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Articles avec #noel en poche catégorie

2022-12-04T07:00:00+01:00

Une bête au Paradis de Céline COULON

Publié par Tlivres
Une bête au Paradis de Céline COULON

On poursuit avec le calendrier de l'Avent des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Céline COULON avec "Une bête au Paradis" édité d'abord chez L'Iconoclaste et maintenant chez Le livre de poche.

C'est une lecture récente qui m'a littéralement mise K.O., de ces lectures coup de poing inoubliables. C'est l'occasion d'un nouveau clin d'oeil à mes amies du Book club !

Le Paradis, c’est la ferme où vit la famille Émard. Il y a Émilienne, cette personne âgée de 80 ans, la patronne. Et puis, il y a Blanche, sa petite fille qui vit sa première expérience amoureuse avec Alexandre, un jeune garçon. Il y a Gabriel, le frère de Blanche. Il y a Louis aussi, lui, il est maltraité par son père. Émilienne l’a accueilli sur ses terres. Il est commis. Cette ferme porterait bien son nom s’il n’y avait eu le décès accidentel d’Etienne et Marianne, les parents de Blanche et Gabriel. Et puis aussi, le départ d’Alexandre pour aller faire ses études, abandonnant Blanche à son triste sort. Et Gabriel, dont le corps frêle ploie sous le poids de la douleur de l’absence de ses parents. Que d’être meurtris qui, bon an, mal an, se tuent aux tâches agricoles, les poules, les canards, les pintades, les cochons. Ils vouent leur vie à la terre, du lever au coucher du soleil. Mais cet équilibre ne saurait durer sans quelques bouleversements, là commence une nouvelle histoire.

J'ai été profondément touchée par le parcours initiatique d’une jeune femme dont la transmission est assurée par la voie de la grand-maternité, deux portraits de femmes complexes, oscillant entre le courage, la force, et les fragilités.

Il y a encore la narration. Des verbes à l’infinitif pour marquer l’action et le rythme effréné du roman. Une tension exercée dès les premières pages. Un mystère incroyable entretenu tout au long du livre avec la bombe qui explose, une déflagration aux milles éclats, le tout servi par une plume éminemment poétique.

Vous aimerez peut-être aussi "Le roi n'a pas sommeil"...

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2022-12-03T07:00:00+01:00

Trois jours et une vie de Pierre LEMAITRE

Publié par Tlivres
Trois jours et une vie de Pierre LEMAITRE

On poursuit le calendrier de l'Avent des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Pierre LEMAITRE avec "Trois jours et une vie", un roman découvert cet été, un thriller psychologique de haute voltige édité chez Albin Michel et disponible aujourd'hui chez Le livre de poche.

À Beauval, les familles Courtin et Desmedt sont voisines. Antoine Courtin a 12 ans, il vit avec sa mère, son père les a quittés il y a 6 ans quand il est parti travailler en Allemagne. En face, vivent les Desmedt. Il y a le père, un homme rustre, ouvrier chez Weiser jouets en bois (le patron de l’entreprise est aussi le maire de Beauval), une mère au foyer, une fille de 15 ans, Valentine, apprentie coiffeuse, et un garçon de 6 ans, Rémi. Les Desmedt ont aussi un chien, Ulysse. Quand un enfant du village se voit offrir une Play station, tous les copains sont invités chez lui à jouer, ce que refuse la mère d’Antoine. Le garçon passe son temps dans les bois près de chez lui à construire une cabane, il fait d’Ulysse un ami, un confident. Quand il y a le chien, il y a aussi souvent le petit Rémi. Et puis, un jour, c’est le chaos. Le chien se fait renverser par une voiture. Ce n’est là qu’un premier événement d’une longue série qui hantera chacun jusqu’à la fin de sa vie.

 

Pierre LEMAITRE est un conteur hors pair. Dès les premières pages, il plante le décor d’un village où tout n’est que labeur, où la vie est dure avec les hommes, les femmes, où la menace du chômage pèse lourd sur l'avenir. C’est dans un environnement économique précaire et socialement pauvre que le roman noir va prendre racine autour de la disparition d’un enfant.

 

Avec ce roman, Pierre LEMAITRE tisse le fil de la culpabilité, un sentiment qui ronge les esprits comme les corps.

 

L’intrigue est parfaitement maîtrisée, la chute magistrale. Impossible de vous en dire plus, un seul conseil, lisez-le.  

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2022-12-02T07:00:00+01:00

Ce matin-là de Gaëlle JOSSE

Publié par Tlivres
Ce matin-là de Gaëlle JOSSE

On poursuit le calendrier de l'Avent des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Gaëlle JOSSE avec "Ce matin-là", publié initialement chez les éditions Noir sur Blanc et désormais chez J'ai lu.

Nous sommes au début du mois d'octobre 2018. Clara est amoureuse de Thomas. Dans sa vie professionnelle, elle est chargée de clientèle et travaille pour une banque. Depuis quelques semaines, le doute s'est lentement immiscé dans son esprit. Outre le stress ambiant, la pression de la rentabilité, quelques remarques désagréables de sa supérieure hiérarchique ont commencé à la faire vaciller. Les sueurs froides s'invitent désormais régulièrement, son corps sonne l'alerte. Et puis, il y a "Ce matin-là", un matin où, comme d'habitude, elle monte dans sa voiture pour se rendre au travail. La voiture ne veut toutefois pas démarrer. Elle a beau multiplier les essais mais rien n'y fait. Il faut remonter à l'appartement et prévenir son équipe de son retard. Quand elle referme la porte de son logement, elle, si ordonnée, laisse tomber au sol sac à main et autres accessoires. Elle colle son dos à la porte et croule sous le poids du fardeau. Elle se retrouve au sol à pleurer toutes les larmes de son corps, emportant tout sur leur passage, y compris le maquillage réalisé si méticuleusement quelques minutes plus tôt. C'est à partir de "Ce matin-là" que va commencer, pour Clara, une toute nouvelle vie.

Ce qui m'a fascinée dans ce roman, c'est l'approche de l'environnement, celui de l'intime, du clos, du familial, du privé, du logement, de l'intérieur, opposé à celui de l'ouvert, du professionnel, du public, du monde, de l'extérieur, et l'absence quasi totale de porosité entre les deux.

