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Articles avec #vendredilecture catégorie

2024-04-05T06:00:00+02:00

La Colère et l’Envie d’Alice RENARD

Publié par Tlivres
La Colère et l’Envie d’Alice RENARD

Éditions Héloïse d’ORMESSON

 

J’aime faire confiance aux premiers romans, par principe. Vous vous souvenez bien sûr de toutes ces années de lectures partagées avec les 68 Premières fois.

 

De passage à la Librairie L’étincelle d’Angers, dans la rentrée littéraire de septembre 2023, j’avais choisi « Ce que je sais de toi » d’Eric CHACOUR, bonne pioche, et « La Colère et l’Envie » d’Alice RENARD, un roman qui m’a émue aux larmes. Je vous explique.

 

Dans un couple naît une enfant, Isor, dont les comportements semblent… différents. Si les parents ont tout d’abord pensé à une surdité l’empêchant d’entendre son environnement et d’interagir avec lui, ils se sont rapidement rendus compte que leur fille souffrait de quelque chose de plus complexe que les médecins ne réussissaient d’ailleurs pas à identifier. Paradoxalement, Isor les surprenait avec des réalisations tout à fait inattendues. Ils décidèrent de rompre avec le système et de la prendre exclusivement en charge. Mais c’était sans compter sur ce dégât des eaux les obligeant à confier Isor à Lucien, leur voisin, une homme de plus de 70 ans. C’est là que commence, pour tous, une nouvelle vie.

 

J’ai été émue aux larmes par cette histoire écrite par une toute jeune femme, Alice RENARD. Souvenez-vous bien de son nom, elle va faire un tabac.

 

D’abord, il y a la narration, un exercice parfaitement réussi. Le roman est pour partie choral, pour partie construit comme une discussion, pour partie comme le récit à la première personne du singulier, pour partie encore sous forme de correspondance. Bref, le procédé est audacieux et montre à quel point Alice RENARD a talent.

 

Et puis, il y a l’histoire, faite d’intrigues. Les personnages d’Isor et Lucien recèlent à eux deux de profonds mystères qui rendent le roman haletant. 

 

J’ai été happée par la complicité de deux êtres que les générations séparent mais que la solitude unie. Il y a des moments de pure complicité si beaux. 


J’aimerais tout posséder pour pouvoir tout t’offrir.

Je dis ça alors que rien ne nous manque. Ou peut-être un orchestre privé ? Un tapis plus moelleux ? Ta tête sculptée huit fois en guise de pion sur un plateau de petits chevaux ? Un théâtre dans l’arrière-jardin avec des chaises à fleurs et à paillettes ? Des journées faites seulement d’après-midis et aucune nuit pour les séparer ? Que je sois un adolescent, pour qu’on ait un futur plus long que notre présent, et que je sois tout frêle et tout chétif, pour qu’à ton tour tu me prennes sur les genoux. Que l’on m’accorde un vœu pour souhaiter que tous les tiens se réalisent. Que tu aies des chaussures à grelots et que la maison soit pleine de couloirs pour étirer ces moments où je t’entends venir vers moi. P. 81

La relation établie entre Isor et Lucien repose sur des choses simples, tellement naturelles et spontanées. C’est beau et puissant.

 

Mais Alice RENARD ne saurait s’en contenter. Elle donne un ton lyrique à son histoire, de quoi vous transporter et vous étreindre le coeur.

 

Sans oublier la place faite à la musique…


Je me crée des listes de morceaux à écouter pour toutes les occasions. Par exemple « c’est le premier jour de l’hiver et il fait froid », ou bien encore « je perds mes clefs et j’ai besoin de me calmer ». Ce sont des listes au cas où, pour être consolé. Oui, très exactement, des lettres de consolation que je m’écris à l’avance. Un filet de sécurité. Et puis il y a les « listes mémoire », qui engravent mon souvenir d’un événement, d’une période, d’une année. P. 88-89

C’est juste éblouissant. 

Tout au long de cette lecture j’ai pensé à cet album jeunesse « Nous, les émotions » de Tina OZIEWICZ et Aleksandra ZAJAC, tellement à propos.

Bravo à Alice RENARD pour le Prix Méduse 2023, nul doute qu'elle sera honorée d'autres récompenses pour son magnifique premier roman.

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2024-03-22T07:00:00+01:00

Résistance 2050 d’Amanda STHERS et Aurélie JEAN

Publié par Tlivres
Résistance 2050 d’Amanda STHERS et Aurélie JEAN

Éditions de L’Observatoire

 

Si après un regard dans le rétroviseur avec « Oma » d’Ariel MAGNUS et « Bakhita » de Véronique OLMI, on portait les yeux droit devant… place aujourd’hui au roman d’Amanda  STHERS et Aurélie JEAN : « Résistance 2050 ». 

 

Imaginons la France coupée en 2 bastions, ceux qui ont fait confiance à la science et ont accepté de se faire poser une puce au niveau du cerveau. Ce petit corps étranger technologique, dont les inventeurs viennent de se voir honorés du Prix Nobel de médecine, les met à l’abri de tout risque sanitaire et leur assure  une vie paisible et harmonieuse, plus d’émotions ni de croyances en de quelconques religions… mais les expose, à qui veut l’entendre, à tout dysfonctionnement, voire piratage, informatique. Face à eux, le clan de ceux qui souhaitent conserver leur liberté de pensée et d’expression, en minorité, plutôt implantés en Bretagne et dans la région de Marseille. A leur tête, deux femmes qui, le temps d’une nuit, vont vivre une folle histoire d’amour. 

 

Tout va très vite aujourd’hui. L’intelligence artificielle se démocratise et s’invite dans nos vies personnelles. L’Homme continue d’afficher son impuissance devant la maladie d’Alzheimer et ses fragilités devant le vieillissement de la population. Pourquoi succomber au charme des progrès technologiques ou résister ? 

 

Le duo d’écrivaines nous propose d’entrer par la petite porte des moyens technologiques pour aborder bien plus largement le dessein politique. A quel projet souhaitons-nous adhérer, celui d’un régime totalitaire ou d’une démocratie ? 

 

Le propos est haletant, le livre un véritable page-turner.

 

Comme sa première de couverture et son format ne le laissent pas supposer, il est publié par les éditions de L’Observatoire que je remercie pour cette lecture tout à fait diabolique. N’avons-nous pas en réalité le choix entre la peste et le choléra ?

 

Roman d’anticipation, dystopie, ce roman à quatre mains est absolument remarquable. Tout y est, l’ancrage dans notre vie quotidienne et la projection à quelques décennies. Les personnages sont attachants, les scénarios tellement glaçants. Chapeau Mesdames !

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2024-03-15T09:46:24+01:00

Oma d'Ariel MAGNUS

Publié par Tlivres
Oma d'Ariel MAGNUS

Éditions de L’Observatoire

 

Ecrire sur la vie de sa propre grand-mère peut s’avérer hasardeux pour tout un tas de raisons. Votre propre parent pourrait vous proposer un choix qui le serait d’autant plus :


Sois tu attends que ta grand-mère meure, soit tu te débrouilles pour qu’elle ne l’apprenne pas. P. 146

Il n’en faudra pas plus pour Ariel MAGNUS pour se jeter à l’eau et il a sacrément bien fait. Il nous livre un livre exceptionnel, publié pour la première fois en 2006 en espagnol et en 2012 en allemand. Il vient tout juste de sortir en France grâce à la traduction de Margot NGUYEN BÉRAUD et aux éditions de L’Observatoire que je remercie pour ce très beau cadeau.

 

« Oma », traduisez Grand-mère, est donc un livre non seulement inspiré d’une histoire vraie  mais également de l’histoire familiale de l’auteur, Ariel MAGNUS, descendant d’immigrés juifs allemands.

 

« En guise d’avertissement », dès les premières pages, Ariel MAGNUS nous expose son dessein, non pas raconter une énième histoire de survivants de la Shoah, mais se focaliser sur ce qu’en dit sa grand-mère, ce qu’elle a à lui transmettre, à lui, et ce qu’elle acceptera qu’il communique au grand public.

 

Ce projet faisait partie d’échanges réguliers avec sa grand-mère sans jamais aboutir. C’est lorsqu’elle décida de lui rendre visite à Berlin que tout s’est concrétisé.

 

Cette lecture, je l’ai faite d’une traite, en apnée totale.

 

Bien sûr, il y a l’itinéraire de cette femme que je vous laisserai découvrir, un parcours fascinant.

 

Plus que ses années passées sous l’emprise du Führer, ce qui m’a intéressée c’est l’après, la trajectoire donnée à sa vie, parfois guidée par l’opportunité d’un jour, souvent dictée par des convictions personnelles 


Le médecin au Brésil m’avait dit que je ferais mieux de ne pas mettre d’enfant au monde. Mais moi j’ai dit : « J’en veux. » P. 87

et une immense générosité. 

 

Quelle belle âme que cette grand-mère, un sacré personnage, naturellement romanesque, qui a puisé dans sa personnalité, sa force de caractère pour avancer.


En général, elle préfère fermer les yeux sur certaines ombres du passé et se concentrer sur le côté ensoleillé de la rue. P. 136

Des faits historiques, il y en a mais le sillon creusé par Ariel MAGNUS repose bien plus sur leur interprétation, tout en nuance.

