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2022-12-09T07:00:00+01:00

Ultramarins de Mariette NAVARRO

Publié par Tlivres
Ultramarins de Mariette NAVARRO

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J9

"Le livre dont on n'a pas assez parlé"

J'ai choisi "Ultramarins" de Mariette NAVARRO, un coup de coeur découvert avec mes amies du Book club, et oui, encore, désolée du peu !

Elle est Commandante de navire depuis 3 ans. D’elle, on ne sait presque rien, sauf que son père, avant elle, faisait ce même métier. Ce que l’on sait toutefois, c’est qu’elle est respectée pour la qualité de son travail. Elle s’est fait un nom dans le métier. Les marins veulent désormais faire partie de son équipage. Sur son cargo, tout est réglé comme du papier à musique jusqu’au jour où elle répond par l’affirmative à une question tellement improbable, se baigner en pleine mer. A partir de ce moment-là, plus rien ne se passera comme il se doit lors de la traversée de l’Atlantique.
 
Ce roman est une pépite.
 
D'abord, il m'a touchée par l’éloge du travail au féminin. A celles et ceux qui douteraient encore de la capacité des femmes à assurer des métiers, par le passé, dits d'hommes, je ne peux que leur conseiller cette lecture, c'est un hymne au professionnalisme des femmes.
 
Et puis, il y a quelque chose d’exceptionnel dans ce roman, c’est le rapport au corps. 
 
Mais il y a aussi et surtout ce moment d’ivresse des hommes, nus, la cure de jouvence que procure ce bain en plein océan en toute clandestinité. Il y a l'entrée des corps dans l'élément naturel, le choc des températures, et très vite, l'effervescence des sens. 
 
Mais ce roman ne serait rien sans le mystère de la présence d’un vingt-et-unième homme à bord du canot de sauvetage. 
 
La chute est profondément émouvante. Ce roman est original, un inclassable. Les membres du jury de l'Académie Hors Concours ne s'y sont pas trompés, les lecteurs et les lectrices l'ont élu roman de l'année 2021.

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2022-12-08T07:00:00+01:00

Hamnet de Maggie O’FARRELL

Publié par Tlivres
Hamnet de Maggie O’FARRELL

On poursuit le calendrier de l'Avent avec des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Maggie O'FARRELL avec "Hamnet", un roman édité chez Belfond, maintenant disponible chez 10/18. Ce roman, c'est une nouvelle référence du Book club.

Dans l’atelier de gantier du grand-père, un jeune garçon, l’ainé, subit les coups et blessures de son père. Il devient précepteur et enseigne le latin aux frères d’Agnès dans une ferme des Hewlands. Agnès, un brin sauvageonne et mystérieuse ne manque pas de le fasciner, elle et sa crécerelle. Ils sont fous amoureux et se laissent porter par l’élan de l'amour. Ce qui devait arriver arriva. Agnès est enceinte. Les deux familles n'ont rien en commun et pourtant, de cette relation naîtra un arrangement raisonnable. La famille du jeune homme accueillera Agnès en son sein. Là s'ouvre une nouvelle page de la vie de chacun, pour le meilleur comme pour le pire.

Hamnet est un roman social. L'écrivaine restitue la vie des hommes et des femmes du XVIème siècle. Elle décrit avec minutie le quotidien des différentes classes sociales, des urbains et des ruraux dans tout ce qui les différentie, leur habitat, leurs vêtements, les sons qui font le sel de leur vie, leurs traditions jusque dans l'accouchement avec des scènes profondément émouvantes.

Si Maggie O'FARRELL fait état d'une condition féminine largement dévolue aux tâches domestiques et à l'éducation des enfants, à travers l'itinéraire d'Agnès, elle nous emmène sur des chemins pour le moins mystérieux. La femme est guérisseuse, elle détient des pouvoirs un brin surnaturels et communique avec la nature. Agnès est un personnage éminemment romanesque que j'ai beaucoup aimé côtoyer le temps de la lecture.

Ce roman pourrait n'être que tout cela et il mériterait déjà d'être lu. Mais il recouvre une autre dimension, théâtrale celle-là. Il est question de création artistique et du jeu du comédien. 

Quel plaisir de retrouver la plume de Maggie O'FARRELL et la traduction de qualité de Sarah TARDY.

Vous vous souveniez peut-être d'un autre roman de Maggie O'FARRELL, "En cas de forte chaleur", c'est avec lui que j'avais découvert le talent de l'autrice, un roman dans la même veine que "L'enfant de l'étranger" de Alan HOLLINGHURST si vous connaissez. 

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2022-12-08T07:00:00+01:00

Les rêves échoués de Carine JOAQUIM

Publié par Tlivres
Les rêves échoués de Carine JOAQUIM

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J8

"Le livre que je n'aurais pas lu si..."

J'ai choisi "Les rêves échoués" de Carine JOAQUIM à La Manufacture de livres.

Je n'aurais pas lu ce livre si je n'avais découvert le talent de l'autrice grâce aux fées des 68 Premières fois avec "Nos corps étrangers", son premier roman, une lecture coup de poing.

 

Tout commence avec une commission éducative qui réunit parents et professeurs sous l’autorité de Madame Salignes et son adjointe pour juger du cas de Clarisse, la jeune adolescente de 13 ans, diagnostiquée élève à haut potentiel. Ses parents sont séparés. Clarisse vit une semaine chez sa mère, une semaine chez son père. Au collège, Clarisse répond aux interpellations par l’agression, elle use d’un vocabulaire vulgaire, insupportable pour le corps enseignant. Tout va de mal en pis. Heureusement, elle entretient sur internet une relation avec un certain Sergio, au scooter rouge, un garçon à qui elle se confie, qui la comprend et avec qui elle a rendez-vous. Elle ne sait pas encore que c’est précisément à ce moment là que sa vie va basculer.
 
