Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #noel en poche catégorie

2021-12-08T12:53:32+01:00

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

Publié par Tlivres
Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021,

J8 "Celle qui marche la nuit" de Delphine BERTHOLON, un roman jeunesse publié initialement chez Albin Michel et maintenant disponible chez Le Livre de poche.

Malo a 15 ans quand son père, prof de guitare, obtient la mutation de sa vie, il intègre le Conservatoire de Nîmes. Toute la famille, Sophie, la nouvelle compagne de son père, Jeanne, sa petite soeur de 5 ans, quittent Paris. Ils emménagent dans une maison au milieu des bois, éloignée du village de quelques kilomètres. Alors Malo, pour s'occuper, prend son vélo et part à la découverte des lieux. Il tombe sur une ruine qui dès les premiers instants le captive. Il croit y voir une ombre, prend ses jambes à son coup et rentre à la maison, là où Jeanne commence à avoir des comportements étranges. Seul Malo semble en être perturbé. Bientôt l'angoisse commence à se faire une place dans le coeur de l'adolescent, ses nuits sont ponctuées d'insomnies aggravées le jour par l'immense solitude qui le tenaille, il est hanté par le fantôme de sa mère... Le jeune garçon est bien décidé à découvrir le secret qui l'obsède... à tout prix !

Delphine BERTHOLON nous livre un thriller fantastique tenu par une main de maître, l'énigme est entretenue tout au long du roman dans lequel règne une atmosphère mystérieuse. Le jeune garçon, particulièrement attentionné pour sa soeur, porte sur ses frêles épaules un fardeau parfois trop lourd, il devient hypersensible à son environnement.

J'ai été bluffée une nouvelle fois par l'écriture de Delphine BERTHOLON, chapeau. Si vous ne la connaissez pas encore, elle nous offre des lectures coup de poing, celle-là n'y échappe pas !

Un petit mot pour la première de couverture, juste magnifique et tellement évocatrice de ce qui vous attend... ce roman, vous pouvez le conseiller à tous !

Vous aimerez peut-être aussi :

"Dahlia",

"Coeur Naufrage",

"Grâce",

"Celle qui marche la nuit",

"Les corps inutiles" et

"L'effet larsen"...

Voir les commentaires

2021-12-07T07:00:00+01:00

Une joie féroce de Sorj CHALANDON

Publié par Tlivres
Une joie féroce de Sorj CHALANDON

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021,

J7 "Une joie féroce" de Sorj CHALANDON, roman publié initialement aux éditions Grasset et aujourd'hui par Le Livre de poche.

Quatre femmes sont à bord d'une voiture et s'apprêtent à commettre un acte... irréparable. Jeanne fait partie du complot, c'est la narratrice. Avec Brigitte, Mélody et Assia, elles forment une sorte de communauté. Malgré leur différence d'âge, leurs origines, un point commun les rassemblent : le cancer. C'est dans la salle d'attente de l'hôpital qu'elles ont fait connaissance. Jeanne n'était pas accompagnée, Matt disait ne pas pouvoir le supporter. Elles se sont caressées du regard, se sont effleurées des mains, ainsi est née une forme de complicité, de ces relations qui deviennent avec le temps plus fortes que tout. Alors de là à imaginer réaliser un braquage toutes ensembles, il n'y a qu'un pas, non ?

 

Sorj CHALANDON est un formidable conteur. Ses histoires sont rocambolesques à l'envi. Si les personnages ont l'apparence de Monsieur et Madame tout le monde, c'est pour mieux tromper "l'ennemi", nous prendre par surprise, dérouler le fil d'itinéraires hypothétiques au service d'un scénario savamment orchestré. Une nouvelle fois, chapeau !

Vous pouvez en découvrir les premières lignes avec un simple clic !

De cet auteur, vous pourriez aussi aimer :

"Enfant de salaud"

"Le jour d'avant"

"Le quatrième mur"

Voir les commentaires

2021-12-06T07:00:00+01:00

Il est juste que les forts soient frappés de Thibault BERARD

Publié par Tlivres
Il est juste que les forts soient frappés de Thibault BERARD

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021,

J6 "Il est juste que les forts soient frappés" de Thibault BERARD, publié initialement aux éditions de L'Observatoire, aujourd'hui par J'ai lu.

Il y a des romans qui vous prennent à la gorge dès les premières lignes, assurément, celui de Thibault BERARD fait partie de ceux-là. 

Sarah, la narratrice, est morte à l’âge de 42 ans. Elle se remémore son adolescence, sa première histoire d’amour avec un homme de 15 ans de plus qu’elle, ses actes de bravoure à l’encontre de la grande faucheuse. Si elle ne l’a pas emmenée lorsqu’elle avait vingt ans, Sarah était persuadée qu’elle viendrait la chercher avant la quarantaine. Elle l’a toujours dit à Théo, son amour, son lutin. Elle n’était donc pas surprise quand, à 38 ans, alors qu’elle est enceinte de 7 mois de son deuxième enfant, un garçon, le couperet tombe avec l’annonce d’une tumeur cancéreuse très mal placée la menaçant de mort imminente. Théo s’est battu comme un fou pour sauver son moineau mais il n’était pas de taille, les dés étaient jetés, les jours comptés, impossible de reculer.
 
Ce roman, je vous vois déjà vous dire, il n’est pas pour moi, et pourtant ! Thibault BERARD, éditeur chez Sarbacane, nous livre un hymne à la vie. Largement inspiré de son histoire personnelle, le propos de ce livre ô combien audacieux est un petit bijou de la littérature. Thibault BERARD aurait pu en faire un essai à l’image de ce qu’a livré Mathias MALZIEU dans son "Journal d'un vampire en pyjama", il a décidé d’en faire une fiction et c’est somptueusement réussi.
 
En ouvrant ce livre, vous acceptez de monter dans l’ascenseur émotionnel parfaitement maîtrisé par l’écrivain, vous allez vivre d’intenses moments de bonheur, vous envoler très haut, et puis, vous allez vivre des moments de grand désespoir, tomber très bas. 

Loin du pathos que j’avais soupçonné, l’écrivain surfe sur les références musicales et cinématographiques pour ponctuer le roman de formidables bouffées d’air. 

Et puis, il y a ce brin de fantaisie, cette fraîcheur d’esprit, tout ce qu’un jeune couple peut vivre d’original, de drôle, de fantasque, se retrouve dans la plume de ce primo-romancier. 

Les mots sont beaux, les phrases délicates et sensuelles, les métaphores joueuses, les personnages sublimés, les sentiments magnifiés, le livre profondément touchant.

