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Articles avec #les premieres lignes catégorie

2023-09-09T06:00:00+02:00

L'autre moitié du monde de Laurine ROUX

Publié par Tlivres
L'autre moitié du monde de Laurine ROUX

Les éditions du Sonneur

Il y a des romans qui prennent une place toute particulière dans votre esprit. Assurément "L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX a creusé son sillon, l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'équipe du Book club dont les références ont tendance à me laisser K.O.

Nous partons pour le delta de l’Èbre en Espagne, au sud de la Catalogne. Nous sommes dans les années 1930. Une marquise est propriétaire des rizières dans lesquelles elle exploite des paysans, les condamne à l’esclavage. Pilar, cuisinière, n’est pas mieux traitée. Son corps porte l’empreinte des sales mains de Carlos, le fils de la marquise. Heureusement, elle sait pouvoir compter sur la force et l’énergie de sa fille, sauvageonne, qui sait tirer profit de la nature comme personne. Mais les bouches à nourrir échauffent les esprits des hommes qui commencent à se regrouper pour défendre leurs droits. Quand une enfant est retrouvée pendue à un arbre, le corps à moitié déchiquetée par des charognards, c’en est trop. L’heure de la rébellion a sonné !

Ce roman dresse le portrait d’un territoire. Laurine ROUX nous livre de magnifiques descriptions d’une nature fertile et nourricière. Elle est magnifiée dans ce qu’elle propose de plus poétique.

On pourrait s’en émerveiller jusqu’à la fin de nos jours s’il n’y avait cette volonté irrépressible de l’être humain d’asservir son prochain, dominer les plus faibles que soi. En Espagne, il y a eu l’Inquisition emmenée par Torquemada. Les Juifs furent convertis en marranes, les  Maures en morisques. Et puis, dans le delta de l’Èbre, c’est notamment là que des hommes et des femmes se révoltèrent. A travers des itinéraires de fiction, l’écrivaine relate les différentes étapes du soulèvement. 

Et puis, dans ce roman, il y a des personnages profondément attachants, des beaux personnages féminins, des résistantes. Il y a Pilar, il y a Soledad, il y a Toya. Toya, la fille de Pilar, mesure dès sa plus petite enfance le poids de l’injustice. Elle en fera son credo, à la vie à la mort.

Il y a encore la puissance de la communauté, la force d’un groupe d’hommes et de femmes soudés par la violence des évènements. La fraternité devient une évidence. 

Il y a enfin un livre rendu haletant par l’arrivée de Luz, une jeune femme d’aujourd’hui appelée à remplacer son compagnon dans le delta pour répertorier la faune et la flore des zones humides. Dès lors, tout peut arriver. 

Ce livre historique est très romanesque. La guerre civile espagnole comme toile de fond permet à Laurine ROUX d’explorer un nouveau type de roman. Elle le fait avec brio. Bravo !

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2023-04-22T12:54:36+02:00

La nuit des béguines d’Aline KINER

Publié par Tlivres
Sur l'image, un vase bleu, trois coquelicots et ces premières lignes : Leonor, sa grand-mère, l'avait affirmé. Regardant les masures des villages environnants se vider, les jeunes aux braies déchirées et au ventre creux quitter leur famille et leur paroisse pour la ville, elle avait dit à Ysabel : "Un jour viendra où les contours de notre monde se seront transformés au point que les gens de mon âge ne sauront plus le reconnaître. Moi je disparaîtrai bientôt, mais toi, garde les yeux ouverts !". Ce matin de janvier 1310, Ysabel s'est levée alors que les premières lueurs filtraient à travers la fenêtre de sa chambre. Elle s'est vêtue chaudement et, comme elle le fait chaque jour, s'est rendue dans son jardin. La voici accroupie près d'une plate-bande enclose de branches de noisetiers..."

Sur l'image, un vase bleu, trois coquelicots et ces premières lignes : Leonor, sa grand-mère, l'avait affirmé. Regardant les masures des villages environnants se vider, les jeunes aux braies déchirées et au ventre creux quitter leur famille et leur paroisse pour la ville, elle avait dit à Ysabel : "Un jour viendra où les contours de notre monde se seront transformés au point que les gens de mon âge ne sauront plus le reconnaître. Moi je disparaîtrai bientôt, mais toi, garde les yeux ouverts !". Ce matin de janvier 1310, Ysabel s'est levée alors que les premières lueurs filtraient à travers la fenêtre de sa chambre. Elle s'est vêtue chaudement et, comme elle le fait chaque jour, s'est rendue dans son jardin. La voici accroupie près d'une plate-bande enclose de branches de noisetiers..."