Dès les premières lignes, Carine JOAQUIM plante le décor, la commission éducative permet de tendre l’arc pour lequel les flèches ne vont pas manquer. Si l’écrivaine évolue elle-même dans ce cadre professionnel dans lequel elle puise son inspiration, elle sait ô combien une jeune adolescente ne saurait être réduite au statut d’élève et à ce qu’elle donne à voir par ses comportements dans l’établissement dans lequel elle est scolarisée. C’est ainsi qu’elle va, dans une narration ingénieuse, glisser des passages en écriture italique, un livre dans un livre, pour expliquer son histoire, les événements qui font aujourd’hui ce qu’elle est, en tant qu’être humain.
 
Comme dans "Nos corps étrangers", le rapport au corps est un fil rouge de ce roman. Il y a des descriptions presque cliniques de ce que Clarisse vit, traverse, exulte. J’ai vibré dès les premières évocations, ressenti moi dans mes tripes de femme, d’épouse, de mère aussi, ce que Carine JOAQUIM décrit. 
 
Et puis, dans ce roman, il y a l’évasion, cette sortie de soi, sortie de la maison, sortie des frontières, au sens propre comme au figuré.
 
Ce roman, je l'ai lu d'une traite. C'est du grand ART... littéraire ! Pari réussi avec ce second roman, bravo.

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2022-12-07T07:00:00+01:00

Le sanctuaire d’Emona de Alexandra KOSZELYK

Publié par Tlivres
Le sanctuaire d’Emona de Alexandra KOSZELYK

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J7

"La plus belle couverture"

Je choisis le roman young adult d'Alexandra KOSZELYK, "Le sanctuaire d'Emona", d'une pure beauté. 

Il fait partie de la collection R de Robert Laffont. Ses couvertures sont illustrées par Laura PEREZ, dessinatrice de BD. La délicatesse du trait des personnages et les reliefs font de lui un sublime objet. Bravo, c’est du grand art !

Je vous dis un mot de l'histoire : 
 
Séléné a un frère, Antoine. Tous deux ont été adoptés par leurs parents. Séléné est en quête d’identité. Il y a cette empreinte au poignet, une forme lunaire. Il y a ce mystère qui entoure ses origines et la fait la souffrir. Cet été, c’est décidé, elle va prendre de la distance et partir pour l'Australie. Ses plans ne se réaliseront pas tout à fait comme elle le souhaitait mais c’est ça ou rien. Ses parents acceptent qu’elle parte mais avec son frère et sa copine Daria. Plutôt qu’un vol direct, il y aura un itinéraire en voiture pour s’arrêter en Roumanie voir sa mère. Le jour du départ, une nouvelle s’incruste, Irina, la sœur de Daria. Tout ça n’est pas pour plaire à Séléné mais quand l’équipe sera arrêtée en Slovénie, soupçonnée de transporter de la drogue et abandonnée en rase campagne avec une voiture en pièces détachées, Séléné trouvera chez Irina un brin de réconfort. Elle ne sait pas encore que des aventures pour les moins surprenantes les rapprocheront beaucoup plus encore.
 
Si l'écrivaine prend du plaisir à ancrer le propos dans la réalité de notre XXIème siècle, la tournure des événements va bientôt prendre un tout autre chemin, celui de la mythologie, des contes et légendes, pour nous proposer un récit fantastique guidé par des forces cachées. 
 
Et puis, il y a la magie de l’histoire, une ville de Slovénie où les sculptures de dragons sont légions, une maison inquiétante, des apparitions, une grotte comme lieu d'apprentissages... Bref, tout y est pour en faire un roman captivant.
 
Retrouvez les romans adultes d'Alexandra KOSZELYK
tous les trois publiés Aux Forges de Vulcain. Tous des coups de coeur !
 
#MonAventLitteraire2022

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2022-12-07T07:00:00+01:00

Consolation de Anne-Dauphine JULLIAND

Publié par Tlivres
Consolation de Anne-Dauphine JULLIAND

On poursuit le calendrier de l'Avent avec des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Anne-Dauphine JULLIAND et sa "Consolation", éditée chez Les Arènes, et maintenant disponible chez J'ai lu.

Ce récit de vie, peut-être qu’il n’aurait jamais croisé mon existence s’il n’y avait eu le Book club. 

Vous n’allez pas tarder à découvrir le drame qui l’a fauchée, il se décline en réalité au pluriel, et malgré la tragédie qu’ils recouvrent, ils tiennent en une seule phrase, la première du livre. Plus précisément, ils tiennent en quatre mots :


J'ai perdu mes filles.

Anne-Dauphine JULLIAND explore les tréfonds de son âme et nous livre son regard, personnel, sur les épreuves qu’elle a vécues. Elle nous apprend à les décrypter, les apprivoiser, les faire sienne, et à les partager. Les taire serait d’infliger une double peine.

 

L’autrice nous livre son chemin, certains diront de croix.
 
Si j’appréhendais cette lecture, j’en ressors grandie.
 
Elle m’a fait toucher du doigt tout ce qui devient subtil lorsque vous êtes éprouvé, toutes ces manifestations d’humanité qui font battre plus vite le cœur. J’ai fondu devant la présence de cette infirmière avec ces seuls mots, « je suis là », ou bien encore ces funérailles avec les ongles vernis rouges de toutes les personnes qui se joignaient à sa peine.
 
Eblouissant !

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2022-12-06T07:00:00+01:00

La décision de Karine TUIL

Publié par Tlivres
La décision de Karine TUIL

On poursuit le calendrier de l'Avent avec des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Karine TUIL avec "La décision", un roman édité chez Gallimard, et maintenant disponible chez Folio.

Ce roman, je l'ai découvert lors de la venue de Karine TUIL sur Angers dans le cadre des Entretiens Littéraires organisés à la Collégiale Saint-Martin par le Département de Maine-et-Loire, et cette rencontre dédicace avec l'autrice, un moment inoubliable avec une femme d'une profonde humilité.