 

"Ce matin-là" devient un roman social dans ce qu'il témoigne d'une époque et des conditions de travail pratiquées dans le domaine bancaire du début du 21ème siècle, avec tout ce qu'elles comportent d'avilissant pour les individus.

Mais plus encore, ce qui est éprouvant dans ce roman, c'est l'approche du corps et de ses soubresauts. Celui de Clara vit un burn-out. Il sur(réagit) et prend le pouvoir avec des comportements que seul lui maîtrise. 

Dans ce roman, Gaëlle JOSSE fait de la vie un objet littéraire et, par le jeu de l'écriture, la décline dans toutes les dimensions, depuis le singulier jusqu'au pluriel, depuis l'indéfini jusqu'au déterminé, depuis le particulier jusqu'à l'universel :


Une vie, sa vie, notre vie, une vie...

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2022-12-01T19:46:53+01:00

Ces orages-là de Sandrine COLLETTE

Publié par Tlivres
Ces orages-là de Sandrine COLLETTE

Nous sommes le 1er décembre, c'est parti pour un calendrier de l'Avent avec des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

En 2021, j'avais commencé l'année en fanfare avec un roman de Sandrine COLLETTE, "Ces orages-là", un livre haletant, comme tous de la même écrivaine d'ailleurs.

Je vous en dis quelques mots :

Clémence travaille dans une boulangerie. Avec Flo, elle fabrique du pain. Le réveil sonne tôt le matin. Par tous les temps, elle enfourche son vélo et trouve refuge dans un lieu chaleureux où l’odeur du bon pain ferait craquer n’importe quel gourmand. La boulangerie, c’est le seul lieu dans lequel Clémence se sent exister et en sécurité. Sa toute nouvelle maison est petite et moche, à l’image de sa vie, en réalité. Elle est née quand ses parents avaient atteint la cinquantaine. Clémence se souviendra toujours d’une scène de ménage, une scène de violence à laquelle le couple ne résistera pas. Elle avait 11 ans à l’époque et elle, Clémence, n’a finalement pas mieux réussi dans le domaine. Elle vient de fuir le foyer conjugal après trois années de vie commune, trois années d’un martyr sans nom, trois années qui auront permis au prédateur de tisser lentement sa toile autour d’une proie, presque parfaite.

 

Vous l’aurez compris, Sandrine COLLETTE embrasse le champ des violences conjugales et nous propose une entrée en matière tout à fait effroyable. Imaginez, une scène de chasse, en forêt, en pleine nuit, avec une femme, pratiquement nue, invitée à se sauver, mais pour aller où ?

Si les premières pages du roman décrivant une femme traquée sont tout à fait saisissantes, ce qui suit l’est encore plus !

Ce n’est pas tant le chemin de la résilience que Sandrine COLLETTE s’attache à explorer mais plutôt la période de décompression juste après l’effroi, les jours suivant la fuite, dans les ombres de la paranoïa. 

Avec « Ces orages-là », Sandrine COLLETTE explore les effets d’un stress post-traumatique sur le corps, dans les pas du psychiatre américain, Bessel VAN DER KOLK, auteur du livre « Le corps n’oublie rien ». Coup de maître, tout simplement, pour ce thriller psychologique d'une écrivaine dont je suis devenue une inconditionnelle. Sa plume est juste... addictive !

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2021-12-24T07:00:00+01:00

Murène de Valentine GOBY

Publié par Tlivres
Murène de Valentine GOBY

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J24 "Murène" de Valentine GOBY, un roman publié chez Actes Sud disponible aujourd'hui en collection Babel.

Nous sommes dans les années 1950. François a 22 ans. Ses parents sont couturiers, ils tiennent un atelier. Sa mère, Jane, est d’origine anglaise, naturalisée française. Il entretient avec sa sœur Sylvia une relation de complicité. Ce qui n’est plus le cas avec son père, Robert, depuis que le fils a fait voler en éclat la carrière d’ingénieur rêvée par le père pour son fils. François accumule maintenant les petits boulots. Une mission vient de lui être promise dans les Ardennes, la neige est tombée sur la France, réduisant toutes activités. Là-bas, ils ont besoin d’hommes comme lui. Sur le chemin, le camion qui l’emmène tombe en panne. Ils sont en rase campagne, il faut aller chercher des secours. François part à pied vers l’inconnu. Dans un champ de Bayle, il découvre un wagon de train. Il monte au sommet et là, un arc électrique le foudroie, le projetant à terre, brûlé à 30 pour cents. Il serait mort s’il n’y avait eu cette enfant à la recherche de son renard. Sauvé in extremis mais à quel prix ?

Comme dans « Un bateau dans les arbres », l’écrivaine choisit le domaine de la santé comme territoire d’exploration. Après le traitement des tuberculeux au sanatorium d'Aincourt, elle revisite les progrès de la médecine en matière de prothèses pour les hommes et les femmes amputés. Initialement prévues pour les blessés de guerre, elles sont banalisées pour les civils. Avec le personnage de François, qui pourrait être vous, votre frère, votre voisin, Valentine GOBY dévoile la vie de handicapés moteur au quotidien, la souffrance du corps bien sûr et là, ne comptez pas sur elle pour être bienveillante, elle le fait avec franchise et nous dévoile une effroyable réalité.

Mais, bien sûr, le défi n’aurait pas été suffisant à relever pour Valentine GOBY qui déroule comme un tapis rouge le handisport comme la voie de la résilience, celle qui permettra d’espérer un retour à la dignité humaine. Monter sur la plus haute marche d’un podium devient rapidement l’objectif à atteindre.

Par le jeu de l’écriture, Valentine GOBY fait se croiser le destin de François, un personnage de fiction, avec celui de celles et ceux qui se sont battus pour qu’ aujourd’hui les disciplines sportives para-olympiques soient ce qu’elle sont.

Je suis sortie de cette lecture profondément émue.

 

Valentine GOBY, une nouvelle fois, nous livre un roman d'une densité extraordinaire. Il est incroyablement lumineux !

Enorme coup de coeur. 

