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Articles avec #mes lectures catégorie

2015-06-12T06:00:39+02:00

Le rêve de Jacek de Valentine GOBY

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Valentine GOBY, je l'ai rencontrée sur le Salon du Livre de Paris cette année. Elle venait de revevoir le prix littéraire des lycéens d'Ile-de-France pour "Kinderzimmer" que j'ai ramené dans mon sac à dos bien sûr...


Cette écrivaine, une femme au large sourire, dynamique et pleine d'énergie, est l'auteure d'une collection de docu-fictions sur l'histoire de l'immigration en France : "Français d'ailleurs".


Je viens de lire "Le rêve de Jacek". Un jeune homme d'origine polonaise arrive en France dans les années 1930. Il fait partie de la grande vague d'immigration des Polonais. Pour eux : une destination, les corons du Nord ; une activité : la mine. Jacek qui vit au milieu des siens à Dourges, rêve de la mine dans laquelle seuls les hommes ont le droit de descendre. Mais c'est sans compter le pouvoir de sa mère de freiner cette descente dans le puits qui a déjà fait mourir tant d'hommes pour un salaire de misère.


Cet album jeunesse est très bien construit, avec des textes imprimés sur des pages d'écoliers ponctuées de citations pour mémoriser l'essentiel et d'illustrations. Il retrace les mouvements de populations, les difficultés d'intégration des migrants, les souffrances liées à l'exil, aux conditions de travail et de vie... à travers 2 générations (celle des parents et celle d'un jeune adolescent).


Ecrit et illustré en partenariat avec la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration, il s'achève par un dossier très documenté sur l'immigration polonaise en France. De quoi découvrir une page de l'Histoire de notre pays d'une manière originale !


C'est un formidable outil pédagogique pour aborder des sujets qui ne cessent d'interroger notre société.

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2015-06-11T14:21:54+02:00

Check-Point de Jean-Christophe RUFIN

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Je n'y avais pas prêté attention et pourtant, ces derniers temps, je n'ai fait confiance qu'à des auteurs fétiches : Sandrine COLLETTE, Michel BUSSI et maintenant Jean-Christophe RUFIN.


Lui, il est époustouflant ! Il change de registre comme de chemise, et ça lui va bien !


Qu'il s'agisse de romans historiques, de romans d'anticipation, de récits de vie, d'essais, chaque fois, son talent excelle.


Son dernier roman, c'est un thriller organisé autour d'un convoi humanitaire. 4 garçons et 1 fille se lancent dans l'aventure en 1995, direction la Bosnie, pays alors en guerre. 2 camions chargés de marchandises vont parcourir un itinéraire semé d'embûches. Entre les reliefs méconnus et les check-points aléatoires, les émotions sont fortes. Et si tous sont "recrutés" par une même ONG, leurs motivations se distinguent. Elles ne tarderont pas à se dévoiler, pour le meilleur et pour le pire...


Là encore, le genre de ce livre nécessite que j'en dise le moins possible !


Sachez toutefois que j'ai passé un très agréable moment de lecture avec du suspense, des surprises, mais aussi, la découverte de l'humanitaire d'aujourd'hui dont le portrait brossé par Jean-Christophe RUFIN est sans concession. Ce roman pose d'excellentes questions me semble-t-il...


Qu'en pensez-vous ?

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2015-06-08T06:10:44+02:00

Nymphéas noirs de Michel BUSSI

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Nymphéas noirs de Michel BUSSI

Michel BUSSI,


* c'est : "Un avion sans elle", "Ne lâche pas ma main", "N'oublier jamais",


* c'est aussi "Gravé dans le sable" que je n'ai pas encore lu,


* c'est enfin "Nymphéas noirs", ce roman paru en 2011, qui a reçu cinq prix littéraires et que ma fille m'avait chaudement recommandé, j'ai suivi son conseil, et j'ai bien fait !

Nous voilà à Giverny, le village de Monet, ses jardins, sa maison. Les tableaux impressionnistes nous donnent à voir une campagne fleurie, bucolique, où l'on aurait envie de se promener, de flâner en toute quiétude, ou presque...


Michel BUSSI a choisi ce cadre tant convoité par les touristes (y compris à l'excès !) pour nous donner des sueurs froides, nous faire peur et haleter autour d'affaires pas très claires.


Tout tourne autour de trois femmes :


La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste. [...] La première habitait dans un grand moulin au bord d'un ruisseau, sur le chemin du Roy ; la deuxième occupait un a ppartement mansardé au-dessus de l'école, rue Blanche-Hoschedé-Monet ; la troisième vivait chez sa mère, une petite maison dont la peinture aux murs se décollait, rue du Château-d'eau. P. 13

Vous avez envie de savoir ce qui unit ces trois destins ?


Et bien, lisez : "Nymphéas noirs".


Ce roman fait partie de ceux dont il ne faut pas trop en dire pour laisser aux lecteurs le plaisir de la découverte.


Pour celles et ceux qui ont aimé un roman de BUSSI, rassurez-vous, il est signé, et avec talent.


J'ai adoré !

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2015-06-06T15:55:27+02:00

Six fourmis blanches de Sandrine COLLETTE

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Six fourmis blanches de Sandrine COLLETTE

Très belle rencontre de l'auteure de 3 romans noirs : "Des noeud d'acier", "Un vent de cendres" et "Six fourmis blanches" samedi matin au Café Littéraire des Justices à Angers (ça fait une semaine déjà, je patine sur le blog en ce moment !!!).


Son dernier roman fait la part belle à 2 histoires distinctes qui s'uniront progressivement... à la vie à la mort !


Il y a Mathias, cet homme d'Albanie qui passe son existence à perpétuer les rituels de son peuple enseignés par son grand père, aujourd'hui décédé. Il sacrifie des chèvres pour chasser les mauvais esprits et porter bonheur aux nouveaux nés, aux nouveaux mariés... Avec ses osselets, il identifie la bête qui "l'appelle". Mais un jour, les osselets lui résistent, impuissants à désigner celle qui devrait éloigner le diable de la famille Carche, une famille puissante du village.

Et puis, il y a Lou et Elias, un couple de jeunes amoureux. Ils se sont rencontrés à Bologne lors de leurs études. Elle est paysagiste, lui est ostéopathe. Un trecking test en montagne leur est offert, en Albanie justement.

