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Articles avec #calendrier de l'avent 2020 catégorie

2020-12-24T08:49:57+01:00

Rivage de la colère de Caroline LAURENT

Publié par Tlivres
Rivage de la colère de Caroline LAURENT

Aujourd'hui s'achève #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, un grand merci pour l'idée, un grand bravo pour tous ces moments de littérature égrenés tout au long de ces 24 jours, que de souvenirs et que de références pour amorcer 2021 sans ciller !!!

Aujourd'hui est un jour un peu particulier, celui de choisir "Un livre pour finir en beauté".

Sans aucune hésitation, je choisis "Rivage de la colère" de Caroline LAURENT aux éditions Les Escales, mon premier coup de coeur de cette année 2020, un énorme coup de coeur.

Tout commence avec une conversation établie par un fils avec sa mère, que l'on soupçonne disparue. Il lui rend compte de sa mission, de son combat, et d'un aboutissement que l'on comprend imminent. L’heure est grave, rendez-vous est donné à la Cour de Justice Internationale de La Haye. L’instant d’après, nous sommes en 1967 au nord de l’océan Indien. Marie-Pierre Ladouceur dite Marie vit sur l’île Diego Garcia avec sa fille, Suzanne, et toute sa famille. Elle travaille au coprah, la production de noix de coco. L’île est administrée par les Anglais. Marcel Mollinart est administrateur. Un tout jeune garçon, Mauricien, Gabriel, débarque sur l'île, il est recruté pour être secrétaire. Entre Marie et Gabriel commence une histoire d’amour. Après quelques mois, Marie est enceinte. Elle donne naissance à un garçon, Joséphin, bien noir, bien fort, qui ne laisse présumer d’aucun métissage. Le vent de la décolonisation souffle sur l’archipel mais c'est sans compter sur un "arrangement" préalable entre puissants. Alors que l’île Maurice accède à son indépendance en 1968, celle de Diego Garcia reste dans le giron britannique sous le statut de British Indian Ocean Territory. Elle a été monnayée, comme l'existence de ses habitants, trois millions de livres. Et pour en faire quoi ? Une base militaire américaine ! Mollinart a bien essayé de séduire les foules pour un départ volontaire vers l'île Maurice mais tous n'y succomberont pas. Marie tient a sa terre d'origine, elle tient à sa dignité aussi. La pression s'organise alors jusqu'à la déportation manu militari des Chagossiens. Marie se retrouve dans la cale d’un navire avec sa fille, malade, son fils, et quelques menus effets personnels. Une nouvelle vie commence alors.

Dès les premières lignes, j’ai ressenti la force d’un propos au service d’un peuple exilé, arraché à sa terre, pour que justice lui soit rendue. Prêter sa plume aux Chagossiens est devenu pour elle :


Comme une nécessité... P. 292

Avec "Rivage de la colère", l'autrice explore les sujets de l'identité, de l'indépendance, de la mémoire. 

Caroline LAURENT mêle astucieusement et avec un immense talent la fiction à la réalité. Par le jeu de l'écriture et l'alternance des narrations, elle trace le sillon de la reconnaissance des droits de tout un peuple, peut-être la voie de la justice...

La cause est belle, l'épopée éminemment romanesque, la plume délicieuse, c'est un coup de coeur, quoi... et un coup de coeur ne s'oublie pas !

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2020-12-24T07:00:00+01:00

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Publié par Tlivres
Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Pour le 24ème et dernier jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose une plume étrangère, celle de Sarah VAUGHAN découverte avec le #GrandPrixdesLectricesElle2019 et son roman "Anatomie d'un scandale", publié chez Préludes et désormais chez Le Livre de poche, traduit de l'anglais par Alice DELARBRE.

