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Articles avec #rl2019_janvier catégorie

2019-03-16T07:00:00+01:00

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Publié par Tlivres
Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Préludes

Traduit de l'anglais par Alice DELARBRE

Le dernier roman de Sarah VAUGHAN fait partie des romans en lice pour le #GrandPrixdesLectricesElle2019 dans la catégorie des policiers. J'avoue que je n'avais rien lu d'elle avant, je remercie donc tout particulièrement le jury des lectrices Elle d'avoir retenu "Anatomie d'un scandale".

La première scène du livre surprend Kate en pleine décompression. Nous sommes en décembre 2016. L'avocate pénaliste depuis 19 ans sort d'une plaidoirie difficile, elle a échoué dans la défense d'une femme violée par son mari. Elle s'est spécialisée depuis plusieurs années dans ce genre d'affaires. La perruque enlevée, les pieds déchaussés, elle reprend ses esprits dans son bureau en sirotant un whisky. Elle se laisse bercer par des pensées qu'elle ne peut avoir que dans l'intimité de son bureau. C'est le moment que choisit son clerc pour lui proposer le dossier de sa vie. Il n'en faut pas plus pour que la professionnelle, carriériste, passionnée, se remette au travail. Elle ne sait pas encore que l'affaire qui oppose Olivia Lytton, assistante parlementaire, à James Whitehouse, sous-secrétaire d'Etat, son patron, va lui donner du fil à retordre et faire resurgir du passé de douloureux souvenirs.

Avec ce roman, Sarah VAUGHAN nous immerge dans des décors britanniques d'aujourd'hui et des années 1990. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire toutes les descriptions de ces colleges. J'ai retrouvé l'ambiance de celui de Benjamin WOOD : "Le complexe d'Eden Bellwether", un coup de coeur, l'occasion de faire un petit clin d'oeil aux éditions Zulma.

L'auteure ne manque pas de brosser le portrait d'une génération d'étudiants portés par l'invincibilité de la jeunesse qui, éloignés de leurs parents, profitent de leur liberté tout juste acquise pour repousser indéfiniment les limites. C'est aussi à ce moment-là que nombre d'étudiantes trouvent leur prince charmant. Sophie n'est pas très intéressée par les études, elle se repose sur le travail de Holly, une jeune fille d'origine modeste un peu perdue dans cet univers social richissime. Elle préfère se consacrer à la quête du chevalier qui lui assurera une vie de princesse. James Whitehouse semble le candidat tout trouvé. Les années ont passé, il a gravi les échelons de la société jusqu'à devenir un homme hautement convoité à qui rien ni personne ne résiste à moins que...

Ce roman, c'est l'histoire du procès d'une femme contre un homme, de la maîtresse bafouée par son amant et qui, avec l'aide d'une amie, pose le mot viol sur leur dernière relation sexuelle menée à la hâte dans un ascenseur minuscule de Westminster. Pour couronner le tout, l'affaire est dévoilée dans la presse, le scandale éclabousse James Whitehouse mais aussi sa famille, sa femme, ses enfants. Il menace aussi le Premier Ministre, un ami avec qui il a fait les 400 coups.

Sarah VAUGHAN sème autant de petites graines dans l'esprit du lecteur qu'il est nécessaire pour le happer et le tenir en haleine jusqu'à la toute dernière page. Véritable thriller psychologique, ce livre se lit quasiment d'une traite. J'ai été personnellement captivée par le destin de ces femmes blessées par des hommes peu scrupuleux de leurs désirs. L'écrivaine décrit un monde politique hanté par la presse, instrumentalisé par le pouvoir. Il n'en est que plus humain et se risque à jouer avec le feu !

La plume est fluide et dense, elle fait de ce roman un très bon livre.

Et si, comme moi, vous ne connaissiez pas encore Sarah VAUGHAN, nul doute que vous aviez déjà lu une traduction d'Alice DELARBRE. Elle a notamment traduit l'intégralité de l'oeuvre de Victoria HISLOP, ça vous donne une petite idée de son talent.

Maintenant, à vous de jouer !

Je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

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Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

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2019-02-26T13:31:24+01:00

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

Publié par Tlivres
Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

Il y a des romans porteurs d’une renaissance. « Piano ostinato » de Ségolène Dargnies publié chez Mercure de France fait assurément partie de ceux-là.

En 89 pages, l’ecrivaine, une première plume, réussit à orchestrer une descente aux enfers et la lente (re)construction d’un homme, un pianiste.

Il est tout petit mais il a tout d’un grand !

C’est mon #mardiconseil 🤗

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2019-02-19T12:40:00+01:00

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Publié par Tlivres
Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Editions Stock

Sur les conseils d'Antigone, j'avais découvert en 2016 la plume de Laurence TARDIEU avec "A la fin le silence", un roman que j'avais découvert avec beaucoup de plaisir mais qui avait laissé en moi, une empreinte indélébile, je m'en rends compte aujourd'hui !  En ouvrant "Nous aurons été vivants", le tout dernier roman de l'écrivaine, c'est comme une déflagration, une bombe, un coup de coeur.

Il n'aura suffit que d'un flash, une vision fugace, de l'autre côté de la rue, sur le trottoir, avant le passage en décalé de deux bus, pour qu'Hannah soit de nouveau déchirée par l'absence de sa fille, Lorette, partie il y a 7 ans sans laisser la moindre adresse, le moindre petit mot. Cette femme en "imperméable beige, sac vert en bandoulière, bottes noires" était-elle sa fille ? L'a-t-elle réellement vue ? S'agit-il d'une chimère ? Hantée par le fantôme de sa fille, Hannah ploie sous le choc de l'image. Tous les souvenirs resurgissent alors. Le fil de sa vie se déroule lentement. Elle vivait le grand amour avec Philippe, elle était artiste peintre. Hannah a 60 ans maintenant. Tout ceci est à conjuguer au passé, le château de cartes de sa vie s'est écroulé le jour où Lorette a tout quitté. Mettre des mots sur ses souffrances est si difficile, elle qui depuis sa tendre enfance vit dans la peur, de qui ? de quoi ? Mais sur ce banc, là, avec la rencontre d'un jeune homme, musicien, les choses se dénouent. Il n'aura suffit que de quelques paroles pour...
Laurence TARDIEU a cet immense talent de planter un décor, créer une ambiance, dès les premières lignes de ses romans. Je me suis vue, moi, à côté d'Hannah, dans ce petit matin parisien, brumeux, envahi par les bruits de la ville. Mais elle a aussi et surtout, cette capacité à passer du dehors, l'environnement, le cadre de vie, au dedans, l'intimité, le corps, la chair. Parce qu'il s'agit bien de cela, l'absence de Lorette mortifie sa mère, la meurtrit dans ses viscères, ce ventre qui l'a nourri pendant 9 mois, ses entrailles qui se sont ouvertes pour lui donner naissance, ce corps qui a ressenti au plus profond de lui toutes les joies mais aussi les peines de sa fille. Il y a cet indicible lien entre une mère et son enfant, la plénitude, la force de la maternité dans ce qu'elle a de plus physique et naturel. J'avais adoré "Une longue impatience", cette manière qu'avait Gaëlle JOSSE de décrire les soubresauts du corps torturé par l'absence d'un fils, je suis littéralement tombée sous le charme de ce qu'écrit Laurence TARDIEU. Ces deux auteures, des femmes, tiennent un propos prodigieux marqué par la minutie et la justesse des mots. Chacun résonne avec un effet décuplé, c'est une explosion d'émotions.


