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Articles avec #rl2019_janvier catégorie

2021-03-04T13:05:08+01:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Marie CHARVET

Publié par Tlivres
Mars au féminin, tapis rouge pour Marie CHARVET

Dans les pas de Moonpalaace, et pour cette édition 2021 du mois de #marsaufeminin, j'ai choisi de dérouler le tapis rouge à Marie CHARVET, autrice d'un premier roman qui fait la place belle à la musique : "L'âme du violon" chez GrassetAllez, en piste !

Nous sommes en 1600, en Italie du Nord, à Brescia, Giuseppe travaille chez son maître luthier, Giovanni Maggini. La notoriété des artisans d'art est telle qu'ils réalisent régulièrement des travaux pour le comte de Cagliostro. La dernière commande porte sur un violon d'exception avec lequel la fille du comte jouera lors de la prochaine réception. La musique, c'est aussi la passion de Lazlo, un jeune tzigane de Nogent-sur-Marne. Nous sommes dans les années 1930, le garçon est élevé par son oncle Nathanaël. Il a pris son neveu sous son aile, sa mère a été exclue de la communauté par avoir flirté avec un gadgo, un père que l'enfant n'a jamais vu. C'est certain, il est différent des autres, il n'a pas le commerce dans la peau, mais la musique, oui, un véritable don. La différence, c'est aussi à cela qu'est confrontée Lucie qui occupe une chambre de bonne dans le quartier des Batignolles à Paris. Depuis toute petite, elle s'est distinguée de sa soeur, Iris, bien comme il faut. Lucie, elle, a besoin de liberté, de sortir du cadre. Quand elle a fait le choix d'apprendre les Beaux-Arts, c'était la goutte d'eau dans un vase déjà bien rempli, ses parents ont coupé les ponts. De sa famille, elle ne voit plus que sa grand-mère, Marguerite. Elle habite Lyon, elle a plus de quatre-vingt-dix ans aujourd'hui mais elle fut la première femme française à exercer le métier de musicienne. L'art, elle connaît. Grand-mère et petite-fille entretiennent une relation de complicité extraordinaire. Quant à Charles, il partage sa vie entre Paris et New-York. Elève surdoué, il s'est orienté vers Polytechnique. Chef d'entreprise, il investit et se prépare à l'entrée en bourse de sa société. Dans sa vie, il avait tout ou presque. C'est à 20 ans qu'il s'est retrouvé un peu par hasard à entrer dans l'église de Saint-Eustache de Paris au moment d'un concert, il s'est découvert une passion pour la musique. Perfectionniste, il s'est constitué une culture hors pair sur le sujet et découvre un nouveau terrain de jeu, financier.

Dans "L'âme du violon", vous l'aurez compris, Marie CHARVET nous brosse une galerie de portraits, des hommes, des femmes, tous passionnés par la musique. L'écrivaine nous fait voyager à travers les siècles, depuis la création d'instruments rares largement convoités encore aujourd'hui pour la qualité du son qu'ils continuent de produire. J'ai été émerveillée par les descriptions de l'atelier de Giuseppe, le travail artisanal, l'amour du matériau, noble, le bois. 

"L'âme du violon", disponible en poche chez J'ai lu

 

est d'une construction implacable.

Au rythme des premières notes, vous ferez vos premiers pas sur la piste de danse, prendrez vos repères au bras de l'écrivaine et vous laisserez bientôt transporter par le charme de la plume. Vous en sortirez enivré.e.

Marie CHARVET mérite bien son hashtag #femmesdelettresalhonneur 

après

Angélique VILLENEUVE

Fatou DIOME

Adélaïde BON

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2020-03-12T17:18:07+01:00

L’homme qui n’aimait plus les chats d’Isabelle AUPY

Publié par Tlivres
L’homme qui n’aimait plus les chats d’Isabelle AUPY

Ma #citationdujeudi est extraite d’un petit traité de philosophie parfaitement réussi d’Isabelle AUPY, un premier roman très justement repéré par les fées des 68 Premières fois : "L'homme qui n'aimait plus les chats".

À travers des personnages de fiction vivant sur une île imaginaire, en seulement 122 pages, l’écrivaine réussit un tour de force.

Ce livre édité par les éditions du _Panseur est à offrir sans modération !

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2019-09-21T06:00:00+02:00

L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

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L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Les éditions du _Panseur

Sorti en mars 2019, ce premier roman était passé inaperçu, enfin presque. C'était sans compter sur le  travail inlassable des fées des 68 Premières fois qui ont ce talent de mettre sous les projecteurs des livres qui, aussi petits qu'ils puissent paraître, ont tout de grands.

"L'homme qui n'aimait  plus les chats" fait partie de ceux-là, une fable tout à fait éclairante sur notre monde moderne.

Fermez les yeux et laissez vous porter par la première phrase : "Imagine une île avec des chats."

Nous voilà partis, en terre étrangère, insulaire, un brin onirique, où les hommes vivraient avec des chats, ces animaux de compagnie qui peuvent décider librement de côtoyer l'homo sapiens ou de s'en défaire. Ils n'ont rien à voir avec les chiens, ça non, les chiens, eux, sont tenus en laisse par leurs maîtres. Ils ont besoin qu'on leur serve le repas, qu'on les sorte pour leurs besoins. Les chats peuvent être indépendants, ils se satisfont de ce qu'ils débusquent dans la nature, ils chassent, eux ! Chiens et chats ne font d'ailleurs pas bon ménage, et ce n'est pas d'aujourd'hui, le proverbe date du XVIème siècle et n'a pas pris une ride. Alors, quand les chats disparaissent mystérieusement de cette île chimérique et que l'administration décide de leur offrir des chiens en remplacement, chiens qu'il conviendrait d'appeler chats, il y a ceux qui acceptent et d'autres pas. La morale de cette histoire...

Isabelle AUPY, à travers un propos métaphorique dans lequel elle réserve une place de choix aux animaux, vous l'aurez compris, nous renvoie en miroir ce sur quoi repose notre société aujourd'hui.
Si la dictature par la force tend à disparaître, celle de l'incitation, beaucoup plus insidieuse, tend à se développer de façon sournoise et préoccupante.


Les dirigeants avaient vite compris que pour asservir les gens aujourd’hui, il ne fallait plus la force, il fallait créer le manque et le besoin. P. 62

A travers cette fable des temps modernes, l'écrivaine dénonce les nouveaux modes d'oppression, à chacun de réfléchir à son mode de vie et à ce qui peut nous abrutir, nous couper de nos proches quand des relations avec de soi-disant amis nous accaparent, nous abêtissent. J'aime bien ce terme pour montrer ô combien il peut être facile de perdre son statut d'être cultivé, intelligent, pour sombrer dans la bêtise humaine, celle qui guide les moutons.

Heureusement, dans le troupeau, il y en a de plus éclairés qui, pour sauver leur peau, choisissent de quitter la meute pour trouver leur voie, généralement dans des terres isolées :


Sinon, on était tous des réfugiés comme on dit. Oui, on venait ici trouver refuge, on fuyait le continent parce qu’on n’y arrivait plus, qu’on cherchait un mieux-vivre, un mieux-être, ou pas forcément mieux d’ailleurs. On voulait trouver une manière d’être comme soi, tout simplement. P. 47

La prise de distance avec ses pairs permet de réfléchir à sa propre quête, d'identifier ce qui nous fait vibrer, ce qui nous semble être une priorité. 

Certes, elle peut être territoriale et prise au premier degré, mais la prise de distance peut aussi être nourrie par la littérature. Isabelle AUPY, à travers le personnage du gardien de phare, nous permet de toucher du doigt les bienfaits de la lecture, cette activité intellectuelle qui nous permet d'endosser le costume d'un Autre et, le temps d'un livre, de porter sur la société un regard différent. 