Trois jours d'un mois de mars radieux et gelé, pour découvrir la montagne comme nous ne l'avons jamais vue, pas sur les pistes à touristes de base, mais à travers les chemins abrupts et glacés qui mènent sur les crêtes et qui sont d'habitude réservés aux randonneurs chevronnés. Page 23

Lou et Elias font connaissance avec Arielle et Lucas, Etienne et Marc, leurs compagnons d'aventure. C'est Vigan, leur guide, qui va repérer le risque le premier :

Le ciel est blanc là bas. Page 66

Vous imaginez la suite... enfin non, vous ne pouvez pas !


Parce que Sandrine COLLETTE a de l'imagination et que le rythme et le suspense sont 2 valeurs qu'elle travaille ardemment pour un résultat d'altitude !


Cette écrivaine, je l'ai découverte avec "Un vent de cendres", j'avais beaucoup aimé. De nombreuses images sont encore gravées dans mon esprit bien que sa lecture date un peu maintenant. C'est souvent là le signe d'un bon crû. Et quand il s'agit de vendanges, le terme est à propos !


J'ai beaucoup aimé "Six fourmis blanches" aussi. Peut-être l'attrait du trecking mais aussi le côté irrationnel, spirituel, de la montagne et des rites, la magie des lieux et des traditions...


J'ai aussi beaucoup apprécié Sandrine COLLETTE au gré de cette rencontre. Pas moins de 2h30 à échanger sur son style d'écriture, son inspiration... C'est assurément "une très belle personne", une femme spontanée, nature, sans chichi, authentique quoi ! Et je ne vous dévoile pas la dédicace... rien à voir avec ce qu'elle aurait pu écrire sur un salon où les lecteurs se suivent et se ressemblent, ou pas !!!


Vivement la parution de son 4ème roman !


Très beau souvenir d'un samedi matin au milieu des livres, et des passionnées de livres !!!

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2015-05-28T05:24:07+02:00

Buvard de Julia KERNINON

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Une fois n'est pas coutume, je vous livre la 4ème de couverture :


"Cela ressemble à quoi, un écrivain ? Quand Lou passe pour la première fois la porte de Caroline N. Spacek, il ne connaît d'elle que ses livres. D'ailleurs, il ne comprend pas pourquoi elle a accepté de le recevoir, lui, le simple étudiant. À 39 ans, Caroline N. Spacek vit recluse dans la campagne anglaise, après avoir connu une gloire précoce et scandaleuse. Enfant terrible de la littérature, ses premiers romans ont choqué par la violence de leur univers et la perfection de leur style. Issue d'un milieu marginal, elle a appris très jeune à combattre, elle a aussi appris à fuir.


Mais Lou va l'apprivoiser. Alors ensemble, durant un été torride, ils vont reconstruire une trajectoire minée de secrets."

Vous vous dites que ça commence bien... si je n'arrive pas à résumer le roman, et vous aurez raison. En fait, j'ai lu ce roman avec plaisir mais sans plus !


Il y a bien ces 2 êtres qui se retrouvent à huis clos, ces 2 personnes marquées par une enfance douloureuse dont les souvenirs resurgissent au gré des échanges.


Il y a bien la relation au corps et le parallèle fait avec les mots :

Je l'écoutais parler et il me touchait - avec des mots - moi qui n'avais jusqu'ici été touchée que par des mains. Je voulais tout comprendre. Je voulais entrer dans son monde et pouvoir me fondre à mon tour dans l'impeccabilité des phrases. [...] Alors, petit à petit, je me suis mise à parler à mon tour. P. 55

Il y a bien une écriture agréable, fluide, mais qui ne m'a pas tenue en haleine.


Bref, je pense être passée à côté !


Je ne vais donc pas en faire des tonnes mais juste vous donner mon classement pour le Prix Cezam 2015, "Le dernier gardien d'Ellis Island" de Gaëlle JOSSE reste définitivement mon favori !


* De père légalement inconnu de Françoise CLOAREC

* Le complexe d'Eden Bellwether de Benjamin WOOD,

* Le liseur du 6h27 de Jean-Paul DIDIERLAURENT,

* L'oubli de Emma HEALEY.

* Buvard de Julia KERNINON

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2015-05-15T20:54:40+02:00

De père légalement inconnu de Françoise CLOAREC

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Hasard des choix de lectures, "Chemins" de Michèle LESBRE et "De père légalement inconnu" de Françoise CLOAREC traitent de cette même quête d'origine avec cette singularité de la recherche du père !


Il n'aura pas fallu, pour Camille, plus qu'un parfum de rouge à lèvres essayé sur Paris pour que ressurgissent avec une violence inouie les souvenirs d'une soirée passée avec sa mère en ao dai blanc satiné, cette tenue traditionnelle vietnamienne.


Depuis une quarantaine d'années, Camille est en quête de son père. Sa mère, Thi Vien, est décédée depuis 10 ans maintenant. Elle est partie avec son secret. Camille a déjà mené de nombreuses enquêtes mais qui, malheureusement, n'ont jamais abouti. Son fils lui conseille d'explorer une dernière piste avant d'abandonner...

De père légalement inconnu de Françoise CLOAREC

Autant vous le dire tout de suite, ce roman est un coup de coeur. Dès les premières pages, j'ai été captivée par la quête de cette femme sur les traces de son histoire personnelle qui donne un éclairage éblouissant sur l'Histoire de France.

Remontons au début des années 1940, le Vietnam est encore une colonie française. Le Viet Minh, mouvement communiste, revendique l'indépendance de ce territoire à partir de 1945. La France y déploie alors ses forces armées, et bientôt, le conflit prend la dimension d'une véritable guerre à laquelle les Français capituleront en 1954.


Entre-temps, des militaires, des hommes, vivent au contact des populations, en particulier des femmes. Des rapprochements s'opèrent, certains par la voie de la prostitution, d'autres par celle de l'amour. Des enfants naissent de ces relations avec un avenir méconnu que ce roman de Françoise CLOAREC a le mérite de dévoiler.


Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus mais je voudrais vous inciter vivement à le lire parce que 3500 enfants ont vécu un parcours absolument ahurissant. N'oublions pas que ces enfants ont grandi et sont aujourd'hui des personnes âgées, ils sont certainement devenus parents, ils sont peut-être des grands parents, et c'est donc toute une filiation qui porte les traits de ce passé.


Dès les premières pages, j'ai été séduite par la plume de Françoise CLOAREC, une plume délicate, poétique, qui traite des sentiments avec pudeur et respect, à l'image de la mère de la narratrice.