Ma grand-mère est une somme de contradictions plus ou moins inconscientes, pour la plupart en rapport avec l’Allemagne et les Allemands, qu’elle aime et déteste à la fois, sans transition. Ses enfants ont été élevés dans ce paradoxe, de même que les enfants de ses enfants. C’est compréhensible. P. 56

Ce livre est empreint d’amour. J’ai été touchée par la profonde tendresse qui anime ces deux générations et la très grande pudeur dans l’expression de leurs sentiments.

 

Le ton, teinté d’humour, fait de ce livre un petit bijou.

 

Ariel MAGNUS nous livre une formidable leçon de vie.

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2024-01-05T07:00:00+01:00

Insula de Caroline CAUGANT 

Publié par Tlivres
Insula de Caroline CAUGANT 

Éditions du Seuil

Cette rentrée littéraire de janvier 2024 nous réserve de très belles surprises. Après deux romans historiques :

"Un monde à refaire" de Claire DEYA

"Une femme debout" de Catherine BARDON

place aujourd'hui à un roman d'atmosphère, foudroyant, "Insula" de Caroline CAUGANT. C'est ma #vendredilecture.

Line est une jeune femme. Sur Paris, elle partage sa vie depuis 5 ans avec Thomas. Lui est professeur de français dans un collège, elle est hôtesse de l’air. Elle est d’astreinte à l’aéroport. Elle lui téléphone et lui annonce qu’elle est « déclenchée », elle part à la place de quelqu’un d’autre à destination du Japon. Le jour de son arrivée, un terrible séisme se produit sur Tokyo. Après quelques jours sans nouvelle, Thomas apprend que Line vient d’être retrouvée sous les décombres après 8 jours et 8 nuits. C’est une miraculée. Elle est vivante. De retour sur Paris, Line est à la fois présente et à la fois absente, c’est elle et ce n’est plus tout à fait elle. Alors commence une nouvelle page de leur vie...

Ce roman, c’est l’itinéraire d’une jeune femme victime d'une catastrophe naturelle et humaine. Elle est en phase post-traumatique. Si elle retrouve son compagnon et son appartement, les éléments de stabilité qui lui permettaient de tenir debout, avant, désormais, tout tangue autour d'elle, tout l'agresse dans son corps, dans sa chair. Cette lecture relève d’une véritable expérience sensorielle. J'ai entendu résonner dans mes oreilles l'inlassable "Tap tap tap." pour signifier sa présence, j'ai respiré le peu d'air qui était offert à Line dans sa cavité, j'ai avalé avec elle le sable qu'elle avait dans la bouche et qui asséchait sa gorge... Sous la plume de Caroline CAUGANT, le chaos dans lequel est plongée Line devient perceptible dans tout ce qu'il a de terrifiant.

Avec cet événement, tous les fantômes de sa vie d'avant resurgissent et viennent hanter ses pensées. Elle déroule le fil d'une existence marquée depuis la plus tendre enfance par un rapport au corps blessé et meurtri. Les épreuves se sont accumulées laissant chaque fois leurs empreintes. Pour les conjurer, Line avait trouvé une manière de se (re)construire.


En couvrant son corps de dessins, elle avait chaque fois la sensation de s’enraciner, d’écrire un nouveau morceau de son histoire. P. 180

Là, c'est différent. Tout est nouveau pour elle qui doit trouver le moyen de surmonter ce drame personnel pour espérer REvivre, SURvivre. Le roman prend toute sa dimension psychologique, un terrain de jeu qu'apprécie Caroline CAUGANT si j'en crois les souvenirs encore prégnants de son premier roman, "Les heures solaires" publié alors aux éditions Stock. 

Elle nous plonge dans une quête, celle d'une terre inconnue qu'elle magnifie avec des descriptions sublimes, envoutantes. C'est un lieu de fuite, c'est aussi un refuge, un lieu ressource.

Comme j'ai adhéré au principe d'un lien entre notre terre d'origine et nos existences, la nature agissant comme un déterminant. Dis moi d'où tu viens, je te dirai qui tu es. C'est absolument fascinant. 

Quant à imaginer que le titre du livre puisse faire référence, et à une portion de terre cernée par les eaux, et à une partie du cerveau de l'être humain, il n'y a qu'un pas, juste la révélation du pourquoi de la démonstration. C’est puissant.

Roman d’anticipation ? Caroline CAUGANT prend le parti de dater son roman au printemps 2024. A bien lire les médias, la terre tremble dans cette région du monde. Souhaitons que tout ce qui est écrit ne reste qu’une fiction. 

"Insula" est un roman émouvant et captivant.

Il y est question de sororité, de mémoire, de réparation au sens de Maylis DE KERANGAL dans "Réparer les vivants". C'est de la petite couture, il y est question d'humain.

Et pour sublimer le tout, l'écrivaine nous offre des parenthèses poétiques comme des respirations. Je ne résiste par à vous en partager une. C'est fin, c'est délicat, c'est plein d'espoir.


Pensée vaine
Dissoute
Annihilée

Ciel trouble
Nébuleux
Envahi par la brume

A l'horizon
Une lueur
Un phare

Publicité. Livre offert par la maison d'édition.

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2023-10-07T08:36:57+02:00

Le guerrier de porcelaine de Mathias MALZIEU

Publié par Tlivres
Le guerrier de porcelaine de Mathias MALZIEU

De Mathias MALZIEU, j’avais lu « Journal d’un vampire en pyjama », « Métamorphose en bord de ciel », « Une sirène à Paris ». 

 

Et puis, il y avait eu ses quelques notes de musique jouées à la Collégiale Saint-Martin

 

Son tout dernier roman, « Le guerrier de porcelaine » venait de sortir chez Albin Michel.

 

Nous sommes en juin 1944. La Maman de Mainou vient de mourir avec sa petite soeur, Mireille. Son papa est appelé par la guerre. A l’âge de 9 ans, l’enfant quitte la villa Yvette de Montpellier. Il va passer la frontière dans une carriole de foin pour entrer en zone occupée, là où sa grand-mère habite avec la tante Louise et l’Emile. Tous vont prendre soin de lui, de ses fantômes aussi. Dans cette maison, se passent des choses bien mystérieuses. Une nouvelle vie commence pour Mainou.

 

Ce roman est largement inspiré de la vie de son père. Alors que Mathias MALZIEU menait lui-même à l’hôpital un combat contre la grande faucheuse, il demandait à son père de lui relater son enfance en temps de guerre. Sorti vainqueur, il décide d’écrire cette page de son histoire familiale.

 

C’est à hauteur d’enfant que Mathias MALZIEU narre un an de la vie d’un petit garçon rythmée par les bombardements, les descentes en urgence à la cave, et puis, les montées en toute clandestinité au grenier.

 

Partageant la vie d’adultes, il s’offre des moments de complicité avec un oisillon, un cigogneau qui, pendant plusieurs mois, vivra dans sa chambre.

 

Mais le propos ne serait pas celui de Mathias MALZIEU s’il n’y avait une bonne dose de poésie. Les mots sont beaux, l’histoire est tendre et émouvante.

 

Et puis le fil rouge de l’écriture, toujours une plume pour laisser une trace et assurer la postérité des générations passées. 


Parfois ton souvenir se décolore comme le font les photos avec le temps. Alors je t’écris, ça ralentit le processus de disparition. P. 73

Du grand art, quoi !

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2023-09-08T19:05:17+02:00

Bleu nuit de Dima ABDALLAH

Publié par Tlivres
Bleu nuit de Dima ABDALLAH

Sabine WESPIESER éditeur

 

Entre deux dates, le 25 octobre 1961 et le 21 mars 2013, c’est une page de la vie d’un homme qui s’est écrite. Depuis sa naissance jusqu’à la mort d’une femme qu’il a aimée, Alma, le temps a passé et les liens avec la société se sont étiolés. Vivant ces dernières années seul, reclus dans son appartement du 20ème arrondissement de Paris, sous neuroleptiques, il décide le jour de la sépulture d'Alma de

 

récurer son logement, vider le contenu de son frigo et son congélateur dans un sac poubelle qu’il dépose au pied de l’immeuble, claquer la porte et...  jeter les clés dans une bouche d’égout ! Il va faire de la rue son univers. Dès lors, une nouvelle page de sa vie peut s’écrire… à moins que ça ne soit la précédente qui soit revisitée !

 

J’avais lu de Dima ABDALLAH « Mauvaises herbes », son premier roman qui m’avait captivée. J’ai attendu les vacances pour me plonger dans « Bleu nuit », une lecture coup de poing. J’en sors terrassée. C'est ma #VendrediLecture.

 

A travers l’introspection d’un homme, Dima ABDALLAH propose un roman d’une profonde sensibilité.

 

Ce roman, c'est bien sûr, l'approche du deuil. En lisant les premières pages, une image s'est imposée à moi. Vous vous souvenez peut-être de cet homme dansant près du cercueil de sa femme, Agnès LASSALLE, assassinée à Saint-Jean de Luz en mars dernier. J'ai, un temps, vu le narrateur animé de ce même élan.

 

Et puis, il y a les fantômes, ceux qui hantent les nuits, longtemps après le grand départ...

