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2022-12-19T07:00:00+01:00

Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Publié par Tlivres
Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J18

"Le livre qui me marquera longtemps"

J'ai choisi un premier roman, celui de Isabel GUTIERREZ , "Ubasute" aux éditions La fosse aux ours.

Marie s’apprête à réaliser son dernier voyage. Elle est malade. Elle va mourir, elle le sait. Sa dernière volonté, que son fils la porte jusqu'au Grand Rocher. D’ici là, lui va fabriquer la chaise dans laquelle elle s'installera, elle va préparer les quelques effets personnels qu'elle emmènera, un bol qu'elle a tourné elle-même, une natte, une couverture. Seule la date reste à fixer. Un jour, Marie téléphone à son fils. C’est le moment de partir.

Il y a tout un tas de manières d’imaginer sa fin de vie. Au Japon, il y aurait une tradition, l'ubasute, qui consisterait à demander à quelqu’un de nous porter sur son dos pour l'ascension d’une montagne, là où l’on rendrait notre dernier souffle.

C'est dans cette pratique, ou légende, qu'Isabel GUTIERREZ puise l'inspiration de son premier roman, un coup de coeur de cette #selection2022 des 68 Premières fois.

 

Ce roman, c’est une ode à la vie.

Et puis, il y a cette relation mère/fils, ce dernier moment de complicité, ce sursaut de vie intense avant l’abandon, l’abandon d’un être cher, l’abandon du corps, l’abandon de la vie.

La prose est tendre et délicate, les mots sont beaux. « Ubasute », c’est un voyage intérieur, une quête spirituelle, une expérience humaine portée par l’espoir. Ce roman je l'ai aimé, passionnément, à la folie !

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2022-12-17T07:00:00+01:00

Là où nous dansions de Judith PERRIGNON

Publié par Tlivres
Là où nous dansions de Judith PERRIGNON

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Judith PERRIGNON, "Là où nous dansions", chez Rivages, aujourd'hui disponible en version poche.

 

Le 29 juillet 2013, un jeune homme vient d'être retrouvé mort au pied de tours abandonnées. Il a été assassiné d'une balle dans la tête. Sarah travaille dans les services de Police. Elle est chargée de trouver l'identité de ce corps dont la morgue regorge. Dans un territoire gangrené par la pauvreté (les familles n'ont même plus les moyens d'offrir des funérailles à leurs proches  et préfèrent les laisser là) et la délinquance (des crimes, il en arrive tous les jours), Sarah sait dès les premiers instants que celui-là n'est pas d'ici. Frat Boy, c'est comme ça qu'elle l'appelle, va rapidement devenir une obsession pour elle. Là commence une nouvelle histoire !

Mais que l'on ne s'y méprenne pas, ce roman n'est pas un policier à proprement parler. L'enquête, que va mener Sarah, est en réalité un prétexte pour relater l'Histoire foisonnante d'un territoire sur 7-8 décennies.

Judith PERRIGNON met le doigt sur une certaine forme de déterminisme, celui des formes urbaines et du niveau de standing des logements. Si nous avons beaucoup parlé ces dernières années du déterminisme territorial, il en est un qui mute avec les années. A Détroit, c'est particulièrement vrai et la vague de gentrification engagée aujourd'hui est là pour nous en convaincre.

Et puis, il y a le street art, une expression artistique qui, dès les années 1930, y a trouvé sa place. Judith PERRIGNON évoque la fresque, les Detroit Industry Murals, réalisée par Diego RIVERA, un certain regard porté sur la condition ouvrière de l'époque par l'artiste mexicain, lui, le révolutionnaire, qui répondait à une commande du capitaliste, Henry FORD. Dans les années 1980, c'est la création de Tyree GUYTON, l'enfant du pays, qui est mise en lumière, le Heidelberg Projet. Et puis enfin, l'autrice honore la mémoire de Bilal BERRENI, alias Zoo Project, et contribue, par la voie de la littérature, à célébrer le dessein qu'il poursuivait à travers le monde, donner à voir les invisibles.

Dans une narration rythmée par les quatre saisons et à travers des personnages profondément attachants (Sarah, Jeff, Ira...), Judith PERRIGNON réussit le pari d'un roman fascinant. 

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2022-12-17T07:00:00+01:00

Lorsque le dernier arbre de Michael CHRISTIE

Publié par Tlivres
Lorsque le dernier arbre de Michael CHRISTIE

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J17

"Mon plus gros pavé de l'année"

J'ai choisi une nouvelle pépite, le premier roman de Michael CHRISTIE : "Lorsque le dernier arbre" aux éditions Albin Michel.

 

Nous sommes en 2038. Jake est orpheline d’une mère musicienne de l’orchestre symphonique de Los Angeles tuée dans un accident de train. Elle est dendrologue, botaniste de formation, c’est une spécialiste des arbres. Depuis 9 ans, elle travaille comme guide de la Cathédrale de Greenwood, une île de la Colombie-Britannique sur laquelle subsiste la dernière forêt primaire que les gens riches viennent visiter comme de précieux vestiges. Partout ailleurs, les arbres ont disparu, c'est le Grand Dépérissement. Les sols s’assèchent. La surface de la planète est recouverte d’une couche de poussière asphyxiante. Lors d'une visite, elle repère deux pins brunis, deux arbres appelés "Doigt d'honneur de Dieu" dont les aiguilles décolorées lui donnent à penser qu'ils sont menacés. Si leur vie est en danger et que le public le découvre, toute la forêt sera abattue. C'est à ce moment-là qu'elle apprend qu'elle pourrait être l'héritière de Harris Greenwood, un grand propriétaire de bois au passé sombre. Dès lors, sa vie bascule !

La littérature s'empare de l'environnement en perdition comme sujet de prédilection. On ne va bientôt plus compter le nombre de romans écologiques mais celui-là, bien sûr, est unique.

 

Ce qui m'a le plus marquée dans ce roman, c'est la dynamique de RESISTANCE qui anime chacun.e d'entre les personnages. Qu'il s'agisse de se confronter à la maladie, au handicap, aux addictions, à un frère, à la société tout entière, aux magnats du pouvoir, qu'il s'agisse d'une action individuelle ou communautaire, qu'il s'agisse encore de lutter contre une certaine forme d'autorité, peu importe, ils tracent leur voie, exploitent leur marge de liberté pour avancer, y compris au péril de leur vie. 

Et ce roman ne serait rien sans sa narration. La structuration ne suit aucune chronologie, les voix résonnent entre elles, et pourtant, jamais, non jamais vous ne perdrez le fil. Du grand art !

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2022-12-16T07:00:00+01:00

La fièvre de Sébastien SPITZER

Publié par Tlivres
La fièvre de Sébastien SPITZER

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Sébastien SPITZER, "La fièvre", chez Albin Michel, aujourd'hui disponible chez Le Livre de poche.

