Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2024-04-05T06:00:00+02:00

La Colère et l’Envie d’Alice RENARD

Publié par Tlivres
La Colère et l’Envie d’Alice RENARD

Éditions Héloïse d’ORMESSON

 

J’aime faire confiance aux premiers romans, par principe. Vous vous souvenez bien sûr de toutes ces années de lectures partagées avec les 68 Premières fois.

 

De passage à la Librairie L’étincelle d’Angers, dans la rentrée littéraire de septembre 2023, j’avais choisi « Ce que je sais de toi » d’Eric CHACOUR, bonne pioche, et « La Colère et l’Envie » d’Alice RENARD, un roman qui m’a émue aux larmes. Je vous explique.

 

Dans un couple naît une enfant, Isor, dont les comportements semblent… différents. Si les parents ont tout d’abord pensé à une surdité l’empêchant d’entendre son environnement et d’interagir avec lui, ils se sont rapidement rendus compte que leur fille souffrait de quelque chose de plus complexe que les médecins ne réussissaient d’ailleurs pas à identifier. Paradoxalement, Isor les surprenait avec des réalisations tout à fait inattendues. Ils décidèrent de rompre avec le système et de la prendre exclusivement en charge. Mais c’était sans compter sur ce dégât des eaux les obligeant à confier Isor à Lucien, leur voisin, une homme de plus de 70 ans. C’est là que commence, pour tous, une nouvelle vie.

 

J’ai été émue aux larmes par cette histoire écrite par une toute jeune femme, Alice RENARD. Souvenez-vous bien de son nom, elle va faire un tabac.

 

D’abord, il y a la narration, un exercice parfaitement réussi. Le roman est pour partie choral, pour partie construit comme une discussion, pour partie comme le récit à la première personne du singulier, pour partie encore sous forme de correspondance. Bref, le procédé est audacieux et montre à quel point Alice RENARD a talent.

 

Et puis, il y a l’histoire, faite d’intrigues. Les personnages d’Isor et Lucien recèlent à eux deux de profonds mystères qui rendent le roman haletant. 

 

J’ai été happée par la complicité de deux êtres que les générations séparent mais que la solitude unie. Il y a des moments de pure complicité si beaux. 


J’aimerais tout posséder pour pouvoir tout t’offrir.

Je dis ça alors que rien ne nous manque. Ou peut-être un orchestre privé ? Un tapis plus moelleux ? Ta tête sculptée huit fois en guise de pion sur un plateau de petits chevaux ? Un théâtre dans l’arrière-jardin avec des chaises à fleurs et à paillettes ? Des journées faites seulement d’après-midis et aucune nuit pour les séparer ? Que je sois un adolescent, pour qu’on ait un futur plus long que notre présent, et que je sois tout frêle et tout chétif, pour qu’à ton tour tu me prennes sur les genoux. Que l’on m’accorde un vœu pour souhaiter que tous les tiens se réalisent. Que tu aies des chaussures à grelots et que la maison soit pleine de couloirs pour étirer ces moments où je t’entends venir vers moi. P. 81

La relation établie entre Isor et Lucien repose sur des choses simples, tellement naturelles et spontanées. C’est beau et puissant.

 

Mais Alice RENARD ne saurait s’en contenter. Elle donne un ton lyrique à son histoire, de quoi vous transporter et vous étreindre le coeur.

 

Sans oublier la place faite à la musique…


Je me crée des listes de morceaux à écouter pour toutes les occasions. Par exemple « c’est le premier jour de l’hiver et il fait froid », ou bien encore « je perds mes clefs et j’ai besoin de me calmer ». Ce sont des listes au cas où, pour être consolé. Oui, très exactement, des lettres de consolation que je m’écris à l’avance. Un filet de sécurité. Et puis il y a les « listes mémoire », qui engravent mon souvenir d’un événement, d’une période, d’une année. P. 88-89

C’est juste éblouissant. 

Tout au long de cette lecture j’ai pensé à cet album jeunesse « Nous, les émotions » de Tina OZIEWICZ et Aleksandra ZAJAC, tellement à propos.

Bravo à Alice RENARD pour le Prix Méduse 2023, nul doute qu'elle sera honorée d'autres récompenses pour son magnifique premier roman.

Voir les commentaires

2024-04-03T06:00:00+02:00

Des vagues d’Isabelle SIMLER

Publié par Tlivres
Des vagues d’Isabelle SIMLER

Éditions courtes et longues

 

Cet album, je l’ai choisi pour le mois placé sous le signe du poisson bien sûr.

 

Après « La grande plongée » de Lucie BRUNELLIÈRE, lui aussi est un grand format (22,5 X 32,5).

 

Dans un propos un brin onirique, Isabelle SIMLER nous propose un temps de communion avec les poissons des océans. Il y a le poisson-licorne, les étoiles de mer, le poisson-vache en passant par le poisson-lune et le poisson-ange.

 

Sur chaque page, une partie blanche pour imager le corps de l’enfant, le narrateur.

 

Si des enfants peuvent être effrayés de côtoyer des êtres vivants dans la mer, cet album les invitera à avoir confiance en soi et se laisser aller, au gré des vagues. Le texte et les dessins en version mât invitent à la sérénité.

 

Très bel album avec une histoire originale, bravo !

Voir les commentaires

2024-04-02T06:00:00+02:00

Les filles du chasseur d’ours d’Anneli JORDAHL

Publié par Tlivres
Les filles du chasseur d’ours d’Anneli JORDAHL

Éditions de L’Observatoire

 

Ce roman entre sans conteste dans la catégorie du « Nature writing ». Je ne savais pas bien ce que ce genre nouveau révélait de spécificités avant d’être « Encabanée » par Gabrielle FILTEAU-CHIBA.

 

Maintenant, je sais à quel point vivre en immersion dans la nature fait vibrer tous nos sens !

 

Là, nous partons pour la Finlande à la rencontre d’une fratrie. Ce sont « Les Filles du chasseur d’ours » d’Anneli JORDAHL.

 

Les filles sont au nombre de sept. Elles vénèrent leur père, ce héros, pour ses tableaux de chasse. Leur mère, cette femme qui en l’absence de son mari, doit assurer le bon fonctionnement de la ferme, leur donne une éducation rustre et sans concession. Alors, quand leur père succombe sous les coups de l’ours le plus redoutable de la contrée, elles se retrouvent en perte de repères. Leur mère sombre dans la folie jusqu’à en mourir. C’est là qu’un choix déterminant va orienter la vie des filles, loin de la société, au coeur de la forêt, là où leur père élisait domicile quand il partait chasser.  Sauvageonnes, elles vont s’exercer à vivre de ce que Dame Nature est en mesure de leur offrir, pour le meilleur comme pour le pire.

 

Cette histoire c’est un conte des temps modernes, un récit inventé de toutes pièces par une écrivaine dont je découvre le talent. Si vous avez envie de vous déconnecter de votre réalité, je crois bien que ce livre est pour vous.

 

Il y a des passages avec des descriptions tout à fait exaltantes du rapport du corps à l’eau quand il s’immerge. Vous allez frissonner, de froid, à moins que ça ne soit d’ivresse.