Cette lecture, c'est un nouveau conseil de ma fille, là encore, mon coeur a fait boum !

Et comme vous savez que je ne lis plus les 4èmes de couverture, je vous en propose aujourd'hui les premières lignes.

Nous sommes en 1310. Philippe LE BEL est au pouvoir. Ysabel fait partie de cette communauté de femmes du « Grand béguinage de Paris ». Partie de sa Bourgogne natale, elle y est entrée après le décès de son second mari. Là, elle oeuvre à l’hôpital, elle soigne le corps et l’esprit de personnes accueillies dans de terribles conditions, parfois de la rue, comme cette jeune femme rousse, Maheut, dont la chevelure suffirait à la condamner. Ysabel tient le savoir des vertus des plantes de sa grand-mère Leonor. La communauté est alors tenue par Perrenelle la Chanevacière, une femme riche qui a pourtant fait le choix de la modestie et l’humilité. Respectée de toutes les femmes, elle gère cette maison de main de maître et assure la pérennité de l’institution mais jusqu’à quand ? L’inquisition gronde hors des murs, des êtres sont condamnés et conduits au bûcher Place de la Grève pour hérésie. Dès lors, vouloir sauver l’humanité relève d’un grand dessein…

Ce roman d’Aline KINER relève d’une formidable épopée.

Il y a d’abord cette communauté de femmes, libres, oeuvrant à l’intérieur comme à l’extérieur des murs de l’institution. Elles peuvent être cheffes d’entreprises, faire du commerce, gérer leurs biens sans qu’aucun homme n’ait à y redire. Nous sommes au 14ème siècle, le modèle est avant-gardiste. 

« Le Miroir des simples âmes et anéanties » est prohibé par le clergé, il vaudra la vie à son autrice, Marguerite PORETE. Dès lors, s'ouvre le chemin de la clandestinité.

Ce roman historique est haletant. Aline KINER réussit parfaitement à égrener les évènements de cinq années dans un suspense fascinant sur 310 pages. La plume est éminemment descriptive à l’image de celle de Jessie BURTON, souvenez-vous de « Miniaturiste ».

Le récit est rocambolesque, les personnages profondément attachants.


Retrouvez toutes les autres pépites qu'elle m'a conseillées :

Qui sait de Pauline DELABROY-ALLARD

Miniaturiste de Jessie BURTON

Lorsque le dernier arbre de Mickael CHRISTIE

"Les cerfs-volants" de Romain GARY

"Mon ghetto intérieur" de Santiago H. AMIGORENA,

"Colette et les siennes" de Dominique BONA, 

"La cause des femmes" de Gisèle HALIMI,

"Les grandes oubliées" de Titiou LECOQ...

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2023-04-15T06:00:00+02:00

Ceci n'est pas un fait divers de Philippe BESSON

Publié par Tlivres
Ceci n'est pas un fait divers de Philippe BESSON

Vous savez que je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres, je leur préfère de beaucoup les premières lignes.

Place aujourd'hui à celles d'une lecture coup de poing découverte lors des Entretiens littéraires de la Collégiale Saint-Martin d'Angers : "Ceci n'est pas un fait divers" de Philippe BESSON aux Editions Julliard.

Cécile Morand, c’est un peu l’enfant de Blanquefort, une commune de Gironde. Elle est née dans les années 1970. Ses parents étaient buralistes. Quand sa mère est décédée prématurément d’un cancer foudroyant, c’est Cécile, âgée alors de 18 ans, qui lui a succédé. Et puis, il y a eu cette rencontre avec Franck à l’entrée d’une discothèque, la soirée passée ensemble, une nuit d’amour, une grossesse. Ils ont emménagé ensemble. Ils ont eu un garçon, de 19 ans aujourd’hui, entré à l’Opéra de Paris. Il a quitté le foyer depuis 5 ans pour réaliser son rêve. Et puis, ils ont eu une fille, Léa, 13 ans. Seule Léa est témoin des disputes familiales, jusqu’au jour où, Léa appelle son frère : « Papa vient de tuer Maman ».

Si Philippe BESSON dit volontiers en riant que le roman lui permet de tuer des hommes et des femmes quand il le veut, il ne s’agit là que d’histoires contées et nous savons, celles et ceux qui le lisons, qu’il a cette capacité à construire des personnages aux trajectoires particulièrement chahutées.