C'est un roman qui donne à voir l'interculturalité, le mélange des genres, la difficulté des êtres à trouver des repères pour se construire, et l'importance des objets, des décors, des parfums, qui font la richesse de la vie quotidienne et imprègnent les individus jusqu'au plus profond d'eux-mêmes...

Le soir, Thi Vien lui raconte des histoires, contes et légendes. Pour Camille, le vietnamien est la langue de l'amour, celle qui berce son sommeil et ses rêves, celle qu'elle retrouve au réveil. Les mots sont liés à tout son être, à des essences, des saveurs, des effleurements, à la soie, à des brumes, aux scintillements d'une pluie. P. 79

De père légalement inconnu de Françoise CLOAREC

C'est aussi un roman qui s'attache à montrer que la vie d'enfants a reposé sur des choix réalisés par des hommes, qu'il n'y avait pas une seule position possible mais au moins 2 envisageables, que les femmes n'avaient alors pas de droit particulier dans le destin des fruits de leur propre chair. Décider c'est renoncer. Quand il s'agit d'avenir d'enfants, ces décisions ont des conséquences incommensurables qui se transmettent de génération en génération.


Cette écrivaine, je ne l'avais pas repérée par le passé, et pourtant, il s'agit de l'auteure de "La vie rêvée de Séraphine de Senlis", roman qui a été porté au cinéma par Martin PROVOST avec Yolande MOREAU !


Ce roman m'a profondément émue, j'en suis bouleversée.


Il fait partie de la sélection du Prix Cezam 2015. Je vais devoir revoir mon classement pour le glisser en 2ème place, juste derrière "Le dernier gardien d'Ellis Island" de Gaëlle JOSSE qui reste toujours mon choucou !


Voici donc mon classement actualisé :


1 Le dernier gardien d'Ellis Island de Gaëlle JOSSE,

2 De père légalement inconnu de Françoise CLOAREC

3 Le complexe d'Eden Bellwether de Benjamin WOOD,

4 Le liseur du 6h27 de Jean-Paul DIDIERLAURENT,

5 L'oubli de Emma HEALEY.

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2015-05-13T21:05:58+02:00

Chemins de Michèle LESBRE

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Chemins, c'est le dernier roman de Michèle LESBRE et comme vous connaissez mon attachement à cette écrivaine, vous ne serez pas étonné-e-s de me voir satisfaite de cette lecture même si...


"J'ai trois ans. Un homme qui me paraît immense entre dans la minuscule cuisine de l'appartement rue du Souci à Poitiers, me prend dans ses bras, je ne l'ai jamais vu. Ma mère me demande de l'appeler papa. C'est mon père. C'est là que tout commence."


C'est là que tout commence et pourtant, la narratrice attendra d'avoir 50 ans de plus pour remonter le fil des souvenirs, retourner sur les traces de son enfance, de ces moments de complicité avec sa mère, son père...


La narratrice se saisit d'une image insolite, celle d'un homme lisant "Scènes de la vie de bohème" de Henry MURGER, ce livre que lisait son père...


Cette femme est en errance, elle déambule au gré de la résurgence des souvenirs et des rencontres aléatoires qui se présentent à elle.


Dans ce roman, la Loire occupe une place très importante, la nature également. Ces éléments renforcent encore la solitude de la narratrice et sa capacité à se ressourcer dans cet univers.
Le titre est au pluriel et c'est bien tout un panel de chemins que nous offre Michèle LESBRE avec son tout dernier roman. Il n'y a pas une vérité mais tout un champ de possibles que les lecteurs peuvent explorer au gré de leurs envies. Rien n'est jamais défini, tout laisse à penser que...


Ce n'est pas le meilleur des romans de Michèle LESBRE mais cette quête du père, des origines... a su capter mon attention.

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2015-04-27T05:54:48+02:00

La promesse de l'aube de Romain GARY

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La promesse de l'aube de Romain GARY
La promesse de l'aube de Romain GARY

Romain GARY, je m'en souviens, je l'avais lu au collège mais il ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable.


Romain GARY, je m'en souviens aussi pour le tabac fait l'année dernière autour du 100ème anniversaire de sa naissance. Et pourtant, j'avais résisté à l'appel de toutes les rééditions de ces romans pour l'événement !


Il aura donc fallu que ma grande fille décide de se laisser séduire par ce classique et qu'elle soit interpellée par une femme, initiée semble-t-il, dans le métro parisien lui déclarant qu'elle avait beaucoup de chance de lire ce très beau livre, pour que je me décide enfin à le re-lire...


Et c'est un véritable coup de coeur, je dois bien l'avouer.


La promesse de l'aube est en réalité un récit autobiographique de l'écrivain qui commence à ses 13 ans. Il vit seul avec sa mère qui voue pour son fils un amour incommensurable. Elle est prête à tous les sacrifices pour lui permettre de manger, chaque midi, un bifteck. Ce plat est toute sa fierté. Fille d'un horloger juif de la steppe russe, mariée à 16 ans, divorcée, remariée, redivorcée, elle rivalise d'ingéniosité en affaires pour assurer leur survie à tous les 2. Elle rêve son fils artiste, d'abord violoniste, ensuite danseur.

Ses propres ambitions artistiques ne s'étaient jamais accomplies et elle comptait sur moi pour les réaliser. P. 27

Elle va le détourner de la peinture, pas assez bien pour lui.


La maladie frappera pourtant cet être prometteur et là, un voyage à destination de la France s'imposera. Leur installation à Nice sera un nouveau départ. Sa mère décrochera un marché immobilier inespéré qui lui assurera un travail. Romain fera des études de droit. Parallèlement, il mènera son apprentissage dans les services militaires, de quoi lui assurer des missions dans le cadre de la seconde guerre mondiale. Quand il rentrera, une surprise incroyable l'attendra !


C'est un très beau récit, je l'ai lu avec beaucoup d'enthousiasme. La vie de cet homme m'a émue. C'est une très belle re-découverte. En fait, je me pose vraiment la question de l'intérêt de proposer ce type de lecture à des pré-adolescents ou adolescents. Non pas, qu'ils ne soient pas capables de lire un tel récit mais je crois, comme l'indique son auteur, qu'avec le recul de la vie, les épreuves de cette classe d'âge prennent un sens tout particulier.

Ce fut seulement aux abords de la quarantaine que je commençais à comprendre. P. 38

Quand on est mère d'un grand garçon (aussi !), ce récit résonne tout particulièrement même si dans ce cas précis, il n'y a aucune "concurrence" de quiconque, ni mari, ni autre enfant... ce qui donne à ce parcours initiatique une certaine singularité.