 


Je devais la tuer et l’enterrer si profond que plus jamais elle ne pourrait revenir. Un corps ne meurt pas facilement, il ressuscite parfois et vient s’allonger près de vous la nuit. P. 36

Une fois à l'extérieur, le narrateur s'adonne à la contemplation. Il porte un regard tendre sur ce qui compose la rue, l’environnement, et plus encore sur les femmes qu’il va rencontrer et avec lesquelles vont s’instaurer des rituels rythmant hebdomadairement une vie d’errance. 

 

J’ai beaucoup aimé les portraits brossés d’Emma, Ella, Martha, Carla, Layla… l’attention portée et la délicatesse dans la prise de contact, tout est affaire de dignité.

 

J’ai été captivée par sa capacité d’observation et foudroyée par sa sagacité à décrypter les gestes d’êtres écorchés.

 

C’est un roman éminemment sensoriel, il y a les images, les sons, les parfums, les saveurs, les contacts comme autant de vibrations qui confèrent à l’humain sa singularité... Dima ABDALLAH les explore pour ponctuer son roman, "Bleu nuit", de flashs lumineux, de moments d'émerveillement fabuleux.


Peut-être que si le beurre est d’une grande qualité et savamment dosé, si la cuisson est d’une justesse à couper le souffle, un croissant peut vous donner le courage d’un sourire même quand les lèvres sont si gercées que ça en est douloureux. Un croissant, ça peut peut-être suffire à une journée. P. 61

 

Dans une narration à la première personne du singulier, le rythme du coeur du lecteur s'accorde sur celui du personnage de fiction. Il se met à résonner au gré des perceptions avec des effets vertigineux.

 

L'histoire est ponctuée d'extraits de poèmes comme autant de respirations dans un roman que vous lirez en apnée. Dima ABDALLAH offre un rayonnement aux textes d'ARAGON, Louis-Ferdinand CELINE, Jean-Paul SARTRE, Romain GARY, Charles BAUDELAIRE, Milan KUNDERA, Marcel PROUST, Albert CAMUS...

 

Ce roman pourrait plaire à Alexandra KOSZELYK pour la citation, bien sûr, de Guillaume APOLLINAIRE extraite de "Cortège", Alcools, figurant en incipit, mais aussi pour les liens établis entre les arts. Dima ABDALLAH convoque, outre la poésie, la musique, la peinture, comme autant d’invitations à aller plus loin. J’aime ces résonances entre les différentes disciplines, ces regards croisés sur une certaine réalité.

 

Ce roman, sincèrement, ne passez pas à côté. 

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2023-08-25T07:49:25+02:00

Pour qui s’avance dans la nuit de Claire CONRUYT

Publié par Tlivres
Pour qui s’avance dans la nuit de Claire CONRUYT

Après un roman ancré dans la réalité, un roman loufoque et déjanté, il n’y avait plus que le registre onirique à explorer, les éditions de l’Observatoire l’ont fait avec Claire CONRUYT. Elles nous livrent « Pour qui s’avance dans la nuit ». C'est ma #VendrediLecture.

 

Ce roman, c’est de la poésie à l’état pur, une invitation à sommeiller. Entre rêve et réalité, il n’y a plus qu’à se laisser bercer.

 

Pierre est un enfant dont la mère, Bérénice, vit dans une profonde mélancolie. Elle souffre d’une éprouvante solitude. Elle porte un amour inconsidéré à son petit frère, Orphée, dont la timidité est maladive. Tous partent en vacances sur l’île de Sjena, un lieu imaginaire au bord de la mer Adriatique. C’est là que Bérénice retrouve les origines de sa famille, en plus de son amie, Anouk. Dès lors, la folie de cette mère hantée par ses monstres peut commencer !


Les choses et les visages, les lieux et les voix, tout reprenait vie à la lumière de ma mémoire comme une scène de théâtre poussiéreuse redevenant palais ottoman une fois nos costumes enfilés. P. 22

Ce roman est envoûtant, il m’a transportée.

 

D’abord, vous me reconnaîtrez bien là, il y a la maladie mentale. Elle me fascine autant qu’elle me foudroie. 

 

A hauteur d’enfant et sous la plume merveilleuse, délicate et voluptueuse, de Claire CONRUYT, le spectre de la folie s’invite au coeur d’une famille. 


Elle a l’air d’un ange, un ange blessé dont les gestes sont suspendus, soumis à d’autres lois que celles de notre gravité. P. 148

Elle bouleverse l’enfant sage dont la candeur est étouffée par la lucidité. Elle berce d’illusions celui qui plane. 


Ma mère entraînait Orphée dans des contrées qui, chez elle, étaient grises et que lui seul savait colorier. P. 107

La fratrie est mise à l’épreuve de la vie.

 

Comme j’ai aimé les descriptions de la nature, celles de ce morceau de terre baigné par les eaux, celles aussi de ces plantes parties à la conquêtes de murs en ruine.

 

Et puis, il y a le rythme du roman. Composé de chapitres courts, l’histoire d’un été menacé par une tragédie devient haletante.

 

Ce roman, c’est un conte des temps modernes, une lecture d’une beauté cruelle qui vous laisse sans voix !

 

Publicité - livre offert par la maison d’édition

 

Des éditions de l'Observatoire, dans cette rentrée littéraire, vous aimerez peut-être aussi : 

 

Humus de Gaspard KOENIG - T Livres ? T Arts ? (over-blog.com)

L’Ultime Testament de Giulio CAVALLI - T Livres ? T Arts ? (over-blog.com)

Pour qui s’avance dans la nuit de Claire CONRUYT

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2023-04-28T06:00:00+02:00

Le Roitelet de Jean-François BEAUCHEMIN

Publié par Tlivres
Le Roitelet de Jean-François BEAUCHEMIN

Editions Québec Amérique

Nouvelle référence du Book club, "Le Roitelet" de Jean-François BEAUCHEMIN. Nous avons l'immense chance d'avoir une représentation de Vleel dans notre équipe, alors, de là à nous faire adorer la littérature quebécoise, vous comprendrez qu'il n'y a qu'un pas !

Le narrateur, un écrivain, vit à la campagne avec sa femme, Livia, son chien, Pablo, son chat, Lennon. Et puis, il y a son frère, schizophrène, dont il partage les tribulations, pour le meilleur comme pour le pire.
Au fil de 63 chapitres d'une, deux ou trois pages, Jean-François BEAUCHEMIN égrenne le quotidien d'un aidant, entendez par là une personne qui partage le quotidien d'une autre, l'accompagne dans sa vie, lui porte assistance, un travail à temps plein quoi !

Le propos, bien qu'empreint de lucidité et de transparence sur les évènements, est profondément lumineux.
Des exemples, j'en aurais mille. Mais je vais retenir cette merveilleuse image, le roitelet, pour décrire son frère :


A ce moment, je me suis dit pour la première fois qu'il ressemblait avec ses cheveux courts aux vifs reflets mordorés, à ce petit oiseau délicat, le roitelet, dont le dessus de la tête est éclaboussé d'une tâche jaune. Oui, c'est ça : mon frère devenait peu à peu un roitelet, un oiseau fragile dont l'or et la lumière de l'esprit s'échappaient par le haut de la tête.

Le "je" employé dans la narration vient renforcer la proximité établie tout au long du roman avec les personnages. J'ai eu l'impression, le temps de cette lecture, de vivre au milieu d'eux, dans leur maison et puis dehors.

Les descriptions de la nature sont prodigieuses. Elles sont autant d'invitation à s'y ressourcer pour s'apaiser.
Et puis, il y a la poésie qui teinte les mots. Jean-François BEAUCHEMIN use d'une plume tendre et délicate pour explorer les tréfonds de l'âme, là, chahutée par la maladie mentale.


Pendant quatre ou cinq secondes, j’ai senti s’emballer le sismographe de mon coeur et décrire l’affolant tracé d’un tremblement de terre. P. 111

Il y a encore ce rapport à l'Autre dans ce qu'il a de plus beau, de plus riche, de plus grand à nous offrir. Il questionne tout au long de ce 23ème roman notre place au monde.


Il me semblait que ma vie s’éclairait, que la naissance à laquelle j’avais participé de si près m’aidait à prendre ma mesure, à établir un ordre de grandeur quant à la place que je me préparais à occuper dans le monde. P. 10

J'ai été profondément émue par l'absence de jugement du narrateur sur les comportements de son frère, s'émancipant de fait des conséquences. Leur complicité est absolument fabuleuse. Tous deux sont profondément attachants dans ce qu'ils expriment. Et quelle plus belle preuve d'amour ?


S’il me faut absolument être un autre que moi-même, annonça-t-il, c’est à toi que je veux ressembler. P. 106

Le roman de Jean-François BEAUCHEMIN va vous serrer le coeur, j'en suis sûre.

Retrouvez toutes mes références du Book club :

"L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX

"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX

Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN

"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL

"Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN
 
"Au-delà de la mer de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

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2023-04-21T07:10:27+02:00

Alter ego de Cédric DE BRAGANÇA

Publié par Tlivres
Alter ego de Cédric DE BRAGANÇA

Editions Une seule vie

Roméo allait avoir bientôt 50 ans. Il ne fêtera toutefois pas cet anniversaire. Il vient de mourir. Il assiste à ses propres funérailles. Nous sommes au cimetière de Clamart. Il va nous conter la vie de l'Autre, cet homme qui a partagé pendant une dizaine d'années la vie de Judith, mère de deux adolescentes. Il y avait eu auparavant Marguerite. Mais, chaque fois, cette envie irrépressible de partir. Là, c'est un nouveau départ qui se profile !