Mais là, trêve de sourire. L’affaire est grave. Philippe BESSON s’inspire d’une histoire vraie qui lui a été rapportée par un jeune homme rencontré lors d’une dédicace et qui, après plusieurs mois, lui a délivré cette même phrase.

Ce qui m’a particulièrement fasciné dans ce roman, c’est l’angle d’attaque de Philippe BESSON. Il dédie son roman tout entier à l'exploration de la vie après l'instant de rupture, ce moment qui rend les êtres vulnérables, fragiles, sans repère. Je ne vous en dirai pas beaucoup plus. A vous de le découvrir.

Si vous aimez la plume de Philippe BESSON, vous retrouverez la sensibilité de ses précédents romans : "Arrête tes mensonges ", "Les passants de Lisbonne" et "Une bonne raison de se tuer"...

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2023-04-08T06:00:00+02:00

Inconnu à cette adresse de Kathrine KRESSMANN TAYLOR

Publié par Tlivres
Inconnu à cette adresse de Kathrine KRESSMANN TAYLOR

Comme vous le savez maintenant, je ne lis plus les quatrièmes de couverture, je leur préfère de beaucoup les premières lignes des livres.

Avec "Inconnu à cette adresse" de Kathrine KRESSMAN TAYLOR, vous êtes rapidement mis dans le bain.

L'autrice américaine nous livre une lettre adressée par un allemand, Max Eisenstein, à l'un de ses congénères, Martin Schulse, reparti au pays. Nous sommes en 1932, autant dire à la veille d'évènements stratégiques en Allemagne qui donneront le ton à l'échelle mondiale pour une bonne dizaine d'années.

Au fil d'une correspondance entre les deux hommes, l'autrice va nous plonger dans la tourmente du régime nazi et des effets sur les relations, y compris d'amitié.

Peu adapte du genre des nouvelles, là, je vous avoue, j'ai succombé.

En l'espace de quelques pages, l'écrivaine a ce talent, à partir d'une correspondance ayant véritablement existé, de poser le cadre du métier à tisser et de tendre les fils d'un scénario glaçant.

Le texte est puissant, les mots d’une profonde intimité, l’émotion forte. Je vous conseille absolument cette lecture.

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2023-03-25T15:40:13+01:00

Le Grand Saut de Thibault BERARD

Publié par Tlivres
Le Grand Saut de Thibault BERARD

Vous le savez, je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres.

Je leur préfère de beaucoup les premières lignes, à l'image de celles du dernier roman de Thibault BERARD, "Le Grand Saut" publié aux Editions de L’Observatoire.

Léonard, un vieux monsieur tombe dans sa cuisine, il meurt. Son avatar vient le visiter et lui rappelle tous les moments de sa vie, les bons, les plus difficiles. Enfant, il a toujours voulu être poète. Après des études littéraires, il a rencontré Lize dont il est tombé fou amoureux. Et puis, il y a eu la vie de couple rongée par les contraintes quotidiennes. Dans une autre maison, se produit un autre drame. La petite Zoé vit actuellement avec son Papa. Sa Maman est hospitalisée, la fillette ne peut aller la voir. Mais pourquoi est-elle dans cet état insupportable ? Que lui est-il arrivé ? Puisque son père ne lui délivre aucun indice, Zoé va lancer elle-même son enquête. Elle pourrait bien découvrir un secret pas si bien gardé !

 

Quel plaisir de retrouver la plume de Thibault BERARD, ses mots sont d’une éblouissante tendresse, les phrases délicates et le propos fantaisiste. L’écrivain nous livre un nouveau roman intimiste construit autour de deux huis-clos et des destins qui pourraient finir par se croiser sous le jeu de l’écriture. 

J'ai fondu d'émotion devant le personnage de la petite Zoé, une enfant profondément perspicace, sensible, pleine d'énergie et d'ingéniosité.

Et puis, il y a ce secret si bien gardé que je ne vous en dirai rien bien sûr.

Maintenant, vous avez compris, à vous de jouer !

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2023-03-18T09:10:57+01:00

Sonia DELAUNAY, la vie magnifique de Sophie CHAUVEAU

Publié par Tlivres
Sonia DELAUNAY, la vie magnifique de Sophie CHAUVEAU

Comme vous le savez, je ne lis plus les quatrièmes de couverture. Remarquez, avec ce roman, je ne prenais pas de grands risques, je connaissais la plume de Sophie CHAUVEAU, je crois que je peux tous les aimer ses livres. Quant à Sonia DELAUNAY, je voue une admiration à ses toiles de longue date. Ce duo de choc ne pouvait que me séduire.