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2021-12-23T07:00:00+01:00

Un monde à portée de main de Maylis de KERANGAL

Publié par Tlivres
Un monde à portée de main de Maylis de KERANGAL

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J23 "Un monde à portée de main" de Maylis DE KERANGAL, un roman publié chez Verticales et disponible aujourd'hui chez Folio.

Paula, Kate et Jonas ont tous les trois fait l’Institut de peinture de Bruxelles, rue du Métal, en 2007. Ils se retrouvent et se remémorent leur apprentissage de la technique du trompe-l’œil, leur appropriation lente et laborieuse des matériaux, du bois, des marbres, des pierres semi-précieuses, leur sensibilisation aux nuanciers de couleurs... Ils y ont passé 6 mois intenses de formation, ont éprouvé les limites de leur corps. Ils ont eu leur diplôme, ce passeport pour les contrats, les missions, à travers la France, le monde. Une nouvelle vie commence alors !

Avec ce roman d'apprentissage, Maylis de KERANGAL nous initie à la discipline de la peinture de décor, elle nous fait entrer dans l'atelier des artistes, nous apprend à distinguer le pinceau à lavis de celui à laque en poils d'ours d'Alaska, elle nous fait voyager à travers le monde en suivant la route du marbre, il y a le vert de Polcevera, le mischio de San Siro, l'albâtre du Mont Gazo... L'écrivaine a ce talent de nous captiver pour un sujet qu'elle explore jusque dans les tréfonds, elle l'appréhende avec minutie, nous familiarise avec le vocabulaire et les codes, nous dévoile son histoire, son environnement.

J'ai beaucoup aimé l'approche charnelle que fait l'auteure de cet artisanat d'art. Elle montre à quel point un métier manuel marque les corps de leur empreinte.

 

Les tâches sont besogneuses, elles sont physiques, éprouvantes. Amenés à travailler en hauteur, dans des configurations contraintes, pendant des heures et des heures, ils souffrent de courbatures, risquent la tendinite à force de répétition. 

Et puis, Maylis de KERANGAL choisit de jeunes adultes comme personnages pour incarner cette approche artistique, ceux-là mêmes qui sont en pleine mutation et apprennent à découvrir leur corps au gré de tribulations amoureuses. L'écrivaine a ce pouvoir de ciseler les psychologies.

Enfin, il y a cette question philosophique qui transparaît tout au long du roman : quel est le sens de la copie ? 

La plume de l'écrivaine est juste sensationnelle. Je me suis surprise une nouvelle fois à noter de nombreuses citations. Les phrases sont belles, elles sont longues, précises, soignées, méticuleuses et traduisent la quête perpétuelle de la fidélité, de l'exactitude et de la justesse du propos. Un roman qui sublime la peinture, comme la littérature !

Coup de coeur.

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2021-12-22T07:00:00+01:00

Nos espérances de Anna HOPE

Publié par Tlivres
Nos espérances de Anna HOPE

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J22 "Nos espérances" de Anna HOPE, un roman publié aux Editions Gallimard et disponible aujourd'hui chez Foliol'occasion d'un petit clin d'oeil à Marie de la Librairie de Chalonnes-sur-Loire Le Renard qui lit !

 

Nous sommes en 2004. Trois jeunes femmes de 29 ans, Hannah, Lissa et Cate, partagent une même maison le long du London Fields Park. Elle savourent avec gourmandise les petits plaisirs de la vie. Célibataires, elles ont la chance de vivre dans une maison et d'accéder à un poumon vert de "haute qualité environnementale". Elles mangent des produits sains. Elles se laissent porter par les opportunités de rencontres, de fêtes... loin des soucis logistiques que d'autres ont à surmonter. Elles rêvent de leur avenir. Quelques années plus tard, elles se retrouvent. Cate vit avec Sam, second dans un restaurant, dans le Kent. Mère d'un tout petit garçon, Tom qu'elle allaite encore, elle se morfond. Hannah, elle, partage le grand amour avec Nathan. Leur vie serait parfaite s'ils arrivaient à avoir un enfant, malheureusement, elle vit hantée par les échecs répétés d'ovulations. Leur projet se concrétisera-t-il un jour ? Quant à Lissa, elle, va de casting en casting. Elle rêve du rôle du grand soir. Réussira-t-elle à le décrocher ?

Le roman de Anna HOPE, c’est avant tout un livre sur l’amitié, une relation établie entre trois femmes, des Londoniennes, au début des années 2000, à un moment de leur vie où tout paraissait facile.

Personnellement, j'ai été profondément touchée par un personnage que l'on pourrait qualifier de secondaire et pourtant... c'est la mère de Lissa. Elle a illuminé cette lecture avec sa manière à elle de mener sa vie, peut-être une affaire de sensibilité, à moins que ça ne soit une affaire d'âge !!!   

La narration avec les deux temporalités est parfaitement orchestrée. Les mots sont tendres, sans jugement, juste là pour montrer que nous sommes tous différents ! 
 
Ce roman de Anna HOPE, ce fut un beau moment de lecture, l'un de ceux qui semblent vouloir s'envoler au premier courant d'air et qui, pourtant, continuent après quelques semaines de m'interpeller. Plus que d'être femme, voire mère, ne serions-nous pas déterminées à devenir ce que nous sommes par notre enfance, notre éducation, notre milieu social... ? La question, une fois le livre fermé, continue de me tarauder. Je crois que le ver était déjà dans le fruit et que le roman de Anna HOPE n'a fait qu'aggraver la situation !

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2021-12-21T07:00:00+01:00

Les guerres intérieures de Valérie TONG CUONG

Publié par Tlivres
Les guerres intérieures de Valérie TONG CUONG

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J21 "Les guerres intérieures" de Valérie TONG CUONG, un roman publié chez Lattès et plus récemment chez  Le Livre de poche.