Alma Revel, la narratrice, a 47 ans. Alma est née dans une famille aux origines communistes. Son père s'est notamment investi dans la guérilla vénézuélienne en 1968. Il a été incarcéré pendant 11 ans avant de mourir. Sa mère est partie pour le sud, elle s'est remariée et vit dans les montagnes du Valgaudemar. Alma est mariée avec Ezra Halevi, écrivain juif pratiquant, depuis 25 ans. Ils sont en procédure de divorce. Elle est mère de trois enfants, Milena, Marie et Elie (des jumeaux). Dans la vie professionnelle, elle est juge anti-terroriste au Palais de Justice de Paris. Elle encadre 11 magistrats et coordonne l'action des policiers. Comme une philosophie, dans son bureau est affichée une phrase de Marie CURIE : « Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. » C'est ce qu'Alma s'attache à faire notamment quand elle reçoit dans son bureau des personnes emprisonnées de retour de Syrie dont elle va devoir décider, soit du maintien en prison, soit d'une libération sous contrôle judiciaire. Dans sa vie personnelle comme sa vie professionnelle, elle est à la croisée des chemins, pour le meilleur comme pour le pire !

Karine TUIL nous livre un thriller psychologique de haute volée.

Le procédé narratif est ingénieux. Karine TUIL alterne les chapitres avec les interrogatoires du jeune homme. Peut-il gagner sa confiance ? A-t-il le droit à une deuxième chance ? J'ai vécu les séances de confrontation la peur au ventre. 

Ce roman, c’est une prise de conscience du poids qui pèse sur les épaules d’individus en prise directe avec la menace djihadiste en France et qui veillent incessamment sur notre sécurité.

Et puis, il y a le rapport à la religion. J'ai beaucoup aimé le fil savamment tissé autour de la judéité, la transmission entre les générations par la voie des mères, le sursaut de la foi à des moments que nul ne peut anticiper, les ressentiments avec les musulmans...

Karine TUIL nous livre un roman poignant, tout en tension. La plume est nerveuse, le suspens à son comble, l'intrigue parfaitement maîtrisée jusqu'à cette chute... effroyable. 

Vous aimerez peut-être aussi  "L'insouciance"...

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2022-12-06T07:00:00+01:00

Les inexistants de Catherine ROLLAND

Publié par Tlivres
Les inexistants de Catherine ROLLAND

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J6

"Le livre le plus plombant"

Je choisis "Les inexistants" de Catherine ROLLAND chez BSN Presse. L'autrice investit le roman noir avec talent.

Camille est serveuse de nuit au Péché Gourmand, un restaurant installé situé entre une station-service et une zone industrielle. Elle a laissé chez Germaine, sa voisine, son fils Micky, handicapé qu’elle élève seule. Sa patronne, Sandrine, n’est pas rassurée. Un tueur en série rode dans les environs. Mais Camille reste sereine. Noam, le vigile, veillera sur elle, à moins que… des événements ne se produisent !

Dès les premières lignes, Catherine ROLLAND installe le suspens d’un environnement glauque, menaçant. Elle ne va faire qu’une bouchée de la nuit à venir, s’en délecter, pour mieux vous poignarder.

Que de frustration dans l’écriture de la chronique d’un polar. Impossible bien sûr de vous dévoiler l’intrigue, sous peine de rompre le charme d’une nuit laissée sans sommeil !

Ce que je peux vous dire, par contre, c’est que les personnages sont travaillés avec minutie. Catherine ROLLAND excelle dans l’exploration psychologique d’hommes et de femmes hautement mystérieux avec qui elle va jouer à l'envi. L'écrivaine est une marionnettiste, c'est elle qui tient les ficelles !

Et puis, je vous l’ai dit, il y a l’atmosphère que l’autrice décrit avec minutie. Son écriture éminemment descriptive en devient cinématographique. Nul doute que le 7ème art ferait de ce livre un excellent film.

Une nouvelle fois, bravo ! Comment dire ? J’attends déjà le prochain !!!

Ravie que Nicole et Delphine ait changé le titre de la rubrique du 6ème jour pour faire une petite place à ce roman noir !

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2022-12-06T07:00:00+01:00

Place Médard de Roland BOUDAREL

Publié par Tlivres
Place Médard de Roland BOUDAREL
Ce que je vais vous proposer est une première fois sur le blog. Vous dites jamais, vous ? Moi, jamais !
 
C’est une requalification d’un roman, « Place Médard » de Roland BOUDAREL entre dans la catégorie des coups de cœur de l’année ! Avouez qu’accompagné de « Love » de Botero, il prend une toute autre dimension, non ?
 
Ce roman je l’ai lu en version numérique et je crois que c’est bien là ma plus grande erreur. Ce que je vous dis ne remet absolument pas en cause mes remerciements à la Maison d'éditions Librinova qui m’en a proposé sa lecture. Elle m’a fait un formidable cadeau, me mettre sur la voie d’une plume éminemment romanesque. Je peux allègrement mettre « Place Médard » de Roland BOUDAREL sur un même pied d’égalité que « Hamnet » de Maggie O’FARRELL, « Miniaturiste » de Jessie BURTON, vous voyez le genre !
 
