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Articles avec #mes lectures catégorie

2015-02-09T08:00:46+01:00

Les mots qu'on ne me dit pas de Véronique POULAIN

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1er livre

 

Ce récit commence ainsi : 

Je suis bilingue. Deux cultures m'habitent. Le jour : le mot, la parole, la musique. Le bruit. Le soir : le signe, la communication non verbale, l'expression corporelle, le regard. Un certain silence. P. 12

Véronique POULAIN a été élevée par des parents sourds-muets.


Avec ce récit, elle nous déroule le fil de sa vie au rythme d'anecdotes, certaines tristes, d'autres drôles, avec des propos, parfois crus, souvent tendres.


J'ai beaucoup appris sur cette communauté...

Les sourds se marient entre eux. Entre sourds, on est assurés de partager le même niveau de communication, de compréhension et de connaissances. On est du même monde. P. 26

Elle explique aussi comment elle a réussi, elle, à construire sa vie. Nathalie LOISEAU parle du mentor, masculin, auquel se raccroche les femmes. Et bien, devinez quoi ? Elle en a un !

Mes grands-parents maternels sont mes idoles. Surtout mon pépé. [...] Du jour de ma naissance au jour de sa mort en 2007, il n'a cessé de me soutenir, de me pousser, de croire en moi sans réserve et en toutes circonstances. P. 36

Elle a puisé aussi dans les livres une force supplémentaire pour tenir :

Ma vie commence à être intéressante. Je vais lire. Je ne vais enfin plus m'ennuyer. [...] Je lis tout. Tout ce qui me tombe sous les yeux. Je dévore les mots qu'on ne me dit pas. P. 45

Elle raconte tout de sa vie quotidienne et notamment du bruit que font les sourds. Un bruit insupportable pour des entendants. Un comble, non ?

Mais c'est la soupe qui a raison de moi, c'est la soupe qui m'a contrainte aux boules Quies dans les oreilles pendant les repas. P. 68

Et pour finir en beauté, je vous livre une réflexion de Véronique POULAIN sur le mime :

L'art du mime sublime son sens de l'observation et de l'imitation. P. 75

Un livre qui montre ô combien chaque communauté a ses codes, ses références, ses modes d'expression. Alors, si l'on veut communiquer tous ensemble, et en lien avec les premières lignes de ce très beau récit, il est urgent d'ajouter un "s" au mot "culture", vous ne croyez pas ?

Vous aimerez peut-être aussi :

Où on va Papa ? de Jean-Louis FOURNIER

 

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2015-02-07T08:40:26+01:00

Le complexe d'Eden Bellwether de Benjamin WOOD

Publié par
Le complexe d'Eden Bellwether de Benjamin WOOD

1er roman

Traduit de l'anglais par Renaud MORIN

Prix du roman FNAC 2014

Oscar LOWE est aide-soignant à la Maison de retraite Cedarbrook. Il vient de finir sa journée de travail. Sur le chemin du retour, à travers le parc de King's College, il est attiré par les tonalités d'un orgue dans la chapelle. Il entre et s'y installe. L'office terminé, il croise le regard d'une jeune fille, Iris, qui fume à l'extérieur et attend dans l'ombre. C'est la soeur de l'Organiste Assistant qui vient de livrer cette prouesse musicale. Eden ne tarde pas à arriver avec son vélo sur lequel il propose à sa soeur de monter pour rentrer à la maison. Juste avant son départ, Iris aura le temps de donner rendez-vous à Oscar le dimanche suivant pour un concert. Elle y jouera du violoncelle.


Commence alors une histoire d'amour entre 2 jeunes de catégories sociales diamétralement opposées : Oscar a été élevé dans une famille modeste ; à 18 ans, son seul objectif était de la quitter. Pour cela, il fallait acquérir son indépendance financière, il a donc recherché très vite un travail. Iris, elle, vit dans un univers où l'argent n'a jamais été un problème. Son père est chirurgien, il assure à tous une vie de luxure. Pas de résidence universitaire pour Iris mais plutôt une immense propriété bourgeoise avec une chapelle et un orgue pour permettre à son frère, Eden, de parfaire son talent.