La première scène du livre surprend Kate en pleine décompression. Nous sommes en décembre 2016. L'avocate pénaliste depuis 19 ans sort d'une plaidoirie difficile, elle a échoué dans la défense d'une femme violée par son mari. Elle s'est spécialisée depuis plusieurs années dans ce genre d'affaires. La perruque enlevée, les pieds déchaussés, elle reprend ses esprits dans son bureau en sirotant un whisky. Elle se laisse bercer par des pensées qu'elle ne peut avoir que dans l'intimité de son bureau. C'est le moment que choisit son clerc pour lui proposer le dossier de sa vie. Il n'en faut pas plus pour que la professionnelle, carriériste, passionnée, se remette au travail. Elle ne sait pas encore que l'affaire qui oppose Olivia Lytton, assistante parlementaire, à James Whitehouse, sous-secrétaire d'Etat, son patron, va lui donner du fil à retordre et faire resurgir du passé de douloureux souvenirs.

Avec ce roman, Sarah VAUGHAN nous immerge dans des décors britanniques d'aujourd'hui et des années 1990. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire toutes les descriptions de ces colleges. J'ai retrouvé l'ambiance de celui de Benjamin WOOD : "Le complexe d'Eden Bellwether", un coup de coeur, l'occasion de faire un petit clin d'oeil aux éditions Zulma.

Sarah VAUGHAN sème autant de petites graines dans l'esprit du lecteur qu'il est nécessaire pour le happer et le tenir en haleine jusqu'à la toute dernière page. Véritable thriller psychologique, ce livre se lit quasiment d'une traite. J'ai été personnellement captivée par le destin de ces femmes blessées par des hommes peu scrupuleux de leurs désirs. L'écrivaine décrit un monde politique hanté par la presse, instrumentalisé par le pouvoir. Il n'en est que plus humain et se risque à jouer avec le feu !

La plume est fluide et dense, elle fait de ce roman un très bon livre.

Et si, comme moi, vous ne connaissiez pas encore Sarah VAUGHAN, nul doute que vous aviez déjà lu une traduction d'Alice DELARBRE. Elle a notamment traduit l'intégralité de l'oeuvre de Victoria HISLOP, ça vous donne une petite idée de son talent.

Maintenant, à vous de jouer !

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2020-12-23T07:00:00+01:00

Le Ghetto intérieur de Santiago H. AMIGORENA

Publié par Tlivres
Le Ghetto intérieur de Santiago H. AMIGORENA

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, place au "Joker : le livre inclassable", "Le Ghetto intérieur" de Santiago H. AMIGORENA aux éditions POL.

Vicente a quitté Varsovie en 1928. Après un long parcours, il s’installe finalement à Buenos Aires. Il rencontre Rosita avec qui il a trois enfants. Il succède à son beau-père dans la gestion du magasin de meubles, héritage familial. Tous habitent un appartement à quelques centaines de mètres de l'entreprise. La vie pourrait être un long fleuve tranquille, et pourtant... Si Vicente, en quittant sa mère, lui a fait la promesse de lui écrire régulièrement, il n’a en réalité pas tenu son engagement. Il n'a pas nourri l’échange épistolaire alimenté exclusivement par elle pendant toutes ces années. Et puis, en 1938, les lettres se font plus rares, elles lui dévoilent à demi-mots la condition des juifs enfermés dans le Ghetto de Varsovie. C’est alors que les origines de Vicente resurgissent cruellement et le conduisent progressivement à se murer dans le silence. Là commence une toute nouvelle histoire...

 

Ce roman de Santiago H. AMIGORENA, dont je ne connaissais pas la plume, est inspiré de la vie familiale de l'écrivain. Vicente n'est autre que son grand-père. Il aurait pu en faire un récit, il a choisi la fiction, la littérature permet de donner à des personnes dites ordinaires l'étoffe de héros éminemment romanesques. Je me suis plongée avec grand plaisir dans cette histoire singulière au rythme soutenu et au suspens intense. 