J'ai choisi aujourd'hui de vous livrer les premières lignes du roman : "Sonia DELAUNAY, La vie magnifique" de Sophie CHAUVEAU aux éditions Taillandier, l'occasion une nouvelle fois de décliner #marsaufeminin.

Ces premières lignes, c'est une manière de prendre pied dans le contexte historique et de vous familiariser avec l'écriture de Sophie CHAUVEAU, descriptive, romancée.

Vous pourriez bien perdre pied, toutefois, dans les pages suivantes. Très vite, le contexte évolue, la petite Sonia sera adaptée par son oncle, avocat, dont l'épouse est stérile. Elle va passer d'un milieu de pauvreté au luxe, à la culture, de quoi vous faire perdre la tête, aussi. La fillette va adopter de nouveaux codes de la société et bientôt nourrir des ambitions plus grandes, au-delà même des frontières de l'Ukraine. Je ne vous en dis pas plus, juste que ce roman est prodigieux.

Vous allez suivre l'itinéraire d'une artiste en herbe, une femme à la créativité débordante que rien ne pourrait arrêter, ou presque. Sa vie est aussi jubilatoire que le tout Paris des années 1930, les ateliers d'artistes de l'avant-garde, le Bal Bullier, les sphères d'intellectuels qui refont le monde, tout est permis. 

Ce roman, c'est Alexandra KOSZELYK qui m'a mise sur la voie avec "L'Archiviste" publié Aux Forges de Vulcain. Elle concourt à la postérité de la culture ukrainienne, aujourd'hui menacée. Sonia DELAUNAY fait partie de ces artistes expatriés, de ceux qui dans leur création n'ont cessé de se nourrir de leurs origines.

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2023-03-11T07:00:00+01:00

Artifices de Claire BEREST

Publié par Tlivres
Artifices de Claire BEREST

Je poursuis la déclinaison de l'opération #marsaufeminin.

Et puisque je ne lis plus les quatrièmes de couverture, je vous propose aujourd'hui #lespremiereslignes du dernier roman de Claire BEREST, "Artifices" chez Stock éditions, désormais disponible chez Le livre de poche.

Tout commence avec une scène de chaos, un bal du 14 juillet qui devient un bain de sang. Abel Bac voit ses nuits régulièrement perturbées par le même cauchemar. Quatre nuits par semaines, il donne libre cours à ses insomnies, se lève, s'habille et part déambuler dans les rues de Paris jusqu’à se perdre, jubile, et rentre. Abel Bac est flic, enfin, était. Il a été suspendu de ses fonctions il y a 8 jours. Il était lieutenant de police à la 1ère DPJ de Paris. Ses journées, il les passe seul, il s'occupe de ses quatre-vingt treize orchidées qu’il soigne avec une attention toute particulière. Et puis, comme personne ne le visite jamais... enfin, visitait, parce que la nuit dernière, la voisine du dessus, ivre morte, s'est trompée d'appartement. Cette intrusion dans son intimité le fait vaciller. Et puis, il y a ce journal, trouvé sur son paillasson, chaque jour, relatant la découverte d'un cheval blanc dans une bibliothèque de Beaubourg. Etrange, non ?

Dans le titre, "Artifices", il y a "Art". Une nouvelle fois, il est au coeur de l'histoire contée par Claire BEREST. Après le Centre Pompidou, d'autres établissements culturels verront en leur sein des mises en scènes pour le moins surprenantes. La partenaire d'Abel Bac, Camille, est chargée d'enquêter pour trouver qui se cache derrière ces performances artistiques. Au fil des rencontres du policier suspendu avec sa voisine, Elsa, étudiante en histoire de l'art, l'écrivaine nous éclaire sur l'acte de création artistique et la vie de l'oeuvre.

Et puis, il y  a des personnages construits avec une incroyable minutie. L'autrice imagine des êtres torturés par des drames familiaux, hantés par les fantômes des disparus, des êtres poussés à changer d'identité.

Dans une plume énergique et haletante, Claire BEREST dévoile des liens restés dans l'ombre et gardés secrets. 

L'écrivaine montre son talent dans un registre littéraire très codifié. Elle nous livre un véritable page-turner.

