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Articles avec #mes lectures catégorie

2015-12-30T19:32:14+01:00

Manderley for ever de Tatiana de ROSNAY

Publié par Tlivres
Manderley for ever de Tatiana de ROSNAY

Encore une très belle rencontre du Salon du Livre de Paris cette année : Tatiana de ROSNAY pour la sortie de sa biographie de Daphné du MAURIER.


Cette femme est née au début du 20ème siècle.


Tatiana de ROSNAY va s'attacher à relater toute sa vie : son enfance pendant laquelle elle se distingue avec des jeux de garçon, son adolescence marqué par un amour passionné pour la directrice du foyer français qui l'hébergera, sa vie de femme avec sa soif de liberté assouvie notamment dans la navigation, sa vie de mère (de son mariage naîtra 3 enfants), d'écrivaine avec le succès retentissant de "Rebecca" et les déceptions des adaptations cinématographiques de ses nouvelles par Hitchcok, sa fin de vie aussi.


Tatiana de ROSNAY brosse un magnifique portrait d'une femme avant-gardiste, émancipée avant l'heure, singulière par son caractère bien trempé. Cette photo de couverture témoigne tout particulièrement je trouve de cette personnalité hors du commun.


Passionnée par l'écriture, elle a fait de sa plume un moyen d'échapper à toute pression d'autrui. J'ai noté également cette citation des pages 143-144 qui me paraît très appropriée pour la caractériser :


D'autres jeunes filles de son âge songent à se marier, à fonder une famille, ce n'est pas dans ses intentions, un jour, peut-être, mais dans l'instant présent, c'est écrire qui prend le dessus, écrire et gagner sa vie, vivre de sa plume, ne dépendre de personne, ni d'un mari ni de ses parents.

Manderley for ever de Tatiana de ROSNAY

J'ai beaucoup aimé les descriptions de Tatiana de ROSNAY de la Cornouaille au point d'avoir un véritable flash à mon arrivée en Bretagne, début novembre, sur Douarnenez.

J'ai été frappée par l'image d'une maison située en haut d'une falaise et qui me semblait être une copie parfaite du cadre de vie de Daphné du MAURIER, une impression de déjà vue, ou bien imaginée (j'avais lu ce livre avant mais je n'avais pas pris le temps d'en faire la présentation sur le blog, j'avoue !!!).

Et là, quelle surprise... Cheminant en bord de mer, je découvre qu'il s'agit de la "Cornouaille Bretonne" ! Totalement incroyable !


Je profite de cette très belle opportunité qui m'est donnée de saluer la plume de Tatiana de ROSNAY qui permet aux paysages comme aux êtres de prendre corps.


Et quand le texte ne suffit pas, Tatiana de ROSNAY l'agrémente de photographies.


C'est un très beau récit de vie qui m'a donné envie de lire les oeuvres de Daphné du MAURIER.


Alors, rendez-vous en 2016 !

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2015-12-29T08:19:01+01:00

L'île des chasseurs d'oiseaux de Peter MAY

Publié par Tlivres
L'île des chasseurs d'oiseaux de Peter MAY

Traduit de l'anglais par Jean-René DASTUGUE


Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler d'un polar... enfin, pas vraiment !


Je vais surtout vous livrer la 4ème de couverture qui en dit suffisamment pour vous inciter à lire ce 1er roman d'une trilogie sans en dévoiler la substantifique moëlle... :

Marqué par la mort récente de son fils unique, l'inspecteur Macleod est envoyé sur son île natalede Lewis car un meurtre vient d'y être commis selon la même mise en scène que celui sur lequel il enquête à Edimbourg.

La tempétueuse île de Lewis, au nord de l'Ecosse, semble sortie d'un autre temps : on se chauffe à la tourbe, on pratique le sabbat chrétien, on parle la langue gaélique. D'autres traditions particulières y perdurent, comme cette expédition organisée chaque été, qui conduit un groupe d'hommes sur l'îlot rocheux inhospitalier d'An Sgeir où ils tuent des milliers d'oiseaux nicheurs destinés à la consommation


Comme dans "La mémoire des embruns" de Karen VIGGERS, on retrouve un territoire au climat hostile. Le vent, les tempêtes, la pluie, sont autant d'éléments qui endurcissent les hommes et mettent leur vie à rude épreuve. La mer n'est pas en reste, elle se ligue contre les hommes dont les corps et la psychologie sont singulièrement façonnés.


Là encore, le deuil d'un enfant est abordé mais avec le regard d'un père. Ce roman dresse le portrait d'un homme blessé, meurtri par cette disparition, qui tente tant bien que mal de continuer à vivre. Cette enquête va lui offrir une échappatoire qui va le confronter à ses souvenirs, son enfance, sa relation avec son père... Un mal pour un bien ?


Les traditions y sont formidablement décrites avec tout ce qu'elles peuvent générer comme rejet par la nouvelle génération, plus écologique, plus sensible à la protection de la faune. Le lecteur est plongé dans un univers rudimentaire où la priorité est de subvenir aux besoins vitaux des hommes.


C'est un excellent roman policier écrit par un homme que j'ai rencontré sur le Salon du Livre de Paris cette année. Je ne l'avais pas sélectionné dans les auteurs à visiter mais le fait de le voir complètement seul, boudé par le public, sans aucune demande de décidace, m'a convaincue d'acheter un 1er, puis un 2ème et enfin un 3ème roman. Oui, je vous assure. Je me suis présentée à 3 reprises devant lui pour lui demander un message personnel ! De quoi le faire beaucoup rire et lui faire oublier un instant sa grande solitude !


En 2016, je prendrai plaisir à quelques parenthèses policières avec les 2ème et 3ème romans de Peter MAY, j'en suis certaine...

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2015-12-28T21:10:58+01:00

Le collier rouge de Jean-Christophe RUFIN

Publié par Tlivres
Le collier rouge de Jean-Christophe RUFIN

Je suis une inconditionnelle de Jean-Christophe RUFIN.

Pourtant, "Le collier rouge", son tout dernier roman, ne m'attirait pas vraiment.


Il aura fallu les images de la mort de Diesel, cette chienne des policiers du Raid morte le 18 novembre dernier lors de l'assaut à Saint-Denis, et la peine de son maître pour me décider à lire "Le collier rouge".


Nous sommes en 1919. Lantier du Grez a été nommé Juge Militaire. Il est chargé d'instruire l'affaire Morlac. Il s'agit d'un prisonnier. Fils d'agriculteur, il a combattu pendant 4 ans en tant que soldat. Quand il est parti, le chien de la maison l'a suivi. Il ne le quittera jamais malgré les événements. Là encore, alors que Morlac est dans sa cellule et subit les interrogatoires, le chien aboit à l'extérieur. Et puis, il y a une femme aussi. Elle vit isolée dans les marais, mais entourée de livres et de reproductions de toiles, de quoi susciter la curiosité de Lantier du Grez.


C'est un roman court comme Jean-Christophe RUFIN en écrit peu. Pour autant, tout y est, les mots sont justes, l'histoire concise et ô combien efficace.


J'ai été profondément touchée de découvrir qu'il s'agit d'un roman écrit à partir d'une histoire vraie contée par l'un de ses amis, en mission avec lui en Jordanie en 2011, aujourd'hui disparu, et donc de l'authenticité de ce type de communion entre l'homme et un animal.


J'ai beaucoup aimé bien sûr la relation du prisonnier aux livres.


Pendant ma permission, j'ai beaucoup lu. [...] il fallait que je trouve des réponses. Je voulais savoir ce que d'autres avaient pu comprendre de la guerre, de la société, de l'armée, du pouvoir, de l'argent, de toutes ces choses que je découvrais. P. 109

Quelle ne fut pas ma surprise de lire une nouvelle fois en l'espace de 2 semaines une référence à la prison d'Angers ! Incroyable ! Après Aude LE CORFF, c'est Jean-Christophe RUFFIN qui cite ce lieu mais pour y évoquer là la mort d'un juif allemand, un membre de l'Internationale Ouvrière. J'ai terriblement envie d'en savoir plus sur l'histoire de ce bâtiment encore ouvert aujourd'hui !


A travers ce roman, c'est en fait la fidélité, la loyauté, l'engagement... qui sont mis en exergue. Les animaux auraient-ils quelque chose à apprendre aux hommes ?

