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Articles avec #rl_septembre 2025 catégorie

2025-10-03T09:49:01+02:00

L'incendiaire de Constance RIVIÈRE

Publié par Tlivres
L'incendiaire de Constance RIVIÈRE
 
Il y a eu "Une fille sans histoire", et puis "La maison des solitudes". Je n'avais pas vu passer "La Vie des ombres" mais cette rentrée littéraire m'offre l'opportunité d'un nouveau rendez-vous avec la plume de Constance RIVIÈRE. C'est de la bombe !
 
Alexandra Ligérie se voit proposer un poste de responsable administrative. Elle avait quitté Trouvise depuis une dizaine d'années. C'est la fille du maire qui règne sur la commune depuis 30 ans. Mais l'édifice se fragilise. Au travail, Paul Loxias, son directeur, désire cette femme qui l'alerte sur les recherches qu'elle mène pour protéger les salariés et l'environnement d'un risque majeur. Elle l'excite. Les relations entre eux deviennent dangereuses. Côté politique, le camp adverse pourrait bien gagner les élections municipales. Le frère aîné court au secours de son père, au risque de faire chavirer la famille toute entière.
 
Construit autour du mythe de Cassandre, le dernier roman de Constance RIVIÈRE est militant. Il est féministe (on peut le dire puisque ce sont plus souvent les femmes qui sont lanceuses d'alerte) au péril de leur travail, leur famille, et aussi leur vie.
 
Constance RIVIERE, par la voie de la fiction et de regards croisés, s'interroge sur celles pour qui dire devient irrépressible. Quels sont les mécanismes à l'œuvre, dans un camp comme dans l'autre, à ceci près que la lanceuse d'alerte se retrouve rapidement exclue par l'ensemble des cercles, y compris des plus proches.


Cette mère dont on aurait pu attendre une écoute, un mot, puisqu'on pense qu'une mère sait, que les corps ne sont jamais complètement détachés, puisque nous aimerions tant croire que l'amour d'une mère jamais ne se négocie, jamais ne se trahit. P. 151

Devenus parias, persona non grata, les lanceurs d'alerte sont condamnés par la société à la solitude,


Une vérité universelle que j'ai échoué à lui enseigner : le premier à crier est la véritable cause du malheur. P. 156

celle-là même qui les rend impuissant, les stigmatise au point de les faire croire fous, obsédés... De là à ce que la justice elle-même les condamne d'avoir dénoncé, il n'y a qu'un pas !
 
Avec le personnage d'Alexandra, Constance RIVIERE promeut des femmes ordinaires au statut d'héroïnes. Elle puise, comme dans son roman "Une fille sans histoire", dans son expérience professionnelle pour nourrir un récit et honorer des femmes comme Irène FRACHON, Maureen KEARNEY... qui prennent la parole, occupent l'espace public, pour ALERTER le commun des mortels à qui elle oppose le mythe de Cassandre, cette femme (justement) bien connue dans la mythologie grecque pour avoir bénéficié du don de prédire l'avenir, bafoué par Apollon, cet amoureux enragé devant une femme qui se refuse à lui.
 
J'ai personnellement été bouleversée par la spirale infernale entraînant la lanceuse d'alerte à sa perte. Dans ce roman dont la forme est hybride, Constance RIVIÈRE dévoile l'incapacité de chacun à écouter.
 
Ce roman, c'est une bombe pour l'opinion publique, à la hauteur de la scène d'introduction, explosive !

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2025-10-01T06:00:00+02:00

Le reste du monde d'Alexandra KOSZELYK

Publié par Tlivres
Le reste du monde d'Alexandra KOSZELYK

Coup de ❤️ pour ce roman jeunesse, "Le reste du monde", signé Alexandra KOSZELYK aux Editions La Doux.

De cette écrivaine, vous connaissez déjà, dans la collection adultes : "À crier dans les ruines", "La dixième muse", "L'Archiviste" et "Pages volées", tous Aux Forges de Vulcain que j'ai adorés, et puis "Le sanctuaire d'Emona", un roman jeunesse de la Collection R de Robert Laffont.

Vous savez aussi que j'admire tout particulièrement cette plume. Vous ne serez donc pas étonnés de découvrir que mon coeur a, une nouvelle fois, fait boum !

