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2022-11-11T07:00:00+01:00

Un raisin au soleil de Lorraine HANSBERRY

Publié par Tlivres
Un raisin au soleil de Lorraine HANSBERRY

Éditions indépendantes L’Arche

Le théâtre, je crois que je n'avais pas relu de pièce depuis de lycée.

Et puis, il y a l'aventure du DESC (Département d'Ecritures pour la Scène Contemporaine) #2 organisée par le Théâtre Le Quai sous la houlette de Thomas JOLLY (oui, c’est lui qui en est à l’initiative, l’homme a un immense talent, bravo!). J'ai eu l'immense chance de faire partie des 100 juré.e.s et d'assister à la représentation de "Bien né.e.s" Du mauvais côté de l'Eau" de Clio VAN DE WALLE, texte lauréat de l'édition et mis en en scène par Mélanie LERAY.

Le thème de cette édition était portée par cette citation de Rosa PARKS : "Je suis fatiguée d'être traitée comme une citoyenne de seconde zone.".

Et puis, il y a eu cette proposition de la Maison d'éditions L'Arche de découvrir la première œuvre théâtrale de Lorraine HANSBERRY. Nous sommes dans la même veine !

Lorraine HANSBERRY a été la première femme noire à voir sa pièce produite sur Broadway. Elle fut aussi la plus jeune dramaturge et auteure noire à être distinguée par le Prix du Cercle des Critiques New-Yorkais en 1958-1959. Je ne pouvais décemment pas refuser.

"Un raisin au soleil", c'est une histoire familiale jouée dans un huis clos, la salle de séjour de la famille Younger, une famille noire américaine dans les années 1950. Elle habite Southside, le quartier noir de Chicago. Cette famille noire est composée de Ruth (femme de ménage) et Walter Lee Younger (chauffeur), la trentaine. Ils ont un fils, Travis. Avec eux vivent Lena, la mère de Walter Lee d'une soixantaine d'années, et Beneatha, la soeur de Walter Lee, la vingtaine, qui fait des études de médecine. Toute la famille est suspendue à l'arrivée d'un chèque de 10 000 dollars d'assurance-vie. Lena veut acheter une maison, s’émanciper de cet appartement de misère mais voilà, cette somme d'argent suscite autant de rêves qu'il y a de Younger !

Avoir des rêves, voilà bien le coeur de ce texte. Pour chacun des personnages, l’espoir d’un ailleurs, l’espoir d’une autre vie, sont autant de motivations pour avancer. Lorraine HANSBERRY, militante, a fait des rêves un étendard, quelques temps avant que Martin LUTHER KING n’en fasse un discours éminemment politique. Souvenez-vous, « I have a dream », nous étions en 1963.

Largement inspirée de l'histoire personnelle de l'autrice, cette pièce de théâtre met en lumière les conditions de vie d'une famille noire et révèle les discriminations raciales de l'époque. Le logement agit comme un déterminisme géographique dès lors qu'il se trouve dans un ghetto. Souhaitons que les temps aient changé !

Cette famille, c'est le catalyseur de tous les conflits.

Il y a l'intergénérationnel bien sûr, celui-là même qui puise sa source dans les différences d'âges et de regards, exacerbé quand il s'agit de vivre sous le même toit, qui plus est dans un logement exigu et insalubre.

Il y a l’opposition entre les enfants. Si la fratrie permet quelques solidarités bienvenues, il en est d'autres qui sont explosives. Les ambitions de chacun ont la vie dure quand il s’agit de les défendre au sein de sa propre famille.

Il y a ceux encore qui s'infiltrent dans les failles de la société, les classes sociales et les inégalités, et qui montent les uns contre les autres.

Ce texte d’une profonde sensibilité est une leçon de vie. Les femmes en particulier de la famille Younger aiment à décliner le verbe RÉSISTER. Lorraine HANSBERRY brosse des portraits hauts en couleur de femmes de tempérament. Comme j’ai aimé Lena, Ruth et Beneatha, des femmes inspirantes qui, à l’image de cette petite plante verte, cherchent la lumière pour SURvivre.

J’ai vibré, j’avoue, j’y étais dans cet appartement, d’autant qu’en termes de formes, les didascalies se sont faites discrètes pour me laisser apprécier exclusivement la qualité des dialogues.

Ce texte, profondément engagé et politique, est à partager sans modération avec les adultes et les jeunes publics. J’aimerais tellement maintenant le voir joué !

Merci à Claire STAVAUX de publier cette pièce inédite en français et à Samuel LEGITIMUS et Sarah VERMANDE pour la traduction. Les arts sont toujours vivants !

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commentaires

M
Je lis rarement du théâtre que je préfère aussi voir jouer mais en effet ce texte engagé me donne envie de le faire. Merci pour la découverte je n'en avais pas du tout entendu parler
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T
Vas-y Manou, c’est du grand art.

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