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Articles avec #visite d'atelier catégorie

2020-09-19T07:00:00+02:00

Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

Publié par Tlivres
Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

Récemment, j’ai eu l’immense chance de rencontrer Nathalie-Audrey DUBOIS, une artiste dont j’ai découvert le talent il y a deux ans environ.

Dans la salle d’attente de mon kiné, un journal un peu particulier a attiré mon attention, c’était en réalité la restitution des créations de la résidence d’artiste de Nathalie au CHU d’Angers, un travail de six mois de résidence In situ au cours de laquelle Nathalie a utilisé en partie du matériel médical pour le détourner dans ses créations. 

Depuis, nous nous suivons respectivement sur Instagram.

Alors, assez naturellement, après Adie BERNIERNicolas BOISBOUVIER et Alix de BOURMONT, j'ai proposé à Nathalie de m'ouvrir les portes de son atelier de l'Arboretum d'Angers. Elle a aimablement accepté.

Alors, Nathalie, raconte-nous ton parcours.

Je suis diplômée de l’école des Beaux-Arts de Marseille Méditerranée et de l’école du Paysage de Versailles. A la marge, j’ai fait deux ans de botanique au service du Service des Espaces Verts de la Ville de Nantes.

Parle-nous de ton rapport aux plantes.

Je me suis toujours intéressée au végétal. Quelle nature représenter ? Que raconte-t-elle de la relation de l'Homme à son environnement ? Je revisite ce genre qui n'a eu de cesse de se réinventer à travers les siècles.

Depuis mes premiers travaux, je privilégie les installations, les décors à traverser ou expérimenter. Les grands dessins de végétaux forment le seuil d'une forêt, une canopée qui  constitue la voûte de cet environnement qui peut, tour à tour, sembler oppressant, mystérieux, labyrinthique, comme les bois imaginaires de nos contes d'enfants ou les jungles des origines de l'humanité. Ces installations se traversent ainsi, telle une fable sur le temps.

Mes premiers travaux étaient en noir et blanc. J’aime cette apparente simplicité. Cela évoque pour moi l’ombre, celle qui oblige à regarder pour apercevoir, cela demande de l’attention. Je pense à « Louange de l’ombre » de Junichirô TANIZAKI, l’ombre est décrite comme étant plus subtile que la blancheur, que l’éclairage direct, vulgaire. Les Maîtres Flamands utilisent à leur manière le noir pour révéler la lumière, le reflet des peaux ou des fleurs.  

Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

La nature, c’est vraiment mon sujet de prédilection. Cet atelier dans un parc, au milieu du vert, est juste incroyable. J’ai l’impression d’être chez moi. Je suis ravie. Je m’y plais.

Je représente beaucoup de fleurs, comme les iris, les tulipes, des fleurs charnues. J’aime les fleurs pour leur délicatesse, leur beauté éphémère, leur croissance lente pour grandir, tout ça me fascine. 

Et le papier ?

J’aime travailler le papier, il y a un rapport à la matière qui me plaît beaucoup, je les choisis parfois lisses, d'autres fois tissés. Je travaille aussi sur du papier calque indéchirable, du papier de fleuriste. Là, par exemple, j’obtiens des noirs avec des reflets. 

J’ai fait des tirages de planches botaniques du 16ème siècle, puis j’ai redessiné avec des crayons de couleur. Le résultat est un dialogue entre la représentation codifiée de la botanique et un dessin au crayon. 

Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

On est plutôt sur des grands formats, non ?

Oui, j’aime le grand format.

Les grands formats se déploient et offrent une surface importante. La relation n’est pas la même, je dessine à même le sol ou sur les murs, cela dépend. Le geste prend alors une toute autre dimension, l’outil lui-même ne fait pas le même travail  Dans les grands formats, j’oscille entre rapidité, vibration de la touche picturale et précision du trait de crayon. Dans les dessins, aucun paysage ne vient donner une échelle, un cadre, une stabilité, un enracinement... les végétaux, libres, jouent de leur asymétrie. L’entremêlement des lignes, leur superposition et les variations colorées lient désordre, harmonie, tensions, chutes. Cette nature, coupée de sa terre, s'offre dans sa beauté et son énergie. 

Quand je commence une création, en grand format, les études au préalables constituent une armature importante, mais au fil du dessin cela peut évoluer. 

Avec quels matériaux travailles-tu ?