 

Et puis, dans ce roman, il y a la sororité déclinée à l’échelle d’une fratrie de sept filles, sept êtres dont les comportements sont dictés par l’instinct de survie, sept individus aux réflexes primitifs de se défendre, se nourrir, se réchauffer, s’abriter.

 

Mais plus que tout, dans ce roman, ce qui m’a captivée ce sont les aspirations de deux d’entre elles, l’une, Simone, pour la spiritualité l’autre, Elga, pour la littérature.  Il y a quelque chose de transcendant, de l’ordre du dépassement de soi, c’est absolument fascinant.

 

Ce roman, un pavé, en lice pour le Prix des Lectrices Elle, est tout à fait original, une lecture qui relève de l’expérience.

 

Bravo à Anna GIBSON pour la qualité de la traduction. 

Voir les commentaires

2024-03-29T07:00:00+01:00

Ceux qui s’aiment se laissent partir de Lisa BALAVOINE

Publié par Tlivres
Ceux qui s’aiment se laissent partir de Lisa BALAVOINE

Gallimard

Avec Lisa BALAVOINE, il y a eu ce rendez-vous manqué avec "Eparse" avec les 68 Premières fois, je ne l'ai pas lu. Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas. Depuis, il y a eu d'autres romans mais pour son dernier, "Ceux qui s'aiment se laissent partir", le Book club a fait le job, et il a très bien fait !

Dans un roman écrit à la première personne du singulier, la narratrice raconte son enfance et son adolescence avec une mère instable, fantasque et extravagante. Rien n'est fait à moitié, ni les hauts, ni les bas. Les parents sont divorcés mais les gardes alternées n'auront pas raison de cette relation fusionnelle, toutes les deux ne font qu'une. L'arrivée d'une petite soeur, 10 ans après, amorce toutefois la brouille des cartes, l'adolescence n'est pas loin, une période où chacun revendique sa singularité et ses secrets. C'est l'époque des portes de chambre fermées. Devenue mère, elle-même se retrouve de l'autre côté de la barrière, face à sa propre fille qu'elle ne reconnaît plus. Cette distance, qui fait mal à en mourir, n'est-elle finalement pas le moment de l'envolée du nid ?

Lisa BALAVOINE nous propose un roman d'autofiction, un roman dans lequel elle livre sa propre expérience d'une certaine forme d'intimité avec sa mère, une relation toxique établie depuis sa plus tendre enfance et qui durera jusqu'à... la fin. 

Plus que l'histoire personnelle d'une écrivaine, j'ai aimé dans ce roman l'évolution du personnage à travers les âges, des souvenirs relatés en quelques mots ou quelques lignes, des états d'âme douloureux couchés sur le papier qui n'ont de lien entre eux que chronologique. S'ils ne sont pas datés comme dans un journal intime, ils suivent pourtant le fil de la vie.

Ce roman, c'est encore l'histoire d'une filiation entre mère et fille. Si la littérature a déjà beaucoup donné dans le genre, il y a cette originalité, là, d'être abordée sur trois générations. Et puis, même si le thème est récurrent, il ne cesse de nous interroger, toujours, sur ce que l'on transmet, consciemment ou inconsciemment, à notre progéniture. Il y a ce que l'on vénère et ce que l'on rejette

 


Je voudrais être comme toi, une femme libre, qui ne dépend de personne, obéit à ses propres règles et suit son seul mouvement. P. 45

J'avoue que ma grand-maternité n'est pas sans prolonger le débat !

Si le ton du roman est globalement triste et poignant, violent même, il n'en est pas moins lumineux, d'abord parce que l'itinéraire, aussi pénible soit-il, offre la possibilité de se construire, de grandir, de s'émanciper pour devenir vraiment soi-même, à l'image des tortues qui ponctuent inlassablement le roman comme autant de parenthèses, toutes orientées vers le même objectif.


Il n’y a plus de tortues dans mes nuits, plus de carapace posée sur mon dos. J’ai la peau nue désormais. C’est une peau neuve, elle te plairait. P. 146

Ce roman, l'écrivaine le dévoile, il répond à une demande formulée par sa mère... 


Je repense à ce que tu m’as demandé : Je voudrais que tu parles de moi. C’est sur toi que j’écris, sur nous. Ces mots que tu ne liras pas sont pour toi. P. 129

Lisa BALAVOINE évoque la terrible souffrance du deuil, la déchirure, la souffrance liée à l'absence. 


L’été commence toujours sur le vide que tu m’as légué. Je m’applique à le combler. P. 147

Ces mots, je crois qu'ils ne sont pas une bouteille jetée à la mer, non, ces mots sont aussi une manière pour l'écrivaine, je crois, de conserver les souvenirs, les protéger des effets du temps, des souvenirs qu'elle chérit, non plus dans un coin de sa tête mais dans un roman. Un acte thérapeutique, non ?

Nouvelle bonne pioche du Book club, une lecture qui m'a fait vibrer, elle m'a chamboulée, elle m'a amenée, moi aussi à me questionner. N'est-ce pas aussi la vocation de la littérature ?

Voir les commentaires

2024-03-27T07:00:00+01:00

La grande plongée de Lucie BRUNELLIÈRE

Publié par Tlivres
La grande plongée de Lucie BRUNELLIÈRE

Albin Michel Jeunesse

 

Cet album, je l’ai choisi pour le mois placé sous le signe du poisson bien sûr.

 

Je l’ai repéré aussi avec son grand format (27 cm X 33,5). J’aime varier les tailles des livres que je propose à mon petit-fils. Il peut ainsi choisir en fonction de ses envies.

 

Et puis, en l’ouvrant, je me suis dit qu’il nous fallait le découvrir, les pages sont entièrement colorées, de vraies œuvres d’art.

 

J’ai trouvé les illustrations originales, dans les eaux polaires comme les mers chaudes, de quoi survoler la très grande diversité qu’offrent les poissons à travers le monde.

 

C’est l’histoire de Sonarus, une machine qui explore les fonds marins. Certains poissons fuient, d’autres s’en amusent. 

 

Outre le fait qu’il s’agisse d’un très bel album, cerise sur le gâteau, vous pouvez accéder à un site grâce à un QR code pour écouter le flux et le reflux, les vagues déferler. Ingénieux !

 

Je ne connaissais pas encore le registre artistique de Lucie BRUNELLIÈRE. Je suis sous le charme. Si son nom ne vous dit rien, je vous invite à aller visiter son site, il regorge de merveilles.

Voir les commentaires

2024-03-26T07:00:00+01:00

Tosca de Murielle SZAC

Publié par Tlivres
Tosca de Murielle SZAC

Éditions Emmanuelle COLLAS

 

Cette nouvelle lecture est une référence du Book club, un roman qui concourt à la mémoire d’un homme qui, menacé de mort, trouvait la force de chanter l’opéra de PUCCINI.

 

Tout commence avec l’arrestation de Juifs par la milice lyonnaise orchestrée par Paul TOUVIER. Chaque fois, des hommes arrivés avec une Traction Avant noire s’invitent dans des familles qui ont pour seul crime d’être Juifs. Français ou étrangers, peu importe, tous sont emmenés, manu militari, vers le peloton d’exécution.