Nous sommes en Ukraine, dans la région de Kharkiv. En pleine nuit, lors d'une alerte à la bombe, Alya, 17 ans, décide de désobéir à sa mère. Plutôt que de descendre à la cave se protéger, elle préfère partir en courant retrouver Babcia, sa grand-mère qui vit seule dans sa maison. Elle la découvre en état de choc. La jeune fille gardera le souvenir de cette nuit comme l'une de ses dernières passées dans son pays. Son père est militaire. Elle ne l'a quasiment pas vu depuis 8 ans qu'il est en mission pour protéger les frontières d'un territoire menacé par la Russie. Avec l'invasion, les cartes sont rebattues. C'est au tour de sa mère d'être appelée. Le fils aîné, Mykola, lui est attendu au front. Dès lors, sa mère décide de faire quitter le pays à ses deux filles, Alya s'occupera de sa petite soeur Oksana. Toutes les deux prennent la direction de la France. Là commence leur nouvelle vie.

Ce roman jeunesse, c'est d'abord une immersion dans le pays d'origine de l'écrivaine qui, depuis le 24 février 2022, s'oppose à l'oppression russe. C'est une manière pour Alexandra KOSZELYK de contribuer à l'effort de guerre. Ecrire sur son pays est un moyen de RESISTER.

Si les adultes usent de leurs armes, les enfants, eux, se retrouvent parfois condamnés à quitter le territoire. Dès le 16 mars 2022, les ministres de l'éducation européens ont lancé une opération de coordination de l'accueil des élèves ukrainiens et de leur scolarisation. À travers des personnages de fiction, Alexandra KOSZELYK rend compte de réalités, les difficultés pour les associations de répondre aux besoins de chacun, celles des jeunes de réaliser leurs apprentissages en terre étrangère.

Pour Alya et Oksana, c'est une toute nouvelle vie qui commence. Séparées de leur famille, elles sont confrontées aux souffrances de l'exil. Elles doivent, encore, affronter la pression de l'humain, là, des élèves de leur âge qui font de leurs différences un objet de harcèlement à l'école.

Mais Alya, comme ses parents, incarne la résistance. Elle va puiser dans ses ressources la force de se battre pour avancer, à commencer par la langue, un sujet cher à l'écrivaine. Comme j'ai aimé la voir évoquer l'ukrainien à travers Babcia : 


Elle nous a transmis l'amour de cette langue : c'est celle de notre famille, la voix de l'affection et des caresses. P. 20

Et puis Alya va faire connaissance avec Otavio. Une même passion les unit : la photographie, cette discipline artistique qui lie Alaa à sa grand-mère restée au pays. Alexandra KOSZELYK choisit de perpétuer les pratiques argentiques. Quelles plus belles descriptions que de voir deux jeunes lycéens passer leur temps libre à développer leurs tirages dans des bains dont eux seuls connaissent la subtilité des mélanges.


L'unicité d'une photo tient aussi aux gestes du développement, au temps du bain, au toucher. Si babcia les avait tirées, elles auraient eu un tout autre grain que celles d'Otavio ou les miennes. C'est sous les doigts de l'artiste que le négatif se révèle, devient positif et visible. Il y a tout un travail avec l'argentique que le numérique ne permet pas, toute une créativité que le progrès technologique ne permet plus. P. 187

Si la photographie permet d'immortaliser un certain regard, encore faut-il lui trouver un objet. Là, je ne vous dirais rien, juste qu'Alexandra KOSZELYK revient à ses tendres amours... pour faire de ce livre un roman d'aventure.

Pari une nouvelle fois réussi, j'ai lâché prise et retrouvé mon âme d'adolescente pour me délecter de cette plume. Elle est pleine d'énergie, de chaleur humaine et d'espoir.

Enfin, la prose est précieusement mise en valeur par son écrin, des coquelicots dessinés sur le rabat d'une quatrième de couverture venant recouvrir la tranche de gouttière, l'occasion de saluer le travail de Camille GAUTRON, graphiste. Merci aux éditions La Doux pour ce très joli cadeau.