Tout ce qui s’était passé, et tout ce que j’avais pu lire qui y ressemblait, se plantaient comme une graine qu’on ne voit pas encore germer. P. 104

J'ai adoré me laisser prendre au jeu de l'écrivaine, me surprendre à sourire devant certaines situations mais attention, le texte est plus grave qu'il n'en paraît, vous allez rire jaune, en fait ! Dans une plume qui parfois relève d'une construction enfantine, Isabelle AUPY grossit encore le trait, vous pourriez bien finir par pleurer, à moins que vos valises ne soient déjà faites et que votre billet pour une île déserte ne soit déjà pris.

Bravo les fées, vous avez encore frappé, et tout en beauté !

Après "A crier dans les ruines" d'Alexandra KOSZELYK, énorme coup de coeur de cette #RL2019, "L'homme qui n'aimait plus les chats" d'Isabelle AUPY se hisse sur le podium de cette nouvelle saison automnale des 68 Premières fois.

 

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2019-09-19T06:00:00+02:00

L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Publié par Tlivres
L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Parce ce qu'il y a des premiers romans tout à fait originaux, qui sortent des sentiers battus et prennent la voie de traités philosophiques,

Parce ce qu'il en est un qui est petit, seulement 122 pages, mais qui a tout d'un grand,

Parce que le talent d'Isabelle AUPY a retenu l'attention des fées des 68 Premières fois,

place aujourd'hui à "L'homme qui n'aimait plus les chats" publié par Les éditions du _Panseur.

Je reviens dans quelques jours avec une chronique complète !

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2019-07-05T07:36:54+02:00

Piano Ostinato de Ségolène DARGNIES

Publié par Tlivres
Piano Ostinato de Ségolène DARGNIES

En réponse à l'invitation de Dis_moi_10_phrases de lancer un Cycle de l’été autour des Premiers romans et pour faire suite aux « Giboulées de soleil » de Lenka HORNAKOVA-CIVADE,  "Une bouche sans personne" de Gilles MARCHAND, "Fugitive parce que reine" de Violaine HUISMAN, "Fils du feu" de Guy BOLEY, je vous propose aujourd'hui "Piano Ostinato" de Ségolène DARGNIES publié chez Mercure de France. 

"Piano ostinato" de Ségolène DARGNIES est sorti en librairie le 3 janvier 2019, sans tambour ni trompette, mais qui pourrait faire grand bruit.

Il est court, très court, 89 pages seulement, et pourtant, il a tout d'un grand !

Je ne vais vous en dire que quelques mots. Surtout, croyez-moi, abstenez-vous de lire la 4ème de couverture, vous risqueriez de ne plus savourer l'effet de surprise pourtant savamment traité par une romancière qui en est à son coup d'essai mais qui pourrait se révéler une sacrée belle plume.

Ségolène DARGNIES vous prend par la main et vous fait vivre une "renaissance".

Dans une narration subtilement orchestrée, elle alterne le regard porté sur l'existence de cet homme, à la troisième personne du singulier, et ses propres réflexions à lui, ses questionnements. 

Avec des mots justes et tout en pudeur, l'écrivaine nous décrit l'itinéraire d'un homme qui veut sauver sa peau. Bien sûr, il y a des hauts, et puis des bas, des moments de doute, mais toujours, cette envie de vivre, de rebondir, de se battre. Elle nous livre une magnifique leçon de vie et nous confie un objet de méditation...


Je dis qu’il faudrait sans plus tarder, de manière parfaite et définitive, abolir les privilèges, bâtir de nouvelles élites, revoir ce que c’est que d’être noble. P. 80

Si le sens de notre vie était ailleurs que là où on l'imagine !

Ségolène DARGNIES nous offre un premier roman abouti dans une prose concise, d'une profonde sensibilité, et nous transporte dans des univers inattendus.

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2019-06-25T06:31:00+02:00

Edmonde de Dominique de SAINT-PERN

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Edmonde de Dominique de SAINT-PERN

Mon #mardiconseil c’est "Edmonde" de Dominique de Saint-Pern aux Editions Stock, roman tout juste lauréat du #PrixSimoneVeil qui honore une femme d’action, ex aequo avec « Nina Simone : love me or leave me ». Un grand 👏 pour ce #prixlitteraire 🤗

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2019-06-20T12:28:24+02:00

Les heures solaires de Caroline CAUGANT

Publié par Tlivres
Les heures solaires de Caroline CAUGANT

Il y a des coups de coeur que l'on ne se lasse pas de partager et puisque, depuis le début de la semaine, je vois la vie en bleu, j'extrais ma #citationdujeudi du magnifique roman de Caroline CAUGANT, "Les heures solaires", publié chez Stock dans la collection Arpège.

Outre l'histoire ancrée dans des secrets de famille, des affaires de filiation entre femmes et de mémoire transgénérationnelle, autour d'un personnage, Billie, éminemment romanesque, il y a la beauté de l'écriture, une plume prodigieuse, parfaitement maîtrisée dans une construction ô combien structurée. La narration fait alterner les personnages et les temporalités, sème le doute, entretient le mystère jusqu'à la chute, juste éblouissante. 

"Les heures solaires", c'est un roman initiatique qui dévoile l'immense talent de Caroline CAUGANT.

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2019-06-14T06:00:00+02:00

Mare Nostrum de Philippe de la GENARDIERE

Publié par Tlivres
Mare Nostrum de Philippe de la GENARDIERE

Actes Sud

Il y a des romans qui se lisent à l'allure d'un sprint en course à pied, à l'image d'Arcanes Médicis de Samuel DELAGE, La Vraie Vie d'Adeline DIEUDONNE, Le baiser de Gustav de Martine MAGNIN... et d'autres à l'allure d'un marathon, comme le dernier de Philippe de la GENARDIERE, fait de petits pas, inscrit dans l'endurance !

Adelphe quitte Paris pour la mer Méditerranée, Port-Venelles très exactement. Là aussi (cf. "Fuite(s)" d'Anna COSTA), une est question d'une fuite, d'une quête. Editeur, son quotidien a longtemps été fait de mots, de la fiction aussi. Il a connu un premier amour pour une danseuse décédée d’une leucémie et puis sa vie a basculé avec la passion amoureuse pour Maïsha, une parisienne née d’une mère sénégalaise et d’un père inconnu. Avec elle, il a connu l'amour fou, et puis la rupture, douloureuse à en mourir. Aujourd'hui, il se fait vieux et se laisse séduire par l'attrait de l'eau. Il offre son dernier bain aux divinités ! Maïsha, elle, s'est laissée séduire par l'homme blanc, celui-là même qu'elle rend coupable de l'esclavage de ses ancêtres, celui dont l'esprit de domination la révulse. Elle a une revanche à prendre, elle et son peuple, à la vie à la mort...

Ce roman, je l'ai dit, fait partie de ceux qui nécessitent une disponibilité d'esprit, de temps aussi. Si j'aime lire souvent avec frénésie, j'apprécie aussi parfois d'avancer lentement dans l'histoire, de m'immerger patiemment dans le contexte, l'âme du personnage. Avec Adelphe, et dans la toute première partie, j'y ai savouré le plaisir des livres. Il vit sa vie par procuration au gré des aventures que lui proposent les livres, une vie de lecteur, non ? Le rapport au livre a ce petit quelque chose de merveilleux...  


L’odeur du papier, son toucher, c’est ce qu’avait tout de suite aimé Adelphe dans les livres, un objet qu’on tenait dans la main et qui ouvrait grandes les fenêtres du monde. P. 19


J'ai aimé découvrir les états d'âme d'Adelphe, sa quête personnelle, sa façon très singulière d'imaginer son avenir. Attiré par les Dieux, il m'a fait penser, lui et Maïsha, à l'astrologie et à ses références aux éléments. Il y a l'eau qui symbolise les émotions, les sentiments, souvent associée à des personnes rêveuses, imaginatives, et puis, il y a le feu qui brûle, généralement associé à des personnes animées par la fougue, la colère, le désir de conquête, des tempéraments volcaniques quoi. Dans ce roman, les deux personnages sont décrits comme des êtres diamétralement opposés mais il arrive que les contraires s'attirent... pour le meilleur et pour le pire !