Enorme coup de coeur.

Vous aimerez peut-être aussi :

"Les enfants véritables"

son second roman, tout aussi brillant.

Le proverbe dit "Jamais 2 sans 3", non ? Vivement 2022 !

Voir les commentaires

2021-12-05T07:00:00+01:00

Gabriële de Anne et Claire BEREST

Publié par Tlivres
Gabriële de Anne et Claire BEREST

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021,

J5 « Gabriële » de Anne et Claire BEREST, initialement édité chez Stock, aujourd'hui chez Le livre de poche.

« Gabriële », c’est l’histoire de l’arrière-grand-mère de Anne et Claire BEREST, deux sœurs, co-autrices d’un roman absolument jubilatoire.

Gabriële, née BUFFET, grandit au côté de femmes inspirantes, sa grand-mère, Laure de JUSSIEU, essayiste, sa tante, Alphonsine, peintre, formée avec Berthe MORISOT auprès de Charles CHAPLIN. En 1898, elle tente le concours d’entrée au Conservatoire national de musique de Paris. Elle échoue, mais, acharnée, elle sera la première femme à accéder à la classe composition de La Schola Cantorum. Elle part pour Berlin contre l’accord de ses parents. Là-bas, elle gagne sa vie pour payer ses cours après de Ferruccio BUSONI, auteur du manifeste « Esquisse d’une nouvelle esthétique de la musique », l’homme cultive le terreau déjà bien fertile chez Gabriële, il transmet à ses élèves l’envie de créer. Il dit lui-même « Qui est né pour créer devra préalablement accepter la grande responsabilité de se débarrasser de tout ce qu’il a appris. » Gabriële se délecte des plaisirs qu’offre Berlin, la capitale européenne porteuse de modernité. Elle y poursuit ses études de musique. Lors de l’un de ses séjours en famille, son frère, Jean, peintre, qui a élu domicile à Moret-sur-Loing dans les pas de l’impressionniste Alfred SISLEY, lui présente Francis PICABIA. Là commence une toute nouvelle histoire !

Dans ce roman, il y a beaucoup d'amour. Celui de Gabriële BUFFET pour Francis PICABIA, d'abord, une passion vertigineuse entre deux personnalités hautes en couleur. Celui de l'art aussi. On se promène entre les disciplines, depuis la musique jusqu'à la peinture. Vous côtoierez Marcel DUCHAMPS, Guillaume APOLLINAIRE, Marie LAURENCIN...

Gabriële est une femme EXTRAordinaire dont la vie fût guidée par une quête insatiable de liberté et une formidable philosophie de vie...

Sous la plume des soeurs BEREST, une expérience littéraire audacieuse mais parfaitement réussie, Gabriële devient un personnage de roman dont le lecteur découvre le parcours avec une véritable frénésie.

La narration du tourbillon artistique est exaltée.

"Gabriële" devient rapidement un page-turner, une épopée à vous couper le souffle, une biographie époustouflante.

Vous aimerez peut-être aussi :

"La carte postale" de Anne BEREST

"Rien n'est noir" de Claire BEREST

"Artifices" de Claire BEREST

Voir les commentaires

2021-12-04T07:00:00+01:00

J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi de Yoan SMADJA

Publié par Tlivres
J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi de Yoan SMADJA

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021,

J4 "J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi" de Yoan SMADJA, initialement publié chez Belfond, aujourd'hui chez Pocket.

découvert grâce aux fées des 68 Premières fois, et oui, c'est un premier roman.

Sacha Alona est grand reporter. Elle, qui depuis sa plus tendre enfance, croque la vie à pleines dents, avide de découvertes à réaliser, d'expériences à faire et de défis à relever, elle prend l'avion au printemps 1994 à destination du Cap en Afrique du Sud, missionnée qu'elle est pour relater les premières élections démocratiques post-apartheid. Très vite, avec Benjamin, photographe, Sacha flaire une filière d'armes. Elle découvre des machettes en quantités effroyables et qui, coupantes des deux côtés, ne peuvent répondre aux besoins de seuls agriculteurs africains. Elles sont faites pour tuer. Sans l'accord de son employeur, elle s'envole pour le Rwanda où la guident ses pas... elle ne sait pas encore qu'en quelques mois sa vie basculera. Elle croisera effectivement sur son chemin, un homme, Daniel Kobeysi, chirurgien obstétrique, originaire de Kigali, qui partage sa vie entre sa famille de Butare et les patientes des montagnes des Virunga. Sacha et Benjamin lui demanderont de les mener jusqu'à Paul Kagamé, alors vice-président, pour l'interviewer. Mais très vite, leur destin est percuté par les événements, l'attentat perpétré contre l’avion du Président Habyarimana, l'assassinat du Premier Ministre du Rwanda  avec 10 casques bleus belges chargés de sa protection. Daniel est torturé par l'angoisse de ne pas retrouver sa femme, Rose, et son fils, Joseph, menacés du génocide Tutsi qui sévit dans tout le pays. Tous trois vont partager des moments d'intimité alors même que l'humanité sombre dans l'ignominie.

Ce roman est absolument bouleversant, d'abord parce qu'il assure la mémoire du génocide du Rwanda, ensuite parce que vous allez, aux côtés de Sacha et Benjamin, participer à l'action de grands reporters dans des pays en guerre. Vous allez monter dans des véhicules improbables, vivre des embuscades et des montées d'adrénaline aux check-points, réagir instinctivement dans des moments d'extrême urgence, vous allez VOIR aussi ! Voir l'histoire se dérouler sous vos yeux, la capturer avec un appareil photo et les voir diffusés au monde entier ou bien l'écrire alors même que les mots vous manquent pour relater l'indicible. Il l'est enfin dans la forme narrative, un hymne à l'écriture. 

 

Quant à la chute, et puisque, moi, je n'ai pas pris comme Sacha d'engagement, je me suis autorisée à pleurer toutes les larmes de mon corps. Yoan SMADJA signe assurément un premier roman bouleversant, de ceux qui vous font mesurer la fragilité de l'humanité, dans ce qu'elle a de plus noir, et de plus lumineux aussi. Je ne saurais dire si mes larmes étaient de chagrin ou  de plaisir... 

Voir les commentaires

2021-12-03T07:00:00+01:00

Vaincre à Rome de Sylvain COHER

Publié par Tlivres
Vaincre à Rome de Sylvain COHER

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021,

J3 "Vaincre à Rome" de Sylvain COHER publié chez Actes Sud, aujourd'hui dans la collection Babel

Lecteurs que vous êtes, je suis sûre que vous avez toujours rêvé de courir un marathon EN LISANT.

