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2022-10-11T05:30:00+02:00

L'Archiviste d'Alexandra KOSZELYK

Publié par Tlivres
L'Archiviste d'Alexandra KOSZELYK

Aux Forges de Vulcain

Retrouver la plume d’Alexandra KOSZELYK devient pour moi presque un rituel, l’assurance de vibrer aux confins de ce que l’Homme peut offrir de plus beau comme du plus ignoble. Ce roman est de nouveau un coup de ❤️ Comme j'aime retrouver "Love" de  Botero Pop !

K est une jeune femme, l’Archiviste. Sa sœur Mila est photographe et journaliste. Leur mère a fait une attaque cérébrale quelques jours avant l’invasion russe en Ukraine. Elle a passé un temps dans le coma. Depuis son réveil, son ouïe reste atrophiée. Alors que K se trouve dans une galerie souterraine et assure la conservation des œuvres du chaos, elle reçoit la visite d’un commanditaire qui lui confie une mission, revisiter les créations d’artistes dissidents, les falsifier, réorienter leur propos au service de la propagande. Il a un moyen de pression sur K, une photo de sa sœur Mila, prisonnière de guerre. Elle n’a d’autre choix que de se soumettre pour éviter à sa sœur une mort certaine.

Avec ce roman, Alexandra KOSZELYK décline le verbe RÉSISTER sous toutes ses formes.

Il y a la guerre en Ukraine, celle qui occupe tous les médias aujourd’hui, mais qui puise sa source dans la grande Histoire. De tout temps, le régime soviétique s’est attaché à museler ce peuple, l’affamer, l’exterminer aussi. Ce roman est l’opportunité d’explorer le passé de l’Ukraine et des événements qui ont marqué sa vie, de voir que le peuple ukrainien a dû RÉSISTER à l’envahisseur, l’assaillant russe, pour être ce qu’il est aujourd’hui. Comme j’aime que la littérature comble mes faille…

Derrière le front, les combats, il est d’autres armes plus insidieuses, moins visibles et pourtant tout aussi puissantes, celles qui touchent au patrimoine culturel pour le réduire en miettes, le détruire, à moins de pousser la perversité jusqu’à l’instrumentaliser à des fins politiques, pour les siècles des siècles. L’art, comme composante de l’identité du peuple ukrainien, devient la cible à abattre. Alexandra KOSZELYK donne à voir l’itinéraire de quelques artistes dont les trajectoires se sont heurtées au pouvoir en place. Il y a Pavlo TCHOUBYNSKY, Alla HORSKA, Maria PRIMATCHENKO, GOGOL, Lessia OUKRAÏNKA,  Marko VOVTCHOK,  Sonia DELAUNAY... comme autant d’invitations à s’intéresser à leurs registres personnels.


K aidait son pays avec ses armes, loin du front, mais pour les générations futures, elle faisait en sorte que la bataille culturelle ne soit jamais perdue, que la guérilla du détail l’emporte à terre sur la trahison des formes plus imposantes. P. 183

L'écrivaine concourt tout en beauté à la mémoire d’hommes et de femmes qui, à la force de leurs mots, leurs toiles, leur expression artistique ont su RÉSISTER.

Si à l’évocation des guerres, les hommes sont souvent en première place, pour le meilleur comme pour le pire, Alexandra KOSZELYK choisit là de brosser des portraits de femmes qui elles aussi vouent ce qu’il reste de leur vie à RÉSISTER. Rien n’y est laissé au hasard. Au fil des incarnations de K, vous allez vous immerger dans une autre époque, vivre une autre vie, porter un autre costume, mesurer les enjeux du verbe EXISTER. 


Elle s’était résignée à rester à l’arrière et avait cherché à mettre de l’ordre dans les galeries souterraines : telle serait sa façon de lutter, de prêter main forte. P. 16

Une seule lettre suffit à l’autrice pour nommer un personnage, lui donner le corps et l’âme d’une résistante, c’est dire l’immensité de son talent. La fin est grandiose et le message d’espoir intact. Le peuple ukrainien reste debout. 

Enfin, L’Archiviste est la façon très singulière mais aussi très puissante et personnelle d’Alexandra KOSZELYK de RÉSISTER, le pouvoir de « sa plume et son clavier ». Les mots sont à la fois sensibles et percutants. Elle signe là un acte militant, un acte politique fort. Touchée en plein ❤️

Le rythme est soutenu, oppressant. Le foisonnement de la narration, un pur régal. 

Alexandra KOSZELYK continue de tisser sa toile d’écrivaine, ponctuant ce dernier roman de l’évocation des précédents.

C’est du grand ART mis au service de la postérité du peuple ukrainien, quel plus beau dessein ! 

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commentaires

M
Je suis très en retard pour la lecture de ses parutions et donc pour la découvrir. J'ai beaucoup aimé "A crier dans les ruines" et je viens d'emprunter à la médiathèque "la dixième muse". Merci pour ton enthousiasme.
Répondre
T
Tu as de la chance Manou, les livres ne prennent une ride avec les années. « La dixième Muse » est le pari réussi du second roman. Belle lecture à toi.

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