Ce roman, il m'a plus aussi pour l'exploration de la maladie mentale, le traitement du patient, le pouvoir des médicaments sur les êtres qui, avec eux, perdent de leur dimension humaine. Dans la 3ème partie, nous sommes entre l'illusion et la lucidité, le rêve et la réalité, le lecteur navigue entre les possibles jusqu'à la chute, un coup de maître. 

"Mare Nostrum", c'est une expérience littéraire qui se construit autour des parcours initiatiques d'Adelphe et Maïsha, j'ai aimé les accompagner dans leurs cheminements intérieurs.

C'est assurément un livre singulier, exigeant, qui mérite toutefois que l'on y porte attention. Il m'a aussi permis de découvrir la plume de Philippe de la GENARDIERE, un résident de la Villa Médicis de 1984 à 1986 (l'occasion d'un petit clin d'oeil à Samuel DELAGE, depuis que j'ai lu son dernier roman, je vois la villa partout !), et rien que pour ça, je vous le conseille.

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2019-05-17T06:00:00+02:00

Cent voyages de Saïdeh PAKRAVAN

Publié par Tlivres
Cent voyages de Saïdeh PAKRAVAN

Belfond collection Pointillés

C'est avec ce roman que j'ai découvert la plume de Saïdeh PAKRAVAN, que l'écrivaine soit remerciée de ce très beau cadeau qu'elle m'a fait.

Si je m'étais contentée de lire le titre et fiée au bandeau qui orne le bas du livre, je me serai imaginée partir survoler les cinq continents,  visiter le monde, la réalité est toute autre, Saïdeh PAKRAVAN nous invite à un voyage intérieur.

Garance est une jeune femme que tout différencie de sa soeur Coralie. Ses parents sont divorcés. Le bac en poche, sa mère décide que c'est Garance qui ira vivre trois années à Téhéran chez son père. Quand elle rentre à Paris, elle assiste malheureusement au décès de son grand-père maternel. La relation amoureuse établie avec Henri devient une bouffée d'air dans sa vie triste, elle devient mère et porte à sa fille, Myriam,  un amour incommensurable. Une nouvelle vie commence pour elle, pour le meilleur, et pour le pire.

J'ai lu ce roman le coeur serré, l'histoire de Garance m'a profondément troublée dans ce qu'elle revêt d'épreuves dramatiques, son destin est cruel. Alors qu'elle pourrait jouir des plaisirs de la vie, son existence est marquée par des tribulations toutes plus catastrophiques les unes que les autres. 


Finalement, les nouveaux rivages où nous abordons ne sont jamais faits que de sable sous nos pieds. P. 55

Pour ne pas déflorer l'histoire de cette femme meurtrie, je ne vous en dévoilerai pas les objets mais juste les émotions qui la torturent. Ce roman déroule lentement le fil et met des mots sur le cheminement d'une femme en quête de résilience. Comment mettre du baume sur ses plaies ? 

Avec l'itinéraire de Garance, ce sont toutes les formes de l'amour qui sont explorées, celui porté à un mari, celui voué à un enfant, celui fraternel aussi qui peut tisser des liens, ou pas, entre les enfants d'une même famille. Saïdeh PAKRAVAN met le doigt subtilement sur tout ce panel de relations entretenues, bon gré mal gré. Après l'amour démesuré vécu avec Myriam, il ne pouvait y avoir que des déceptions. Le propos est mélancolique, foncièrement sombre. C'est un portrait de femme désenchanté que l'écrivaine nous livre. 

Saïdeh PAKRAVAN aborde de la même manière le sujet du deuil. La vie de Garance est régulièrement affectée par des décès d'êtres chers. 


Cette blessure ne cicatrisera jamais, le sang en continuera à couler en moi tant que je vivrai [...]. P.144

Là aussi, et même s'il n'y a pas de hiérarchie dans la douleur, l'écrivaine porte, à travers un filtre de lecture à plusieurs dimensions, un éclairage sur ce que l'on peut vivre au quotidien, mieux comprendre aussi.

Dans un contexte amoureux, familial, amical particulièrement douloureux, Saïdeh PAKRAVAN donne à voir un être profondément déçu par la nature humaine qui va chercher sa voie. Garance ne s'attache pas. Au fil de son existence, elle s'est faite une philosophie de vie, totalement épurée, aseptisée, tant du point de vue matériel qu'humain. Et puis, Garance se réserve le droit, ponctuellement, quand il n'est vraiment plus possible pour elle d'affronter, de couper définitivement avec tout ce qui pourrait l'ancrer, elle prend alors un billet d'avion et s'envole pour d'autres lieux. 


Les voyages sont le seul antidote réel au lent poison que je distille dans ma propre vie, à cette attitude indifférente, sinon franchement négative, que je me donne [...]. P. 122

Quand elle revient, elle s'installe dans un nouveau logement pour repartir, toujours, à zéro. J'ai été particulièrement sensible à son arrivée en Iran alors qu'elle était une jeune adulte. Né de parents étrangers, Garance cherche dans le territoire celui qui lui est sien. Saïdeh PAKRAVAN évoque ainsi le rapport des enfants d'immigrés à leurs origines, à ces terres dans lesquelles ils espèrent s'enraciner mais la réalité est plus complexe qu'il n'en paraît.


Me rappelant que j’étais dans « mon » pays comme si seul celui de mon père pouvait être ainsi qualifié et que celui de ma mère ne comptait pas [...]. P. 127

Ce roman je l'ai lu comme une fiction et pourtant, s'il n'est autobiographique, j'image tout à fait que Saïdeh PAKRAVAN ait mis dans ce livre beaucoup plus que le fruit de sa seule imagination. Si tel est le cas, souhaitons qu'elle puisse un jour trouver le repos, une paix intérieure qui lui apporte le plaisir d'EXISTER. Peut-être est-ce déjà le cas avec l'écriture...

La plume est belle, ciselée, psychologiquement élaborée. Après cette invitation dans l'univers de l'intime, j'aimerais beaucoup partir à la découverte de son roman "Azadi", lauréat du Prix de la Closerie des Lilas 2015. Vous l'avez lu ?

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2019-04-30T06:00:00+02:00

Le matin est un tigre de Constance JOLY

Publié par Tlivres
Le matin est un tigre de Constance JOLY

Flammarion

Comme vous le savez, je ne participe pas à l'opération des 68 Premières fois pour la rentrée littéraire de janvier 2019. Mais il est bien difficile de ne pas résister au chant des sirènes, alors, je picore avec parcimonie dans la sélection de nos fées et fais de très jolies découvertes, comme la plume de Constance JOLY dans "Le matin est un tigre". En ouvrant ce roman, je ne savais pas encore qu'il résonnerait formidablement bien avec la sculpture de Marie MONRIBOT découverte la veille : "Introspection". 

Alma et Jean s'aiment depuis longtemps maintenant, enfin, s'aiment est peut-être un grand mot. Disons qu'ils cohabitent ensemble et entretiennent une relation empreinte de tendresse. L'amour s'est étiolé avec les années. Il y a bien leur fille, Billie, de 14 ans, mais le mal qui la ronge de l'intérieur fragilise plus encore le couple. Alma est bouquiniste à Paris, elle a repris l'affaire de sa mère décédée quand elle était encore jeune. Elle est persuadée qu'un chardon croît à l'intérieur du corps de sa fille. Rongée par un sentiment de culpabilité, et si elle lui avait transmis ses peurs et ses angoisses, Alma se décide à répondre à l'invitation d'un vieil homme, fasciné par ses collections de beaux livres, alors même que Billie est au plus mal. Et si sa guérison était à portée de main...