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2015-12-28T13:28:57+01:00

La vie est facile, ne t'inquiète pas d'Agnès MARTIN-LUGAND

Publié par Tlivres
La vie est facile, ne t'inquiète pas d'Agnès MARTIN-LUGAND

Depuis quelques temps déjà, j'étais en quête du 1er roman d'Agnès MARTIN-LUGAND : "Les gens heureux lisent et boivent du café", mais impossible de mettre la main dessus en Bibliothèque, il est toujours sorti !


En passant devant le rayon nouveautés, j'ai découvert : "La vie est facile, ne t'inquiète pas", son 3ème et dernier roman. Celui-ci, il est pour moi !


Diane tient un café littéraire à Paris. Félix travaille avec elle mais il partage aussi toute sa vie. Ce n'est pas l'homme de sa vie mais un ami avec un grand A, il l'a soutenu dans tous les moments difficiles. Il faut dire que Diane sort d'un terrible drame, elle a perdu son mari, Colin, et sa petite fille, Clara, dans un accident il y a 3 ans maintenant. Après quelques mois d'une souffrance extrême, elle a décidé de tout abandonner pour s'envoler pour l'Irlande. Après un an passé dans une famille d'accueil, elle est revenue et a repris en main son café "Les gens". Elle va mieux aujourd'hui et se projette dans l'avenir. Son ami Félix la pousse à chercher un homme via les petites annonces du web. C'est finalement dans un tout autre contexte qu'elle va rencontrer Olivier, un kiné qui habite près du café, prêt à l'accompagner dans sa reconstruction et à lui laisser du temps mais Diane est envahie par ses souvenirs et les émotions sont fortes, comme le jour de cette visite d'exposition de photographies dédiées à l'Irlande...


J'ai beaucoup aimé ce roman qui, je dois bien l'avouer, m'a beaucoup fait pleurer. Il est des romans comme ça où l'empathie prend une dimension incroyable au point de fondre devant chaque émotion vécue par le personnage principal. En l'occurence, s'agissant d'une femme, d'une mère, de surcroît endeuillée, Diane devient particulièrement attachante.


Les larmes sont parfois de chagrin bien sûr, mais aussi de bonheur devant les petits pas parcourus sur le chemin de la résilience parce qu'il faut bien aborder le sujet. Effectivement, il s'agit d'un parcours que l'on pourrait qualifier d'initiatique de cette jeune femme, veuve, meurtrie, qui se construit une nouvelle vie en se libérant progressivement du poids qui l'accable. L'approche psychologique de cette femme est ô combien enrichissante sur les épreuves de la vie.


La citation de Monique BYDLOWSKI extraite du livre "Je rêve un enfant" et figurant en tout début de roman est particulièrement bien choisie :


L'aboutissement d'un deuil normal n'est en aucune façon l'oubli du disparu, mais l'aptitude à le situer à sa juste place dans une histoire achevée, l'aptitude à réinvestir pleinement les activités vivantes, les projets et les désirs qui donnent de la valeur à l'existence.

Tout y est : la relation aux parents, les doutes et faiblesses, la force de l'amitié et la quête de l'amour, autant d'éléments qui pourraient relever d'une certaine banalité, mais c'est sans compter sur le talent d'Agnès MARTIN-LUGAND qui use à souhait des sursauts d'une tristerre irrepressible pour bousculer Diane. Les sentiments sont exacerbés, les désirs fulgurants et les souffrances déchirantes. Entre la culpabilité de trahir ses chers disparus et la volonté d'avancer, son coeur balance...


J'ai aussi beaucoup aimé l'ambiance de ce roman. Agnès MARTIN-LUGAND y décrit parfaitement les charmes de Paris, cette capitale de la France qui fait tant rêver le monde entier !


Bref, j'ai passé un excellent moment de lecture.

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2015-12-22T19:51:47+01:00

Les heures silencieuses de Gaëlle JOSSE

Publié par Tlivres
Les heures silencieuses de Gaëlle JOSSE

Le prochain roman de Gaëlle JOSSE, "L'ombre de nos nuits", sortira le 7 janvier prochain. Alors, en attendant, je me délecte de la découverte des romans publiés ces dernières années. Après "Nos vies désaccordées", voici venues "Les heures silencieuses" !


Nous sommes le 12 novembre 1667. Une femme de Delft, Magdalena Van Beyeren, est une vieille femme. Elle se souvient de sa vie. Le XVIIème siècle est marqué par la conquête de nouveaux territoires. Les voies navigables permettent une économie florissante. Inspirés d'autres contrées, les arts s'en donnent à coeur joie et laissent libre cours à la créativité. Ses écrits cessent le 16 décembre !


Jamais 2 sans 3... Voici le 3ème roman lu en l'espace de 3 semaines traitant du sujet des secrets de famille et du besoin irrépressible de s'en libérer quand la fin de vie approche.


A l'heure où mes jours se ternissent comme un miroir perd son tain, le besoin de m'alléger de ce qui m'encombre devient plus fort que tout. Je garde l'espoir, naïf peut-être, qu'un tel aveu sera comme l'amputation d'un membre inguérissable qui, pour douloureuse qu'elle soit, permet de sauver le reste du corps. P. 27

Après "L'importun" de Aude LE CORFF et "La mémoire des embruns" de Karen VIGGERS, c'est au roman de Gaëlle JOSSE de l'aborder. La singularité repose alors dans la forme et là, Gaëlle JOSSE fait preuve d'originalité. Ce roman épouse le format d'un journal intime écrit sur une petite vingtaine de jours étalée sur un mois. En réalité, cette forme, accompagnée du présent comme temps de conjugaison, est particulièrement bienvenue car elle vient renforcer l'universalité des thèmes qui sont égrénés au cours de ce livre. En 4 siècles, aucun n'a pris une ride : qu'il s'agisse des migrations comme des inégalités sociales, tous transcendent les générations. Dans une dimension plus individuelle, c'est aussi la condition de femme qui est appréhendée, avec ses joies, ses peines, la place et les sentiments d'une mère.


Comme tous les romans de Gaëlle JOSSE, "Les heures silencieuses" composent un roman court. Pas plus de 135 pages mais d'une écriture concise, dense, qui lui donnent une très grande force. Chaque mot est juste. L'écrivaine connaît trop bien leur pouvoir...


Souvent les mots vont plus loin que la pensée, et il est trop tard pour les arrêter. Leur flèche a blessé, et la blessure met du temps à se refermer. P. 77

Une nouvelle fois, Gaëlle JOSSE convoque la musique comme un art capable de panser les plaies. Comme Ian McEWAN dans son tout dernier roman, elle fait référence à la symphonie de Schubert : "An die Musik", elle-même faisant l'éloge de la musique et de ses vertus. Tout est dit !


Enfin, je souhaiterais valoriser ce roman pour les valeurs interculturelles qu'il véhicule. Le rapport à l'Autre est disséqué avec chaque fois, la volonté de semer les graines de la tolérance. N'est-ce-pas le plus beau message qu'un livre puisse transmettre aujourd'hui ?

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2015-12-18T07:41:16+01:00

L'intérêt de l'enfant de Ian McEWAN

Publié par Tlivres
L'intérêt de l'enfant de Ian McEWAN

Traduit de l'anglais par France CAMUS-PICHON


Fiona Maye est juge aux affaires familiales. Les dossiers se succèdent et ne se ressemblent pas. Souvent, il s'agit de traiter de divorces et de leurs effets collatéraux. Parfois, des cas plus singuliers émergent, à l'image de celui d'Adam, ce jeune garçon de 17 ans et 9 mois, malade d'une leucémie, nécessitant une transfusion sanguine refusée par ses parents au titre de leur religion. Ce sont des Témoins de Jéhovah !


Parallèlement, Fiona partage sa vie avec un homme de 59 ans en mal d'amour. Sa vie professionnelle l'occupe à temps plein laissant peu de place pour sa vie privée.


Fiona réussira-t-elle à relever ces 2 défis ?


C'est ce que vous propose de lire Ian McEWAN dans son tout dernier roman "L'intérêt de l'enfant" en référence à l'Article 1 du Children Act de 1989 : "Quand un tribunal se prononce sur une question relative à [...] l'éducation d'un mineur [...], l'intérêt de l'enfant doit être la priorité absolue de la cour."