 

User des mots, jouer avec eux, c'est l'apanage des écrivains. Dans la démarche de Santiago H. AMIGORENA, peut-être y a-t-il quelque chose de l'ordre de la résilience. Ecrire ce roman n'est-il pas la voie qu'il s'est choisi, lui, le petit-fils, homme des mots justement, pour RESISTER aux drames vécus par la génération de ses grands-parents et qui continuent de l'affecter.

 

Vous l'aurez compris, Santiago H. AMIGORENA, auteur contemporain, fait se croiser subtilement la trajectoire d'une famille avec celle de la grande Histoire et nous livre un roman tout à fait saisissant. Quant à sa plume, elle est tout en sensibilité, profondément bienveillante, comme un baume pour panser des plaies ouvertes à jamais.

 

Ce roman me hante bien des mois après sa lecture. Je l'avais qualifié de lecture coup de poing, il pourrait être aussi un coup de coeur mais je crois que plus encore, c'est un inclassable !

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2020-12-23T07:00:00+01:00

Une joie féroce de Sorj CHALANDON

Publié par Tlivres
Une joie féroce de Sorj CHALANDON

Pour le 23ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de revenir sur le dernier roman de Sorj CHALANDON "Une joie féroce" aux éditions Grasset, disponible maintenant chez Le Livre de poche.

Quatre femmes sont à bord d'une voiture et s'apprêtent à commettre un acte... irréparable. Jeanne fait partie du complot, c'est la narratrice. Avec Brigitte, Mélody et Assia, elles forment une sorte de communauté. Malgré leur différence d'âge, leurs origines, un point commun les rassemblent : le cancer. C'est dans la salle d'attente de l'hôpital qu'elles ont fait connaissance. Jeanne n'était pas accompagnée, Matt disait ne pas pouvoir le supporter. Elles se sont caressées du regard, se sont effleurées des mains, ainsi est née une forme de complicité, de ces relations qui deviennent avec le temps plus fortes que tout. Alors de là à imaginer réaliser un braquage toutes ensembles, il n'y a qu'un pas, non ? 

J'ai beaucoup aimé tous ces passages sur la puissance de leur connivence, une relation établie entre des femmes à un moment de leur vie où elles cumulent les fragilités. Il y a quelque chose de très beau dans l'amitié, voire l'amour, qui les unit. Il y a aussi cette formidable bouffée d'espoir qui les anime dans l'urgence à VIVRE.

Sorj CHALANDON est un formidable conteur. Ses histoires sont rocambolesques à l'envi. Si les personnages ont l'apparence de Monsieur et Madame tout le monde, c'est pour mieux tromper "l'ennemi", nous prendre par surprise, dérouler le fil d'itinéraires hypothétiques au service d'un scénario savamment orchestré. Une nouvelle fois, chapeau !

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2020-12-22T11:46:30+01:00

Les huit montagnes de Paolo COGNETTI

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Les huit montagnes de Paolo COGNETTI

Pour le 22ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose un moment d'évasion, de l'air, de la nature... avec "Les huit montagnes" de Paolo COGNETTI, Prix Médicis étranger 2017, publié initialement aux éditions Stock et maintenant chez Le Livre de poche.

Je vous emmène à Grana dans le Val d'Aoste où les sommets culminent à plus de 4000. Deux amoureux fous, un brin originaux, s'y marièrent en 1962. Rejetés par leurs familles, ils étaient 4, le nombre minimum pour célébrer une union. Rien de plus naturel donc que de fuir la ville au moment des vacances pour aller s'y ressourcer. De cette union, naîtra un garçon, Pietro. Très vite, il est initié aux plaisirs de la randonnée. Le père et le fils y réalisent de nombreuses escapades, de quoi tisser le fil de la complicité. Vient parfois se glisser dans cette intimité, Bruno, cet enfant des montagnes. Lui les regarde d'un tout autre oeil. Elles ne représentent pas ses vacances mais sa vie quotidienne, il y est né, il y mourra aussi. Entre les deux garçons du même âge, le jeu de la concurrence et le sentiment de jalousie viennent parfois troubler les relations. Les année passent et puis un jour, un drame vient assombrir le tableau, les cartes sont rebattues et commence alors une autre vie...