Dès les premières pages, j'ai été happée par la relation fusionnelle qui lie la mère à sa fille. Alma et Billie nourrissent une complicité redoutable que rien ne saurait rompre au point d'imaginer un langage rien que pour elles, des codes facilitant leur compréhension et les isolant de l'environnement extérieur. Pas étonnant que Jean peine à trouver sa place dans un cocon familial trop étroit pour lui. Alors, quand une mystérieuse maladie s'empare du corps de Billie, il devient de plus en plus difficile d'affronter à trois la dure réalité.


On n’entre pas facilement dans le malheur des autres, il est comme un bois trop sombre, une terre dévastée et lointaine pleine des grincements de la nuit. P. 50

Alma est elle-même une femme torturée. Avec la maladie de sa fille, ce sont ses propres démons qui resurgissent du passé. Toutes les deux se retrouvent unies par la malédiction de la filiation. J'ai été profondément touchée par leur mal-être, la douleur qui les tourmente et leur incapacité, dans cet état charnel et psychique, à mettre un pied devant l'autre.

Affronter la maladie de Billie devient pourtant la raison d'être d'Alma. L'écrivaine dresse le portrait d'une mère meurtrie qui va puiser dans son fort intérieur pour résister aux épreuves de la vie, chercher l'issue que le monde médical ne saurait trouver à la pathologie de sa fille. Elle est persuadée d'être la seule à pouvoir la libérer du mal qui l'assaille.

Constance JOLY aurait pu se contenter de mettre des mots sur des maux mais c'était sans compter sur la délicatesse et la grâce de sa plume. Elle réussit admirablement à imager son dessein et ainsi, à offrir des respirations dans un propos que tout obsède.


Elle a besoin de poésie. D’un espace où les mots sortent des clôtures du sens. Elle les visualise, comme des moutons sautant par-dessus la barrière, des mots libres, dans de grandes prairies tendres. P. 111

Le livre refermé, je le sens infuser lentement, j'ai envie de le savourer encore longtemps ! 

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2019-04-14T06:00:00+02:00

L'empreinte de Alexandria MARZANO-LESNEVICH

Publié par Tlivres
L'empreinte de Alexandria MARZANO-LESNEVICH

Editions Sonatine

Traduit de l'anglais par Héloïse ESQUIE

Ce document est le tout dernier de la sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019, un livre inoubliable.

Nous sommes aux États-Unis. En 1992, Ricky Langley, 19 ans, tue Jeremy Guillory âge de 6 ans. Par le passé, Ricky Langley avait été condamné à deux reprises pour agression sexuelle. Le petit Jeremy a-t-il été victime de ce type de faits avant sa mort ? Après ? C’est ce que la narratrice va tenter de trouver en déroulant le fil de l’enquête, de la vie de Ricky Langley aussi.

 
Pourquoi ce travail titanesque ?
 
Parce que cette histoire résonne cruellement avec ce qu’a vécu Alexandria MARZANO-LESNEVICH dans sa plus tendre enfance, elle et sa sœur ont été abusées par leur grand-père. Les parents sont avocats, chacun cherche un bon motif pour protéger l’autre et faire en sorte que cette histoire ne soit pas dévoilée sur la place publique.


C’est la logique à laquelle je ne trouverai jamais d’explication : dans ma famille, une douleur, ce sera toujours la mienne ou la tienne, à monter l’une contre l’autre et à mettre en balance, jamais une douleur collective, jamais une douleur de famille. P. 179

Toute son enfance et sa jeunesse, elle vivra avec la peur terrifiante que de nouveaux actes soient perpétrés, toute sa vie, elle mènera le combat contre les traces laissées à jamais, dans son âme, dans son corps aussi.

Ce document est effroyable dans ce qu’il révèle de deux histoires, vraies, qu’il entrecroise savamment avec minutie. 

Alexandria MARZANO-LESNEVICH donne au récit une dimension profondément humaine. Tout au long de ce document riche et foisonnant, elle ne va manquer de montrer ô combien ce sont des hommes qui sont coupables d’actes aussi odieux. Elle mène le même combat que Thierry ILLOUZ mais avec d’autres moyens, là, il s’agit de regarder les êtres avec les yeux d’une victime qui se refuse à nier la situation. 
 
Sa sœur, devenue adulte, a choisi un autre parti, le déni. Alexandria MARZANO-LESNEVICH, elle, met les mots sur ses blessures, physiques et psychiques. Elle ne peut les oublier. Si pour certains, elle invente, elle ne rêve pas quand un examen gynécologique pose la question de l’origine de cicatrices vaginales !


Le passé est dans mon corps. P. 348

Par le biais de l’écriture, Alexandria MARZANO-LESNEVICH cherche la voie de la résilience. Elle nous retrace le fil de sa vie, bafouée, torturée... par des faits commis à l’intérieur de sa propre famille. La mort de son grand-père ne résoudra rien. Elle doit aller plus loin. 


Que ces mots deviennent aussi tenaces que les souvenirs que je porte dans mon corps. P. 359

C’est l’histoire du meurtre du petit Jeremy qui lui ouvrira la voie et lui donnera un terrain d’exploration favorable à un cheminement personnel salvateur. 
 
L’écrivaine pose un regard d’une extrême lucidité sur les pulsions sexuelles des hommes et dénonce, avec l’affaire du petit Jeremy, un système américain incapable d’y pallier. Les recherches réalisées sont impressionnantes, rien n’est laissé au hasard, l’auteure a étudié scrupuleusement toutes les archives pour retracer l’ensemble des débats. 
 
Ce récit de vie est particulièrement intéressant et éclairant pour les mots posés. Il a l’extrême mérite aussi de se construire autour de deux situations  distinctes pourtant tellement ressemblantes. 
 
La plume est précise, dense, la traduction est de très bonne qualité. Les répétitions n’y feront rien, j’ai été fascinée par le destin d’Alexandria MARZANO-LESNEVICH et souhaite qu’elle puisse poursuivre dans la voie de l’écriture, elle à un talent fou.
 
Ce document est en lice pour le #GrandPrixdesLectrices2019 avec :
 
La loi de la mer de Davide ENIA
 
Même les monstres de Thierry ILLOUZ
 
Tu t'appelais Maria SCHNEIDER de Vanessa SCHNEIDER
 
Les inséparables de Dominique MISSIKA
 
Pirate N° 7 de Elise ARFI
 
Suzanne de Frédéric POMMIER
 

Il fait aussi partie du 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

Né d'aucune femme de Franck BOUYSSE

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore 

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2019-04-12T12:42:05+02:00

Né d'aucune femme de Franck BOUYSSE

Publié par Tlivres
Né d'aucune femme de Franck BOUYSSE
 
Ce roman fait partie de la dernière sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019. Il est classé dans la catégorie des policiers.
 
Ce roman, il vous captive d'abord par la beauté de la première de couverture. De couleur sépia, elle fait apparaître une femme qui donne le sein à son bébé, ce portrait de la maternité est juste magnifique. Quand vous y regardez de plus près, vous réalisez que la photographie est en réalité un montage, qu'un découpage est intervenu et qu'une pièce du "puzzle" est décalée, à l'image de ce que faisait Picasso avec ses croquis. Ce qui peut paraître une ombre dans le tableau n'est rien à côté de ce qui vous attend, ce roman est une lecture coup de poing, un roman noir... mais aussi tellement lumineux, je vous explique !
 
Rose a 14 ans, c'est l'aînée d'une fratrie de 4 filles. Ses parents sont des paysans. Un jour, son père, Onésime, l'emmène avec lui. Rose fait l'objet d'un contrat diabolique. Elle est vendue à un homme moyennant une petite somme d'argent, de quoi assurer pour quelques temps la survie du reste de la famille. Les remords n'y feront rien, le sort de Rose est ainsi jeté. Elle devient l'employée d'une maison qui renferme de nombreux secrets, à commencer par l'existence de l'épouse de "l'acheteur" qui serait gravement malade. Rose ne l'a jamais vue. Le médecin du village vient régulièrement lui rendre visite, de quoi susciter la curiosité de l'adolescente. Elle sera bien malgré elle entraînée dans un scénario des plus machiavéliques.
 