Nous sommes quelques jours avant le 4 juillet 1878 à Memphis aux Etats-Unis. Les préparatifs de la Fête de l’Indépendance battent leur plein. Le 4 juillet, c’est aussi la date anniversaire d’Emmy Evans. Son père est derrière les barreaux depuis quelques années. Pour ses 13 ans, quel formidable cadeau que de le voir descendre du navire, le Natchez. Malheureusement, en plein débarquement, un coup d’arrêt est donné. Les voyageurs sont contraints à réembarquer dans l’urgence. Un malade vient d’être repéré. Le bateau repart pour être mis en quarantaine. Emmy rentre chez elle, retrouver sa mère dans le cabanon qui fait office d’habitation. Sa mère travaille chez la famille Adams, des Blancs. Elles ne tarderont pas à découvrir que le père d’Emmy était bien arrivé en ville, mais la veille du débarquement. Il avait passé la nuit à la Mansion House, un bordel tenu par Anne Cook. Au petit matin, pris d’une fièvre insoutenable, il sort nu de l’établissement et meurt dans la rue principale de Memphis. Son corps est pris en charge. Les autorités essaient de faire l’omerta sur ce cas de fièvre jaune. Keathing, lui,  un proche du Ku Klux Klan, Chef du Memphis Daily et témoin de la prolifération de la maladie, dévoile dans les pages de son journal l’état de la situation. Un exode massif de la population s’engage, là commence une nouvelle histoire !

 

L’écrivain concourt au devoir de mémoire de la grande Histoire des Etats-Unis avec une focale sur celle de la condition noire. Il rappelle, s’il en était nécessaire, à quel point le racisme peut gangrener une société, au péril de la vie des minorités.

C’est dans ce contexte historique et politique des plus tendus que la maladie fait son apparition, en quelque sorte, la double peine, celle qui va faire tomber 5 000 hommes, femmes et enfants de Memphis.

Dans une plume tendre et délicate, l’auteur décrypte avec minutie la psychologie de chacun des personnages et dresse des portraits d’une rare beauté. C’est un roman prodigieux.

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2022-12-16T07:00:00+01:00

La nuit des pères de Gaëlle JOSSE

Publié par Tlivres
La nuit des pères de Gaëlle JOSSE

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J16

"Le livre que j'aurais envie d'offrir à tout le monde"

 

J'ai choisi le dernier roman de Gaëlle JOSSE : « La nuit des pères » chez Notabilia éditions, un texte d'une violence inouïe, pas celle des poings, non, celle des mots. 
 
Isabelle est sur le point d’arriver dans la région de Chambéry à la maison familiale, celle de son enfance. Ça fait longtemps qu’elle n’y est plus revenue. Mais là, elle n’avait pas vraiment le choix. Son frère, Olivier, le lui a demandé. Leur père de 80 ans, veuf, montre les premiers symptômes de la « maladie de l’oubli ». Il a besoin d’elle. Ce n’est pourtant pas de gaieté de coeur. Ce père, il ne l’a jamais aimée, c’est ce qu’elle se dit, il l’a fait souffrir, terriblement, et puis il y avait ce cri… nocturne ! Mais ce séjour bref, quelques jours, pourrait bien lui réserver quelques surprises…
 
Après « Ce matin-là » qui sort tout juste en version poche, « Une longue impatience » aussi, Gaëlle JOSSE nous propose un nouveau roman de l’intime, une histoire familiale marquée par des relations père/fille compliquées. Avec la fin de vie qui  s'annonce, la sensibilité est exacerbée, les sentiments douloureux et les émotions décuplées.
 
Isabelle ne va pas rester seule avec ses fantômes. Dans ce roman choral, d’autres personnages, tous de fiction, vont prendre place et donner de la voix.
 
Les pages se tournent, les confidences se font, les secrets de famille se dévoilent comme autant d’effets de rupture qui donnent à l'écriture une puissance et un rythme foudroyant.
 
Je suis une fidèle de la plume de l'écrivaine, retrouvez :
 

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2022-12-15T07:00:00+01:00

Et mes jours seront comme tes nuits de Maëlle GUILLAUD

Publié par Tlivres
Et mes jours seront comme tes nuits de Maëlle GUILLAUD

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J15

"Le livre le plus déconcertant"

Place au dernier roman de Maëlle GUILLAUD aux éditions Héloïse d’Ormesson, « Et mes jours seront comme tes nuits », une lecture coup de poing.

Hannah est une jeune femme, musicienne, elle joue de la flûte traversière depuis l’âge de 6 ans. Elle avait pris l’engagement auprès de ses parents, si elle commençait, de poursuivre jusqu’à ses 20 ans. Leur mort dans un crash aérien n’y fera rien. Hannah a fait de sa passion son activité professionnelle. Sa vie quotidienne est toutefois désormais rythmée par l’activité du jeudi, rendre visite à Juan, l’homme qu’elle aime, incarcéré. En 3 ans, elle n’a jamais failli un seul jeudi. Le manque a beau la tenailler, la douleur l'écraser, elle ne peut s’y résigner. Entre les souvenirs déchirants du passé et la souffrance du présent, Hannah résiste. Mais si tout ça n’était qu’illusion ?
 
Ce roman est un véritable page-turner, impossible de le lâcher une fois les premières lignes découvertes. Le décor est rapidement planté. Je me suis immédiatement retrouvée aux côtés d’Hannah dans ce RER qui la mène en périphérie, hors champs, là où les familles des détenus se côtoient. Si Hannah ne s’y reconnaît pas, elle en fait, malgré elle, partie. J’ai été frappée par ce qu’elle incarne de la réussite sociale qui, là, ne lui est d’aucune utilité. Au gré de toutes ces années, de ces allées et venues hebdomadaires, de ces immersions dans l'univers carcéral, elle va apprendre les codes, apprendre à se comporter, faire de cette journée du jeudi une parenthèse, dépouillée, mise à nu.
 
De Maëlle GUILLAUD, vous vous souvenez peut-être de « Lucie ou La vocation », son premier roman découvert avec les 68 Premières fois. Il y était déjà question d’enfermement...
 
Ce roman m’a profondément touchée, je suis sortie KO de cette lecture, sous le choc de la beauté de la plume, de la parfaite maîtrise de l'intrigue, coup de maître, chapeau !
 
Le personnage d’Hannah est absolument fascinant, ce livre un formidable cri d'amour. Quant à la chute, juste prodigieuse. Quel talent !

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2022-12-15T06:58:26+01:00

S'adapter de Clara DUPONT-MONOD

Publié par Tlivres
S'adapter de Clara DUPONT-MONOD

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Clara DUPONT-MONOD, "S'adapter", aux éditions Stock, aujourd'hui disponible chez Le Livre de poche. Nouvelle référence du Book club, ce roman fut couronné par le Prix Goncourt des Lycéens 2021 et Prix Femina de la même année.

 

Il était une fois... c'est avec cette formule que commencent habituellement les contes de fées. Si la phrase n'est jamais prononcée dans le roman de Clara DUPONT-MONOD, c'est pourtant bien dans ce registre littéraire que l'autrice va nous plonger le temps d'une lecture.

Prêtant sa voix à des pierres cévenoles, l'occasion de personnifier Dame Nature qui occupe là une très grande place, Clara DUPONT-MONOD nous livre l'histoire d'une famille qui, après l'aîné et la cadette, voit naître un enfant différent, un enfant condamné à rester allongé et dont l'espérance de vie est comptée. Dans un cocon familial protégé, sous le regard attendri d'un grand frère attentionné et à distance d'une grande soeur révoltée, il se laisse porter. 

Cette fratrie, elle se bat avec ses armes. Dans une narration en trois parties, chacune dédiée à l'un des autres enfants de la famille, il y a cette manière d'aborder le handicap, de le vivre au quotidien, de "S'adapter" toujours, tous les jours. Clara DUPONT-MONOD nous offre un regard croisé.

J'ai beaucoup aimé ce roman pour l'éveil des sens. Il y a de magnifiques passages sur la fusion de l'aîné avec son frère handicapé, tout accaparé à le faire vibrer...