Très vite, Iris dévoile à Oscar ses craintes sur l'état de santé de son frère. Entre génie et folie, le doute s'immisce.

Le complexe d'Eden Bellwether de Benjamin WOOD

C'est un véritable coup de coeur pour ce 1er roman de Benjamin WOOD. Son écriture est fluide et vous transporte dans un monde où la musicothérapie prend toute sa dimension. Entre hypnose et réalité, les jeunes amis ne vont cesser de naviguer. Jusqu'où la personnalité narcissique d'Eden pourra-t-elle les mener ?

Mais je comprends maintenant, après les combats personnels que j'ai livrés dernièrement, que lorsque mon père parlait de cette façon, il n'était pas vraiment mon père. Pareil à un drogué, il était sous l'emprise de quelque chose de bien trop puissant pour être contrôlé de manière rationnelle. Une illusion s'était emparée de son esprit. P. 486

Impossible de vous en dire plus, il faut absolument le lire. Laissez-vous porter par l'épopée romanesque de cette jeune tribu !


Et quand Oscar échange avec le Docteur Paulsen, un retraité dont il prend soin à Cedarbrook, passionné de littérature, alors là, je craque !


Ce roman est un pur délice.


Je  tiens à saluer le Prix littéraire CEZAM 2015,

sans lequel je n'aurais sans doute pas

découvert cette petite merveille.

 

Il prend la 2ème place du classement.

L'oubli d'Emma HEALEY est en 4ème place !

 

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2015-02-04T20:25:57+01:00

La Maison-Guerre de Marie SIZUN

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La Maison-Guerre est le 8ème roman de Marie SIZUN qui nous plonge au coeur de la 2ème guerre mondiale, dans une maison de famille où des personnes âgées s'occupent d'une petite fille. Sa mère est comédienne, elle travaille dans un théâtre et ne peut prendre soin de sa fille dans la Capitale occupée. Son père, lui, est prisonnier en Allemagne. La petite fille ne le connaît pas. Elle se construit seule au gré de ses histoires d'enfants et de ses découvertes dans une nature prolifique, elle vit au rythme des saisons... Elle cohabite aussi avec des adultes attentionnés mais qui se referment comme des huitres dès qu'elle les interpelle sur le retour de sa mère. Au fur et à mesure que l'étau de l'occupant se resserre, les conversations chuchotées se multiplient, les écoutes des émisions de radio se font plus régulières... jusqu'au jour où un avion survole la propriété d'un souffle léger, s'immobilise et déploie de nombreuses papillotes contenant des chewing-gum. Là, commence alors pour l'enfant une nouvelle vie...


Encore une fois, Marie SIZUN nous livre un très beau roman. Le traitement du sujet de la 2ème guerre mondiale devient aujourd'hui presque banal, tellement nombreux sont les romans qui l'abordent, mais celui-là est original, je vous l'assure.


Dans la forme tout d'abord ; Marie SIZUN structure ce roman en 2 parties : l'une dédiée à l'enfance de cette petite, pendant la guerre, et l'autre, à sa nouvelle vie qui commence au jour de la libération. A chacune de ces parties, une narration particulière, c'est ingénieux !


Dans le contenu ensuite ; Les non-dits y sont prédominants, les secrets omniprésents, bref, tout reste à découvrir... le suspens est assuré jusqu'aux dernières pages. Excellent !


C'est aussi un roman qui explore la mémoire, le poids et la beauté des souvenirs, et le pouvoir que revêtent les parfums pour les faire ressurgir :

 

J'avais à peine passé le seuil que m'assaillit l'odeur des roses jaunes, l'extravagante odeur des roses jaunes, gorgées de soleil, qui, montant de la fenêtre, envahissait la pièce : dans un déferlement de sensations et de sentiments, le passé m'est revenu entier et le souvenir violent de ma mère. C'était comme si les années avaient passé pour rien. Voilà que, miraculeusement, j'étais l'exacte petite fille d'autrefois. La même devant la fenêtre lumineuse, la même dans l'insolent parfum des fleurs. P. 247

Enfin, c'est un très beau roman sur le pouvoir des mots :

 

Il va pourtant bien falloir qu'ils te la disent cette vérité que tu connais déjà mais que tu as peur d'entendre, comme si les choses ne prenaient existence que par la parole, comme si le pire n'arrivait qu'avec les mots pour le dire. P. 180

Ce roman est à lire, assurément !