Imaginez... sur la ligne de départ : 69 coureurs de 35 nationalités. 11 sont africains et vous en faites partie. Vous êtes éthiopien. 11, c’est aussi le numéro de votre dossard ! Vous faites 55 kilos. Vous êtes chrétien orthodoxe (ça vous semble un détail mais, on ne sait jamais, la foi et le spiritualisme pourraient vous être utiles !). Vous vous apprêtez donc à vous lancer dans une performance de haut niveau. Non seulement vous allez courir 42,195 kilomètres (c’est long !) mais encore, vous allez essayer d’arriver le premier (c’est à dire monter sur la plus haute marche du podium !) et pour couronner le tout (je ne sais pas vraiment comment vous l’annoncer !), vous allez courir pieds nus (oubliez donc les marques de chaussures high-tech, tout ça n’est que futilité quand vous avez un mental de gagnant !). Ah oui, j’oubliais, nous sommes à Rome et en 1960 (elle est bien cette épreuve sportive, vous venez de gagner presque 60 ans rien qu’en ouvrant le livre (vous n’étiez d’ailleurs pas nés pour nombre d’entre vous !). Vous vous appelez Abebe BIKILA. 1, 2, 3, partez !
Vous êtes venu pour gagner, vous allez gagner. Vous êtes coaché par un suédois, il croit en vous, rien ne peut vous arrêter... à condition de respecter quelques règles, notamment de ne pas jouer avec le feu dès le début de la course mais bien d’attendre le bon moment pour vous échapper... sans craindre d’être rattrapé !

Sylvain COHER va égrener les chapitres au rythme des kilomètres parcourus et des temps réalisés. Si vous focalisez le regard sur votre chrono, votre ami le plus cher le temps de la course, vous allez aussi ressentir chaque muscle. Là, il n’est pas utile de réfléchir ! Votre corps va se rappeler à vous. L’écrivain décrit formidablement bien les tensions du sportif de haut niveau. Il évoque les 20 premières minutes comme donnant le ton de l’épreuve. Il parle aussi des 30ème et 40ème kilomètres comme autant de repère dans la vie de votre organisme. Attention, la réserve de glycogène s’épuise, vous risquez de passer dans le rouge !

Ce roman, c’est aussi un itinéraire éminemment touristique. Vous allez avoir la chance de visiter Rome comme personne ne l’a jamais fait avant vous.

Souvenez-vous, 25 ans plus tôt, Mussolini lançait ses troupes pour contrer le fléau noir éthiopien. Abebe BIKILA veut prendre sa revanche, il veut représenter son pays et conquérir Rome. Il veut restaurer l’honneur des siens en passant le premier sous l’Arc Constantin, le symbole des ambitions coloniales du fasciste italien. Avec cette course, Sylvain COHER revient sur une page de la grande Histoire, souvent méconnue. Pour éviter qu’elle ne tombe dans l’oubli collectif, l’auteur en assure la mémoire. Rien que pour ça, bravo !

Ce roman est prodigieux. Il allie de façon tout à fait audacieuse deux registres très éloignés l’un de l’autre et nous livre un roman à la première personne dans une plume profondément humaine. Quant au rythme, vous allez finir votre lecture essoufflé, mais peut-être rien de plus, en réalité ! Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne récupération !

Voir les commentaires

2021-12-02T07:00:00+01:00

Et toujours les forêts de Sandrine COLLETTE

Publié par Tlivres
Et toujours les forêts de Sandrine COLLETTE

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021,

J2 "Et toujours les forêts" de Sandrine COLLETTE, publié initialement chez Lattès, aujourd'hui chez Le livre de poche

Corentin est né d'une mère séquestrée, une mère qui était condamnée à porter l'enfant de la honte. Elle ne sera libérée au grand jour que lorsque son bébé sera prêt à naître. Mais ce bébé, Marie n'en voulait pas. Alors, après sa naissance, elle a pris l'habitude de le confier à d'autres, et puis un jour, elle l'abandonne dans la forêt, à deux pas de la maison d'Augustine. C'est elle qui va l'élever. Les études supérieures le guident vers la ville. Dans la cité urbaine, il va se lier d'amitié avec des étudiants de son âge qui fréquentent les galeries souterraines. Un jour, la "catastrophe" se produit. Lorsqu'il sort de la galerie, le monde est dévasté. Là commence une nouvelle histoire, à la vie, à la mort.

Comme pour "Juste après la vague", Sandrine COLLETTE puise son inspiration dans l'actualité environnementale, le réchauffement climatique. Elle nous livre un scénario apocalyptique. Les couleurs ont disparu, les sons aussi, il ne reste plus qu'une nature dévastée, noire, brûlée, avec seulement quelques survivants, condamnés à l'isolement. 

 

Si personnellement, je suis progressivement devenue une lectrice inconditionnelle de ses histoires, j'avoue être toujours totalement scotchée par l'intrigue, que dis-je, les intrigues. Parce que, lorsqu'on a le talent de Sandrine COLLETTE, on ne recule devant rien. L'écrivaine livre une histoire rythmée par les pièges qu'elle ne manque pas de tendre à ses personnages. A peine l'un évité qu'un nouveau apparaît, donnant ainsi au roman une cadence infernale.

Quant à la chute, elle est magistrale, bien sûr !

Vous aimerez peut-être aussi :

"Ces orages-là"

"Juste après la vague"

"Six fourmis blanches"

"Un vent de cendres"

Voir les commentaires

2021-12-01T06:45:00+01:00

La femme révélée de Gaëlle NOHANT

Publié par Tlivres
La femme révélée de Gaëlle NOHANT

Comme les deux années passées, j'avais envie de vous proposer de préparer vos cadeaux de fin d'année avec des livres sortis en poche. Alors, pour le #calendrierdelavent, j'ai choisi une version "Noël en poche" !

Pour le 1er jour de décembre, je vous propose "La femme révélée" de Gaëlle NOHANT, édité initialement chez Grasset, aujourd'hui disponible chez Le livre de poche.

Eliza Bergman est née en 1919. Elevée à Hyde Park, enfant, elle se souvient de toutes ses promenades avec son père dans des quartiers défavorisés. Il était médecin, reconverti dans la recherche en sociologie à l’université de Chicago, et aimait faire découvrir à sa fille la diversité des hommes. A 31 ans, elle laisse son fils, Martin, alors âgé de 8 ans, et quitte précipitamment les Etats-Unis à destination de la France. Armée de son Rolleiflex, son seul effet personnel, et devenue Violet, elle immortalise le tout Paris des années 1950. C'est là qu'elle va lentement se (RE)construire, au gré des rencontres, des relations d'amitié, d'amour aussi, qu'elle va savamment tisser entre authenticité et imposture. Comme une funambule sur son fil, elle va éprouver le jeu de l'équilibre pour mieux savourer les joies de sa liberté retrouvée et aller jusqu'au bout de ses convictions pour peut-être, un jour, retrouver son pays, ses racines.