Dans ce roman, Paolo COGNETTI évoque Dame Nature dans tout ce qu'elle peut donner à l'Homme. A chacun sa mesure, il y a les petits randonneurs du dimanche et les alpinistes, chacun peut y trouver sa place.

C'est un peu comme dans le champ des relations humaines. Il y a ceux qui ont besoin d'isolement et ceux qui sont en interaction permanente avec les autres. C'est un peu ça faire société, non ?

 

La plume de Paolo COGNETTI est absolument remarquable, elle est empreinte de sensibilité et d'humanité.

Dans "Les huit montagnes", il fait de la nature sa toile de fond pour examiner en profondeur ce qui compose chacun, ses origines, ses souvenirs, sa manière très personnelle et subjective d'apprécier la vie à sa juste valeur.

Un très beau roman initiatique.

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2020-12-22T11:28:11+01:00

La Dormeuse de Catherine ROLLAND

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La Dormeuse de Catherine ROLLAND

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, place au "Livre le plus original", "La Dormeuse" de Catherine ROLLAND aux éditions Okama.

 

Sofia Loison est en entretien d'embauche pour un poste d’aide-ménagère. La posture et les échanges avec son recruteur, Léo, l'interpellent. Sofia découvrira qu'il s'agit du neveu de Marie Montès et son mari, Tiago, vivant dans une maison troglodyte de Touraine, et chez qui l'aide-ménagère est censée intervenir. Sofia n'est pas au bout de ses surprises. Elle comprend très vite que bon nombre de personnes se sont déjà collées à la mission mais n'ont pas résisté à la forte personnalité de Marie. La voilà prévenue. Quant à la mission réelle, elle est un brin en décalage avec celle annoncée ! Parallèlement, une enfant disparaît lors d'un séjour familial à Pompéi, l'enfant de 6 ans a quitté la caravane. Elle sera retrouvée quelques années plus tard dans des conditions aussi mystérieuses que sa disparition. Devenue adulte, elle décide de partir en quête de souvenirs. Pompéi, il fut un temps où la cité n'était pas encore ensevelie. En août 79, les hommes et les femmes y vivaient sereinement. Ils ne savaient pas encore que leur temps était compté.

Parce que le défi des tempos était trop simple à relever, l'autrice a imaginé le projet fou d'écrire un livre dans un livre. "La Dormeuse" est un roman dicté à un scribe des temps modernes, l'occasion d'explorer ce champ que Catherine ROLLAND débroussaille elle-même en nous livrant son sixième roman. Si dans la fiction, la question du maintien du suspens est régulièrement posée, qu'elle se rassure, elle en maîtrise parfaitement les rouages. 

Mais là où le talent est exceptionnel, c'est dans la construction de l'édifice. Le jeu des narrations est prodigieusement orchestré. Trois histoires s'entrecroisent à deux mille ans d'intervalle sans qu'à aucun moment vous ne perdiez pied, le tout dans une rythme frénétique. Je n'ai pas vu les 480 pages passer et encore, j'en redemande !  

Ce roman de Catherine ROLLAND, le deuxième pour moi, vient confirmer ses qualités d'écriture. Je crains fort d'en devenir une inconditionnelle !

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2020-12-21T16:43:17+01:00

A l'ombre des saules en pleurs de Martine MAGNIN

Publié par Tlivres
A l'ombre des saules en pleurs de Martine MAGNIN

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, voilà "Le plus beau titre", "A l'ombre des saules en pleurs" de Martine MAGNIN aux éditions Fleuve.