L'abandon de ces lieux a livré les clés à une nature folâtre, revenue sans appel, libre de toute main humaine. P. 220

pour faire de ce livre un roman d'aventure.

Quant à la fin, elle est juste... sublime.

Pari une nouvelle fois réussi, j'ai lâché prise et retrouvé mon âme d'adolescente pour me délecter de cette plume. Elle est pleine d'énergie, de chaleur humaine et d'espoir.

Enfin, la prose est précieusement mise en valeur par son écrin, des coquelicots (tiens tiens !) dessinés sur le rabat d'une quatrième de couverture venant recouvrir la tranche de gouttière, l'occasion de saluer le travail de Camille GAUTRON, graphiste.

Merci aux éditions La Doux pour ce très joli cadeau.

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2025-09-12T06:00:00+02:00

Où les étoiles tombent de Cédric SAPIN-DEFOUR

Publié par Tlivres
Où les étoiles tombent de Cédric SAPIN-DEFOUR
 
La rentrée littéraire, ce ne sont pas que des romans, il y a des essais aussi à l'image de cette lecture #coupdepoing : "Où les étoiles tombent" de Cédric SAPIN-DEFOUR. Elle figure dans la première sélection du Prix Renaudot 2025.
 
"Où les étoiles tombent" est l'histoire bien réelle d'un couple, passionné de montagne, d'ascension, et de parapente. Habituellemt, Mathilde, s'envole la première, Cédric la suit. Là, il part le premier. Quand il se retourne, il ne voit plus de voile, elle est écrasée au sol. C'est le 12 août 2022 que l'accident s'est produit dans la région de Bolzano en Italie, laissant Mathilde entre la vie et la mort.
 
Longtemps Cédric SAPIN-DEFOUR pensera que Mathilde est morte. À tellement l'anticiper, le cerveau a mémorisé l'information au point d'avoir des difficultés à l'effacer.
 
Le jour du 12 août 2022 rayonne à l'image du faisceau lumineux d'un phare. C'est un repère dans le temps à partir duquel est balisée l'existence de Mathilde, depuis sa naissance jusqu'à sa réparation. Le temps est un élément majeur de la prose de Cédric SAPIN-DEFOUR. Il peut être un allié comme un ennemi.


À la fois j'entreprends tout vite pour accélérer vers toi, à la fois il me fait occuper chaque interminable minute, quoi que je choisisse je me trompe d'allure. P. 34

Cédric SAPIN-DEFOUR restitue, comme dans un journal intime, de façon chronologique, les différentes phases de la reconstruction de son épouse. Il y a des faits rapportés de façon presque clinique, il y a aussi des ressentis, des sentiments que seuls ceux qui sont passés tout près de la mort peuvent éprouver. Sans pathos, il y a bien sûr des questions existentielles. Là, l'écrivain prend de la distance par rapport aux réalités qui l'assaillent pour s'interroger sur ce qui faisait, fait, et pourrait faire sens dans sa vie aux côtés ou sans Mathilde. Le propos prend alors une dimension philosophique. 
 
Cet essai va vous faire vivre un véritable ascenseur émotionnel... vous allez évoluer au rythme des réflexions de l'auteur.


Avant de t'endormir, tu m'as dit deux phrases, la première m'a fait quitter le sol de bonheur, la seconde m'y a rabattu violemment.
"On va y arriver."
"Je voudrais que tu restes." P. 182

L'écriture permet d'entretenir la mémoire. L'écrivain dresse un formidable portrait de son épouse, une battante, de ces femmes que rien ne saurait arrêter.
 
L'écriture exorcise aussi les angoisses. Au service de Cédric SAPIN-DEFOUR, l'exercice permet de résister, un verbe dont la dimension impacte le quotidien d'un homme, pétri de douleur, de culpabilité et de souffrance devant l'état de santé de son épouse.
 
L'écriture permet encore de panser les plaies de Cédric SAPIN-DEFOUR. Au fil de l'essai, l'écrivain chemine dans l'appropriation des faits et de leurs impacts sur leur vie à tous les deux.
 
