On poursuit le calendrier de l'Avent des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.
Place aujourd'hui à Gaëlle JOSSE avec "Ce matin-là", publié initialement chez les éditions Noir sur Blanc et désormais chez J'ai lu.
Nous sommes au début du mois d'octobre 2018. Clara est amoureuse de Thomas. Dans sa vie professionnelle, elle est chargée de clientèle et travaille pour une banque. Depuis quelques semaines, le doute s'est lentement immiscé dans son esprit. Outre le stress ambiant, la pression de la rentabilité, quelques remarques désagréables de sa supérieure hiérarchique ont commencé à la faire vaciller. Les sueurs froides s'invitent désormais régulièrement, son corps sonne l'alerte. Et puis, il y a "Ce matin-là", un matin où, comme d'habitude, elle monte dans sa voiture pour se rendre au travail. La voiture ne veut toutefois pas démarrer. Elle a beau multiplier les essais mais rien n'y fait. Il faut remonter à l'appartement et prévenir son équipe de son retard. Quand elle referme la porte de son logement, elle, si ordonnée, laisse tomber au sol sac à main et autres accessoires. Elle colle son dos à la porte et croule sous le poids du fardeau. Elle se retrouve au sol à pleurer toutes les larmes de son corps, emportant tout sur leur passage, y compris le maquillage réalisé si méticuleusement quelques minutes plus tôt. C'est à partir de "Ce matin-là" que va commencer, pour Clara, une toute nouvelle vie.
Ce qui m'a fascinée dans ce roman, c'est l'approche de l'environnement, celui de l'intime, du clos, du familial, du privé, du logement, de l'intérieur, opposé à celui de l'ouvert, du professionnel, du public, du monde, de l'extérieur, et l'absence quasi totale de porosité entre les deux.
"Ce matin-là" devient un roman social dans ce qu'il témoigne d'une époque et des conditions de travail pratiquées dans le domaine bancaire du début du 21ème siècle, avec tout ce qu'elles comportent d'avilissant pour les individus.
Mais plus encore, ce qui est éprouvant dans ce roman, c'est l'approche du corps et de ses soubresauts. Celui de Clara vit un burn-out. Il sur(réagit) et prend le pouvoir avec des comportements que seul lui maîtrise.
Dans ce roman, Gaëlle JOSSE fait de la vie un objet littéraire et, par le jeu de l'écriture, la décline dans toutes les dimensions, depuis le singulier jusqu'au pluriel, depuis l'indéfini jusqu'au déterminé, depuis le particulier jusqu'à l'universel :
Une vie, sa vie, notre vie, une vie...
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