Pour autant, je m'interroge. Une mère n'a peut-être pas toujours conscience des conséquences de son amour sur la construction de son fils justement...

Il n'est pas bon d'être tellement aimé si jeune, si tôt. ça vous donne de mauvaises habitudes. [...] Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. [...] Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cr, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. P. 38

J'ai été très sensible à la démarche artistique de Romain GARY depuis sa quête d'un pseudonyme jusqu'à l'écriture. Tout au long de ce récit, il décrit sa manière très personnelle d'appréhender la création littéraire et il en parle très bien...

Un artiste véritable ne se laisse pas vaincre par son matériau, il cherche à imposer son inspiration à la matière brute, essaye de donner au magma une forme, un sens, une expression. P. 366

Merci à ma grande fille pour cette très belle référence. Elle connaît bien sa mère !!!

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2015-04-26T11:33:09+02:00

Mudwoman de Joyce Carol OATES

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Mudwoman de Joyce Carol OATES

Coup de coeur pour ce roman de Joyce Carol OATES !


Après "Les chutes" et "La fille du fossoyeur", je suis de nouveau conquise par la plume de Joyce Carol OATES avec "Mudwoman".


En 1965, une petite fille, maltraitée, est en train de se noyer dans l'eau marécageuse de la Black River, rivière située au Sud Ouest des Adirondacks dans le Comté de Beechum aux Etats Unis. Mais, c'est sans compter l'intervention d'un jeune homme, un peu simplet, qui aperçoit d'abord une poupée à la surface de l'eau, et puis le petit corps gisant dans une boue immonde.


En 2002, M.R. Neukirchen, doctorante en philosophie, est la première femme Présidente d'une Université américaine. Son chauffeur, Carlos, l'a déposée à l'Hôtel. Elle doit tenir le discours inaugural d'un congrès. Mais, l'envie lui prend d'aller errer dans les montagnes de son enfance à quelques heures de route.


M.R., entendez Meredith Ruth, entretient une relation amoureuse avec Andre Litovik. Mais, il ne peut être plus qu'un amant (secret), cet homme vit une double vie.


Et ce n'est pas tout ! Il ne s'agit là que de quelques amuse-bouches...


Vous le savez, les romans de Joyce Carol OATES sont d'une très grande densité. Les parcours sont croisés, complexes, faits de rebondissements, qui donnent un rythme insoutenable à la lecture, au point de vous faire perdre totalement le sommeil !


Quand vous ouvrez un roman de Joyce Carol OATES, impossible de le lâcher. Après une 3ème expérience, je commence à croire qu'il s'agit là d'une singularité de l'écriture de cette écrivaine américaine.


Et pour notre plus grand bonheur, elle est toujours aujourd'hui très prolifique, de quoi nous assurer encore de très beaux moments d'évasion...


Petit clin d'oeil à Delphine BERTHOLON, je vous livre cette citation :

[...] la solitude est la grande fécondité de l'esprit, quand elle ne signe pas sa destruction. P. 141

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2015-04-20T05:52:17+02:00

Pietra viva de Léonor de RECONDO

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Alors que les qualités d'écriture de Léonor de RECONDO sont encensées par les critiques littéraires, j'ai voulu insister pour savoir si j'étais passée à côté de quelque chose lors de ma lecture de "Amours". Parfois, le contexte, l'humeur... peuvent nuire à la perception de l'art ! Joliment dit, non ?

Nous sommes en 1505, Michelangelo quitte Rome pour Carrare. Il va y choisir des blocs de marbre pour réaliser une commande passée par le Pape Jules II. Mais ce n'est pas le seul motif de son départ. Alors qu'il travaille à la morgue, il voit arriver un corps dont il découvre rapidement qu'il s'agit de la dépouille de Frère Andrea qui représentait "la beauté à l'état pur, la perfection des traits, l'harmonie des muscles et des os". P. 14


Il profitera de ce séjour pour cotoyer les carriers, ces hommes condamnés à travailler dur pour extraire les blocs de pierre et permettre à l'artiste d'exceller.


Il y rencontrera un jeune garçon, Giovanni, marqué comme lui par la mort prématurée de sa mère. Il guidera ses pas...


Oui, mais, voilà, je n'ai pas été enthousiasmée plus que ça...


Certes, il y a de belles citations sur l'inspiration artistique, la liberté de l'artiste et la beauté de la nature, la sensibilité des femmes... mais je n'ai pas vibré ! Je n'ai pas été sensible au parcours de cet homme pourtant hors du commun.


Et à force de réfléchir, je me suis souvenue d'une lecture passée du temps de l'Antre des Mots : "Rêves oubliés". Je viens de consulter ma critique et ô surprise, je découvre une même déception !


Définitivement, je crois que je vais abandonner les lectures de cette auteure...

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2015-04-15T20:07:46+02:00

Le liseur du 6h27 de Jean Paul DIDIERLAURENT

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Ghislain Vignolles travaille dans une usine peu ordinaire, elle détruit les livres. Pour pallier le pouvoir de destruction de la Zerstor 500 et panser ses plaies, il a adopté un rituel. Chaque matin, dans le RER qui le conduit à son lieu de travail, le train de 6h27, il lit à voix haute à l'attention des voyageurs de sa rame le contenu des pages sauvées, la veille, in extremis des intestins de la Chose ! Mais, c'est Jean-Paul DIDIERLAURENT qui en parle le mieux...

Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débutait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant les livres emportaient avec eux un peu de cet écoeurement qui l'étouffait à l'approche de l'usine [...]. P. 13

Ce roman est un véritable hymne à la lecture et l'évasion qu'elle procure. Il y a les expériences collectives comme celles qu'organise Ghislain bientôt rattrapé par des propositions insoupçonnées... et puis les actions individuelles à l'image de Yvon Grimbert, le gardien exposé à tous les temps dans sa guérite, condamné à lever et baisser la barrière d'entrée au rythme du passage des livreurs, passionné par le théâtre lyrique depuis sa découverte d'un alexandrin ! Personnage hors norme !


Ce roman est aussi un petit concentré d'humour. Le ton est drôle, poétique, enjoué, fantaisiste..

 

La Chose ce matin s'était levée du bon piston. Elle happa et engloutit sa première ration d'ouvrages sans le moindre hoquet. Les marteaux, trop heureux de croquer autre chose que du vide, s'en donnèrent à coeur joie. Même les échines les plus nobles, les reliures les plus solides se retrouvèrent broyées en quelques secondes. P. 35

Ce roman est encore un livre qui met le doigt sur nos représentations, sur ce que nous soupçonnons que l'autre fait sans lui laisser la moindre chance de pouvoir nous surprendre. L'exemple de dame-pipi est excellent !