Pax est comédien. Il va tourner le film de sa vie. Parallèlement, il intervient avec Elisabeth chez Théa et Cie et propose du coaching en entreprise par le théâtre. C’est dans ce cadre qu’il croise le destin d’Emi Shimizu chez Demeson, une société de déménagement qui déplore un deuxième accident de sortie de route en 6 mois, certainement un suicide. Elle souhaite mener une action de prévention des risques auprès des salariés. Emi, d’origine japonaise, traverse à titre personnel une situation de crise, son fils Alexis en classe prépa a été agressé dans son appartement et laissé pour mort. Lors du premier rendez-vous de Pax et Emi, les regards font mouche, le coup de foudre ! Vous voyez les choses venir : « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants »... et bien, vous vous trompez. Il faut dire que Pax s’est autorisé récemment quelques arrangements lors de l’enquête menée par les services de police dans son immeuble suite à une agression. Et s’il s’agissait d’Alexis ? Et si les étranges bruits sourds entendus lorsqu’il se préparait pour le rendez-vous de sa carrière avec son réalisateur de cinéma étaient ceux du corps de l’adolescent en proie à la violence d’un forcené ?

C’est ainsi qu’un roman intitulé « Les guerres intérieures » commence ! Vous pouvez imaginer que Valérie TONG CUONG, une fois le lecteur pris à la gorge, ne desserrera la pression que dans les toutes dernières pages.

Après « L’ardoise magique », « Pardonnable, impardonnable », elle poursuit son bout de chemin dans l’écriture en diffusant juste assez d’indices pour tenir le lecteur en haleine. Tous les ingrédients d’un bon thriller sont réunis.

Quant à la psychologie des personnages, elle est, vous pouvez me croire, ciselée à l'envie. 

J’ai personnellement beaucoup aimé l’approche de l’exil par l’auteure et de ses conséquences sur l’individu. Emi est originaire du Japon, elle ne s’est jamais vraiment sentie à sa place en France.

La plume de Valérie TONG CUONG, on voudrait ne jamais avoir à la quitter.

Alors, replongez avec "Un tesson d'éternité" !

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2021-12-20T07:00:00+01:00

Une fille sans histoire de Constance RIVIERE

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Une fille sans histoire de Constance RIVIERE

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J20 "Une fille sans histoire" de Constance RIVIERE, un roman publié chez Stock et plus récemment chez  Le Livre de poche, découvert avec les 68 Premières fois.

Tout commence avec une scène de tribunal, le jugement est sur le point de tomber. Adèle est prisonnière de son corps qui ne réussit pas à expulser le mot qui ferait toute la différence, celui qui lui offrirait la voie de la résilience, à elle et aux personnes qu'elle a trompées, abusées, manipulées. Les premiers faits remontent au 13 novembre 2015, le jour des attentats du Bataclan à Paris. Adèle habite au-dessus de la salle de spectacles. Adèle dort le jour, vit la nuit. Du bord de sa fenêtre, elle observe les hommes, les femmes, ceux qui sont à l'extérieur. Elle s'imagine une vie à travers eux. Alors, quand elle allume son poste de télévision pour comprendre le pourquoi des voitures de police, d'ambulances au bas de chez elle, qu'elle découvre le portrait d'une femme brandissant une photo de son fils, disparu, Matteo, le jeune homme qu'Adèle connaît, elle sort de chez elle et se rend à l'Ecole militaire, là où des équipes s'affairent à accueillir les proches des victimes dans l'attente de nouvelles. C'est à cet endroit qu'Adèle commence à semer les premières graines de ce qui sera bien plus qu'une affaire d'usurpation d'identité !

 

Dès les premières pages, le ton est donné, cinglant, percutant. Chaque mot est terriblement pesé. Tel un uppercut, ce livre va vous couper le souffle et vous tenir en haleine tout au long des 183 pages. Vous ne retrouverez un rythme cardiaque normal qu'une fois la lecture achevée.

A travers Adèle, l'écrivaine décrypte le phénomène absolument incroyable et pourtant bien réel d'une terrible imposture, celle du statut de victime d'un attentat. Le scénario, imaginé par Constance RIVIERE, est implacable. Chaque carte est  délicatement posée sur un château qui aurait pu ne pas s'écrouler, mais... le lecteur le sait dès le début, le jugement est tombé.

Là, pas de balles, mais des mots,  des paroles, des postures qui dévoilent, pour l'extérieur, le chaos dans lequel sombre chacun à l'intérieur.

Une lecture coup de poing.

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2021-12-19T07:00:00+01:00

Chien-loup de Serge JONCOUR

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Chien-loup de Serge JONCOUR

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

 

J19 "Chien-loup" de Serge JONCOUR, un énorme coup de ❤️ publié chez Flammarion et plus récemment en version poche chez J'ai lu.

 

Tout commence avec le projet de Lise de passer 3 semaines de vacances, en août, coupée du monde. Son compagnon, Franck, producteur de cinéma, redoute plus que tout la déconnexion, entendez par-là l’absence totale de réseau internet et téléphonique. Ils vivent ensemble depuis 25 ans. Ils n’ont pas d’enfant. Elle, s’est battue l’année passée contre un cancer. Lui, est en admiration devant son courage. Face à l’époque contemporaine, résonne le tocsin dans tous les villages de France. Nous sommes en 1914, la mobilisation des hommes et des animaux est engagée. Mais Wolfgang Hollzenmaier du cirque Pinder n’entend pas sacrifier ses félins. Il s’est déjà vu réquisitionner trois éléphants comme bêtes de somme pour se substituer aux bœufs partis au front. Il arrive dans le village d’Orcieres-le-Bas et élit domicile dans la maison de la colline du Mont d’Orcières. Le mugissement des animaux bruit dans la vallée, apeurant femmes et enfants restés dans la vallée. Quand des brebis commencent à disparaître des troupeaux, les soupçons sur l’homme, un allemand, nourrissent la rumeur jusqu’au jour où… là commence alors une toute autre histoire.

 

La plume de Serge JONCOUR, j'en suis une inconditionnelle, vous le savez si vous me suivez régulièrement !  Il y a eu « Repose-toi sur moi », « L’amour sans le faire », « Vu », « U.V. »...

 

Ce roman, je l'ai profondément aimé pour l'hymne au règne animal et, plus globalement, à ce que nous procure la nature. 
 

L’épopée, éminemment romanesque, dote ce livre historique, moderne, familial, psychologique, environnemental… d’une très grande richesse. 