 

Murielle SZAC est journaliste. Depuis le procès de Paul TOUVIER, elle n’a de cesse de vouloir donner un nom à ce jeune homme inconnu, parfois appelé Tosca, fusillé avec six autres hommes au petit matin du 29 juin 1944.

 

Elke nous livre un roman court, poignant, dans lequel elle nous fait partager les dernières heures d’hommes emprisonnés dans un même placard à balai et dont la vie semble peser moins lourd qu’une plume. 

 

La puissance de la plume nous prend à la gorge. A l’image de la chanson de Jean-Paul GOLDMAN, l’écrivaine pose cette question :


Comment se construit-on un destin de héros ou de traître ? P. 38

Portée par l’élan de l’opéra de PUCCINI, Murielle SZAC offre un brillant hommage à ces hommes, et tous les autres.

Quelle plus belle phrase pour résumer la beauté du geste : 


Dans l’obscurité de ce cachot étouffant et surpeuplé, Léo GLASER adresse un merci muet et fervent à tous ces héros de l’ombre. P. 100

Poignant !

Si quelques lectures sont "imposées" cette année avec le Book club, ce roman est hors cycle mais il s'impose, tout simplement.

Retrouvez les références du Book club :

"Le royaume désuni" de Jonathan COE

"Le roitelet" de Jean-François BEAUCHEMIN

"L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX

"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX

Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN

"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL

 

"Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN
 
"Au-delà de la mer de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

"Il fallait que je vous le disede Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

"Bakhita" de Véronique OLMI

Voir les commentaires

2024-03-22T07:00:00+01:00

Résistance 2050 d’Amanda STHERS et Aurélie JEAN

Publié par Tlivres
Résistance 2050 d’Amanda STHERS et Aurélie JEAN

Éditions de L’Observatoire

 

Si après un regard dans le rétroviseur avec « Oma » d’Ariel MAGNUS et « Bakhita » de Véronique OLMI, on portait les yeux droit devant… place aujourd’hui au roman d’Amanda  STHERS et Aurélie JEAN : « Résistance 2050 ». 

 

Imaginons la France coupée en 2 bastions, ceux qui ont fait confiance à la science et ont accepté de se faire poser une puce au niveau du cerveau. Ce petit corps étranger technologique, dont les inventeurs viennent de se voir honorés du Prix Nobel de médecine, les met à l’abri de tout risque sanitaire et leur assure  une vie paisible et harmonieuse, plus d’émotions ni de croyances en de quelconques religions… mais les expose, à qui veut l’entendre, à tout dysfonctionnement, voire piratage, informatique. Face à eux, le clan de ceux qui souhaitent conserver leur liberté de pensée et d’expression, en minorité, plutôt implantés en Bretagne et dans la région de Marseille. A leur tête, deux femmes qui, le temps d’une nuit, vont vivre une folle histoire d’amour. 

 

Tout va très vite aujourd’hui. L’intelligence artificielle se démocratise et s’invite dans nos vies personnelles. L’Homme continue d’afficher son impuissance devant la maladie d’Alzheimer et ses fragilités devant le vieillissement de la population. Pourquoi succomber au charme des progrès technologiques ou résister ? 

 

Le duo d’écrivaines nous propose d’entrer par la petite porte des moyens technologiques pour aborder bien plus largement le dessein politique. A quel projet souhaitons-nous adhérer, celui d’un régime totalitaire ou d’une démocratie ? 

 

Le propos est haletant, le livre un véritable page-turner.

 

Comme sa première de couverture et son format ne le laissent pas supposer, il est publié par les éditions de L’Observatoire que je remercie pour cette lecture tout à fait diabolique. N’avons-nous pas en réalité le choix entre la peste et le choléra ?

 

Roman d’anticipation, dystopie, ce roman à quatre mains est absolument remarquable. Tout y est, l’ancrage dans notre vie quotidienne et la projection à quelques décennies. Les personnages sont attachants, les scénarios tellement glaçants. Chapeau Mesdames !

Voir les commentaires

2024-03-20T07:00:00+01:00

Les poissons de Claire BESSET et Benjamin ROUFFIAC

Publié par Tlivres
Les poissons de Claire BESSET et Benjamin ROUFFIAC

C'est le mois du poisson, le signe astrologique j'entends. Cet album qui fait partie de la collection « Mon premier animalier » aux éditions Auzou arrive à point nommé.

 

Il est en format carré de 21 cm de côté, facile à manipuler pour les petites mains.

 

Les pages sont plastifiées, parfaitement adaptées pour être mises en bouche. Parce que les poissons, ça se mange, non ?

 

J’ai beaucoup aimé cette création de Claire BESSET et Benjamin ROUFFIAC, mon petit-fils aussi d’ailleurs.

 

Composé de photographies, ce livre permet de s’imprégner de la réalité des fonds marins et d’en approcher la diversité.

 

Le poisson chirurgien, le poisson-papillon en passant par le poisson-trompette, tous sont tout en beauté.

 

Pour les plus curieux, un petit texte permet de faire plus ample connaissance.

 

C’est un très bel album. 

Voir les commentaires

2024-03-19T07:00:00+01:00

Bakhita de Véronique OLMI

Publié par Tlivres
Bakhita de Véronique OLMI

Coup de ❤️  pour le roman de Véronique OLMI : « Bakhita » découvert grâce au Book club, bonne pioche. C'est aussi l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'illustratrice, Cristina SAMPAIO.

 

Ce roman, édité chez Albin Michel et maintenant Le livre de poche, lauréat du Prix FNAC 2017, relate la vie d’une femme au destin aussi effroyable que fascinant.

 

À l’âge de 7 ans, dans son village du Darfour, sa soeur, Kishmet, venue rendre visite à ses parents, est razziée. Elle est enlevée par des négriers qui mettent le feu au village pendant que les femmes battent le sorgho et les hommes cueillent les pastèques. Nous sommes dans les années 1870. Ces pratiques sont courantes. D’autres encore sont à l’oeuvre. Celle qui deviendra Bakhita est chargée avec son amie de mener les vaches à la rivière. En chemin, elles rencontrent deux hommes qui guident la plus belle vers un bananier. C’est là que sa vie bascule. Elle est vendue à des négriers musulmans et destinée à l’esclavage. Les femmes, les enfants, sont emprisonnés, ils sont ensuite enchaînés puis emmenés à travers le pays pour rejoindre les grands marchés. Bakhita est achetée à El Obeid, là elle va vivre l’enfer pendant plusieurs années jusqu’à ce que les « propriétaires » en difficultés financières ne décident de vendre ceux qu’ils battent à mort. Bakhita croise le chemin d’un consul italien, Signore Legnani, qui l’achète pour l’affranchir. Commence alors pour elle une nouvelle vie !

 

Ce roman est l’odyssée d’une femme qui aurait pu mourir chaque jour des mauvais traitements qu’elle subissait depuis sa plus tendre enfance. Elle poussera pourtant son dernier souffle à l’âge de 78 ans.