On attend d'une dame-pipi qu'elle nettoie, pas qu'elle écrive. Les gens peuvent concevoir que je fasse des mots fléchés, des mots croisés, des mots mêlés, des mots cachés, des mots enfermés dans toutes sortes de grilles. Ces mêmes gens peuvent également admettre que je lise à mes heures perdues des romans photos, des hebdos féminins, des magazines télé, mais que je pianote sur le clavier d'un ordinateur portable pour y coucher mes pensées, ça, ça leur interpelle l'entendement. P. 152

Ce roman est enfin une prouesse d'humanité, c'est un livre qui prend la mesure de chacun, de ses émotions, il y a de bons sentiments là dedans et c'est suffisamment rare pour être souligné.

"Le liseur du 6h27 " fait partie de la sélection du Prix Cezam 2015. J'avais laissé la possibilité à un livre de se glisser à la 3ème place ! Elle est donc pour lui après :


* Le dernier gardien d'Ellis Island de Gaëlle JOSSE,

* Le complexe d'Eden Bellwether de Benjamin WOOD,

et devant :


* L'oubli de Emma HEALEY.

Vous avez envie de passer quelques heures de plaisir, sans prétention, c'est le roman qu'il vous faut !

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2015-04-08T21:56:15+02:00

Hérétiques de Léonardo PADURA

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Hérétiques de Léonardo PADURA

Coup de coeur pour ce magnifique roman historique !

Traduit de l'espagnol par Elena ZAYAS

 

Leonardo PADURA, je ne connaissais pas encore... personne n'est parfait !


Peut-être connaissiez-vous "Mort d'un Chinois à la Havane" ? "Le Palmier et l'Etoile" ? "Les Brumes du passé" ? "L'homme qui aimait les chiens" ? ou bien encore le cycle "Les quatre saisons" ?


Personnellement, j'ai donc commencé la découverte de cette plume avec le tout dernier roman publié en 2014 : "Hérétiques".


Daniel Kaminsky est né à Cracovie dans le quartier des bourgeois. Il est juif. Nous sommes en 1939, la pression se ressert autour de cette communauté, ses parents décident de confier leur fils à l'oncle Joseph, installé à la Havane. Eux iront le retrouver plus tard. Ils prendront le Saint-Louis, ce paquebot parti de Hambourg le 13 mai 1939 qui arrivera dans le port de Cuba 15 jours plus tard. A bord, 937 juifs autorisés à émigrer par le gouvernement national socialiste allemand. Ces réfugiés n'accosteront jamais en terre cubaine, ni américaine, ni canadienne. Ils repartiront en terre allemande où les attendra un destin macabre. Le petit Daniel âgé seulement de 9 ans ne fera qu'apercevoir ses parents et sa soeur sur le pont supérieur. Et pourtant, lui comme son oncle, y ont crû. Ils pensaient qu'ils étaient porteur d'un tableau de Rembrandt, bien familial, susceptible d'être monnayé et d'assurer leur survie en terre étrangère. En 2007, ce tableau est mis en vente dans une galérie londonniène. Commence alors une enquête pour reconstituer l'itinéraire de cette oeuvre depuis sa création au XVIIème siècle.


Ce roman est une formidable épopée à travers les siècles, à travers les continents.


C'est un roman historique d'une densité incroyable avec une multitude de repères chronologiques et des événements passés sous silence aujourd'hui dévoilés grâce au travail fabuleux de cet écrivain.


C'est aussi un très beau livre sur l'art, je vous laisse méditer cette citation :

 

En regardant votre oeuvre, une chose lui avait semblé évidente : l'art est pouvoir. Seulement cela ou surtout cela : le pouvoir. Non pas pour dominer des pays et changer des sociétés, pour provoquer des révolutions ou opprimer les autres. C'est le pouvoir de toucher l'âme des hommes et, à la fois, d'y semer les graines de son amélioration et de son bonheur... P. 596

nfin, c'est un roman qui porte un regard sur les tribus urbaines du XXIème siècle, le rapport au corps de ces groupuscules :

 

Cela explique pourquoi un fondement important des philosophies assimilées par ces jeunes consiste à dire que l'homme ne sera pas totalement libre tant qu'il n'aura pas fait disparaître en lui toute préoccupation concernant le corps. Pour commencer à se distancier de ce corps, ils accentuent sa laideur, ses zones d'ombre, ils le blessent, le marquent, le souillent, même si souvent ils le droguent pour s'en échapper sans en sortir. P. 503 504

Hérétiques de Léonardo PADURA

Ce roman est une véritable petite perle, 600 pages d'un pur bonheur, ne passez pas à côté !

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2015-04-07T20:52:28+02:00

Amours de Léonor de RECONDO

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Nous sommes au tout début du XXème siècle dans une propriété bourgeoise du Cher. Là s'organise une vie faite de rituels, tant pour Victoire et Anselme de BOISVAILLANT, les propriétaires, que pour les domestiques : Huguette, la "maîtresse à tout faire", Pierre, le cocher et jardinier, et Céleste qui vient compléter le trio. Monsieur étant insatisfait des nuits passées avec Madame, il s'offre (et je pèse mes mots !) un petit moment de plaisir avec Céleste qui resplendit la jeunesse et ne dit mot. Ce qui devait arriver arriva, Céleste découvre qu'elle est enceinte. Elle se dit qu'elle va pouvoir cacher cette grossesse avec un corset de Madame. Sa dernière la découvre dans sa chambre en train de faire son choix !


Vous pouvez l'imaginer, c'est une toute nouvelle vie qui va s'engager, à huis clos pour mieux enfouir les secrets...


Je ne connaissais pas l'écriture de Léonor de RECONDO et je l'ai plutôt appréciée.


J'ai aimé le rythme de ce roman, le suspense lié aux amours avec un "s", la fin surprenante...


J'ai aimé l'approche du corps tout au long de ce livre, il y a de magnifiques passages pour en exprimer sa condition, ses plaisirs aussi, ses désirs encore, ses mutations enfin.