Cette lecture m'a captivée par l'entrée en matière, artistique. Le Rolleiflex est à lui seul un personnage. Créé en 1929, c'est le nec plus ultra des appareils, aujourd'hui encore largement plébiscité. Avec lui, c'est le pouvoir de l'oeil qu'elle va explorer. Gaëlle NOHANT nous fait ainsi entrer dans le monde de la photographie, cette discipline qui permet de porter un regard singulier sur le monde. 

C'est par cette voie que l'écrivaine aborde la condition féminine, celle des années 1920-1930 aux Etats-Unis et 1950-1960 en France. 

Avec cette fresque, il est question de transmission, de mémoire. Gaëlle NOHANT qui dédie ce livre à sa mère et à sa fille, aborde aussi la condition noire. 

La plume de Gaëlle NOHANT est absolument magnifique. D'une profonde sensibilité, elle est presque cinématographique. Tout au long de cette lecture, j'ai eu l'impression de regarder un film défiler sous mes yeux. Et puis, elle a cette capacité à embrasser cinquante ans de l'Histoire transatlantique, naviguant entre fiction et réalité, par la voie de personnages extrêmement attachants, la garantie d'un immense talent. 

Vous aimerez peut-être aussi :

"Légende d'un dormeur éveillé"

 

Voir les commentaires

2020-12-24T07:00:00+01:00

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Publié par Tlivres
Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Pour le 24ème et dernier jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose une plume étrangère, celle de Sarah VAUGHAN découverte avec le #GrandPrixdesLectricesElle2019 et son roman "Anatomie d'un scandale", publié chez Préludes et désormais chez Le Livre de poche, traduit de l'anglais par Alice DELARBRE.

La première scène du livre surprend Kate en pleine décompression. Nous sommes en décembre 2016. L'avocate pénaliste depuis 19 ans sort d'une plaidoirie difficile, elle a échoué dans la défense d'une femme violée par son mari. Elle s'est spécialisée depuis plusieurs années dans ce genre d'affaires. La perruque enlevée, les pieds déchaussés, elle reprend ses esprits dans son bureau en sirotant un whisky. Elle se laisse bercer par des pensées qu'elle ne peut avoir que dans l'intimité de son bureau. C'est le moment que choisit son clerc pour lui proposer le dossier de sa vie. Il n'en faut pas plus pour que la professionnelle, carriériste, passionnée, se remette au travail. Elle ne sait pas encore que l'affaire qui oppose Olivia Lytton, assistante parlementaire, à James Whitehouse, sous-secrétaire d'Etat, son patron, va lui donner du fil à retordre et faire resurgir du passé de douloureux souvenirs.

Avec ce roman, Sarah VAUGHAN nous immerge dans des décors britanniques d'aujourd'hui et des années 1990. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire toutes les descriptions de ces colleges. J'ai retrouvé l'ambiance de celui de Benjamin WOOD : "Le complexe d'Eden Bellwether", un coup de coeur, l'occasion de faire un petit clin d'oeil aux éditions Zulma.

Sarah VAUGHAN sème autant de petites graines dans l'esprit du lecteur qu'il est nécessaire pour le happer et le tenir en haleine jusqu'à la toute dernière page. Véritable thriller psychologique, ce livre se lit quasiment d'une traite. J'ai été personnellement captivée par le destin de ces femmes blessées par des hommes peu scrupuleux de leurs désirs. L'écrivaine décrit un monde politique hanté par la presse, instrumentalisé par le pouvoir. Il n'en est que plus humain et se risque à jouer avec le feu !

La plume est fluide et dense, elle fait de ce roman un très bon livre.

Et si, comme moi, vous ne connaissiez pas encore Sarah VAUGHAN, nul doute que vous aviez déjà lu une traduction d'Alice DELARBRE. Elle a notamment traduit l'intégralité de l'oeuvre de Victoria HISLOP, ça vous donne une petite idée de son talent.

Maintenant, à vous de jouer !

Voir les commentaires

2020-12-23T07:00:00+01:00

Une joie féroce de Sorj CHALANDON

Publié par Tlivres
Une joie féroce de Sorj CHALANDON

Pour le 23ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de revenir sur le dernier roman de Sorj CHALANDON "Une joie féroce" aux éditions Grasset, disponible maintenant chez Le Livre de poche.

Quatre femmes sont à bord d'une voiture et s'apprêtent à commettre un acte... irréparable. Jeanne fait partie du complot, c'est la narratrice. Avec Brigitte, Mélody et Assia, elles forment une sorte de communauté. Malgré leur différence d'âge, leurs origines, un point commun les rassemblent : le cancer. C'est dans la salle d'attente de l'hôpital qu'elles ont fait connaissance. Jeanne n'était pas accompagnée, Matt disait ne pas pouvoir le supporter. Elles se sont caressées du regard, se sont effleurées des mains, ainsi est née une forme de complicité, de ces relations qui deviennent avec le temps plus fortes que tout. Alors de là à imaginer réaliser un braquage toutes ensembles, il n'y a qu'un pas, non ? 

J'ai beaucoup aimé tous ces passages sur la puissance de leur connivence, une relation établie entre des femmes à un moment de leur vie où elles cumulent les fragilités. Il y a quelque chose de très beau dans l'amitié, voire l'amour, qui les unit. Il y a aussi cette formidable bouffée d'espoir qui les anime dans l'urgence à VIVRE.

Sorj CHALANDON est un formidable conteur. Ses histoires sont rocambolesques à l'envi. Si les personnages ont l'apparence de Monsieur et Madame tout le monde, c'est pour mieux tromper "l'ennemi", nous prendre par surprise, dérouler le fil d'itinéraires hypothétiques au service d'un scénario savamment orchestré. Une nouvelle fois, chapeau !

Voir les commentaires

2020-12-22T11:46:30+01:00

Les huit montagnes de Paolo COGNETTI

Publié par Tlivres
Les huit montagnes de Paolo COGNETTI

Pour le 22ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose un moment d'évasion, de l'air, de la nature... avec "Les huit montagnes" de Paolo COGNETTI, Prix Médicis étranger 2017, publié initialement aux éditions Stock et maintenant chez Le Livre de poche.