 

La première partie du roman est insupportable d’inhumanité. Elle relate cette page de la grande Histoire de l’Afrique qui torturait ses congénères et marchandait la vie des êtres parmi ses matières premières. Si la littérature évoque la traite négrière transatlantique, je n’avais encore jamais lu sur ce que Tidiane N’DIAYE, anthropologue, dénomme « Le génocide voilé » dans son livre éponyme. C’est rien de moins que l’extermination de tout un peuple subsaharien par les arabo-musulmans qui est abordé dans le roman de Véronique OLMI, qu’elle soit honorée pour le devoir de mémoire auquel elle concourt. 

 

À travers cette biographie, c’est aussi la force de la générosité que l’écrivaine encense. L’existence de Bakhita est marquée par toutes celles à qui elle a tenu la main pour continuer d’avancer, qu’il s’agisse d’enfants comme elle, condamnées à l’esclavage, ou plus tard de ces petites filles orphelines accueillies par les religieuses italiennes. Son corps conservera à jamais les traces des sévices qu’elle a subis, son esprit, lui, l’empreinte des déchirements liés aux séparations.

 

Et puis, il y a la révélation de la foi, religieuse, catholique, comme une nouvelle forme d’espoir dans un pays occidental qu’elle apprend à découvrir. 

 

J’ai été frappée par sa façon singulière de s’approprier le monde, où qu’elle soit, avec qui elle soit, comme un appel aux sens en l’absence de la maîtrise de la langue. 


Elle ne comprend pas la phrase, elle comprend le sentiment. Et c’est comme ça que dorénavant elle avancera dans la vie. Reliée aux autres par l’intuition, ce qui émane d’eux elle le sentira par la voix, le pas, le regard, un geste parfois. P. 53

Malgré les apprentissages aux couvents, Bakhita rencontrera toute sa vie des difficultés dans l’expression orale et la lecture. 

 

Parce que le hasard des lectures construit parfois des ponts en littérature. Comme chez  « Oma », il y a chez Bakhita la force de l’humour. Quelle plus belle distinction !


[…] ils donnent à la honte un peu de dignité. Bakhita apprend cela, qu’elle gardera toute sa vie comme une dernière élégance : l’humour, une façon de signifier sa présence, et sa tendresse aussi. P. 46

Vous ne le savez peut-être pas encore mais Bakhita est cette femme béatifiée et canonisée par le Pape Jean Paul II. Elle est déclarée sainte en 2000.

 

Ce roman historique est absolument prodigieux. Il rend grâce à une femme remarquable de bonté qui honore tout un peuple. 

 

Je ne connaissais pas encore la plume de Véronique OLMI, elle est juste captivante. Mon #Mardiconseil est un coup de ❤️

Retrouvez les références du Book club :

Le royaume désuni de Jonathan COE

Le roitelet de Jean-François BEAUCHEMIN

"L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX

"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX

Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN

"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL

"Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN
 
"Au-delà de la mer de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

Voir les commentaires

2024-03-18T11:02:17+01:00

La Négresse de Jean-Baptiste CARPEAUX

Publié par Tlivres
La Négresse de Jean-Baptiste CARPEAUX

Pourquoi naître esclave ?, c’est le nom donné à une série de sculptures réalisées par l’artiste français.

 

« La Négresse », réalisée en 1868 en fait partie.

 

Cet exemplaire est en bronze. 

 

On découvre au niveau de la poitrine les cordes qui l’entravent. Toutefois, Jean-Baptiste CARPEAUX a choisi de réaliser un buste avec une torsion au niveau du cou et les cheveux au vent en guise d’aspiration à la liberté. 

 

Si en France, l’abolition de l’esclavage a été proclamée en 1848, il est des parties du monde dans lesquelles il était encore une pratique courante. Il continuait de tuer au quotidien dans des conditions d’inhumanité indicibles. Si les formes de ce buste apparaissent généreuses, elles ne sauraient pourtant nous tromper sur la condition d’esclave ! Le simple terme utilisé pour désigner cette sculpture témoigne à lui seul d’une époque où certaines populations dans le monde étaient considérées comme des sous-hommes, objets de domination et d’exploitation. Il n’est plus usité aujourd’hui que dans des propos à portée injurieuse. La langue, à qui veut l’entendre, en dit long sur l’Histoire.

 

Si j’ai choisi cette #lundioeuvredart c’est qu’elle résonnera parfaitement demain avec mon #mardiconseil : « Bakhita » de Véronique OLMI, une référence du Book club qui met en scène l’esclavage arabo-musulman en Afrique subsaharienne, à l’œuvre justement en 1868, considéré par l’anthropologue Tidiane N’DIAYE, comme « Le génocide voilé » dans son livre éponyme.

 

À demain donc.

Voir les commentaires

2024-03-15T09:46:24+01:00

Oma d'Ariel MAGNUS

Publié par Tlivres
Oma d'Ariel MAGNUS

Éditions de L’Observatoire

 

Ecrire sur la vie de sa propre grand-mère peut s’avérer hasardeux pour tout un tas de raisons. Votre propre parent pourrait vous proposer un choix qui le serait d’autant plus :


Sois tu attends que ta grand-mère meure, soit tu te débrouilles pour qu’elle ne l’apprenne pas. P. 146

Il n’en faudra pas plus pour Ariel MAGNUS pour se jeter à l’eau et il a sacrément bien fait. Il nous livre un livre exceptionnel, publié pour la première fois en 2006 en espagnol et en 2012 en allemand. Il vient tout juste de sortir en France grâce à la traduction de Margot NGUYEN BÉRAUD et aux éditions de L’Observatoire que je remercie pour ce très beau cadeau.

 

« Oma », traduisez Grand-mère, est donc un livre non seulement inspiré d’une histoire vraie  mais également de l’histoire familiale de l’auteur, Ariel MAGNUS, descendant d’immigrés juifs allemands.

 

« En guise d’avertissement », dès les premières pages, Ariel MAGNUS nous expose son dessein, non pas raconter une énième histoire de survivants de la Shoah, mais se focaliser sur ce qu’en dit sa grand-mère, ce qu’elle a à lui transmettre, à lui, et ce qu’elle acceptera qu’il communique au grand public.

 

Ce projet faisait partie d’échanges réguliers avec sa grand-mère sans jamais aboutir. C’est lorsqu’elle décida de lui rendre visite à Berlin que tout s’est concrétisé.

 

Cette lecture, je l’ai faite d’une traite, en apnée totale.

 

Bien sûr, il y a l’itinéraire de cette femme que je vous laisserai découvrir, un parcours fascinant.

 

Plus que ses années passées sous l’emprise du Führer, ce qui m’a intéressée c’est l’après, la trajectoire donnée à sa vie, parfois guidée par l’opportunité d’un jour, souvent dictée par des convictions personnelles 


Le médecin au Brésil m’avait dit que je ferais mieux de ne pas mettre d’enfant au monde. Mais moi j’ai dit : « J’en veux. » P. 87

et une immense générosité. 

 

Quelle belle âme que cette grand-mère, un sacré personnage, naturellement romanesque, qui a puisé dans sa personnalité, sa force de caractère pour avancer.


En général, elle préfère fermer les yeux sur certaines ombres du passé et se concentrer sur le côté ensoleillé de la rue. P. 136

Des faits historiques, il y en a mais le sillon creusé par Ariel MAGNUS repose bien plus sur leur interprétation, tout en nuance.