Pauline et Antoine partagent leur vie depuis une trentaine d'années. Leur fils, Louis, est parti au Québec vivre sa passion de pêcheur. Elle, est coiffeuse, lui, plombier, mais chacun regorge de talents cachés. Elle, altruiste, s'évertue à apporter du bien-être à celles et ceux qui l'entourent, lui, est sculpteur. Antoine est passionné d'entomologie, la science des insectes qu'il magnifie avec la réalisation d'oeuvres métalliques monumentales. Un jour, une cliente de Pauline évoque la recherche de gardiens pour une copropriété de huit maisons sur l'île des Saules. Pauline et Antoine, qui vivent dans un petit appartement sans âme, présentent leur candidature. Elle est acceptés, c'est là que commence une nouvelle histoire.

J'ai adoré l'approche de l'art de sculpter le fer. L'écrivaine décrit avec beaucoup de précision tout ce que ce travail exige de maîtrise. Je connaissais le travail artisanal, mais sous la plume de Martine MAGNIN, la discipline devient artistique. Immense bonheur que d'accompagner Antoine dans sa quête de la perfection, tant dans l'équilibre de ses oeuvres que dans la nuance des tons du matériau.

 

Et puis, bienvenue dans le monde des insectes. Plus jamais vous ne verrez ces petites bêtes comme avant mais bien comme des éléments essentiels de cette chaîne qu'est la biodiversité, nécessaire à la (sur)vie de la planète.
 
Enfin, il y a l'approche, un brin singulière, des arbres. Bien sûr, l'écrivaine met en lumière l'essence des saules pleureurs, très présents dans les environs de l'Oise, et de l'île sur laquelle elle choisit de faire vivre ses personnages, mais Martine MAGNIN va aussi sur le terrain de leur sensibilité largement véhiculée par Peter WOHLLEBEN, forestier allemand.
 
Par son écriture et à travers une galerie de personnages, tous très attendrissants, chacun dans son genre, Martine MAGNIN m'a fait vivre des moments d'une très grande beauté, d'autres d'une profonde tristesse. Ainsi va la vie ! Ce qui distingue sa plume, c'est assurément le ton, celui de l'humour, de la malice et de la BIENVEILLANCE, un mot qui vient régulièrement ponctuer sa prose, histoire de ne pas l'oublier. 

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2020-12-21T12:23:47+01:00

Coeur naufrage de Delphine BERTHOLON

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Coeur naufrage de Delphine BERTHOLON

Pour le 21ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de retrouver Delphine BERTHOLON avec son roman "Coeur naufrage" publié chez Lattès disponible maintenant en poche chez Le Livre de poche.

"Coeur-Naufrage", c'est le titre donné par Lyla à un poème qu'elle a écrit à l'attention d'un garçon, Hervé, son 1er petit amoureux. Mais là, elle a 17 ans, c'est l'été, elle est en vacances, elle prend son vélo et part seule en direction de l'océan. Il fait très chaud, elle est insouciante et se laisse porter par un vent de liberté. Et puis, il y a une chute, la chaîne qui saute et son incapacité à la remettre. Elle décide de marcher à côté de sa bicyclette. Elle se souvient d'un endroit fréquenté par des surfeurs et un bar ambulant. Elle y trouvera bien de l'aide. Fatiguée, elle laisse son vélo sur le bord de la route et continue son chemin à pied. A son arrivée près du van, et voyant des garçons plus âgés qu'elle, Lysa se demande si elle a fait le bon choix. Elle mesure maintenant sa prise de risque. La jeunesse aidant, elle décide de la jouer familière, elle fume avec eux, elle boit avec eux. L'heure passe, la nuit tombe, il va bien falloir penser à rentrer. Mais, son vélo, qui va le retrouver pour le réparer ? Et elle, qui va la ramener ? Joris, l'un des 3 surfeurs, décide de faire un effort, il part avec elle, et là commence une toute nouvelle histoire !    

Avec Delphine BERTHOLON, je suis habituée aux lectures Coup de poing, il y avait eu "L'effet larsen" et puis "Les corps inutiles". Tantôt je fuie les coups, tantôt je les recherche, tantôt je les esquive, tantôt je les prends pleine figure.