Faute avouée à demi pardonnée mais je vous dois quelques explications complémentaires pour achever de vous séduire :
 
  • les petites histoires et la grande vont se côtoyer à la même table des invités ; Roland BOUDAREL nous livre une fresque sur un peu plus d’un siècle, ponctuée de grands événements passés inaperçus dans la version académique. J’ai cru un temps avoir été absente de tous les cours d'histoire à l'école !
  • Il y a l’art aussi, le dessin en particulier. Tout commence avec le peintre Gibus qui réalise des dessins de la vie quotidienne et magnifie la laitière de la Place Médard avec un portrait que l’on devine éblouissant. Ce roman est d’ailleurs dédié à l’illustratrice quimpéroise, Marguerite Marie CHABAY.
  • Il y a les personnages, hauts en couleurs, des femmes exceptionnelles dont la condition va avoir un impact sur leur parcours. Si les tâches domestiques sont le berceau de la vie des petites filles depuis des siècles et des siècles, que la maternité fait aussi partie du fardeau du genre, il est d’autres éléments cristallisant leur condition: leurs seins. Vous vous souvenez peut-être de « La tresse » de Laëtitia COLOMBANI qui liait des histoires de femmes à travers les âges et les continents par le biais des cheveux. Là, Roland BOUDAREL tisse le fil d’Ariane des seins.


Couvrez ce sein, que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées.
Et cela fait venir de coupables pensées".

  • Si Molière y faisait référence par le biais de Tartuffe vis-à-vis de Dorine, j’étais loin de tout ce que j’allais découvrir dans ce que les seins ont toujours revêtu de fantasmes, de cruauté aussi, de malédictions enfin.
  • Il y a la narration, celle très rythmée d’une épopée à travers les générations, un roman choral où résonnent les voix entre elles. « Place Médard », c’est aussi une invitation au voyage à travers quelques pays.
  • Il y a la plume enfin, romanesque je l’ai dit mais aussi foisonnante. Outre le nombre de pages, presque 400, un détail que l’on ne daigne pas regarder quand on lit sur la liseuse mais qui aurait pris une autre dimension dans mes mains s'il n'avait été de papier. De ce livre, chacun en gardera les souvenirs qu’il voudra, chacun aura le choix.
  • Enfin, je murmurerai bien à un réalisateur de cinéma de se pencher comme une fée sur le berceau du bébé, les descriptions en feraient un excellent scénario, j’en suis persuadée.
 
Je pourrais vous en dire beaucoup plus, à quoi bon ? Je crois qu’il vous faut le lire.
 
« Place Médard » n’a pas bénéficié en tant que premier roman des projecteurs des 68 Premières fois. Peut-être même n’est-il jamais arrivé jusqu’à elles... Pour autant, je me devais, modestement mais sûrement, d’assurer sa promotion.
 
« Place Médard » est un très grand roman, c’est un coup de cœur !

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2022-12-05T07:00:00+01:00

Mémoire d’éléphant de France COURPOTIN

Publié par Tlivres
Mémoire d’éléphant de France COURPOTIN

J’aime découvrir de jeunes talents. Là, une femme, une artiste peintre aux créations tout à fait surprenantes, France COURPOTIN. 

Ma #lundioeuvredart, c’est « Mémoire d’éléphant », une création faite de superposition. Il y a le visage d’une femme en arrière-plan, dont on découvre seulement la bouche et le cou, et puis le profil de deux têtes d’éléphants en premier plan.

La composition réalisée sur une acrylique est fascinante.

Je n’avais encore jamais vu d’illustration de ce que peut représenter une « Mémoire d’éléphant », c’est ingénieux et tellement esthétique. 

Je vous invite à aller découvrir le compte Instagram de l’artiste, il regorge de pépites toutes aussi surprenantes les unes que les autres.

J’aime tout particulièrement sa singularité dans la réalisation de portraits hauts en couleur. Bravo !

 

 

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2022-12-05T07:00:00+01:00

Les cerfs-volants de Romain GARY

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Les cerfs-volants de Romain GARY

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J5

"Le livre dont l'écriture m'a éblouie"

Tout commence avec l'évocation d'un musée normand, celui d’Ambroise Fleury de Cléry, où sont exposés des cerfs-volants. Ambroise Fleury, facteur, élève son neveu, Ludovic. Son père, le frère d'Ambroise, a été tué pendant la guerre 14-18, sa mère est décédée peu de temps après. Ambroise Fleury, lui-même blessé de guerre, est un homme porté par l’espoir. Il passe ses journées à construire des cerfs-volants, inspirés tantôt des philosophes des lumières, tantôt des hommes publics du moment. Ses oiseaux artificiels animent le ciel de leur vol. Ludovic se nourrit de cette philosophie de vie pour faire ses premières armes. Originaire d’un milieu modeste, il tombe amoureux d’une aristocrate polonaise, Lila, qui passe l’été dans le château situé à proximité de Cléry. La jeunesse de Ludovic est marquée par l’attente de la saison estivale et des retrouvailles. Le jeune garçon fait preuve d’une patience infinie, et comme son oncle, d’une incroyable imagination pour nourrir une relation EXTRAordinaire au risque de passer pour fou. Et ce n’est pas l’approche de la seconde guerre mondiale qui le fera flancher, non, jamais.

 

Ce roman se nourrit de la pure fantaisie d’un homme passionné de cerfs-volants, ces jouets d’enfants aux dessins naïfs, aux couleurs vives, dansant avec le vent, relevant ici du champ des œuvres d’art. Les créations sont autant d’opportunités pour Ludo et les enfants du village de se familiariser avec des héros du passé, elles deviennent en temps de guerre des armes militantes en faveur de la liberté que les Allemands se sont attachés à maintenir au sol pour les priver de leur pouvoir subversif.
 
Le personnage d’Ambroise Fleury est haut en couleur, un homme de valeur qui s’évertue à transmettre à la jeune génération le pouvoir de l’imaginaire. Dès lors, plus aucune limite ne saura résister à la capacité de s’extraire d’une dure réalité pour la regarder avec les yeux d’un rêveur.
 
Enfin, ce roman, c’est aussi celui de réflexions sur l’humanité, sa part d’inhumanité, des questions existentielles qui en temps de guerre prennent une dimension toute particulière. Les époques n’y feront rien, le propos universel est aussi intemporel !
 
Je me souvenais de "La Promesse de l'aube", un coup de ❤️, qu'il est bon de retrouver le chemin de lectures du collège !
 