[...] la disparition de Lorette agit sur nous tel un fantôme qui nous poursuit tous, Lorette absente vit encore parmi nous par les questions sans réponse qu’elle nous a laissées et nous sommes tous, depuis sa fuite dans une forme d’errance à laquelle nous ne pouvons pas mettre un terme. P. 99

Mais le roman ne saurait se contenter d'explorer cette relation mère-fille. Laurence TARDIEU aborde aussi le sujet de l'amitié, des liens qui se nouent avec d'autres qui ne font pas partie de la famille et pourtant ! Hannah a rencontré Lydie lors du vernissage de l'une de ses expositions, la simple présence de la femme à ses côtés sans qu'elle sache qui elle était, ce qu'elle représentait, ce qui la faisait vibrer, a suffit à l'électriser. Il y a quelque chose de presque surnaturel à ressentir l'énergie d'une présence, l'intensité d'un regard, d'un corps, d'une posture. 


Depuis, Lydie et elle avaient partagé d’innombrables moments, et ces moments constituaient une sorte de palette de toutes les nuances du sentiment humain, une variation de tout ce qui peut exister entre la joie et le désespoir. P. 250

Cette relation établie entre les deux femmes est foncièrement bonne et généreuse. Elle donne la capacité à Hannah d'affronter chaque jour, elle qui souffre à en mourir et qui pourtant, trouve la force de (sur)vivre. Dans "Nous aurons été vivants", il y a la richesse, le contentement, la plénitude des sentiments. 

Et puis, il y a la présence de l'art comme un fil conducteur dans toute cette oeuvre. Hannah est peintre, c'est une artiste. Dans son rapport à la création, il y a l'exaltation, l'enivrement, l'étourdissement. Il y a la solitude aussi. Elle se souvient de ce tiraillement qui s'exerçait sur elle, partagée qu'elle était entre l'amour porté à sa fille, enfant, et la nécessité absolue d'assouvir le plaisir de peintre pour être elle-même, affirmer sa propre personnalité, son identité.  


Elle avait besoin de beaucoup de solitude pour peindre, et se disait parfois qu’elle ne parvenait plus à trouver la joie autrement que dans la solitude - les moments passés à peindre, ou à contempler les arbres de sa fenêtre, ou le ciel, ou juste être là, sans rien faire, à se sentir simplement exister. P. 205

Enfin (et je vais m'arrêter là parce que moi aussi je pourrais en faire tout un roman !!!), il y a l'Histoire. Présente dans la famille, une page sombre, tapie dans le silence, un secret qui avec les générations devient de plus en plus lourd à porter. Les hommes sont mortels, je ne vous apprend rien, et avec l'âge le risque de ne jamais savoir prend une toute autre dimension. Il y a un autre volet de la grande Histoire, celle qui a envahi les écrans de télévision en novembre 1989, la chute du mur de Berlin. Avec elle, c'était l'euphorie, le rêve enfin d'une Europe libre. Qu'est-elle devenue aujourd'hui ? Les capitales ne sont-elles par parcourues par ces militaires armés pour assurer la sécurité ? Ne sombrent-elles pas dans la peur des attentats ? Ne sont-elles par envahies par la montée des populismes ? Ce ne sont pas les événements de ces derniers jours à Paris qui viendront malheureusement démontrer le contraire. Laurence TARDIEU embrasse ces trente dernières années d'une Europe qui vieillit, elle aussi !

Ce roman, vous l'aurez compris, il m'a littéralement subjuguée, il a résonné dans ce que j'ai de plus intime. Mais je crois qu'il convient de le partager à l'envi. Vous aussi pourriez bien tomber sous le charme de la plume de Laurence TARDIEU, profondément sensuelle. Quant à la philosophie qu'elle nous livre, je vous laisse la méditer, tout simplement !

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2019-02-16T08:56:24+01:00

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Publié par Tlivres
Médée chérie de Yasmine CHAMI

Actes Sud

Je vous livre quelques mots de l'histoire :

Médée et son mari Ismaïl sont en escale dans un aéroport parisien. Ils s'apprêtent à s'envoler pour Sydney. Il est chirurgien, elle l'accompagne à un séminaire, bien malgré elle. Il lui dit de patienter quelques minutes près du kiosque à journaux, il va aux toilettes. Mais en réalité, il ne reviendra pas. Cette femme, ce sont deux de ses enfants, Aya et Adam qui la retrouveront pour lui annoncer qu'Ismaïl est parti à jamais. Elle s'est trompée sur les sentiments de son mari avec qui est vit depuis une trentaine d'année. Sculptrice, elle avait préféré le toit de la maison au jardin pour y créer son atelier. Elle y travaillait la pierre, des créations exigeantes physiquement qu'elle s'évertuait, une fois réalisées, à emmailloter avec du fil, des câbles, des morceaux de tissu, tout ce qu'elle pouvait trouver, un peu comme si elle voulait assurer leur protection. Alors que tout s'écroule autour d'elle, saura-t-elle se protéger, elle ? Retrouvera-t-elle un jour la voie de l'art ?

Yasmine CHAMI dresse un portrait de femme d'une infinie patience auprès de ses trois enfants, deux filles et un garçon, leur prodiguant tout son amour, une femme qui a toujours vécu dans l'ombre de son mari, aussi. Lui répare les vies, elle ne fait que modeler la pierre. Cultivant elle-même son infériorité, elle s'est construit un refuge à l'abri des regards et a dédié toute son existence au sacro-saint chef de famille.

Elle a fait de sa vie une dévotion. Alors, se retrouver là, au milieu de nulle part, dans une zone de  transit où les passagers sont à destination de... Médée, où en est-elle, elle ? Vers où va-t-elle ? Il faudrait déjà qu'elle puisse comprendre ce qui lui arrive. Paralysée par la violence foudroyante de la séparation, torturée par la déchirure fulgurante de la trahison, Médée choisit, dans l'urgence, de se retirer dans une chambre d'hôtel, tout ce qu'il y a de plus neutre et aseptisé. Alors qu'elle s'apprêtait à s'envoler, elle choisit de se terrer et d'explorer le vide abyssal qui l'habite maintenant. 