Ce roman est un véritable page-turner. Je me suis glissée sous un plaid et je me suis laissée séduire par l'écriture de Ian McEWAN pour découvrir l'univers de cette femme, une femme d'aujourd'hui, une femme qui a réussi son ascension sociale et professionnelle mais à quel prix ?


Fiona Maye n'a pas d'enfant. Tout au long de cette lecture, les propos d'Elisabeth BADINTER tenus dans "Le conflit, la femme et la mère" me sont revenus en mémoire. Entre "childfree" et "childless", mon coeur balance...


Ian McEWAN nous livre un panel des problématiques qu'ont à surmonter les familles du XXIème siècle. Il met bien sûr la focale sur "L'intérêt de l'enfant". N'est-ce-pas effectivement lui qui devrait toujours dicter les décisions des adultes , tant les parents et autres ascendants familiaux, que les professionnels qui oeuvrent à leurs côtés ?

Cette satire de la société contemporaine nous oblige à replacer l'essentiel au coeur du processus !


L'auteur aborde avec beaucoup de discernement la place des religions qui s'invitent aujourd'hui à la table des familles jusqu'à en dicter les décisions. Il dénonce les pratiques sectaires d'adultes sur l'avenir de leur progéniture. Loin de lui toute stigmatisation, les unes n'ayant pas à rougir des excès des autres... A méditer !


Pour alléger un peu le propos, Ian McEWAN convoque la musique et ses pouvoirs d'émancipation et permet ainsi des respirations. Gardez bien en mémoire la référence à "An die Musik" de Schubert, je vous en reparlerai très prochainement...


C'est un roman puissant, je vous le conseille...

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2015-12-15T21:29:50+01:00

L'importun de Aude LE CORFF

Publié par Tlivres
L'importun de Aude LE CORFF

Lecture choc, très grand coup de coeur pour ce roman inattendu


Samedi, je me rends en Bibliothèque, je passe devant le rayon des nouveautés et pars à la conquête d'un ouvrage peut-être déjà présenté sur un blog... et là, le blanc, rien ne m'inspire... Sans conviction, je me saisis de celui dont la couleur rouge retient mon attention.

Le Bibliothécaire passant dans mon dos me dit : "Tu vas voir, il va te plaîre. On parle d'Angers !". Me voilà ferrée...

La narratrice a 1 enfant, Lucie, un 2ème va bientôt naître. Avec son mari, Damien, ils décident de s'installer loin de Paris pour l'arrivée de Robin. Ils trouvent une maison qui correspond à leurs aspirations et dans laquelle ils s'imaginent pouvoir partager des plaisirs en famille. A la cave, les 2 filles du vendeur, qui vient d'intégrer une maison pour personnes âgées, laissent aux acquéreurs des outils de jardinage et un vieux meuble rempli de papiers et livres qu'elles n'auront pas le temps de vider. La narratrice est romancière, son 4ème livre est en cours. Alors qu'elle est confortablement installée chez elle, en pleine création, elle est perturbée par l'entrée de l'ancien propriétaire. Il fait comme chez lui. Manifestement, il a gardé une clé de son ancienne maison...


Elle pourrait décider de le mettre dehors mais non... en fait, à l'image des 2 oiseaux qui figurent sur le bandeau Stock, ces 2 êtres vont lentement s'apprivoiser, se dévoiler, laisser s'exprimer des souffrances d'enfants qui sont autant de plaies sur lesquelles ils vont tenter d'appliquer un baume.


Au début, les silences sont pesants. Et puis, petit à petit, des mots vont être mis sur des plaies encore béantes.


Mes mots s'échappent tels des oiseaux trop longtemps retenus en cage. P. 81


Les larmes versées à la cave semblent avoir ouvert une nouvelle brèche aux mots, ils viennent de plus en plus facilement. P. 136

Leurs deux parcours sont bien distincts : un vieil homme échange avec une jeune femme qui pourrait être sa fille. Et pourtant, la relation que chacun a entretenu avec son père les rassemble. Les réalités de chacun résonnent avec les sentiments de l'autre.


Tous 2 sont sur le chemin de la résilience. Ils en franchissent lentement les étapes. Pour l'un comme pour l'autre, il s'agit de se libérer du trop lourd fardeau de leur enfance maltraitée et des tensions familiales, des secrets et des conséquences sur les générations suivantes :


Je prends conscience que, moi aussi, je me fabrique un refuge, un coin de paradis qui saura embellir mon existence, et peut-être noiera l'angoisse. P. 191

L'importun de Aude LE CORFF

La question du pardon y est abordée avec beaucoup de pudeur.


Ce qui est certain c'est que ce roman résonne dans mes oreilles comme un terrible cri de douleur. J'ai été profondément émue par la souffrance de ces 2 êtres.


Il fait partie de ces romans inclassables, tellement il est riche.


Il y a le volet historique avec tout ce qu'il dévoile de la Résistance, du réseau Cohors Asturies fondé par Jean CAVAILLES pendant la 2de guerre mondiale et coordonné à Londres par le Général de GAULLE. Il relate le destin de ceux qui ont été arrêtés, emprisonnés, torturés voire exécutés, et tout ça : à Angers, là où je vis. Mes parents sont nés dans cette ville aussi, en 1944 au moment même où le tribunal de la Feldkommandantur décidait de la vie ou de la mort de ces hommes et femmes qui luttaient contre l'occupant. Avec cet ancrage territorial, ce roman prend bien sûr pour moi une dimension toute particulière. D'ailleurs, je viens de commander (sur le site de La Griffe Noire bien sûr !), "Les Hommes Blessés à Mort Crient", le témoignage de Jeanne HEON-CANONNE, préfacé par Albert CAMUS, dont Aude LE CORFF cite la référence. Nul doute que ce roman va contribuer à la mémoire des lieux !


Il peut aussi être classé dans la catégorie des thrillers psychologiques. Il est rapidement devenu pour pour moi un page-turner, impossible de le lâcher. La tension y est vive et le rythme oppressant.


Enfin, je voudrais dire quelques mots sur la qualité de la plume de Aude LE CORFF qui nous livre ici son 2ème roman. Son écriture est simple mais efficace, sensible, les mots sont justes et l'effet garanti ! Son 1er roman est intitulé : "Les arbres voyagent la nuit". L'avez-vous lu ?

Bref, c'est un très grand coup de coeur, peut-être le dernier de l'année 2015, à moins que...

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2015-12-13T19:18:13+01:00

La mémoire des embruns de Karen VIGGERS

Publié par Tlivres
La mémoire des embruns de Karen VIGGERS

Traduit de l'anglais (Australie) par Isabelle CHAPMAN.


Impossible de ne pas tomber sous le charme de Gérard COLLARD plébiscitant ce roman de Karen VIGGERS dédié à sa grand-mère, Rhoda Emmy Vera VIGGERS 1912-2009.

Encore une référence de mon libraire préféré !


Nous sommes en Tasmanie, au Sud-Est de l'Australie. Mary, une femme de 77 ans, vit à Hobart, la capitale de l'Etat. Elle est veuve depuis 9 ans maintenant. Jack est décédé d'une crise cardiaque. Il était gardien de phare. Elle reçoit une visite insolite, celle d'un vieil homme qui lui remet une lettre sur laquelle figure un destinataire. Hantée par cette lettre, elle décide de partir vivre ses derniers jours sur l'île où elle a vécu en famille avec son mari et ses 3 enfants. Jamais sa fille, Jan, n'aurait accepté cette dernière volonté. C'est donc à sa petite fille, Jacintha, 25 ans, qu'elle va demander de l'accompagner au Chalet de Cloudy Bay. Là-bas, le climat est hostile. Vent fort, pluie incessante, les éléments se déchaînent. Son état de santé se dégrade. Elle est seule et se repose sur Léon, le garde-forestier, qui passe chaque jour vérifier que tout va bien. Elle passe ses journées à revisionner le film de son existence marquée par un terrible secret.


Parallèlement, il y a l'itinéraire d'un de ses 2 fils, le cadet, Tom, qui a connu aussi un climat hostile. Il est diéséliste et il a fait partie d'une expédition en Antartique. Il ne s'en est jamais remis.