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2023-02-25T07:00:00+01:00

L'heure des oiseaux de Maud SIMONNOT

Publié par Tlivres
L'heure des oiseaux de Maud SIMONNOT

Parce que la plume de Maud SIMONNOT m'a mise K.O. avec son roman "Les heures des oiseaux" chez les Editions de L’Observatoire, je partage avec vous aujourd'hui les premières lignes.

Mieux que la quatrième de couverture, elles sont les prémisses d'une histoire sordide.

Lily est accueillie à l’orphelinat de l’île de Jersey, une terre anglo-normande. Elle porte une attention toute particulière à un enfant, le Petit. Tous deux essaient de se protéger des coups, mais, dans les années 1900, la maison de dieu se révèle des plus violentes. En 2008, une découverte macabre met en émoi la population de l'île. La narratrice, une ornithologue, a tout intérêt, des dizaines d’années après, à faire la lumière sur les détails de la tragédie. Une nouvelle page de l'Histoire s'ouvre alors !

Ce roman est fascinant.

D'abord, il y a le sujet inspiré d'une histoire vraie et qui assure la mémoire de celles et ceux disparus dans des conditions abjectes. 

Et puis, il y a la place réservée à la nature, un hymne à sa beauté.

Il y a enfin le jeu de la narration, les chapitres courts... ces éléments qui renforcent le pouvoir des mots de Maud SIMONNOT. La plume est ciselée, les personnages écorchés. Coup de maître, chapeau !

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2023-02-18T13:00:00+01:00

L'Archiviste d'Alexandra KOSZELYK

Publié par Tlivres
Sur l'image, un vase bleu avec des coquelicots et puis, ces mots : "La nuit était tombée sur l'Ukraine. Comme à son habitude, K était assise au bord du lit, attendant que sa mère s'endorme. La jeune femme était revenue vivre dans l'appartement de son enfance, après la crise qui avait laissé sa mère infirme. Une fois que les traits de celle-ci se détendirent, que sa respiration devint paisible, qu'elle retrouva sur son visage scette lucidité que l'éveil lui ôtait, K sortit de la chambre et referma la porte avec douceur. Dans la cuisine, elle prépara un café et, pendant que l'eau chauffait, alluma une cigarette, appuyée contre la fenêtre. Son regard se perdit dans la ville où les réverbères diffusaient une lumière douceâtre. Des images de l'invasion lui revinrent. La sidération le jour même,

Sur l'image, un vase bleu avec des coquelicots et puis, ces mots : "La nuit était tombée sur l'Ukraine. Comme à son habitude, K était assise au bord du lit, attendant que sa mère s'endorme. La jeune femme était revenue vivre dans l'appartement de son enfance, après la crise qui avait laissé sa mère infirme. Une fois que les traits de celle-ci se détendirent, que sa respiration devint paisible, qu'elle retrouva sur son visage scette lucidité que l'éveil lui ôtait, K sortit de la chambre et referma la porte avec douceur. Dans la cuisine, elle prépara un café et, pendant que l'eau chauffait, alluma une cigarette, appuyée contre la fenêtre. Son regard se perdit dans la ville où les réverbères diffusaient une lumière douceâtre. Des images de l'invasion lui revinrent. La sidération le jour même,

Vous savez que je ne manque jamais une occasion de célébrer le dernier roman d'Alexandra KOSZELYK, "L'Archiviste" Aux Forges de Vulcain. Alors, vous comprendrez que je l'honore aujourd'hui pour sa plus haute marche sur le podium du Prix Vleel, toutes mes félicitations à l'autrice et sa maison d'édition, lauréats du Prix Vleel 2022.

Vous savez aussi que je ne lis plus les quatrièmes de couverture, je leur préfère de beaucoup les premières lignes.

Avec ce roman, Alexandra KOSZELYK décline le verbe RÉSISTER sous toutes ses formes.

Il y a la guerre en Ukraine, celle qui occupe tous les médias aujourd’hui, mais qui puise sa source dans la grande Histoire. De tout temps, le régime soviétique s’est attaché à museler ce peuple, l’affamer, l’exterminer aussi. Ce roman est l’opportunité d’explorer le passé de l’Ukraine et des événements qui ont marqué sa vie, de voir que le peuple ukrainien a dû RÉSISTER à l’envahisseur, l’assaillant russe, pour être ce qu’il est aujourd’hui. Comme j’aime que la littérature comble mes faille…

Derrière le front, les combats, il est d’autres armes plus insidieuses, moins visibles et pourtant tout aussi puissantes, celles qui touchent au patrimoine culturel pour le réduire en miettes, le détruire, à moins de pousser la perversité jusqu’à l’instrumentaliser à des fins politiques, pour les siècles des siècles. L’art, comme composante de l’identité du peuple ukrainien, devient la cible à abattre.