Cédric DE BRAGANÇA, qui a réalisé de nombreux documentaires, nous propose d'explorer les troubles dissociatifs de l'identité. Roméo fait partie de ces gens qui souffrent d'une pathologie mentale et naviguent entre des personnalités distinctes. Dès lors, lui et son alter ego, vont nous proposer des histoires familiales entre chimère et réalité, faire le jeu des situations vécues ou désirées, un imbroglio éminemment romanesque, parfaitement maîtrisé.

Comme j'ai aimé emprunter les voies de la mémoire, c'est tellement fascinant.


Il est des sons, comme des odeurs, qui imprègnent si profondément le vécu que leur simple évocation suffit à se replonger dans l’évènement associé. D’en faire resurgir chaque émotion, chaque détail. Comme si le souvenir ne suffisait pas et qu’il fallait lui rajouter la puissance des sens pour en démontrer la permanence. P. 113

L'auteur nous propose un véritable traité de philosophie autour de l'existence. Est-elle le fruit du hasard ? ou bien de coïncidences ? Et si le chemin de la vie était tout écrit... voilà un sujet qui mériterait bien des copies doubles. Moi qui suis toujours saisie par les synchronicités, le propos me captive, vous pouvez l'imaginer.

J'ai aussi beaucoup aimé les passages sur l'errance du personnage, non plus entre son moi et l’autre, mais à travers le monde. Roméo, comme l'auteur je crois (deux « moi » en fait!), affectionnent tout particulièrement de voyager, prendre son sac à dos, partir explorer la beauté de la nature et faire des rencontres aussi aléatoires qu’uniques. Chez celles et ceux qui se vouent au trek, nul doute que les mots de Cédric DE BRAGANÇA trouveront une résonance toute particulière.


Marcher est une sorte de méditation en mouvement qui donne de l’épaisseur à la solitude. On y rencontre la mélancolie, la douceur, le vide, l’énergie, l’exaltation, me souffrance, la fierté, la faim. On y affronte les éléments. On y parcourt des sentiers aveugles ou buissonniers. On y rabote les chaos. On y rectifie le rapport au temps. On y mélange rêves et réalité. Bref, en marchant, on s’emmitoufle dans le monde invisible. P. 177-178

Je ne connaissais pas la plume de Cédric DE BRAGANÇA, elle est d'une grande poésie et témoigne d'heures à parcourir le monde, poser son regard sur l'humanité, en décrypter les expressions.


Si la beauté initiale, celle de l’enfance, est un cadeau, la beauté des adultes est une victoire. Puisque les traits se forment et se déforment au gré des accidents de la vie et que chaque être humain est responsable du visage qu’il se sera façonné. Les expressions ne mentent pas. Les rides, les signes du temps figurent l’histoire individuelle mieux que n’importe quelle confidence. P. 142

L'approche de l'humain est fine et délicate, subtile et perspicace. Ce roman est d’une profonde sensibilité. Je vous le conseille ! Merci à Gilles PARIS pour l'organisation d'une rencontre dédicace.

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2023-03-17T21:54:33+01:00

Petit traité du racisme en Amérique de Dany LAFERRIERE

Publié par Tlivres
Petit traité du racisme en Amérique de Dany LAFERRIERE

Ma #Vendredilecture, je la dois à l'équipe de Vleel qui a eu la très belle idée de lancer son #challengedelhiver.

J'avoue avoir un peu cherché un auteur québécois, et en fait, il est venu à moi, enfin pas seulement à moi... Dany LAFERRIERE est venu à Angers dans le cadre des Entretiens littéraires de la Collégiale Saint-Martin il y a quelques semaines. J'ai eu l'immense chance d'écouter l'Académicien et l'honneur d'échanger quelques mots avec lui au moment de la dédicace de son "Petit traité du racisme en Amérique" publié chez Grasset.

A bien y réfléchir, les deux auteurs rencontrés ce jour-là ont un point commun, leur lutte contre la banalisation de faits de violence. L'un titre son roman "Ceci n'est pas un fait divers" pour aborder un féminicide, vous avez reconnu Philippe BESSON bien sûr, l'autre choisit un registre hybride pour dénoncer les violences faites aux Noirs aux Etats-Unis.

Dany LAFERRIERE traite d'un sujet grave, l'atteinte portée à des hommes et des femmes, à la vie à la mort.

Le livre est composé d'un florilège de textes pouvant aller de quelques lignes à quelques pages dans lesquels l'écrivain égrène des faits, des émotions, des sentiments, il nous fait vibrer, quoi !

J'aime tout particulièrement celui qui évoque "L'honneur"


On ne saura jamais ce qui se passe
dans le coeur de la mère
d'un adolescent noir
tué par un policier blanc
qui a voulu faire croire qu'il s'agissait
d'un dangereux criminel
qui l'avait menacé.
Ce n'est pas assez d'avoir pris sa vie
il voulait aussi son honneur. P. 53

Il est question d'honneur encore quand Dany LAFERRIERE dresse le portrait d'hommes et de femmes, noirs, brillants, il leur rend hommage avec toute la noblesse dont sa plume est capable.

J'aime tout particulièrement le passage sur Miles DAVIS...


Il est vexé que des imbéciles, simplement parce qu'ils sont blancs, osent le regarder de haut. [...] Il prend sa revanche dans la musique en planant si haut qu'ils ne peuvent l'atteindre. P. 148

Il y a James VAN DER ZEE aussi, grand photographe américain, et puis, Harriet BEECHER STOWE, pour ne citer qu'eux.

Ce livre, vous pourrez le laisser sur votre table de salon.

Vous pourrez vous en saisir quand vous aurez quelques minutes, il vous donnera à méditer des heures.

Votre famille, vos amis, pourront l'ouvrir, s'en nourrir, il est à partager sans modération pour qu'un jour nous puissions dire : plus jamais ça ! Il fait partie de ces essentiels, ces repères qui nous rappellent, s'il en était nécessaire, que nous faisons tous partie de  l'Humanité. 

Petit traité du racisme en Amérique de Dany LAFERRIERE

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2023-03-10T07:00:00+01:00

Sonia DELAUNAY, la vie magnifique de Sophie CHAUVEAU

Publié par Tlivres
Sonia DELAUNAY, la vie magnifique de Sophie CHAUVEAU

Je profite de l'opération #marsaufeminin pour mettre sous les projecteurs deux femmes, une artiste peintre et une écrivaine, donc place à "Sonia DELAUNAY, la vie magnifique" de Sophie CHAUVEAU aux éditions Taillandier, c'est ma #Vendredilecture.

Sonia DELAUNAY est née en Ukraine, à Odessa, une grande ville juive de la fin du XIXè. Son exil s'organise d'abord avec ses parents, Elia et Hanna STERN, à destination du Shetl de Gradizhsk. Devant la pauvreté de la famille de Sonia, l'oncle Henri, le frère d'Hanna, propose d'adopter l'un de leur trois enfants. Lui a les moyens financiers. Il est avocat. Il a un cabinet à Saint-Petersbourg. Son épouse est stérile. Il propose à sa soeur de la soulager d’une bouche à nourrir, ça sera Sonia. Alors qu'elle n'est encore qu'une toute petite fille, elle quitte sa famille pour être élevée par Anna, une femme émancipée dans un milieu bourgeois baigné de culture. Sonia a trois gouvernantes : une Allemande, une Anglaise, une Française, qui lui donnent une ouverture sur le monde. Max LIEBERMANN, peintre, lui offre sa première boite de tubes à huiles. En 1903, les Juifs sont interdit à Piter, elle part pour Berlin, puis en 1906 pour la France. Elle va côtoyer Elizaveta KROUGLIKOVA, Russe, qui a créé en 1902 l’association du Montparnasse et enseigne aux Cours de la Palette. Pour éviter le retour au pays, là où la fortune familiale attend une union pour se déployer, Sonia et Wilhelm UHDE, homosexuel, organisent un mariage blanc en 1908, en attendant que Sonia rencontre Robert qu'elle épousera et qui lui donnera son nom d'artiste. Naît en 1911 un fils qui restera unique, Charles. Dès lors, toutes les fondations sont posées pour qu'une vie magnifique se déroule.

Cette biographie de Sonia DELAUNAY par Sophie CHAUVEAU était dans ma bibliothèque depuis des années. C'est Alexandra KOSZELYK avec "L'Archiviste" publié Aux Forges de Vulcain qui m'a invitée à la mettre tout en haut de ma PAL. Alexandra contribue avec son roman à la postérité des artistes ukrainiens, une certaine forme de résistance que je soutiens.

Je connaissais la plume de Sophie CHAUVEAU pour avoir lu "La passion Lippi" et puis "Fragonard, l'invention du bonheur", une plume foisonnante, éminemment romanesque qui se plaît à relater des destins hors du commun.