C'est un magnifique roman qui mêle de manière tout à fait subtile et ingénieuse deux parcours de vie.


Bien sûr, la vieillesse y est abordée avec différentes approches de ce qui est bon pour pallier les fragilités naissantes. Il y a cette femme qui veut être libre de vivre les derniers moments de sa vie dans la solitude mais aussi sur les pas de son très regretté Jack. Il y a les enfants qui ne sont pas d'accord entre eux, la relation et l'intimité entretenues tout au long de leur vie avec leur mère ne manqueront pas de nuire à la sérennité familiale.


Il y a aussi l'évolution du couple au gré des années de vie commune.


Sa présence rassurante, leur acceptation réciproque, le fait qu'ils n'attendaient rien de plus, tout cela lui manquait. Pour en arriver là, à cette sérénité, il avait fallu une vie entière - un rude voyage sur une route peu carrossable. Mais c'était cela l'amour, sûrement, pas une brève flamme qui ne vous éclaire qu'un instant. P. 58

Il y a le poids du secret familial et ses conséquences, tant sur la vie de ceux qui le cachent et croulent sous son poids que sur celle de ceux qui en sont victimes sans en connaître les contours.


Il y aussi le charme et l'attirance irrépressible des climats hostiles une fois qu'ils ont contaminé l'être humain.


L'Antartique possède un charme auquel on succombe pour la vie. Peut-être est-ce l'effet du paysage ; sa sauvagerie, son désert, sa nudité. Ou peut-être est-ce à force de voir tout ce blanc. Ou l'intensité des relations qu'on y noue. Quoi qu'il en soit, ce vaste espace et cette clarté resplendissante opèrent sur vous une transformation. Vous vous découvrirez autre, nouveau. Vous voilà capable de vous fondre dans les lointains. Et cette sensation de liberté vous donne des ailes. En même temps, le germe d'une nostalgie éternelle a été planté en vous. Vous ne penserez plus qu'à y retourner. A vous glisser dans cette nouvelle peau qui est la vôtre sur la banquise, ce "moi" qui ne connaît plus les bornes conventionnelles. De retour dans votre ancien monde, parmi les blessures que vous a infligées le pôle Sud, le regret lancinant vous ronge. Votre âme est enchaînée. Vous ne guérirez pas avant des années. P. 82

Il y a enfin la relation aux mots. Je ne peux que saluer la plume de Karen VIGGERS et de sa traductrice, Isabelle CHAPAM, qui permet de classer ce roman de très beau.

ô combien romanesque, l'écriture se distingue par le choix des mots et des métaphores pour traduire les sentiments que ressentent chacun des personnages.


Du haut de son grand âge, elle distinguait la maille qui avait sauté dans le tricot de leur vie commune. Elle avait mis des années à comprendre que, si on ne les prononce pas à point nommé, les mots s'effacent pour toujours. P. 117-118

"Absolument sublime" comme le signe Gérard COLLARD dans Le Magazine de la Santé ; une nouvelle fois, je suis bien obligée de suivre son avis... avec le plus grand plaisir !

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2015-12-02T21:51:10+01:00

Nos vies désaccordées de Gaëlle JOSSE

Publié par Tlivres
Nos vies désaccordées de Gaëlle JOSSE

Le choix des livres en Bibliothèque me fascine toujours, il y a des choses que je maîtrise, et beaucoup d'autres, pas du tout !


Comme vous je suppose, je note des références glanées par-ci par-là, sur un petit carnet dédié, mais aussi sur un bout d'enveloppe déchirée, sur un post it, au dos d'un ticket de caisse, parfois dans le creux de ma main, mais là, attention à la pérennité de l'information !!!


Quand je vais à la Bibliothèque, je fouine dans ce qui s'appelle un sac à main et qui représente une véritable mine d'or pour celle ou celui qui en maîtrise les codes !!! Avant de partir, il m'arrive de le mettre sens dessus dessous pour y découvrir tous mes trésors et sortir celui qui m'offrira à coup sûr quelques heures de bonheur... j'évite de le faire en Bibliothèque, ça ne fait pas très sérieux !!!


C'est ce qui s'est passé avec "Nos vies désaccordées" de Gaëlle JOSSE. Ce livre, il était noté sur plusieurs petites choses que je ne détaillerais pas ici au risque de blesser l'auteure (clin d'oeil bien sûr). Je ne pouvais donc décemment pas ressortir de ce haut lieu de la culture sans lui, et là, miracle, l'extase... sur l'étagère, il m'attend !!!


Je parcours la 4ème de couverture, et là, je me dis qu'il y a vraiment quelque chose d'incroyable ! Alors que je sors de la lecture de "L'effert Larsen" de Delphine BERTHOLON qui traite de la maladie mentale et de l'art, voilà que je replonge...


Je vous livre un extrait de "Nos vies désaccordées" :


C'était il y a deux mois, trois mois, ou davantage. Je ne sais plus. J'ai reçu ce message :

"Bonsoir Monsieur Vallier,
Je visite souvent votre site et je me permets aujourd'hui de venir vous témoigner ma reconnaissance. Grâce à vous, la musique fait partie de ma vie et je tenais à vous le dire. J'espère avoir la chance de vous entendre un jour en concert.
Bien sincèrement,
Philippe Margeret"

Jusque là, rien que de très classique. La bombe a explosé un peu plus loin.

"P.-S. : La façon dont j'ai découvert vos enregistrements vous surprendra peut-être : je suis infirmier psychiatrique à Valmezan dans les Hautes-Pyrennées et l'une de nos jeunes patientes écoute vos CD à longueur de journée, ceux de Schumann en particulier, et jai eu envie de les acheter."

P. 9

Gaëlle JOSSE n'a pas besoin de plus de 142 pages pour prendre le lecteur à la gorge et ne plus le lâcher !


Je dois bien l'avouer, j'ai été totalement subjuguée par cette histoire.


D'abord, je crois, parce qu'il y a cette intrigue : Qui peut bien être cette femme ? Que représente-t-elle pour ce musicien célèbre qui se produit dans le monde entier ? Jusqu'où est-il prêt à aller pour elle ?


Ensuite, pour l'univers psychiatrique : Quel a été le passé de cette femme ? Pourquoi est-elle aujourd'hui internée ? Quel a été le point de rupture ?


Enfin, pour l'art : Pourquoi la musique occupe-t-elle le quotidien de cette femme ? Que lui apporte la musique ? Peut-elle lui ouvrir le chemin de la résilience ?


Mais les romans de Gaëlle JOSSE offrent beaucoup plus que ça !


Sa plume est singulière, concise, tellement poétique :


Dire que la vie avec Sophie fut facile serait excessif. Elle fut parfois d'une simplicité déroutante. Un cristal aveuglant. Nous étions accordés au quart ou au huitième de ton, peut-être même aux ultrasons, comme les dauphins. [...] C'est un temps de flottement, d'incertitude, mais aussi de ravissement, de curiosité et de totale disponibilité. Nous habitions une poignée de mots. Nos océans. P. 71

Gaëlle JOSSE s'attache aussi à disséquer les relations de couple, la féminité, la maternité... bref, de nombreux sujets d'une très grande sensibilité, toujours traités avec pudeur.


Les personnages ont des parcours de vie chahutés que j'apprécie toujours de découvrir.


Ce roman, je l'ai beaucoup aimé.


J'attends avec impatience la sortie du prochain, le 8 janvier : "L'ombre de nos nuits".

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2015-11-22T19:43:26+01:00

L'effet Larsen de Delphine BERTHOLON

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L'effet Larsen de Delphine BERTHOLON

Vous avez été nombreux sur la toile à parler du dernier roman de Delphine BERTHOLON : "Les corps inutiles".


Alors, à la veille d'un séjour en Bretagne, je suis passée à la Bibliothèque pour l'emprunter, mais là, malheureusement, quelqu'un m'avait devancée. "L'effet larsen" était bien là, lui. Bref regard sur la 4ème de couverture, je suis tentée, je ne lâche plus prise !


Arrivée en Bretagne, le soleil brille, brille, brille... impossible de rester à lire, j'ai envie de bouger, de marcher sur les sentiers côtiers et de profiter de cette 1ère semaine de novembre, inespérée. Avec du recul, j'ai bien fait. Il suffit de voir comment nous avons passé la 2ème...