#MonAventLitteraire2022

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2022-12-05T07:00:00+01:00

La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON de David DIOP

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La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON de David DIOP

On poursuit avec le calendrier de l'Avent des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à David DIOP avec "La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON", un roman édité chez Seuil, aujourd'hui disponible chez Points. Cette invitation au voyage, je la dois une nouvelle fois à mes amies du Book club.

Michel Adanson est un naturaliste français. Six mois avant de mourir, il écrit une longue lettre à sa fille pour lui raconter sa vie. Nous sommes en 1806. Il se souvient de sa mission au Sénégal pour répertorier les espèces. Il se souvient aussi de Maram, une jeune femme, noire. Surnommée la revenante, il se devait de découvrir son secret, une esclave noire n’est jamais revenue au pays !

David DIOP relate les quelques années passées par Michel ADANSON au Sénégal, un homme un peu plus ouvert que les colons en mal d’esclavage.
 
L’auteur nous livre un roman haletant. La vie de Michel ADANSON est à de nombreuses reprises mise en danger. C’est un roman d’aventure, une véritable épopée.
 
J’ai personnellement aimé le regard moderne de cet homme. Son altruisme et son approche de l'interculturalité faisaient de lui un homme hors du commun.
 
Michel ADANSON prêtait une attention toute particulière à celles et ceux qui étaient différents de lui. Il savait prendre du recul, analyser ce qui fait de nous l’humanité. 
 
L’auteur nous livre un roman salutaire dans une plume inspirante. Revenir sur Michel ADANSON, c’est assurer à ses travaux la postérité. C’est aussi inscrire la mémoire  du peuple noir du Sénégal dans le grand livre de notre Histoire.

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2022-12-04T11:24:49+01:00

Ghosts (How Can I Move On) de Muse et Elisa

Publié par Tlivres
Ghosts (How Can I Move On) de Muse et Elisa

Ma #chansondudimanche, c'est un tout nouveau titre, le single "Ghosts (How Can I Move On)" du groupe de rock britannique, Muse, et l'artiste italienne Elisa.

Vous vous souvenez des débuts du groupe, nous étions en 1994, ça se passait en Angleterre. Depuis, Muse a accumulé les succès.

Muse s'associe aujourd'hui avec la chanteuse, Elisa, Elisa TOFFOLI dans la vraie vie. Musicienne, autrice, compositrice, interprète, l'artiste italienne aux multiples facettes s'inscrit elle aussi dans le registre pop rock et rock alternatif. Il n'en fallait pas plus pour qu'ils se retrouvent ensemble et nous proposent un merveilleux titre.

Comme Moby et Nicolas SIRKIS avec "This Is Not Our World" il y a quelques semaines, ce qui fait notamment l'originalité de ce titre, c'est le mixte des langues, tantôt de l'anglais, tantôt de l'italien, pour notre plus grand plaisir. Les deux se marient à merveille et nous font voyager à travers le monde.

Et puis, il y a les voix bien sûr, celle du chanteur de Muse, Matthew BELLAMY, connu pour une voix dit de fausset, il monte au plus haut dans les aigus et nous offre de profondes envolées lyriques, et puis celle de l'italienne, Elisa, non moins puissante.

Il y a encore les paroles, il y est question de mémoire, de souvenirs, de fantômes... un univers profondément émouvant, de ceux qui vous offrent un dimanche tout en douceur, entre rêve et réalité. La couleur bleue du clip officiel ne me démentira pas.

Maintenant, assez parlé, place aux artistes !

Vous pourriez bien aimer aussi la version a capella, les voix de Matthew BELLAMY et Elisa, parfois distinctes, parfois en canon, sont juste sublimes !

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2022-12-04T07:00:00+01:00

Celle qui fut moi de Frédérique DEGHELT

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Celle qui fut moi de Frédérique DEGHELT

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J4

"Le titre le plus énigmatique"

Je choisis "Celle qui fut moi" de Frédérique DEGHELT, avouons qu'il est mystérieux, non ? 

Sophia L traverse une période difficile de son existence. Elle a récemment divorcé et subit de sa mère, malade d’Alzheimer depuis deux années, son agressivité grandissante, un symptôme bien connu de la pathologie. Perdue dans ses pensées, elle confie à sa propre fille qu’elle appelle « Mademoiselle », ses tourments. Elle se souvient de sa fille évoquant dans sa plus tendre enfance son autre maman, "une belle et grande femme aux yeux verts", vivant dans un pays exotique. Ses dessins étaient inspirés de décors insulaires un brin tropicaux, tout en couleurs. Si les propos de l’enfant avaient à l’époque le don de la mettre en colère, remettant chaque jour en question sa filiation maternelle, il semble que cette histoire lui devienne aujourd’hui insupportable. Il faut dire que cette femme avait choisi d’abandonner sa famille bourgeoise et une carrière promise aux plus riches pour vivre une histoire d’amour avec un modeste fils d’immigré italien, une histoire aussi improbable que rocambolesque. La maternité lui avait longtemps résisté au point d’imaginer recourir à l’adoption. Et puis, il y avait eu deux naissances, à un an d’intervalle, une fille d’abord, l’ingrate, un garçon ensuite, le préféré des deux, vivant désormais en Australie et se contentant de subvenir financièrement aux besoins de sa mère. Alors que Sophia L prend de plus en plus en charge sa mère, elle ressent un besoin irrépressible d’en découdre avec son passé, l’histoire de sa vie, à moins que ça ne soit de celle d’avant…

Une nouvelle fois, Frédérique DEGHELT m’a captivée de bout en bout avec ce roman aux portes de la religion et du mysticisme. 

Je suis sortie de ma lecture une nouvelle fois subjuguée par la beauté de la prose de l’autrice et envoûtée par le sens des mots.

