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2022-02-04T18:04:46+01:00

Ton absence n’est que ténèbres de Jón KALMAN STEFÁNSSON

Publié par Tlivres
Ton absence n’est que ténèbres de Jón KALMAN STEFÁNSSON
 
Le tout nouveau roman de Jón KALMAN STEFÁNSSON vient de sortir et c’est du très bon.
 
L’histoire se passe dans un fjord islandais, un lieu au bout du monde, un lieu au climat hostile, mais les oiseaux, eux, ne s’y trompent pas. Sur le chemin de leur migration, ils s'y arrêtent comme cet homme qui a perdu la mémoire. Après une rencontre mystérieuse à l’église, il est invité par une jeune femme à déjeuner sur la tombe de sa mère Aldís, une femme lumineuse qui, dans sa jeunesse, avait fait la connaissance avec Haraldur par le plus grand des hasards. Elle partait en week-end avec son fiancé. En chemin, ils subirent une crevaison. Ils se rendirent dans la première ferme des environs pour demander de l’aide. C’est là qu’elle croisa le regard du jeune paysan qu’elle ne pourra plus jamais oublier. Rentrée chez ses parents, elle fera une modeste valise, prendra le car pour vouer sa vie à cet inconnu. Ainsi va la vie. L’homme amnésique découvre ainsi Rúna, profondément triste du décès de sa mère. Il faut dire qu’elle est morte dans un accident de voiture. Rúna, après une thèse en histoire de la philosophie, avait décidé de rentrer chez ses parents. Alors qu’elle conduisait la voiture sur une route verglacée, sa mère, sur le siège passager, riant aux éclats avec son mari assis à l’arrière, avait fait une cabriole pour l’embrasser. Le talon de sa chaussure était venu blesser Rúna à l’œil. Elle avait alors perdu le contrôle du véhicule. Sa mère était morte sur le coup, son père resté tétraplégique, ainsi va la vie, à moins que ça ne soit une affaire de destin…

Jón KALMAN STEFÁNSSON est un formidable conteur, un exceptionnel romancier. A l’histoire de Rúna, Aldís et Haraldur se grefferont bientôt celles de Sóley, Hafrún, Skúli, leurs deux fils Halldór et Páll, sans oublier Svana, Eirikur, Gísly, Gudridur, Pétur, Halla, et bien d’autres encore. L’écrivain dresse le portrait d’une galerie de personnages hauts en couleur, des hommes et des femmes empreints d’une profonde humanité, ils pourraient être vous, ils pourraient être moi.

Leur point commun, être marqués par la disparition d’êtres chers que la mort a stoppés dans l’élan de la vie...


Tu sais, Dieu à tendance à rappeler l’être humain au beau milieu d’une phrase, d’une fête, du bonheur, d’un baiser, et ensuite, il est trop tard pour prononcer le mot qu’on aurait dû dire […]. P. 548

Ils sont tous aussi, à bien y regarder, traversés par un sentiment de culpabilité. Entre petits et grands péchés, chacun cherche la voie du pardon. Mais d’aucun, en zoomant sur leur existence, y verrait quelques actes de courage.
 
Parce que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, celle des personnages de fiction imaginés par l’auteur islandais révèle au monde ses forces comme ses faiblesses. Nul n’est blanc ni noir, le patchwork des existences de celles et ceux qui habitent les presque 600 pages de ce formidable roman montrent un vaste panel de nuances de gris. L'auteur, lui même, puise dans la nuance et le doute son inspiration...


Celui qui sait tout ne peut pas écrire. Celui qui sait tout perd la faculté de vivre, parce que c’est le doute qui pousse l’être humain à aller de l’avant. P. 210

Les générations se suivent, fortifiées ou fragilisées parce qu’en ont fait les précédentes. Plus que des individus, ce sont des familles tout entières dont le sort est chahuté.
 
Je me suis laissée porter par des destins tragiques, des vies d’amour et de labeur, au rythme d’une playlist incommensurable. Bod DYLAN, Léonard COHEN, Nas, Damien RICE, Nick CAVE, John LENNON, Regina SPEKTOR, Elle FITZGERALD, Cure, et bien d'autres encore, nourrissent le propos d'émouvantes mélodies.
 
Ce roman, c’est aussi celui d’une nature sublime, de celle qui vous ferait prendre un billet d’avion sans réfléchir.
 
Vous l’aurez compris, Jón KALMAN STEFÁNSSON nous livre un nouveau roman éblouissant. La plume est belle, fluide, talentueuse. Elle oscille entre les émotions pour mieux les décrypter...


Toute chose doit pouvoir être nommée, faute de quoi on ne peut la décrire, la cerner. P. 77

et vous savez à quel point Jón KALMAN STEFÁNSSON excelle dans ce registre.
 
Pour que la boucle soit bouclée, il me reste à remercier la délicate attention qui me l’a offert pour Noël, un si joli cadeau.

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