Et "L'effet larsen", qui a su attendre patiemment son heure, restera gravé à vie dans ma mémoire, j'en suis persuadée. Et oui, c'est lui que je m'apprêtais à terminer le vendredi 13 novembre et qui a fait les frais de toutes mes larmes le lendemain. En lisant cette citation, vous comprendrez pourquoi :


On ne pardonne pas pour les morts ; on pardonne pour les vivants. P. 360

Je ne crois pas au hasard. "L'effet larsen" devait être là, c'est tout. Lisez : "It's a strange world, isn't it ?". C'est la citation de David LYNCH extraite de "Blue Velvet" qu'a choisi Delphine BERTHOLON pour commencer son roman. N'est-ce pas la question qui nous taraude tous aujourdhui ?


Nola a 18 ans. C'est elle la narratrice. Son papa était coiffeur, il avait repris l'entreprise familiale. Cette phrase est au passé parce qu'il s'est fait abattre sur le seuil de son salon de coiffure par un individu suicidaire qui, avant de se tirer une balle, a lancé une raffale tuant sur le coup plusieurs personnes.


Là, pas d'acte terroriste, pas de revendication, pas de lettre pour expliquer le geste, mais une fille et sa mère qui vivent les jours suivants. Et c'est là que ce roman devient intéressant, aujourd'hui tout particulièrement.


Dans La Grande Librairie du jeudi 5 novembre, Maelis de KERANGAL répond à la question du sens de l'écriture par une très belle phrase : "La littérature livre des expériences".

Delphine BERTHOLON, elle, explore les effets du deuil. Elle fait évoluer 2 femmes : l'épouse fuyant la réalité qui l'agresse, elle sombre dans la dépression, se mure dans le sommeil à coup de somnifères et plonge dans le silence munie de boules Quies ; la fille, Nola, qui se sent responsable de sa mère et se bat pour leur offrir un nouvel horizon. Elle saisit l'art comme échappatoire et s'inspire de l'oeuvre "L’œil cacodylate" de Francis PICABIA pour donner un sens à sa vie.

L'effet Larsen de Delphine BERTHOLON

Affectée par la souffrance liée à la perforation du tympan de sa mère, Nola choisit l'oreille comme repère. Elle en trace les contours. Elle va ensuite se promener avec sa toile et demander à chaque personne de son environnement d'y écrire une petite phrase, un mot, ce qui lui vient à l'esprit à l'instant présent. Voisins, clients du bar où elle travaille, sa mère... tous vont jouer le jeu et participer à la reconstruction de cette jeune femme, peut-être un chemin vers la résilience.


C'est en cela que ce livre peut concourir à notre bibliothérapie à tous. Il y a des phrases qui résonnent tellement juste dans le contexte que nous vivons actuellement. Elles permettent de faire couler les larmes qui restent encore à couler mais elles donnent aussi beaucoup d'espoir.


C'est un roman qui met en lumière une formidable relation mère/fille empreinte de tendresse.


Il traite aussi de la maladie mentale, notamment de l'impuissance des proches :


Je ne savais plus comment réagir, écartelée par des émotions contradictoires - agacement, inquiétude, terreur, solitude. Il fallait s'y résoudre : sa souffrance était réelle. Invisible, incompréhensible, mais réelle. Et comment gerer cela, alors ? Sa souffrance était aussi insensée que ta mort, papa, oui, le rapprochement était infaillible, la maladie de maman était un non-sens et les non-sens, rien à faire, on ne sait jamais par quel bout les prendre. P. 146

Le sujet est abordé avec lucidité mais aussi beaucoup d'humour :


Réclamer de l'amour à une âme si cassée, c'était comme faire l'aumône auprès d'un sans-abri. P. 84

Il met le doigt avec poésie sur le processus de guérison qui n'appartient qu'au malade lui-même :

Nola, votre mère possède en elle toutes les clés pour guérir. Pour l'instant, elle ne sait pas dans quelle serrure enfoncer quelle clé, voilà tout. P. 261

C'est aussi un très beau roman sur le poids des secrets.


C'est enfin un magnifique roman sur la mémoire, les souvenirs...


Je vous le conseille absolument.

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2015-11-11T20:22:36+01:00

La liste de mes envies de Grégoire DELACOURT

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La liste de mes envies de Grégoire DELACOURT

J'ai fait une petite parenthèse dans la liste des livres empruntés à la Bibliothèque récemment. J'ai eu, en effet, envie de me plonger dans un roman court fait de bons sentiments, enfin, c'est ce que je croyais en ouvrant "La liste de mes envies" de Grégoire DELACOURT.


Bien sûr, tout le monde a entendu parler de ce roman, au point que je redoutais de le lire ! J'avais un a priori plutôt négatif, il faut bien le dire. Je craignais de sombrer dans la mièvrerie, et bien, il n'en est rien ! Comme quoi, il faut toujours lire par soi-même avant de critiquer et se laisser surprendre par la découverte... Ma fille a bien fait d'insister !!!


Jocelyne Guerbette est mercière à Arras. Elle vit avec Jo, son mari, depuis 21 ans. Ils ont 2 enfants qui sont grands maintenant. Ils ont eu à surmonter une tragédie, le décès d'un enfant à sa naissance. Depuis, Jocelyne se voue à son magasin et à son blog pendant que son mari travaille à l'usine et égrène la liste de ses envies. Elle passe aussi de bons moments avec 2 jumelles, Danièle et Françoise, qui jouent depuis 18 ans au loto. Un jour, Jocelyne, se prête au jeu. Quelques jours plus tard, l'annonce est diffusée. Un joueur a gagné 18 millions d'euros.
Je ne vous en dis pas plus !


Le personnage de Jocelyne est particulièrement riche et émouvant. C'est une femme de condition sociale modeste qui surmonte les épreuves de la vie avec une certaine philosophie de la vie. Elle ne se plaint jamais. Elle surmonte les épreuves comme elle peut, sans embages mais tout de même. A l'heure des échographies en 3D, à l'époque où les parents d'un petit être de 3 mois en gestation dans le ventre de sa mère peuvent découvrir le visage de leur futur enfant avant le jour de sa naissance, comment imaginer le traumatisme qu'à pu vivre cette femme ? Mais Jocelyne, elle, la narratrice, préfère regarder la souffrance de son mari et être bienveillante à son égard. Jocelyne est une altruiste dans tous les pores de sa peau. A méditer bien sûr !

Cette femme est aussi très intelligente. Elle mesure pleinement les risques d'un changement de vie. Elle est très lucide sur sa condition et ce qu'un chèque de 18 millions d'euros pourrait révolutionner, elle connait les fragilités humaines. Elle préfère préserver la sincérité et l'authenticité de ses sentiments. C'est assurément une bonne personne.


J'ai adoré le passage consacré à l'animation de son blog bien sûr. J'ai vécu avec elle les plaisirs des consultations, de la recrudescence des visiteurs. Même les publicités qui peuvent apporter à leurs propriétaires quelques rémunérations prennent ici un tout nouveau sens, c'est ce qui permet à Jocelyne de recruter Mado, une femme meurtrie par la décès de sa grande fille suite à une longue maladie. Avouez que dans ce cas précis les publicités prennent une toute autre dimension, non ?


Ce qui m'a troublée, je dois bien l'avouer, c'est qu'un homme puisse être aussi juste dans l'approche des sentiments d'une femme, d'une mère. Bravo à Grégoire DELACOURT pour ce roman très bien écrit, empreint de tendresse et qui suscite beaucoup d'émotion.

J'en lirais d'autres de cet auteur, j'en prends l'engagement.

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2015-11-09T06:48:29+01:00

Pardonnable, impardonnable de Valérie TONG CUONG

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Pardonnable, impardonnable de Valérie TONG CUONG

Je n'avais encore jamais lu de romans de Valérie TONG CUONG mais son nom figurait sur ma liste d'auteurs à découvrir, et puis voilà, un jour, de passage à la Bibliothèque, il y en a un sur les rayons, un qui me tend les bras, alors, c'est parti pour l'aventure, et quelle aventure !


Alors que je venais de quitter "Otages intimes" où la relation mère/fils était mise à rude épreuve avec l'emprisonnement d'Etienne dans un pays en guerre et sa lente reconstruction avec la liberté retrouvée, cette relation est de nouveau abordée avec un accident d'enfant cette fois.