De la même écrivaine, vous aimerez peut-être aussi...

Plage

Jeux croisés

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2015-01-28T20:16:54+01:00

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier de Patrick MODIANO

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Prix Nobel de Littérature 2014


Tout commence avec une citation de Stendhal :

 

Je ne puis pas donner la réalité des faits, je n'en puis présenter que l'ombre.

Et se poursuit ainsi :

Presque rien. Comme une piqûre d'insecte qui vous semble d'abord très légère. Du moins c'est ce que vous vous dites à voix basse pour vous rassurer. Le téléphone avait sonné vers quatre heures de l'après midi chez Jean Daragane, dans la chambre qu'il appelait le "bureau". Il s'était assoupi sur le canapé du fond, à l'abri du soleil. Et ces sonneries qu'il n'avait plus l'habitude d'entendre depuis longtemps ne s'interrompaient pas. Pourquoi cette insistance ? A l'autre bout du fil, on avait peut être oublié de raccrocher. Enfin, il se leva et se dirigea vers la partie de la pièce près des fenêtres, là où le soleil tapait trop fort.

Je suis en train de devenir complètement addict du style de Patrick MODIANO.


Quand il s'est vu décerner le Prix Nobel de Littérature 2014, je me suis dit qu'il fallait agir au plus vite et lire au moins un de ses romans pour me faire une petite idée. J'ai été totalement séduite par Dora Bruder 

 

En passant récemment au rayon "Nouveautés" de ma bibliothèque préférée, je mets la main sur son tout dernier roman : "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier". Je me dis, pourquoi pas ?


Et bien, pour tout vous dire, je l'ai commencé et je n'ai pas pu m'arrêter.


Le style MODIANO,


* c'est un peu comme un labyrinthe, vous empruntez un chemin et puis, au rythme des pages, vous passez par de nouvelles voies, mais sans savoir jusqu'où cela va bien pouvoir vous mener.


* ce sont des rencontres aléatoires avec des personnages mystérieux ; vous croyez les découvrir et puis, hop, ils vous échappent !


* ce sont finalement quelques graines semées par un auteur talenteux que chaque lecteur peut arroser pour donner naissance à un arbre unique ; à la clôture de la lecture, il reste tellement de questions non élucidées que l'imagination va bon train pour essayer de trouver à chacun un destin.


Bref, je suis scotchée par l'effet.


Lisez le, on en reparle !

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2015-01-28T08:00:22+01:00

En ce lieu enchanté de René DENFELD

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1er roman


Traduit de l'anglais par Frédérique DABER et Gabrielle MERCHEZ

 

Immersion dans le couloir de la mort d'une prison des Etats-Unis. Des prisonniers y vivent les derniers jours de leur existence. L'exécution de York est planifiée le 22 juillet. En attendant, cet homme lit, se terre sous sa couverture, et croise parfois le regard de "la Dame", celle dont la mission est d'enquêter pour trouver, in extremis, un détail qui pourrait renvoyer les prisonniers dans le bâtiment des "perpètes" et ainsi, leur faire échapper à la peine capitale. Un prête déchu accompagne ceux qui expriment un ultime sursaut de foi religieuse. Quant au Directeur de l'établissement, sa présence signifie toujours le départ de l'un des prisonniers pour vivre ses derniers instants...


L'environnement est hostile et la fin programmée d'une vie humaine est terrifiante, je vous l'accorde. Et pourtant...


