La Maison-Guerre est le 8ème roman de Marie SIZUN qui nous plonge au coeur de la 2ème guerre mondiale, dans une maison de famille où des personnes âgées s'occupent d'une petite fille. Sa mère est comédienne, elle travaille dans un théâtre et ne peut prendre soin de sa fille dans la Capitale occupée. Son père, lui, est prisonnier en Allemagne. La petite fille ne le connaît pas. Elle se construit seule au gré de ses histoires d'enfants et de ses découvertes dans une nature prolifique, elle vit au rythme des saisons... Elle cohabite aussi avec des adultes attentionnés mais qui se referment comme des huitres dès qu'elle les interpelle sur le retour de sa mère. Au fur et à mesure que l'étau de l'occupant se resserre, les conversations chuchotées se multiplient, les écoutes des émisions de radio se font plus régulières... jusqu'au jour où un avion survole la propriété d'un souffle léger, s'immobilise et déploie de nombreuses papillotes contenant des chewing-gum. Là, commence alors pour l'enfant une nouvelle vie...
Encore une fois, Marie SIZUN nous livre un très beau roman. Le traitement du sujet de la 2ème guerre mondiale devient aujourd'hui presque banal, tellement nombreux sont les romans qui l'abordent, mais celui-là est original, je vous l'assure.
Dans la forme tout d'abord ; Marie SIZUN structure ce roman en 2 parties : l'une dédiée à l'enfance de cette petite, pendant la guerre, et l'autre, à sa nouvelle vie qui commence au jour de la libération. A chacune de ces parties, une narration particulière, c'est ingénieux !
Dans le contenu ensuite ; Les non-dits y sont prédominants, les secrets omniprésents, bref, tout reste à découvrir... le suspens est assuré jusqu'aux dernières pages. Excellent !
C'est aussi un roman qui explore la mémoire, le poids et la beauté des souvenirs, et le pouvoir que revêtent les parfums pour les faire ressurgir :
J'avais à peine passé le seuil que m'assaillit l'odeur des roses jaunes, l'extravagante odeur des roses jaunes, gorgées de soleil, qui, montant de la fenêtre, envahissait la pièce : dans un déferlement de sensations et de sentiments, le passé m'est revenu entier et le souvenir violent de ma mère. C'était comme si les années avaient passé pour rien. Voilà que, miraculeusement, j'étais l'exacte petite fille d'autrefois. La même devant la fenêtre lumineuse, la même dans l'insolent parfum des fleurs. P. 247
Enfin, c'est un très beau roman sur le pouvoir des mots :
Il va pourtant bien falloir qu'ils te la disent cette vérité que tu connais déjà mais que tu as peur d'entendre, comme si les choses ne prenaient existence que par la parole, comme si le pire n'arrivait qu'avec les mots pour le dire. P. 180
Ce roman est à lire, assurément !
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