Tous les matériaux ont leur spécificité, l’huile reste très agréable, l’encre de chine aussi. Les crayons de couleurs ont, selon moi, un aspect plus doux

Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

Parlons des couleurs justement...

Quand tu as un bleu de Prusse, tu voudrais bien aussi un bleu un peu violet, mais tu n’as pas de violet ! Les verts sont pour moi des bonnes bases. Toutes sont séduisantes, je reviens souvent à la même palette. Je crée aussi mes couleurs. J’aime jouer avec les transparences des couleurs, les superpositions qui contribuent à donner de la profondeur au dessin. 

Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

Comment tout ça s’organise alors ?

Je fonctionne par série et puis, je passe à autre chose, c’est un peu une conversation.

Comme tous les artistes, la création ne peut se faire désincarnée de l’histoire, nos pères.  Je suis touchée, en ce moment, à nouveau, par l’œuvre de Pierre SOULAGES. Je me nourris bien évidemment de l’histoire des explorations réalisées par d’autres. J’aime le noir, l’impression de traverser, de plonger dans l’insondable. J’ai vu récemment le très beau travail de Joaquin SOROLLA, une autre lumière, celle de l'Espagne, "sa touche libre et brillante, exalte la lumière et la couleur. La question de la curiosité  est constamment présente."

Au fil des années, il y a comme une signature qui se dessine...

C'est dans ces oppositions, ces antagonismes que je creuse le sillon d'une œuvre qui se déploie avec une grande cohérence depuis plus de vingt ans.

Dans un incessant aller/retour intérieur/extérieur, je m'interroge sur ce que, en tant qu'être humain aux parcours singuliers, nous partageons. Cet espace commun, mais hors du commun, de nos existences.

En mode participatif, lors de vos résidences d'artiste aussi, n'est-ce pas ?

Il y a eu le CHU effectivement. Il y a eu aussi le projet "Les Voisins".

C'était une commande d'un établissement d'hébergement pour personnes âgées et désorientées (EHPAD) avec une volonté d'impliquer les résidents. Une transformation de La Résidence d’Orée était programmée avec l’union de deux maisons d’accueil : La Résidence de Saint-Laurent-des-Autels (49) et La Résidence de Landemont (49), deux communes voisines.

Le déménagement, prévu en fin d’année 2019, allait bouleverser les habitudes, les pratiques et l’histoire de chacun. L’équipe m'a fait appel pour accompagner ce changement et susciter une appropriation des différents espaces du nouveau lieu.

Il y a eu des moments très émouvants, comme les rencontres peuvent les susciter.

Quand on veut voir tes œuvres, où va-t-on alors ?

A l’Artothèque d’Angers, il y a un papier à l’acrylique, Monstera Deliciosa qui est une plante tropicale pouvant devenir monstrueusement grande d’où son nom. 

Je suis présente dans des collections publiques, FNAC, Musée de Sérignan, Frac Paca, Artothèque d’Angers.

Est-ce qu’il y a des événements à venir ?

En fait, avec la crise sanitaire, des choses sont engagées mais ne sont pas confirmées.


Promis Nathalie, alors, on suivra ton actualité sur les réseaux sociaux.
Merci infiniment pour ton accueil, ta sympathie, ce fut un réel bonheur que cette « Visite d’atelier ».

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2020-02-29T07:00:00+01:00

Visite d'atelier, bienvenue chez Adie

Publié par Tlivres
Visite d'atelier, bienvenue chez Adie

Après Nicolas BOISBOUVIER et Alix de BOURMONT, c'est Adie BERNIER qui m'a ouvert les portes de son atelier, un moment de magie. Je vous explique !

Adie BERNIER, je l'ai rencontrée aux #Artsaucouvent, l'opération portée par Doris de l'Association Art ProjectPartner. J'avais été séduite par ses toiles, colorées. Nous nous étions promises de nous retrouver. Samedi dernier, rendez-vous était donc pris.

Alors, Adie, nous voici dans ton atelier, c'est bien ça ?

Cet atelier, je l’ai partagé depuis Novembre avec Den CHAMANIE, peintre chalonnais. Depuis février je l’occupe seule. Cette maison est  vouée à la démolition, encore un lieu éphémère ! J'y passe une partie de mon temps. Le Couvent, ça m'a beaucoup fait évoluer. Depuis, je vis un nouvel élan, personnel et créatif. Je commence beaucoup de choses, j'en termine peu mais j'y reviendrai, je me crée ainsi du vocabulaire graphique.

