Traduit de l'anglais par France CAMUS-PICHON
Fiona Maye est juge aux affaires familiales. Les dossiers se succèdent et ne se ressemblent pas. Souvent, il s'agit de traiter de divorces et de leurs effets collatéraux. Parfois, des cas plus singuliers émergent, à l'image de celui d'Adam, ce jeune garçon de 17 ans et 9 mois, malade d'une leucémie, nécessitant une transfusion sanguine refusée par ses parents au titre de leur religion. Ce sont des Témoins de Jéhovah !
Parallèlement, Fiona partage sa vie avec un homme de 59 ans en mal d'amour. Sa vie professionnelle l'occupe à temps plein laissant peu de place pour sa vie privée.
Fiona réussira-t-elle à relever ces 2 défis ?
C'est ce que vous propose de lire Ian McEWAN dans son tout dernier roman "L'intérêt de l'enfant" en référence à l'Article 1 du Children Act de 1989 : "Quand un tribunal se prononce sur une question relative à [...] l'éducation d'un mineur [...], l'intérêt de l'enfant doit être la priorité absolue de la cour."
Ce roman est un véritable page-turner. Je me suis glissée sous un plaid et je me suis laissée séduire par l'écriture de Ian McEWAN pour découvrir l'univers de cette femme, une femme d'aujourd'hui, une femme qui a réussi son ascension sociale et professionnelle mais à quel prix ?
Fiona Maye n'a pas d'enfant. Tout au long de cette lecture, les propos d'Elisabeth BADINTER tenus dans "Le conflit, la femme et la mère" me sont revenus en mémoire. Entre "childfree" et "childless", mon coeur balance...
Ian McEWAN nous livre un panel des problématiques qu'ont à surmonter les familles du XXIème siècle. Il met bien sûr la focale sur "L'intérêt de l'enfant". N'est-ce-pas effectivement lui qui devrait toujours dicter les décisions des adultes , tant les parents et autres ascendants familiaux, que les professionnels qui oeuvrent à leurs côtés ?
Cette satire de la société contemporaine nous oblige à replacer l'essentiel au coeur du processus !
L'auteur aborde avec beaucoup de discernement la place des religions qui s'invitent aujourd'hui à la table des familles jusqu'à en dicter les décisions. Il dénonce les pratiques sectaires d'adultes sur l'avenir de leur progéniture. Loin de lui toute stigmatisation, les unes n'ayant pas à rougir des excès des autres... A méditer !
Pour alléger un peu le propos, Ian McEWAN convoque la musique et ses pouvoirs d'émancipation et permet ainsi des respirations. Gardez bien en mémoire la référence à "An die Musik" de Schubert, je vous en reparlerai très prochainement...
C'est un roman puissant, je vous le conseille...
commentaires