Impossible de vous quitter sans un petit mot sur la première de couverture d’un raffinement extraordinaire. Les livres des éditions de L’Observatoire sont assurément de beaux objets. C’est ici la création de Harshad MARATHE, illustrateur. 

De cette écrivaine, vous aimerez peut-être aussi... 

La grand-mère  de Jade "

La vie d'une autre "

La nonne et le brigand "

Les brumes de l'apparence "

"Agatha"

"L'oeil du prince"

"Sanhkara".

#MonAventLitteraire2022

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2022-12-04T07:00:00+01:00

Une bête au Paradis de Céline COULON

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Une bête au Paradis de Céline COULON

On poursuit avec le calendrier de l'Avent des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Céline COULON avec "Une bête au Paradis" édité d'abord chez L'Iconoclaste et maintenant chez Le livre de poche.

C'est une lecture récente qui m'a littéralement mise K.O., de ces lectures coup de poing inoubliables. C'est l'occasion d'un nouveau clin d'oeil à mes amies du Book club !

Le Paradis, c’est la ferme où vit la famille Émard. Il y a Émilienne, cette personne âgée de 80 ans, la patronne. Et puis, il y a Blanche, sa petite fille qui vit sa première expérience amoureuse avec Alexandre, un jeune garçon. Il y a Gabriel, le frère de Blanche. Il y a Louis aussi, lui, il est maltraité par son père. Émilienne l’a accueilli sur ses terres. Il est commis. Cette ferme porterait bien son nom s’il n’y avait eu le décès accidentel d’Etienne et Marianne, les parents de Blanche et Gabriel. Et puis aussi, le départ d’Alexandre pour aller faire ses études, abandonnant Blanche à son triste sort. Et Gabriel, dont le corps frêle ploie sous le poids de la douleur de l’absence de ses parents. Que d’être meurtris qui, bon an, mal an, se tuent aux tâches agricoles, les poules, les canards, les pintades, les cochons. Ils vouent leur vie à la terre, du lever au coucher du soleil. Mais cet équilibre ne saurait durer sans quelques bouleversements, là commence une nouvelle histoire.

J'ai été profondément touchée par le parcours initiatique d’une jeune femme dont la transmission est assurée par la voie de la grand-maternité, deux portraits de femmes complexes, oscillant entre le courage, la force, et les fragilités.

Il y a encore la narration. Des verbes à l’infinitif pour marquer l’action et le rythme effréné du roman. Une tension exercée dès les premières pages. Un mystère incroyable entretenu tout au long du livre avec la bombe qui explose, une déflagration aux milles éclats, le tout servi par une plume éminemment poétique.

Vous aimerez peut-être aussi "Le roi n'a pas sommeil"...

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2022-12-03T07:00:00+01:00

Place Médard de Roland BOUDAREL

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Place Médard de Roland BOUDAREL

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J3

"Un auteur découvert cette année"

Il y en a eu quelques-uns mais je choisis aujourd'hui Roland BOUDAREL, découvert grâce à la complicité de la Maison d'éditions Librinova, avec son roman "Place Médard".

Gwenn est née le 11 novembre 1862 à Quimper. Elle sera élevée par Constance et l’Amiral dans une maison où est installée une grande bibliothèque, de quoi lui donner le goût de la littérature. Pour parfaire son éducation, elle est envoyée comme servante dans une famille bourgeoise. Quand elle revient, les garçons et les filles de son âge sont déjà mariés. Seul reste Pierrick, un garçon boitillant. Les deux familles s’accordent, Gwenn devient l’épouse du paysan et partage son foyer avec ses beaux-parents, d’ignobles gens. Gwenn vend le lait des vaches place Médard, elle n’en fait jamais assez, jusqu’au jour où Gwenn échange quelques mots avec un peintre, Gibus. De mauvaises langues le répéteront à Pierrick qui, fou de rage et rongé par la jalousie, va marquer sa femme au fer rouge, une empreinte laissée à vie sur son sein. Dès lors, sa vie va basculer et marquer de nombreuses générations d’une malédiction.

Ce livre est magnifique, une épopée éminemment romanesque dans lequel la grande Histoire va faire sa place. 

Ce roman, c'est avant tout une lignée de femmes, des portraits hauts en couleur, des femmes qui, confrontées à des hommes absents, vont assumer seules l’avenir de leur progéniture, des mères honorables. Toutes montrent une formidable capacité à RESISTER.

Les descriptions des scènes de vie, des villes et des villages, sont éblouissantes. L’écrivain s’attache à décrire de façon presque cinématographique la vie quotidienne des personnages.

 

Bien sûr, il est question de maternité, du corps des femmes, de leurs seins… et de leur histoire, leur symbolique, leur pouvoir nourricier, les fantasmes qu’ils procurent, les risques qu’ils encourent aussi.
 
Le suspens de ce roman est chaque fois alimenté par une quête, à travers les ans et les territoires.
 
La construction narrative est éblouissante. Les révélations des secrets bien gardés s’imbriquent les unes dans les autres comme les pièces d’un puzzle parfait, chapeau !
 
#MonAventLitteraire2022

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2022-12-03T07:00:00+01:00

Trois jours et une vie de Pierre LEMAITRE

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Trois jours et une vie de Pierre LEMAITRE

On poursuit le calendrier de l'Avent des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Pierre LEMAITRE avec "Trois jours et une vie", un roman découvert cet été, un thriller psychologique de haute voltige édité chez Albin Michel et disponible aujourd'hui chez Le livre de poche.