J'ai commencé aussi à travailler à la bombe mais je reste une peintre de canapé.

Et puis, la peinture des murs me rappelle le travail de mon père, il était peintre décorateur. Moi, je suis plus à l'aise avec les petits formats, bien que je commence a voir plus grand !

Cette expérience du Couvent de Nazareth, qu'est-ce qu'elle t'a apportée ?

J'ai beaucoup aimé rencontrer les visiteurs qui avaient plein de questions à poser, c'est très agréable pour moi de présenter mon travail, de connaître les réactions des gens. Les échanges étaient spontanés. Bien sûr, les jours où il y avait 4 000 visiteurs, c'était fatigant, un véritable brouhaha permanent. D'ailleurs, on se disait que le Couvent allait nous manquer quand la résidence s'arrêterait, mais en réalité, on était content parce que c'était intense. On avait besoin de repos.

C'est aussi toute une bande d'artistes, des copains maintenant à l'image de Audrey BARO, Doline LEGRAND-DIOP,  SashiMee, Fred JALOT...

Peindre, ça te procure quoi Adie ?

Moi, ce que je trouve super beau, c'est de créer et de voir des gens touchés par ce que tu crées, j'aime que les gens cherchent à comprendre ce que tu as voulu transmettre, il y a une affaire de partage là-dedans. Et puis qu'ils aient envie d'acheter !

La vie d'artiste, c'est peut-être vivre dans l'inconnu du lendemain ?

C'est certain. Moi, je ne sais pas si les projets de commandes pour lesquels j'ai préparé des devis seront finalement réalisés. Je crée sans vraiment savoir quand est-ce que j'en retirerai quelque chose.

Côté matériaux, qu'est-ce que tu aimes travailler, toi, Adie ?

J'ai commencé à titiller la gouache. J'ai fait beaucoup de recherches pour une commande, j'y ai pris goût. Habituellement, je travaille à l'acrylique. Là, ça change et je dois m'approprier cette nouvelle matière. Il  faut dire que j'ai commencé avec les ronds de gouache de mon fils. Depuis, je me suis achetée une collection de tubes mais je ne suis pas encore très à l'aise et ne peux m'engager sur le rendu. L'avantage de la gouache, c'est aussi d'avoir peu de matériaux à transporter, moi, j'aime créer un peu partout. Je m'installe et c'est parti.

On dirait que les teintes sont plus ternes, non ?

C’est différent parce que c’est plus mat que l’acrylique. Mais on peut vernir ou travailler avec des liants. En tout cas, ça me parle beaucoup aussi. 

Et le poisson alors, il est récurrent, lui, dans tes créations ?

Oui, c'est vrai, il est un peu partout le poisson. Au Couvent, on m'a dit que c'était mon autoportrait. En fait, pour moi, le poisson c'est le symbole de la découverte, l'aventure, la liberté, il nage, il surfe... J'aime représenter les éléments, je suis attirée par le feng shui.

Mais je fais des portraits aussi... depuis quelques temps, je travaille l'oeil aussi, le regard, ça m'inspire.

Et puis, en ce moment, je prépare des cadeaux pour des amis qui vont avoir 40 ans comme moi cette année. J'ai envie de faire un modèle qui soit commun à tous et puis de personnaliser ensuite pour chacun.


Comment tu organises ta journée ?

En général, je me lève tôt et si mon fils n’est pas réveillé, j’écris et dessine pour bien commencer la journée. J’aime beaucoup la lumière du matin jusqu’à 15 heures... mais je peins aussi le soir .

Et puis, je découvre des mots dans ce dessin, c'est nouveau pour toi ?

Non, en fait, j'adore les mots, j'ai écrit des tas de poèmes. J'ai travaillé avec Poison d'avril. Il m'a donné une méthode en 2015, j'ai créé un texte que j'adore d'ailleurs. 

J'aimerais un jour mettre mes textes en musique, en chant, mais je dois travailler ma voix. Elle est un peu grave, on me dit toujours "Monsieur" au téléphone. Je voudrais apprendre à dire mes textes, les vivre, les jouer. C'est un grand projet, ça, qui me tient vraiment à coeur mais il nécessite du travail, du temps. Si peindre est naturel pour moi, là, ça nécessite plus d'effort. Et puis, dans mes textes, il y a de l'intime, c'est éprouvant pour moi, ça me met à nu.

