00

La beauté des jours de Claudie GALLAY

Publié par Tlivres
La beauté des jours de Claudie GALLAY

La nouvelle performance de l'artiste Marina ABRAMOVIC à l'Opéra National de Paris pour le spectacle-opéra "7 Deaths of Maria Callas" est l'occasion de revenir sur le roman de Claudie GALLAY : "La beauté des jours" chez Actes Sud, un coup de coeur.

Je vous dis quelques mots de l'histoire.

Jeanne et Rémy s’aiment profondément. Ils sont mariés depuis une vingtaine d'années, ils ont deux filles, jumelles, étudiantes, Chloé et Elsa. Leur vie est on ne peut plus rangée. Elle travaille à la Poste, lui chez Auchan, leur vie est réglée comme du papier à musique.  Mais si Rémy peut se contenter d'entretenir le jardin, réaliser des travaux dans la maison et entraîner les jeunes du village au football, Jeanne, elle, court après quelque chose qui vienne pimenter son existence, lui donner un peu de fantaisie et lui procurer des surprises. Le temps du déjeuner, elle se laisse porter, parfois, par les pas d'un homme, d'une femme, qui la guident dans la cité, quelques instants. Elle imagine leur vie, se plait à écrire une page de leur destin, jusqu'au jour où le soi-disant inconnu se retourne et l'appelle par son prénom. Là commence une toute nouvelle histoire !

Le personnage de Jeanne est absolument fascinant. Outre toutes ses qualités personnelles remarquables, elle voue, depuis son adolescence, une passion à Marina ABRAMOVIC, une artiste contemporaine qui a puisé son inspiration dans ses peurs personnelles.

Elle s’est singularisée avec des performances physiques et mentales. Elle s’est inscrite dans le mouvement de l’art corporel et a fait, de son propre corps, un champ d’expérimentation. Personnellement je ne la connaissais pas avant la lecture de ce roman mais grâce aux ponctuations données avec ses citations régulièrement recopiées par Jeanne dans son carnet qui fait office de journal intime, je me suis familiarisée avec l’univers de cette artiste. Sous la plume de Claudie GALLAY, le portrait brossé de l’artiste prend une dimension tout à fait particulière. Elle enrichit ainsi les soirées de Jeanne passées sur l’ordinateur avec toutes ces citations minutieusement recopiées dans son carnet qui fait office de journal intime et rend un très bel hommage à une femme qui n’a pas hésité à mettre sa vie en danger pour réaliser ses projets artistiques. J’ai été personnellement très touchée par la puissance libératrice de l'art qui permet, tant à celui qui crée, qu'à celui qui admire, de s'émanciper, repousser les limites et ouvrir le champ des possibles. 

Il n'y avait donc qu'un pas à franchir pour extraire de ce très beau roman ma #citationdujeudi.

C'est aussi l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'équipe de mon Book Club. "La beauté des jours" de Claudie GALLAY est en circulation !

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