Yasmine CHAMI est audacieuse dans son projet littéraire. Elle procède à une mise à nu complète de Médée, cette femme anéantie par le sentiment d'abandon. Elle fait le choix de l'isoler, du monde dans quelques mètres carrés totalement insignifiants, des siens aussi. Malgré la douleur qui l'assaille, elle pousse ses enfants à la laisser là, choir, seule, pour écouter son corps, le laisser guider ses pas.


Médée, son corps sait ce que sa pensée ne conçoit pas encore, elle est comme ces personnages arrêtés, piégés dans une matière plus lourde que le mouvement qu’ils tentent. P. 15

L'écrivaine explore le destin de cette femme par la voie de la chair. Elle évoque la maternité et ce lien indéfectible qui lit une mère à ses enfants, le fruit de ses entrailles. C'est avec son corps aussi qu'elle sculpte :


[…] ses mains aux ongles coupés très courts, calleuses par endroits malgré l'usage répété de la pierre ponce pour attendrir la chair durcie par le maniement des outils : marteaux, burins, gradines, pointes, gouges, ciseaux, scies, mais aussi râpes, limes... P. 18

Médée est à la croisée des chemins, elle réalise sa mue, se libère progressivement des peaux mortes laissées par l'infidélité. Yasmine CHAMI décrit la métamorphose d'une femme forte, puissante, courageuse, en quête de nouveaux repères, d'un nouvel ancrage. Outre cette rencontre fabuleuse avec Tanya qui va panser ses plaies, lui donner du baume au coeur, c'est dans l'art aussi qu'elle imagine pouvoir lui donner une nouvelle vie, lui offrir la voie de la résilience. 

Les premières pages relatent une scène fracassante, le moment fugace où le château de cartes s'écroule. L'écrivaine va dédier son roman, "Médée chérie", à la (re)construction, lente, apathique, d'une femme. Dans une plume charnelle, médicale, presque chirurgicale, elle nous offre un condensé de sensibilité, de délicatesse et de générosité, elle nous livre un propos profondément humain, éclatant, plein d'espoir.

Ce roman, c'est un hymne à la vie, la consécration du pouvoir des femmes aussi. A la lâcheté d'un homme, elle oppose l'ardeur, l'énergie, la volonté, le ressort... des femmes. Sublime !

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Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

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2019-02-12T07:00:00+01:00

Le grand livre de la gemmothérapie de Laurine PINEAU

Publié par Tlivres
Le grand livre de la gemmothérapie de Laurine PINEAU

Editions Leduc

 

Aujourd’hui, pas de roman, pas de récit de vie, pas de document, non place à un guide complet pour se soigner.

 

La gemmothérapie, qu’est-ce que c’est ? Une thérapie naturelle comme la phytothérapie, l’aromathérapie, l’homéopathie...

 

Elle se base sur les bourgeons des arbres et arbustes, ces embryons végétaux qui sont très bons pour notre santé.

 

Ils ont des caractéristiques spécifiques qui permettent une régénération des tissus et une régulation des organes. 

 

La sérotonine, ça vous dit quelque chose, non ? Bien sûr, c’est le dernier roman de Michel HOUELLEBECQ mais encore, il s’agit du messager nerveux de la joie ! Elle est contenue dans le bourgeon du figuier qui peut agir sur votre système nerveux et votre intestin, le deuxième cerveau. 

 

Vous savez que vous pouvez lutter activement contre le vieillissement ? Là, affaire de genre oblige, chacun ses bourgeons, ceux du séquoia pour les hommes, ceux des airelles pour les femmes !

 

Avec « Le grand livre de la gemmothérapie », vous apprendrez à connaître leurs vertus et, à partir du fonctionnement de nos organes, à repérer ceux qui sont adaptés.

 

Je vous rassure tout de suite, pas besoin d’un bac scientifique pour comprendre le propos de Laurine PINEAU qui montre tout l’intérêt de la gemmothérapie, en toute simplicité. 

 

Elle a cette capacité à rendre accessibles les principes de Dame Nature. Finalement, entre les arbres et le corps humain, il n’y a pas tant de différences. Nous vivons tous au rythme des saisons. Nos besoins évoluent de façon cyclique. Vous y trouverez mille et un conseils pour bien anticiper les mois à venir !

 

Bien sûr, je ne l’ai pas lu dans sa globalité, mais je me suis déjà surprise à le survoler régulièrement et à y prendre goût. Moi qui n’aimais pas particulièrement les cours de SVT (oui, je sais, ça date un peu !) à l’école, j’ai l’impression aujourd’hui de comprendre les mécanismes qui sont à l’œuvre dans notre corps, une affaire d’âge peut-être, une affaire de pédagogie certainement.

 

Je ne suis pas peu fière de rédiger cette chronique un peu spéciale aujourd’hui. Laurine est ma nièce et j’avoue qu’elle m’épate par tant de connaissances et sa manière de vous expliquer les choses de la vie, tout naturellement. Naturopathe de formation, elle nous offre « Le grand livre de la gemmothérapie » qui sort aujourd’hui en librairie, c’est le premier en son genre et c’est mon #mardiconseil. 

 

Un immense bravo à toi Laurine ! Nul doute que tu sauras trouver ton public, n’est-ce pas les blogueurs ?

 

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2019-02-06T07:00:00+01:00

Personne n’a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDÉ

Publié par Tlivres
Personne n’a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDÉ

 

Flammarion

Véronique OVALDÉ est une conteuse remarquable. Elle nous avait habitués à des récits exotiques dans des contrées imaginaires, là elle prend son lecteur par surprise et lui sert un thriller psychologique parfaitement maîtrisé.

Quelques mots de l’histoire :

Gloria Marcaggi boucle les valises pour un voyage sans retour. Elle monte en voiture et passe à l’école chercher ses deux filles, Loulou et Stella. Elle brade sa Côte d’Azur pour l’Alsace. Sa mère a hérité d’une maison de famille en forêt de Kayserheim. Inhabitée, elle s’y installe. Au fur et à mesure qu’elle y prend ses marques, elle déroule le fil de son existence. Elle n’avait que 16 ans quand son père est décédé d’un cancer. Sa mère était partie depuis quelques temps avec son dentiste. Gloria a alors décidé de quitter le lycée pour s’assumer. Elle a d’abord travaillé au bar « La Traînée ». Tonton Gio qui était l’associé de son père dans l’affaire veillait sur elle. Et puis il y a eu cette histoire d’amour avec Samuel, un garçon séduisant mais qui vivait de trafics en tous genres.  Avec la naissance de Stella, elle a décidé d’arrêter de travailler. C’est alors qu’a commencé pour elle une nouvelle vie, à ses risques et périls.

Je ne vous en dirai pas beaucoup plus si ce n’est que ce roman m’a littéralement happée. Une fois les premières pages découvertes, vous ne pourrez plus le lâcher. Vous voilà prévenu(e)s !