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2021-12-18T07:00:00+01:00

A crier dans les ruines d'Alexandra KOSZELYK

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A crier dans les ruines d'Alexandra KOSZELYK

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J18 « À crier dans les ruines » d’Alexandra Koszelyk, publié initialement aux éditions Aux forges de Vulcain et maintenant disponible aux éditions Points.

Lena vivait en Ukraine, près de Kiev, à Pripiat très précisément, cette ville construite de toutes pièces pour loger les employés de la centrale nucléaire. Ses parents, Dimitri et Natalia, faisaient partie du cercle des éminents scientifiques russes, lui y travaillait. Depuis sa plus tendre enfance, Lena nourrissait une relation d'amitié avec Ivan, un garçon de son âge. Ensemble, ils découvraient la nature, les choses de la vie. Avec les années, les jeux ont évolué, les sentiments aussi jusqu'au 26 avril 1986, date de l'accident à la centrale de Tchnernobyl. Dimitri a découvert très vite l'ampleur de la catastrophe et organisé, en toute urgence, l'exil de sa famille. Pas le temps de dire au revoir, pas de valises à emporter non plus. A leur arrivée en France, les parents ont imposé à leur fille d'oublier la vie passée, de se construire un avenir dans ce nouveau pays. Pour mettre fin au souvenir d'Ivan, son père lui a fait croîre à sa mort. Léna a bien essayé de s'intégrer en France, d'apprendre une nouvelle langue, de se faire des nouveaux amis, elle n'a malheureusement jamais réussi à combler le vide abyssal laissé par ses origines et son tendre amour pour Ivan. Une bonne vingtaine d'années après l'événement, avec des touristes, elle participe à une visite guidée du site pollué !

Si aujourd'hui, de nombreux touristes se rendent sur les lieux, destination à la mode s'il en est, Lena, elle, cherche quelque chose de plus dans cette "excursion". On le sent dès les premières lignes, cette femme a quelque chose à voir avec ce territoire dont elle est meurtrie. J'ai ressenti très vite le poids angoissant d'une Histoire trop lourde à porter.

 

Ce roman, il a pour moi la résonance d'un propos militant. Si d’aventure on pensait encore que l’homme n’y est pour rien dans les fortes chaleurs que l’on vit cet été, il est des catastrophes environnementales dont il est bien le seul responsable, à commencer par l’accident de Tchernobyl avec des conséquences sur l’économique et le social, les trois piliers du développement durable ! Parce que les concepts ne suffisent plus à nous faire prendre conscience de nos erreurs à l’égard de notre planète. Alexandra KOSZELYK avec son premier roman donne une dimension humaine aux événements. Lena et Ivan incarnent ce que sont déjà et seront en nombre effroyable d'ici peu les réfugiés climatiques. C’est par l’itinéraire de gens ordinaires - Lena et Ivan pourraient être nos amis - que l’écrivaine rend explosif le propos, un procédé ingénieux, audacieux et réussi. 

La plume est d'une sensibilité dramatique et bouleversante, l'histoire captivante, le rythme haletant. Bref, cette lecture est un CRI du coeur.

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2021-12-17T07:00:00+01:00

Rivage de la colère de Caroline LAURENT

Publié par Tlivres
Rivage de la colère de Caroline LAURENT

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J17 « Rivage de la colère » de Caroline Laurent aux Editions Les Escales et maintenant disponible chez Pocket.

Tout commence avec une conversation établie par un fils avec sa mère, que l'on soupçonne disparue. Il lui rend compte de sa mission, de son combat, et d'un aboutissement que l'on comprend imminent. L’heure est grave, rendez-vous est donné à la Cour de Justice Internationale de La Haye. L’instant d’après, nous sommes en 1967 au nord de l’océan Indien. Marie-Pierre Ladouceur dite Marie vit sur l’île Diego Garcia avec sa fille, Suzanne, et toute sa famille. Elle travaille au coprah, la production de noix de coco. L’île est administrée par les Anglais. Marcel Mollinart est administrateur. Un tout jeune garçon, Mauricien, Gabriel, débarque sur l'île, il est recruté pour être secrétaire. Entre Marie et Gabriel commence une histoire d’amour. Après quelques mois, Marie est enceinte. Elle donne naissance à un garçon, Joséphin, bien noir, bien fort, qui ne laisse présumer d’aucun métissage. Le vent de la décolonisation souffle sur l’archipel mais c'est sans compter sur un "arrangement" préalable entre puissants. Alors que l’île Maurice accède à son indépendance en 1968, celle de Diego Garcia reste dans le giron britannique sous le statut de British Indian Ocean Territory. Elle a été monnayée, comme l'existence de ses habitants, trois millions de livres. Et pour en faire quoi ? Une base militaire américaine ! Mollinart a bien essayé de séduire les foules pour un départ volontaire vers l'île Maurice mais tous n'y succomberont pas. Marie tient a sa terre d'origine, elle tient à sa dignité aussi. La pression s'organise alors jusqu'à la déportation manu militari des Chagossiens. Marie se retrouve dans la cale d’un navire avec sa fille, malade, son fils, et quelques menus effets personnels. Une nouvelle vie commence alors.

Dès les premières lignes, j’ai ressenti la force d’un propos au service d’un peuple exilé, arraché à sa terre, pour que justice lui soit rendue.

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"Et soudain, la liberté"

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2021-12-16T07:00:00+01:00

Colette et les siennes de Dominique BONA

Publié par Tlivres
Colette et les siennes de Dominique BONA

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J16 "Colette et les siennes" de Dominique BONA aux éditions Grasset et maintenant disponible chez  Le Livre de poche.