Ce roman est noir, je vous l'ai dit. Il m'a beaucoup rappelé mes lectures d'il y a une trentaine d'années, ces livres qui brossent le portrait de la maltraitance, que dis-je, la torture en milieu rural. Rose est accueillie par des rustres dans une campagne profonde, là où le rapport dominant/dominé relève plus de l'esclavage que de la relation humaine, là où les hommes se comportent comme des bourreaux, se gaussant de martyriser plus faible que soi, là où le maître des lieux décide de la vie ou de la mort de ceux qu'il emploie, là où les sévices corporels condamnent au silence.
 
Franck BOUYSSE imagine une histoire absolument démoniaque, un scénario morbide dont je n'ose pas imaginer les images portées au cinéma.
 
Si la première partie est empreinte de sauvagerie, j'ai beaucoup aimé la seconde dans ce qu'elle a de plus fort. Rose incarne le personnage d'une jeune femme révoltée, pleine de courage, que rien ne saurait abattre, pas même l'indicible, impossible à vous dévoiler. Rose va trouver le moyen de s'extraire de toute cette violence, elle va puiser la force dans son âme pour surmonter tout ce qu'elle endure physiquement, elle va trouver la voie des mots :


Les mots, ils me font sentir autrement, même enfermée dans cette chambre. Ils représentent la seule liberté à laquelle j'ai droit, une liberté qu'on peut pas me retirer, puisque personne, à part Génie, sait qu'ils existent. P. 233

Ce roman est un hymne à l'écriture. Nul besoin de vouloir être écrivain pour se plier à l'exercie, le seul fait de coucher les mots sur le papier peut délivrer du poids qui vous assaille. Franck BOUYSSE fait preuve d'énormément de poésie à leur égard : 


C’est toujours ce qui se passe avec les mots nouveaux, il faut les apprivoiser avant de s’en servir, faut les faire grandir, comme on sème une graine, et faut bien s’en occuper encore après, pas les abandonner au bord d’un chemin en se disant qu’ils se débrouilleront tout seuls, si on veut récolter ce qu’ils ont en germe. P. 268

Franck BOUYSSE, je la découvre. Marie de la librairie "Le Renard qui lit" l'encense, c'est évidemment un très bon conseil de lecture.

Parfaitement structuré dans un roman choral, le propos est servi par une plume éminemment belle. La chute est juste magistrale.

Ce policier est en lice avec : 

Sirènes de Joseph KNOX

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Rituels d'Ellison COOPER

Dura Lex de Bruce DESILVA
 
Rivière tremblante de Andrée A. MICHAUD
 
La disparition d'Adèle Bedeau de Graeme MACRAE BURNET
 
Présumée disparue de Susie Steiner 

Il fait aussi partie du

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore !

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2019-04-11T20:48:03+02:00

Vigile de Hyam ZAYTOUN

Publié par Tlivres
Vigile de Hyam ZAYTOUN

Le Tripode

Dernier roman de la sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019 : place à "Vigile" de Hyam ZAYTOUN.

Une nuit, la narratrice se réveille. Elle est interpellée par un bruit singulier, un vrombissement. Quelques secondes suffisent pour qu'elle prenne conscience qu'il s'agit de l'homme avec qui elle partage sa vie qui respire ainsi. Il est en arrêt cardiaque. Dès lors, le temps prend une dimension toute particulière. Elle allume la lumière, appelle les pompiers, commence le massage, il durera 30 minutes. 30 minutes qui lui paraîtront une éternité alors que pour Antoine, il y a urgence à vivre. Quand les pompiers arrivent, ils prennent le relais, elle reporte son attention sur Margot et Victor, leurs enfants de 6 et 3 ans, ils ont tout vu ! Dès lors, c'est une toute nouvelle page de leur vie qui est à écrire... 

Ecrire, oui, écrire pour Antoine. Plongé dans un coma thérapeutique, il ne se souviendra pas de ces instants, et des jours suivants. Alors, dans une phrase pleine de poésie, de tendresse, Hyam ZAYTOUN nous explique les raisons de ce livre.


Ce n'est pas ton stylo, c'est le mien mon amour. Mais, à défaut, je te les raconte, ces premiers de ta deuxième vie. P. 113
 

Ce roman, elle le dédie à l'homme qu'elle aime. Elle s'adresse à lui avec une narration à la deuxième personne du singulier et lui témoigne des moments d'espoir, de doute, de confusion, d'effondrement aussi. Elle lui explique ô combien la famille, les amis, les voisins, ont partagé avec elle, ses enfants, les périodes d'euphorie et d'anéantissement. Dès les premières heures où il est accueilli à l'hôpital, elle va faire en sorte d’oublier qu'il est maintenu en vie par un respirateur et lui murmurer à l'oreille des mots d'amour, lui rappeler de beaux souvenirs vécus ensemble

Avec "Vigile", elle lui explique la mobilisation de chacun pour assurer sa surveillance, l'implication du personnel médical pour lui laisser à elle, à eux, des temps de respiration.

 
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Ce roman, 


C'est une histoire de pulsation. P. 11
 

vous le lirez en apnée totale, 125 pages pendant lesquelles le temps, subitement, sera suspendu.

"Vigile" est une formidable preuve d'amour et de courage. Quand certains auraient eu instinctivement le réflexe d'éloigner les enfants des scènes de la vie de leur père, Hyam ZAYTOUN a souhaité les y faire participer. Elle prend le parti qu'il va s'en sortir et fait entrer les enfants dans cette mécanique. Quel audace !

"Vigile" est un hymne à la vie, une formidable leçon que Hyam ZAYTOUN donne au lecteur. La plume est délicate, le propos lumieux. C'est un premier roman et il est parfaitement réussi.

Dans sa catégorie, il est en lice avec :

Le Chant des revenants de Jesmyn WARD

Une maison parmi les arbres de Julia GLASS

Ma dévotion de Julia KERNINON

La vraie vie de Adeline DIEUDONNE

Asta de Jon Kalman STEFANSSON

La neuvième heure de Alice McDERMOTT

La douce indifférence du monde de Peter STAMM

Un gentleman à Moscou de Amor TOWLES

Maîtres et esclaves de Paul GREVEILLAC

Il fait aussi partie de la sélection des 68 Premières fois :

avec :

Suiza – Bénédicte Belpois

Les petits garçons – Théodore Bourdeau

Les heures solaires – Caroline Caugant

Comme elle l’imagine – Stéphanie Dupays

Tête de tambour – Sol Elias

Le matin est un tigre – Constance Joly

Les mains de Louis Braille – Hélène Jousse

Ivoire – Niels Labuzan

Écorces vives – Alexandre Lenot

Des hommes couleur de ciel – Anaïs Llobet

Varsovie-Les Lilas – Marianne Maury-Kaufmann

L’odeur de chlore – Irma Pelatan

Saltimbanques – François Pieretti

A la ligne – Joseph Ponthus

Boys – Pierre Théobald

L’Appel – Fanny Wallendorff

Vigile – Hyam Zaytoun

San Perdido – David Zukerman

Enfin, je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

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Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

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Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

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2019-04-11T06:00:00+02:00

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Publié par Tlivres
Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur une lecture émouvante de cette rentrée littéraire de janvier 2019.

Le tout dernier roman de Laurence TARDIEU : "Nous aurons été vivants" est d'une profonde sensibilité.

Dans la même veine que "A la fin le silence", la plume de l'écrivaine excelle dans la description des souffrances liées à l'absence. Laurence TARDIEU fait de l'art un fil conducteur, la voie de la résilience, pour panser des plaies liées à un secret de famille très, trop, bien gardé dont le poids devient insupportable pour la jeune génération.

J'ai adoré, tout simplement ! 

 

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2019-04-06T07:40:13+02:00

La mer monte de Aude LE CORFF

Publié par Tlivres
La mer monte de Aude LE CORFF

Stock

 

 

Le tout dernier roman de Aude LE CORFF, vous l'avez lu ?

