Ma #citationdujeudi je suis allée la puiser dans « L’Archiviste » d’Alexandra KOSZELYK publié Aux Forges de Vulcain.
Je n’ai plus de secret pour vous. Vous savez à quel point j’aime la plume de cette écrivaine.
Mais son dernier roman a résonné très fortement avec la lecture récente du dernier livre de Lola LAFON « Quand tu écouteras cette chanson » et j’ai eu envie de vous en reparler.
K est une jeune femme, l’Archiviste. Sa sœur Mila est photographe et journaliste. Leur mère a fait une attaque cérébrale quelques jours avant l’invasion russe en Ukraine. Elle a passé un temps dans le coma. Depuis son réveil, son ouïe reste atrophiée. Alors que K se trouve dans une galerie souterraine et assure la conservation des œuvres du chaos, elle reçoit la visite d’un commanditaire qui lui confie une mission, revisiter les créations d’artistes dissidents, les falsifier, réorienter leur propos au service de la propagande. Il a un moyen de pression sur K, une photo de sa sœur Mila, prisonnière de guerre. Elle n’a d’autre choix que de se soumettre pour éviter à sa sœur une mort certaine.
Avec ce roman, Alexandra KOSZELYK décline le verbe RÉSISTER sous toutes ses formes.
C’est bien sûr le premier point commun entre ces deux histoires, l’une de fiction, l’autre inspirée d’une histoire vraie.
Mais ce qui m’a profondément touchée, c’est aussi l’instrumentalisation de la culture. Dans l’un, il s’agit de falsifier les textes et les œuvres d’art pour assurer la postérité du régime en place, de la propagande, dans l’autre c’est à des fins commerciales et politiques. Pourquoi nous priverions-nous d’orienter le Journal d’Anne Frank ?
Les deux femmes, chacune à leur manière, font de leur écriture un acte militant. Pour Alexandra KOSZELYK, il y a ce sursaut de résistance à la déclaration de guerre de La Russie à l’Ukraine et par la voie du roman un hommage rendu aux poètes et artistes en tous genres de son pays d’origine. Pour Lola LAFON, il y a ce rapport à la judéité. Comment avancer ? Continuer de vivre pour les générations hantées par les fantômes des victimes de la Shoah.
Alexandra KOSZELYK, comme Lola LAFON, luttent à mains nues, armées de leur stylo ou de leur clavier d’ordinateur. Elles nous livrent des textes marqués par la grande Histoire, des textes forts. Je vous les recommande absolument.
Parfois on se dit que l’on aimerait garder en mémoire certaines citations, les encadrer. C’est désormais chose faite avec cette très belle phrase pour évoquer la mobilisation d’une mère dans l’éducation artistique de ses deux filles, des jumelles. Elle m’inspire profondément !
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