D'ailleurs, c'est drôle notre rencontre parce que ton blog, c'est T Livres ? T Arts ? c'est ça ? C'est comme une évidence que l'on échange aujourd'hui ensemble. L'écriture me fascine.

Tu nous lis un texte de ta création Adie ?

Allez, je me lance :

L'artiste tisse

Ses gestes sûrs, hésitent,

Pourtant, un trait de trop, 

Une aubaine, un cadeau,

Un passage inconnu vers la suite de son ouvrage,

Oser emprunter cette ruelle inattendue,

Ce sillage, comme un nouveau venu,

Pour aller où ?

Peu importe,

Le mystère de la nouveauté excite sa créativité,

Inventer le futur d'un tableau inachevé,

A la rencontre des fantômes fraîchement nés,

Se découvrir à travers le voile, 

Effleurer cette maille encore inexplorée,

L'aventure existe, même depuis ce canapé,

Question d'échelle, de barreau dépassé,

Parfois les cimes se trouvent juste à notre portée,

 

Coté livre, tu as une référence à nous donner Adie ?

Je ne lis pas beaucoup en ce moment, mais, oui, j'ai été frappée par un roman de Colin NIEL : "Seules les bêtes".

Alors, Adie, on le partage ce dessin que tu as réalisé pendant notre échange ?

Le voilà !

Joli !

Dis-nous Adie, avant de nous quitter, quelle est ton actu ?

Je vais commencer une exposition à La Galerie des Trois Murs de Savennières. Le vernissage est programmé le 5 mars 2020 à 19h. Il y a aussi La Forge de l'Art de Chalonnes-sur-Loire. Et enfin, l'Imaginarium d'Ingrandes-sur-Loire.
 

La boucle est bouclée, je crois, non ? Enfin, on se dit à bientôt bien sûr Adie ! Merci de ton accueil, de ce moment passé dans ton petit coin de ParAdie.

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2020-02-08T08:44:57+01:00

Visite d'atelier, bienvenue chez Nicolas BOISBOUVIER

Publié par Tlivres
Visite d'atelier, bienvenue chez Nicolas BOISBOUVIER

Nous nous sommes rencontrés Promenade du Bout du Monde. Nicolas y exposait. J'ai personnellement été happée par la beauté de ses dessins, son approche miniaturiste, la double lecture des créations, de près, de loin. On avait évoqué un entretien. Il aura suffit d'un mail pour que Nicolas se jette à l'eau.

Alors, Nicolas, comment tout a commencé ?
J'ai toujours dessiné mais les choses se sont accélérées avec le bac, littéraire et arts plastiques. J'allais aux Beaux Arts le mercredi. Et puis, j'ai suivi la formation Pivaut de Nantes en section illustration pendant 4 ans.

Aujourd'hui, ton atelier est dans ton appartement ?
Si j'aime la nature et que le vert me ressource, j'ai besoin de vivre en ville. J'ai cherché un appartement sans vis-à-vis avec de la lumière, je suis vraiment très bien ici.

J'ai toutefois aussi besoin d'être entouré, ça me stimule. Je me rends compte que finalement j'aime dessiner avec du monde autour de moi. Je ne peux pas vivre seul et l'avantage, c'est d'évoluer avec le regard des autres. Les  gens me parlent, ça leur fait du bien de regarder ce que je dessine. J'aime ça en fait, j'ai envie de donner du plaisir aux gens, ça donne une utilité à ce que je fais. Alors, sur les salons, les expos, je dessine !

Comment tu organises tes journées ?
L'une de mes priorités, en arrivant dans cet appartement, a été de me remettre à vivre au rythme du soleil. Quand j'étais plus jeune, je vivais en décalé, debout la nuit, couché le jour. Et puis, avec l'âge (rire), je me suis rendu compte que c'était important pour moi de me réveiller avec la lumière du jour. Je ne ferme d'ailleurs plus jamais les volets !

Tu travailles sur quoi en ce moment ?
Je suis très branché couleur, je me rends compte que je me fais plaisir avec mes feutres. 