Je vous emmène à Grana dans le Val d'Aoste où les sommets culminent à plus de 4000. Deux amoureux fous, un brin originaux, s'y marièrent en 1962. Rejetés par leurs familles, ils étaient 4, le nombre minimum pour célébrer une union. Rien de plus naturel donc que de fuir la ville au moment des vacances pour aller s'y ressourcer. De cette union, naîtra un garçon, Pietro. Très vite, il est initié aux plaisirs de la randonnée. Le père et le fils y réalisent de nombreuses escapades, de quoi tisser le fil de la complicité. Vient parfois se glisser dans cette intimité, Bruno, cet enfant des montagnes. Lui les regarde d'un tout autre oeil. Elles ne représentent pas ses vacances mais sa vie quotidienne, il y est né, il y mourra aussi. Entre les deux garçons du même âge, le jeu de la concurrence et le sentiment de jalousie viennent parfois troubler les relations. Les année passent et puis un jour, un drame vient assombrir le tableau, les cartes sont rebattues et commence alors une autre vie...

Dans ce roman, Paolo COGNETTI évoque Dame Nature dans tout ce qu'elle peut donner à l'Homme. A chacun sa mesure, il y a les petits randonneurs du dimanche et les alpinistes, chacun peut y trouver sa place.

C'est un peu comme dans le champ des relations humaines. Il y a ceux qui ont besoin d'isolement et ceux qui sont en interaction permanente avec les autres. C'est un peu ça faire société, non ?

 

La plume de Paolo COGNETTI est absolument remarquable, elle est empreinte de sensibilité et d'humanité.

Dans "Les huit montagnes", il fait de la nature sa toile de fond pour examiner en profondeur ce qui compose chacun, ses origines, ses souvenirs, sa manière très personnelle et subjective d'apprécier la vie à sa juste valeur.

Un très beau roman initiatique.

Voir les commentaires

2020-12-21T12:23:47+01:00

Coeur naufrage de Delphine BERTHOLON

Publié par Tlivres
Coeur naufrage de Delphine BERTHOLON

Pour le 21ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de retrouver Delphine BERTHOLON avec son roman "Coeur naufrage" publié chez Lattès disponible maintenant en poche chez Le Livre de poche.

"Coeur-Naufrage", c'est le titre donné par Lyla à un poème qu'elle a écrit à l'attention d'un garçon, Hervé, son 1er petit amoureux. Mais là, elle a 17 ans, c'est l'été, elle est en vacances, elle prend son vélo et part seule en direction de l'océan. Il fait très chaud, elle est insouciante et se laisse porter par un vent de liberté. Et puis, il y a une chute, la chaîne qui saute et son incapacité à la remettre. Elle décide de marcher à côté de sa bicyclette. Elle se souvient d'un endroit fréquenté par des surfeurs et un bar ambulant. Elle y trouvera bien de l'aide. Fatiguée, elle laisse son vélo sur le bord de la route et continue son chemin à pied. A son arrivée près du van, et voyant des garçons plus âgés qu'elle, Lysa se demande si elle a fait le bon choix. Elle mesure maintenant sa prise de risque. La jeunesse aidant, elle décide de la jouer familière, elle fume avec eux, elle boit avec eux. L'heure passe, la nuit tombe, il va bien falloir penser à rentrer. Mais, son vélo, qui va le retrouver pour le réparer ? Et elle, qui va la ramener ? Joris, l'un des 3 surfeurs, décide de faire un effort, il part avec elle, et là commence une toute nouvelle histoire !    

Avec Delphine BERTHOLON, je suis habituée aux lectures Coup de poing, il y avait eu "L'effet larsen" et puis "Les corps inutiles". Tantôt je fuie les coups, tantôt je les recherche, tantôt je les esquive, tantôt je les prends pleine figure.

Ce que j'aime tout particulièrement chez Delphine BERTHOLON, c'est la puissance de la personnalité des femmes. A l'image de Clémence dans "Les corps inutiles", Nola dans "L'effet larsen", Lyla prend son destin en main, décide d'assumer ses actes et trace son chemin. Bien sûr, il y a des fragilités, des moments où les vannes sont ouvertes et les larmes coulent à flot, mais il y a aussi cette force intérieure qui permet d'avancer, d'afficher à l'extérieur une certaine dimension et sous le regard des autres de prendre de la hauteur.

La narration de ce roman devient une lecture à deux voix, celle de Lyla et celle de Joris, un formidable regard croisé sur les événements, un procédé ingénieux, audacieux diront certains, mais parfaitement maîtrisé par une écrivaine à la plume remarquable et totalement addictive.

Préparez-vous, Delphine BERTHOLON a annoncé son grand retour. Rendez-vous en mars 2021 avec "Dahlia".

Voir les commentaires

2020-12-19T07:00:00+01:00

Né d'aucune femme de Frank BOUYSSE

Publié par Tlivres
Né d'aucune femme de Frank BOUYSSE

Pour le 19ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de revenir sur le lauréat du #GrandPrixdesLectricesElle2019 dans la catégorie polar. Il s'agit bien sûr du roman de Franck BOUYSSE, "Né d'aucune femme", publié initialement chez La manufacture des livres et désormais disponible chez Le livre de poche.

Rose a 14 ans, c'est l'aînée d'une fratrie de 4 filles. Ses parents sont des paysans. Un jour, son père, Onésime, l'emmène avec lui. Rose fait l'objet d'un contrat diabolique. Elle est vendue à un homme moyennant une petite somme d'argent, de quoi assurer pour quelques temps la survie du reste de la famille. Les remords n'y feront rien, le sort de Rose est ainsi jeté. Elle devient l'employée d'une maison qui renferme de nombreux secrets, à commencer par l'existence de l'épouse de "l'acheteur" qui serait gravement malade. Rose ne l'a jamais vue. Le médecin du village vient régulièrement lui rendre visite, de quoi susciter la curiosité de l'adolescente. Elle sera bien malgré elle entraînée dans un scénario des plus machiavéliques.
Franck BOUYSSE imagine une histoire absolument démoniaque, un scénario morbide dont je n'ose pas imaginer les images portées au cinéma.
 
Si la première partie est empreinte de sauvagerie, j'ai beaucoup aimé la seconde dans ce qu'elle a de plus fort. Rose incarne le personnage d'une jeune femme révoltée, pleine de courage, que rien ne saurait abattre, pas même l'indicible, impossible à vous dévoiler. Rose va trouver le moyen de s'extraire de toute cette violence, elle va puiser la force dans son âme pour surmonter tout ce qu'elle endure physiquement, elle va trouver la voie des mots.
 