La narration propose d'ailleurs un chassé-croisé de deux temporalités, celle de la reconstruction de Mathilde bien sûr mais celle aussi du fil de cette journée du 12 août 2022 que Cédric SAPIN-DEFOUR s'attache à redérouler. Ce n'est qu'à la fin du récit que vous retrouverez l'analyse de ce qui s'est passé aux environs de 22 heures de cette journée vertigineuse. Ingénieux et parfaitement mené. 
 
Ce livre est lumineux, c'est un hymne à la vie, à la beauté, notamment des montagnes. C'est un essai qui va vous donner envie de croquer votre vie à pleine dents.
 
C'est aussi un livre hérisson, un livre dans lequel j'ai relevé une multitude de citations. J'aurais pu, en réalité, noter chacune des phrases de l'auteur, c'est vous dire si j'ai vibré.
 
Ça sera, en plus des prix littéraires, l'opportunité pour moi de venir régulièrement vous en parler !
 
Aujourd'hui, c'est ma #VendrediLecture.

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2025-09-06T06:00:00+02:00

Les promesses orphelines de Gilles MARCHAND

Publié par Tlivres
Les promesses orphelines de Gilles MARCHAND
 
Le dernier roman de Gilles MARCHAND "Les promesses orphelines" vient de sortir en librairie.
 
Ce roman, c'est d'abord une première de couverture aux couleurs chatoyantes comme une invitation à danser, entrer dans le bal que nous offre l'auteur. C'est la création d'Elena VIEILLARD. Vous noterez d'ailleurs l'évolution par rapport aux précédentes. Aux Forges de Vulcain change de style 😉
 
Et puis, ce roman, c'est les retrouvailles avec une plume au charme fou. Vous vous souvenez peut-être des précédents : "Une bouche sans personne", "Un funambule sur le sable", "Des mirages plein les poches", Le soldat désaccordé"...
Et bien, si vous aimez la tendresse et la fantaisie de Gilles MARCHAND, vous risquez fort de sombrer !
 
Nous sommes dans les années 1950. Gino est un jeune garçon, appelé "le petit rêveur", déjà tout un programme. Il est passionné par les machines, les progrès technologiques. Sa Vieille Tante, qui vient passer les week-ends dans sa famille, lui découpe tous les articles de presse que Gino conserve précieusement. Gino s'émerveille du travail de son père, cet exilé italien embauché pour la construction du téléphérique du Mont Blanc, "le plus grand de tout l'univers", de quoi faire rêver un jeune garçon. Sa mère est photographe, elle travaille pour un imprimeur de cartes postales, elle représente tout en beauté les richesses des villages de France. Gino grandit. Il n'aime pas bien l'école, à moins que ça ne soit l'inverse. Il va se passionner pour l'Aérotrain, cette prouesse, en plus de Roxane ! Mais là commence de nouvelles histoires !
 
Gino est un personnage profondément attachant. C'est un rêveur, c'est un garçon qui donne de la hauteur, même dans la gravité.


Je n'osais pas lui expliquer que je n'étais pas dans la lune mais plutôt dans les nuages. Et que papa l'embrassait. P. 105

De fiction, Gino risque bien de faire chavirer les cœurs. Le sien n'a d'yeux que pour Roxane, une jeune fille qui vient en vacances dans une résidence secondaire près de chez lui. Place au roman d'apprentissage, l'amour, toujours l'amour !
 
Et Gino véhicule cette merveilleuse idée du bonheur...


Il a sorti une bouteille de champagne qu'il gardait depuis des années pour fêter ça. Je n'ai pas pu m'empêcher de rire : Gino avait une fête en réserve. C'est peut-être cela la clé du bonheur : garder une bouteille au frais parce que l'on sait que la fête viendra. P. 271

À côté de lui évolue un personnage à part entière, l'Aérotrain, cette invention livrée en 1969 en pleine Beauce, un train circulant sur coussin d'air. Souvenez-vous, nous sommes dans les Trente Glorieuses, cette période d'innovation, d'effervescence technologique. Là, le roman revêt un caractère social en décrivant une époque, l'émergence de la société de consommation dont nous mesurons tous les effets aujourd'hui. Gilles MARCHAND ponctue joyeusement son propos de "réclames", ces publicités pour l'électroménager et autres trouvailles. Ingénieux !
 