Dans ma palette, il y a beaucoup de bleu, ma couleur préférée, une couleur plus profonde que les autres. Je travaille aussi le jaune, le orange, le rouge. Le carmin par exemple fait exploser le bleu. Et puis, avec les feutres, j'ai acquis une certaine spontanéïté dans le geste et je me libère dans le tracé. ça me fait plaisir même si le dessin noir et blanc me taraude toujours. J'ai besoin de régulièrement y revenir. 

Où puises-tu ton inspiration ?
Dans tout un tas d'images ! Certaines nous marquent plus que d'autres, on les mémorise et un jour, elles s'imposent à nous et trouvent leurs places. Quand je travaille avec l'ordinateur, je juxtapose toujours beaucoup de clichés les uns à côté des autres, et puis, à un moment donné, j'éteins, et là s'impose quelque chose qui relève de mon imagination. J'aime beaucoup butiner, je vais sur Pinterest, je me compose des collections au cas où... je sais que je les utiliserai un jour. J'ai toujours beaucoup aimé "Où est Charlie ?", et bien c'est un peu la même approche, le côté puzzle, la composition... 

Il y a une récurrence de personnages dans tes créations ?
Oui, j'ai toujours été très intéressé par la psyché humaine, le pourquoi de certains comportements. Les personnages humains me fascinent. Ce sont plutôt des femmes d'ailleurs, des têtes. Je m'éclate dans les chevelures, les drapés, les accessoires, à l'image de la toile en cours. ça m'amuse, ça me plaît vraiment et puis, ça me contraint, j'ai besoin de me limiter parce que, sinon, je pourrais partir tous azymuts. Et comme je ne suis pas très patient, j'ai besoin de travailler sur un sujet réduit.

Ils ont aussi une position singulière, non ?
Oui, c'est vrai, je suis beaucoup sur le 3/4 ou le profil. C'est dynamique pour moi, je réussis à mettre de la profondeur alors que, de face, les personnes sont statiques et j'ai du mal à leur faire exprimer une émotion.

Et les animaux ?
Ah, les animaux, oui, j'en ai fait une série. Je suis allé au zoo de Doué-la-Fontaine et j'ai réalisé un certain nombre de planches. D'ailleurs, je travaille à un projet avec Pascal GIRAUD, photographe animalier, pour la fin de l'année 2020. J'ai dessiné un paon aussi, je trouve cet oiseau juste sublime. Il est tellement raffiné, gracieux. Et puis, le plumage est composé de ronds, un peu comme des yeux. Il y a plein de détails à dessiner.

Les détails, bien sûr, ta signature, quoi ! Mais dis-nous, quel rapport tu entretiens avec celui qui regarde tes créations ?
J'aime, plus que tout, susciter l'imagination des gens. Je souhaite qu'ils prennent le temps de se poser, regarder, chercher pourquoi j'ai dessiné tel ou tel objet. J'aime lancer le processus, une petite mécanique qui fait ensuite que chacun peut imaginer et créer son monde, un peu comme un puzzle. J'aime le côté labyrinthique, que les gens fassent fonctionner leurs neurones... J'aime que les gens se posent des questions, s'interrogent grâce à la représentation. L'emplacement des choses sur une toile par exemple, n'est pas anodine. Pourquoi la corbeille de fruit est elle-là ? D'ailleurs, on ne regarde pas tous les oeuvres de la même manière. Toi, par exemple, tu vas peut-être commencer par le haut, et moi par le bas !

Parle-nous des enfants...
Ah, les enfants, c'est particulier. Chaque mercredi, j'interviens pour les ateliers dessin d'une association. J'ai deux groupes de neuf enfants. Bien sûr, je leur apprends à utiliser différents matériels et à choisir chacun le sien, mais j'aime plus que tout permettre aux enfants de laisser s'exprimer leur imagination, et certains l'ont débordante ! Ils m'interrogent eux aussi, ils me questionnent, c'est un vrai exercice pour moi. Ils m'apprennent des choses aussi. Certains maîtrisent la gravure par exemple. J'essaie de m'adapter aux envies de chacun, à leur âge, leurs souhaits. Je me reconnais dans certains, c'est assez drôle !