 

Céleste, plongée dans une multitude d'émotions inconnues jusque là, réalise qu'elle a un corps. Cette découverte est purement sensorielle. Aucune idée, aucun concept de cela. Juste une certitude : ce corps est là, il embrasse la vie, la donne, l'insuffle. Il est d'une puissance vertigineuse. Ce corps toujours nié, uniquement utilisé pour les corvées de la vie courante, souvent celle des autres, prend une dimension nouvelle. P. 129

J'ai aimé aussi que ça soit des femmes qui transcendent les barrières sociales, des femmes qui osent, des femmes qui mènent la danse !


MAIS...


il manque un dernier ingrédient pour en faire un roman inoubliable.


C'est vrai que j'aime tout particulièrement les romans historiques, de ceux signés de Tracy CHEVALIER, Gaëlle JOSSE, Isabelle STIBBE, Melania G. MAZZUCO... des romans documentés dans lesquels la vie romancée des personnages est un prétexte à la découverte de faits historiques.


En fait, je crois que je sors frustrée de cette lecture. En lisant la 4ème de couverture : "Nous sommes en 1908", je me suis imaginée découvrir un pan de l'Histoire de France. J'aurais aimé que ce roman ait plus d'envergure, qu'il soit plus riche, plus soutenu...


Vous vous souvenez ? Ce roman faisait partie du trio de tête du 61ème prix des libraires avec "Le dernier gardien d'Ellis Island" de Gaëlle JOSSE et "Peine perdue" d'Olivier ADAM. Les 3 sont d'un bon niveau je vous l'accorde, mais mon chouchou reste quand même celui de Gaëlle JOSSE !


Je ne veux toutefois pas m'avouer vaincue, j'enchaîne avec un autre roman de Léonor de RECONDO : "Pietra viva". A très bientôt pour sa critique...

 

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2015-03-18T21:51:02+01:00

Trois jours à Oran d'Anne PLANTAGENET

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Trois jours à Oran d'Anne PLANTAGENET

En route pour un nouveau voyage !


Cette fois, j'ai accompagné Anne PLANTAGENET et son père sur la route de leurs souvenirs qui m'a menée jusqu'en Algérie, leur terre dont ils ont été dépossédés !


Anne PLANTAGENET nous livre le récit de sa vie, de ses parents, enseignants à Troyes, de sa grand mère paternelle née à Misserghin, près d'Oran. Alors que son couple vit un moment difficile, que son père atteint l'âge de la retraite, elle prend la décision de partir à la conquête de ses origines. Seul son père accepte l'invitation.


Commence alors un périple aux multiples émotions.


C'est un magnifique récit sur les souvenirs, les images qui vont inconsciemment se ranger dans la mémoire, ou pas, qui vont effacer les précédentes, ou pas...


Il y a ces petites choses qui tout à coup, ont le pouvoir de faire ressurgir le passé avec des émotions fortes. Ah, la cage à oiseaux !


Il y a l'Eglise aussi, ce lieu incontournable, témoin de tous les événements familiaux, pour le meilleur et pour le pire !


L'église blanche et majestueuse de la photo, s'élevant dans la campagne sèche au milieu des arbres et de rares toits aux vieilles tuiles. Où ont été baptisés les dix sept membres de ma famille, dont mon père, qui sont nés à la ferme. Où les frères de ma grand mère ont été enfants de choeur, sa nièce organiste, et où ont été célébrées les communions, la plupart des noces et aussi les messes d'enterrement de tous les Montoya morts à Misserghin avant 1962. P. 136

Il y a les hommes enfin. J'ai adoré ce passage où les occupants de la ferme toisent ces inconnus, se jaugent, et puis... se détendent, se confient... jusqu'à s'adopter. Un moment très émouvant. Le jeu des personnages, l'émotion du père, le ressenti de la narratrice sont autant de petites perles !

 


Mon père est totalement désorienté. Il regarde l'édifice d'un blanc sale, dont les vitraux ont été brisés et murés, comme on s'en aperçoit en en faisant le tour avec Amin. Il contemple toutes des maisons nouvelles surgies dans le champ où il jouait au foot enfant, ces poteaux électriques inexistants à l'époque, ces antennes paraboliques. Il n'a plus aucune référence. Seul un grand arbre, peut être, à droite de l'église n'a pas changé. P. 140

A partir d'une histoire singulière, ce récit de vie a le mérite de retracer une page de notre Histoire, celle des pieds noirs, que je connaissais peu et dont je mesure toute la souffrance aujourd'hui. Mais ce récit donne à voir également les motivations d'un tel retour sur la terre natale. Pourquoi réaliser cet itinéraire ? Anne PLANTAGENET essaie de répondre à cette question, à sa façon...


Très beau récit.

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2015-03-17T22:07:51+01:00

Trompe la mort de Jean Michel GUENASSIA

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C'est assez drôle comme parfois les lectures se suivent et se ressemblent, liées entre elles par un mystère incroyable.


Alors que le dernier roman que j'ai lu commençait avec la mort de Kweku, en direct, avec une narration à la 1ère personne du singulier, le nouveau roman que j'ouvre et que j'ai choisi par hasard (seul le nom de l'auteur a retenu mon attention, je ne connaissais rien de l'histoire mais je me souvenais d'un très bon moment passé à lire "Le Club des Incorrigibles Optimistes !) commence par ces premières lignes :


"Je suis mort le jeudi février 2004 à 7h35 du matin. Je ne sais pas si j'ai été tué alors que l'hélicoptère était en vol ou lorsqu'il s'est écrasé au sol. Personne n'a été capable de me le préciser. En vérité, je m'en fous. Le résultat est le même. J'ignore également si les souvenirs qui m'assaillent sont la preuve qu'il existe quelque chose après la mort et que je suis désormais un esprit qui volette dans l'immensité, ou si je vois défiler les événements les plus importants de ma vie avant de disparaître pour toujours...".


J'aurais pu renoncer à sa lecture, histoire de changer de genre, mais j'avais une irrésistible envie de lire le dernier roman de Jean Michel GUENASSIA et j'ai bien fait !


D'abord parce que, même si des sujets similaires y sont abordés : l'exil, les traditions, les souvenirs, la mémoire, l'attachement à sa terre natale... le contexte géographique est totalement différent : j'ai voyagé entre l'Inde, l'Irak et l'Angleterre.


Ensuite, parce que les personnages vivent une histoire particulière : une relation mère fils y est largement abordée mais aussi la fin de vie de pères en conflit avec leur progéniture et ce besoin irrépressible de partir serein en ayant tendu une dernière fois la main.


