vous vous en souvenez peut-être, c'est l'auteure des "Giboulées de soleil", ce coup de coeur 2016 que j'ai découvert grâce aux fées des 68 premières fois.
Il y avait eu cette 1ère rencontre en décembre dernier sur Paris et puis là, l'écrivaine était de passage sur Angers dans le cadre du Prix du Roman Cezam InterCE, invitée par l'antenne de Maine-et-Loire en partenariat avec Espace Femmes. Impossible de ne pas être à cette soirée, vous me comprenez bien sûr !
Donc, Lenka, permettez moi cette intimité, arrive, rayonnante, vêtue de rouge, le regard lumineux et chaleureux.
Elle se lance en évoquant ses premiers écrits, des correspondances entretenues avec une amie, Anne Delaflotte Mehdevi, entre 1993 et 2011, et publiées sous le titre "Entre Seine et Vltava". Lenka venait de Tchécoslovaquie, elle s'installait en France, Anne quittait la France pour vivre en Tchécoslovaquie. Pendant toutes ces années, elles ont échangé sur leurs perceptions de leur pays d'adoption, leurs sentiments, leurs vies de famille aussi.
Ces écrits parlent de l'exil bien sûr mais une des caractéristiques de Lenka, c'est qu'elle est née dans un pays qui n'existe plus. Comment vivre ce deuil ? Comment surmonter cette perte ô combien traumatisante ?
Lenka a trouvé sa voie, celle de la littérature, une manière de
souffler sur les plaies pour qu'elles fassent moins mal.
"Giboulées de soleil", c'est donc l'Histoire de son pays, des années 1940 jusqu'à la construction de la République Tchèque, à travers 4 générations.
Ce roman,
- c'est celui de 3 voix : celles de Magdalena, la fille, Libuse, la petite-fille, et Eva, l'arrière petite-fille,
- c'est aussi celui de 4 femmes parce qu'il faut ajouter Marie, la mère, qui va tracer le chemin de cette lignée familiale,
- c'est enfin celui de 5 personnages, en comprenant la Tchécoslovaquie, ce territoire qui a suscité tellement de convoitises depuis le début du siècle dernier.
Lenka évoque le rapport à la langue, un sujet tout naturel pour une personne immigrée. Ce roman, elle a choisi de l'écrire dans sa langue d'adoption, enfin, choisi, le terme est peut-être inadapté. La langue française s'est imposée d'elle-même. Impossible pour Lenka d'imaginer d'écrire cette histoire dans sa langue maternelle, celle des caresses, des larmes, du toucher, du souffle...
Quelle belle expression elle a utilisé pour évoquer cette liberté donnée par les mots :
C'était un square, je pouvais y jouer.
Assurément, elle l'a fait avec brio, pour notre plus grand plaisir. Les lycéens ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, ils lui ont décerné le Prix Renaudot 2016.
Grâce à ce succès, des perspectives de traduction ont rapidement germé, je vous laisse imaginer la suite, "Giboulées de soleil" existe désormais en version tchèque. Une toute nouvelle aventure commence !
Lenka rentre d'un séjour en République Tchèque où elle a accompagné la sortie de son roman intitulé là-bas : "Marie a Magdalény", devant des visages familiers et des inconnus aussi.
Dans son roman, Lenka évoque les moments de grâce. Elle nous en a offert un avec la lecture d'un passage dans cette langue que nous ne connaissons pas mais qui suscite, chez nous, déjà des émotions.
Une version allemande est également en projet.
Alors, si vous ne l'avez pas encore lu, je ne peux que vous conseiller de le faire au plus vite avant que le monde entier n'en parle !