Mais là où la littérature fait son oeuvre, c'est quand elle magnifie la relation du petit dernier avec un être, un brin fantomatique. Je ne vous en dis pas plus, juste que cette partie est écrite tout en beauté et montre le talent de l'écrivaine.

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2022-12-14T07:00:00+01:00

Impact d'Olivier NOREK

Publié par Tlivres
Impact d'Olivier NOREK

On poursuit #Noelenpoche avec un roman d'Olivier NOREK, "Impact", chez Michel LAFON, aujourd'hui disponible en version poche.

Virgil Solal, dans le cadre de ses missions en Afrique et notamment pour assurer la protection d’une bénévole humanitaire, a découvert les charniers du Nigéria, des enfants, des adultes, des vieux, tous rongés par la pollution liée à l’exploitation du pétrole du sous-sol africain. Si des drames assaillent des peuples en voie de développement, Virgil et sa femme, Laura, qui habitent en France, ne sont pas pour autant épargnés des effets de la pollution. Leur petite fille est décédée quelques instants après sa naissance, ses poumons étaient dans l’incapacité de se gonfler d’air, un effet collatéral de notre environnement dégradé. Deux ans après, il engage la greenwar. Il s’attaque à ceux qu’il juge responsables et demande une rançon/caution pour se racheter de leurs erreurs, eux et leurs entreprises internationales aux bénéfices si peu scrupuleux du bien-être de l’humanité. Il commence par le PDG de Total. La stratégie de Virgil Solal intègre une mise à mort en ligne, diffusée dans le monde entier sur les réseaux sociaux. Pour espérer stopper la machine de guerre, un binôme est constitué avec un flic du Bastion 36 et une psychocriminologue. Là commence un nouveau combat.

Ce roman, Olivier NOREK a puisé son inspiration dans une plaque posée en 2019 dans les Pyrénées :


Le glacier d’Arriel, situé le plus à l’ouest des Pyrénées, a disparu, comme 50 % des glaciers pyrénéens ces dernières années. Ils disparaîtront probablement tous d’ici 2040. Cette plaque atteste que nous savons ce qu’il se passe et que nous savons ce qu’il faut faire. Vous seul saurez si nous l’avons fait.

La plume est directe, incisive, rythmée. Olivier NOREK nous parle de globalisation et non de notre petit pré carré, notre nombril, il nous apprend à lever les yeux, regarder à l’horizon. Souhaitons que ça soit pour le meilleur !

La littérature n’est pas exempte de mobilisation. Olivier NOREK signe avec « Impact » un manifeste en faveur de l’humanité. Réveillons-nous !

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2022-12-13T07:05:00+01:00

Une bête au Paradis de Céline COULON

Publié par Tlivres
Une bête au Paradis de Céline COULON

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J13

"Le personnage que je voudrais surtout ne jamais croiser"

Pour l'occasion, je vais faire une place au personnage d'Alexandre du roman de Cécile COULON, "Une bête au paradis", quel homme infâme.

Le Paradis, c’est la ferme où vit la famille Émard. Il y a Émilienne, cette personne âgée de 80 ans, la patronne. Et puis, il y a Blanche, sa petite fille qui vit sa première expérience amoureuse avec Alexandre, un jeune garçon. Il y a Gabriel, le frère de Blanche. Il y a Louis aussi, lui, il est maltraité par son père. Émilienne l’a accueilli sur ses terres. Il est commis. Cette ferme porterait bien son nom s’il n’y avait eu le décès accidentel d’Etienne et Marianne, les parents de Blanche et Gabriel. Et puis aussi, le départ d’Alexandre pour aller faire ses études, abandonnant Blanche à son triste sort. Et Gabriel, dont le corps frêle ploie sous le poids de la douleur de l’absence de ses parents. Que d’être meurtris qui, bon an, mal an, se tuent aux tâches agricoles, les poules, les canards, les pintades, les cochons. Ils vouent leur vie à la terre, du lever au coucher du soleil. Mais cet équilibre ne saurait durer sans quelques bouleversements, là commence une nouvelle histoire.

Blanche va malheureusement croiser ce personnage d'Alexandre à plusieurs reprises dans sa vie, pour le meilleur mais aussi pour le pire.

La narration de ce roman est tout à fait remarquable. Des verbes à l’infinitif pour marquer l’action et le rythme effréné. Une tension exercée dès les premières pages. Un mystère incroyable est entretenu tout au long du livre avec la bombe qui explose, une déflagration aux milles éclats, le tout servi par une plume éminemment poétique.

L'écart si savamment entretenu tout au long du roman entre l'approche un brin rustique de la vie agricole et la délicatesse des mots employés ne fait que décupler les effets. Ce roman, je ne l’oublierais pas tellement le sujet est puissant, d’ordre sociétal mais impossible de vous en dire plus.

Ce roman, quelle claque ! Encore une puissante référence du Book club !

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2022-12-13T07:00:00+01:00

Héritage de Miguel BONNEFOY

Publié par Tlivres
Héritage de Miguel BONNEFOY

On poursuit avec #Noelenpoche avec aujourd'hui un roman de Miguel BONNEFOY, "Héritage", publié chez Rivages aujourd'hui disponible en poche.

Les Lonsonier se transmettaient le vignoble familial du Jura de génération en génération jusqu’à ce que le phylloxera réduise les ceps sur pied en bois mort. Dès lors, une autre vocation restait à trouver, le Nouveau Monde séduisait les foules, c’était le moment d’embarquer. Le fils Lonsonier pris le bateau au Havre. Drogué par une diseuse de bonne aventure, il se mit à halluciner. Craignant qu’il ne soit malade de la typhoïde, le capitaine du navire décida de le faire accoster à Valparaiso au Chili. C’est là qu’il rencontrera Delphine, d’origine bordelaise, avec qui il aura trois enfants, trois garçons, qui tous, seront engagés dans l’armée pour sauver la France des griffes de l’occupant. Deux tomberont dans les tranchées de la Marne, seul Lazare en réchappera avec des blessures de guerre au poumon. A son retour, il fonde une famille avec Thérèse. Leur fille, Margot, triste, que les jeux d’enfants n’intéressent pas, choisira d’être aviatrice, un destin qui ne sera pas sans faire de cheveux blancs à ses parents. Mais là commence d’autres aventures sur fond de seconde guerre mondiale et de dictature en Argentine.

 Ce roman, c’est un voyage entre les continents avec la découverte de l’Amérique du Sud par des Français, c’est aussi un voyage dans le temps dans lequel vont s’égrener les grands événements du XXème siècle, les guerres mondiales et la dictature en Argentine. J’ai adoré me laisser porter par les aventures de cette famille et la transmission entre générations. Le roman devient une véritable saga.

Plus que tous, c’est le personnage de Margot qui m’a « emballée ». Hors norme dès sa plus tendre enfance, son portrait et l’approche de son comportement par sa mère m’ont fait penser à Helen et Kate KELLER dans le roman d’Angélique VILLENEUVE "La belle lumière".

Le rythme est fougueux, la plume enchanteresse et le roman captivant. C'est assurément un très bon crû. 

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2022-12-12T21:06:08+01:00

Dreams de John DOWLAND et Henry PURCELL par Le Banquet céleste

Publié par Tlivres
Un tableau des Vanités en effet miroir avec le chanteur Damien Guillon et son double danseur Aurélien Oudot. | JULIEN MIGNOT

Un tableau des Vanités en effet miroir avec le chanteur Damien Guillon et son double danseur Aurélien Oudot. | JULIEN MIGNOT

Le mercredi, on a l’habitude de dire que c’est la journée des chérubins. Et bien, mercredi 7 décembre, j’ai retrouvé mon âme d’enfant et j’ai savouré cet instant.

