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2017-07-26T09:18:24+02:00

Qu'importe le chemin de Martine MAGNIN

Publié par Tlivres
Qu'importe le chemin de Martine MAGNIN

L'Astre bleu éditions
 

Il est des lectures qui se suivent et qui se ressemblent, enfin, qui ne tiennent qu'à un fil serait plus juste. Après avoir quitté l'univers de Claire GONDOR et "Le cœur à l'aiguille", je me suis plongée dans l'univers de Martine MAGNIN et son roman "Qu'importe le chemin" que Joëlle m'a si gentiment prêté (une délicate attention, merci à toi).

En ouvrant ce livre, oh surprise, tout commence avec une citation d'Antigone "Moi, j'ai toujours l'amour cousu dans mes entrailles". Avouez que le hasard fait bien les choses, non ?


Comme vous le savez, je ne lis plus les 4èmes de couverture, je ne savais donc pas à quoi m'attendre et c'était beaucoup mieux ainsi, j'ai vécu un véritable ascenseur émotionnel. Je vous explique :


La narratrice était mariée depuis une douzaine d'années, elle est aujourd'hui séparée et vit au rythme des gardes alternées de ses deux enfants, Alex, 8 ans, et Lola, 2 ans 1/2. Elle travaille avec 2 amies, elles ont créé toutes les 3 l'Atelier Maison, un magasin de couture et de décoration d'intérieure. Elle se prépare à partir en vacances avec ses enfants. Elle doit rejoindre Lola, déjà partie chez sa grand-mère maternelle, avec Alex, lui rentre d'un voyage en Afrique avec son père, urbaniste, qui a des attaches professionnelles sur ce continent. Mais voilà, alors que tout allait bien le soir du retour, au réveil, le lendemain matin, elle le  découvre pris de violentes secousses, les yeux révulsés. Elle téléphone au médecin qui se déplace et prend très au sérieux les premiers symptômes d'Alex. Il doit entrer de toute urgence à l'hôpital des enfants de Paris, c'est une toute nouvelle histoire qui commence.


Vous voilà harponné(e) par le destin de cet enfant et Martine MAGNIN ne vous lâchera plus jusqu'à la toute dernière page. Vous allez vivre en apnée totale les 188 pages, vous voilà prévenu(e).


Ce livre, qui n'est pas un roman, est un vibrant témoignage d'une mère face à la maladie de son fils. Propulsée malgré elle dans le monde de l'hôpital, elle va côtoyer des professionnels dont les doutes ne feront qu'accroître ses angoisses. Elle va vivre au rythme des examens, des résultats qui, déclarés insuffisants, en appelleront d'autres.


Elle va vivre l'arrivée de cette maladie comme une profonde injustice. Dès les premières lignes, elle nous explique à quel point il lui paraît antinomique de juxtaposer "enfants" et "malades", et pourtant.


Elle va plonger le.a lecteur.rice dans un univers singulier dont le patient comme l'entourage familial vont devoir s'approprier les codes. La vie prend soudainement une toute autre dimension :


Tous nos rituels habituels, nos repères les plus évidents et les plus naturels explosent, réduits à néant. On tâtonne, on s'égare, on ne reconnaît plus rien. On ne reconnaît plus sa propre vie. P. 15

Ce qui m'a passionnée dans ce livre, c'est de découvrir Alex grandir avec la maladie, voir comment un adolescent apprend à prendre son destin en main :
 


Pour la première fois, Alexandre devenait acteur de sa propre santé. P. 71

Mais pour la narratrice, sa mère, c'est là aussi un nouvel apprentissage qui commence, la nécessité pour elle de trouver sa place pour le bonheur de son enfant, enfin, pour accepter la voie dans laquelle il s'engouffre. Je ne vous en dirais pas plus bien sûr, au risque de vous dévoiler plus encore ce qui fait le charme de cette histoire.


Ce que je peux vous dire, par contre, c'est ô combien je suis en admiration devant l'abnégation de cette mère, son courage, sa force de vivre, et aussi son ingéniosité pour préserver le peu de complicité qu'il lui est encore possible de partager avec son fils. C'est aussi sa profonde humanité qui m'a émue aux larmes, cette mère qui se dit imparfaite, je crois que chacune d'entre nous voudrait être à sa hauteur, un portrait de femme absolument somptueux qui insuffle un profond optimisme dans une langue où la sincérité fait vibrer chaque ligne du récit.


Ce qui m'a profondément troublée aussi, c'est la capacité d'une mère à s'adapter, évoluer au rythme du fruit de sa chair, douter, se questionner, en un mot, avancer ! 
 


Peu importe, les choses sont rarement carrées et bien nettes, tout comme nos enfants, tout comme nous mêmes et c'est certainement notre part d'ombre qui permet la lumière. P. 111

Quelle distance, quel recul il faut prendre pour accepter l'autre dans toutes ses dimensions.

 

Mais au bout du compte : "Qu'importe le chemin", le titre a lui seul traduit la démarche de cette mère, cette quête de tous les jours dans un environnement mutant, impacté par la maladie et ses conséquences sur la vie quotidienne.

 

Quant à la toute dernière ligne de ce récit de vie, je crois qu'elle résume tout en beauté sa sage philosophie :


On récolte toujours ce que l'on S'AIME. P. 188

Je ne peux décemment vous quitter sans parler un peu couture, ce dénominateur commun avec "Le coeur à l'aiguille". J'ai pris un immense plaisir à m'immerger dans l'univers de cette femme et ses deux amies, unies par une activité artistique, et bien plus encore... 


Coudre, conjuguer les textures, détourner les usages, confronter les couleurs, jouer avec les galons anciens, chercher une idée, la peaufiner,, tailler, épingler, piquer, repasser... P. 57

J'ai retrouvé la beauté du geste de Leïla, la passion pour une activité manuelle, artisanale, la satisfaction du travail bien fait :
 


La couture, ce n'est pas uniquement une histoire de fils et d'aiguilles, mais aussi de couleurs, de formes, de sensations, de tendresse, d'imagination, d'aspirateur et de fer à repasser... mais c'est si bon de fabriquer quelque chose de tout son coeur avec ses propres mains et la couleur de ce tissu est splendide. P. 79/80

Outre cette dimension, la couture permet aussi de panser ses plaies. Quand la couture devient une thérapie...
 


Tous ces gestes avaient pour moi le bénéfice d'un travail lucratif, d'un rituel bienfaisant et d'un dérivatif efficace. P. 57

Comme Leïla, la narratrice trouve dans la couture une bien belle manière de s'évader, s'offrir de nouveaux horizons... le temps d'une création.


Ce livre, c'est un coup de coeur.

Encore une fois, Joëlle a visé juste. Ça devient une habitude chez toi, pour mon plus grand plaisir bien sûr ! 

Les 68 premières fois prennent décidément une très grande place dans ma vie, entre ma chère Joëlle et Martine maintenant. Je ne vous l'ai pas encore dit ? Martine fait partie de la joyeuse bande de lecteurs.rices mais là, dans un tout autre rôle, celui d'écrivaine. Chapeau bas.


 

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commentaires

Z
Quelle chronique enthousiaste
Répondre
T
Ohlala oui, je suis totalement sous le charme !

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