Ma grand-mère est une somme de contradictions plus ou moins inconscientes, pour la plupart en rapport avec l’Allemagne et les Allemands, qu’elle aime et déteste à la fois, sans transition. Ses enfants ont été élevés dans ce paradoxe, de même que les enfants de ses enfants. C’est compréhensible. P. 56

Ce livre est empreint d’amour. J’ai été touchée par la profonde tendresse qui anime ces deux générations et la très grande pudeur dans l’expression de leurs sentiments.

 

Le ton, teinté d’humour, fait de ce livre un petit bijou.

 

Ariel MAGNUS nous livre une formidable leçon de vie.

Voir les commentaires

2024-03-12T07:00:00+01:00

Ce que je sais de toi d’Eric CHACOUR

Publié par Tlivres
Ce que je sais de toi d’Eric CHACOUR

Éditions Philippe REY

 

Les premiers romans sont comme autant d’espoirs de renouveau. C’est un peu comme le printemps et toutes ses promesses… de beaux jours, de belles fleurs, de beaux fruits, de beaux arbres… 

 

Dès sa sortie en librairie en septembre 2023, « Ce que je sais de toi » d’Eric CHACOUR fut plébiscité. Il n’aura fallu qu’un passage à la Librairie L’Étincelle pour qu’il rejoigne ma PAL.

 

Nous partons pour Le Caire. Nous sommes en 1961. Deux enfants, un garçon de 12 ans. Tarek, une fille de 2 ans de moins, Nesrine, se promènent en ville en famille. Il y a un premier échange autour d’une voiture, puis d’un métier. Assez naturellement, l’aîné qui porte les mêmes initiales que son père, sera médecin comme lui. D’une banale discussion se concrétise un destin au sein de cette famille levantine, elle fait partie de la communauté des Chawams, des Chrétiens, des hommes et des femmes occidentalisés, des francophones. C’est dans ce microcosme égyptien que se construit Tarek. À la mort de son père en 1974, il a 25 ans. Il prend e relève de son père dans sa clinique. Mais ça ne saurait lui suffire.

 

 

Ce roman m’a happée dès les premières pages. C’est un excellent premier roman, j’ai vibré. Je ne suis d’ailleurs pas la seule puisqu’il a été honoré de très beaux prix littéraires, le Prix Première Plume (après Anthony PASSERON pour « Les enfants endormis »,  Victoria MAS pour « Le bal des folles », Adeline DIEUDENNE de pour « La vraie vie », Caroline LAURENT et Evelyne PISIER pour « Et soudain, la liberté ») et le Prix Femina des Lycéens. Qui disait que les jeunes ne lisent plus et qu’ils n’ont pas de goût ?

 

Dans ce roman, il y a le portrait dressé d’une Egypte plurielle, celle de cette communauté levantine, celle des bidonvilles (l’occasion d’un petit clin d’œil à Soeur Emmanuelle qui s’était installée là-bas et a beaucoup apporté à la population du  Moqattam), celle encore d’un pays dont le déclin est annoncé. Nombreux seront ceux à quitter le territoire notamment pour le Canada. Eric CHACOUR a puisé dans son histoire personnelle pour en dessiner les contours.

 

Comme j’ai aimé le traitement de la langue et ce qu’elle véhicule avec elle.


Ce langage semblait appartenir au monde des adultes, un continent lointain qu’il te restait à découvrir. Tu ignorais si l’on y échouait un jour, sans s’en apercevoir, pour trop avoir laissé l’enfance dériver, ou s’il s’agissait de terres qui se conquièrent dans la souffrance. P. 16

Et puis, il y a l’amour, lui aussi pluriel. Il y a celui, conventionnel, de Tarek avec Mira, une jeune femme avec qui il a passé de nombreuses années, cette histoire était écrite. Et puis, il en est une autre qui va faire exploser tous les carcans, celui des classes sociales, celui de la sexualité. A l’heure où Eric DUPONT-MORETTI présente les excuses de la France auprès des homosexuels discriminés de 1942 à 1982, il est d’autres territoires dans lesquels l’homosexualité est interdite.

 

Enfin, il y a la narration, parfaitement maîtrisée. Tout commence avec la 2ème personne du singulier, de quoi interpeller le lecteur, le prendre à témoin, le questionner. Lui, qu’en aurait-il pensé ? Comment aurait-il agit ? Pour la suite, vous comprendrez que sa lecture s’impose…

 

La plume d’Eric CHACOUR est absolument magnifique, à la fois grave et poétique, tellement captivante. J’ai savouré ce roman qui va rester longtemps gravé dans ma mémoire, comme ce chocolat, une délicate attention de petit Papa Noël. Je ne connaissais pas le concept « Le chocolat de poche ». L’essayer c’est l’adopter 😉

Voir les commentaires

2024-03-04T16:20:26+01:00

Joyeuses diatribes de Ulrica ULLMAN

Publié par Tlivres
Joyeuses diatribes de Ulrica ULLMAN

Revisiter ses collections de photos est toujours un plaisir, l’occasion de se souvenir des oeuvres d’art d’une artiste, Ulrica ULLMAN decouverte avec « Falling ».

 

J’avoue que dans un autre style, celle-là me plaît beaucoup.

 

S’il y a moins de fantaisie il y a pourtant l’essentiel, cette relation entre des êtres, ce qui fait de nous des êtres sociaux, des personnes capables de converser, de porter attention à l’autre, de s’en nourrir. Quelle plus belle activité !

 

Et puis, dans cette création, il y a de l’énergie, de l’enthousiasme, de la fougue, j’aime quand l’art vehixu des vibrations. 

 

« Joyeuses diatribes », c’est le titre de ma #lundioeuvredart découverte lors du 28ème Salon de la Doutre qui accueillait une cinquantaine d’artistes du grand ouest. Nous etons en février 2022. 

 

J’aime beaucoup les créations de Ulrica  ULLMAN, des oeuvres réalisées en papier mâché, peintes là en bleu roi, ce bleu tellement lumineux.

 

Alors, vous aimez ?

Voir les commentaires

2024-01-18T07:00:00+01:00

Plexiglas d’Antoine PHILIAS

Publié par Tlivres
Plexiglas d’Antoine PHILIAS

Ma #citationdujeudi est extraite du 2d roman d’Antoine PHILIAS : "Plexiglas" aux Éditions Asphalte.

 

C’est une bouffée d’air tendre et délicate, émouvante quand on sait à quel point le roman véhicule un climat de morosité à travers l’observation d’une société instrumentalisée par les grandes chaînes et les entreprises du CAC40, canons du capitalisme. Des fulgurances comme celle-ci, il y en a quelques unes. La rareté leur donne un côté précieux.

Nous voilà effectivement parachutés à Cholet avec Elliot, un jeune homme de retour de Rennes. Ses dernières années ont été partagées entre beuveries et petits jobs. Il se rapproche de sa soeur jumelle, Raf, qui habite à La Séguinière. Elle est coiffeuse à domicile et vit avec Jonas depuis une dizaine d’années. Lui travaille chez Leroy Merlin. Leurs parents sont séparés. De passage au Balto, le bar tabac de la galerie commerciale, il rencontre Lulu, la soixantaine, caissière chez Carrefour. Elle vit seule. Elle est syndiquée et fit partie du mouvement des gilets jaunes. Son fils est partie étudier à Paris. Au fil des rencontres dans ce lieu si ordinaire, une relation va se tisser entre lui et elle. On pourrait dire qu’ils sont différents, ils ont finalement tant en commun.