Tu réalises des commandes aussi ?
Oui, j'en ai quelques unes en ce moment. Le salon de la Daguenière m'a permis de rencontrer des gens qui souhaitent que je réalise quelque chose pour eux. Je demande deux trois pistes pour orienter mon travail mais c'est compliqué pour moi. J'essaie d'être en phase avec les attentes du public mais je ne le connais pas et puis, il peut toujours y avoir un accident. Le tracé n'est pas toujours comme je l'avais imaginé. Rien n'est raté bien sûr, mais le résultat peut être différent de ce qui est attendu. Je me mets la pression. Par contre, l'avantage c'est de devoir m'arrêter à un moment donné. Il y a une échéance, qui me stresse d'ailleurs, mais qui me permet de passer à autre chose. Sinon, je ne peux pas m'arrêter. J'ai toujours envie de rajouter quelque chose, d'améliorer encore, de retravailler. Terminer quelque chose, c'est une torture pour moi. D'ailleurs, je ne lis jamais la fin d'un livre, j'ai besoin de laisser mon imagination faire le reste.

Justement, Nicolas, parle-nous de tes lectures.
J'ai beaucoup lu pour mon bac bien sûr. J'aime beaucoup les nouvelles, des histoires courtes, et les univers fantastiques comme ceux de Ray BRADBURY (Fahrenheit 451). La BD, ça me plaît beaucoup. Je me suis consacré aussi à la lecture d'Ovide pour découvrir l'origine de l'empire grec et travailler mes dessins de Poséidon...

C'est difficile à lire parce que c'est que des vers mais j'en avais besoin pour nourrir mes dessins. J'ai commencé à faire une représentation graphique pour permettre à certains d'y accéder.

Le dessin, c'est une chose mais je crois que tu es attiré par d'autres registres artistiques ?
Je fais un peu de piano en ce moment, oui. J'aurais aimé aussi être musicien mais ça ne s'est pas fait. Pour autant, musique et dessin sont très associés. Je dessine toujours avec un casque sur les oreilles. Ces deux arts sont très complémentaires pour moi. Les deux communiquent ensemble. La musique amène des images, elle crée une ambiance et ça m'inspire. Quand j'écoute de la musique, je cherche toujours à connaître le pourquoi d'une création, je m'approprie ainsi l'oeuvre et j'ai l'impression de partager quelque chose avec l'artiste malgré les années qui parfois nous séparent. 
J'écoute beaucoup de classique... Je suis très Mozart, Chopin, Bach, Beethoven... J'écoute aussi du rock, des musiques du monde, du reggae. 

Cette année 2020 est de bon augure alors ?
Oui, elle démarre bien, celle-là aussi. J'ai bougé un peu, du coup, j'ai fait des rencontres, et aujourd'hui, je suis contacté. J'ai quelques projets qui vont m'emmener sur des productions particulières. ça me motive, ça me permet de me lancer dans des recherches, de travailler mon sujet, d'y réfléchir, de commencer à poser une idée, et puis une autre... c'est infini en fait. 

Pour notre plus grand plaisir, Nicolas ! Merci pour cet entretien et que cette année soit belle, pleine de projets. C'est sûr, nous suivrons ton actualité sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram et Pinterest. A très vite donc !

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2020-01-18T07:00:00+01:00

Visite d'atelier, bienvenue chez Alix de BOURMONT

Publié par Tlivres
Photo de Pascal GUIRAUD, Magazine "Confidences" N° 1

Photo de Pascal GUIRAUD, Magazine "Confidences" N° 1

Depuis quelques temps déjà, je réfléchissais à une nouvelle rubrique sur le blog autour des arts. Avec la nouvelle année, j'ai décidé de me lancer. Je partagerai donc avec vous, une fois par mois, la visite d'un atelier.

La première à m'ouvrir sa porte, c'est Alix de BOURMONT.

J'ai découvert son travail lors de l'événement organisé par Doris KOFFI à l'automne 2019 au Couvent de Nazareth sur Angers. La salle qui accueillait plusieurs de ses créations, dont "Le jardin du Couvent" et "Trans-humans" dont je vous ai déjà parlé, m'avait captivée. Ses oeuvres me touchaient profondément.

 

Assez naturellement, j'ai eu envie d'aller plus loin et notamment de la rencontrer, quelle bonne idée !


Rendez-vous était donné samedi dernier. Au réveil, grand ciel bleu, soleil franc, je ne savais pas encore que la météo donnerait le ton de cette journée, et de ce rendez-vous en particulier.


A mon arrivée dans l'impasse, un haut mur de schiste clôture l'enceinte, orné de jolies ferronneries, un lieu empreint des matériaux traditionnels de la région, le patrimoine architectural a son importance, c'est certain.