Ce que j'aime tout particulièrement chez Delphine BERTHOLON, c'est la puissance de la personnalité des femmes. A l'image de Clémence dans "Les corps inutiles", Nola dans "L'effet larsen", Lyla prend son destin en main, décide d'assumer ses actes et trace son chemin. Bien sûr, il y a des fragilités, des moments où les vannes sont ouvertes et les larmes coulent à flot, mais il y a aussi cette force intérieure qui permet d'avancer, d'afficher à l'extérieur une certaine dimension et sous le regard des autres de prendre de la hauteur.

La narration de ce roman devient une lecture à deux voix, celle de Lyla et celle de Joris, un formidable regard croisé sur les événements, un procédé ingénieux, audacieux diront certains, mais parfaitement maîtrisé par une écrivaine à la plume remarquable et totalement addictive.

Préparez-vous, Delphine BERTHOLON a annoncé son grand retour. Rendez-vous en mars 2021 avec "Dahlia".

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2020-12-20T07:00:00+01:00

La femme révélée de Gaëlle NOHANT

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La femme révélée de Gaëlle NOHANT

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, place au "Livre dont j'aurais aimé rencontrer le héros", en l'occurrence l'héroïne. J'ai choisi "La femme révélée" de Gaëlle NOHANT aux éditions Grasset.

Le tout dernier roman de Gaëlle NOHANT est sorti en janvier 2020, une épopée romanesque comme l'écrivaine sait les écrire. Vous vous souvenez peut-être de la "Légende d'un dormeur éveillé" ? Et bien, vous allez rechuter !

Eliza Bergman est née en 1919. Elevée à Hyde Park, enfant, elle se souvient de toutes ses promenades avec son père dans des quartiers défavorisés. Il était médecin, reconverti dans la recherche en sociologie à l’université de Chicago, et aimait faire découvrir à sa fille la diversité des hommes. A 31 ans, elle laisse son fils, Martin, alors âgé de 8 ans, et quitte précipitamment les Etats-Unis à destination de la France. Armée de son Rolleiflex, son seul effet personnel, et devenue Violet, elle immortalise le tout Paris des années 1950. C'est là qu'elle va lentement se (RE)construire, au gré des rencontres, des relations d'amitié, d'amour aussi, qu'elle va savamment tisser entre authenticité et imposture. Comme une funambule sur son fil, elle va éprouver le jeu de l'équilibre pour mieux savourer les joies de sa liberté retrouvée et aller jusqu'au bout de ses convictions pour peut-être, un jour, retrouver son pays, ses racines.

Cette lecture m'a captivée par l'entrée en matière, artistique. Le Rolleiflex est à lui seul un personnage. Créé en 1929, c'est le nec plus ultra des appareils, aujourd'hui encore largement plébiscité. Avec lui, c'est le pouvoir de l'oeil qu'elle va explorer. Gaëlle NOHANT nous fait ainsi entrer dans le monde de la photographie, cette discipline qui permet de porter un regard singulier sur le monde. 

Je ne vous en dirais pas plus parce que c'est là aussi le charme de ce roman mais Eliza devenue Violet a un dessein. Certains évoqueraient son histoire sur fond d'abandon, elle, non !

Avec cette fresque, il est question de transmission, de mémoire. Gaëlle NOHANT qui dédie ce livre à sa mère et à sa fille, aborde aussi la condition noire, un sujet malheureusement d’actualité encore en 2020 dans ce qu’elle évoque d’injustice et de maltraitance. Si certains préfèrent effacer toute trace du passé, l'écrivaine nous propose une autre alternative, celle d'en graver l'empreinte dans la mémoire des hommes pour qu'ils puissent mieux s'en émanciper. 