Les joues giflées de vent et de soleil, la nuque moite et la mâchoire serrée, il pédale de toutes ses forces. Il ne s'agit pas de compétition ni de record à battre, seulement de vitesse, d'ivresse, il est saoul sur la petite route de campagne, saoul Milo de désir enfantin, de joie, de légèreté, saoul de bonheur - une seconde avant l'impact, il rit encore bouche grande ouverte en pédalant. P. 12

Milo est transféré à l'hôpital, il souffre d'un traumatisme crânien. Quand ses parents arrivent, il est plongé dans le coma.


1er uppercut avec cette chute aux multiples conséquences, mais ce n'est pas tout. Pourquoi l'enfant avait-il été confié à sa tante ? Et bien, il y a la version officielle : le choix du carrelage de la piscine. Et puis, il y a la version cachée : la signature d'une donation devant Notaire qui officialise le transfert de propriété d'un bien de la grand-mère de Milo à Céleste, la mère de l'enfant.


Je ne vous en dit pas plus. Les mensonges, les non-dits, les trahisons et autres subterfuges vont se succéder. La responsabilité et la culpabilité vont être des sentiments disséqués tout au long de ce roman. A peine le lecteur semble-t-il avoir récupéré d'un coup, qu'il en prend un nouveau en pleine figure le faisant vaciller et lui coupant le souffle.


[...] d'ailleurs elle était responsable, enfin, en partie, mais voilà bien le problème, le vrai problème, insoluble, qui est responsable de quoi dans cette tragédie à tiroirs, si seulement il était possible d'affirmer quoi que ce soit. P. 224

La construction de ce roman est originale et mérite d'être remarquée. Roman choral, il donne à voir la situation du moment à travers le filtre des différents personnages. La narration à la 1ère personne du singulier est tantôt incarnée par Céleste, la mère de Milo, tantôt par Lino, le père de l'enfant, mais aussi par Jeanne, la mère de Céleste, Marguerite, sa soeur... Cette forme concourt à instiller le doute dans l'esprit du lecteur devant cette tragédie familiale et à le faire durer tout au long des 337 pages !


Il est de surcroît rythmé par une succession de sentiments et de comportements qui vont crescendo : la colère, la haine, la vengeance... de quoi assurer une tension extrême !


Ce roman peut aisément être classé dans la catégorie des thrillers psychologiques, tant sur le fond que sur la forme. Une réussite !

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2015-11-08T11:56:41+01:00

Otages intimes de Jeanne BENAMEUR

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Otages intimes de Jeanne BENAMEUR

Je commence à bien connaître la plume de Jeanne BENAMEUR et c'est toujours un réel plaisir que de retrouver les qualités de son écriture. Alors, quand Ludo, Martine, Nina, Catherine, Caroline (je les remercie tous d'ailleurs !) me conseillent de commencer mes vacances en sa compagnie, je fonce !

Après "ça t'apprendra à vivre", "La boutique jaune", "Laver les ombres", "Les insurrections singulières", "Profanes", il s'agit cette fois de son tout dernier roman intitulé "Otages intimes".

Etienne, photographe de guerre, est sur le chemin du retour. Il a été séquestré quelques mois. Alors que ses yeux restaient fixés sur une scène de la vie quotidienne, une femme transportant de l'eau avec ses enfants, il est arraché à sa rêverie par des ravisseurs qui l'emprisonnent et font de lui une monnaie d'échange. Le jour où il parcourt plus de pas que ceux nécessaires quotidiennement pour rejoindre des toilettes de fortune, il perd tous ses repères. Que va-t-il lui arriver ? C'est en réalité la liberté qui s'annonce. Saura-t-il de nouveau l'apprivoiser ?


Dans ce très beau roman où chaque mot a son importance, le lecteur accompagne Etienne dans sa reconstruction. Mais Jeanne BENAMEUR n'est sûre de rien. Elle pose de nombreuses questions et interpelle le lecteur dans ce douloureux itinéraire fait de moments de bonheur mais aussi de grande souffrance.


Ce dont elle est sûre toutefois, c'est que les mots joueront un rôle essentiel dans cette reconstruction :


Il a besoin des mots. Lui qui a rapporté tant d'images qui laissent sans voix il lui faut des mots. Pour tenter de comprendre. Il a besoin de retrouver le sens à sa racine. Il lui faut retourner à l'étymologie pour se guider. Comprendre. P. 95

J'ai été bouleversée par les retrouvailles de la mère avec son fils, une relation extraordinaire dans ce qu'elle a de plus charnel. Elle y est parfaitement décrite, tout comme cette angoisse que vivent en permanence les mères devant les prises de risque de leur progéniture.


Son pas aura désormais cette fragilité de qui sait au plus profond du coeur qu'en donnant la vie à un être on l'a voué à la mort. Et plus rien pour se mettre à l'abri de cette connaissance que les jeunes mères éloignent instinctivement de leur sein. Parce qu'il y a dans le premier cri de chaque enfant deux promesses conjointes : je vie et je mourrai. P. 60

Le rapport au corps y est de nouveau appréhendé avec beaucoup de justesse. Ce roman m'a beaucoup rappelé "Laver les ombres" qui m'avait profondément touchée sur ce sujet. Jeanne BENAMEUR aborde le corps comme un territoire à distinguer de la chair :


Parce qu'elle est bien là , la différence entre corps et chair. Les corps peuvent bien retrouver la liberté. La chair, elle, qui la délivre ? Il n'y a que la parole pour ça. P. 52

Une nouvelle fois, Jeanne BENAMEUR convoque les arts. Il y a la photographie bien sûr avec le personnage principal qui travaille dans des pays en guerre. Elle en profite pour rappeler le sens de la démarche à qui en douterait :


Continuer à être celui qui porte témoignage, encore et encore, même si ses images sont pour le désert et qu'il crève un jour comme un chien, seul au milieu de gens parlant une langue qu'il ne comprendra pas. P. 119

Jeanne BENAMEUR y avait déjà fait référence dans La boutique jaune avec cette jeune collégienne, Marion, qui disait d'elle-même qu'elle était une "guetteuse" et voudrait plus tard en faire son métier en devenant photographe !

Elle lui avait dédié le titre de l'un de ses romans également : Laver les ombres. Ce sont des termes techniques utilisés par les photographes et qui veulent dire : mettre en lumière un visage pour en faire le portrait.

Il y a la musique aussi, la musique qui devient le lien indéfectible entre 3 enfants du village. La mère d'Etienne qui était institutrice a construit un pont entre Etienne, son fils, Jofranka, cette petite fille abandonnée et placée dès sa naissance, et Enzo, le fils de l'Italien. A eux trois, ils s'essayent à la sonate de Weber, Etienne au piano, Jofranka à la flûte et Enzo au violoncelle. La musique qui, à l'âge adulte, continue de les ressourcer.

Irène les laissait faire. Mais c'était elle qui avait installé la musique dans leurs vies. Aujourd'hui Etienne mesure la subtilité de cette éducation. Libre et exigeante. Irène savait ce qu'elle faisait. La musique c'était la rigueur sinon pas de beauté. Et il n'y avait aucun commentaire à faire. Il suffisait d'écouter. P. 89

Otages intimes de Jeanne BENAMEUR

Mais les romans de Jeanne BENAMEUR ne seraient pas ce qu'ils sont s'ils ne donnaient pas au lecteur cette possibilité de se sentir concerné par les destins des personnages. Celui d'Etienne paraît éloigné de nous mais il en est de bien plus proches à l'image d'Emma, la compagne d'Etienne, qui se dit elle-même otage, otage des absences d'Etienne. L'écrivaine nous fait toucher du doigt la part d'otage que chacun a dans sa plus profonde intimité et là, c'est une toute autre histoire qui commence.


Bref, c'est un excellent roman.


Pour autant, 2 questions me taraudent.


Il y a d'abord cette couverture qui m'a rappelé celle d'un livre que j'ai lu il y a quelques années : "La maison du retour" de Jean-Paul KAUFFMANN. Le même sujet y est traité, le même retour à la nature. Leurs différences reposent bien sûr dans le genre (l'un est une fiction, l'autre un récit autobiographique), la narration ("Otages intimes" est à la 3ème personne du singulier alors que la "La maison du retour" est à la 1ère). Mais pourquoi cette ressemblance aussi frappante ?


