Tout commence avec l'agression de Tisha, une jeune femme noire, dans un train, l'homme n'acceptant pas qu'elle refuse de lui communiquer son numéro de téléphone portable. Alors, fusent les propos coléreux et racistes. Les voyageurs restent médusés devant ce déferlement de violence à l'exception d'une femme d'âge mûr qui prend l'initiative d'inviter la victime à venir s'asseoir à ses côtés, utilisant son corps à elle comme d'un bouclier. Elle engage la conversation avec cet homme pour faire diversion. Elle poursuit cet échange à l'arrivée en gare pour permettre à Tisha de se sauver. Claire, restée tétanisée pendant l'agression, décide de suivre Tisha pour vérifier qu'elle est bien en sécurité. Elle se retrouve nez à nez avec la jeune femme qui lui avoue ses déboires et ne pas avoir de toit pour la nuit. Claire propose de l'accueillir. Elle impose sa présence à ses colocataires, Juliette et Kader. Commence alors pour chacun une nouvelle vie...
Frédérique MARTIN se penche de nouveau au chevet de notre société du XXIème siècle pour en explorer les tréfonds. Après avoir abordé la situation des personnes âgées dans "Le vase où meurt cette verveine", elle consacre son tout nouveau roman, très réussi, à la jeunesse désenchantée d'aujourd'hui et à toutes les formes de violence qui l'affectent.
Elle frappe très fort dès les premières lignes avec ce fait qui pourrait être classé dans la catégorie du harcèlement de rue, nouveau phénomène de société qui commence à être dénoncé par les femmes qui ne peuvent plus se déplacer sans se faire siffler, insulter, et se faire demander leur 06. Quand les femmes refusent, elles s'exposent à ce type de comportement et je crois que c'est important de mettre le doigt sur ce nouveau fléau qui entrave la liberté des femmes en particulier.
Elle poursuit en explorant la colocation, cette nouvelle forme de logement qui s'impose aujourd'hui comme une évidence, les jeunes ne pouvant assumer seul financièrement le paiement d'un loyer. Frédérique MARTIN dénonce le profond isolement de chacun, éloigné de ses parents vivant parfois à l'étranger. Cette cohabitation dans un même appartement ne saurait cacher cette solitude dans laquelle sombre la jeunesse, finalement pas si éloignée de celle que vivent les personnes âgées isolées, à l'image de ce Monsieur Brehel.
Le monde professionnel ne saurait être non plus source d'épanouissement. Petits boulots et activités sans grand intérêt représentent le lot quotidien de cette jeunesse en mal de reconnaissance.
Quant à l'amour, le monde des sentiments comme les voies de la sexualités sont autant d'apprentissages qui peuvent se révélés douloureux.
Après un début un peu difficile, déstabilisée moi-même par le vocabulaire et le ton du roman, je me suis finalement beaucoup attachée à ces jeunes aux parcours chaotiques au risque d'atteindre un trop plein d'émotion et de fondre littéralement en larmes devant le destin de Tisha et Kader. Comment avons-nous fait pour engendrer un tel monde et oser le léguer à nos enfants ?
J'avoue, je les cumule depuis le début de cette année, mais je suis bien obligée de le dire : "Sauf quand on les aime" est un coup de coeur !
Dernier clin d'oeil à Frédérique MARTIN qui a eu la formidable idée de reconstituer l'univers sonore de la création de son dernier roman. Ingénieux ! Il ne vous reste plus qu'à écouter...
Personnellement, j'aime beaucoup Zoe KEATING jouant "Optimist". Je ne pouvais décemment pas vous abandonner sans une petite touche "optimiste" !
commentaires