 

Non, pas encore ! Et bien, si vous cherchez une bonne action à réaliser aujourd'hui, je crois qu'un passage dans votre librairie préférée s'impose.

 

Vous ne sauverez pas la planète, ça non, les générations qui vous ont précédées ont lancé un mouvement tel que ses effets sont maintenant inéluctables, mais vous soutiendrez la création littéraire et plus généralement les métiers du livre, chapeau ! Je suis prête à lancer aussi les paris que vous succomberez au charme de la plume de Aude LE CORFF et lirez comme un page-turner l’histoire de Lisa ! Alors, vous êtes convaincu(e) ? Non, pas encore ! Je vous en dis plus.

 

Lisa vit seule. C'est l'apanage de nombre d'hommes et de femmes qui, aujourd'hui - nous sommes en 2042, préfèrent la solitude aux concessions imposées par la vie commune. Sa santé est suivie à la loupe par toutes les applications et autres microprocesseurs qui ont envahi sa vie, totalement instrumentalisée par les objets qui l'entourent et qui se chargent, pour son bien, de prendre les choses en main. Les drones et autres robots font partie de son quotidien et réalisent à sa place des tâches qui ne méritent pas que l'on s'y attarde. Et puis, elle est jeune, elle n'a rien connu d'autre. Les générations d'avant peuvent déplorer la fonte des glaciers, la montée des eaux, mais tout ça fait désormais partie de la mémoire collective. Lisa a quand même un ami, en chair et en os, avec qui elle partage quelques soirées. C'est un peu comme une parenthèse  dans ses relations de tous les jours, à croire que côtoyer ses congénères a encore du bon ! Elle en profite pour lui confier ses états d'âme. Lisa, qui semble vivre une vie tout à fait ordinaire, est obsédée par un mal qu'elle traîne depuis sa plus tendre enfance, quelque chose qui lui vrille les tripes, qui la torture dans sa chair. Mais d'où vient ce mal ? Et s'il était perpétué par sa mère, Laure ? Mais là commence une toute autre histoire...

 

Il y a des destins qui vous happent dès les premières pages d'un roman, celui de l'humanité tel qu'elle pourrait exister en 2042 (non vous ne rêvez pas, c'est dans une vingtaine  d'année) fait partie de ceux-là. Pourquoi me direz-vous ? Et bien parce que son portrait est saisissant.

 

Je me souviens de la lecture (au siècle dernier !) de Globalia de Jean-Christophe RUFIN mais d'aucun ne s'aventurerait aujourd'hui à partager la perspective de l'an 2000 telle que certains d'entre nous ont pu la vivre, au risque de passer pour un vieux démodé sentant la naphtaline.

Non, avec Aude LE CORFF, le scénario est tout autre. Il est tellement plausible qu'on se demande même pourquoi il n'est pas encore là. Imaginez ! Tous ses écrans qui envahissent notre vie, pourquoi ne pas intégrer directement sur notre rétine une petite cellule qui ferait oublier cet accessoire si décrié ? Vous vous attendiez à autre chose ? Les discours sur la réduction du temps hebdomadaire de consultation des écrans auront volé en éclats et seront purement et simplement oubliés pour laisser place à d’autres, plus actuels !

 

Le propos est ironique, vous l'aurez compris, mais tellement réaliste qu'il réussit à nous faire froid dans le dos. Ce roman est porteur d'un propos militant, assurément, mais pas de ceux largement médiatisés aujourd'hui. Non ! Aude LE CORFF a une longueur d'avance, elle dénonce, elle, l'hypocrisie de tout ce que l'on nous vend pour notre bien-être, assurément ! 

 

Elle nous alerte aussi sur l'infantilisation de l'être humain avec tous ces objets qui se substituent aux souhaits de l'homme, cet être faible, qui ne saurait de lui-même utiliser les escaliers plutôt que les ascenseurs pour assurer le nombre de pas quotidiens nécessaires pour lutter contre l’obésité et les accidents cardiovasculaires. Dans le monde tel qu'il est projeté par l'écrivaine, l'ascenseur refusera tout simplement de vous transporter dans les étages !

 

Et puis, comme une prédisposition à ce qui m’attendait dans ce roman, mon téléphone portable sur lequel je prends désormais toutes mes notes (quand je vous dis que le monde décrit par Aude LE CORFF est déjà là !) avait crû bon de modifier « mer » par « mère », il était dans le vrai ! Là, vous pouvez rire, jaune !

 

Dans ce roman, l’auteure, habituée à raconter des histoires rocambolesques (souvenez- vous de « L’importun » et de « Les arbres voyagent la nuit ») nous dévoile la vie de Lisa dans ce qu’elle a de plus intime. Les destins de mère et fille s’entremêlent pour laisser se dévoiler lentement failles et blessures.


La cicatrice est encore visible, me rappelant que je ne peux pénétrer l’esprit de ma mère sans en payer le prix. P. 72

Chacune a les siennes mais la mémoire transgénérationnelle fait qu’elles se retrouvent liées, chacune empoisonnée par la toxicité de la relation à l’autre.


Mon corps déjà émettait des signaux douloureux, une oppression qui le quittait rarement au creux de la poitrine et de la gorge, et alors tout me revenait. P. 72

J’ai ressenti jusque dans mes tripes les soubresauts des corps, la douleur des souffrances perpétuées à travers les âges.

 

Je ne vous en dirai pas plus. Ah, si ! Ne lisez surtout pas la 4ème de couverture, laissez-vous porter par ces quelques lignes, faites moi confiance !

 

Tous ces destins se côtoient dans un roman où l’alternance des chapitres donne du rythme, tantôt la grande Histoire, l’intérêt général, tantôt la petite, l’intérêt particulier, pour nous livrer une sage philosophie de vie.


Pour continuer à vivre, il faut accepter de ne pas tout comprendre. P. 147

La plume de Aude LE CORFF est juste sublime, elle vous séduira par sa sensibilité et sa puissance. Elle parle de secrets de famille, de tragédies, de souffrances, tout en beauté, et la chute est juste magistrale.

 

C’est un coup de cœur. Trois romans, trois coups de coeur, je crois que vous pouvez juste l’acheter !

Je participe au 

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Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

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2019-04-05T05:20:49+02:00

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Publié par Tlivres
Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Allary éditions

Recevoir une enveloppe inconnue dans sa boîte aux lettres, y découvrir un roman, s’interroger sur celui ou celle qui se cache derrière ce cadeau et puis faire le lien... un immense merci Charlotte, « Les miroirs de Suzanne » de Sophie LEMP m’ont profondément touchée, je suis encore sous le charme.

Tout commence avec une scène terriblement déstabilisante. Suzanne s’absente de son appartement parisien. Quand elle rentre, elle s’aperçoit qu’il a été visité. Son ordinateur est parti. Après quelques minutes de désarroi, elle se rassure, le disque dur externe sur lequel elle fait des sauvegardes régulières est toujours à sa place. La vie de famille reprend son cours presque ordinaire mais dans la nuit qui suit, Suzanne ne dort pas, elle pense à ses journaux intimes d’adolescente. Elle avait récemment acheté un coffret à clé pour les accueillir. Elle n’a pas pensé à vérifier qu’ils sont toujours là. Quand elle se lève, elle découvre leur disparition. Passionnée qu’elle est des mots, elle se lance dans l’aventure de les réécrire en puisant dans ses souvenirs. Là commence une toute nouvelle histoire...

Ce roman est remarquable dans la façon qu’il a de vous captiver dès les premières pages avec cette intrusion violente dans l’intimité de Suzanne. Ensuite, vous ne le lâcherez plus !