Au Grand Théâtre d’Angers, était interprété « Dreams » de John DOWLAND et Henry PURCELL par Damien GUILLON, contre-ténor, et Aurélien OUDOT, un spectacle féerique, une heure d’émerveillement proposée par la Compagnie Le Banquet céleste, c'est ma #lundioeuvredart.
 
Tout commence en musique avec le son d’instruments anciens, une viole de gambe, un luth, un clavecin, dans un décor onirique dans lequel seules quelques bougies offrent des percées lumineuses. On devine les musiciens derrière un rideau de voile.
 
Et puis, telle une apparition, Damien GUILLON commence sa prestation dans le parterre du Grand Théâtre, monte lentement sur scène et s’immerge dans un décor fabuleux. Sa voix prend l’ascendant.
 
Il y a encore la danse incarnée par Aurélien OUDOT se déplaçant dans une telle légèreté… réelle prouesse artistique, il enchaîne les mouvements gracieux debout, au sol, dans une très grande fluidité.
 
Il y a enfin la mise en scène. Les décors sont teintés de couleurs chaudes, du orange, du violet, tel un enveloppement. Cécile ROUSSAT et Julien LEBEK rivalisent d’ingéniosité pour nous offrir un spectacle tout à fait exceptionnel, entre chimères et réalité. Les effets spéciaux sont prodigieux.
 
Je suis sortie du spectacle enchantée.
 
Si vous avez l'occasion d'aller le voir, c'est assurément un excellent choix.

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2022-12-12T19:25:44+01:00

Les maisons vides de Laurine THIZY

Publié par Tlivres
Les maisons vides de Laurine THIZY

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J12

"Le personnage que j'aurais adoré rencontrer"

Place à Gabrielle, un personnage exceptionnel monté de toutes pièces par une primo-romancière, Laurine THIZY, dans "Les maisons vides" aux Éditions de L’Olivier.

Le rapport au corps est le fil rouge de ce premier roman orchestré d’une main de maître. Depuis ses premiers jours, Gabrielle a dû apprendre à dompter ce corps, inachevé du prématuré, mal formé par l’infirmité, maîtrisé par la pratique sportive, qui ne manque pas de reprendre ses droits dès le premier effort abandonné. C’est le jeu d’équilibre d’une vie qui, chez Gabrielle, prend une dimension toute particulière.

Et puis, il y a ces parenthèses des clowns à l’hôpital, des moments aussi fugaces que bouleversants, aussi rapides que l’éclair, aussi puissants que le tonnerre. Au fil des saynètes, les artistes s’approprient chaque situation et proposent au malade de jouer, lui aussi, un rôle dans le spectacle, celui de la spontanéité, la sincérité, le fruit d’un lâcher prise dans sa plus profonde intimité.

Comme j’ai aimé le parcours initiatique de Gabrielle aux côtés de Maria, la vieille espagnole, celle qui a fuit la guerre civile de son pays, celle qui est arrivée en France en franchissant les montagnes des Pyrénées,

Quelle plume, la main de fer dans un gant de velours, quelle construction narrative, une alternance de chapitres méticuleusement rythmés, quel premier roman, une lecture coup de poing, tout simplement. J'en suis sortie K.O., bravo !

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2022-12-12T07:00:00+01:00

Là où chantent les écrevisses de Delia OWENS

Publié par Tlivres
Là où chantent les écrevisses de Delia OWENS

On poursuit #Noelenpoche avec un roman étranger, celui de Delia OWENS, "Là où chantent les écrevisses", initialement chez Seuil éditions, désormais disponible chez Points. Coup de coeur.

Nous sommes le 30 octobre 1969, un homme est retrouvé mort, dans le marais, au pied de la tour de guet. C'est le corps de Chase Andrews, le fils unique d'un couple connu à Barkley Cove pour sa réussite avec le garage, la Western Auto. Marié, beau garçon, Chase avait le monde à ses pieds. Le marais, c'était son terrain de jeu. Il y bravait les courants avec son hors-bord. Dans sa jeunesse, il avait passé beaucoup de temps avec Kya, une fille de son âge, abandonnée de tous dès sa plus tendre enfance. La première à quitter le foyer avait été sa mère. En 1952, n'en pouvant plus de recevoir les coups de son alcoolique de mari, Ma avait pris sa valise et, sous les yeux  de l'enfant, s'en était allée, sans se retourner. Et puis, ce fut le tour de la fratrie, même Jodie, le frère, n'avait pas résisté à l'attrait d'un ailleurs. Et encore, le père. Si, au début, il passait quelques nuits par semaine à la cabane, un jour, il n'était plus revenu. Enfin, Tate. Le garçon l'avait guidée un soir qu'elle s'était perdue. Leur amitié n'avait pas résisté aux études universitaires du jeune homme. Kya, qui n'avait que 7 ou 8 ans, avait d'abord vécu des vivres qu'il restait à la maison, et puis, elle avait dû prendre la barque du père, se rendre au village, échanger les moules, qu'elles ramassait à l'aube, avec quelques denrées de première nécessité. C'est là qu'elle avait fait connaissance avec Jumping et sa femme, Mabel. Lui, vendait du carburant pour les bateaux, elle, avait pris la petite de pitié, c'était la seule à voir dans la Fille du marais, un être humain, une enfant, celle que le village tout entier méprisait. Loin de tous, Kya avait voué un amour fou à la nature. Elle s'était gorgée des baignades en eaux douces, enivrée de la beauté des paysages et comblée de sa relation aux oiseaux. De là à penser que ça soit Kya qui ait tué Chase, il n'y a qu'un pas, à moins que...

J'ai été émerveillée, je dois le dire, par les descriptions de la  faune et de la flore des marais.

"Là où chantent les écrevisses" est un roman d'apprentissage, c'est celui d'une enfant qui s'est construite dans la solitude.

Ce roman, c'est un page-turner, savamment ponctué de poésie. Un bijou !

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2022-12-11T07:00:00+01:00

L'Archiviste d'Alexandra KOSZELYK

Publié par Tlivres
L'Archiviste d'Alexandra KOSZELYK

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J11

"Le livre le plus en prise avec l'actualité"

Je choisis "L'Archiviste" d'Alexandra KOSZELYK aux éditions Aux Forges de Vulcain. Quatre romans, quatre coup de coeur.

K est une jeune femme, l’Archiviste. Sa sœur Mila est photographe et journaliste. Leur mère a fait une attaque cérébrale quelques jours avant l’invasion russe en Ukraine. Elle a passé un temps dans le coma. Depuis son réveil, son ouïe reste atrophiée. Alors que K se trouve dans une galerie souterraine et assure la conservation des œuvres du chaos, elle reçoit la visite d’un commanditaire qui lui confie une mission, revisiter les créations d’artistes dissidents, les falsifier, réorienter leur propos au service de la propagande. Il a un moyen de pression sur K, une photo de sa sœur Mila, prisonnière de guerre. Elle n’a d’autre choix que de se soumettre pour éviter à sa sœur une mort certaine.

Avec ce roman, Alexandra KOSZELYK décline le verbe RÉSISTER sous toutes ses formes.