Colette a 41 ans. Elle est journaliste. Elle vit dans le 16ème arrondissement de Paris, dans le "chalet" de la rue Cortambert. Mariée à l'âge de 20 ans, elle était alors danseuse de music-hall. Depuis, divorcée, elle est aujourd'hui mariée avec le baron Henry de JOUVENEL, rédacteur en chef du journal pour lequel elle travaille. Sa fille, Bel-Gazou, elle l'a confiée à sa belle-mère. Elle vit en Corrèze. C'est la guerre. Henry de JOUVENEL est mobilisé. Colette en  profite pour accueillir trois amies chez elle, trois femmes d'exception avec lesquelles Colette va partager un pan de sa vie. Financièrement privilégiée, évoluant dans une propriété de plus de 3 000 mètres carré, Colette brille dans les salons. De la guerre, elle en mesure le confinement, l'absence de son amoureux, la pénurie de denrées alimentaires. Pour le reste, Colette continue de travailler et de prôner haut et fort sa liberté. Elle prendra le risque d'aller jusqu'à Verdun retrouver Henry de JOUVENEL où elle vivra des moments d'une folle passion amoureuse. A la fin de la guerre, malheureusement, l'ardeur du bien aimé se portera pour d'autres femmes, rendant Colette profondément triste. Des aventures, elle en aura, avec plus jeune que soi. Pendant ce temps, Colette écrit. Si les "Claudine" avaient été publiées sous le nom de son premier mari, Henry GAUTHIER-VILLARS dit Willy, elle signe désormais ses romans comme ses chroniques dans la rubrique des Contes des mille et un matins du journal Le Matin. Colette révolutionne le ton.

Dominique BONA écrit la biographie de quatre femmes, aussi audacieuses qu'impétueuses. "Colette et les siennes" est aussi un livre social qui décrit les modes de vie d'une certaine catégorie de la population.

C'est aussi un livre historique qui donne à voir les réalités des années 1910 et des trois décennies suivantes.

C'est également un livre féministe qui montre l'évolution de la condition des femmes de l'époque.

C'est, de plus, un livre artistique qui relate le développement de la presse écrite et les débuts de l'activité cinématographique. Mais c'est encore beaucoup plus que ça !

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2021-12-15T07:00:00+01:00

Là où chantent les écrevisses de Delia OWENS

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Là où chantent les écrevisses de Delia OWENS

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J15 « Là où chantent les écrevisses » de Delia OWENS publié initialement chez Seuil éditions et maintenant disponible aux éditions Points.

Nous sommes le 30 octobre 1969, un homme est retrouvé mort, dans le marais, au pied de la tour de guet. C'est le corps de Chase Andrews, le fils unique d'un couple connu à Barkley Cove pour sa réussite avec le garage, la Western Auto. Marié, beau garçon, Chase avait le monde à ses pieds. Le marais, c'était son terrain de jeu. Il y bravait les courants avec son hors-bord. Dans sa jeunesse, il avait passé beaucoup de temps avec Kya, une fille de son âge, abandonnée de tous dès sa plus tendre enfance. La première à quitter le foyer avait été sa mère. En 1952, n'en pouvant plus de recevoir les coups de son alcoolique de mari, Ma avait pris sa valise et, sous les yeux  de l'enfant, s'en était allée, sans se retourner. Et puis, ce fut le tour de la fratrie, même Jodie, le frère, n'avait pas résisté à l'attrait d'un ailleurs. Et encore, le père. Si, au début, il passait quelques nuits par semaine à la cabane, un jour, il n'était plus revenu. Enfin, Tate. Le garçon l'avait guidée un soir qu'elle s'était perdue. Leur amitié n'avait pas résisté aux études universitaires du jeune homme. Kya, qui n'avait que 7 ou 8 ans, avait d'abord vécu des vivres qu'il restait à la maison, et puis, elle avait dû prendre la barque du père, se rendre au village, échanger les moules, qu'elles ramassait à l'aube, avec quelques denrées de première nécessité. C'est là qu'elle avait fait connaissance avec Jumping et sa femme, Mabel. Lui, vendait du carburant pour les bateaux, elle, avait pris la petite de pitié, c'était la seule à voir dans la Fille du marais, un être humain, une enfant, celle que le village tout entier méprisait. Loin de tous, Kya avait voué un amour fou à la nature. Elle s'était gorgée des baignades en eaux douces, enivrée de la beauté des paysages et comblée de sa relation aux oiseaux. De là à penser que ça soit Kya qui ait tué Chase, il n'y a qu'un pas, à moins que...

Ce livre, d'abord, c'est une première de couverture somptueuse. Un grand échassier, un poisson dans son bec, se tenant droit, l'oeil fixe, occupe le premier plan. La feuille d'un arbrisseau, sortant de l'eau, s'y fait une place, aussi, avec des couleurs chatoyantes. Et puis, venue de nul part, cette main posée sur le cou de l'oiseau, une image surnaturelle !  

J'ai été émerveillée, je dois le dire, par les descriptions de la  faune et de la flore des marais. 

J'ai profondément aimé, aussi, accompagner Kya dans son parcours initiatique. "Là où chantent les écrevisses" est un roman d'apprentissage, c'est celui d'une enfant qui s'est construite dans la solitude.

Ce roman, c'est un page-turner, savamment ponctué par de la poésie. 

Enorme coup de coeur.

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2021-12-14T07:00:00+01:00

Rien n'est noir de Claire BEREST

Publié par Tlivres
Rien n'est noir de Claire BEREST

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J14 "Rien n'est noir" est un roman de Claire BEREST publié initialement chez Stock Editions, aujourd'hui en version Le Livre de Pochelauréat du Grand Prix des Lectrices Elle 2020 dans la catégorie Roman 🦋 

Nous sommes en 1928. Alors que l’artiste Diego RIVERA réalise une fresque murale monumentale pour le Ministère de l'Education, Frida, l’effrontée de 20 ans sa cadette, l’interpelle et lui demande de descendre de son échafaudage pour lui montrer quelque chose. Elle a, avec elle, deux tableaux. Elle veut son avis. Il lui donne rendez-vous le dimanche suivant avec une nouvelle toile. C’est ainsi qu’une relation passionnelle va s’engager entre deux personnages hauts en couleur : Diego RIVERA dont la qualité du travail artistique va grandissante, Frida KAHLO promise dès son plus jeune âge à un parcours atypique (à 15 ans, elle fait partie des premières filles à entrer à la Prépa) et ambitieux (passionnée d’anatomie et de biologie, elle veut être médecin). C’est à 18 ans que Frida KAHLO a un terrible accident de bus avec de multiples blessures qui la clouent à un lit d’hôpital pendant 3 mois et l’obligent à une nouvelle intervention chirurgicale l’année suivante. C’est alors que Frida demande à son père, allemand d’origine, photographe de formation, passionné de piano, de lui apporter un chevalet, des pinceaux et de la peinture. Grâce à l’installation judicieuse d’un miroir au sommet de son lit à baldaquin, Frida commence à peindre, bien qu’alitée. Une nouvelle page de sa vie s’ouvre alors...