L'autre question concerne la dédicace de ce roman : à sa mère d'une part, et à Majid RAHNEMA, Diplomate et ancien Ministre iranien. Pourquoi cet homme ?


Peut-être pourrez-vous m'aider à y répondre...

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2015-10-24T17:13:35+02:00

Blue book d'Elise FONTENAILLE-N'DIAYE

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Blue book d'Elise FONTENAILLE-N'DIAYE

Vous vous souvenez certainement de cette rencontre insolite avec Elise FONTENAILLE-N'DIAYE dans la librairie "Au plaisir des yeux" de la rue Raymond Losserand, au retour du Salon du Livre de Paris 2015...

Quelques jours plus tard, était publié dans le Monde du 27 mars un très bel article : "En mémoire des Hereros et des Namas"

J'avais pourtant remis à plus tard sa lecture ! Peut être parce qu'il s'agit d'un récit, je suis peu coutumière du genre, et pourtant, il s'agit d'un très bon livre qui nécessite d'être lu pour que l'on ne revoit plus jamais ça...

Tout commence en 1884 avec la découverte du Sud Ouest Africain par les Allemands. L'année d'après, lors de la Conférence de Berlin, l'Allemagne s'octroie ce territoire, niant les traces laissées par les Portugais 4 siècles plus tôt. Heinrich Göring y est envoyé, cet homme est à l'origine du courant de pensée relatif aux races supérieures et inférieures, les Allemands correspondant à la 1ère catégorie, les autochtones étant relégués à la 2ème. Le ton est donné !

A cette époque, 2 ethnies occupent le territoire, les Namas, ils sont 20 000, et les Hereros, ils sont 80 000. Tous sont en conflit pour la répartition des terres et des points d'eau. Göring obtient la signature d'un traité du Chef des Hereros mais il échoue auprès des Namas. Il est alors remplacé par Curt von François qui doit préparer la gigantesque foire coloniale de 1896 à Berlin. Devant la résistance des indigènes, Von François donne l'ordre d'attaquer, entraînant la mort d'une centaine de personnes, des hommes sont pendus, des fillettes et des femmes sont violées, des tombes sont profanées pour examiner les crânes de ces tribus...

Devant les exactions commises, la révolte s'organise. A leur tour, les Allemands comptent une centaine d'hommes assassinés, déclenchant la revanche de Von Trotha, puis de Lindiquist. Le génocide s'organise, les indigènes sont parqués sur Shark Island. Des camps de concentration sont créés entre 1905 et 1908. Les 9/10 èmes sont exterminés. Eugène Fischer, le mentor des médecins nazis, y exerce. Ce sont les prémisces de ce qui sera développé par Hitler quelques années plus tard.

C'est en 1914 que la colonie allemande passe sous protectorat britannique. Thomas O'Reilly, juge, est désigné en 1919 pour rédiger un rapport à charge de l'Occupant, c'est le "Blue book". 200 pages réunissent 49 témoignages. Les Allemands contre-attaquent en écrivant le "White book". Tous les exemplaires du "Blue book" sont rappelés pour destruction, mais l'un d'entre eux y échappera et arrivera dans les mains d'Elise FONTENAILLE N'DIAYE !

Avec "Blue book", l'écrivaine fait un travail formidable en la mémoire de ces peuples exterminés par des Occidentaux il n'y a pas si longtemps. Alors que tous souhaitaient effacer les traces de ces actes ignobles, ce récit essaie de mettre des mots sur ce qui est innommable et nous laisse entrevoir les racines du mal.

Personnellement, je suis toujours aussi captivée par la beauté de la femme figurant en couverture, depuis le 1er regard porté sur la vitrine de la librairie jusqu'à aujourd'hui. Il s'agit d'une photographie prise en 1908 par Eugène Fischer.


Cette jeune fille aux traits si délicats qu'on les croirait taillés dans un vieil ivoire, un rien bruni, est l'une de ces Basters de Rehoboth... P. 164

Je crois que je ne l'oublierai jamais !

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2015-10-12T06:00:09+02:00

Alexis Vassilkov ou La vie tumultueuse du fils de Maupassant par Bernard PROU

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Alexis Vassilkov ou La vie tumultueuse du fils de Maupassant par Bernard PROU

e suis une inconditionnelle des critiques de Gérard COLLARD et j'avoue que de très nombreuses références de ce libraire ont été pour moi des coups de coeur, à l'image de ce dernier roman de Bernard PROU.


Si vous aimez la littérature et les romans historiques, assurément il s'agit d'un livre pour vous !


Quelques mots pour vous éclairer davantage...

Guy de MAUPASSANT est décédé à l'âge de 43 ans, le 6 septembre 1893. Il fût enterré au Cimetière de Montparnasse en présence Liouba VASSILKOV et son bébé.


Qui pouvait bien être cette jeune femme ?


Arrivée de Saint-Petersbourg à Paris, 10 ans plus tôt, aux côtés de sa mère, cantatrice, Liouba fut tout d'abord repérée par le peintre Renoir qui en fit son modèle pour "Les parapluies", "Danse à Bougival"...

Alexis Vassilkov ou La vie tumultueuse du fils de Maupassant par Bernard PROU

Détectant chez elle du talent pour la peinture, Renoir lui enseigne les techniques artistiques. Cotoyant artistes et intellectuels, Liouba décide d'envoyer une lettre à Guy de MAUPASSANT dont l'oeuvre littéraire la subjugue. Surpris, l'écrivain lui apporte une réponse. Commence alors une relation épistolaire de 2 années. La jeune femme que rien n'arrête prend la décision de se présenter au domicile de Guy de MAUPASSANT pour faire plus ample connaissance. Après un après-midi d'échange, l'écrivain l'invite à dîner le soir même avec son éditeur. Quelques jours plus tard, il adresse un courrier à Liouba accompagné d'un billet de train. Il l'invite à le rejoindre dans une villégiature de Cannes et lui passe la commande d'un portrait. Commence alors une relation amoureuse entre l'écrivain et la jeune russe mais de courte durée, Guy de MAUPASSANT sombre dans la folie avant de s'éteindre quelques mois plus tard. Liouba aura tout juste le temps de l'informer de la naissance de leur fils, Alexis.


Je viens de vous révéler quelques mots d'une épopée romanesque qui vous tiendra en haleine pas moins de 354 pages. Et si Liouba VASSILKOV eut une vie de femme insoumise, avant-gardiste, révoltée aussi, son fils Alexis aura une existence hors norme !


Je ne peux pas vous en dire davantage au risque de vous dévoiler tout ce qui fait le charme de cet excellent roman historique qui nous relate de nombreux événements du XXème siècle, nous fait voyager entre Paris et Saint-Petersbourg, au gré d'une foule de détails, tous aussi exaltants les uns que les autres.


Ce roman est un véritable chef d'oeuvre.


Et pour renforcer encore son caractère exceptionnel, se le procurer relève d'un parcours particulièrement singulier. Seule la librairie "La Griffe Noire" de Gérard COLLARD le commercialise en ligne ! Alors, si vous aussi souhaitez le découvrir, rendez-vous sur le site. Finalement, rien de bien compliqué, simplement un chemin peu ordinaire pour entrer dans le cercle très fermé des lecteurs de ce très beau roman !

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2015-09-15T20:29:10+02:00

Le voyant de Jérôme GARCIN

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Le voyant de Jérôme GARCIN

Je n'avais pas encore lu de livre de Jérôme GARCIN. C'est aujourd'hui chose faite avec un récit écrit en la mémoire de Jacques LUSSEYRAN, un homme peu ordinaire dont la vie a été rythmée par des éclats de lumière. La transition est assez bien vue d'ailleurs après "Toute la lumière que nous ne pouvons voir" d'Anthony DOERR ! Jacques LUSSEYRAN est lui-même l'auteur de "Et la lumière fut" !