À Beauval, les familles Courtin et Desmedt sont voisines. Antoine Courtin a 12 ans, il vit avec sa mère, son père les a quittés il y a 6 ans quand il est parti travailler en Allemagne. En face, vivent les Desmedt. Il y a le père, un homme rustre, ouvrier chez Weiser jouets en bois (le patron de l’entreprise est aussi le maire de Beauval), une mère au foyer, une fille de 15 ans, Valentine, apprentie coiffeuse, et un garçon de 6 ans, Rémi. Les Desmedt ont aussi un chien, Ulysse. Quand un enfant du village se voit offrir une Play station, tous les copains sont invités chez lui à jouer, ce que refuse la mère d’Antoine. Le garçon passe son temps dans les bois près de chez lui à construire une cabane, il fait d’Ulysse un ami, un confident. Quand il y a le chien, il y a aussi souvent le petit Rémi. Et puis, un jour, c’est le chaos. Le chien se fait renverser par une voiture. Ce n’est là qu’un premier événement d’une longue série qui hantera chacun jusqu’à la fin de sa vie.

 

Pierre LEMAITRE est un conteur hors pair. Dès les premières pages, il plante le décor d’un village où tout n’est que labeur, où la vie est dure avec les hommes, les femmes, où la menace du chômage pèse lourd sur l'avenir. C’est dans un environnement économique précaire et socialement pauvre que le roman noir va prendre racine autour de la disparition d’un enfant.

 

Avec ce roman, Pierre LEMAITRE tisse le fil de la culpabilité, un sentiment qui ronge les esprits comme les corps.

 

L’intrigue est parfaitement maîtrisée, la chute magistrale. Impossible de vous en dire plus, un seul conseil, lisez-le.  

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2022-12-02T07:09:50+01:00

Clara Haskil, prélude et fugue de Serge KRIBUS, interprétée par Laëtitia CASTA

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Clara Haskil, prélude et fugue de Serge KRIBUS, interprétée par Laëtitia CASTA
Les Hivernales du Festival d’Anjou ont eu l'excellente idée de programmer "Clara HASKIL, prélude et fugue" au Grand Théâtre d’Angers samedi 26 novembre, une prestigieuse interprétation assurée par Laëtitia CASTA, accompagnée sur scène au piano par Isil BENGI. Le texte est de Serge KRIBUS et la mise en scène par Safy NEBBOU,
 
Clara HASKIL, qui était cette femme ?
 
Une pianiste prodige d’origine roumaine, juive, née d’une mère musicienne, tombée veuve alors que ses trois filles, Lillie, Jeanne et Clara, ne sont encore que des enfants. Un oncle de Clara découvre le talent de l’enfant et réussit à décider sa mère de la lui confier pour lui assurer une formation à la hauteur de son génie. Dès lors, c’est une vie loin des siens qui s’offre à elle.
 
Laëtitia CASTA réalise une performance de haut vol, en scène 1h45, sans aucune pause, à interpréter différents rôles pour retracer la vie de la musicienne dans un rythme trépidant.
 
Les changements de postures, de ton, lui permettent d’interpréter tous les rôles, elle révèle les échanges entre Clara et sa mère, Clara et ses sœurs… La qualité de l’interprétation a été saluée par le jury des Molières 2022, Laëtitia CASTA se voit remettre celui de la révélation féminine, c'est tellement mérité.
 
Dans une mise en scène originale, la pièce de théâtre est jouée dans un décor minimaliste. Trois murs, un piano.
 
Là où tout se joue, c'est dans la mise en lumière. La gestuelle de son corps, ses bras, ses mains, les émotions qui traversent son visage, sont autant d’éléments mis sous les projecteurs, entre ombre et lumière, parfois légèrement embrumée.
 
L'artiste se voit doublée (et oui, au théâtre, c'est possible, Safy NEBBOU l'a fait !) d’une pianiste qui livre une prestation tout à fait exceptionnelle, du grand art. Isil BENGI, actrice et pianiste turco-belge joue merveilleusement du piano, elle nous a envoûtée de ses notes, les spectateurs sont tout ouïs.
 
Les deux femmes tiennent les spectateurs en haleine tout le spectacle, retenant le souffle de chacun.
 
Laëtitia CASTA nous livre une prodigieuse prestation, une véritable performance. Elle est éblouissante et confirme son talent de comédienne hors pair, là, dans le 6ème art qui pourrait bien l'adopter.
 
Réjouissons-nous, les arts sont bien vivants.

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2022-12-02T07:00:00+01:00

La patience des traces de Jeanne BENAMEUR

Publié par Tlivres
La patience des traces de Jeanne BENAMEUR

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J2

"Le livre que j'attendais le plus"

J'aime beaucoup partir à l'aventure avec la découverte de premiers romans, j'aime aussi retrouver des plumes tellement talentueuses que chaque sortie en librairie devient un événement.

"La patience des traces" de Jeanne BENAMEUR n'a pas fait exception.

Tout commence avec la chute de ce bol bleu, un matin. Ce bol, il accompagnait Simon dans sa vie depuis longtemps, c’était un cadeau précieux. C’était avec lui qu’il commençait sa journée, avec lui qu’il buvait le premier café avant de se consacrer à ses patients. Simon est psychanalyste. Il habite en bord de mer. Il vit seul. Il sent que ce bol brisé est bien plus que deux morceaux de porcelaine séparés, il est la révélation d’un appel vers le lointain, un dépaysement pour mieux se retrouver.
 
Jeanne BENAMEUR a cette capacité, en quelques phrases, à planter le décor, focaliser son objectif sur son personnage, inviter à la concentration. Le rythme est lent, chaque mot pesé. Simon peine à se projeter. Je le ressens dans mon corps, ma sensibilité est éveillée. Partira, partira pas. Il va finir par prendre l’avion pour une destination qu’il a laissé choisir par son ami. Il joue avec Hervé aux échecs. Il est en totale confiance, la confiance que l’écrivaine va explorer sous toutes les coutures et décliner à l’envi.
 
Comme j’ai aimé découvrir la psychanalyse à travers la carrière de Simon, la nécessité d’écouter, une présence pour franchir le cap…
 
Avec Akiko et Daisuke Itô se crée une complicité presque naturelle qui va bien au-delà des mots, c'est de leur musicalité dont il est question. 
 