Avec l'Aérotrain, il y a des personnages bien réels, eux, ses créateur et pilote. Gilles MARCHAND assure la postérité à des hommes qui auraient pu tomber dans l'oubli, respectivement Jean BERTIN et Daniel ERMISSE.
 
Quant à l'ambiance du bar de Jean-Georges, on a juste envie d'y foncer 😉 J'avais un si bon souvenir du café du coin réunissant les quatre amis du roman "Une bouche sans personne".
 
Ce roman est une pépite de cette rentrée littéraire, un roman qui vous fera vibrer. Vous sortirez de cette lecture des étoiles plein les yeux, à moins que ça ne soit des larmes coulant sur vos joues. Comme l'Aérotrain, les émotions sont promises à grande vitesse !

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2025-09-05T06:00:00+02:00

L'Albatros de Raphaël ENTHOVEN

Publié par Tlivres
L'Albatros de Raphaël ENTHOVEN

Et de 3 pour cette rentrée littéraire aux éditions de l'Observatoire, une maison que j'affectionne tout particulièrement.

Après "L'âme de fond" de Julia CLAVEL et "Nous n'avons rien à envier au reste du monde" de Nicolas GAUDEMET, place à "L'Albatros" de Raphaël ENTHOVEN.

Changement de registre avec un récit, celui de la maladie de Parkinson d'abord, d'Alzheimer ensuite, qui frappent sa mère, Catherine DAVID, une femme, une épouse, une amante, la mère de deux enfants, une journaliste, une écrivaine, une pianiste à ses heures. Ni ses connaissances, ni son courage, ni sa ténacité, ne feront barrage devant la puissance des maladies qui vont s'en donner à cœur joie sur son corps, tout particulièrement sur sa main gauche. Elle en écrira d'ailleurs elle-même un livre ("Lettre ouverte à ma main gauche et autres essais sur la musique"). La pianiste, qui marchait dans les pas de son père, ne saurait accepter cette fragilité. Elle avait l'habitude de surmonter la fausse note.


D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours entendu ma mère buter sur une note, s'arrêter, soupirer, repartir à l'assaut jusqu'à la victoire qui l'emmenait à l'obstacle suivant. P. 112

Oui, mais là, le mal était plus grand.
 
Ce récit, c'est aussi l'accompagnement d'une mère par son fils, lui qui a sa vie aussi, des enfants, et qui ne peut accourir chaque fois que sa mère le lui demande. Comme j'ai aimé ce passage où Raphaël ENTHOVEN explique le choix qui lui est donné d'aller dans le sens de la folie pour converser tendrement avec sa mère ou bien de se tuer à lui faire entendre raison alors qu'elle l'a perdue. C'est tellement frappant.
 
Ce récit, c'est celui d'un immense amour mère-fils. C'est l'expression de toutes les attentions, d'une délicatesse émouvante, d'une complicité touchante. C'est celui d'une présence, d'un regard...
 
C'est aussi un récit sur la musique, cette discipline artistique qui exige un investissement sans fin pour créer, expérimenter, vibrer... devant la beauté d'une interprétation. unique en son genre.
 
J'ai beaucoup aimé le passage sur les arts vivants et le fait qu'une "répétition" n'en soit finalement pas une puisqu'il est impossible de répéter exactement le morceau joué précédemment..
 
Ce qui m'a captivée, c'est la puissance de la musique pour ceux qui la pratiquent. Chez Catherine DAVID, elle représente quelque chose de l'ordre du frisson.


Ce qu'on dit du frisson quand on l'explique n'a rien à voir avec la simplicité de ce qu'on éprouve quand il nous traverse l'échine. P. 164

Pour celui qui l'écoute, à l'image de ce que vit Raphaël ENTHOVEN, il n'aura fallu que quelques notes pour le faire passer d'un immense chagrin à une certaine forme de gaieté. Quelle plus belle manière de quitter sa mère, avec cette citation.


