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2020-06-30T06:00:00+02:00

Gabriële de Anne et Claire BEREST

Publié par Tlivres
Gabriële de Anne et Claire BEREST

Editions Stock

Lors de la rentrée littéraire de septembre 2019, j’ai découvert la plume de Claire BEREST avec son roman « Rien n’est noir » dédié à une page de la vie de Frida KAHLO et récemment consacré par le #GrandPrixdesLectricesElle 2020.

En refermant le livre, je ne savais pas si c’était les mots de Claire BEREST qui m’avaient foudroyés ou bien le personnage flamboyant et jouissif de Frida KAHLO, j’ai maintenant la réponse !

« Gabriële », c’est l’histoire de l’arrière-grand-mère de Anne et Claire BEREST, deux sœurs, co-autrices d’un roman absolument jubilatoire.

Gabriële, née BUFFET, grandit au côté de femmes inspirantes, sa grand-mère, Laure de JUSSIEU, essayiste, sa tante, Alphonsine, peintre, formée avec Berthe MORISOT auprès de Charles CHAPLIN. En 1898, elle tente le concours d’entrée au Conservatoire national de musique de Paris. Elle échoue, mais, acharnée, elle sera la première femme à accéder à la classe composition de La Schola Cantorum. Elle part pour Berlin contre l’accord de ses parents. Là-bas, elle gagne sa vie pour payer ses cours après de Ferruccio BUSONI, auteur du manifeste « Esquisse d’une nouvelle esthétique de la musique », l’homme cultive le terreau déjà bien fertile chez Gabriële, il transmet à ses élèves l’envie de créer. Il dit lui-même « Qui est né pour créer devra préalablement accepter la grande responsabilité de se débarrasser de tout ce qu’il a appris. » Gabriële se délecte des plaisirs qu’offre Berlin, la capitale européenne porteuse de modernité. Elle y poursuit ses études de musique. Lors de l’un de ses séjours en famille, son frère, Jean, peintre, qui a élu domicile à Moret-sur-Loing dans les pas de l’impressionniste Alfred SISLEY, lui présente Francis PICABIA. Là commence une toute nouvelle histoire !

Ce roman c’est une histoire d’amour, d’abord, entre Gabriële et Francis PICABIA, une passion vertigineuse, de celles qui vous font tout abandonner sur le champ.


Elle ressent une tension. Celle qui parcourt la peau quand on pénètre pour la première fois l’intimité de quelqu’un avec qui on soupçonne qu’on va non seulement faire l’amour, mais peut-être partager des jours, des nuits et des années. P. 25/26

Et là, avouons que PICABIA a plus d'un tour dans sa poche. Amoureux des voitures, il aimait donner rendez-vous à Gabriële et lui proposer un départ pour des destinations inconnues, des invitations sans aucune forme d’anticipation, mais Gabriële jouira d’un plaisir inouï à monter à ses côtés dans la décapotable.


Son bolide est un accélérateur de particules, les situations amoureuses se nouent avec la fréquentation du danger. P. 78

« Gabriële », c’est aussi une histoire d’amour pour l’art en général. Il y a la musique bien sûr, mais il y aura aussi et surtout, la peinture. Gabriële est une visionnaire dans le domaine, une avant-gardiste, elle saura proposer à Francis PICABIA, devenu son mari, des chemins de traverse qui feront sa singularité. Mais comme le dit le proverbe « Nul n’est prophète en son pays », PICABIA attendra parfois que le temps passe pour dévoiler ses créations. Ce fut ainsi le cas de son oeuvre « Caoutchouc », réalisée en 1909, et qui ne sera rendue publique qu’en 1930.

© Jean-Claude Planchet - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP © Adagp, Paris

© Jean-Claude Planchet - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP © Adagp, Paris

Parce ce que leur amour les remplit tous les deux mais qu'ils ont une curiosité à revendre et une irrésistible envie de croquer la vie, et parce que Gabriële, mère de plusieurs enfants, ne saurait se contenter des tâches ménagères et du rôle que semble lui octroyer parfois son mari, fréquentant alors les salles d’opium du tout Paris, le couple est régulièrement accompagné d'amis. Certains leur voueront une indéfectible fidélité, à l'image de  Marcel DUCHAMPS, le petit dernier de la fratrie. Tous les trois vont vivre les 400 coups, des moments d’ivresse absolue. Et puis, il y a cette relation d'amitié avec un énième invité de PICABIA, Guillaume APOLLINAIRE, rien de moins ! Il est meurtri par sa récente rupture avec Marie LAURENCIN.

Gabriële, vous l'aurez compris, est une femme EXTRAordinaire, de celles qui marquent leur vie avec l'empreinte de la liberté. Elle n'a pas vécu que de bons moments avec un mari artiste à l'ego surdimensionné mais


Gabriële possède cette capacité à vivre chaque journée comme une potentielle aventure. P. 208

Sous la plume des soeurs BEREST, une expérience littéraire audacieuse mais parfaitement réussie, Gabriële devient un personnage de roman dont le lecteur découvre le parcours avec une véritable frénésie. La narration du tourbillon artistique est exaltée. "Gabriële" devient rapidement un page-turner, une épopée à vous couper le souffle, une biographie époustouflante.

 

 

C'est un coup de coeur qui vient confirmer le talent de Claire BEREST que j'évoquais en introduction. Je crois que je vais tomber dans l'addiction !

Impossible de vous quitter sans un petit clin d'oeil à Delphine BERTHOLON, une autre écrivaine dont je suis devenue au fil du temps une inconditionnelle. C'était son anniversaire il y a quelques jours. Alors, comme un cadeau, je vous propose "L'Oeil cacodylate", un tableau réalisé en 1921 par Francis PICABIA.

©Adagp Paris 2018©MNAM CCI Dist RMN Grand Palais

©Adagp Paris 2018©MNAM CCI Dist RMN Grand Palais

Cette oeuvre je l'ai découverte dans "L'effet Larsen".  Nola, qui se sent responsable de sa mère et se bat pour leur offrir un nouvel horizon, se saisit de l'art comme une échappatoire et s'inspire de cette création pour donner un sens à sa vie.

Quand la littérature est une opportunité de tisser des liens...

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commentaires

M
Il est déjà noté dans mon petit carnet mais je n'ai pas encore eu l'occasion de le lire...Merci pour cette présentation intéressante
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T
C'est un petit bijou Manou, vraiment !

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