Ce garçon, né en 1924, est élevé en Anjou, à Juvardeil. Il n'avait que 8 ans lorsqu'il eut un accident avec un élève de sa classe. La chute est fatale, il sera aveugle jusqu'à la fin de ses jours. Malgré son jeune âge, l'enfant fait preuve d'une très grande maturité. Plutôt que d'en vouloir au garçon fautif, il dira :


La cécité a changé mon regard, elle ne l'a pas éteint.
P. 18

Il puise de l'énergie dans son environnement familial mais aussi au contact de la nature. Il se construit ainsi une personnalité. Quand la 2de guerre mondiale éclate, il s'implique dans la résistance et prend le pouvoir au sein des Mouvements Volontaires de la Liberté puis de Défense de la France. Il est déporté à Buchenwald en 1944-1945. Sa condition de handicapé aurait pu lui coûter la vie mais il y survivra. Sa vie d'après sera tumultueuse notamment aux Etats-Unis où il enseigne la philosophie.


C'est un homme neuf qui habite les Etats Unis. Ajouté à la cécité, l'exil est un royaume qui le stimule plus qu'il ne l'inquiète.
P 155-P156

C'est une très belle biographie d'un homme au destin malheureux mais ô combien lumineux. Jacques LUSSEYRAN a vécu une vie qu'il a voulu extraordinaire. Ce livre est une magnifique leçon de vie !

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2015-09-09T19:54:52+02:00

Toute la lumière que nous ne pouvons voir d'Anthony DOERR

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Tant qu'à faire de revenir sur la toile, autant le faire avec un coup de coeur !


J'ai été subjuguée par le roman d'Anthony DOERR, cet écrivain américain également l'auteur des romans "Le nom des coquillages", "Le mur de mémoire", "A propos de Grace". Je ne le connaissais pas encore, et vous ?

Toute la lumière que nous ne pouvons voir d'Anthony DOERR

En quelques mots :


Marie-Laure Leblanc a 16 ans, elle est aveugle, elle vit seule avec son grand-oncle Etienne. Elle a été élevée par son père, serrurier au Museum d'Histoire Naturelle de Paris. Elle se souvient de ses cadeaux d'anniversaire, des livres d'aventure en braille que lui offrait son père malgré ses modestes moyens pour lui permettre de découvrir le monde. Sous l'occupation, le Muséum d'Histoire Naturelle ferme. Marie-Laure et son père prennent la direction d'Evreux où une relation doit les accueillir, mais à leur arrivée, la maison de leur hôte est en feu. Ils poursuivent leur chemin jusqu'à Saint-Malo chez l'oncle Etienne. Dès les premiers jours, une relation singulière s'instaure avec cet oncle qui ne sort plus de la maison !


Parallèlement, Werner Pfennig est un jeune soldat de 1ère classe. Elevé dans un orphelinat avec sa soeur Jutta, ils passaient leurs nuits au grenier à capter les radios étrangères. Werner se fait remarquer avec la lecture d'un livre : "Principe de la mécanique" de Heinrich Hertz, ce qui lui vaudra une altercation avec les responsables de l'établissement. Son auteur est juif ! Werner est brillant, il réussit les examens d'entrée à l'école d'élites du Reich, il intègre les Jungmänner et se distingue dans un cours du Docteur Hauptmann, professeur de sciences techniques.
Bien sûr, ces 2 destins vont se croiser. Quand ? Comment ? Pourquoi ? C'est ce que ce très beau roman vous révélera...


Ce roman fait partie, pour moi, des inclassables !


Il peut être qualifié d'historique bien sûr puisqu'il se passe sur fond de 2de guerre mondiale avec une richesse de détails qui donne à voir le passé de la cité fortifiée dans laquelle j'aime tant flâner.

Toute la lumière que nous ne pouvons voir d'Anthony DOERR

'est un thriller aussi, le suspense et la tension narrative sont autant d'éléments qui font que le lecteur reste tenu en haleine de bout en bout. Il y a cette histoire de diamant rare tant recherché. Il y a la psychologie des personnages délicatement ciselée, c'est un livre qui parle au coeur. D'ailleurs il me fait penser à cette citation dans "Le Petit Prince" de Saint-Exupéry :


On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.

http://www.lepetitprince.com

Toute la lumière que nous ne pouvons voir d'Anthony DOERR

Les liens qui unissent ce père et sa fille handicapée sont d'une très grande force, à l'image de cette maquette construite à l'échelle pour permettre à sa fille de se repérer dans cette nouvelle ville qu'est Saint-Malo, au péril de sa vie.


J'ai vraiment pris un énorme plaisir à découvrir, et cet auteur, et son dernier roman.


Laissez-vous tenter, c'est un excellent choix !


Un petit clin d'oeil à mes enfants qui ont eu la riche idée de me l'offrir. Je les embrasse.

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2015-09-01T18:47:24+02:00

C'est la rentrée !

Publié par Tlivres

Quoi de mieux que de réactiver le blog

un jour de rentrée... scolaire,

et un mois de rentrée... littéraire !!!

Après quelques vacances magnifiques en Corse, je me suis offert une rallonge... je vous avais donné rendez-vous en juillet... finalement, c'est seulement en septembre que je reviens sur la toile, j'espère que vous ne m'en voudrez pas trop...

D'autant que j'ai découvert pendant l'été quelques pépites !!!

Je vous retrouve très bientôt pour en faire la critique...

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2015-06-13T07:00:58+02:00

Le cahier de Leïla de Valentine GOBY

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Je vous ai parlé de l'album "Le rêve de Jacek", un adolescent d'origine polonaise installé dans le Nord de la France dans les années 1930.


Je vous présente maintenant "Le cahier de Leïla" qui fait partie de cette même collection "Français d'ailleurs" destinée aux enfants de 9 à 13 ans.


J'avoue que je me suis autorisée sa lecture et j'ai beaucoup apprécié.


Là, il s'agit de l'itinéraire d'une jeune algérienne arrivée en France au début des années 1960. Leïla, elle, fait partie d'un autre mouvement migratoire, celui de nombreux hommes et femmes arrivés d'Algérie. Pour eux, une destination : Billancourt ; une activité : la production de voitures. Tous les hommes, les pères, les fils, y sont employés.


Ils puent le caoutchouc, la poussière, la peinture. P. 6

Autre époque, autre culture, autre parcours, mais toujours ces sentiments d'exclusion, ces difficultés à s'intégrer dans un pays qui a sa propre langue, sa propre organisation, ses propres codes.


J'ai apprécié dans cet album de vivre une expérience au féminin et aussi, de découvrir ce que furent les usines Renault, ce mouvement d'industrialisation qui a lui aussi marqué l'Histoire de la France.

Je vous conseille ces albums jeunesse très documentés et qui donnent quelques repères d'un passé qui participe, sans aucun doute, à ce qu'est notre société aujourd'hui...

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2015-06-12T06:00:39+02:00

Le rêve de Jacek de Valentine GOBY

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Valentine GOBY, je l'ai rencontrée sur le Salon du Livre de Paris cette année. Elle venait de revevoir le prix littéraire des lycéens d'Ile-de-France pour "Kinderzimmer" que j'ai ramené dans mon sac à dos bien sûr...


Cette écrivaine, une femme au large sourire, dynamique et pleine d'énergie, est l'auteure d'une collection de docu-fictions sur l'histoire de l'immigration en France : "Français d'ailleurs".


Je viens de lire "Le rêve de Jacek". Un jeune homme d'origine polonaise arrive en France dans les années 1930. Il fait partie de la grande vague d'immigration des Polonais. Pour eux : une destination, les corons du Nord ; une activité : la mine. Jacek qui vit au milieu des siens à Dourges, rêve de la mine dans laquelle seuls les hommes ont le droit de descendre. Mais c'est sans compter le pouvoir de sa mère de freiner cette descente dans le puits qui a déjà fait mourir tant d'hommes pour un salaire de misère.


Cet album jeunesse est très bien construit, avec des textes imprimés sur des pages d'écoliers ponctuées de citations pour mémoriser l'essentiel et d'illustrations. Il retrace les mouvements de populations, les difficultés d'intégration des migrants, les souffrances liées à l'exil, aux conditions de travail et de vie... à travers 2 générations (celle des parents et celle d'un jeune adolescent).


Ecrit et illustré en partenariat avec la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration, il s'achève par un dossier très documenté sur l'immigration polonaise en France. De quoi découvrir une page de l'Histoire de notre pays d'une manière originale !


C'est un formidable outil pédagogique pour aborder des sujets qui ne cessent d'interroger notre société.

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