C'est alors que, quand vint le moment de jeter une cuillère de terre sur le cercueil, le haut-parleur se mit à diffuser, à notre demande, un air de jazz, Benny GOODMAN, et, sans prévenir, une gaieté étrange, inopportune, impérieuse, s'empara de moi, comme un éclat de rire qui couvait, un sourire profond, une puissante envie de danser à la barbe des tombes. P. 226

Ce récit, j'ai crains un instant de ne me faire au style, une écriture érudite, des références mythologiques... Mais après quelques pages, j'ai finalement rendu les armes et me suis plu à vivre ce parcours de vie. Raphaël ENTHOVEN n'est devant la maladie, et la mort de sa mère, qu'un homme. C'est là que le propos prend une dimension universelle.
 
Je remercie la maison d'édition pour ce cadeau, aussi intimidant que saisissant. C'est ma #VendrediLecture.

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2025-09-02T06:00:00+02:00

Nous n'avons rien à envier au reste du monde de Nicolas GAUDEMET

Publié par Tlivres
Nous n'avons rien à envier au reste du monde de Nicolas GAUDEMET

Éditons de L'Observatoire

La rentrée littéraire promet d'être riche. Après "L'âme de fond" de Julia CLAVEL, un premier roman très réussi qui m'a profondément touchée, place à une histoire d'amour avec "Nous n'avons rien à envier au reste du monde" de Nicolas GAUDEMET.

Vous connaissez la chanson de Rita MITSOUKO, "Les histoires d'amour finissent mal", n'est-ce pas ?

Quand vous savez que Yoon Gi et Mi Ran vivent en Corée du Nord, régime totalitaire, et qu'ils n'appartiennent pas aux mêmes rangs d'estime du Parti, vous pouvez imaginer que leur histoire d'amour, née d'un regard échangé lors d'une exécution dans le stade Victoire, ne va pas être un long fleuve tranquille. Mais rien ne saurait arrêter deux amoureux, à la vie, à la mort.

Nicolas GAUDEMET, dont je ne connaissais pas encore la plume, nous propose un roman d'apprentissage avec cette relation amoureuse entretenue par deux adolescents, relation interdite sous peine de mort. La prose est soignée. Je me suis laissée embarquer. 

Il nous propose aussi un roman social avec la description de la Corée du Nord, du travail des enfants, de la presse au service de la propagande, des hauts parleurs installés dans les rues pour prêcher le Cher Général, de la sécurité du peuple assurée par une sorte de milice du parti, l'entraînement militaire des jeunes filles (8 ans) et des garçons (10 ans), des mariages arrangés... Je me suis laissée dire qu'il s'était rendu lui-même en Corée du Nord pour s'imprégner de la vie quotidienne, prendre la mesure des impacts du régime sur la vie de chacun, s'insinuant jusque dans l'intimité des couples.


Se marier, c'est servir le pays. P. 53

Je me suis laissée dire qu'il s'était rendu lui-même en Corée du Nord pour s'imprégner de la vie quotidienne, prendre la mesure des impacts du régime sur la vie de chacun, s'insinuant jusque dans l'intimité des couples.

C'est le choc des culture quand Yoon Gi découvre un autre territoire, d'autres mœurs.


T'as du mal à y croire parce que ton esprit est malade, t'as été baladé depuis ta naissance, la vérité c'est qu'on doit tout réapprendre. P. 135

L'auteur nous livre aussi un roman historique retraçant l'Histoire de ce territoire explorant les relations politiques entretenues avec la Chine, le Japon...
 
C'est une très belle référence des éditions de L'Observatoire que je remercie pour ce joli cadeau de la rentrée littéraire, une histoire d'amour éminemment romanesque avec des personnages d'un autre monde. C'est mon #Mardiconseil.

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2025-08-20T10:59:40+02:00

L'âme de fond de Julia CLAVEL

Publié par Tlivres
L'âme de fond de Julia CLAVEL
J'aime les éditions de l'Observatoire, vous le savez, j'apprécie aussi les premiers romans. Vous comprendrez que je ne puisse résister devant "L'âme de fond" de Julia CLAVEL dont la sortie est annoncée aujourd'hui en librairie.
 
Ce roman, c'est d'abord une première de couverture, la photo d'une personne debout, habillée d'une robe, pieds nus, en surplomb de l'océan sur un promontoire dont la pérennité semble largement compromise. Quelle meilleure image pour illustrer ce que vous allez lire. Elle est l'œuvre de Sylvain COLLET assisté d'outils d'intelligence artificielle.
 