Si à l’évocation des guerres, les hommes sont souvent en première place, pour le meilleur comme pour le pire, Alexandra KOSZELYK choisit là de brosser des portraits de femmes qui elles aussi vouent ce qu’il reste de leur vie à RÉSISTER.

Le rythme est soutenu, oppressant. Le foisonnement de la narration, un pur régal. C’est du grand ART mis au service de la postérité du peuple ukrainien, quel plus beau dessein ! 

Visionnez la rencontre littéraire Vleel avec l’autrice, un moment délicieux ❤️

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2023-02-10T19:02:22+01:00

Regarde le vent de Marie-Virginie DRU

Publié par Tlivres
Regarde le vent de Marie-Virginie DRU

Parce que je ne lis plus jamais les quatrièmes de couvertures, je vous propose les premières lignes du roman de Marie-Virginie DRU, "Regarde le vent", aux éditions Albin Michel.

Camille a la quarantaine. Elle est mariée avec Raphaël avec qui elle a eu deux filles, Jeanne et Louise de 12 et 14 ans. Elle est guide conférencière à Paris. Sa grand-mère, Annette, est décédée il y a trois mois. Elle a une irrépressible envie de se mettre à écrire. Comme une adolescente, elle commence à rédiger en cachette. Raphaël est un être torturé et violent. Il met la main sur ce qui apparaît comme le journal intime de sa femme, elle qui s'évertue à remonter le fil des générations passées, des histoires de femmes. Dès lors, tout peut arriver.

Ce roman, je vous le conseille.

Il y a d'abord l'ambiance qui règne dans cette famille, la pression exercée par "le loup dans la bergerie". La tension est palpable, elle va aller crescendo, impossible de lâcher votre livre avant d'avoir tourné la dernière page.

Et puis, il y a le sujet, la mémoire intergénérationnelle, celle qui se transmet, inconsciemment, entre les générations. C'est quelque chose qui m'interpelle et que j'ai envie d'explorer.

Il y a encore des personnages de femmes tout à fait fascinants, des résistantes.

Il y a enfin toutes ces références culturelles citées par l'autrice qui sont autant d'opportunités à se documenter sur les sculptures, des poèmes, des chansons... 

Dernier point, la plume, une découverte pour moi. Elle est foisonnante. Les personnages sont de fiction mais Marie-Virginie DRU réussit formidablement bien à leur donner corps. Les descriptions et les vies trépidantes de celles qu'elle décrit sont autant d'invitations à s'identifier à elles. Pari réussi du second roman !

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2023-02-04T07:00:00+01:00

Les danseurs de l’aube de Marie CHARREL

Publié par Tlivres
Une image avec un vase et trois coquelicots, en plus des premières lignes du roman de Marie CHARREL : Les cendres tombent sur la ville, comme une neige noire. Tandis que l'écho des sirènes déchire le ciel, les habitants évitent la foule, fuient les lieux publics en couvrant leurs visages et se terrent chez eux tels des animaux inquiets. Ils verrouillent les portes à double tour puis ordonnent aux enfants de s'enfermer dans leur chambre. Ils s'éloignent des fenêtres vibrant sous le passage des véhicules de police et allument le poste de télévision où ils observent, estourbis, les images de leurs propres rues promises au chaos. Quelles prévarications, quels péchés ont-ils omis de confesser pour que le sombre démiurge s'abatte sur leur paisible cité avec une telle violence ?

Une image avec un vase et trois coquelicots, en plus des premières lignes du roman de Marie CHARREL : Les cendres tombent sur la ville, comme une neige noire. Tandis que l'écho des sirènes déchire le ciel, les habitants évitent la foule, fuient les lieux publics en couvrant leurs visages et se terrent chez eux tels des animaux inquiets. Ils verrouillent les portes à double tour puis ordonnent aux enfants de s'enfermer dans leur chambre. Ils s'éloignent des fenêtres vibrant sous le passage des véhicules de police et allument le poste de télévision où ils observent, estourbis, les images de leurs propres rues promises au chaos. Quelles prévarications, quels péchés ont-ils omis de confesser pour que le sombre démiurge s'abatte sur leur paisible cité avec une telle violence ?