Il y a la guerre en Ukraine, celle qui occupe tous les médias aujourd’hui, mais qui puise sa source dans la grande Histoire. De tout temps, le régime soviétique s’est attaché à museler ce peuple, l’affamer, l’exterminer aussi. Ce roman est l’opportunité d’explorer le passé de l’Ukraine et des événements qui ont marqué sa vie, de voir que le peuple ukrainien a dû RÉSISTER à l’envahisseur, l’assaillant russe, pour être ce qu’il est aujourd’hui. Comme j’aime que la littérature comble mes faille…

Derrière le front, les combats, il est d’autres armes plus insidieuses, moins visibles et pourtant tout aussi puissantes, celles qui touchent au patrimoine culturel pour le réduire en miettes, le détruire, à moins de pousser la perversité jusqu’à l’instrumentaliser à des fins politiques, pour les siècles des siècles. L’art, comme composante de l’identité du peuple ukrainien, devient la cible à abattre.

Si à l’évocation des guerres, les hommes sont souvent en première place, pour le meilleur comme pour le pire, Alexandra KOSZELYK choisit là de brosser des portraits de femmes qui elles aussi vouent ce qu’il reste de leur vie à RÉSISTER.

Le rythme est soutenu, oppressant. Le foisonnement de la narration, un pur régal. C’est du grand ART mis au service de la postérité du peuple ukrainien, quel plus beau dessein ! 

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2022-12-11T07:00:00+01:00

La carte postale de Anne BEREST

Publié par Tlivres
La carte postale de Anne BEREST

On poursuit #Noelenpoche avec aujourd'hui un coup de coeur, "La carte postale", le roman de Anne BEREST publié chez Grasset et aujourd'hui disponible chez Le livre de poche

Tout commence au petit matin. La neige a tombé dans la nuit. La mère de Anne BEREST, Lélia, va, en chaussons, cigarette à la bouche, faire le relevé du courrier. L'année 2003 commence tout juste. Au pied de la boîte aux lettres toute disloquée, parmi les cartes de voeux, gît une carte postale avec, au recto, une photographie de l'Opéra Garnier, au verso, quatre prénoms : 
Ephraïm
Emma
Noémie
Jacques
Aussi obscure et impénétrable soit-elle avec ces seuls prénoms comme repères, ceux des grands-parents, oncle et tante de Lélia, "La carte postale" a été rangée au fond d'un tiroir après avoir suscité quelques brefs échanges lors du repas familial. Une bonne dizaine d'années plus tard, alors que Anne BEREST est enceinte et doit se reposer pour sa fin de grossesse, elle prend le chemin de la maison familiale et demande à Lélia de lui raconter la vie de ses ancêtres. Là commence toute l'histoire... ou presque. Si Lélia a fait beaucoup de recherches pour remonter le fil de l'existence des Rabinovitch, "La carte postale", elle, reste une énigme. Quelques années plus tard, elle deviendra une obsession. 
 
"La carte postale", c'est une enquête menée par Anne BEREST, elle-même, écrivaine, réalisatrice. De bout en bout, j’ai été captivée par la recomposition du puzzle familial. Ce roman est empreint d’un mystère jamais résolu qui, sous le feu de son action, prend un nouveau tournant. 
 
Sous la plume de Anne BEREST, la petite histoire, celle de ses ascendants, résonne cruellement avec la grande, celle qui porte un H majuscule, si douloureuse. Elle concourt ainsi non seulement à la mémoire de sa famille, mais aussi à celle de tous les juifs exterminés dans les camps de la mort.
 
Ce qui m’a profondément touchée aussi dans cette lecture, c’est la relation établie par Anne BEREST avec sa mère, Lélia, sans qui rien n'aurait été possible. 
 
Un roman historique, un roman d'aventure, un roman jubilatoire, des personnages éminemment romanesques, tout y est, de la grande littérature comme je l'aime.

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2022-12-11T07:00:00+01:00

Ensemble de Jean-Jacques GOLDMAN

Publié par Tlivres
Ensemble de Jean-Jacques GOLDMAN

Ma #chansondudimanche résonne particulièrement bien avec ce week-end. Si je n'ai pas l'habitude d'aller glaner des infos dans la vie privée des artistes que j'honore, là, je ne pouvais passer à côté. Sa première fille s'appelle... Caroline !

J'ai choisi le titre "Ensemble", écrit et interprété par Jean-Jacques GOLDMAN, une chanson qui date de 2001, séquence nostalgie, mais que me fait toujours autant vibrer. 

J'aime la pochette du single, un fond blanc, des hommes et des femmes dont seuls les contours sont colorés de rose, tous orientés dans la même direction et puis ce mot, "Ensemble", écrit en gros comme un diktat.

J'aime encore la voix de l'artiste. L'homme est né en 1951. Il est rapidement devenu l'idole de toutes les générations. Vous vous souvenez bien sûr de "Je marche seul", le titre atteint la 2ème place du Top50 en 1985.

J'aime enfin la musique. D'ailleurs, je vous ai choisi une version singulière, une version qui fait la place belle aux premières notes jouées en solo à la flute. Vous apprécierez ensuite la vague envoûtante portée par la voix de l'artiste. Je vous laisse savourer !

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2022-12-10T07:00:00+01:00

Quand un auteur se livre... Portrait de Roland BOUDAREL

Publié par Tlivres
Quand un auteur se livre... Portrait de Roland BOUDAREL

Roland BOUDAREL, bonjour. Nous ne nous connaissons que depuis quelques mois, tout s’est joué à partir du moment où ma chronique de « Place Médard » a été publiée sur le blog et les réseaux sociaux. De ce premier roman, un coup de cœur, m’est venue l’idée de vous interviewer. 

C’est parti pour une rencontre, à distance, des plus riches et enthousiasmantes.


Tout d’abord, Roland (je me permets), pouvez-vous, en quelques lignes, nous résumer « Place Médard » ?

Avant toute chose Annie, merci de vous être si bien intéressée à « Place Médard » et de m’accueillir pour ce jeu de questions réponses. 

« Place Médard », c’est le nom d’une place de Quimper où au XIXème siècle, les paysannes des environs viennent vendre le lait de leurs vaches. Gwenn est l’une d’entre elles. Sa vie semble toute tracée pour une existence où on naît, vit, meurt dans le même village, jusqu’au jour où elle rencontre un artiste qui peint son portrait. Gwenn devient alors la victime d’un mari
jaloux qui, pour la punir d’avoir accepté, la marque au fer rouge de la flétrissure. Le destin de Gwenn s’en trouve bouleversé et cet acte indélébile, mais secret, se transmettra de génération en génération. A la suite de Gwenn, « Place Médard » nous permettra d’accompagner les existences de toutes ses descendantes, de la Bretagne à la Toscane, en passant par le Montparnasse des années vingt, l’Algérie, les rives du lac d’Annecy. Tour à tour, cet héritage transgénérationnel deviendra porteur d’espoir, de luttes, de révoltes ou de soumission.


« Place Médard », c’est un premier roman. Où en avez-vous puisé l’inspiration ?

Je portais ce roman depuis 2007, date à laquelle mon épouse avait commencé sa lutte contre un cancer du sein. Les points de tatouage précédant les rayons, la perte de cheveux succédant à la chimiothérapie, furent, pour moi, les déclencheurs de l’histoire où, à l’époque, j’imaginais deux femmes, à un siècle d’écart, confrontées aux mêmes stigmates. Mais je ne pouvais rien faire de cette matière-là qui est restée endormie, jusqu’à ce que je participe sur internet aux Master Class d’Eric Emmanuel SCHMITT en 2019. J’y recueillais désormais la méthodologie et les clefs pour ouvrir la porte. Durant les trois mois de préparation de « Place Médard », je me suis laissé guider par l’inspiration, j’ai lu, écouté de la musique, rêvé, réfléchi, pris des notes … et un matin, j’étais prêt à me lancer avec un plan détaillé pour toute mon histoire.