Derrière des cahiers d’une jeune fille en fleur, ce sont des histoires d’amour qui se révèlent, l’effervescence des sentiments, les premiers désirs, les premiers mots, les premiers contacts, les premiers gestes d’une sexualité en devenir... C’est finalement toute l’histoire de Suzanne, sa construction personnelle qui se dessine dans ce qu’elle a de plus subtil, d’inattendu aussi. Suzanne vit au rythme de ses émotions, fortes celles-là, violentes, douloureuses aussi.

Un amour d’adolescente c’est un peu comme une fleur de magnolia, c’est beau, délicat, raffiné, précieux. Et puis avec le temps, très court, les pétales commencent à s’ouvrir, jaunissent, s’étiolent, tombent à terre, sont piétinés par des passants et disparaissent. Mais la réalité, c’est que l’arbre, lui, reste !

Avec ce magnifique roman, Sophie LEMP touche ce qu’il y a de plus sensible. Elle effleure toutes ces réalités qui font qu’un adulte est ce qu’il est. Si j’ai beaucoup aimé découvrir les traces indélébiles laissées par Antoine dans l’esprit et le corps de Suzanne, vivant au gré de la réminiscence des images et qui en dit long sur notre mémoire, ce qui m’a fascinée, c’est le pouvoir des mots.

Il y a ceux qui s’expriment librement, d’autres qui peinent à se laisser apprivoiser, d’autres encore qui sont incapables d’être formulés :


Mais les mots indociles restent coincés dans sa gorge. Pas un son ne sort de sa bouche. P. 103

Les mots sont là comme des révélateurs de ce que l’on vit, ressent, supporte, affronte...

Sophie LEMP en fait un véritable terrain d’exploration et nous brosse un formidable tableau de l’écriture.


Entendre des artistes s’exprimer sur le caractère envahissant, exclusif, de la création lui avait toujours paru étrange, loin de ce qu’elle ressentait. Pour la première fois, elle en faisait l’expérience. P. 105

Mais l’histoire de Suzanne pourrait vous paraître sirupeuse s’il n’y avait celle de Martin, livreur à vélo, qui, menée en parallèle, va insidieusement s’en approcher.

Sophie LEMP dévoile ainsi tout le jeu de sa propre écriture, parfaitement structurée, rigoureusement organisée, rythmée comme un métronome donnant alternativement et systématiquement la voix à Suzanne, et puis à Martin. Toutes deux sont des chambres d’écho, assurent une certaine résonance pour en décupler les effets.


Ce roman est une ode à la lenteur, au besoin de laisser infuser, se délecter. Dans un monde où tout devient urgent, « Les miroirs de Suzanne » nous invitent à méditer sur nos envies, le sens de notre existence aussi.

Je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

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Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

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2019-04-03T17:23:23+02:00

Noire d'Emilie PLATEAU

Publié par Tlivres
Noire d'Emilie PLATEAU
 
Ou « La vie méconnue de Claudette COLVIN »
d’après Tania de MONTAIGNE
 
Aujourd’hui, place à la #mercrediBD. J’avoue ne pas être fidèle de cette rubrique et pourtant... régulièrement je tombe sous le charme !
 
Là, coup de ❤️, vous avez reconnu le timbre signé Nicolas PICHON !
 
Merci à Antoine du Renard qui lit de Chalonnes-sur-Loire pour ses conseils.
 
Avec ce roman graphique, Émilie PLATEAU vous lance une invitation au voyage.
 
Un voyage à travers le monde, destination L’Alabama aux États-Unis. Un voyage dans le temps aussi, l’histoire se passe en 1950. Un voyage sous l’angle du genre, vous êtes une femme. Voyage interculturel enfin, vous êtes noire.
 
Vous êtes maintenant prête à vous laisser conter une histoire, vraie !
 
Claudette est née en 1939, elle est élevée avec sa sœur Delphine par une grand-tante et un grand-oncle. Sa sœur meurt enfant de la polio. À 15 ans, alors que Claudette rentre de l’école, elle refuse de céder sa place à une femme blanche dans le bus. Le conducteur intervient dans le respect des règles ségrégationnistes qui sévissent. Claudette est interpellée par la police. Rosa Parks vivra la même fâcheuse aventure, c’est d'ailleurs l'histoire de cette dernière qui sera médiatisée à travers le monde alors que le premier acte de bravoure et de courage relevait d’une adolescente.
 
Avec ce roman graphique, Émile PLATEAU restaure la dignité de Claudette COLVIN. Elle assure la mémoire d’une femme qui, alors qu’elle était toute jeune, a manifesté sa rébellion à l’égard d’un régime qu’elle désavouait, d'une inégalité de traitement qui la révoltait. L'action de Claudette COLVIN est suffisamment remarquable pour que l'on en parle. Effectivement, son geste ne relevait pas d'un collectif mais bien d'une intention personnelle. Chapeau !
Noire d'Emilie PLATEAU

Ce roman graphique est profondément militant. Il oeuvre en faveur de l'égalité des hommes et des femmes et prend, dans la reconnaissance de la cause noire, le relais de Tatia DE MONTAIGNE, auteure de l'essai : "Noire", publié en 2015 chez Grasset dans la collection "Nos héroïnes". Parce que oui, Claudette COLVIN est bien une héroïne. Après une adaptation à la scène au Centre National de Création d'Orléans en 2016, Emilie PLATEAU propose donc une version illustrée à mettre dans toutes les mains, grandes et petites.

Parce qu'il faut savoir d'où l'on vient pour savoir qui l'on est, je voudrais remercier Emilie PLATEAU de nous proposer un formidable outil pédagogique.

Il relate la grande Histoire à travers des mouvements de défense des droits des noirs, de la contre-attaque blanche. Les "Notices historiques" sont là pour vous donner toutes les clés de lecture !

Vous n'aurez bientôt plus aucune excuse de parler de l'action de Claudette COLVIN et des grands mouvements révolutionnaires noir-américains. Au lendemain de l'ouverture de la 17ème édition du Festival Cinémas d'Afrique à Angers et à la veille de l'anniversaire de la mort de Martin LUTHER KING, c'était il y a 51 ans, avouons que cette découverte tombe à point nommé !

Outre le contenu, la forme est aussi à relever.

Le graphisme est un brin naïf et saura séduire les plus jeunes, la police de caractères des bulles est très facile à décrypter, les couleurs dans les nuances de marron sont chaleureuses et attendrissantes.

Ce roman graphique est un bijou, un cadeau à offrir sans modération !

 

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2019-03-22T07:00:00+01:00

Edmonde de Dominique de SAINT PERN

Publié par Tlivres
Edmonde de Dominique de SAINT PERN

Stock

 

Ce roman est consacré à Edmonde CHARLES-ROUX, écrivaine lauréate du Prix Goncourt en 1966 pour « Oublier Palerme ». Il commence par une scène absolument remarquable. La femme de 93 ans a chuté, elle se retrouve le visage collé sur le tapis, en lutte avec une croûte de pain, incapable de se relever. Elle passera une partie de la nuit à s’assoir et se mettre dans une posture convenable pour l’arrivée de son homme de compagnie. Cette femme, si elle ressemble à Madame tout le monde arrivée dans le grand âge, n’en demeure pas moins une femme de personnalité à qui personne ne saurait dicter ses faits et gestes.

 

Avec cette chute, Edmonde prend la mesure de sa vulnérabilité et décide de faire remonter de la cave des cartons qui renferment l’histoire familiale. Ainsi commence le premier tome...

 

Edmonde est la fille de François et Sabine CHARLES-ROUX, lui était ambassadeur. Sa famille changeait de pays au gré des mutations diplomatiques. Sabine, elle, se délectait des festivités organisées pour les femmes de son rang. 

 

La guerre touche de plein fouet le destin familial. Edmonde qui était promise à un avenir de duchesse voit son fiancé mourir sur le front albanais. Sa sœur Cyprienne, elle, épouse Marcello del Drago qui évolue dans le cercle rapproché de Mussolini. Quant à Jean, il est interpellé avec des faux-papiers. Il prendra la voie de l’Afrique du Nord. Au lendemain de l’accolade de Hitler et Pétain, leur père décide de démissionner de ses fonctions.