Ce roman, c'est une invitation à découvrir le Japon, ses traditions, en particulier celle des tissus bingata aux couleurs vives, des couleurs crues, des couleurs pures, qui vous touchent en plein cœur, et puis la porcelaine avec le kintsugi, cette pratique artistique qui magnifie les brisures des objets avec de la poudre d’or.
 
L’écriture de Jeanne BENAMEUR est éminemment belle et délicate, profondément sensorielle. Ce roman est une nouvelle fois une invitation à arrêter le temps, se poser, toucher, sentir, regarder, écouter, savourer pour S’ÉMERVEILLER.
 
Ce roman est dans la même veine que ses précédents :
 
#MonAventLitteraire2022

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2022-12-02T07:00:00+01:00

Ce matin-là de Gaëlle JOSSE

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Ce matin-là de Gaëlle JOSSE

On poursuit le calendrier de l'Avent des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Gaëlle JOSSE avec "Ce matin-là", publié initialement chez les éditions Noir sur Blanc et désormais chez J'ai lu.

Nous sommes au début du mois d'octobre 2018. Clara est amoureuse de Thomas. Dans sa vie professionnelle, elle est chargée de clientèle et travaille pour une banque. Depuis quelques semaines, le doute s'est lentement immiscé dans son esprit. Outre le stress ambiant, la pression de la rentabilité, quelques remarques désagréables de sa supérieure hiérarchique ont commencé à la faire vaciller. Les sueurs froides s'invitent désormais régulièrement, son corps sonne l'alerte. Et puis, il y a "Ce matin-là", un matin où, comme d'habitude, elle monte dans sa voiture pour se rendre au travail. La voiture ne veut toutefois pas démarrer. Elle a beau multiplier les essais mais rien n'y fait. Il faut remonter à l'appartement et prévenir son équipe de son retard. Quand elle referme la porte de son logement, elle, si ordonnée, laisse tomber au sol sac à main et autres accessoires. Elle colle son dos à la porte et croule sous le poids du fardeau. Elle se retrouve au sol à pleurer toutes les larmes de son corps, emportant tout sur leur passage, y compris le maquillage réalisé si méticuleusement quelques minutes plus tôt. C'est à partir de "Ce matin-là" que va commencer, pour Clara, une toute nouvelle vie.

Ce qui m'a fascinée dans ce roman, c'est l'approche de l'environnement, celui de l'intime, du clos, du familial, du privé, du logement, de l'intérieur, opposé à celui de l'ouvert, du professionnel, du public, du monde, de l'extérieur, et l'absence quasi totale de porosité entre les deux.

 

"Ce matin-là" devient un roman social dans ce qu'il témoigne d'une époque et des conditions de travail pratiquées dans le domaine bancaire du début du 21ème siècle, avec tout ce qu'elles comportent d'avilissant pour les individus.

Mais plus encore, ce qui est éprouvant dans ce roman, c'est l'approche du corps et de ses soubresauts. Celui de Clara vit un burn-out. Il sur(réagit) et prend le pouvoir avec des comportements que seul lui maîtrise. 

Dans ce roman, Gaëlle JOSSE fait de la vie un objet littéraire et, par le jeu de l'écriture, la décline dans toutes les dimensions, depuis le singulier jusqu'au pluriel, depuis l'indéfini jusqu'au déterminé, depuis le particulier jusqu'à l'universel :


Une vie, sa vie, notre vie, une vie...

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2022-12-01T19:46:53+01:00

Ces orages-là de Sandrine COLLETTE

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Ces orages-là de Sandrine COLLETTE

Nous sommes le 1er décembre, c'est parti pour un calendrier de l'Avent avec des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

En 2021, j'avais commencé l'année en fanfare avec un roman de Sandrine COLLETTE, "Ces orages-là", un livre haletant, comme tous de la même écrivaine d'ailleurs.

Je vous en dis quelques mots :

Clémence travaille dans une boulangerie. Avec Flo, elle fabrique du pain. Le réveil sonne tôt le matin. Par tous les temps, elle enfourche son vélo et trouve refuge dans un lieu chaleureux où l’odeur du bon pain ferait craquer n’importe quel gourmand. La boulangerie, c’est le seul lieu dans lequel Clémence se sent exister et en sécurité. Sa toute nouvelle maison est petite et moche, à l’image de sa vie, en réalité. Elle est née quand ses parents avaient atteint la cinquantaine. Clémence se souviendra toujours d’une scène de ménage, une scène de violence à laquelle le couple ne résistera pas. Elle avait 11 ans à l’époque et elle, Clémence, n’a finalement pas mieux réussi dans le domaine. Elle vient de fuir le foyer conjugal après trois années de vie commune, trois années d’un martyr sans nom, trois années qui auront permis au prédateur de tisser lentement sa toile autour d’une proie, presque parfaite.

 

Vous l’aurez compris, Sandrine COLLETTE embrasse le champ des violences conjugales et nous propose une entrée en matière tout à fait effroyable. Imaginez, une scène de chasse, en forêt, en pleine nuit, avec une femme, pratiquement nue, invitée à se sauver, mais pour aller où ?

Si les premières pages du roman décrivant une femme traquée sont tout à fait saisissantes, ce qui suit l’est encore plus !

Ce n’est pas tant le chemin de la résilience que Sandrine COLLETTE s’attache à explorer mais plutôt la période de décompression juste après l’effroi, les jours suivant la fuite, dans les ombres de la paranoïa. 

Avec « Ces orages-là », Sandrine COLLETTE explore les effets d’un stress post-traumatique sur le corps, dans les pas du psychiatre américain, Bessel VAN DER KOLK, auteur du livre « Le corps n’oublie rien ». Coup de maître, tout simplement, pour ce thriller psychologique d'une écrivaine dont je suis devenue une inconditionnelle. Sa plume est juste... addictive !

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