René DENFELD nous livre un roman lumineux empreint d'humanisme. Elle réussit un véritable tour de force pour nous permettre de mesurer la beauté de chaque instant, de chaque mètre carré de terre, de chaque être humain.


Elle fait l'éloge de la lecture :

 

 

Mais s'il lit des livres, il doit connaître cette magie là. Ce qu'il lit n'a pas d'importance. L'essentiel, c'est que la lecture lui ait ouvert un autre monde. P. 110

Elle aborde la mort dans toutes ses dimensions :

Il se demande pourquoi tant de gens acceptent qu'on puisse mourir de vieillesse, d'un cancer, ou même par suicide, alors qu'ils refusent d'assumer la responsabilité d'une exécution. P. 158

Et son écriture revêt des passages d'une très grande poésie :

C'est comme si tu traversais l'océan sur un bateau à voile en sachant que tu vas bientôt aborder l'autre rive ; il n'y aura que toi et des kilomètres de sable sec d'une blancheur aveuglante. Tu trouveras peut-être des arbres sur cette île, et du soleil, et de quoi manger, mais rien ne sera à ton goût parce que tu te rendras compte que tu es tout seul. P. 159

A découvrir absolument !

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2015-01-26T20:25:59+01:00

Bérénice 34-44 d'Isabelle STIBBE

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Coup de coeur pour ce 1er roman d'Isabelle STIBBE, dédié à son père.

Depuis son plus jeune âge, Bérénice, jeune fille juive, souhaite devenir comédienne. Mais son père, un immigré russe, fourreur à domicile, considère qu'il ne s'agit pas d'une voie pour sa fille. C'est finalement une cliente, Madame de Lignières, particulièrement attentive à la petite Bérénice, qui va lui ouvrir les portes de la Comédie Française en lui offrant, pour son 8ème anniversaire, une entrée pour aller voir Lorenzaccio d'Afred de Musset. A partir de ce jour-là, elle se met à apprendre toutes les pièces de théâtre, des classiques aux contemporaines, au cas où... A l'âge de 15 ans, elle fait une nouvelle tentative auprès de son père pour le convaincre de la laisser suivre des cours dans cette grande institution. Il reste sur sa position, plus dur que jamais. Madame de Lignières, croisée dans la rue, vole une nouvelle fois à son secours, elle lui organise un rendez-vous avec Véra Korene, d'origine juive, employée par la Comédie Française. De ce rendez-vous dépendra tout son avenir...

Je ne vous en dis pas plus si ce n'est qu'il s'agit d'un magnifique roman.

C'est l'univers de cette grande institution du théâtre parisien qui nous est livré par une spécialiste de la "maison" : Isabelle STIBBE y a travaillé en tant que responsable des publications. Sa plume est remarquable, ce qui ne gâche rien, je vous l'accorde.


Parfois dans la vie il y a des moments parfaits. Ce sont généralement des moments très fugaces, ils durent une seconde à peine mais ils sont vécus si fortement qu'ils s'impriment pour toujours dans une existence. P. 268

C'est aussi un très beau livre en hommage aux grands noms du théâtre : Louis JOUVET, Jacques COPEAU, Jean YONNEL, Jean-Louis BARRAULT, Robert MANUEL...

C'est enfin un roman historique qui retrace une sombre page de notre Histoire : la montée du nazisme, la chasse aux juifs... A la veille du 70ème anniversaire de la libération des camps d'Auschwitz, ce roman prend une dimension toute singulière.


Juif n'était plus une confession mais une race. P. 190

La Comédie Française n'y échappe pas et comme toujours, des paris sont à prendre : certains fuient, s'expatrient, d'autres continuent de vivre comme si de rien n'était en espérant échapper à l'occupant, d'autres encore résistent.

J'ai été très émue par les retrouvailles de Bérénice avec son père.

Excellent !

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2015-01-20T09:00:20+01:00

La longue attente de l'ange de Melania G. MAZZUCCO

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Traduit de l'italien par Dominique VITTOZ

 

Vous aimez les épopées romanesques ?

Vous aimez le monde artistique de la peinture ?