Enfin, parce que l'écriture est singulière. A chaque écrivain son style ! Pour Jean Michel GUENASSIA, elle est simple, fluide, elle décrit parfaitement les sentiments, tout en pudeur. Et puis, n'oublions pas qu'il s'agit d'un homme et que le regard peut différer de celui porté par une femme telle que Taiye SELASI.


Cerise sur le gâteau pour nous qui aimons lire !

Plus vite tu sauras lire, écrire, compter, plus vite tu seras libre. P. 286

Bref, j'ai passé un très bon moment de lecture.

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2015-03-12T07:54:00+01:00

Le ravissement des innocents de Taiye SELASI

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Traduit de l'anglais par Sylvie SCHNEITER


1er roman


Tout commence ainsi :


"Kweku meurt pieds nus un dimanche matin avant le lever du jour, ses pantoufles tels des chiens devant la porte de la chambre. Alors qu'il se tient sur le seuil entre la véranda fermée et le jardin, il envisage de retourner les chercher. Non. Ama, sa seconde épouse, dort dans cette chambre, les lèvres entrouvertes, le front un peu plissé, sa joue chaude en quête d'un coin frais sur l'oreiller, il ne veut pas la réveiller. Quand bien même il le tenterait, il n'y parviendrait pas."


Kweku est d'origine ghanéenne. Parti étudier aux Etats-Unis, il sera diplômé en médecine. Il y rencontrera sa 1ère épouse, Fola, d'origine nigériane. Un premier enfant, Olu, un garçon, naîtra à Baltimore. Suivront à Boston des jumeaux, un garçon, Kehinde, et une fille, Taiwo. La petite dernière, née prématurée de 10 semaines, Sadie, s'acrrochera à la vie comme personne. Alors que tout semblait réussir à Kweku, une intervention chirurgicale qu'il jugeait injustifiée le fera plonger. Une nouvelle vie pour toute sa famille commence alors...


Ce premier roman de Taiye SELASI nous transporte entre les continents africain et américain en passant par l'européen. C'est un véritable jubilé interculturel autour de la vie, de la mort aussi. Je vous laisse méditer cette citation...

Au cas où un malheureux nourrisson ne survivrait pas le week end, on décourageait ses parents de choisir un prénom et on gribouillait "Bébé" devant le patronyme sur l'étiquette de la couveuse. P. 24 25

C'est le parcours de toute une famille dont chaque membre affronte l'existence avec ses forces et ses faiblesses.


C'est notamment un très beau portrait de femme, le combat d'une mère de famille en terre étrangère pour donner le meilleur à ses enfants, leur donner de quoi manger, les éduquer, les aider à se construire. Dupée, elle a parfois fait de mauvais choix dont ses enfants portent les empreintes, mais, n'est ce pas la vie ?


Je me suis littéralement laissée porter par cette femme qui, pour certains paraitrait ordinaire, mais qui, pour moi, revêt des dimensions hors du commun, une très belle personne !


C'est enfin le retour aux origines, l'appel irrésistible de la terre natale.


Un beau 1er roman à découvrir.

 

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2015-02-28T22:12:42+01:00

La bibliothèque des coeurs cabossés de Katarina BIVALD

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Je vous emmène en Suède où Sara travaille dans une librairie depuis une dizaine d'années. Malheureusement, la librairie ferme, Sara perd son emploi. Elle décide de partir en voyage. Sa destination : l'Iowa aux Etats-Unis. Elle entretient une correspondance depuis deux ans avec une vieille dame qui vit là bas. Au gré de leurs échanges épistolaires, elles partagent leur passion pour les livres. Mais voilà, quand Sara atterrit aux Etats-Unis, Amy vient juste de décéder. Les voisins et amis de cette vieille dame vont prendre en charge Sara, lui confier la maison d'Amy dont elle va partir à la découverte. Après quelques hésitations, et quelques verres d'alcool, elle décide de franchir le seuil de la chambre de la vieille dame, et là, "my god", elle découvre une foultitude de livres. Une fois la surprise digérée, elle monte le projet d'ouvrir une librairie dans l'une des nombreuses boutiques du village laissées à l'abandon. Elle va vivre un élan de solidarité. Commence alors pour elle une nouvelle aventure... peut-être une nouvelle vie ?


Je sors de cette lecture avec un avis en demi-teinte.


Certes, il y a le monde des livres et là, pour nous lecteur trice s, impossible de ne pas se laisser séduire par autant de voyages qu'il y a d'ouvrages ! Quelques très belles citations témoignent du pouvoir des livres.

Ensemble, nous allons diffuser des livres et des histoires dans Broken Wheel. P. 146

Il y a aussi un très beau passage qui ressemble de beaucoup à la citation de Sénèque de l'en tête de "T Livres ? T Arts ?" et qui donne du sens aux blogs et autres pages facebook dont nous nous enivrons tous ensemble 

 

Les livres sont fantastiques et prennent sans doute toute leur valeur dans un chalet au fond de la forêt, mais quel plaisir y a-t-il à lire un livre merveilleux, si on ne peut pas le signaler à d'autres personnes, en parler et le crier à tout bout de champ ? P. 189

C'est aussi un roman qui dissèque la vie de quelques uns des habitants de ce village qui étaient des amis d'Amy, ces "coeurs cabossés" que Sara va rencontrer.

 

Ce roman est un petit bonbon sucré qu'on laisse fondre sous la langue MAIS voilà, je reste sur ma faim !


En fait, je pense que l'erreur vient de s'être rassasiée de romans historiques qui m'ont plongée dans des univers méconnus dont j'ai beaucoup appris, de romans policiers qui m'ont fait tourner les pages à vitesse grand V et vivre des moments haletants. "La bibliothèque des coeurs cabossés" est un roman qui utilise comme ingrédients seulement les bons sentiments, et là, la saveur est un peu fade. Je suis assez fière de moi, c'est bien dit !


Pour celles et ceux qui lisent peu, ce roman peut offrir un très bon moment de lecture. Alors, laissez vous tenter...


Pour les autres, maintenant que vous connaissez mes goûts, j'attends vos références !!!

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2015-02-25T12:36:15+01:00

L'oeil du prince de Frédérique DEGHELT

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Quand j'accumule les coups de coeur comme en ce début d'année, je crains toujours la lecture qui va me faire retomber... dans un environnement plus ordinaire, plus fade, moins grisant, moins pétillant. C'est ce qui s'est produit avec le tout dernier roman de Frédérique DEGHELT.