Caroline est mariée. Avec Lucas, ils ont un jeune enfant, Valentin. Ils vivent à Paris. Elle est psychologue. Elle est associée avec Daniel, un psychiatre qui a assuré toute sa formation. Dans son cabinet, elle reçoit Hadrien, Sophie, Michel. Tous sont des patients qu'elle accompagne. Parallèlement, Caroline est interpellée par un nombre plus élevé que la moyenne de crises cardiaques entraînant des décès inexpliqués. Au fil de ses recherches, elle découvre ce qui pourrait bien devenir une épidémie. Et si la société toute entière était malade...
 
Dès lors, le décor est planté.
 
Sous la plume prodigieuse de Julia CLAVEL, vous allez explorer des histoires éminemment singulières, celles de trois personnes, deux hommes et une femme, dont le mal-être est prégnant. Comme j'ai aimé découvrir au fil des consultations les discours tenus par les patients et l'analyse de la professionnelle. J'ai été littéralement embarquée par les vies de chacun, touchée par leurs émotions. La forme, des chapitres dédiés successivement à chacun des personnages, renforce cette notion d'approfondissement de chaque parcours donnant un rythme à la prose, le tout étendu sur une période de 14 mois, avant et après un certain 21 décembre. Reflet de notre société, le roman devient social et laissera une trace pour les générations à venir. Un jour nous nous souviendrons de l'après Covid19.
 
Et puis il y a le personnage de Caroline, une femme elle-même fragile au regard des événements traumatisants auxquels elle a été confrontée dans sa tendre enfance. Là, l'écrivaine touche du doigt la distance requise sur le principe par des professionnels pour mener à bien leurs missions mais la compassion portée à chacun ne risque-t-elle pas un jour de faire chuter les thérapeutes ? Qui leur porte attention ? Auprès de qui peuvent-ils se délester du fardeau des autres devenant progressivement le leur ?
 
Il y a enfin l'enquête. De l'individuel au collectif, la santé mentale de la société française toute entière se retrouve sous les projecteurs de Julia CLAVEL. La fiction prend ses racines dans la vie d'aujourd'hui pour imaginer demain. La tension monte, la nervosité se fait sentir, la menace est là. Dès lors, le roman d'anticipation devient un page turner que vous ne pourrez plus lâcher. J'ai lu les 345 pages en quelques soirées, happée par ce qui pourrait devenir notre grande histoire.
 
Je ne vais pas vous en dire beaucoup plus, juste que Julia CLAVEL a puisé dans ses expériences professionnelles pour nourrir un roman d'exception. Il m'a rappelé d'ailleurs celui, il y a quelques années, de Constance RIVIÈRE, "Une fille sans histoire". Une fille sans histoire de Constance RIVIERE - T Livres ? T Arts ?
 
L'écriture est soignée, l'effet garanti. C'est une pépite de cette rentrée littéraire. Je remercie la maison d'édition de ce joli cadeau.


[...] il lui avait beaucoup appris sur le métier qu'elle voulait exercer, notamment qu'il ne fallait pas attendre de la thérapie qu'elle fasse disparaître vos problèmes - seulement de les comprendre et d'apprendre à vivre avec. P. 170

Il y a enfin l'enquête. De l'individuel au collectif, la santé mentale de la société française toute entière se retrouve sous les projecteurs de Julia CLAVEL. La fiction prend ses racines dans la vie d'aujourd'hui pour imaginer demain. La tension monte, la nervosité se fait sentir, la menace est là. Dès lors, le roman d'anticipation devient un page turner que vous ne pourrez plus lâcher. J'ai lu les 345 pages en quelques soirées, happée par ce qui pourrait devenir notre grande histoire.
 
Je ne vais pas vous en dire beaucoup plus, juste que Julia CLAVEL a puisé dans ses expériences professionnelles pour nourrir un roman d'exception. Il m'a rappelé d'ailleurs celui, il y a quelques années, de Constance RIVIÈRE, "Une fille sans histoire". Une fille sans histoire de Constance RIVIERE - T Livres ? T Arts ?
 
L'écriture est soignée, l'effet garanti. C'est une pépite de cette rentrée littéraire. Je remercie la maison d'édition de ce joli cadeau.

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