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2019-09-21T06:00:00+02:00

L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Publié par Tlivres
L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Les éditions du _Panseur

Sorti en mars 2019, ce premier roman était passé inaperçu, enfin presque. C'était sans compter sur le  travail inlassable des fées des 68 Premières fois qui ont ce talent de mettre sous les projecteurs des livres qui, aussi petits qu'ils puissent paraître, ont tout de grands.

"L'homme qui n'aimait  plus les chats" fait partie de ceux-là, une fable tout à fait éclairante sur notre monde moderne.

Fermez les yeux et laissez vous porter par la première phrase : "Imagine une île avec des chats."

Nous voilà partis, en terre étrangère, insulaire, un brin onirique, où les hommes vivraient avec des chats, ces animaux de compagnie qui peuvent décider librement de côtoyer l'homo sapiens ou de s'en défaire. Ils n'ont rien à voir avec les chiens, ça non, les chiens, eux, sont tenus en laisse par leurs maîtres. Ils ont besoin qu'on leur serve le repas, qu'on les sorte pour leurs besoins. Les chats peuvent être indépendants, ils se satisfont de ce qu'ils débusquent dans la nature, ils chassent, eux ! Chiens et chats ne font d'ailleurs pas bon ménage, et ce n'est pas d'aujourd'hui, le proverbe date du XVIème siècle et n'a pas pris une ride. Alors, quand les chats disparaissent mystérieusement de cette île chimérique et que l'administration décide de leur offrir des chiens en remplacement, chiens qu'il conviendrait d'appeler chats, il y a ceux qui acceptent et d'autres pas. La morale de cette histoire...

Isabelle AUPY, à travers un propos métaphorique dans lequel elle réserve une place de choix aux animaux, vous l'aurez compris, nous renvoie en miroir ce sur quoi repose notre société aujourd'hui.
Si la dictature par la force tend à disparaître, celle de l'incitation, beaucoup plus insidieuse, tend à se développer de façon sournoise et préoccupante.


Les dirigeants avaient vite compris que pour asservir les gens aujourd’hui, il ne fallait plus la force, il fallait créer le manque et le besoin. P. 62

A travers cette fable des temps modernes, l'écrivaine dénonce les nouveaux modes d'oppression, à chacun de réfléchir à son mode de vie et à ce qui peut nous abrutir, nous couper de nos proches quand des relations avec de soi-disant amis nous accaparent, nous abêtissent. J'aime bien ce terme pour montrer ô combien il peut être facile de perdre son statut d'être cultivé, intelligent, pour sombrer dans la bêtise humaine, celle qui guide les moutons.

Heureusement, dans le troupeau, il y en a de plus éclairés qui, pour sauver leur peau, choisissent de quitter la meute pour trouver leur voie, généralement dans des terres isolées :


Sinon, on était tous des réfugiés comme on dit. Oui, on venait ici trouver refuge, on fuyait le continent parce qu’on n’y arrivait plus, qu’on cherchait un mieux-vivre, un mieux-être, ou pas forcément mieux d’ailleurs. On voulait trouver une manière d’être comme soi, tout simplement. P. 47

La prise de distance avec ses pairs permet de réfléchir à sa propre quête, d'identifier ce qui nous fait vibrer, ce qui nous semble être une priorité. 

Certes, elle peut être territoriale et prise au premier degré, mais la prise de distance peut aussi être nourrie par la littérature. Isabelle AUPY, à travers le personnage du gardien de phare, nous permet de toucher du doigt les bienfaits de la lecture, cette activité intellectuelle qui nous permet d'endosser le costume d'un Autre et, le temps d'un livre, de porter sur la société un regard différent. 


Tout ce qui s’était passé, et tout ce que j’avais pu lire qui y ressemblait, se plantaient comme une graine qu’on ne voit pas encore germer. P. 104

J'ai adoré me laisser prendre au jeu de l'écrivaine, me surprendre à sourire devant certaines situations mais attention, le texte est plus grave qu'il n'en paraît, vous allez rire jaune, en fait ! Dans une plume qui parfois relève d'une construction enfantine, Isabelle AUPY grossit encore le trait, vous pourriez bien finir par pleurer, à moins que vos valises ne soient déjà faites et que votre billet pour une île déserte ne soit déjà pris.

Bravo les fées, vous avez encore frappé, et tout en beauté !

Après "A crier dans les ruines" d'Alexandra KOSZELYK, énorme coup de coeur de cette #RL2019, "L'homme qui n'aimait plus les chats" d'Isabelle AUPY se hisse sur le podium de cette nouvelle saison automnale des 68 Premières fois.

 

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commentaires

L
J'ai adoré l'idée principale de ce roman, cette originalité m'a conquise ! Le style un peu moins ...
Répondre
T
Perso, je me suis totalement laissée embarquer !
M
Un livre dont le sujet me tente beaucoup...Incroyable que ce roman soit presque passé inaperçu !
Répondre
T
Une excellente idée et tellement réussi !

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