Véronique OVALDÉ focalise son récit sur l’histoire rocambolesque et chahutée de Gloria, une jeune femme étrange et mystérieuse qui s’est construite au gré de circonstances dramatiques. Reconnue pour sa force de caractère, son courage et sa ténacité, elle est confrontée aux affres de l’amour :


Je ne cesserai jamais de m’étonner de la manière dont on perçoit l’autre la première fois, l’autre qu’on aimera plus que tout, l’autre qu’on aimera imprudemment, totalement, tragiquement [...]. P. 26

 

Isolée du monde, elle trace sa voie. Il y a quelque chose d’animal dans le comportement de cette mère vis-à-vis de ses filles qu’elle entend protéger. De qui ? De quoi ? Échappera-t-elle à la malédiction des générations de femmes qui l’ont précédée ? N’est-elle pas elle-même à l'origine d’une prise de risque pour Loulou et Stella ?

Autant de questions qui vous prendront à la gorge et vous tiendront en haleine. La première scène est absolument magistrale, le processus verrouillé, la tension à son paroxysme, ce ne sont que dans les toutes dernières pages que l’écrivaine acceptera de lever le doute.

La respiration est saccadée, elle évolue au rythme irrégulier de la narration avec des chapitres tantôt de quelques pages, tantôt de quelques lignes. Au coeur d’un paysage naturel, il y a cette urgence à vivre !

Dans un style tout à fait inattendu, Véronique OVALDÉ s’invite dans cette rentrée littéraire de façon fracassante. Elle fait d'ailleurs partie des cinq finalistes pour le Grand Prix RTL/Lire 2019 !

L'écrivaine a cette capacité à pouvoir naviguer entre différents genres littéraires. N’est-ce pas là la preuve d’un immense talent ?

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2019-02-05T07:00:00+01:00

Le Rituel des dunes de Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS

Publié par Tlivres
Le Rituel des dunes de Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS

Zulma
 

La plume de Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS, je ne la connaissais pas. Faute avouée à demi pardonnée, non ? Indiscutablement, c'est un formidable conteur.

Quelques mots de l'histoire, que dis-je, des histoires :

Roetgen, un brin déprimé, vient de terminer l'écriture d'un manuscrit pour partie inspiré de sa propre vie. Il a partagé son logement un temps avec Warren, un américain, homosexuel, enseignant à l’institut de langues de Tientsin. Et puis, il a côtoyé Beverly, une femme rejetée par ses parents de Détroit dans les années 1963/1964. Elle a sombré dans la grande pauvreté. Et puis, elle a connu une ascension sociale fulgurante. Elle aurait pu savourer le confort de sa nouvelle vie, mais non, elle a préféré abandonner cent millions de dollars pour tracer sa voie. Il y a Hugo aussi, un Allemand dont la mère est morte précocement et le père discret sur sa vie passée en Chine. C'est là-bas qu'il partira en quête de ses origines. Enfin, il y a Lafitte, un Canadien, la quarantaine, enseignant en mathématiques à Montréal. Il vit depuis cinq ans en Chine populaire. Son défi, passer une nuit dans un chaudron de la Cité Interdite.

"Le Rituel des dunes", c'est une histoire, imbriquée dans une autre histoire, elle-même enchâssée dans une énième et ainsi de suite. C'est un roman à tiroirs dans lequel Jean-Marie BLAS DE ROBLES dresse une galerie de portraits, tous aussi singuliers les uns que les autres. L'écrivain s'attache à en décrire minutieusement la psychologie :


Chacune de ces biographies était un sol jonché de cendres froides : où était le volcan, la source éruptive de ces traînées de lave ? P. 23-24

Il déroule le fil de l'existence de chacun et explore l'intime, le coeur des personnages.
J'ai particulièrement aimé celui d'Hugo qui va assouvir le besoin irrépressible de connaître le passé de son père. Mais plus que tout, c'est le personnage de Beverly qui illumine ce roman. Personnage fantasque, extravagant, excentrique, elle donne un côté moderne à un livre qui a été écrit par Jean-Marie BLAS DE ROBLES en 1980. C'est elle qui donne la clé de lecture de ce roman. Ce n'est pas moi qui le dit mais Laure LEROY, l'éditrice de Zulma que j'ai eue la chance de rencontrer samedi à Angers à la Librairie Richer. J'étais sortie de cette découverte, un brin frustrée, elle aura suffit par son propos à me libérer, à déverrouiller la porte qui m'empêchait d'apprécier pleinement la plume de l'auteur.

Parlons de l'écriture de Jean-Marie BLAS DE ROBLES justement ! Elle est charmante à l'envi et donne au roman ses lettres de noblesse. Je l'ai dit en introduction, c'est un conteur. Il va vous offrir un voyage, vous faire découvrir la Chine dans ses plus pures traditions. J'ai adoré le passage dédié à l'art chinois de la gravure sur ivoire de citations illisibles à l’œil nu, c'est un véritable condensé de minutie et de raffinement. J'en profite pour faire un petit clin d'oeil à Etienne qui propose actuellement un thé vert : "Secret de l'empereur", avouez que le mariage était bien trouvé !

Avec cette lecture, vous serez bercé(e) d'illusions. N'est-ce pas aussi ça la vocation de la littérature ?

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2019-02-03T10:46:42+01:00

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

Publié par Tlivres
Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

Albin Michel

Delphine BERTHOLON, je ne vous la présente plus ! C'est l'auteure de l'indéfinissable "Coeur-Naufrage", énorme coup de coeur, de "Grâce" aussi, et puis "Les corps inutiles", ou encore "L'effet Larsen". 

Elle nous revient en cette rentrée littéraire de janvier avec un roman jeunesse, avouons que je n'ai pas boudé mon plaisir de rajeunir de quelques  ( dizaines d')années.

D'ailleurs, je crois que je pourrais tout lire d'elle. Delphine BERTHOLON écrit avec une plume remarquable. Dès les premières lignes, vous êtes pris à la gorge. Vous ne lâcherez prise que dans les toutes dernières lignes du roman, et là, je dois dire qu'il n'y a pas d'âge !

Quelques mots de l'histoire :

Malo a 15 ans quand son père, prof de guitare, obtient la mutation de sa vie, il intègre le Conservatoire de Nîmes. Toute la famille, Sophie, la nouvelle compagne de son père, Jeanne, sa petite soeur de 5 ans, quittent Paris. Ils emménagent dans une maison au milieu des bois, éloignée du village de quelques kilomètres. Alors Malo, pour s'occuper, prend son vélo et part à la découverte des lieux. Il tombe sur une ruine qui dès les premiers instants le captive. Il croit y voir une ombre, prend ses jambes à son coup et rentre à la maison, là où Jeanne commence à avoir des comportements étranges. Seul Malo semble en être perturbé. Bientôt l'angoisse commence à se faire une place dans le coeur de l'adolescent, ses nuits sont ponctuées d'insomnies aggravées le jour par l'immense solitude qui le tenaille, il est hanté par le fantôme de sa mère... Le jeune garçon est bien décidé à découvrir le secret qui l'obsède... à tout prix !