Ce roman est un hymne à l'écriture. Nul besoin de vouloir être écrivain pour se plier à l'exercice, le seul fait de coucher les mots sur le papier peut délivrer du poids qui vous assaille. Franck BOUYSSE fait preuve d'énormément de poésie à leur égard.
 
Parfaitement structuré dans un roman choral, le propos est servi par une plume éminemment belle. La chute est juste magistrale.

Cette chronique est aussi l'occasion de souhaiter de belles fêtes à Marie de la librairie "Le Renard qui lit" qui l'encense, c'est évidemment un très bon conseil de lecture.

Voir les commentaires

2020-12-18T12:10:00+01:00

Où bat le cœur du monde de Philippe HAYAT

Publié par Tlivres
Où bat le cœur du monde de Philippe HAYAT

Pour le 18ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose une épopée romanesque tout à fait remarquable, "Où bat le cœur du monde" de Philippe HAYAT publié aux éditions Calmann Lévy, disponible désormais chez Le Livre de Poche.

Nous sommes en 1935 dans la ville de Tunis. Darius Zaken est un petit garçon de la communauté juive de hara. Quand une tempête de sable sévit sur la ville, les Arabes, très en colère, s'en prennent aux Juifs qu'ils considèrent responsables de la perte de leurs récoltes et de leur misère. Ils mettent le feu à la librairie du père de Zaken qui mourra dans l'incendie, plongeant l'enfant dans un irréductible mutisme émotionnel. Plus un mot ne sortira de sa bouche, on le lit dans les toutes premières pages. Sa mère, fille de médecins d'origine italienne, nouvellement endeuillée, va se sacrifier pour l'avenir du garçon. Elle va s'inspirer du manuel des signes de l’Institut des Jeunes Sourds de Paris pour contrer le handicap de son fils. Elle va multiplier les petits boulots. C’est lors d'une soirée où Darius vient l’aider à gérer le vestiaire du théâtre qu’il se laisse guider par quelques notes de musiques... la voie d'une nouvelle vie.

Ce roman est un « multicarte ». "Où bat le coeur du monde" est un roman initiatique, un roman d'aventure, un roman historique.

Enfin, la cerise sur le gâteau, Philippe HAYAT nous berce avec délice des notes de musique de la clarinette de Darius, il sublime cette discipline artistique avec ses mots. Je ne suis pas musicienne mais avec ce roman, j’ai eu l’impression de ressentir la puissance de la musique, de vibrer, quoi !

C'est roman, c'est aussi l'occasion de souhaiter de belles fêtes de fin d'année à toute l'équipe de Page des Libraires. Je me souviendrais toujours de la présentation de la rentrée littéraire organisée à la BNF avec Philippe HAYAT au micro, présentant son tout nouveau roman !

Voir les commentaires

2020-12-17T08:07:19+01:00

Instantanés d’Ambre de Yôko OGAWA

Publié par Tlivres
Instantanés d’Ambre de Yôko OGAWA

Pour le 17ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de retrouver la plume d'une autrice que j'aime profondément, celle de de Yôko OGAWA avec "Instantanés d'Ambre", publié chez Actes Sud, désormais disponible dans la collection Babel.

Renouer avec son univers littéraire, c'est assurément s'envoler pour un voyage merveilleux bercé par le registre onirique.

 

Je vous dis quelques mots de l'histoire :

Une famille est frappée par un terrible drame, la mort d'une enfant alors qu'elle n'avait que trois ans. Jouant au jardin public, un chien lui a léché le visage. Le lendemain, une forte fièvre se déclare et emporte la toute petite fille. Le père travaille dans une maison d'édition spécialisée dans les encyclopédies illustrées. La mère, douloureusement affectée par cette disparition, décide de tout quitter et d'emmener ses trois autres enfants dans une propriété familiale, cernée de hauts murs. Là, elle leur offre une nouvelle forme d'éducation, à l'abri des regards. Elle leur intime l'ordre de ne pas franchir les murs, le chien maléfique pouvant revenir à tout moment. Pour accompagner leur mutation, elle leur donne de nouveaux prénoms inspirés de l'univers minéral, Opale, Ambre et Agate. Elle trouve un travail auprès des thermes du village. Pendant son absence, les enfants se cultivent au gré de leurs découvertes dans les encyclopédies de leur père et de leur exploration du vaste jardin qui leur est offert jusqu'au jour où un homme sonne à la porte, Joe, marchand ambulant. Là commence, pour eux, une toute nouvelle existence.

Derrière cet enfermement, d’aucuns pourraient y voir un emprisonnement, une privation de la liberté de mouvement, une séquestration, la double peine en quelque sorte, j’y ai personnellement vu une immense preuve d’amour, comme un baume offert par cette mère à ses enfants pour panser leurs plaies. Il y a une question de survie dans l’urgence à agir, proposer une alternative à la vie d’avant empreinte de cette tragédie, et une perspective de résilience aussi.

Et puis, en dehors du fait de devoir se conformer à l’interdiction de sortir, les enfants baignent dans un bonheur préservé du mal de nôtres société. Ils apprennent par eux-mêmes, font des expériences, se confrontent avec la nature. J’ai été particulièrement sensible aux liens qui unissent cette fratrie, la solidarité mise en place et leur force pour surmonter l’indicible. 

Et puis, avec Yôko OGAWA, nous sombrons dans la féerie. Que ça soit avec la danse par exemple, la passion d’Opale, une discipline artistique qui prend, sous la plume de l’écrivaine, ses plus beaux costumes. Les descriptions sont tout en délicatesse, raffinement et sensualité.

Une nouvelle fois, ce roman de Yôko OGAWA est un petit bijou de la littérature, tout comme Amours en margeLa marche de MinaCristallisation secrète... et beaucoup d'autres m'attendent encore ! 

Voir les commentaires

2020-12-16T21:16:15+01:00

Otages intimes de Jeanne BENAMEUR

Publié par Tlivres
Otages intimes de Jeanne BENAMEUR

Pour le 16ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose un coup de coeur publié chez Actes Sud, désormais disponible dans la collection Babel : "Otages intimes" de Jeanne BENAMEUR.

De cette autrice, j'ai lu beaucoup de roman : "ça t'apprendra à vivre", "La boutique jaune", "Laver les ombres", "Les insurrections singulières", "Profanes" et plus récemment "Ceux qui partent". 