Le dessin est particulièrement présent dans l’histoire de Gwen. Pourquoi ? Pouvez-vous nous dire qui est Marguerite Marie CHABAY à qui vous rendez hommage ? Que représente cette femme pour vous ?

Le dessin est particulièrement présent dans l’histoire de Gwenn car toute ma vie professionnelle je l’ai passée dans le monde du papier pour terminer, durant une quinzaine d’années, dans l’univers prestigieux des beaux-arts, chez un fabricant de papier célèbre pour sa pochette de dessin. La cellulose et le coton coulent autant dans mes veines que mon propre
sang.


Quant à Marguerite CHABAY, c’est une rencontre extraordinaire, mais a posteriori. Jamais je n’avais entendu parler de cette femme ayant vécu à Quimper, profondément handicapée, mais passant ses journées à dessiner et à illustrer des livres pour enfants.

Et puis, un jour où je cherchais des idées pour la couverture de mon manuscrit, je découvre une illustration de Marguerite CHABAY représentant les laitières de la Place Médard, ainsi que d’autres scènes du début du siècle dans les rues de Quimper. Et là, je suis fortement secoué, car ces images-là, je les avais vues dans mon imaginaire lorsque j’écrivais. Je me sens poussé à tirer le fil de la pelote de laine. Je découvre que les fenêtres de l’appartement où vivait Marguerite CHABAY sont celles que je vois face aux miennes lorsque je suis à Quimper. Je découvre qu’elle a illustré le conte de "La petite fille aux allumettes". Cette histoire-là, je l’ai découverte à six ans lors d’une séquence scolaire, avec un autre intitulé "La Révolte des joujous", celui-là même qui m’a ouvert les portes de l’imaginaire pour me donner l’envie d’écrire…. Marguerite CHABAY est une illustratrice dont les dessins sont aussi charmants, désuets, qu’actuels et inspirants. Elle mérite vraiment d’être reconnue à sa juste valeur. Lorsque j’écrivais « Place Médard », j’avais parfois le sentiment de ressentir près de moi une présence bienveillante qui me guidait pour écrire. Aujourd’hui, j’aurais tendance à penser que sans doute c’était Marguerite CHABAY.


Parlons maintenant des personnages, une lignée de femmes dont vous brossez des portraits EXTRAordinaires, des femmes résistantes. Comment les avez-vous construits ? Est-ce que, dès le début, vous connaissiez leurs parcours ?

Comme chaque chapitre est rédigé par un personnage différent, souvent une femme d’ailleurs, tel un acteur, je me suis immergé dans la vie que je leur inventais. Pour chaque personnage, j’ai construit un dossier où je regroupais une multitude de renseignements physiques, psychologiques, des défauts, des qualités, des habitudes, des peurs, des phobies, des passions. 

J’ai bâti l’arbre généalogique de cette famille, avec des dates qui réapparaissaient à plusieurs reprises durant ces cent trente années. Pour chaque membre, j’ai mis des photographies de portraits afin de donner vie à tous. Comme je l’ai dit précédemment, au moment de commencer l’écriture j’avais un plan très détaillé, ce qui m’a évité toute panne d’inspiration,
mais mes personnages n’en ont fait qu’à leur tête. Certains ont disparu, d’autres ont gagné une consistance qu’ils n’avaient pas du tout. Lucie, qui était par exemple un personnage pour quelques pages, est devenue un personnage de premier plan. Je peux dire que cette histoire, je ne l’ai pas écrite seul, mais avec mes personnages. Et puis, il y a ce secret que l’on transmet
sans le savoir de génération en génération, c’est un personnage à part entière. Je trouve cela passionnant. Je ne suis pas allé plus loin dans l’analyse car je n’ai pas les compétences pour le faire et je préfère rester romancier plutôt que pseudo-expert. En revanche, souvent j’ai moi-même la sensation d’un déjà vu, d’un déjà vécu, d’une répétition. C’est une situation qui me
parle.


Et puis, il y a ce fils d’Ariane entre toutes ces femmes, leurs seins. Pourquoi ? Quel regard portez-vous sur leur poitrine ? 

Le sein, vous l’avez compris par une de mes réponses précédentes était le point de départ, mais la deuxième étape était ma période ‘ d’incubation «  de trois mois où j’ai construit mon roman. Je suis historien de formation et j'ai réalisé plusieurs recherches universitaires, ce qui me permet d’être familier dans cette démarche du retour aux sources. Je me suis toujours servi de livres que j’indique en bibliographie à la fin du roman. Partant du sein, j’ai lu des ouvrages traitant du sujet. Lorsque je découvre Santa Reparata à Florence, porteuse des mêmes stigmates que Gwenn, c’est du pain béni pour mon roman. Ce sont les scientifiques et leurs ouvrages qui m’ont permis de charpenter tout mon roman.


Il faut dire qu'en guise d'incipit, vous avez choisi une citation de Jacques PREVERT : 


"Sanguine, joli fruit,
Soleil de nuit."


Pourquoi ?

Le hasard ou cette bienveillance qui m’a accompagné durant toute cette écriture. Afin de décompresser durant ma phase d’écriture, les soirs je passe en mode lecture. Je découvre ainsi l’ouvrage de Patrick ROTMAN intitulé "Ivo et Jorge" et consacré à l’amitié entre Yves MONTAND et Jorge SEMPRUN. L’auteur fait référence à ce poème de PREVERT qui fut chanté par MONTAND. Immédiatement, les paroles m’inspirent, me parlent. Je pianote sur internet pour trouver le poème devenu chanson et je l’écoute en boucle jusqu’à ce que l’émotion me submerge avant de devenir celle de mes personnages, Marianne et Carole.

Le choisir comme incipit était une évidence, avec ce fruit qui avait le même nom que cette œuvre rapportée de Florence par le père de Gwenn, « et soleil de nuit « qui était le parfait résumé de la destinée de toutes ces femmes.

J’avais fini la rédaction de « Place Médard » et étais dans la phase de correction, mais il m’a été très facile d’ajouter cette sanguine de PREVERT dans mon histoire, comme la dernière pièce d’un puzzle.


La forme même de votre roman, un roman choral, permet aux différentes voix de résonner ensemble. Est-ce qu'elle s'est imposée à vous ?

Je ne voulais pas me contenter de raconter une histoire sur un siècle. Je souhaitais m’accorder encore plus de plaisir en me lovant dans le corps de tous mes narrateurs. Mon plaisir d’écriture serait ainsi démultiplié par le nombre de personnages pour lesquels je parle.

Ecrire de cette manière-là me paraissait aussi plus enrichissant pour le lecteur car son avis pourrait changer d’un chapitre à l’autre, car tel, ou telle, qu’il avait malaimé, deviendrait différent par la vision d’un autre personnage. La fille attachante pouvait se muer en une mère dérangeante.


Mais ce roman ne serait pas ce qu’il est sans inviter à la table de vos personnes la grande Histoire. Qu’est-ce qu’elle représente pour vous ?