Avec cette citation, je mets en lumière ce qui lie un petit fils à son grand-père, son regard porté sur ce qui reste d’une vie au moment où elle s’éteint et cette proposition, folle mais tellement séduisante, de célébrer dignement toutes les vies dites ordinaires. C’est vrai, quoi ? Personne avant lui n’y a jamais pensé, et pourtant, ça aurait de l’allure, non ?

A défaut de pouvoir mener à bien la proposition d’Elliot, ce personnage de fiction qui a un peu à voir avec la vie personnelle de l’auteur, Antoine PHILIAS se colle au sujet en se posant comme observateur des métiers qualifiés d’essentiels pendant le confinement de mars-mai 2020 pour faire front au Covid19. Il les caractérise dans ce qu’ils ont de factuels, les réveils nocturnes, les horaires matinaux, le travail manuel dans des conditions éprouvantes, usant les corps et les âmes. Il les fait vivre aussi, seul ou en famille, décrypte leur langue, leurs comportements. Antoine PHILIAS en propose une étude sociologique qui, par la voie du roman, se trouve incarnée. Le sujet devient objet littéraire.

Voir les commentaires

2024-01-17T07:40:25+01:00

Danse avec Bernie de Janik COAT

Publié par Tlivres
Danse avec Bernie de Janik COAT

Éditions Helium

 

Lors de ma dernière visite à la bibliothèque Toussaint d’Angers avec mon petit-fils, si ses yeux ont été captés naturellement par le petit format, « MéLi-MéLo à la ferme », très vite, c’est aussi le grand format (51 cm x 35 cm) qui les a attirés. Il faut dire que le livre était installé à mes pieds et qu’il arrivait à la hauteur de son visage !

 

Et puis, nous étions le 23 décembre, en plein préparatifs des fêtes de Noël, une si belle invitation à danser ne pouvait pas se refuser. 

 

Bernie, c’est un ours, brun. Et il y a « moi » ! Original ce concept, un « moi » enfant, personnage principal du livre, effet miroir garanti.

 

Au fil des pages, et des images parfaitement organisées dans des carrés de couleur, c’est la vie de tous les jours qui est illustrée. Le texte se résume à un verbe, à l’infinitif, comme une invitation agir.

 

Pour les enfants un peu plus grands, inutile de vous dire que mimer les actions doit être une bonne source de rigolade. 

 

Et puis, au milieu du livre, changement de dimension, changement de rythme, on passe aux activités préférées, c’est là que la danse commence vraiment avec l’apothéose en toute dernière page.

 

J’avoue que j’ai un faible pour les grands formats et celui-là est tout à fait jubilatoire.

 

Il ne manque plus que la musique 🎶 

Voir les commentaires

2024-01-15T07:00:00+01:00

Helen K., texte et mise en scène d'Elsa IMBERT

Publié par Tlivres
© Pascale Cholette

© Pascale Cholette

Ma #lundioeuvredart c'est un spectacle vivant, un hommage rendu à « Helen K. » avec un texte et une mise en scène d'Elsa IMBERT, librement inspirés de la vie d’Helen KELLER.

Le Théâtre Le Quai d'Angers a eu la très belle idée de le programmer à l'attention notamment du jeune public (+ 8 ans).

Après "La belle lumière" d'Angélique VILLENEUVE, très beau roman relatant la vie d'une femme EXTRAordinaire, j'ai découvert une parfaite interprétation des différentes phases de la vie d’Helen KELLER. C'est toujours troublant de voir des images se superposer sur le film que je m'étais moi-même créé à sa lecture. Je suis tombée sous le charme.

D'abord, il y a le décor, quelques accessoires et la présence de la nature, un élément qui m'avait profondément touchée dans le livre. Je me souvenais de ces passages où Helen arpentait les allées de rosiers de la propriété familiale. On doit la qualité du travail aux Ateliers de La Comédie de Saint-Etienne.
 

Et puis, il y les prestations artistiques de chacun, chacune.

Marion LUCAS, danseuse, nous offre une performance dans sa représentation du handicap. Helen KELLER va effectivement tomber malade à l'âge de 18 mois. Une scarlatine est diagnostiquée. Elle est traitée. Repartie comme elle était arrivée, elle laisse l'enfant aveugle et sourde. J’ai été frappée par l’évolution du « langage » du corps au fil des apprentissages d’Helen et de sa capacité à communiquer avec son entourage. Au début, saccadé et violent, atterrissant souvent à plat ventre, au sol, traduisant l’abandon. A la fin, maîtrisé et paisible, debout, témoignant de son harmonie avec le monde extérieur.

Cette pièce est pleine d'espoir. Elle donne à voir l'évolution d'une enfant considérée comme « un zombie » jusqu'à son intégration à l'Université d'Harvard grâce à la langue des signes. Mais puisqu'elle est aveugle, me direz-vous, comment est-ce possible ? Annie SULLIVAN, son éducatrice, expérimente avec Helen la méthode du Docteur ANAGNOS de l’Institut Perkins, une langue des signes qui passe par le toucher, les lettres qui composent les mots sont formées avec les doigts. 

Dans le rôle d’Annie SULLIVAN, la comédienne, Noémie PASTEGER, de la Comédie Française, nous offre une représentation de ce qu’ont pu vivre Helen KELLER et Annie SULLIVAN ensemble, depuis la phase d’apprivoisement jusqu’à la phase d’exclusive complicité. 

Bien sûr, ce spectacle me rappelle mon sujet de philo au bac : « le langage ne sert-il qu’à parler ? ». Nul doute que quelques jours après cette formidable soirée, je pourrais en écrire quelques copies doubles ! J’y évoquerai comme Elsa IMBERT « la transformation de la perception du monde ».

Et puis, cette pièce, c’est aussi un formidable média pour faire évoluer le regard sur les enfants « différents ». Les enfants, ils étaient nombreux dans la salle, des très jeunes avec parents et/ou grands-parents, d’autres accompagnés par des professeurs. Nul doute qu’ils évoquent aujourd’hui cette soirée avec ce qu’ils en ont perçu et qu’un pas, conscient ou inconscient, a été franchi dans leur manière de percevoir et « accueillir » l’autre. Tout est affaire d’éducation et dans ce champ, les arts ont toute leur place. Mission accomplie vendredi grâce au travail aussi d’Elsa IMBERT qui a imaginé, outre l’intervention d’une danseuse et d’une comédienne, d’un conteur, un homme qui incarne de nombreux personnages en réalité, soit en les jouant, soit en faisant un pas de côté pour les observer et traduire leurs pensées. Dans le rôle, Stéphane PIVETEAU excelle.