Je croyais bien connaître cette écrivaine pour avoir lu "La brume des apparences", "La nonne et le brigand", "La grand mère de Jade", "La vie d'une autre"... et pourtant, la lecture de son dernier roman n'a pas été à la hauteur du plaisir passé.


4 histoires se succèdent : celle de Mélodie, une adolescente cannoise ; celle de Yann, un Français expatrié aux Etats Unis et frappé par un profond chagrin ; celle de Benoît dont le couple part à la dérive ; celle enfin d'Alceste et Agnès bâtie sur des correspondances clandestines. A chacune est dédiée un chapitre, le 5ème étant censé dévoiler les secrets d'une famille et les liens entre tous ces personnages.


Malheureusement, l'alchimie ne s'est pas faite, la magie n'a pas opéré !


Il y avait pourtant de bons ingrédients qui auraient pu, à eux seuls, faire l'objet d'un roman. Je pense à la résilience de Yann, à la liaison extraordinaire d'Alceste et Agnès dans un environnement ô combien hostile... J'aurais aimé, je crois, partager plus longuement leur quotidien.

 

Dommage !

 

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2015-02-24T21:11:03+01:00

Le singe de Hartlepool de Wilfrid LUPANO et Jérémie MOREAU

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Je vous propose de commencer la semaine avec une BD, éditée par Delcourt et lauréate du Prix des Libraires 2012. J'étais passée à côté !


Mais dans le contexte actuel, impossible de ne pas la lire.


Cette BD est inspirée d'une légende qui date maintenant, l'époque napoléoniènne, vous voyez un peu... et pourtant, elle demeure intacte encore aujourd'hui : les habitants de Hartlepool sont toujours surnommés les "monkeys hangers", en français "les pendeurs de singe" ; c'est aussi le surnom du club de supporters de l'équipe de football... Plus encore, en 2002, un homme candidat aux élections municipales s'est présenté en costume de singe et il a été élu, puis réélu en 2005 et 2009 !


Cette légende prend sa source dans le naufrage d'un navire français au large des côtes anglaises. Il n'y aura qu'un seul survivant : un singe que les Anglais prendront pour un Français, de quoi ridiculiser ces ignorants.


L'erreur est grossière et prête à rire mais parfois, le diable se cache dans les détails...


Jérémie MOREAU met son talent à la disposition de cette histoire avec une palette de couleurs variées entre les nuances de marron et de rouge.


C'est un très bel album qui peut se révéler être un très bon support pédagogique pour susciter des débats sur la différence, la portée de notre regard sur l'Autre... cet inconnu qui fait peur et inspire tous les fantasmes, l'ennemi idéal !


C'est en luttant contre l'ignorance que nous vaincrons ce climat d'intolérance, j'en suis persuadée. Saluons le travail des artistes qui y contribuent ! 

 

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2015-02-17T07:37:09+01:00

Sauf quand on les aime de Frédérique MARTIN

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Sauf quand on les aime de Frédérique MARTIN

Tout commence avec l'agression de Tisha, une jeune femme noire, dans un train, l'homme n'acceptant pas qu'elle refuse de lui communiquer son numéro de téléphone portable. Alors, fusent les propos coléreux et racistes. Les voyageurs restent médusés devant ce déferlement de violence à l'exception d'une femme d'âge mûr qui prend l'initiative d'inviter la victime à venir s'asseoir à ses côtés, utilisant son corps à elle comme d'un bouclier. Elle engage la conversation avec cet homme pour faire diversion. Elle poursuit cet échange à l'arrivée en gare pour permettre à Tisha de se sauver. Claire, restée tétanisée pendant l'agression, décide de suivre Tisha pour vérifier qu'elle est bien en sécurité. Elle se retrouve nez à nez avec la jeune femme qui lui avoue ses déboires et ne pas avoir de toit pour la nuit. Claire propose de l'accueillir. Elle impose sa présence à ses colocataires, Juliette et Kader. Commence alors pour chacun une nouvelle vie...


Frédérique MARTIN se penche de nouveau au chevet de notre société du XXIème siècle pour en explorer les tréfonds. Après avoir abordé la situation des personnes âgées dans "Le vase où meurt cette verveine", elle consacre son tout nouveau roman, très réussi, à la jeunesse désenchantée d'aujourd'hui et à toutes les formes de violence qui l'affectent.


Elle frappe très fort dès les premières lignes avec ce fait qui pourrait être classé dans la catégorie du harcèlement de rue, nouveau phénomène de société qui commence à être dénoncé par les femmes qui ne peuvent plus se déplacer sans se faire siffler, insulter, et se faire demander leur 06. Quand les femmes refusent, elles s'exposent à ce type de comportement et je crois que c'est important de mettre le doigt sur ce nouveau fléau qui entrave la liberté des femmes en particulier.


Elle poursuit en explorant la colocation, cette nouvelle forme de logement qui s'impose aujourd'hui comme une évidence, les jeunes ne pouvant assumer seul financièrement le paiement d'un loyer. Frédérique MARTIN dénonce le profond isolement de chacun, éloigné de ses parents vivant parfois à l'étranger. Cette cohabitation dans un même appartement ne saurait cacher cette solitude dans laquelle sombre la jeunesse, finalement pas si éloignée de celle que vivent les personnes âgées isolées, à l'image de ce Monsieur Brehel.


Le monde professionnel ne saurait être non plus source d'épanouissement. Petits boulots et activités sans grand intérêt représentent le lot quotidien de cette jeunesse en mal de reconnaissance.


Quant à l'amour, le monde des sentiments comme les voies de la sexualités sont autant d'apprentissages qui peuvent se révélés douloureux.


Après un début un peu difficile, déstabilisée moi-même par le vocabulaire et le ton du roman, je me suis finalement beaucoup attachée à ces jeunes aux parcours chaotiques au risque d'atteindre un trop plein d'émotion et de fondre littéralement en larmes devant le destin de Tisha et Kader. Comment avons-nous fait pour engendrer un tel monde et oser le léguer à nos enfants ?

Sauf quand on les aime de Frédérique MARTIN

J'avoue, je les cumule depuis le début de cette année, mais je suis bien obligée de le dire : "Sauf quand on les aime" est un coup de coeur !

Dernier clin d'oeil à Frédérique MARTIN qui a eu la formidable idée de reconstituer l'univers sonore de la création de son dernier roman. Ingénieux ! Il ne vous reste plus qu'à écouter...


Personnellement, j'aime beaucoup Zoe KEATING jouant "Optimist". Je ne pouvais décemment pas vous abandonner sans une petite touche "optimiste" !

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