Je vous dis quelques mots de l'histoire de celui-là :

Etienne, photographe de guerre, est sur le chemin du retour. Il a été séquestré quelques mois. Alors que ses yeux restaient fixés sur une scène de la vie quotidienne, une femme transportant de l'eau avec ses enfants, il est arraché à sa rêverie par des ravisseurs qui l'emprisonnent et font de lui une monnaie d'échange. Le jour où il parcourt plus de pas que ceux nécessaires quotidiennement pour rejoindre des toilettes de fortune, il perd tous ses repères. Que va-t-il lui arriver ? C'est en réalité la liberté qui s'annonce. Saura-t-il de nouveau l'apprivoiser ?

Ce roman, je l'ai lu il y a 5 ans maintenant mais je vois encore, rien qu'à l'évoquer, les scènes imaginées. Il faut dire que Jeanne BENAMEUR a une écriture presque cinématographique et dans ce roman, en particulier, le décor, l'atmosphère, l'environnement, sont définis avec une infinie précision.

Dans ce très beau roman où chaque mot a son importance, le lecteur accompagne Etienne dans sa reconstruction. Si Jeanne BENAMEUR n'est sûre de rien et pose de nombreuses questions, ce qu'elle sait toutefois c'est que chaque mot jouera un rôle essentiel.

J'ai été bouleversée par les retrouvailles de la mère avec son fils, une relation extraordinaire dans ce qu'elle a de plus charnel. Elle y est parfaitement décrite, tout comme cette angoisse que vivent en permanence les mères devant les prises de risque de leur progéniture.

Et puis, comme dans chaque roman je crois, une discipline artistique y est explorée. Là, il s'agit du registre de la photographie et plus spécifiquement le reportage de guerre. Il y a aussi la musique, mais là, je ne vous en dirais pas plus.

Ce roman est une pépite, vraiment !

Voir les commentaires

2020-12-15T18:01:34+01:00

La beauté des jours de Claudie GALLAY

Publié par Tlivres
La beauté des jours de Claudie GALLAY

 

Pour le 15ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose un coup de coeur publié chez Actes Sud, désormais disponible dans la collection Babel : "La beauté des jours" de Claudie GALLAY.

Jeanne et Rémy s’aiment profondément. Ils sont mariés depuis une vingtaine d'années, ils ont deux filles, jumelles, étudiantes, Chloé et Elsa. Leur vie est on ne peut plus rangée. Elle travaille à la Poste, lui chez Auchan, leur vie est réglée comme du papier à musique.  Mais si Rémy peut se contenter d'entretenir le jardin, réaliser des travaux dans la maison et entraîner les jeunes du village au football, Jeanne, elle, court après quelque chose qui vienne pimenter son existence, lui donner un peu de fantaisie et lui procurer des surprises. Le temps du déjeuner, elle se laisse porter, parfois, par les pas d'un homme, d'une femme, qui la guident dans la cité, quelques instants. Elle imagine leur vie, se plait à écrire une page de leur destin, jusqu'au jour où le soi-disant inconnu se retourne et l'appelle par son prénom. Là commence une toute nouvelle histoire !

Le personnage de Jeanne est absolument fascinant.

Elle est joyeuse, d’un naturel optimiste et jouit de cette capacité à s’émerveiller de la beauté. Elle la trouve dans les gens, son mari, ses filles, Suzanne sa meilleure amie, ses parents, sa grand-mère... c’est une femme attentionnée aux autres. Fine observatrice, à son guichet, à La Poste, elle regarde les mains de ses clients et s’essaye à deviner leur visage. Au passage du train de 18h01, elle suit celui des voyageurs et leur invente une histoire. Comme le dit Suzanne, Jeanne est une grande sentimentale, rien d’étonnant donc à ce que, dans ce roman familial, elle soit celle qui décrypte les faits et gestes de tel ou tel, cherche à dévoiler le passé et l’interpréter. J’ai adoré sa gentillesse avec la petite Zoé, la fille de sa soeur, sa filleule aussi, la plus jeune d’une fratrie de trois filles, une enfant différente qui, à la ferme, dans un milieu de labeur et de taiseux, peine à trouver sa place.

Mais Jeanne, c'est beaucoup plus que ça. Elle voue, depuis son adolescence, une passion à Marina ABRAMOVIC. Un jour qu'elle rentre du jardin, elle découvre dans le couloir un cadre tombé au sol, la vitre est brisée, les coquillages qui le décoraient se sont décollés, la photo qu'elle retrouve sous le canapé représente l'artiste serbe. Alors qu’elle faisait partie du décor familial de longue date, elle va bientôt resurgir dans la vie de Jeanne. Claudie GALLAY va ainsi creuser le sillon de Marina ABRAMOVIC pour ponctuer l’itinéraire du personnage principal de son roman par des recherches,  des découvertes... et ainsi mener Jeanne subtilement sur la voie d’une quête intérieure.

Marina ABRAMOVIC est une artiste contemporaine qui a puisé son inspiration dans ses peurs personnelles. Elle s’est singularisée avec des performances physiques et mentales. Elle s’est inscrite dans le mouvement de l’art corporel et a fait, de son propre corps, un champ d’expérimentation. Personnellement je ne la connaissais pas mais grâce aux ponctuations données avec ses citations régulièrement recopiées par Jeanne dans son carnet qui fait office de journal intime, je me suis familiarisée avec l’univers de cette artiste. Sous la plume de Claudie GALLAY, le portrait brossé de l’artiste prend une dimension tout à fait particulière. Elle enrichit ainsi les soirées de Jeanne passées sur l’ordinateur avec toutes ces citations minutieusement recopiées dans son carnet qui fait office de journal intime et rend un très bel hommage à une femme qui n’a pas hésité à mettre sa vie en danger pour réaliser ses projets artistiques. J’ai été personnellement très touchée par la puissance libératrice de l'art qui permet, tant à celui qui crée, qu'à celui qui admire, de s'émanciper, repousser les limites et ouvrir le champ des possibles.

La beauté artistique, Claudie GALLAY en fait un leitmotiv. Elle va ainsi offrir à Jeanne la contemplation de peintures d’une chapelle en cours de rénovation. Les descriptions de Claudie GALLAY en font un art à part entière.

C'est un roman audacieux, très réussi. Bravo !

Voir les commentaires

2020-12-14T08:06:19+01:00

Encore vivant de Pierre SOUCHON

Publié par Tlivres
Encore vivant de Pierre SOUCHON

Pour le 14ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose un roman fort en émotions, "Encore vivant" de Pierre SOUCHON, publié aux Editions La brune au Rouergue et plus récemment chez Babel.

Avec le confinement, il m’a fait de l’œil, un peu plus que de raison.
 