Je suis sortie de ce spectacle émerveillée par la qualité de la représentation. Je suis rentrée chez moi aussi avec cette pensée que tout est toujours possible, même les désirs les plus fous. Souvenons-nous, Helen KELLER fut la première personne handicapée diplômée de l’université. L’optimiste que je suis a parfois besoin d’une petite piqûre de rappel ! Qu’elle était belle 🥰 


L’amour, n’est-ce pas cela ? - L’amour, dit-elle, est quelque chose de subtil comme les nuages qui, tout à l’heure, voilaient la face éclatante du soleil. Puis, en termes plus simples, car je ne pouvais comprendre ceux-là : - Vous ne pouvez toucher les nuages mais vous sentez la pluie et vous savez quelle est, après un jour de chaleur, son action bienfaisante sur les fleurs et la terre altérées. L’amour, non plus, vous ne sauriez le toucher ; mais vous sentez de quel charme il pénètre les choses. Sans l’amour vous ne connaîtriez pas la joie, vous ne prendriez au jeu aucun plaisir.

Voir les commentaires

2024-01-10T07:00:00+01:00

MéLi-MéLo à la ferme de Martine PERRIN

Publié par Tlivres
MéLi-MéLo à la ferme de Martine PERRIN

Éditions (Les Grandes Personnes)

 

Ce petit format (17 cm x 17 cm), je l’ai découvert avec mon petit-fils dans la cabane de la Bibliothèque Toussaint d’Angers.

 

C’est un lieu que j’adore : intimiste, coloré du sol au plafond, avec des caissons et des coussins, et bien sûr, des livres à portée de main.

 

« MéLi-MéLo à la ferme », c’est un livre sur lequel il a posé les yeux. C’est vrai que sa 1ère de couverture capte bien le regard : il y a la couleur orange vif, il y a aussi l’attrait de la superposition d’image avec cette fenêtre donnant sur une forme en noir et blanc. Les fans de contraste, allez-y ! Mais encore, il y a cette forme découpée qui offre aux petites mains plus de prises. 

 

Bref, tout est réuni pour qu’on ne voit que lui.

 

Il y a l’extérieur, mais il y aussi l’intérieur, et là c’est une pépite :

  • le texte : des devinettes sur le thème de la ferme pour questionner l’enfant,
  • les couleurs, tout à fait mon nuancier ! Il y a du vert tendre, du rouge vermillon, du jaune canari… 
  • le jeu des superpositions avec le petit plus de ce livre, que la forme découpée se superpose et sur la page de gauche, et sur la page de droite,
  • quant à la chute, elle est de toutes les couleurs, un peu à l’image d’Elmer de David McKEE.

 

C’est une très belle découverte !

Voir les commentaires

2024-01-09T07:00:00+01:00

Plexiglas d’Antoine PHILIAS

Publié par Tlivres
Plexiglas d’Antoine PHILIAS

Ce roman fait partie des « lectures imposées » du Book club. Après 

« Perspective(s) » de Laurent BINET

« Humus » de Gaspard KOENIG (lu un peu avant la sélection)

« Le grand secours » de Thomas B. REVERDY

place à Plexiglas d’Antoine PHILIAS aux éditions Asphalte.

 

Nous voilà arrivés à Cholet avec Elliot, un jeune homme de retour de Rennes. Ses dernières années ont été partagées entre beuveries et petits jobs. Il se rapproche de sa soeur jumelle, Raf, qui habite à La Séguinière. Elle est coiffeuse à domicile et vit avec Jonas depuis une dizaine d’années. Lui travaille chez Leroy Merlin. Leurs parents sont séparés. De passage au Balto, le bar tabac de la galerie commerciale, il rencontre Lulu, la soixantaine, caissière chez Carrefour. Elle vit seule. Elle est syndiquée et fit partie du mouvement des gilets jaunes. Son fils est parti étudier à Paris. Au fil des rencontres dans ce lieu si ordinaire, une relation va se tisser entre lui et elle. On pourrait dire qu’ils sont différents, ils ont finalement tant en commun. 

 

Ce roman social s’échelonne sur une année, du 1er janvier 2020 au 31 décembre suivant. Vous l’aurez compris, Plexiglas fait référence au système de protection mis en place pour se protéger de la prolifération du Covid19. Avec son second roman, Antoine PHILIAS met sous les projecteurs les métiers dits essentiels, ceux qui ne s’arrêteront pas de travailler pendant le confinement, ceux qui besogneront pendant que les autres profiteront de 2 mois de vacances, au soleil, tous frais payés.

 

Certains ne changeraient pourtant pour rien au monde…


Mais tout l'or du monde ne le ferait pas abandonner son équipe. Encore moins maintenant, avec tout ce qu'ils traversent ensemble. Une aventure humaine qui ne peut exister dans les hautes sphères, Charles les a suffisamment fréquentées pour le savoir. Il se trouve exactement là où il doit se trouver. P. 101

Ce roman, c’est celui des emplois « au service de » qui exigent disponibilité et bienveillance mais qui ne sont pas suffisrémunérés, cantonnant toute une classe sociale dans un microcosme, une sphère de la société avec ses codes, sa langue, ses horaires… obligeant les uns et les autres à se marier ensemble pour faire des enfants qui eux, peut-être comme Hugo, le fils de Lulu, feront barrage au déterminisme social, sans oublier pour autant leurs origines.


Podcast sur les oreilles, assis trop près d'un passager à la toux inquiétante, Hugo se dira, quand même, ça fait toujours du bien ces mini-retours au bercail [...]. P. 138

Ce roman dresse le portrait d’une société de consommation. L’auteur nous fait des listes infinies de marques qui composent notre environnement du XXIÈME siècle. A travers eux, c’est tout le système économique qu’il dénonce.
 

Il évoque aussi le numérique qui envahit la vie des gens, les conditions d’accueil en EHPAD…

 

Tout est fait pour créer l’illusion mais quand on gratte le vernis, la réalité est loin d’être belle.

 

Ce roman m’a beaucoup rappelé la BD d’Antoine DAVODEAU, « Les mauvaises gens » qui se passent aussi dans Les Mauges. Les personnages sont attachants, tellement humains.

 

Antoine PHILIAS nous livre une satire de notre société qui fait grincer les dents. Le style de son écriture, vif et acéré, rend le propos cinglant.


[...] survivre d'abord, sortir du merdier ensuite. P. 149

C’est sombre, c’est étouffant. De là à dire qu’il soit militant, il n’y a qu’un pas. On referme le livre avec une cruelle envie de descendre dans la rue et crier ! 

Le travail d’Elizabeth GASKELL a été honorée au XXIème siècle pour « ses descriptions industrielles inédites » d’un Manchester disparu (XIXème). Souhaitons les deux, que le travail d’Antoine PHILIAS soit apprécié comme celui d’un témoin d’une période dictée par les canons de l’économie capitaliste et que ce système disparaisse !

Voir les commentaires

2024-01-08T18:00:00+01:00

Black swan de Sigalit LANDAU

Publié par Tlivres
Black swan de Sigalit LANDAU

Ma #lundioeuvredart, je l’ai découverte au Musée des Beaux Arts d’Angers dans le cadre de l’exposition temporaire "I've got a feeling". 

Je vous avais déjà parlé d'une création : "Mandala (Arc-en-ciel)" de Pilar ALBARRACÍN, une artiste espagnole.

Place aujourd'hui à "Black swan" de Sigalit LANDAU, une artiste israélienne.