Delphine BERTHOLON nous livre un thriller fantastique tenu par une main de maître, l'énigme est entretenue tout au long du roman dans lequel règne une atmosphère mystérieuse. Le jeune garçon, particulièrement attentionné pour sa soeur, porte sur ses frêles épaules un fardeau parfois trop lourd, il devient hypersensible à son environnement.

Le journal intime marche à tous les coups. C'est effectivement par cette voie que l'écrivaine décide de dérouler le fil de la vie du jeune homme. Elle nous révèle une histoire familiale douloureuse qui ne manque, pas à l'adolescence, de resurgir dans toute sa puissance.

J'ai été bluffée une nouvelle fois par l'écriture de Delphine BERTHOLON, chapeau.

Et même si, à l'ouverture de chaque chapitre, quelque chose me rappelait qu'il s'agissait d'un roman jeunesse...

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

j'ai plongé et me suis délectée à suivre l'aventure du jeune homme. 

Un petit mot pour la première de couverture, juste magnifique et tellement évocatrice de ce qui vous attend... ce roman, vous pouvez le conseiller à tous !

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La mer monte de Aude LE CORFF

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Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

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La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

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2019-02-02T07:00:00+01:00

La nuit se lève d’Elisabeth QUIN

Publié par Tlivres
La nuit se lève d’Elisabeth QUIN

Grasset
 

Elisabeth QUIN, vous la connaissez peut-être, il s'agit de la présentatrice de l'émission "28 minutes" sur Arte.

Cette femme joyeuse, drôle, règne en chef d'orchestre sur une équipe décomplexée aux manières atypiques d'interviewer les invités. S'ils sont réunis autour d'une table, rien de plus banal, il y a une singularité de ton, empreint d'humour, de bienveillance, mais aussi d'espièglerie dans l'approche de l'humain. Alors, quoi de plus naturel que de s'intéresser, à notre tour, au destin d'Elisabeth QUIN ? Elle souffre depuis 2008 d’un glaucome, une hypertonie oculaire qui détruit lentement mais irréversiblement son nerf optique. C'est un legs de son père comme elle aime à le dire. Dans ce récit de vie, elle nous relate son combat de tous les jours, sa terreur du diagnostic, son besoin de simuler l'aveugle pour se préparer à sa cécité parce que "La nuit se lève", ses tentatives tous azimuts pour stopper l'évolution de la maladie (sa consommation boulimique de confiture de myrtille en référence à la légende des pilotes de la Royal Air Force qui auraient ainsi amélioré leur vision nocturne, ses pèlerinages à Notre Dame de Lisieux bien que non-croyante, ses consultations de l'ethnopsychiatre Tobie NATHAN...). Elle égratigne le monde médical, inhumain, froid, elle remercie les professionnels qui lui ont manifesté une attention particulière, chaleureuse, rassurante. Elle parle de sa  relation aux autres, ses proches, son compagnon, sa fille adoptive. Si elle nous confie l'objectif de son livre dans les toutes dernières pages, ironie du sort,  elle nous pose aussi cette question, à nous les personnes qui voyons encore : "Assumes-tu d’être un peu voyeur ?"

Je vais répondre tout de suite à la question de l'auteure. Ce récit de vie, de prime abord, a attiré mon attention parce que j'apprécie profondément la personnalité d'Elisabeth QUIN, ce qu'elle dégage dans ses émissions de bonne humeur et de chaleur humaine. Mais je ne suis pas une adepte de la presse people et ce qui m'intéressait beaucoup c'était sa façon à elle d'aborder la maladie, une certaine philosophie de vie, et là, j'avoue être pleinement conquise.

D'abord, Elisabeth QUIN n'a pas écrit ce récit pour que l'on s'apitoie sur son sort, ce n'est pas le genre. Elle profite au contraire de "La nuit se lève" pour donner quelques éléments statistiques méconnus du grand public. 1,7 million de personnes en France sont aujourd'hui atteintes d’un trouble de la vision, la proportion grandissant inlassablement au fur et à mesure de l'allongement de notre espérance de vie. Loin d'être un cas isolé, elle met au contraire le doigt sur un mal qui ronge notre société.
Elisabeth QUIN est érudite, c'est une intellectuelle, une femme cultivée qui va puiser dans ses connaissances historiques, littéraires, artistiques... pour traiter le sujet de sa maladie. Elle cite à l'infini des artistes, des auteurs, souffrant de la même pathologie, mais qui suscitent le beau comme la voie de l'épanouissement personnel.

Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce récit de vie c'est l'humour implacable d'Elisabeth QUIN à l'image de cette citation :


Un arbitrage s’opère à la bourse des valeurs sensorielles : l’audition est en hausse, future valeur refuge, tandis que la vue plonge dans le rouge. P. 47

Vous vous surprendrez peut-être à rire en lisant les premières pages du livre où elle explique la guerre qu'elle mène contre une pilosité incroyablement développée, effet secondaire des traitements médicamenteux. Elle se présente comme une femme à barbe, une Mère Noël. 

C'est aussi sa manière de poser des questions éminemment philosophiques sur le sens de l'existence. La cécité à venir peut-elle le faire évoluer. Elle parle aussi du désir, sexuel. Est-ce que la vue suscite le désir ? Qu'en sera-t-il une fois la nuit levée ?

Et si nous devions faire nôtre du brin de sagesse qui guide les pas d'Elisabeth QUIN, je retiendrai personnellement cette phrase : 


Et se battre avec amour, un authentique amour de soi et de la vie. P. 42

Ce que j'aime plus que tout dans la littérature, c'est ce qu'elle offre comme champ des possibles, les romans par la fiction qu'ils entretiennent, les récits de vie par la réalité qu'ils véhiculent aussi. Je me dis que si un jour, moi ou mes proches, étions atteints d'une maladie semblable, j'aurais le réflexe de (re)lire ou faire lire "La nuit se lève" parce que le parcours d'Elisabeth QUIN est lumineux, il est plein d'espoir et montre à quel point, prendre de la distance peut permettre de conserver son insouciance. Le plume est fluide, émouvante, ponctuée de mille et une anecdotes donnant à voir la richesse de la vie.

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2019-02-01T07:00:00+01:00

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Publié par Tlivres
Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Actes Sud

La plume de Corinne ROYER, je ne la connaissais pas. Je me suis laissée guider par le conseil de Gaëlle NOHANT, auteure de la "Légende d'un dormeur éveillé" et j'ai très bien fait.