Avec "Sonia DELAUNAY, la vie magnifique", elle confirme son talent d'historienne et d'écrivaine. Elle nous livre un roman éblouissant de la vie d'un couple d'artistes. Parce que oui, Sonia DELAUNAY a été "la femme de" avant de devenir "la veuve de".

Sonia et Robert DELAUNAY se sont aimés passionnément. Ils ont toujours été, en duo, au coeur de communautés, qu'il s'agisse de leur appartement où de nombreux artistes de l'avant-garde se retrouvaient pour festoyer ou bien au bal Bullier où tous s'émerveillaient de voir le couple danser. Sonia et Robert DELAUNAY se sont également distingués par leur registre artistique. En rivalité avec PICASSO, ils se sont attachés à innover et expérimenter un mouvement pictural d'un genre nouveau, le simultanisme, à l'image de cette série de Tours Eiffel signée de Robert DELAUNAY. Ce sont des pionniers de l'abstraction. Guillaume APPOLINAIRE qualifie leurs créations d'orphisme.

Dans le couple, Sonia jouissait d'une créativité redoutable. C'est elle qui imaginait. Enceinte, c'est en assemblant des chutes de tissus, en souvenir des travaux de couture réalisés en Ukraine, qu'elle créa un patchwork dit cubiste.


Sonia possède une audition colorée qui donne naissance à cette nouvelle langue picturale. Un ABC de la couleur. Artiste médium, elle est douée de facilités particulières, ce que Kandinsky appelle « la nécessité intérieure. P. 145

Le bébé né, elle profite de ses heures passées dans leur logement pour donner aux objets de la vie quotidienne une esthétique artistique, ce qui lui vaudra d'être un temps cataloguée dans la catégorie des arts décoratifs, et puis, viendront les décors de théâtre, la mode... bref, toutes les disciplines deviennent un terrain de jeu.

Lorsqu'il s'agit de promouvoir leur art en France et à l'étranger, c'est encore Sonia qui établit des relations. Sa maîtrise des langues étrangères lui permet d'entrer dans les cercles convoités, ainsi en Allemagne au sein du groupe de Munich (Die Brücke, « Le Pont ») et de la revue Der Blaue Reiter (« Le Cavalier bleu »).

C'est encore elle qui côtoie des poètes, notamment d'origines étrangères. C'est avec Blaise CENDRARS que Sonia crée la peinture d'un poème, une oeuvre à quatre mains : "Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France". 


« Sonia possède une audition colorée qui donne naissance à cette nouvelle langue picturale. Un ABC de la couleur. Artiste médium, elle est douée de facilités particulières, ce que Kandinsky appelle « la nécessité intérieure ». P. 145

Sonia DELAUNAY décède en 1979 à l'âge de 94 ans.

Cette biographie brosse de l'artiste un formidable portrait, aussi étourdissant que fabuleux. Bien sûr, il y a aussi des périodes sombres et sa plus grande fragilité, sa judéité qu'elle s'attache toujours à cacher. Peut-être doit-elle sa vie à ce secret très bien gardé... et puis, il y a ses relations familiales compliquées avec son fils, son épouse, et leurs enfants. 

Mais le livre refermé, je ne garderai en mémoire que cet esprit créatif prodigieux de Sonia DELAUNAY. Je sors de cette lecture... fascinée, et je coche une 3ème case du challenge #marsaufeminin organisé par Flo and books.

Sonia DELAUNAY, la vie magnifique de Sophie CHAUVEAU

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2023-02-24T07:00:00+01:00

Les abeilles grises de Andreï KOURKOF

Publié par Tlivres
Les abeilles grises de Andreï KOURKOF

Liana Levi

Traduit du russe (Ukraine) par Paul LEQUESNE

En ce triste anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, je fais acte de résistance, à ma manière, en honorant un écrivain né à Kiev, Andreï KOURKOF, lauréat du Prix Médicis étranger 2022 avec son 10e roman publié en France : « Les abeilles grises ».

Nous partons pour le village de Mala Starogradivka du Dombass situé en « zone grise » du conflit russo-ukrainien. Là continuent de vivre deux survivants, deux ennemis de toujours, maintenant retraités, Pachka Kmelenko et Sergueïtch Sergueï. Pour tenir malgré le froid qui sévit et les obus qui tombent sur les maisons en ruine des alentours, ils se rendent ponctuellement visite, histoire de partager un verre. C’est aussi un bon moyen de surveiller l’autre et de s’informer de l’état de son réseau. La nuit, tous les chats sont gris ! Sergueïtch voue une passion sans borne à ses ruches. Il veille sur ses abeilles et ne recule pas devant les passages de frontières pour leur offrir une prairie fleurie à butiner, mais là commence une nouvelle histoire.

Nous sommes en 2017 mais vous l’aurez compris, fiction et réalité ne font qu’une depuis le 24 février 2022. 

J’ai profondément aimé accompagner Sergueïtch Sergueï dans ses tribulations. Le personnage est éminemment romanesque. Lui, alors que la guerre gronde, fait montre de fantaisie pour résister.


Et ils étaient partis. Parce qu’ils craignaient pour leur vie plus que pour leurs biens et qu’entre deux peurs, ils avaient choisi la plus forte. P. 9

Il se lance dans des actions aussi folles que dangereuses comme le changement de plaques dans les rues du village. C’est vrai quoi, pourquoi ne pas renommer la rue Staline par la rue Taras Chevtchenko ? 

Et puis, il y a ce voyage. Les descriptions sont si précises, presque cinématographiques, que tout au long du périple je l’ai vu à bord de sa voiture, sa Tchetviorka verte, franchir les check-points, aussi terrifié par la réalité


Il éprouvait cependant toujours la même tension. Une peur le travaillait, qui se transmettait dans ses doigts par un tremblement, si bien qu’il serrait le volant plus fort, les yeux rivés sur la route devant lui, sur les bas-côtés de laquelle, dans un sens comme dans l’autre, des gens marchaient, chargés de sacs et valises, tirant ou poussant des chariots. Il les dépassait et captait toutes sortes de regards posés sur lui, du suppliant au compatissant. P. 242

qu’émerveillé par la perspective de nouveaux horizons.

Bien sûr, Sergueïtch Sergueï va faire des rencontres, des belles, et puis d’autres qui vont l’obliger, un temps, à oublier sa propre condition pour tenter de sauver des vies plus exposées que la sienne. Le personnage est empreint d’un humanisme naturel. Il nous ferait presque aimer l’Homme alors qu’il est si ignoble.

Quant à la nature, elle occupe une très belle place dans les 400 pages du roman.


La sagesse de la nature, voilà ce qui enchantait Sergueïtch. P. 364

Je n’avais encore rien lu d’Andreï KOURKOV, c’est une belle découverte, une plume fascinante et lumineuse. Le sujet est grave, il traite de la guerre du terrain. Il sait y mettre une dose d’humour, une manière comme une autre de se confronter au conflit aux portes de l'Europe, une manière plus qu'une autre d'y entrer par la grande porte, la littérature.

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2023-02-17T07:00:00+01:00

Ceci n’est pas un fait divers de Philippe BESSON

Publié par Tlivres
Ceci n’est pas un fait divers de Philippe BESSON

Editions Julliard

« Ceci n’est pas un fait divers », c’est d’abord une rencontre avec l’auteur aux entretiens littéraires de la Collégiale Saint-Martin, un très beau moment, tout en simplicité, profondément émouvant notamment avec la diffusion de la bande annonce du film qui sortira au cinéma le 22 février prochain, « Arrête tes mensonges ».

Ce nouveau roman, c’est une lecture coup de poing, une tragédie, qui aurait pu être évitée, prise en pleine figure.

Cécile Morand, c’est un peu l’enfant de Blanquefort, une commune de Gironde. Elle est née dans les années 1970. Ses parents étaient buralistes. Quand sa mère est décédée prématurément d’un cancer foudroyant, c’est Cécile, âgée alors de 18 ans, qui lui a succédé. Et puis, il y a eu cette rencontre avec Franck à l’entrée d’une discothèque, la soirée passée ensemble, une nuit d’amour, une grossesse. Ils ont emménagé ensemble. Ils ont eu un garçon, de 19 ans aujourd’hui, entré à l’Opéra de Paris. Il a quitté le foyer depuis 5 ans pour réaliser son rêve. Et puis, ils ont eu une fille, Léa, 13 ans. Seule Léa est témoin des disputes familiales, jusqu’au jour où, Léa appelle son frère : « Papa vient de tuer Maman ».

Si Philippe BESSON dit volontiers en riant que le roman lui permet de tuer des hommes et des femmes quand il le veut, il ne s’agit là que d’histoires contées et nous savons, celles et ceux qui le lisons, qu’il a cette capacité à construire des personnages aux trajectoires particulièrement chahutées.

Mais là, trêve de sourire. L’affaire est grave. Philippe BESSON s’inspire d’une histoire vraie qui lui a été rapportée par un jeune homme rencontré lors d’une dédicace et qui, après plusieurs mois, lui a délivré cette même phrase.

Ce qui m’a particulièrement fasciné dans ce roman, c’est l’angle d’attaque de Philippe BESSON. Il dédie son roman tout entier à l'exploration de la vie après l'instant de rupture, ce moment qui rend les êtres vulnérables, fragiles, sans repère. 