La raison, parlons-en de la raison. Chichi, lui, l’a perdue. Le voilà en HP, hôpital psychiatrique. Il avait tout pour être heureux comme le disent souvent les gens. Il venait de se marier en grandes pompes dans ses Cévennes qu’il aime plus que de raison. Mais dans les jours qui ont suivi la cérémonie avec plus de 300 invités, il a tout quitté. Il est parti. À son réveil, il découvre qu’il est de nouveau (mal)traité par le corps médical. Il a la haine de tout, de tous. Il est en guerre !
 
Dans une narration à la 1ere personne du singulier, Chichi crache son venin sur l’univers psychiatrique qui le met K.O. pour le soigner.
 
L’écrivain est un primo-romancier. Il est journaliste et habitué à écrire mais là, l’exercice était périlleux. D’abord, il s’agit de sa propre vie, nous sommes dans l'autofiction. Mais aussi, parce que le sujet est grave et les êtres torturés. Le défi est relevé avec brio, chapeau.
 
Une nouvelle fois, ma chère Amandine, tu avais raison.
 
C’est, pour moi, une lecture coup de poing, de celles que l’on n’oublie pas pour tous un tas de... RAISON(s) !
 

Voir les commentaires

2020-12-12T18:32:12+01:00

Mille petits riens de Jodi PICOULT

Publié par Tlivres
Mille petits riens de Jodi PICOULT

Pour le 12ème jour de l'opération "Noël en poche", je reviens sur l'un de mes coups de coeur, un roman magistral de Jodi PICOULT "Mille petits riens", publié chez Actes Sud et récemment dans la collection Babel.

Traduit de l'anglais (américain) par Marie CHABIN.

 

Ruth a toujours voulu être sage-femme, depuis sa plus tendre enfance, enfin, depuis que, petite fille, elle a assisté à l'accouchement de Madame Hallowell chez qui sa mère travaillait comme domestique. Nous sommes aux Etats-Unis. Ruth est africaine-américaine. A force de ténacité et de convictions, Ruth a réalisé son rêve. Elle est diplômée et a accompagné la naissance de nombreux bébés en 20 ans d'expérience. Sa vie bascule pourtant après l'examen ordinaire du nourrisson de Britt et Türk. En remettant le bébé dans les bras de la maman, Ruth fait part aux parents d'une présomption de souffle au coeur. Rien de grave. Mais le père réagit brutalement, il exige un entretien avec sa supérieure hiérarchique. La sanction tombe. Ruth a désormais l'interdiction de s'occuper du bébé. Elle est noire, les parents font partie de l'Empire Invisible qui mène une guerre des races. La faille du système s'ouvre sous ses pieds, l'alternative n'est pas négociable. Ruth continue tant bien que mal à faire son travail, perturbée par cette discrimination, une de plus il est vrai, jusqu'au jour où l'effectif est réduit. Le bébé de Britt et Türk vient de subir une circoncision, un acte bénin, qui exige toutefois une présence constante du personnel médical. Ruth est là, une collègue lui donne l'ordre de s'en occuper. Quelques minutes plus tard, les battements du coeur de l'enfant s'arrêtent !

Je ne vous en dis pas plus.

Vous haletez ? Vous voulez savoir ? Votre coeur, à vous, s'emballe ? C'est exactement la sensation qui m'a habitée moi-même pendant la lecture de ce roman. Pas une seule page ne vous laissera en paix !

Jodi PICOULT nous montre à tel point rien n'est jamais définitif, tout est tellement fragile, instable et périssable. L'auteure nous invite à une profonde humilité, soyons modeste(s), la vie fera le reste.

Voir les commentaires

2020-12-11T12:05:00+01:00

Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle NOHANT

Publié par Tlivres
Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle NOHANT

Pour le 11ème jour de l'opération "Noël en poche", je reviens sur l'un de mes coups de coeur, un roman éblouissant de Gaëlle NOHANT "Légende d'un dormeur éveillé", publié aux éditions Héloïse d'Ormesson et plus récemment chez Le Livre de Poche.

Nous sommes en 1928, Robert DESNOS rentre de Cuba. Accueilli là-bas par Alejo CARPENTIER, écrivain et musicologue, leur amitié aura raison des frontières. Robert DESNOS lui réservera une petite place dans sa cabine sur le chemin du retour, en toute clandestinité bien sûr. Le ton est donné, Robert DESNOS fait partie de ces hommes épris de liberté et même s'il ne jouit pas d'une bonne vue, l'homme reste un gourmand de la vie, un curieux dont les jours ne suffiront pas à assouvir les envies, les nuits seront aussi propices à l'activité. Passionné par l'écriture, il travaille au journal Le Soir. Il côtoie les grands de la littérature, Jacques PREVERT, Aragon... ils se retrouvent autour d'André BRETON, le leader du mouvement des Surréalistes mais cette relation ne saurait durer. Robert DESNOS connait des moments difficiles, la presse écrite souffre, et avec elle les journalistes aussi. Il ne mange pas toujours à sa faim mais se nourrit de poésie. Robert DESNOS est un poète, il joue avec les mots. Profondément marqué par la guerre civile espagnole et l'assassinat en 1936 de Federico GARCIA LORCA, un poète lui aussi, Robert DESNOS décide de mettre son art à la disposition d'une cause d'intérêt général, il explore la voie de la poésie de contrebande. De là à passer dans le camp de la Résistance dans les années 40, il n'y a qu'un pas mais là c'est une toute autre histoire.

Impossible d'aller plus loin dans la biographie de cet homme de lettres, je crois simplement qu'il vous faut la lire.

Ce qui m'a beaucoup plu également avec cette biographie, c'est de m'immerger dans un contexte artistique, urbain, historique... et là je dois vous dire que Gaëlle NOHANT nous livre un roman d'une profonde intensité. Rien n'est laissé au hasard.

Ce roman, non seulement il est biographique, mais il est également historique. En abordant le personnage de Robert DESNOS, Gaëlle NOHANT retrace tout un pan de l'Histoire européenne. Il y a la guerre civile espagnole et puis, la seconde guerre mondiale. Elle  rend un hommage tout particulier à l'action des Résistants. Elle décrit la traque des juifs et, tout en poésie, l'action d'hommes et de femmes luttant contre l'occupant.

Quant à la première de couverture du livre de poche, c'est une véritable oeuvre d'art, j'adore tout simplement.

Assurément, ce roman est un petit bijou de la littérature, la révélation pour moi de la plume d'une plume prodigieuse. De l'écrivaine, vous aimerez peut-être "La femme révélée", son dernier roman sorti aux éditions Grasset !

 

Voir les commentaires

Girl Gift Template by Ipietoon Blogger Template | Gift Idea - Hébergé par Overblog