Vous aimez la période de la Renaissance ?


Ce livre est pour vous.


Nous sommes à Venise à la fin du XVIème siècle. Le Tintoret, illustre peintre italien, vit ses derniers jours. Il s'adresse au Seigneur et tout au long de ses 15 jours de fièvre, il remonte le fil de sa vie, tant familiale qu'artistique. 


Il y a son enfance auprès d'un père tinturier qui lui donne le goût des couleurs et qu'il transmettra à sa propre descendance :

 

 

 

 


Quand mes enfants étaient petits, je les laissais venir voir l'orage avec moi, perchés sur les toits comme des pigeons. Dans ces moments, le ciel prenait des teintes phénoménales, des verts, des bleus et des violets que seule la fantaisie divine pouvait concevoir. Nous ne redoutions pas la foudre, notre seule crainte était d'échouer à reproduire ces couleurs sur la toile, de les oublier.
P. 210

Il y a son 1er amour avec Cornelia, cette Allemande, qui donnera naissance à une enfant illégitime, Marietta, dont il assurera la garde et qu'il chérira tout au long de son existence.


Il y a son rapport à l'art et aux grands de ce monde.

 


Je ne crois pas qu'un grand artiste puisse vivre dans le giron d'un roi. Je ne suis pas un cheval de parade comme le comte Titien. Je suis un cheval sauvage qui ne supporte pas la selle.
P. 233

Il y a ses blessures aussi. D'un caractère bien trempé, il a parfois entretenu avec les autres des relations compliquées, parfois houleuses.

 


Les rapports humains sont le contraire de l'arithmétique : la somme des facteurs ne donne jamais le même résultat.
P. 365

Avec ce très beau, je voudrais saluer la qualité de la plume de Melania G. MAZZUCCO. Fluide, simple, la qualité de son écriture est mise à la disposition d'un parcours haut en couleur, celui de Tintoret.


J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman historique particulèrement fouillé et j'avoue que je m'étais habituée à ces personnages, leur environnement (j'entends encore le clapotis de l'eau, je sens l'humidité ambiante, je vois la misère des Vénitiens...), leurs aventures et mésaventures dans un monde artistique où la concurrence était rude.


Je vous le conseille !

 

Vous aimerez peut être aussi :

Le Turquetto de Metin ARDITI

La passion Lippi de Sophie CHAUVEAU

 

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2015-01-19T09:20:35+01:00

Jacob Jacob de Valérie ZENATTI

Publié par
Jacob Jacob de Valérie ZENATTI

Nous sommes dans les années 1940, en Algérie, à Constantine. La guerre gronde et Jacob quitte sa famille pour libérer la France de l'occupant. Commence alors un itinéraire qui l'emmènera à Toulon, Marseille, Lyon, les Vosges... il sera ponctué de relations fortes entre soldats, de moments d'amour furtifs, de grandes douleurs aussi.


Valérie ZENATTI, jeune romancière, nous livre une fois encore un roman court mais ô combien puissant. Les phrases sont percutantes, comme les balles qui fusent autour de Jacob.

 

Ce tout petit livre de 166 pages s'inscrit dans la lignée des romans historiques. Valérie ZENATTI n'en fait pas des tonnes, elle choisit juste quelques événements de l'Histoire de France pour nous remémorer ce regard porté sur des étrangers, qui n'en étaient pas tant, mais que l'on appelait pourtant des "Tirailleurs Algériens". Et quand de surcroît, ils étaient juifs... 

 

[...] il a pourtant raté l'école pendant deux ans quand on l'a renvoyé en 1941 parce que la France avait décidé que les juifs d'Algérie étaient de nouveau des Indigènes. [...] Jacob l'avait regardé comme si on lui avait découvert une bosse dans le dos [...]. P. 53

C'est aussi l'instabilité du Colonisateur qu'elle met en exergue dans des faits qui se suivent et ne se ressemblent pas. Peut-être quelques éclairages sur des événements du XXème siècle qui continuent de résonner aujourd'hui...