L’Histoire, c’est une passion pour moi. J’ai soutenu un DEA d’Histoire Moderne en 1996 à l’Université de Saint Etienne. Il était consacré à la connaissance de la femme du XIXème siècle à travers l’œuvre des Frères GONCOURT. Sujet récurrent chez moi ! Autant je me laisse porter par mon imagination pour la construction de mon roman, autant je retrouve ma rigueur absolue pour faire en sorte d’être extrêmement précis, sérieux et scientifique dans mes recherches. Max JACOB, par exemple, est en fil rouge dans ce roman. J’ai beaucoup lu à son sujet pour ne pas faire d’erreurs. Lorsque j’ai vu qu’Emile ZOLA était venu à Sainte Marine à l’époque de mon roman, j’ai voulu lui laisser quelques lignes. Et les exemples seraient nombreux.


Parlez-nous de l’écriture. Est-ce que vous vous y exercez depuis votre plus jeune âge ?

J’y pense depuis mon plus jeune âge, incontestablement. Il y a peu, je réfléchissais pour savoir d’où me venait l’envie d’écrire. Comme souvent en effet, cela remonte à l’enfance. En classe, j’étais un petit garçon plutôt discret, secret, qui ne faisait pas parler de lui. Pas vraiment d’amis, ni heureux, ni malheureux. J’étais dans une école de frères maristes et un jour, le directeur nous demanda à chacun d’écrire une histoire, puis de la lire devant la classe. Les plus intéressantes seraient enregistrées pour être lues aux enfants d’une école mariste à Nouméa, en Nouvelle Calédonie. La mienne fut retenue et tous mes camarades de classe m’applaudirent. Pour la première fois, j’étais sur le devant de la scène. Et aujourd’hui, lorsque je reçois des commentaires enthousiastes pour « Place Médard », je retrouve ce bonheur-là. Comme vous le savez, la Nouvelle-Calédonie est présente dans ce roman, et vous, vous saurez que ce n’est pas un hasard.


Avez-vous chez vous une pièce dédiée ou bien faites-vous partie de ces écrivains qui, comme Alexandra KOSZELYK, ont leur carnet en poche pour y noter tout ce qui vous vient par la tête au fil de vos journées ?

« Place Médard », je l’ai cherché, écrit, corrigé à 100 % dans un bureau de ma maison dans la Drôme.


J’ai lu que vous aviez commencé par d'autres écrits, des nouvelles je crois, et des livres type dictionnaires. Pourquoi ?

Mon premier livre est intitulé "Vitoucha". C’est en effet un recueil de nouvelles qui toutes racontent l’histoire d’un objet monogrammé. Mon deuxième livre fut édité aux Editions Sutton. Je me suis servi de mon mémoire de maîtrise consacré à la fête et aux loisirs dans la région stéphanoise au XIXème siècle. C’était un sujet non encore défraîchi par l’université et mon directeur de recherches craignait l’échec. Ce ne fut pas le cas puisqu’il donna lieu à un livre, embelli par de nombreuses illustrations et un texte plus attrayant qu’un travail universitaire. Le dernier livre est un guide sur la région du Valentinois. J’avais carte blanche pour l’écrire et il devait être largement illustré par mes propres photographies, ce qui me permit ainsi d’assouvir une autre de mes passions.

Pourquoi maintenant la fiction ? Qu’est-ce qu’elle vous apporte de plus, de différent ?

J’aime beaucoup créer, laisser libre cours à mon imagination, donc la fiction est un genre où je me sens à l’aise. C’est une totale liberté, mais j’aime aussi qu’elle puisse trouver certaines aspérités sur la réalité, d’où ce choix parfois de lier mon écriture avec la vérité historique. Je suis très tenté aussi par la rédaction d’une biographie, c’est un genre auquel j’aimerai
m’essayer.


Parlez-nous de votre maison d'édition. Comment ça s'est passé avec Librinova ?

Je ne suis pas déçu par Librinova car pour la conception et l’accompagnement au lancement de « Place Médard », ils ont été chaque fois au rendez- vous. Librinova a toutefois la particularité de proposer « Place Médard » en impression à la demande. C’est un concept vertueux et responsable car on ne produit que ce qu’on vend, ce qui évite le gaspillage. Avec Librinova, le
livre est commandable sur tous les sites, chez tous les libraires, dans toutes les chaînes de magasins. Il faut compter entre trois et sept jours pour l’avoir entre les mains. En revanche, aucune mise d’office en librairie, et comme il n’y a pas de retour possible, les libraires sont frileux et globalement ne jouent pas le jeu. C’est le gros écueil et la plus grosse difficulté pour
« Place Médard ». Cette désillusion est compensée par l’enthousiasme de gens comme vous qui sans me connaître avez lu ce roman, l’avez aimé, l’avez dit, l’avez expliqué. Tous les jours, je reçois des messages enthousiastes de lecteurs qui ont apprécié cette histoire. Le bouche à oreilles a toujours été porteur de réussite. Donc, merci aux internautes, aux organisateurs de salons où les dédicaces sont un moment d’échanges inoubliables, aux médiathèques, aux associations qui ont organisé des rencontres pour parler de « Place Médard ».


Dans votre roman, vous évoquez une formidable bibliothèque, celle de l'Amiral. Dans la vôtre, pourriez-vous nous présenter un ou deux titres qui vous sont chers ?

Je lis beaucoup, mais lentement … donc je pourrais lire plus, mais j’aime écouter les phrases que j’ai lues, noter des citations, aller chercher sur internet un complément… Je flâne. J’ai une bibliothèque bien fournie, car n’ayant pas eu de livres étant enfant, je suis devenu un acheteur compulsif, mais raisonné, car mes achats s’effectuent après de nombreuses recherches.

J’ai des lectures très variées, même si des genres comme la science-fiction ou les policiers ne m’attirent qu’épisodiquement. En 2021, mon livre préféré a été "La carte Postale" de Anne BEREST. J’ai été captivé par cette recherche familiale. En 2022, j’ai beaucoup aimé le livre de souvenirs de l’historien Michel WINOCK, "Jours anciens". L’autobiographie ou la biographie sont des genres que j’apprécie, car ce sont des partages de vies et d’expériences qui m’apportent beaucoup, notamment dans ces instants particuliers où le choix ou l’absence de choix décident de la suite.

Un ouvrage que je mets au-dessous de mes dernières lectures est celui de Joseph KESSEL, "Les mains du miracle", un ouvrage captivant qui témoignage de premières main au cœur du réacteur nazi.


A l'heure de vous quitter, impossible de ne pas vous questionner sur un éventuel second roman . Est-il au travail? Pouvez-vous susciter les convoitises de nos « followers » 

Dois-je vous avouer que « Place Médard » regorge d’indices masqués qui donnent déjà la construction de sa suite ? Dans mon imaginaire, quatre cents pages sont prêtes à être écrites. La seule question est quand ? Maintenant ou intercaler un roman contemporain que je situerai à Gallipoli, dans cette Italie qui m’inspire tant ?

Merci infiniment d’avoir consacré de votre temps précieux à répondre à mes questions. Je vous souhaite le plus beau des succès en littérature. Bravo !

Merci encore un fois à vous, car vous l’avez compris, votre énergie et votre conviction pour faire connaître « Place Médard » sont autant de sources de motivation pour que je continue à le défendre par tous les chemins de traverse.

 

Au plaisir de vous croiser en librairie ou lors d'un salon du livre !