Ce roman, c'est l'histoire de deux femmes. Il y a Louisa. Son père, Nicolas Gorki est peintre. Il a épousé une soprano, Elena Paredes, partie un jour sans retour. Louisa prépare une thèse de doctorat sur la génétique. Elle étudie le syndrome de Down. Elle entretient une relation singulière avec son maître de thèse, un professeur en fauteuil roulant qui porte sur ses épaules un lourd fardeau. C'est lui qui la met sur la voie d'une autre femme, Marthe GAUTIER. En 2016, elle a 92 ans. Elle est surnommée la Découvreuse oubliée. Cette femme a mis en évidence le chromosome surnuméraire de la trisomie 21 en 1958. Elle a été élevée à Ocquerre dans la vallée de l’Ourcq. Elle habitait la Maison des trois cheminées. Sa soeur aînée, Paulette, suivait des études de médecine. Elle l'a aidée à tracer sa voie malheureusement, son mentor décède jeune d'une balle perdue. Elle passe l'année 1955 à Harvard dans le cadre d'une bourse d’étude. A son retour d’Amérique, elle est recrutée par le Professeur TURPIN de l’hôpital Trousseau. Elle est la première à créer un laboratoire de cultures cellulaires en  France. Sur le point de diffuser les résultats de ses recherches, elle se fait spolier sa découverte par un membre de l'équipe. 

Ce roman résonne comme une réparation. Corinne ROYER rend hommage à une chercheure bafouée par l'un de ses proches collègues. Nous étions en 1958, les femmes peinaient à se faire une place dans le monde scientifique. Quoi de plus naturel que de s'approprier le fruit du travail de celle qui sera, toute sa vie durant, considérée comme une contributrice. Marthe GAUTIER est victime de l'effet Matilda, ce déni ou cette minimisation du travail des femmes scientifiques. Inutile de vous dire que je n'ai pas décoléré de toute cette lecture. Comment supporter qu'une femme se voit ainsi dépossédée ? J'ai été profondément touchée par les textes écrits de Marthe GAUTIER elle-même dans son petit cahier gris et qui en dit long sur son amertume.


Autrefois je l’ai ressentie, cette mécanique implacable qui fait que l’on se sent dépossédé. P. 77

Je me suis laissée attendrir par l'itinéraire de Marthe GAUTIER, j'ai beaucoup aimé découvrir cette femme, passionnée de botanique, aquarelliste, qui se plaît à citer George SAND écrivant à Flaubert :


Je prends des bains de botanique, je me porte comme un charme. P. 37

Si la littérature d'aujourd'hui évoque souvent un retour difficile dans son village d'enfance, je pense notamment au roman de Caroline CAUGANT "Les heures solaires" ou encore celui de Gautier BATTISTELA "Ce que l'homme a cru voir", Marthe GAUTIER, elle, choisit, à la retraite, un retour aux sources pour soigner ses plaies.


Et ce qui m'importe à présent, et ce qui surtout me conforte dans la décision de retourner à Ocquerre, n'est rien d'autre qu'une manière de rendre la dépossession habitable, de conjoindre sous mes pas ses fragments épars, de marcher calmement dans la nuit, une horde de fantômes en haie d'honneur. P. 79

J'ai beaucoup aimé ce roman. Il y a les confessions de la vieille dame bien sûr, infiniment émouvantes, mais il y a aussi la qualité de la plume. Dès les premières lignes, j'ai été séduite par le côté poétique de l'écriture. Les métaphores sont autant de manières de sublimer le propos. 


Tout, des murs aux planchers, exsude ses humeurs tel un joyeux salpêtre aux efflorescences blanchâtres, un sel de pierres qui gagne chaque jour sa part de luminescence sur la noirceur du monde. P. 86

Corinne ROYER nous offre un roman intimiste qui mêle subtilement deux registres, la fiction incarnée par le personnage de Louisa, la réalité avec celui de Marthe GAUTIER. Il y a une certaine ingéniosité à enchevêtrer deux parcours de femmes, toutes les deux intervenant dans le domaine de la médecine, toutes les deux investies dans la recherche, mais vivant leur carrière à une cinquantaine d'années d'écart. Avec le portrait de Louisa, Corinne ROYER réussit à donner une touche de modernité à un livre qui pourrait presque être qualifié d'historique.

Elle assure la mémoire d'une Découvreuse tout en beauté, qu'elle en soit remerciée !

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2019-01-22T07:00:00+01:00

Les heures solaires de Caroline CAUGANT

Publié par Tlivres
Les heures solaires de Caroline CAUGANT

Stock - Arpège

Dans la toute nouvelle collection Arpège aux éditions Stock, Caroline LAURENT a offert une place de choix aux premiers romans qui le lui rendent bien. Il suffit d'ouvrir "Les heures solaires" de Caroline CAUGANT pour s'en convaincre. 

Dès les premières lignes, j'ai senti la pression m'envahir, l'étau se fermer sur moi, avec cet appel téléphonique venu perturber le quotidien de Billie. La trentaine, elle habite Paris. De son appartement, elle surplombe le cimetière du Père-Lachaise. Elle est artiste, elle dessine. Elle prépare une exposition et travaille avec acharnement, le calendrier est serré. Dans son univers, la portée des vues, l'intensité de la lumière, la présence des ombres sont autant d'éléments qui la font vibrer. Mais là, subitement, son tremblement  trouve sa cause ailleurs que dans sa passion. La Directrice de la résidence des Oliviers vient de lui apprendre la mort de sa mère, Louise, cette femme qu'elle n'a pas vue depuis des années. Avec ce décès, le passé, qu'elle s'était efforcée d'oublier, resurgit. Billie ne peut plus reculer, elle va retrouver V., le village de son enfance. Elle sait déjà que son château de cartes risque de s'écrouler, plus rien ne sera comme avant.

Ce première roman est un immense coup de coeur, je sors de cette lecture totalement habitée par le personnage de Billie. 

Je vous dis en quelques mots.

J'ai été captivée par ce roman et son côté foisonnant. Il déroule lentement le fil de la vie de trois femmes. Il y a Billie bien sûr. Elle fut longtemps appelée Bill par sa mère. Elle avait horreur de ce prénom, à moins que ça ne soit tout ce que sa mère représentait qui l'assaillait. Bill, c'était pour sa vie d'avant, celle menée jusqu'à ses 17 ans, jusqu'au jour où elle a quitté V. avec, pour seul bagage, un vulgaire sac à dos. Et puis, il y a Louise, la mère de Billie. Elle est morte noyée la veille de son anniversaire. Leur relation était faite de silences. Et avant elles, il y avait Adèle, la mère de Louise, la grand-mère de Billie. Dans les brumes de la seconde guerre mondiale, il y a l'amour, des enfants, la vie. A l'image de poupées russes, les destins de ces trois femmes s'entremêlent les uns les autres. Il y a la filiation qui les unit, il y une terrible malédiction aussi.


N’y a-t-il donc aucun refuge où enterrer les actes passés ? P. 125

J'ai été intimement touchée par l'effet des secrets de famille sur les différentes générations. A l'image de la première de couverture, ils agissent comme les ronds dans l'eau. Au plus près du lieu d'impact, il y a ce léger frémissement à la surface. Et puis, au fur et à mesure que la distance s'accroît, la vaguelette prend de la force et devient aussi violente qu'une déferlante, emportant tout sur son passage, le corps et l'âme. Billie, hantée par ses fantômes, se retrouve confrontée à la réalité de ses origines. 