 

[...] maintenant la France ne le rejette plus, au contraire, elle le juge suffisamment français pour porter l'uniforme de son armée, il est lavé de la honte d'avoir été chassé de l'école. P. 54-55

Bien sûr, elle pose des questions d'identité, de religion, de nationalité...

 

La condition des femmes y est aussi abordée, comme les souffrances endurées par les familles, avant, pendant et après la 2de guerre mondiale.


Je vous le conseille !

 

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Les âmes soeurs de Valérie ZENATTI
 

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2015-01-14T13:36:56+01:00

Charlotte de David FOENKINOS

Publié par Tlivres
Charlotte de David FOENKINOS

Prix Renaudot 2014

Prix Goncourt des Lycéens 2014

Quel plaisir de démarrer l'année et la rubrique "Mes lectures" avec un Coup de coeur !

Je vous explique...


"Charlotte", c'est le dernier roman de David FOENKINOS. Il est inspiré de la vie de Charlotte SALOMON, une jeune peintre, allemande, assassinée à l'âge de 26 ans. Menacée, elle s'est attachée à léguer, avant son grand départ, une oeuvre autobiographique : "Vie ? ou Théâtre ?".
David FOENKINOS remonte le fil de l'existence de cette artiste méconnue, marquée dès son plus jeune âge par le suicide de toute une lignée de femmes de sa famille. Dans un contexte psychologique déjà difficile, elle subit de plein fouet la montée du nazisme et le repli de la communauté juive dont elle fait partie. Comme pour s'accrocher à la vie, elle se passionne pour la peinture, en particulier pour celle de la Renaissance. Un voyage en Italie avec ses grands parents la conforte dans cet attrait. Elle entre à l'Académie des Beaux Arts de Berlin où elle va nourrir son art. Malheureusement, les événements de l'époque la rattrapent, son avenir est remis en question.


Je ne vous en dis pas plus.


Il s'agit d'un très beau roman, très émouvant, dont la citation introductive de KAFKA du 19 octobre 1921 illustre parfaitement l'itinéraire de Charlotte SALOMON :

Celui qui, vivant, ne vient pas à bout de la vie, a besoin d'une main pour écarter un peu le désespoir que lui cause son destin.

Charlotte de David FOENKINOS

Vous l'aurez compris, ce roman revêt 2 dimensions. L'une intime avec cette répétition de suicides au sein d'un microcosme familial, un peu comme s'il n'y avait pas d'autre alternative possible, des femmes formatées pour s'auto-détruire, c'est terrifiant. Une autre, beaucoup plus large, qui correspond à la traque et à la déportation de la communauté juive.


Ce dernier sujet est assez communément traité mais David FOENKINOS, par son talent, en fait quelque chose d'exceptionnel. Il a choisi une forme littéraire toute particulière. Les phrases sont courtes, les retours à la ligne sont systématiques, le rythme de la lecture est précipité comme les événements de la vie de Charlotte SALOMON qui s'enchaînent à vitesse accélérée.

Parallèlement, cette forme permet à l'auteur de faire entrer son livre dans la catégorie des beaux objets avec des pages d'écriture qui prennent l'apparence de poèmes. C'est assez rare pour être souligné. Alors, quand l'auteur dédicace son oeuvre avec quelques traits de crayon pour représenter un visage, son livre devient assurément un très beau cadeau !

Avec ce roman, David FOENKINOS fait un acte fort, il assure la mémoire d'une artiste, hier méconnue, qui aujourd'hui se voit honorée dignement. J'ai recherché quelques toiles de Charlotte SALOMON, personnellement attirée par les couleurs lumineuses qui semblent les caractériser. Malheureusement, les librairies ont été dévalisées, le peu qui existait a été vendu. Toutefois, j'ai glané une petite information qui pourrait bien vous séduire. Les Editions Gallimard envisagent de publier, cette année, un beau livre réunissant le roman de David FOENKINOS et la copie d'un panel d'oeuvres de Charlotte SALOMON. Alors, ayez l'oeil !

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Dora Bruder de Patrick MODIANO

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