Quand je raconte, on pourrait croire que cet enchaînement d’émotions a duré longtemps. Mais non, à peine une poignée de secondes. C’est extraordinaire, tous les états qu’on peut traverser en une poignée de secondes. P. 15

C'est aussi le regard porté par un jeune homme de 19 ans, projeté en une fraction seconde, dans la vie d'un adulte qui va non seulement devoir s'assumer, mais aussi assumer la responsabilité de sa soeur cadette. Le cheminement est vertigineux.


Depuis, j’ai appris qu’il faut plonger dans les profondeurs pour comprendre ce qui se passe à la surface. P. 63

Et puis, il y a Léa, l'adolescente qui a tout vécu, qui a tout vu, jusqu'aux derniers instants de la vie de sa Maman.

Alors, non, Philippe BESSON n'écrit pas des romans pour porter un propos militant, il le dit haut et fort. Lui, il raconte des histoires, mais libre aux lecteurs d'en lire ce qu'ils souhaitent. Pour moi, le roman endosse ce costume dès lors qu'il dénonce les rouages de la justice française, aujourd'hui. Un père condamné pour l'assassinat de sa femme peut-il encore exercer l'autorité parentale sur ses enfants ? Et ce n'est pas tout, mais là, je vous laisse le découvrir.

Ce roman, j'irai plus loin, c'est un acte politique fort. Il suffit d'en lire le titre : "Ceci n'est pas un fait divers". Non, jamais un féminicide ne sera (ne devrait être) un fait divers. Au 7 février 2023, ce sont 12 femmes qui ont perdu la vie en France. Jamais, non jamais, je ne me résignerai à un chiffre parce que dernier chacun, c'est une vie de trop qui a été volée et puis, parce que parfois, souvent, il y a des enfants qui porteront le lourd fardeau de cette tragédie, et la transmettront indéfiniment aux générations suivantes. Voilà le véritable sujet du roman de Philippe BESSON ! Ne serait-ce que pour cela, je vous invite très sincèrement à le lire.

Enfin, il y a la plume. De mon côté, j'avais déjà lu "Arrête tes mensonges ", "Les passants de Lisbonne" et "Une bonne raison de se tuer". Si vous l'aimez, vous retrouverez la sensibilité, là, comme une signature de l'auteur.

A l'invitation de Philippe BESSON, terminons en chanson avec "Dommage" de Bigflo et Oli.

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2023-02-10T19:02:22+01:00

Regarde le vent de Marie-Virginie DRU

Publié par Tlivres
Regarde le vent de Marie-Virginie DRU

Parce que je ne lis plus jamais les quatrièmes de couvertures, je vous propose les premières lignes du roman de Marie-Virginie DRU, "Regarde le vent", aux éditions Albin Michel.

Camille a la quarantaine. Elle est mariée avec Raphaël avec qui elle a eu deux filles, Jeanne et Louise de 12 et 14 ans. Elle est guide conférencière à Paris. Sa grand-mère, Annette, est décédée il y a trois mois. Elle a une irrépressible envie de se mettre à écrire. Comme une adolescente, elle commence à rédiger en cachette. Raphaël est un être torturé et violent. Il met la main sur ce qui apparaît comme le journal intime de sa femme, elle qui s'évertue à remonter le fil des générations passées, des histoires de femmes. Dès lors, tout peut arriver.

Ce roman, je vous le conseille.

Il y a d'abord l'ambiance qui règne dans cette famille, la pression exercée par "le loup dans la bergerie". La tension est palpable, elle va aller crescendo, impossible de lâcher votre livre avant d'avoir tourné la dernière page.

Et puis, il y a le sujet, la mémoire intergénérationnelle, celle qui se transmet, inconsciemment, entre les générations. C'est quelque chose qui m'interpelle et que j'ai envie d'explorer.

Il y a encore des personnages de femmes tout à fait fascinants, des résistantes.

Il y a enfin toutes ces références culturelles citées par l'autrice qui sont autant d'opportunités à se documenter sur les sculptures, des poèmes, des chansons... 

Dernier point, la plume, une découverte pour moi. Elle est foisonnante. Les personnages sont de fiction mais Marie-Virginie DRU réussit formidablement bien à leur donner corps. Les descriptions et les vies trépidantes de celles qu'elle décrit sont autant d'invitations à s'identifier à elles. Pari réussi du second roman !

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2023-02-03T07:00:00+01:00

Regarde le vent de Marie-Virginie DRU

Publié par Tlivres
Regarde le vent de Marie-Virginie DRU

Après la lecture #coupdepoing du roman de Frédéric COUDERC aux éditions Les Escales, "Hors d'atteinte", difficile de rebondir bien sûr.

J'ai pourtant réussi à trouver quelque chose d'intéressant...

Ma #Vendredilecture, c'est le second roman de Marie-Virginie DRU, "Regarde le vent" aux éditions Albin Michel que je remercie pour ce cadeau de rentrée littéraire.

Camille a la quarantaine. Elle est mariée avec Raphaël avec qui elle a eu deux filles, Jeanne et Louise de 12 et 14 ans. Elle est guide conférencière à Paris. Sa grand-mère, Annette, est décédée il y a trois mois. Elle a une irrépressible envie de se mettre à écrire. Comme une adolescente, elle commence à rédiger en cachette. Raphaël est un être torturé et violent. Il met la main sur ce qui apparaît comme le journal intime de sa femme, elle qui s'évertue à remonter le fil des générations passées, des histoires de femmes. Dès lors, tout peut arriver.

Ce roman, je l'ai lu avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Dès les premières pages, Marie-Virginie DRU réussit à instaurer un climat de tension à l'image d'une présence perverse qui s'insinuerait dans la vie de cette famille, telle un prédateur. Elle réussit un tour de force qui va aller en se décuplant. Je dois vous le dire, je n'en ai fait qu'une bouchée. Impossible de lâcher ce page-turner bien après minuit tellement le suspens était à son comble !

Et puis, il y a la thématique. Je suis toujours fascinée par la mémoire intergénérationnelle, ce que nous transmettent inconsciemment nos ancêtres. A la lecture de la citation de Delphine HORVILLEUR en introduction, 


"La buée des existences passées ne s'évapore pas :

elle souffle dans nos vies et nous mène là où nous ne pensions jamais aller."


j'ai plongé !

Marie-Virginie DRU brosse aussi des portraits de femmes fortes, des résistantes, des femmes marquées par des histoires douloureuses, voire dramatiques, de maternité, un peu comme une malédiction qui se transmettrait de mère en fille. 


Sa maman lui a toujours dit qu’une fois mère, on n’était plus jamais tranquille. P. 164 Camille

Enfin, il y a l'objet de toutes les convoitises, le livre familial. Associé aux articles 311 et 312 du Code Pénal qui dit :

"Il y a abus de confiance quand une personne s'approprie un bien que lui a confié sa victime. [...]

Aucune poursuite légale ne pourra être engagée pour l'abus de confiance entre époux."

vous comprendrez que l'enjeu est de taille !

Cerise sur le gâteau : le propos de Marie-Virginie DRU est ponctué de mille et une références culturelles, un petit bijou. Il y a des chansons, des poèmes, des sculptures, etc. Autant de merveilles qui résonnent entre elles. 

Dernier point, la plume, une découverte pour moi. Elle est foisonnante. Les personnages sont de fiction mais Marie-Virginie DRU réussit formidablement bien à leur donner corps. Les descriptions et les vies trépidantes de celles qu'elle décrit sont autant d'invitations à s'identifier à elles. Pari réussi du second roman !

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2023-01-27T07:00:00+01:00

Hors d'atteinte de Frédéric COUDERC

Publié par Tlivres
Hors d'atteinte de Frédéric COUDERC

Ma #Vendredilecture, c'est un roman sorti très récemment en librairie : "Hors d'atteinte" de Frédéric COUDERC, une lecture coup de poing. Je remercie tout spécialement les éditions Les Escales qui m'ont permis de le lire en avant-première.

Paul est écriviain. Son père est décédé quand il était adolescent. Son grand-père, Viktor Breitner, est sa seule famille. Il vit à Blankenese, un quartier donnant sur l’Elbe, à Hambourg. A 92 ans, le vieillard est victime d'une attaque cérébrale qui le fait tomber dans la dépendance. Paul, qui s'est toujours intéressé à l'histoire de son grand-père sans jamais obtenir de confidences, décide de mener l'enquête. Il découvre un lien établi avec un criminel nazi, Horst SCHUMANN, mais lequel ? Son grand-père a-t-il participé aux crimes de guerre ? Dès lors, pour l'écrivain comme le petit-fils, impossible de résister à la tentation. Paul Breitner ne sait pas encore que ses découvertes vont bouleverser sa vie.

Ce roman historique, vous vous dites peut-être, encore un sur la Shoah. Et bien, le livre refermé, je peux vous dire qu'il s'agit d'un roman très original et qu'il mérite vraiment d'être lu.

D'abord, il y a le procédé narratif, ce roman, c'est un livre dans un livre, le livre que Paul souhaite écrire sur la vie de son grand-père trouve sa place dans le roman qu'écrit Frédéric COUDERC. Ce nom vous dit peut-être quelque chose. J'ai lu de lui "Yonah ou le chant de la mer" aux éditions Héloïse d'Ormesson. Il évoquait alors le conflit israelo-palestinien et s'inspirait d'une histoire vraie, celle d'Abie NATHAN impliqué dans Voice of peace. Il concourait au devoir de mémoire. Frédéric COUDERC est dans la même démarche, là, à ceci près que le personnage historique qu'il va approcher est loin d'être recommandable.