Comme l’eau de la rivière, les secrets enfouis se faufilent, même dans les creux les plus infimes. P. 235

Caroline CAUGANT est passionnée par la mémoire transgénérationnelle, par ce qui se transmet des parents aux enfants jusque dans leur inconscient. Elle en fait le sujet de son roman et l'explore avec talent.

Et puis, il y a cette relation d'amitié entre Bill et Lila. J'ai été profondément émue par les plaisirs d'enfant, l'espièglerie des deux petites filles, les jeux innocents, les journées passées sous le soleil de V. à s'amuser, à se baigner. L'écrivaine brosse minutieusement le portrait d'un paysage du sud de la France, d'un arrière-pays, qui lui aussi laisse une trace, infiniment charnelle, dans la mémoire de Billie, un peu comme si le territoire qui nous a vu naître nous marquait à jamais du sceau de son empreinte.


Le passé et le présent se mêlant dans un étrange ballet. P. 24

Mais le tableau n'aurait pas été complet sans l'invitation de la grande Histoire dans l'itinéraire de ces femmes, meurtries à jamais.

Et puis, j'ai été littéralement transportée par l'expression artistique, ce que les oeuvres disent des états d'âme de l'artiste au moment de leur création. L'approche technique de la discipline comme celle de la psychologie de la dessinatrice relèvent de l'expertise. La quête de liberté de Billie, son irrépressible besoin de connaître ses racines pour mieux s'en émanciper, sont autant d'éléments sur lesquels Caroline CAUGANT construit une puissante alchimie. 

Enfin, et c'est là toute la beauté de ce roman, il y a l'écriture, une plume prodigieuse, parfaitement maîtrisée dans une construction ô combien structurée. La narration fait alterner les personnages et les temporalités, sème le doute, entretient le mystère jusqu'à la chute, juste éblouissante. 

"Les heures solaires", c'est un roman initiatique qui dévoile l'immense talent de Caroline CAUGANT.

Quelle plus jolie pierre Caroline LAURENT aurait pu trouver pour la construction de sa fabuleuse collection ? Avec ce brillant premier roman, elle va prendre de la hauteur, se laisser pousser des ailes et rêver, un jour, de délicatement gratter le ciel ! 

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2019-01-20T07:00:00+01:00

Vigile de Hyam ZAYTOUN

Publié par Tlivres
Vigile de Hyam ZAYTOUN

Le Tripode

Ce que j'aime dans la littérature, c'est sa diversité. Et il suffit de regarder cette rentrée littéraire de janvier 2019 pour se dire que nous sommes très gâtés. Place à "Vigile", le roman autobiographique de Hyam ZAYTOUN.

Une nuit, la narratrice se réveille. Elle est interpellée par un bruit singulier, un vrombissement. Quelques secondes suffisent pour qu'elle prenne conscience qu'il s'agit de l'homme avec qui elle partage sa vie qui respire ainsi. Il est en arrêt cardiaque. Dès lors, le temps prend une dimension toute particulière. Elle allume la lumière, appelle les pompiers, commence le massage, il durera 30 minutes. 30 minutes qui lui paraîtront une éternité alors que pour Antoine, il y a urgence à vivre. Quand les pompiers arrivent, ils prennent le relais, elle reporte son attention sur Margot et Victor, leurs enfants de 6 et 3 ans, ils ont tout vu ! Dès lors, c'est une toute nouvelle page de leur vie qui est à écrire... 

Ecrire, oui, écrire pour Antoine. Plongé dans un coma thérapeutique, il ne se souviendra pas de ces instants, et des jours suivants. Alors, dans une phrase pleine de poésie, de tendresse, Hyam ZAYTOUN nous explique les raisons de ce livre.


Ce n'est pas ton stylo, c'est le mien mon amour. Mais, à défaut, je te les raconte, ces premiers de ta deuxième vie. P. 113

Ce roman, elle le dédie à l'homme qu'elle aime. Elle s'adresse à lui avec une narration à la deuxième personne du singulier et lui témoigne des moments d'espoir, de doute, de confusion, d'effondrement aussi. Elle lui explique ô combien la famille, les amis, les voisins, ont partagé avec elle, ses enfants, les périodes d'euphorie et d'anéantissement. Dès les premières heures où il est accueilli à l'hôpital, elle va faire en sorte d’oublier qu'il est maintenu en vie par un respirateur et lui murmurer à l'oreille des mots d'amour, lui rappeler de beaux souvenirs vécus ensemble

Avec "Vigile", elle lui explique la mobilisation de chacun pour assurer sa surveillance, l'implication du personnel médical pour lui laisser à elle, à eux, des temps de respiration.

Ce roman, 


C'est une histoire de pulsation. P. 11

vous le lirez en apnée totale, 125 pages pendant lesquelles le temps, subitement, sera suspendu.

"Vigile" est une formidable preuve d'amour et de courage. Quand certains auraient eu instinctivement le réflexe d'éloigner les enfants des scènes de la vie de leur père, Hyam ZAYTOUN a souhaité les y faire participer. Elle prend le parti qu'il va s'en sortir et fait entrer les enfants dans cette mécanique. Quel audace !

"Vigile" est un hymne à la vie, une formidable leçon que Hyam ZAYTOUN donne au lecteur. La plume est délicate, le propos lumieux. C'est un premier roman et il est parfaitement réussi.

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2019-01-11T12:00:00+01:00

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Publié par Tlivres
Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Il y a une maison d'édition qui se fixe comme objectifs de "plaire et instruire, changer la figure du monde".

Vous avez deviné de qui je parle ? Aux Forges de Vulcain bien sûr.

Elle vient de publier le premier roman de Jean-Baptiste de FROMENT "Etat de nature", qui incarne tout à fait ces dimensions. Il faut dire qu'elle n'en est pas à son coup d'essai, j'avais déjà eu la chance de découvrir le propos d'Alexis DAVID-MARIE avec #Martyrs français tenu sur fond de campagne présidentielle, un roman tout à fait éclairant notamment sur les partis d'extrême droite.

Là, nous voilà plongés au coeur de la Douvre inérieure, un département français, rural. La Préfète, Barbara Vauvert, la trentaine, est démise de ses fonctions sans nouvelle affectation. Le Ministre Kavasch lui communique sa révocation par téléphone alors même qu'elle s'apprête à accueillir un californien, un capital-risqueur de la Silicon Valley. Le projet Gaïapolis, entendez par-là, la première cité agricole numérique connectée, ne peut être lancé sans l'installation d'une connexion à haut débit, une véritable révolution que les vieux soldats de la politique voient d'un mauvais oeil. Ce n'est pas tant l'évolution technologique qu'ils réfutent que cette femme qui, avec son habitude d'aller à la rencontre des habitants du département, agace terriblement. Elle en connaît tous les recoins et séduit les foules avec son projet en faveur du territoire. C'en est trop, il faut la mettre hors d'état de nuire. Qui la remplacera ? Pour faire quoi ? Et si les enjeux étaient à une autre échelle, à celle de la présidentielle ?