Cette oeuvre, je l'ai d'abord repérée pour son esthétique. Il s'agit du tutu d'une danseuse, sur cintre, un vêtement suspendu dans les airs, blanc, scintillant, absolument magnifique.

Cette oeuvre, je l'ai aussi sélectionnée pour le procédé créatif. Durant 2 moins, l'artiste a plongé dans la mer Morte bordant son pays l'un de ses tutus de danse. A sa sortie, il était couvert de sel. L'élément naturel a non seulement cette qualité de réfléchir la lumière, l'objet devient brillant, un peu comme s'il était couvert de diamants. Il a aussi le pouvoir de cristalliser, rigidifiant ainsi la tenue dans la posture d'une femme debout. Le concept est très ingénieux !

Avec cette création, Sigalit LANDAU immortalise la jeunesse de son corps. Il y a la couleur, le blanc, qui représente traditionnellement la pureté et la candeur de l'enfance. Il y a aussi les formes bien sûr.

Elle immortalise le 6ème art en général, celui de la scène. Ce vêtement d'apparat est le symbole par excellence de l'élégance et de la grâce des arts dits vivants. Il n'y a pas si longtemps, pendant les périodes de confinement liées au Covid19, les théâtres et autres lieux culturels étaient fermés, considérés comme non essentiels.

Elle immortalise aussi son pays, plus que jamais menacé avec le conflit israélo-palestinien. Cette création, c'est une jolie manière d'assurer la postérité d'un territoire dans ce qu'il a de plus singulier.

Elle immortalise enfin la mer Morte, vouée à la disparition. En raison du réchauffement climatique, les sources d'eau douce se tarissent réduisant son niveau d'eau. Ce phénomène est encore aggravé avec l'activité des usines de production de sel générant une évaporation accélérée. Vous vous souvenez que la salinité de cette retenue d'eau de 800 km2 environ est 15 fois supérieure à la normale. En hébreu, elle est d'ailleurs appelée "mer de sel". Par le passé, elle a bien sûr suscité les convoitises de l'Homme qui l'a réduite à un objet d'exploitation. Avec cette création, c'est aussi l'alerte de l'opinion publique sur la catastrophe écologique en cours.

Enfin, cerise sur le gâteau, cette oeuvre d'art résonne profondément avec le roman de Caroline CAUGANT, sorti vendredi dernier en librairie : "Insula". Line, le personnage principal était promise à une carrière de danseuse mais le destin en a décidé autrement. J'aime que les arts résonnent entre eux... l'occasion d'un petit clin d'oeil à Alexandra KOSZELYK !

Voir les commentaires

2024-01-05T07:00:00+01:00

Insula de Caroline CAUGANT 

Publié par Tlivres
Insula de Caroline CAUGANT 

Éditions du Seuil

Cette rentrée littéraire de janvier 2024 nous réserve de très belles surprises. Après deux romans historiques :

"Un monde à refaire" de Claire DEYA

"Une femme debout" de Catherine BARDON

place aujourd'hui à un roman d'atmosphère, foudroyant, "Insula" de Caroline CAUGANT. C'est ma #vendredilecture.

Line est une jeune femme. Sur Paris, elle partage sa vie depuis 5 ans avec Thomas. Lui est professeur de français dans un collège, elle est hôtesse de l’air. Elle est d’astreinte à l’aéroport. Elle lui téléphone et lui annonce qu’elle est « déclenchée », elle part à la place de quelqu’un d’autre à destination du Japon. Le jour de son arrivée, un terrible séisme se produit sur Tokyo. Après quelques jours sans nouvelle, Thomas apprend que Line vient d’être retrouvée sous les décombres après 8 jours et 8 nuits. C’est une miraculée. Elle est vivante. De retour sur Paris, Line est à la fois présente et à la fois absente, c’est elle et ce n’est plus tout à fait elle. Alors commence une nouvelle page de leur vie...

Ce roman, c’est l’itinéraire d’une jeune femme victime d'une catastrophe naturelle et humaine. Elle est en phase post-traumatique. Si elle retrouve son compagnon et son appartement, les éléments de stabilité qui lui permettaient de tenir debout, avant, désormais, tout tangue autour d'elle, tout l'agresse dans son corps, dans sa chair. Cette lecture relève d’une véritable expérience sensorielle. J'ai entendu résonner dans mes oreilles l'inlassable "Tap tap tap." pour signifier sa présence, j'ai respiré le peu d'air qui était offert à Line dans sa cavité, j'ai avalé avec elle le sable qu'elle avait dans la bouche et qui asséchait sa gorge... Sous la plume de Caroline CAUGANT, le chaos dans lequel est plongée Line devient perceptible dans tout ce qu'il a de terrifiant.

Avec cet événement, tous les fantômes de sa vie d'avant resurgissent et viennent hanter ses pensées. Elle déroule le fil d'une existence marquée depuis la plus tendre enfance par un rapport au corps blessé et meurtri. Les épreuves se sont accumulées laissant chaque fois leurs empreintes. Pour les conjurer, Line avait trouvé une manière de se (re)construire.


En couvrant son corps de dessins, elle avait chaque fois la sensation de s’enraciner, d’écrire un nouveau morceau de son histoire. P. 180

Là, c'est différent. Tout est nouveau pour elle qui doit trouver le moyen de surmonter ce drame personnel pour espérer REvivre, SURvivre. Le roman prend toute sa dimension psychologique, un terrain de jeu qu'apprécie Caroline CAUGANT si j'en crois les souvenirs encore prégnants de son premier roman, "Les heures solaires" publié alors aux éditions Stock. 

Elle nous plonge dans une quête, celle d'une terre inconnue qu'elle magnifie avec des descriptions sublimes, envoutantes. C'est un lieu de fuite, c'est aussi un refuge, un lieu ressource.

Comme j'ai adhéré au principe d'un lien entre notre terre d'origine et nos existences, la nature agissant comme un déterminant. Dis moi d'où tu viens, je te dirai qui tu es. C'est absolument fascinant. 

Quant à imaginer que le titre du livre puisse faire référence, et à une portion de terre cernée par les eaux, et à une partie du cerveau de l'être humain, il n'y a qu'un pas, juste la révélation du pourquoi de la démonstration. C’est puissant.

Roman d’anticipation ? Caroline CAUGANT prend le parti de dater son roman au printemps 2024. A bien lire les médias, la terre tremble dans cette région du monde. Souhaitons que tout ce qui est écrit ne reste qu’une fiction. 

"Insula" est un roman émouvant et captivant.

Il y est question de sororité, de mémoire, de réparation au sens de Maylis DE KERANGAL dans "Réparer les vivants". C'est de la petite couture, il y est question d'humain.

Et pour sublimer le tout, l'écrivaine nous offre des parenthèses poétiques comme des respirations. Je ne résiste par à vous en partager une. C'est fin, c'est délicat, c'est plein d'espoir.


Pensée vaine
Dissoute
Annihilée

Ciel trouble
Nébuleux
Envahi par la brume

A l'horizon
Une lueur
Un phare

Publicité. Livre offert par la maison d'édition.

Voir les commentaires

Girl Gift Template by Ipietoon Blogger Template | Gift Idea - Hébergé par Overblog