A travers la manière de Claire BEREST, très personnelle, de révéler Frida KAHLO, je me suis retrouvée dans un tourbillon de couleurs, de sentiments, à partager l’intimité d’une artiste mexicaine EXTRAordinaire. Au final, je ne sais plus très bien qui est la plus enflammée des deux, Claire BEREST ou Frida KAHLO, les deux certainement !

 

Quant au roman, il s’inscrit dans la droite ligne de ce moment tellement enthousiasmant.

D’abord, il traite de la vie de deux artistes peintres nés à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, au moment même où, au Mexique, un mouvement historique de vulgarisation de l’art est lancé par le Ministre de l’Education, Vasconcelos, qui veut rendre la culture accessible à tous. C’est à cette période que les murs se parent de fresques monumentales, Diego RIVERA est au rendez-vous

 

Avec « Rien n’est noir », vous plongez au coeur de l’Histoire du Mexique et du streetart qui se distingue encore aujourd’hui. Vous visitez aussi le monde et côtoyez les hommes, capitalistes, en quête de montrer ô combien leur pouvoir est grand.

C’est aussi une histoire d’amour, ardente, bouillonnante, impétueuse, entre deux artistes, mais aussi deux personnalités totalement débridées.

J’ai adoré découvrir Frida KAHLO seule aussi. Elle est flamboyante et multiplie les symboles qui me ravissent. Rien n’est laissé au hasard, comme dans la plume de Claire BEREST.

Ce roman est un coup de coeur à plus d’un titre.

Claire BEREST maintient un rythme ahurissant qui donne à cette lecture une vivacité et un dynamisme absolument remarquables. J’en suis sortie envoûtée.

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2021-12-13T07:00:00+01:00

Ásta de Jon KALMAN STEFANSSON

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Ásta de Jon KALMAN STEFANSSON

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J13 "Asta" de Jon KALMAN STEFANSSON publié initialement aux éditons Grasset, désormais disponible chez Folio.

Nous sommes dans les années 1950 à Reykjavik en Islande. Helga a 19 ans, Sigvaldi 30. Ils vivent le parfait amour. Ils ont une enfant de 7 mois. Une nouvelle grossesse se profile. Ils cherchent un prénom pour le bébé à venir, une autre fille. En mémoire d'une lecture qu'ils avaient partagée, « Gens indépendants » de Halldór LAXNESS (Prix Nobel de littérature), et qui les avait beaucoup émus, ils choisissent Ásta. A une lettre près, le prénom de la fillette aurait signifié "amour", mais voilà, cette lettre va faire toute la différence ! La grossesse d'Helga est marquée par ses crises de nerfs, un peu comme si la maternité faisait resurgir le passé et tourmentait les âmes par des souvenirs douloureux. Avec la naissance, les sentiments s'apaisent malgré une vie de famille chahutée par une économie en perte de vitesse. Sigvaldi est contraint d'exercer deux métiers pour permettre à sa femme et ses enfants de vivre. Il est marin. Il est peintre en bâtiment aussi, il a monté son entreprise avec un associé. Un jour, il tombe d'une échelle. Un peu sonné, il se remémore les bons moments de son existence. Il culpabilise aussi. S'il n'avait pas été un bon père pour sa fille...  

Ce roman d'apprentissage est absolument EXTRAordinaire.

Dès la première page, j'ai été totalement happée par le tourbillon des destins qui se croisent, se lient, se délient, se relient, perturbés qu’ils sont, comme le climat islandais. Il y est question d'amour, de passion, l'incandescente, celle qui brûle, enflamme, et s'éteint pour ne plus laisser derrière elle que quelques cendres. Mais c'est sans compter, parfois, sur un léger souffle qui suffit à rallumer le tison que l'on croyait à jamais disparu. Il n'y a pas de demi-mesure, juste l'immense sensation d'exister.

 

L’exercice littéraire est époustouflant dans la maîtrise des scénarios. Ce roman fait un peu plus de 490 pages, j'aurais aimé qu'il en fasse 100, 200, 300 de plus, totalement habitée que j'ai été par le personnage d'Ásta.

A saluer également la qualité de la traduction proposée par Eric BOURY, juste prodigieuse !

Ásta, je l’ai découvert dans Le cadre du 50e prix des lectrices Elle en 2019. Je faisais partie des heureuses élues, l’occasion de saluer Olivia de Lamberterie et toute l’équipe des jurées.

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2021-12-12T07:00:00+01:00

Encore vivant de Pierre SOUCHON

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Encore vivant de Pierre SOUCHON

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021

J12 "Encore vivant" de Pierre SOUCHON chez Actes Sud, aujourd'hui disponible dans la collection Babel.

Pendant le confinement (le 1er je crois !), il m’a fait de l’œil, un peu plus que de raison.
 
La raison, parlons-en de la raison. Chichi, lui, l’a perdue. Le voilà en HP, hôpital psychiatrique. Il avait tout pour être heureux comme le disent souvent les gens. Il venait de se marier en grandes pompes dans ses Cévennes qu’il aime plus que de raison. Mais dans les jours qui ont suivi la cérémonie avec plus de 300 invités, il a tout quitté. Il est parti. À son réveil, il découvre qu’il est de nouveau (mal)traité par le corps médical. Il a la haine de tout, de tous. Il est en guerre !
 
Dans une narration à la 1ere personne du singulier, Chichi crache son venin sur l’univers psychiatrique qui le met K.O. pour le soigner.
 
Au fil des visites et des pages écrites par un écorché vif, se dévoile progressivement la vie de Chichi.

L’écrivain est un primo-romancier. Il est journaliste et habitué à écrire mais là, l’exercice était périlleux. D’abord, il s’agit de sa propre vie, nous sommes dans l'autofiction. Mais aussi, parce que le sujet est grave et les êtres torturés. Le défi est relevé avec brio, chapeau.