Avec ce roman, Jean-Baptiste de FROMENT brosse le portrait d'un système politique archaïque, désuet, misogyne, dans lequel les hommes partagent, dans des cercles très fermés, leurs privilèges autour de repas bien arrosés. Le territoire, eux, ça leur parle. Ils en connaissent tous les produits et finissent par les incarner physiquement, tout rond qu'ils sont et rouges comme la bonne chair. Pour se détendre les jambes, quoi de mieux qu'une partie de chasse en forêt, histoire de faire de leurs ennemis politiques un vulnérable gibier.  

Le titre suffit à évoquer l'interférence entre la politique et le règne animal. Dans "Etat de nature", il y a Etat bien sûr que l'on pourrait lire avec un M majuscule en référence à l'organe constitutif disposant du pouvoir d'autorité sur les citoyens dans un but d'intérêt général. Toutefois, accompagné du mot nature, il perd de sa superbe et, de la cour du roi, on se surprend à se retrouver au coeur d'une basse-cour de ferme. Là, nous ne sommes plus en société mais dans des temps reculés où l'homme agissait dans le simple but de satisfaire ses besoins vitaux. Les comportements sont instinctifs et dictés par la loi du plus fort. Avouons que la première de couverture représente divinement bien les combats de coqs intestins. Vous l'aurez compris, dans ce roman, c'est à la nature que Jean-Baptiste de FROMENT nous renvoie inlassablement...


La politique, comme la nature, a ses exubérances : ses herbes folles, ses excroissances dangereuses, ses plantes délirantes. p. 15

Si vous voulez faire carrière en politique, ne faites pas de vague, n'allez pas trop vite en besogne. La jeune femme, fraîche émoulue, n'avait que faire des remarques des hommes de pouvoir, ceux qui suçaient l'os de l'organisation jusqu'à la moelle. Pour elle, un seul objectif pouvait dicter son action, la défense du territoire, son développement, sa modernisation. Une fois Barbara Vauvert disparue des radars, il ne reste plus qu'aux amis de Claude, alors second à l'échelle nationale, à l'aider à sortir du bois pour montrer les résultats de son action, en faire un outil de communication, une machine de guerre pour lui assurer d'accéder au poste de Président de la République.

Si Jean-Baptiste de FROMENT dénonce les arcanes d'un pouvoir rétrograde, il met aussi habilement le doigt sur la dualité de son organisation avec la dimension politique, la plus haute fonction, et celle administrative, dite de l'expertise, réduite à l'état de second rang.

Le système tel qu'il est décrit est à s'y méprendre celui qui régit notre société d'aujourd'hui. Il y est question notamment de ces hauts fonctionnaires, ceux-là même qui soufflent à l'oreille des hommes politiques et qui se prennent à rêver, un jour, de prendre leur place. Tous sont formés dans l'unique école, laissant à vie l'empreinte d'approches standardisées. Dans le roman, ils se font même tatouer le S de l'Ecole de la Sapience sur le corps, histoire de montrer ô combien ils lui doivent fidélité.

Outre le côté narcissique du personnage de Claude, ce qui m'a intéressée, c'est son inaptitude à comprendre les citoyens dans ce qu'ils sont en mesure d'exprimer. Quand on voit le mouvement des Gilets jaunes se développer en France depuis ces dernières semaines et la révolte qui gronde, on se dit que Jean-Baptiste de FROMENT a été particulièrement visionnaire avec "Etat de nature". Il a imaginé le soulèvement de la population quelques mois avant son expression. Peut-être est-ce le fait qu'il ait, lui-même, quitté les plus hautes instances de l'Etat et pris subitement conscience de la véritable réalité des choses...

L'écrivain porte un regard satirique sur les conséquences de notre système politique. Ce roman nous parle d'inégalités, de territoire entre les villes et la campagne, d'inégalités entre les hommes et les femmes, entre les cols blancs et les métiers manuels... 

S'il m'a été parfois difficile de faire la distinction entre sa lecture et celle des médias du moment, compte tenu des innombrables ressemblances, je me dis qu'il est parfois utile d'appréhender la philosophie politique par la voie des romans. "Etat de nature" tient un propos grinçant dans une plume caustique et sarcastique. Par la fiction, il permet cette prise de distance qui aide à construire des esprits éclairés et à se préserver d'un état de droit baignant dans la sauvagerie, enfin, je crois !

Je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore !

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2019-01-06T10:56:29+01:00

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

Publié par Tlivres
Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

Mercure de France

"Piano ostinato" de Ségolène DARGNIES est sorti en librairie le 3 janvier 2019, sans tambour ni trompette, mais qui pourrait faire grand bruit.

Il est court, très court, 89 pages seulement, et pourtant, il a tout d'un grand !

Je ne vais vous en dire que quelques mots. Surtout, croyez-moi, abstenez-vous de lire la 4ème de couverture, vous risqueriez de ne plus savourer l'effet de surprise pourtant savamment traité par une romancière qui en est à son coup d'essai mais qui pourrait se révéler une sacrée belle plume.

Gilles Sauvac fréquente les piscines municipales de Paris. Au petit matin, à l'ouverture, il y fait des longueurs. "Mille mètres de crawl, autant de brasse coulée, et cinq cents mètres de papillon." Il apprécie les mouvements de son corps, sa capacité à se mouvoir dans l'eau, son endurance aussi. Pourtant, rien, non rien, ne le prédisposait à fréquenter les bassins.  Alors pourquoi ? Un 7 janvier, la vie de Gilles Sauvac bascule. Depuis cette date, une question le taraude :


Survivre, d’une façon ou d’une autre, à l’exil de la musique ? P. 62

Ségolène DARGNIES vous prend par la main et vous fait vivre une "renaissance".

Dans une narration subtilement orchestrée, elle alterne le regard porté sur l'existence de cet homme, à la troisième personne du singulier, et ses propres réflexions à lui, ses questionnements. 

Avec des mots justes et tout en pudeur, l'écrivaine nous décrit l'itinéraire d'un homme qui veut sauver sa peau. Bien sûr, il y a des hauts, et puis des bas, des moments de doute, mais toujours, cette envie de vivre, de rebondir, de se battre. Elle nous livre une magnifique leçon de vie et nous confie un objet de méditation...


Je dis qu’il faudrait sans plus tarder, de manière parfaite et définitive, abolir les privilèges, bâtir de nouvelles élites, revoir ce que c’est que d’être noble. P. 80

Si le sens de notre vie était ailleurs que là où on l'imagine !

Ségolène DARGNIES nous offre un premier roman abouti dans une prose concise, d'une profonde sensibilité, et nous transporte dans des univers inattendus.

"Piano ostinato" mériterait de trouver une place, à sa mesure, dans cette rentrée littéraire de janvier. C'est une très belle découverte.

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La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

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