Parce que je ne lis plus jamais les quatrièmes de couvertures, je vous propose les premières lignes du roman de Marie CHARREL, "Les danseurs de l'aube", publié initialement aux éditions de L’Observatoire et depuis peu chez Le livre de poche.

Ce roman est un énorme coup de coeur.

Tout commence dans le chaos. Le quartier de Schanzenviertel de Hambourg en Allemagne connaît une nouvelle vague de rébellion, cette fois orientée contre le G20. Le théâtre Rote Flora est squatté, fief d'une communauté anarchiste de longue date. Chaos toujours, les événements se passent en Hongrie. Les Roms sont expulsés, ils doivent libérer les logements qu’ils habitent pour les laisser à d’autres. Iva fait partie de ces populations mises de force sur les route. Elle arrive à Hambourg, tout comme trois amis, trois garçons, trois berlinois, tout juste bacheliers. Lukus, Nazir et Carl vont commencer des études universitaires d’informatique. Ils s’offrent une escapade estivale à Hambourg. Pendant que Nazir et Carl fréquentent les clubs de strip-tease, Lukus, lui, le jeune homme efféminé, part sur les traces d’un danseur de flamenco, juif et travesti, Sylvin RUBINSTEIN qui est décédé en 2011. Cet artiste, c’est sa professeure de danse classique qui l’a mis sur la voie. Il n’avait alors que 12 ans. Il deviendra son icône. C’est dans cette ville allemande, en juillet 2017, que Iva et Lukus vont se croiser. Leur photographie d’un couple sorti mystérieusement des brumes de la ville incendiée sera diffusée à travers le monde entier. Elle marque le début d’une épopée éminemment romanesque.

Ce roman, c'est un jubilé de sujets qui me passionnent.

D'abord, il y a l'art à travers le flamenco, cette danse incandescente à laquelle les jumeaux RUBINSTEIN s'adonnent. Vous allez mesurer la puissance de l'enivrement.

Il y a, dans ce roman, des descriptions tout à fait fabuleuses des moments de spectacle, d'exaltation, des jumeaux reconnus dans le monde entier pour leur talent. Nous sommes dans les années 1930, les années folles, cette période éblouissante marquée par l'élan d'euphorie qui souffle sur les disciplines artistiques.

Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est aussi la singularité du travesti. Sylvin RUBINSTEIN se produisait en tenue de femme. 

La lecture est jubilatoire. Dans une plume haute en couleurs et en intensité, "Les danseurs de l'aube" deviennent des personnages héroïques. Entre passé et présent, réalité et fiction, mon coeur s'est laissé porter par la fougue d'êtres hors du commun, des hommes et des femmes, indignés, qui, de gré ou de force, choisissent la voie de la liberté, à la vie, à la mort. Marie CHARREL restitue tout en beauté d'innombrables recherches réalisées pour être au plus près de l'actualité comme de l'Histoire. Elle nous livre un roman d'une richesse éblouissante.

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2023-01-28T13:53:42+01:00

Les Enfants endormis d’Anthony PASSERON

Publié par Tlivres
Les Enfants endormis d’Anthony PASSERON

Parce que je ne lis plus jamais les quatrièmes de couvertures, je vous propose les premières lignes du premier roman d'Anthony PASSERON, "Les Enfants endormis" aux éditions Globe.

Il y a cette famille d’artisans bouchers, de pères en fils, des gens connus de tout le village, des gens qui se tuent au travail. Alors, quand le fils aîné, Désiré, se destine à des études, un nouvel élan souffle sur la lignée. C’est le fils cadet qui, lui, sera soumis à la relève, lui n’aura pas le choix de son avenir professionnel. Mais avec les études, Désiré découvre la vie en ville. Il côtoie des jeunes qui n’ont que faire du modèle ancestral. Ce qu’ils veulent, eux, c’est vivre. Dès lors, ils repoussent les limites, bravent tous les dangers. Désiré lâche l’école. Direction Amsterdam. Quand il en reviendra, plus rien ne sera pareil. La drogue fait partie de sa vie, la drogue dure, l’héroïne. Il se pique, lui et ses amis de l’époque. Ils partagent les mêmes seringues, celles-là mêmes qui véhiculent le VIH. Mais le virus est à cette époque loin d’être maîtrisé. Ce ne sont que les balbutiements de la recherche médicale dans le domaine, le début d’un des plus grands combats scientifiques du XXème siècle. 