Sa voix, chaleureuse, résonne à l'interphone. Le visage souriant, le regard pétillant, assurément, cette rencontre promet d'être belle. Alix m'offre un café. Il est servi dans une tasse aux ailes d'ange comme une invitation à partager son petit coin de paradis. La conversation s'engage, un peu comme si l'on se connaissait depuis longtemps déjà, et puis vient le moment où, nous entrons dans l'atelier, les choses sérieuses commencent.


Expliquez-nous, Alix, dans quelle discipline artistique créez-vous ?

Je suis peintre et je fais aussi beaucoup de dessin. 

Qu'est-ce qui a prévalu à l'aménagement de cet atelier ?

Et bien, il y a deux ans, nous avions un mois pour trouver une maison sur Angers. La première que nous avons visité était celle-ci, elle nous a tout de suite plu. Il y avait des travaux à réaliser bien sûr. Nous avons transformé le garage en atelier. Nous avons fait installer une très grande fenêtre, côté nord, pour bénéficier d'une lumière stable, régulière, complétée par une lumière artificielle, et le tour était joué. De l'atelier, je vois le jardin, je suis en permanence en contact avec la nature.

L'atelier fait partie de la maison, vous vivez en famille, comment structurez-vous vos journées de travail ?

Le matin, je vais faire un tour dans le jardin, j'écoute les oiseaux, je m'imprègne de l'atmosphère. C'est devenu un besoin pour moi avant même de commencer quoi que ce soit. Dans cette maison, peu importe le lieu où l'on est, on est dehors partout, c'est très agréable et ça me pose, ça me permet de m'ancrer, me stabiliser. L'environnement est très calme, c'est presque incroyable. Le matin est pour moi important, je me rends compte que je peux travailler efficacement. Je crée plusieurs heures, 3 ou 4, et puis ensuite, je fais autre chose. Je dois assurer l'approvisionnement de l'atelier. Comme je suis une autodidacte, j'essaie de nouvelles matières, de nouveaux papiers, certains sont trop fins, ils se déforment avec l'humidité, j'en cherche d'autres. En fait, réaliser me demande beaucoup d'attention, de concentration, et puis, dessiner, c'est exigeant aussi pour le corps, on est debout, assis seulement pour les petits formats. Il est important de couper, et puis, la famille me rattrape, l'administratif aussi.


Avec quels autres matériaux travaillez-vous ?


J'utilise le fusain, j'adore son toucher, il y a l'encre aussi, l'acrylique. J'ai abandonné l'huile parce que je n'ai pas la patience d'attendre le séchage. Quand je suis dans mon idée, il faut que j'avance, je ne peux pas m'arrêter pour revenir dessus, ce n'est pas ma façon de travailler. J'ai fait aussi beaucoup de pastels secs, c'est abandonné aujourd'hui, mais j'aimais bien. 


Comment s'organise le travail de création ?


Je fais beaucoup de croquis en amont. Je dessine des idées sur des carnets. Je prends des notes. Je travaille sur la base de mes ressentis. Quand je pense à un animal en particulier, je fais des recherches sur internet pour nourrir mon projet. Je me lance enfin sur la toile mais l'idée chemine jusqu'à la fin. Je peux y revenir en permanence, la modifier, la faire évoluer.

Combien de temps mettez-vous à créer une oeuvre ?


On me demande souvent ça. En fait, c'est très variable. Je travaille parfois dans un tunnel de création. Sur une semaine par exemple, je pars et passe mon temps à créer, ça marche beaucoup mieux, beaucoup plus vite que si je travaille trois jours, puis deux matins... ça m'oblige à reprendre et redémarrer. Mais, je ne peux pas quantifier le temps de création en amont. Pour la réalisation elle-même, on n'a pas la même capacité à travailler chaque jour. Il y a des matins où tout se fait très bien, et puis il y a des jours où on n'a pas notre main, on n'a pas la bonne énergie. Je travaille aussi beaucoup les détails, là, les heures filent.


Qu'est-ce qui singularise vos créations ?


Il y a le noir et le blanc, qui sont universels, sur lesquels j'ajoute une tâche de couleur, à l'image de l'élan par exemple.

