/image%2F1400564%2F20151202%2Fob_faded7_nos-vies-desaccordees.jpg)
Le choix des livres en Bibliothèque me fascine toujours, il y a des choses que je maîtrise, et beaucoup d'autres, pas du tout !
Comme vous je suppose, je note des références glanées par-ci par-là, sur un petit carnet dédié, mais aussi sur un bout d'enveloppe déchirée, sur un post it, au dos d'un ticket de caisse, parfois dans le creux de ma main, mais là, attention à la pérennité de l'information !!!
Quand je vais à la Bibliothèque, je fouine dans ce qui s'appelle un sac à main et qui représente une véritable mine d'or pour celle ou celui qui en maîtrise les codes !!! Avant de partir, il m'arrive de le mettre sens dessus dessous pour y découvrir tous mes trésors et sortir celui qui m'offrira à coup sûr quelques heures de bonheur... j'évite de le faire en Bibliothèque, ça ne fait pas très sérieux !!!
C'est ce qui s'est passé avec "Nos vies désaccordées" de Gaëlle JOSSE. Ce livre, il était noté sur plusieurs petites choses que je ne détaillerais pas ici au risque de blesser l'auteure (clin d'oeil bien sûr). Je ne pouvais donc décemment pas ressortir de ce haut lieu de la culture sans lui, et là, miracle, l'extase... sur l'étagère, il m'attend !!!
Je parcours la 4ème de couverture, et là, je me dis qu'il y a vraiment quelque chose d'incroyable ! Alors que je sors de la lecture de "L'effert Larsen" de Delphine BERTHOLON qui traite de la maladie mentale et de l'art, voilà que je replonge...
Je vous livre un extrait de "Nos vies désaccordées" :
C'était il y a deux mois, trois mois, ou davantage. Je ne sais plus. J'ai reçu ce message :
"Bonsoir Monsieur Vallier,
Je visite souvent votre site et je me permets aujourd'hui de venir vous témoigner ma reconnaissance. Grâce à vous, la musique fait partie de ma vie et je tenais à vous le dire. J'espère avoir la chance de vous entendre un jour en concert.
Bien sincèrement,
Philippe Margeret"
Jusque là, rien que de très classique. La bombe a explosé un peu plus loin.
"P.-S. : La façon dont j'ai découvert vos enregistrements vous surprendra peut-être : je suis infirmier psychiatrique à Valmezan dans les Hautes-Pyrennées et l'une de nos jeunes patientes écoute vos CD à longueur de journée, ceux de Schumann en particulier, et jai eu envie de les acheter."
P. 9
Gaëlle JOSSE n'a pas besoin de plus de 142 pages pour prendre le lecteur à la gorge et ne plus le lâcher !
Je dois bien l'avouer, j'ai été totalement subjuguée par cette histoire.
D'abord, je crois, parce qu'il y a cette intrigue : Qui peut bien être cette femme ? Que représente-t-elle pour ce musicien célèbre qui se produit dans le monde entier ? Jusqu'où est-il prêt à aller pour elle ?
Ensuite, pour l'univers psychiatrique : Quel a été le passé de cette femme ? Pourquoi est-elle aujourd'hui internée ? Quel a été le point de rupture ?
Enfin, pour l'art : Pourquoi la musique occupe-t-elle le quotidien de cette femme ? Que lui apporte la musique ? Peut-elle lui ouvrir le chemin de la résilience ?
Mais les romans de Gaëlle JOSSE offrent beaucoup plus que ça !
Sa plume est singulière, concise, tellement poétique :
Dire que la vie avec Sophie fut facile serait excessif. Elle fut parfois d'une simplicité déroutante. Un cristal aveuglant. Nous étions accordés au quart ou au huitième de ton, peut-être même aux ultrasons, comme les dauphins. [...] C'est un temps de flottement, d'incertitude, mais aussi de ravissement, de curiosité et de totale disponibilité. Nous habitions une poignée de mots. Nos océans. P. 71
Gaëlle JOSSE s'attache aussi à disséquer les relations de couple, la féminité, la maternité... bref, de nombreux sujets d'une très grande sensibilité, toujours traités avec pudeur.
Les personnages ont des parcours de vie chahutés que j'apprécie toujours de découvrir.
Ce roman, je l'ai beaucoup aimé.
J'attends avec impatience la sortie du prochain, le 8 janvier : "L'ombre de nos nuits".
commentaires