Il y a donc un personnage. A l'organisation de l'extermination massive des Juifs, tziganes et autres personnes que les nazis estimaient être des dégénérés, il y avait des hommes. Si beaucoup se sont expatriés, notamment en Amérique du Sud, d'autres ont pris la direction de l'Afrique. De tous, certains ont été retrouvés et présentés à la justice pour être jugés, d'autres comme Horst SCHUMANN réussiront toujours à passer à travers les mailles du filet. Alors, à défaut d'un jugement rendu par les organisations internationales, c'est Frédéric COUDERC qui va s'y consacrer et croyez-moi, Horst SCHUMANN, vous ne l'oublierez jamais.

Et puis, il y a ces différentes pages de la grande Histoire que je ne connaissais pas encore. L'écrivain réussit à travers l'itinéraire de Viktor à nous emmener sur les côtés danoises, et puis à Sonnenstein, là où le régime nazi faisait ses armes.

Le témoignage de Génia OBOEUF-GOLDGICHT, survivante du camp de Birkenau, est bouleversant.


J’ai essayé pendant des années, mais non, je ne trouve pas le vocabulaire. Je comprends très bien le suicide de Primo Levi. Il a dû se poser cette question que je me pose encore ; comment ça a été possible, comment expliquer des trains entiers avec des populations entières, dont il ne reste plus de traces, avec cette rapidité, cette industrialisation, cette organisation ? P. 292

Il y a encore l'histoire de la famille Breitner, des personnages de fiction, une famille attachante aux destins meurtris par la seconde guerre mondiale. Comme j'ai aimé accompagner Viktor sur les traces de sa soeur, Vera, morte à l'âge de 12 ans, une enfant qui aimait passionnément la musique, le piano.

Le tout est porté par une plume qui lie allègrement la fiction et la réalité. Elle se joue des codes et navigue entre les registres, le romanesque, l'enquête, le récit historique, le témoignage. Frédéric COUDERC confirme son talent dans le genre. Chapeau !

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2022-12-30T07:00:00+01:00

I am, I am, I am de Maggie O'FARRELL

Publié par Tlivres
I am, I am, I am de Maggie O'FARRELL

Belfond
Traduit de l’anglais par Sarah TARDY

Le Book club a encore frappé ! C'est à lui que je dois cette nouvelle lecture d'un roman de Maggie O'FARRELL cette année. Après "Hamnet", place au roman autobiographique de l'écrivaine britannique : "I am, I am, I am".

La narratrice est depuis sa plus tendre enfance éprise de liberté. Mais depuis toujours, son corps s'est mis en tête d'entraver son itinéraire. Victime d'une encéphalite, elle a vécu un an en fauteuil roulant. A 18 ans, elle plaque tout. Elle vit dans une caravane et travaille à l'hôtel de montagne. Lors d 'une pause, elle décide de randonner près du lac noir. Elle y rencontre un homme, étrange. Elle aura le réflexe de retirer immédiatement la lanière des jumelles qu'il vient de lui passer au tour du coup. Elle doit sa survie à ce geste instantané, ce réflexe presque animal d'échapper à un prédateur. Deux semaines plus tard, une jeune femme de 22 ans y sera retrouvée morte, violée, étranglée et enterrée dans un fossé.
Cette histoire date de 1990. C'est la première relatée par Maggie O'FARRELL mais elle s'inscrit dans une série de 17. Tout au long du roman, vous allez vibrer avec elle, vivre des moments de peur intense, souffrir dans votre chair, frissonner, et puis, apprécier ce soulagement de voir que la vie continue. 

Maggie O'FARRELL raconte 17 périodes de sa vie où tout aurait pu basculer et choisit de prendre la plume pour les décrire :


L’expression qui est apparue sur son visage était celle d’un choc si profond, si viscéral, que j’ai su alors que plus jamais de ma vie je ne la raconterais, du moins oralement. P. 28

En numérologie, le nombre 17 fait partie de vos alliés. En chinois, il est dit comme chanceux, porteur d'espoir. C'est aussi un nombre qui représente la force, la confiance en soi. Nul doute que Maggie O'FARRELL est née sous une bonne étoile pour avoir résisté à toutes les agressions de ce corps qu'elle nous apprend à minutieusement décrypter. Comme j'ai aimé l'aborder d'un point de vue clinique et le voir mis à l’épreuve. Ce roman, c’est un hymne à la vie.

Ce livre, c'est aussi une oeuvre d'art. Il y a la première de couverture que je trouve sublime, ce papier glacé bleu turquoise sur lequel est dessiné un coeur, rouge, puissant, avec des vaisseaux sanguins représentés comme des plantes, une branche avec des feuilles, rouges aussi, une fleur d'oeillet, un arbre mort. Vous découvrirez dans le roman une continuité, en monochrome cette fois. Chaque chapitre est associé au nom d'une partie du corps et fait l'objet d'un dessin d’anatomie. 

Revenons à la couleur rouge, souvent associée au sang, la matrice, la source de la vie. Disons que ce roman a une signification particulière pour moi, il résonne avec une réalité toute personnelle. Le titre, "I am, I am, Iam", une expression monosémique (j'ai découvert le terme !), empruntée à Sylvia PLATH et extraite de "La Cloche de détresse" résume à elle-seule l'année 2023 qui s'annonce comme une année de tranmission... 

Enfin cette phrase qui résume tout ce que j'aimerais crier à la terre entière :


Je n’étais mère que depuis dix minutes lorsque j’ai rencontré cet homme, mais il m’a appris, par un simple geste, l’une des choses les plus importantes sur le rôle de parent : qu’il faut de la gentillesse, de l’intuition, du toucher, et que, parfois, il n’y a même pas besoin de mots. P. 89

Un immense merci au Book club pour cette référence. Retrouvez toutes les autres...

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO
 
"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND

"La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON" de David DIOP

"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE

"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" de Maggie O'FARRELL

 "Les enfants sont rois" de Delphine DE VIGAN

"Au-delà de la mer" de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE,

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU,

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD,

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD, 

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME,

"Il n'est pire aveugle" de John BOYNE...

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2022-11-11T07:00:00+01:00

Un raisin au soleil de Lorraine HANSBERRY

Publié par Tlivres
Un raisin au soleil de Lorraine HANSBERRY

Éditions indépendantes L’Arche

Le théâtre, je crois que je n'avais pas relu de pièce depuis de lycée.

Et puis, il y a l'aventure du DESC (Département d'Ecritures pour la Scène Contemporaine) #2 organisée par le Théâtre Le Quai sous la houlette de Thomas JOLLY (oui, c’est lui qui en est à l’initiative, l’homme a un immense talent, bravo!). J'ai eu l'immense chance de faire partie des 100 juré.e.s et d'assister à la représentation de "Bien né.e.s" Du mauvais côté de l'Eau" de Clio VAN DE WALLE, texte lauréat de l'édition et mis en en scène par Mélanie LERAY.

Le thème de cette édition était portée par cette citation de Rosa PARKS : "Je suis fatiguée d'être traitée comme une citoyenne de seconde zone.".

Et puis, il y a eu cette proposition de la Maison d'éditions L'Arche de découvrir la première œuvre théâtrale de Lorraine HANSBERRY. Nous sommes dans la même veine !

Lorraine HANSBERRY a été la première femme noire à voir sa pièce produite sur Broadway. Elle fut aussi la plus jeune dramaturge et auteure noire à être distinguée par le Prix du Cercle des Critiques New-Yorkais en 1958-1959. Je ne pouvais décemment pas refuser.

"Un raisin au soleil", c'est une histoire familiale jouée dans un huis clos, la salle de séjour de la famille Younger, une famille noire américaine dans les années 1950. Elle habite Southside, le quartier noir de Chicago. Cette famille noire est composée de Ruth (femme de ménage) et Walter Lee Younger (chauffeur), la trentaine. Ils ont un fils, Travis. Avec eux vivent Lena, la mère de Walter Lee d'une soixantaine d'années, et Beneatha, la soeur de Walter Lee, la vingtaine, qui fait des études de médecine. Toute la famille est suspendue à l'arrivée d'un chèque de 10 000 dollars d'assurance-vie. Lena veut acheter une maison, s’émanciper de cet appartement de misère mais voilà, cette somme d'argent suscite autant de rêves qu'il y a de Younger !

Avoir des rêves, voilà bien le coeur de ce texte. Pour chacun des personnages, l’espoir d’un ailleurs, l’espoir d’une autre vie, sont autant de motivations pour avancer. Lorraine HANSBERRY, militante, a fait des rêves un étendard, quelques temps avant que Martin LUTHER KING n’en fasse un discours éminemment politique. Souvenez-vous, « I have a dream », nous étions en 1963.

Largement inspirée de l'histoire personnelle de l'autrice, cette pièce de théâtre met en lumière les conditions de vie d'une famille noire et révèle les discriminations raciales de l'époque. Le logement agit comme un déterminisme géographique dès lors qu'il se trouve dans un ghetto. Souhaitons que les temps aient changé !