 

Je peux aussi travailler en monochrome de couleur terre. Je recherche la vie dans toutes mes oeuvres, c'est pour ça que je lie le végétal à l'animal. Les oiseaux sont absolument partout. Ils symbolisent la liberté, la légèreté, la vivacité. C'est l'univers animalier qui me parle le plus. Certains existent dans la nature, d'autres relèvent de mon imagination. Et puis, il y a les roses, je les aime beaucoup. Quand j'ai envie de me défouler, je vais jardiner. Je fais des boutures de roses tout le temps. Cette fleur me fascine. On la retrouve un peu partout. Je recherche la poésie quand je crée une toile et la rose incarne bien ça. Il y a de la fragilité, quelque chose de féminin qui m'inspire. Les troncs d'arbres, les écorces, sont aussi des éléments que j'utilise régulièrement. Ils donnent du mouvement. L'univers peut être exotique, des lianes, des choses que l'on ne trouve pas chez nous.

 

Il y a donc le monde des animaux et des végétaux récurrents dans vos oeuvres. Qu'en est-il de l'humain ?


Et bien, si on regarde "Trans-humans" par exemple, une toile particulièrement colorée celle-là, l'Homme y est représenté. Si habituellement, les animaux nous regardent de face, l'oeil perçant, chez l'humain, je travaille différemment. Je prends en compte le fait que l'Homme réfléchit, trop peut-être ! Je lui ai consacré une série l'année dernière. J'ai volontairement choisi de laisser le végétal envahir une partie du visage pour cacher ses yeux.  

 


Comment se compose une toile ? Vous travaillez d'abord votre fond je suppose.


Oui, c'est ça. Je soigne beaucoup mes fonds. Même s'ils sont blancs, les gens n'y pensent pas mais ils exigent beaucoup de travail. D'une manière générale, je n'aime pas le grain. J'aime dessiner sur un support lisse. Je dois donc peindre plusieurs couches avant de réellement dessiner. 

 


On n'a pas parlé de votre formation. Enfant, saviez-vous déjà que vous seriez peintre un jour ?


J'ai toujours beaucoup dessiné, oui. Mon rêve était de faire les Beaux-Arts mais ça n'était pas possible, alors, j'ai fait des études d'architecte. J'ai aussi eu tout un tas de métiers, j'ai été experte en feng shui par exemple. Je me suis mise à la peinture très tard. Quand je travaillais sur Paris, j'avais négocié mon lundi matin. A l'époque, je faisais de la copie. C'est là que j'ai appris à utiliser la peinture à l'huile. Et puis, après, j'ai décidé de réaliser des choses plus personnelles. Je suis allée sur Nantes, j'ai travaillé dans l'atelier d'une femme qui m'y a aidée. 

Quelle est votre actualité ?


Je viens de déposer des oeuvres pour une exposition à Lyon avec une vente aux enchères, une nouvelle expérience. Je suis présente en permanence cette année à Rablay-sur-Layon au village d'artistes où beaucoup de petits formats sont exposés pour permettre aussi à tous d'accéder à mes oeuvres. Tout le monde ne peut pas se permettre d'acheter une grande toile. Je ne sais absolument pas ce que je ferai dans quelques mois.


Enfin, parce que le blog lie les arts à la littérature. Quel rapport entretenez-vous avec les livres ?


Je lis beaucoup, et de tout. Je peux lire un polar parce que j'ai besoin de couper. Je lis aussi dans le domaine de la psychologie. J'ai beaucoup de livres sur la nature, sur des artistes que j'apprécie. J'achète toujours les livres des expositions. Je suis une fan totale de B.D. Je lis en ce moment « Trois amis en quête de sagesse » de Christophe ANDRE, Alexandre JOLLIEN et Mathieu RICARD. L’un de mes livre préféré est « Je reviendrai avec la pluie » de Takuji ICHIKAWA.


Je vois que l'heure tourne Alix, il me reste à vous remercier. J'ai passé un moment hors du temps à vos côtés, vous partagez admirablement votre passion. Je ne manquerai pas de suivre votre actualité sur les réseaux sociaux bien sûr, facebook, instagram, et votre site internet. Et puis l'opportunité nous sera certainement donnée de nous revoir !


Avant de nous quitter, Alix me fait part d'une publication récente : "Confidences" dont le premier numéro est sorti à l'automne sur Angers. Elle est à l'initiative de Thomas MILLOT et Pascal GUIRAUD qui ont décidé de mettre en lumière des femmes dont les portraits sont absolument saisissants. Alix nous y dévoile tout un tas d'autres "Confidences".

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