Le primo-romancier, Anthony PASSERON, a un talent fou.

Il réussit à mêler habilement la fiction et la réalité.

Il nous offre un double regard avec la dimension micro pour l'exploration de l'intimité d'une famille "ordinaire", la sienne, et la dimension macro, celle de l'univers de la recherche en prise avec l'épidémie du sida. 

Anthony PASSERON nous livre un roman social, de ceux qui témoignent d'une époque. J'y ai retrouvé mille et un détails de cette période comme autant de souvenirs familiaux, télévisuels aussi. Le témoignage, c'est ce qui explique la démarche de l'écrivain :


Ce livre est l’ultime tentative que quelque chose subsiste. P. 11

Il concourt à la mémoire de son oncle, Désiré, sa femme et sa fille.

Il honore aussi Willy ROZENBAUM, l'épidémiologiste qui a été le premier à faire le rapprochement entre :


une maladie très rare du système pulmonaire survenue chez un sujet jeune, homosexuel, qui n'a aucune raison d'être immunodéprimé. Tout est là, devant ses yeux. C'est la même affection, une maladie quasi éradiquée, qui vient d'être observée chez six patients, cinq Américains et, désormais, un Français. P. 17

Il s'est battu corps et âme pour fédérer des chercheurs, emporter l'adhésion des Américains pour faire cause commune. Il a payé de sa personne, devenu paria de l'hôpital Claude-Bernard comme ses patients. Il est aussi passé à côté du Prix Nobel de Médecine 2008 décerné à Françoise BARRE-SINOUSSI et Luc MONTAGNIER pour "leurs découvertes du virus de l'immunodéficience humaine (VIH)". Non pas qu'eux déméritaient, non. Ils faisaient partie comme Willy ROZENBAUM de celles et ceux qui menaient le combat contre cette terrible maladie depuis l'origine. Simplement, ils auraient pu être trois ! Anthony PASSERON relate son parcours, il célèbre le médecin français, qu'il soit loué pour sa démarche littéraire.

Sa plume est prometteuse. Je ne suis pas la seule à le dire ! Le roman "Les Enfants endormis" est lauréat du Prix Wepler 2022 et du Prix Première Plume 2022.

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2023-01-21T09:02:54+01:00

Quand tu écouteras cette chanson de Lola LAFON

Publié par Tlivres
Quand tu écouteras cette chanson de Lola LAFON

Parce que je ne lis plus jamais les quatrièmes de couvertures, je vous propose les premieres lignes du livre de Lola LAFON, « Quand tu écouteras cette chanson » dans la Collection "Ma nuit au musée" des éditions Stock.

 

Lola LAFON a choisi un lieu sur lequel la Shoah a marqué son empreinte comme le tatouage sur le bras gauche des hommes et des femmes, juifs, dans les camps de concentration. L'Annexe du Musée est le lieu où la famille Frank a vécu clandestinement pendant 25 mois, 40 mètres carré pour 760 jours de survie, à l'abri des regards et des oreilles du peuple hollandais, lui, qui, en 1940, capitule et s'astreint à appliquer les mesures anti-juives. Otto et son épouse Edith, Margot et Anne leur deux filles, hébergeront quatre autres des leurs jusqu'au 4 août 1944, ce jour où la Gestapo accède au troisième étage de l'immeuble de bureaux d'Opekta.


Le temps d'une nuit, Lola LAFON, l'écrivaine de talent, va cohabiter avec une absente, celle qui a fait de l'écriture son alliée pour s'évader de ces 40 mètres carrés, celle dont le texte a depuis été spolié à des fins commerciales et politiques. Abject ! A travers ce récit, Lola LAFON s'attache à restituer l'authenticité de la prose de la jeune adolescente pour en assurer la postérité.

 

L'écrivaine explore au scalpel le sujet de l'identité et philosophe autour du rôle et du pouvoir de l'écriture.

 

 

La plume est profondément émouvante. Elle vous serre le coeur du mal qui ronge les générations, de l'ignominie humaine qui fait front. Quant à dire plus jamais ça, la chute est foudroyante. 

 

S'il n'était qu'un brin d'espoir, retenons que l’appartement des Frank de Merwedeplein soit devenu un lieu de résidence d'écrivains persécutés, un lieu de création, un lieu de vie, quoi !

 

"Quand tu écouteras cette chanson" est lauréat du Prix Décembre 2022 et du Prix Les Inrockuptibles.

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