Cette famille, c'est le catalyseur de tous les conflits.

Il y a l'intergénérationnel bien sûr, celui-là même qui puise sa source dans les différences d'âges et de regards, exacerbé quand il s'agit de vivre sous le même toit, qui plus est dans un logement exigu et insalubre.

Il y a l’opposition entre les enfants. Si la fratrie permet quelques solidarités bienvenues, il en est d'autres qui sont explosives. Les ambitions de chacun ont la vie dure quand il s’agit de les défendre au sein de sa propre famille.

Il y a ceux encore qui s'infiltrent dans les failles de la société, les classes sociales et les inégalités, et qui montent les uns contre les autres.

Ce texte d’une profonde sensibilité est une leçon de vie. Les femmes en particulier de la famille Younger aiment à décliner le verbe RÉSISTER. Lorraine HANSBERRY brosse des portraits hauts en couleur de femmes de tempérament. Comme j’ai aimé Lena, Ruth et Beneatha, des femmes inspirantes qui, à l’image de cette petite plante verte, cherchent la lumière pour SURvivre.

J’ai vibré, j’avoue, j’y étais dans cet appartement, d’autant qu’en termes de formes, les didascalies se sont faites discrètes pour me laisser apprécier exclusivement la qualité des dialogues.

Ce texte, profondément engagé et politique, est à partager sans modération avec les adultes et les jeunes publics. J’aimerais tellement maintenant le voir joué !

Merci à Claire STAVAUX de publier cette pièce inédite en français et à Samuel LEGITIMUS et Sarah VERMANDE pour la traduction. Les arts sont toujours vivants !

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2022-11-04T07:00:00+01:00

Mesure 217 de Françoise LHOIR

Publié par Tlivres
Mesure 217 de Françoise LHOIR

Collection Évasion des éditions Academia distribuée par les éditions L'Harmattan

Les premiers romans, quand ce ne sont pas les 68 Premières fois qui les proposent, ils viennent à moi comme « Mesure 217 » de Françoise LHOIR proposé dans le cadre d’une Masse Critique de Babelio. Une nouvelle fois, bonne pioche !

Marie est violoncelliste dans l’Orchestre National de Belgique. Elle est mariée avec Beaudouin, enseignant, le père de leurs deux enfants, Jérôme et Odile. Marie a une sœur, Béatrice, son aînée de 4 ans, partie vivre aux Etats-Unis. Elle est mariée avec Scott avec qui elle a eu une fille, Morgane, adolescente, dont l’itinéraire personnel est chahuté. Béatrice demande à Marie d’accueillir Morgane chez elle pour lui offrir une pause. C’est aussi à ce moment-là qu’un garçon, Sacha (son nom de scène), prodige, l'un des cinq très jeunes talents, est accueilli par l’Orchestre National de Belgique. Il est aussi « différent ». Il ne manquait plus que Caroline, la grande amie de Marie, un brin fantasque, pour offrir un nouvel horizon à tout ce petit monde.

Françoise LHOIR, autrice belge, nous propose un premier roman trépidant. Le récit est ponctué de péripéties qui donnent du rythme à la narration, un petit bijou.

Je ne vais pas pouvoir vous le cacher bien longtemps, la musique est un personnage à part entière de ce roman délicat et grisant à la fois.


On croirait voir les personnages tourner lentement sur eux-mêmes en se destinant force courbettes, comme dans les boîtes à musique anciennes. Le chef, métamorphosé à son tour en prince des salons galants, choisit de laisser la danse onduler jusqu’au dernier point d’orgue, pour ne pas ternir le bal. P. 41

J’avais eu le nez fin de me lancer dans un Mooc sur L’orchestre, quelle bonne idée ! Je me suis délectée de la plume de Françoise LHOIR pour illustrer l’organisation très structurée et hiérarchisée d’un orchestre. C’est aussi grâce à l’écrivaine que j’ai pu mettre le doigt sur le registre musical et la discipline de travail quotidienne des artistes.

Et puis, il y a aussi et surtout la capacité de la musique à vous embarquer et vous enivrer, en premier lieu les musiciens bien sûr, les hommes et les femmes qui lui vouent leur vie professionnelle, mais aussi le public, vous, moi.

Enfin, il y a le rapport à la musique pour des enfants/ados contraints et forcés par leurs parents à faire de cette discipline leur violon d’Ingres (sans jeu de mot !). Outre le fameux solfège dont beaucoup témoignent de leur martyre dans leurs jeunes années d’apprentissage, là, il y a la musique sclérosée par tout un système, depuis les auditions jusqu’aux prestations, formatées depuis la nuit des temps. Que de frustrations !


Après le premier mouvement, la partition est abandonnée, et les jeunes gens, sans se concerter, poursuivent la même évocation en improvisant, comme de coutume, abandonnant progressivement la gravité du début pour laisser exploser une folle exubérance. P. 184

Mais il n’y a pas que la musique qui soit abordée par ce roman d’une profonde sensibilité. Non, il y a d’abord le rapport des enfants avec leurs parents, et vice et versa, à la période de l’adolescence, et cette incapacité parfois, à échanger sur des sujets qui touchent à l’intimité.

Il y a encore l’approche de ce que l’on appelle maintenant communément les « enfants différents » sans bien savoir ce que ça peut vouloir dire. Ne sommes-nous pas tous singuliers, donc tous différents ? Bref, à travers deux personnages de fiction, celui de Morgane et celui de Sacha (Jacques dans la vie), Françoise LHOIR montre la difficulté à « s’intégrer » dans une communauté d’âges, en particulier lorsqu’un jeune souffre du syndrome d’Asperger. Le mot est lâché. En plus de lire « La différence invisible », la BD de Mademoiselle Caroline et Julie DACHEZ, je vous conseille absolument de lire ce roman qui explore les comportements qui y sont liés, une acculturation tout en douceur pour des symptômes qui ne le sont pas moins.

Dans une narration s'étalant sur 9 mois, l'écrivaine offre la voie d'une REnaissance. Dans une danse qui pourrait se jouer en 4 mouvements, là, 4 chapitres aux doux titres, depuis le rocambolesque jusqu'au rationnel.

Vous l’avez compris, ce roman m’a fait vibrer. Il est à lire sans modération, par les adultes comme les jeunes, un excellent roman passerelle.

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2022-09-09T07:34:41+02:00

L'inventeur de Miguel BONNEFOY

Publié par Tlivres
L'inventeur de Miguel BONNEFOY

Editions Rivages

Après 

Le voyage d'Octavio

Sucre noir

Héritage

 

place à "L'inventeur".

Augustin MOUCHOT, vous en avez entendu parler ? Moi pas ! L'homme est né en avril 1825 dans l'atelier de serrurerie de ses parents. L'enfant a cumulé toutes les maladies possibles et imaginables. Chétif, il a pourtant réussi à passer son bac de lettres en 1845. Après une première expérience dans l'enseignement dans la région de Dijon, une Chaire de mathématiques à Alençon, il dépose son premier brevet pour un heliopompe. Puis il poursuit ses travaux d'exploration d'une marmite solaire. Il passera du temps en Algérie et représentera même le pavillon du pays africain à l’Exposition Universelle de 1878. Il sera pourtant détrôné dans son parcours par les moteurs à explosion et l'énergie fossile. Si le monde lui avait donné raison à cette époque, nous n'en serions peut-être pas là en termes d'environnement !

Retrouver la plume de Miguel BONNEFOY est toujours un plaisir, surtout quand il s'agit de redorer le blason d'un inventeur qui, à défaut, serait tombé dans l'oubli. 

L'écrivain est attiré par l'invention en général. Vous vous souvenez peut-être de Margot dans "Héritage", cette enfant qui voulait devenir aviatrice et qui montait de drôles de machines à Valparaiso au Chili. Il y a quelque chose d'inspirant dans l'écriture de Miguel BONNEFOY, une invitation à créer et à aller au bout de ses rêves, des personnalités tenaces qui, contre vents et marées, vont lutter pour convaincre le monde de les suivre dans leurs aventures.

Augustin MOUCHOT ne partait pourtant pas avec tous les atouts. De santé fébrile, d'un naturel timide, ce n'était pas chose aisée pour lui que de monter au front, il l'a pourtant fait. 

Il y a des passages magnifiques avec de très belles descriptions du Mont Chélia en Algérie...


Là-haut, un empire de chênes noirs, c’était un autre monde. Vieux de six cents ans, droits, loyaux, ténébreux, des cèdres prodigieux s’élevaient tels des demi-dieux, des géants, des titans, des cathédrales, des créatures divines, plantant leurs racines directement dans la roche, tout un peuple à la fois céleste et monstrueux. P. 153

Si Augustin MOUCHOT n'avait pas d'illustres personnages dans sa famille, susceptibles de lui laisser un héritage (tiens tiens, encore un sujet du précédent roman !), il s'inspirait de Dame Nature pour voir grand.
Ce roman, il est historique, d'aventure, et il concourt à la mémoire d'un inventeur.

Si la première partie est un peu terne à mon goût, dans la seconde, j'ai pris plaisir à retrouver l'élan du romanesque auquel Miguel BONNEFOY nous avait habitués et là, pas la peine d'y connaître grand chose en mécanique !

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