 

Dominique de SAINT-PERN fait d’Edmonde un personnage de roman. Femme sensuelle, amoureuse, elle est aussi foncièrement rebelle, libre, affranchie.


Le mariage lui apparaissait comme un lieu de confinement. P. 311

Elle s’engage, comme sa mère plus tôt, en tant qu’infirmière pour la Croix-Rouge. Elle est affectée à Verdun. 

 

Plus tard, elle rend visite à sa sœur alors qu’elle est prise en otage et menacée des camps de concentration.

 

Edmonde est assurément une femme au caractère bien trempé, de celles qui agissent pour sauver leur pays de l’occupant. Elle se partage entre Marseille et Paris.

 

J’ai beaucoup aimé le passage sur ses activités artistiques, le chant qu’elle n’abandonnerait pour rien au monde, pas même en temps de guerre, les défilés de mode aussi auxquels elle emmène son amie Nadia, des fantaisies qui sont autant de parenthèses dans un quotidien douloureux et un avenir incertain.

 

Dominique de SAINT PERN nous livre un roman historique foisonnant au rythme haletant. Si le roman fait d’Edmonde le personnage principal, c’est bien le fil de la vie de toute la famille qui est déroulé. L’auteure en fait une véritable épopée qui croise la grande Histoire à ses risques et périls, elle incarne à elle seule les deux camps et nous éclaire sur des destins profondément humains. La plume est belle, dynamique, énergique... à l'image d'Edmonde quoi !

 

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2019-03-19T07:00:00+01:00

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Publié par Tlivres
D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Editions Stock

La plume de Anne PLANTAGENET, je l'aime beaucoup. Il y a eu "Nation Pigalle", "Appelez-moi Lorca Horowitz", et puis "Trois jours à Oran". 

Le titre du tout dernier roman de l'écrivaine annonce le sujet. Une nouvelle fois, nous allons partir à la découverte de ses origines, celles-là sont maternelles.

C'est en 1923 que la famille Moreselli du Frioul-Vénétie julienne à une cinquantaine de kilomètres de Trieste franchit les Alpes. Son grand-père, Alfredo Placido, n'a alors que 12 ans quand ses parents décident de quitter leur terre pour s'établir en France comme beaucoup d'autres compatriotes. Les Italiens sont nombreux à tenter l'aventure. Très vite, les procédures administratives sont engagées, quatre ans plus tard, ils obtiennent la naturalisation. Avec elle, de nouveaux prénoms, une nouvelle identité, une nouvelle vie aussi !

J'avais été profondément touchée par le voyage de l'auteure avec son père comme un retour aux sources dans son Algérie natale. L'Histoire de ce territoire, comme celle des hommes, me fascine, une Histoire pourtant largement méconnue alors qu'elle est une partie de notre propre Histoire à nous aussi, une Histoire que beaucoup aimeraient oublier mais qui nécessite d'être transmise aux jeunes générations pour savoir d'où elles viennent.

Là, la migration est organisée dans un tout autre contexte, économique celui-là. Anne PLANTAGENET le précise dès les premières pages, elle ne laissera pas les mêmes traces dans les esprits des descendants.

J'ai été profondément attendrie par les relations qui l'unissent à sa mère. Une grande partie du roman est dédiée à cette femme, largement occupée par les tâches ménagères, un moyen peut-être de fuir la réalité. Laver les légumes, cuisiner... permet de tourner le dos à sa propre fille si curieuse de connaître son passé.

Mais cette femme, qu'on le veuille ou non, est impactée par l'histoire familiale, un cocon exilé, déraciné, qui a fait sienne la culture française. Les Italiens, à leur arrivée, avaient tous décidé d'apprendre la langue, reniant de fait la leur, tirant un trait sur l'italien maternel, une volonté affichée jusque dans leurs prénoms francisés.


La France les aspire, les absorbe, les avale. P. 51

Ce roman est aussi l'occasion de parler des souvenirs, ceux-là mêmes qui s'inscrivent dans notre mémoire, formatés par un inconscient qui travaille à leur redimensionnement.


Les lieux qu'on a connus enfant semblent toujours sacrément rétrécis le jour où, des années plus tard, on décide de les revoir. P. 179

Une nouvelle fois, je suis tombée sous le charme de la plume de Anne PLANTAGENET, empreinte de tendresse, de bienveillance et d'amour à l'égard de ses parents. Elle sait mettre les mots sur une relation qui malheureusement s'éteindra avec leur génération et qui rend précieux chaque instant partagé.

Sa voix résonne en moi. J'éprouve toujours une profonde sensibilité à lire l'histoire de sa famille et découvrir la sienne comme autant de parenthèses qui donnent au propos un caractère universel. C'est mon #mardiconseil.

Je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore !

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2019-03-17T07:00:00+01:00

Le Chant des revenants de Jesmyn WARD

Publié par Tlivres
Le Chant des revenants de Jesmyn WARD

Belfond

Traduit de l'américain par Charles RECOURSÉ

Et de 3 !

Après "Anatomie d'un scandale" de Sarah VAUGHAN et "Pirate N° 7" d'Elise ARFI, voici le dernier de la sélection du mois, "Le Chant des revenants" de Jesmyn WARD dans la catégorie des romans en lice pour le #GrandPrixdesLectricesElle2019.

Jojo a treize ans aujourd'hui. Il vit avec sa petite soeur, Kayla, chez ses grands-parents. Ils y savourent les plaisirs de la nature, s'occupent des animaux de la ferme, évoluent dans un cocon bienveillant. Leur vie pourrait être paisible mais c'est sans compter sur les turbulences occasionnées par Leonie, leur mère, droguée, qui fuit le chagrin de la mort de son frère intervenue alors qu'il n'était qu'un adolescent. Les enfants préfèrent l'appeler par son prénom plutôt que de lui dire maman. Leur père, Mickaël, lui, est en prison. Quand Leonie apprend qu'il est sur le point de sortir, elle fait monter les enfants dans sa voiture et les embarque dans un voyage à hauts risques.

Ce roman m'a profondément troublée dans ce qu'il décrit de la grand-parentalité. La littérature fait de plus en plus la part belle à cette relation qui unit deux générations liées l'une à l'autre. Dans un roman choral à plusieurs voix, l'auteure porte un regard différent selon l'angle porté. Ainsi, il y a l'adolescent qui, bien malgré lui, est sollicité pour jouer le rôle de père auprès de sa petite soeur, traumatisée par une mère inconstante. Il est aussi celui sur qui s'appuie un grand-père vieillissant dont les forces physiques vont en diminuant et qui transmet son savoir avant qu'il ne soit trop tard. Leonie regarde d'un autre oeil, elle, cette complicité qui la dérange.

J'ai été touchée aussi par les liens de la fratrie. Jojo, très instinctivement, offre à sa petite soeur l'amour dont elle a besoin pour prendre confiance en elle et affronter la fougue d'une mère que la maternité a fait grandir précocement. Il y a beaucoup de tendresse dans l'attention portée par le garçon, j'ai beaucoup aimé les descriptions de ces petits gestes qui sont pour sa soeur autant de fondations qui seront nécessaires à la construction de sa vie.

Jesmyn WARD saisit l'opportunité du voyage rendu nécessaire par la libération du père pour brosser une fresque d'une Amérique dévastée, rongée par la misère et le racisme. Les paysages comme les hommes sont désolants, le tableau est profondément sombre.

Le #GrandPrixdesLectricesElle2019 me permet de découvrir des auteurs étrangers, c'est une vraie chance j'en ai conscience. Après la plume de Sarah VAUGHAN, c'est celle de Jesmyn WARD que je lis pour la première fois. Et même si ce roman, relativement lent, n'a pas été transcendant, je crois que je prendrais plaisir à aller plus loin avec "Bois sauvage", "Ligne de fracture" ou bien "Les Moissons funèbres". Qu'est-ce que vous me conseillez ?

Je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

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