Une lecture coup de poing !

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2021-12-11T07:00:00+01:00

Les indésirables de Diane DUCRET

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Les indésirables de Diane DUCRET

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021,

J11 « Les indésirables » de Diane DUCRET, un roman publié initialement chez Flammarion et maintenant disponible chez J’ai lu.

Nous sommes en mai 1940. La guerre déploie ses tentacules et touche Paris, cette capitale où bon nombre d'Allemands ont trouvé refuge depuis 1933, cette année où 150 000 personnes sont descendues dans les rues de Berlin pour scander des discours nationalistes. Eva, aryenne, est pianiste, elle a quitté Munich pour rejoindre la France. C'est là qu'elle rencontrera Louis, un résistant, dont elle tombera amoureuse, une promesse de mariage est faite mais leur avenir sur fond de guerre devient incertain. Lise, elle, est fille d'une modiste, Frieda. Toutes les deux ont pris la route pour fuir l'oppression des juifs. Un long périple via la Hongrie, la Tchécoslovaquie, l'Italie, pour rejoindre la terre promise. Eva et Lise font partie de ces "indésirables", cités par l'avis à la population signé le 12 mai 1940 par le Général Héring, Gouverneur militaire de Paris :

Dès lors, un rassemblement est organisé. Les femmes célibataires et mariées sans enfants sont attendues au Vélodrome d'Hiver 3 jours plus tard. Les regards de Lise et Eva se croisent, une relation s'instaure, pour le meilleur et pour le pire.


Dès les premières pages, les émotions m'ont prises à la gorge. Peut-être cela a-t-il à voir avec l'actualité politique, les élections présidentielles, et tous les discours populistes ambiants. Lire ce roman revient à mettre un visage et un nom sur un public ciblé, une certaine catégorie d'immigrés, et rend l'injustice du traitement insupportable.

 

J'ai été subjuguée enfin par des portraits de femmes époustouflantes de courage, de volonté, de générosité, alors que tout leur environnement n'est que ruine. 

 

Immense coup de coeur pour ce roman, qu'on se le dise !  

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2021-12-10T07:00:00+01:00

Le ghetto intérieur de Santiago H. AMIGORENA

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Le ghetto intérieur de Santiago H. AMIGORENA

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021,

J10 "Le ghetto intérieur" de Santiago H. AMIGORENA, un roman publié initialement aux Editions P.O.L. et maintenant disponible chez Folio.

Vicente a quitté Varsovie en 1928. Après un long parcours, il s’installe finalement à Buenos Aires. Il rencontre Rosita avec qui il a trois enfants. Il succède à son beau-père dans la gestion du magasin de meubles, héritage familial. Tous habitent un appartement à quelques centaines de mètres de l'entreprise. La vie pourrait être un long fleuve tranquille, et pourtant... Si Vicente, en quittant sa mère, lui a fait la promesse de lui écrire régulièrement, il n’a en réalité pas tenu son engagement. Il n'a pas nourri l’échange épistolaire alimenté exclusivement par elle pendant toutes ces années. Et puis, en 1938, les lettres se font plus rares, elles lui dévoilent à demi-mots la condition des juifs enfermés dans le Ghetto de Varsovie. C’est alors que les origines de Vicente resurgissent cruellement et le conduisent progressivement à se murer dans le silence. Là commence une toute nouvelle histoire...

 

Ce roman de Santiago H. AMIGORENA, dont je ne connaissais pas la plume, est inspiré de la vie familiale de l'écrivain. Vicente n'est autre que son grand-père. Il aurait pu en faire un récit, il a choisi la fiction, la littérature permet de donner à des personnes dites ordinaires l'étoffe de héros éminemment romanesques. Je me suis plongée avec grand plaisir dans cette histoire singulière au rythme soutenu et au suspens intense. 

 

Des livres qui racontent la persécution du peuple juif pendant la seconde guerre mondiale, il y en a beaucoup, et pourtant, celui là est EXTRA-ordinaire.

 

Santiago H. AMIGORENA, auteur contemporain, fait se croiser subtilement la trajectoire d'une famille avec celle de la grande Histoire et nous livre un roman tout à fait saisissant. Quant à sa plume, elle est tout en sensibilité, profondément bienveillante, comme un baume pour panser des plaies ouvertes à jamais.

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2021-12-09T18:15:00+01:00

La deuxième femme de Louise MEY

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La deuxième femme de Louise MEY

Pour la version "Noël en poche" du #calendrierdelavent 2021,

J9 "La deuxième femme" de Louise MEY, un roman publié initialement aux Editions du Masque et maintenant disponible chez Pocket.

Sandrine tombe sous le charme de « l’homme qui pleure », celui dont la première femme est portée disparue et qu’elle découvre sur son écran de télévision. Elle décide de participer à une marche blanche, c’est là qu’elle va le rencontrer, en chair et en os. Une histoire d’amour commence, pour le meilleur et pour le pire !

 

Je ne vais pas vous en dire beaucoup plus sauf que le scénario machiavélique est parfaitement orchestré par une écrivaine talentueuse.

 

Dans le rôle de la victime, il y a Sandrine, une jeune femme que personne n’a jamais aimé. Elle mène avec son corps une guerre sans merci et se maltraite à coups de propos injurieux. Il n’en fallait pas plus pour que « l’homme qui pleure » tisse sa toile de prédateur, exploite les fragilités de celle qu’il va progressivement museler.

 

Ce roman, je l’ai lu comme un acte militant. Louise MEY s’est beaucoup documentée sur les violences faites aux femmes et prouve ici ô combien ce qui se passe avant le premier acte physique est lourd de conséquence. L’humiliation, les propos, les comportements qui permettent d’instaurer un climat de peur, d’angoisse, sont autant de violences qu’il convient de repérer et de caractériser. L’écrivaine décrit avec précision cette échelle de violences. Elle évoque des petits détails qui pourraient paraître insignifiants s’ils n’étaient accumulés au quotidien dans le seul but de nuire par l’asservissement.

 

C’est une lecture coup de poing, haletante, que je ne suis pas prête d’oublier.

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