A l'image de l'itinéraire d'Eliza devenue Violet construit par Gaëlle NOHANT, l'Homme a cette capacité à grandir, à s'élever, à condition qu'il VOIT. Si toutes ces années n'ont pas suffi à lui ouvrir les yeux, il est temps aujourd'hui qu'il puisse le faire parce qu'il est question de dignité, mais aussi de vie ou de mort ! Et si les médias ordinaires n'y suffisent pas, que la littérature puisse elle aussi apporter sa pierre à l'édifice.

La plume de Gaëlle NOHANT est absolument magnifique. D'une profonde sensibilité, elle est presque cinématographique. Tout au long de cette lecture, j'ai eu l'impression de regarder un film défiler sous mes yeux. Et puis, elle a cette capacité à embrasser cinquante ans de l'Histoire transatlantique, naviguant entre fiction et réalité, par la voie de personnages extrêmement attachants, la garantie d'un immense talent. 

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2020-12-19T07:00:00+01:00

Né d'aucune femme de Frank BOUYSSE

Publié par Tlivres
Né d'aucune femme de Frank BOUYSSE

Pour le 19ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de revenir sur le lauréat du #GrandPrixdesLectricesElle2019 dans la catégorie polar. Il s'agit bien sûr du roman de Franck BOUYSSE, "Né d'aucune femme", publié initialement chez La manufacture des livres et désormais disponible chez Le livre de poche.

Rose a 14 ans, c'est l'aînée d'une fratrie de 4 filles. Ses parents sont des paysans. Un jour, son père, Onésime, l'emmène avec lui. Rose fait l'objet d'un contrat diabolique. Elle est vendue à un homme moyennant une petite somme d'argent, de quoi assurer pour quelques temps la survie du reste de la famille. Les remords n'y feront rien, le sort de Rose est ainsi jeté. Elle devient l'employée d'une maison qui renferme de nombreux secrets, à commencer par l'existence de l'épouse de "l'acheteur" qui serait gravement malade. Rose ne l'a jamais vue. Le médecin du village vient régulièrement lui rendre visite, de quoi susciter la curiosité de l'adolescente. Elle sera bien malgré elle entraînée dans un scénario des plus machiavéliques.
Franck BOUYSSE imagine une histoire absolument démoniaque, un scénario morbide dont je n'ose pas imaginer les images portées au cinéma.
 
Si la première partie est empreinte de sauvagerie, j'ai beaucoup aimé la seconde dans ce qu'elle a de plus fort. Rose incarne le personnage d'une jeune femme révoltée, pleine de courage, que rien ne saurait abattre, pas même l'indicible, impossible à vous dévoiler. Rose va trouver le moyen de s'extraire de toute cette violence, elle va puiser la force dans son âme pour surmonter tout ce qu'elle endure physiquement, elle va trouver la voie des mots.
 
Ce roman est un hymne à l'écriture. Nul besoin de vouloir être écrivain pour se plier à l'exercice, le seul fait de coucher les mots sur le papier peut délivrer du poids qui vous assaille. Franck BOUYSSE fait preuve d'énormément de poésie à leur égard.
 
Parfaitement structuré dans un roman choral, le propos est servi par une plume éminemment belle. La chute est juste magistrale.

Cette chronique est aussi l'occasion de souhaiter de belles fêtes à Marie de la librairie "Le Renard qui lit" qui l'encense, c'est évidemment un très bon conseil de lecture.

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2020-12-18T12:10:00+01:00

Où bat le cœur du monde de Philippe HAYAT

Publié par Tlivres
Où bat le cœur du monde de Philippe HAYAT

Pour le 18ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose une épopée romanesque tout à fait remarquable, "Où bat le cœur du monde" de Philippe HAYAT publié aux éditions Calmann Lévy, disponible désormais chez Le Livre de Poche.