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2022-12-10T07:00:00+01:00

Sidérations de Richard POWERS

Publié par Tlivres
Sidérations de Richard POWERS

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J10

"Le livre qui m'a le plus impressionnée"

Je choisis "Sidérations" de Richard POWERS chez Actes Sud, un coup de coeur, une nouvelle référence du Book club, je sais, ça devient lassant, et pourtant !

Tout commence avec cette escapade dans Les Appalaches, un séjour dans les Smoky Mountains d’un père, Théodore Byrne, astrobiologiste, avec son fils, Robin de 9 ans, dont on devine une hypersensibilité et des troubles du comportement qui lui valent des exclusions scolaires. Après une nuit à dormir à la belle étoile et s’émerveiller de la beauté de la Voie lactée, ils partent randonner, franchissent un col installent leur campement tout prêt d’un torrent. Ils se baignent et savourent l’extase des bains bouillonnants naturels, cette même expérience que lors du voyage de noces de Théo et Alyssa. Elle est décédée il y a 2 ans et hante leurs vies, jours et nuits. A leur retour, la situation de Robin s’aggrave encore à l’école, l’Etat risque de prendre de sanctionner le père qu’il soupçonne d’incompétence dans l’éducation de son enfant. C’est là qu’une nouvelle expérience commence.

 
Ce roman, c’est 398 pages d’une intensité foudroyante.
 
Il y a la monoparentalité déclinée au masculin, l’immense amour d’un père porté à son fils, l’attention de tous les jours avec cette éternelle question qui traverse l’ensemble du roman. 
 
Et puis il y a le deuil, décliné en deux dimensions, celle d’un mari et celle d’un enfant. 
 
Il y a encore le rapport à la nature, des plus exaltants. Il y a des pages entières de descriptions sublimes.
 
Il y a aussi et surtout l’approche de la pathologie de Robin, la quête d’un traitement qui ne soit pas médicamenteux pour lui apporter la sérénité et le bien-être.
 
Ce roman est servi par une plume profondément émouvante. Richard POWERS nous livre un roman d’une richesse éblouissante sur les objets de « Sidérations ». Je salue la qualité de la traduction de Serge CHAUVIN.

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2022-12-10T07:00:00+01:00

Une sirène à Paris de Mathias MALZIEU

Publié par Tlivres
Une sirène à Paris de Mathias MALZIEU

On poursuit #Noelenpoche avec aujourd'hui "Une sirène à Paris" de Mathias MALZIEU, initialement édité chez Albin Michel aujourd'hui disponible chez Le livre de poche.

« Surprisiers : ceux dont l’imagination est si puissante qu’elle peut changer le Monde - du moins le leur, ce qui constitue un excellent début ». Vous ne rêvez pas, vous voilà de nouveau happé.e.s par l’appel du large du talentueux Mathias MALZIEU. 

Gaspard est malheureux. Son amoureuse, Carolina, l’a récemment quitté. Sa grand-mère, Sylvia Snow, la fondatrice du Flowerburger, vient de décéder. C'était le sel de sa vie. Alors, quand son père, Camille, décide de vendre la péniche qui accueillait ce cabaret extraordinaire, c’est un peu comme si toute sa vie à lui disparaissait. C’est là que Gaspard œuvrait, il émerveillait les spectateurs de ses tours de magie. C’est là que ses rêves devenaient réalité. C’est le cœur en peine qu’il va se promener le long des quais de Seine. Le fleuve est en crue. La capitale offre un nouveau visage que les badauds cherchent à immortaliser. Un chant langoureux appelle Gaspard, un éclair bleu le foudroie. Il ne rêve pas, il voit « Une sirène à Paris ». Dès lors, tout peut arriver.

Si vous ne connaissez pas encore la plume féerique de Mathias MALZIEU, c’est le moment de plonger. Le chanteur de Dyonisos a une imagination à couper le souffle. Il nous offre un conte des temps modernes avec une histoire rocambolesque, à partager sans modération.
 
Avec ce livre, il nous invite une nouvelle fois à faire ce petit pas de côté pour offrir à la réalité de nouveaux habits, merveilleux, poudrés d’étoiles. 
 
La prose est illuminée, le destin de Gaspard revisité avec une parenthèse heureuse de deux jours et deux nuits, c’est le temps pendant lequel une sirène peut survivre loin des fonds marins. Dès lors, chaque seconde compte.
 
Mathias MALZIEU, je l’ai découvert avec Métamorphose en bord de ciel
 
Et puis il y a eu « Journal d’un vampire en pyjama », prodigieux.

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2022-12-09T07:00:00+01:00

Ceux qui partent de Jeanne BENAMEUR

Publié par Tlivres
Ceux qui partent de Jeanne BENAMEUR

On poursuit #Noelenpoche avec aujourd'hui "Ceux qui partent" de Jeanne BENAMEUR, un roman publié chez Actes Sud aujourd'hui disponible dans la collection Babel.

Nous sommes en 1910. Les émigrants accostent sur Ellis Island, l'île située aux abords de New-York, la porte d'entrée pour les Etats-Unis. C'est là que les services de l'immigration oeuvrent au quotidien, décidant de l'avenir de celles et ceux qui ont tout quitté pour l'eldorado américain. Parmi les valises et autres ballots, il y a Donato Scarpa, un comédien italien qui brandit Eneide, le texte de Virgile, comme un étendard. Il est accompagné de sa fille, Emilia. Tous deux ont choisi de réaliser les trois semaines de voyage pour vivre libres, loin de ce territoire qui a vu mourir leur femme et mère, Grazia. D'autres n'ont pas eu le choix comme Esther Agakian partie d'Arménie, là où la terreur de la mort sévit. Il y a Gabor, bohémien, et les siens, ces hommes et femmes de la route. La communauté des émigrants vivent ces premiers moments en terre inconnue sous le regard d'Andrew Jonsson, un étudiant en droit qui passe son temps libre à photographier ces êtres en transit. Il immortalise ces instants, rien n'est laissé au hasard, pas même une main passée dans les cheveux, une tête baissée, un regard furtif... il décrypte les émotions de ces hommes et ces femmes qui ont rompu le fil de leurs origines pour vivre une vie meilleure. Certains seront admis à fouler le sol de ce nouveau continent, d'autres pas. Tous attendent d'être jugés, mesurés, auscultés... la file d'attente est longue, beaucoup vont passer cette première nuit en terre étrangère en dortoir, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, à moins que le destin en décide autrement, là commence une toute nouvelle histoire.

Avec ce roman de Jeanne BENAMEUR, outre les personnages éminemment romanesques, ce qui m'a le plus intéressée, c'est le point de rupture, celui qui fait que l'on quitte un territoire pour un autre, que l'on abandonne une langue pour en adopter une autre, que l'on dit adieu aux siens, morts ou vivants... et qui nous fait devenir quelqu'un d'autre.

Le point de rupture, c'est celui qui permet de repousser les limites, celui qui fait passer à autre chose. Il y avait une vie avant, il y aura une vie après. C'est l'intervalle que Jeanne BENAMEUR explore avec une délicatesse infinie à travers un panel de personnages qui tous ont un itinéraire distinct, des parcours de vie différents, mais se verront marqués à vie par cette épreuve, y compris d'un point de vue charnel.

Les mots sont émouvants, les phrases belles et poétiques. Je me suis surprise à glisser régulièrement, une nouvelle fois, des marque-pages comme autant d'étoiles dans un ciel nocturne. Je sors de cette lecture totalement envoûtée par le charme, l'effet Jeanne BENAMEUR !

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