Nous sommes en 1935 dans la ville de Tunis. Darius Zaken est un petit garçon de la communauté juive de hara. Quand une tempête de sable sévit sur la ville, les Arabes, très en colère, s'en prennent aux Juifs qu'ils considèrent responsables de la perte de leurs récoltes et de leur misère. Ils mettent le feu à la librairie du père de Zaken qui mourra dans l'incendie, plongeant l'enfant dans un irréductible mutisme émotionnel. Plus un mot ne sortira de sa bouche, on le lit dans les toutes premières pages. Sa mère, fille de médecins d'origine italienne, nouvellement endeuillée, va se sacrifier pour l'avenir du garçon. Elle va s'inspirer du manuel des signes de l’Institut des Jeunes Sourds de Paris pour contrer le handicap de son fils. Elle va multiplier les petits boulots. C’est lors d'une soirée où Darius vient l’aider à gérer le vestiaire du théâtre qu’il se laisse guider par quelques notes de musiques... la voie d'une nouvelle vie.

Ce roman est un « multicarte ». "Où bat le coeur du monde" est un roman initiatique, un roman d'aventure, un roman historique.

Enfin, la cerise sur le gâteau, Philippe HAYAT nous berce avec délice des notes de musique de la clarinette de Darius, il sublime cette discipline artistique avec ses mots. Je ne suis pas musicienne mais avec ce roman, j’ai eu l’impression de ressentir la puissance de la musique, de vibrer, quoi !

C'est roman, c'est aussi l'occasion de souhaiter de belles fêtes de fin d'année à toute l'équipe de Page des Libraires. Je me souviendrais toujours de la présentation de la rentrée littéraire organisée à la BNF avec Philippe HAYAT au micro, présentant son tout nouveau roman !

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2020-12-18T07:58:24+01:00

Avant que j'oublie de Anne PAULY

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Avant que j'oublie de Anne PAULY

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, place au "Livre le plus drôle". Paradoxalement, j'ai choisi "Avant que j'oublie" de Anne PAULY aux Editions Verdier, premier roman et Prix du livre Inter 2020.

Si le sujet abordé est tragique, la mort d'un père, Anne PAULY choisit l’humour pour décrire l’existence d’un unijambiste, alcoolique, un Monsieur devenu vieux, seul, malade, fragilisé. 

Son roman biographique est traité avec une dérision remarquable, quel talent !

Personnellement j'ai beaucoup ri devant la scène de l’entrée dans l’église, bras-dessus bras-dessous avec son amoureuse, Félicie ! Elle m'a accompagnée une partie de ma lecture et m'a offert la distance nécessaire pour ne pas fondre en larmes devant cette fin, universelle.

Que l'on ne se méprenne pas, ce roman est empreint, aussi, d'une profonde tendresse, de quoi assurer un parfait équilibre.

 

 

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2020-12-17T12:35:00+01:00

Carmen et Teo de Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL

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Carmen et Teo de Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, place au "Livre dont le héros a existé". J'ai choisi "Carmen et Teo", un roman écrit à quatre mains par Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL aux éditions Stock, un roman qui retrace une page de l'histoire contemporaine du Chili.

 

Nous partons pour le Chili. Carmen naît dans une famille privilégiée d'une mère aux origines aristocratiques, professeure de littérature et comédienne, d'un père architecte et enseignant à l'Université. Pendant sa jeunesse, Carmen, une urbaine, part un été avec le Père Mariano Puga, elle découvre la tribu Mapuche, sa grande pauvreté, son histoire aussi, une tribu massacrée par les Espagnols, ces colons européens, et les créoles chiliens. Parallèlement, Teo, lui, naît dans une famille pauvre de la région de Tarapaca, une région minière où est alors exploité le salpêtre, cette poudre blanche qui est étendue sur les sols européens pour les enrichir. Quand l'Europe décide d'utiliser des produits alternatifs, toute la chaîne de production s'arrête, obligeant les mineurs à s'exiler vers Santiago pour trouver du travail. L'enfant de la campagne n'a alors que 7 ans. Dans un contexte politique des plus tendus, nous sommes au début des années 1970, Carmen et Teo vont prendre part, chacun à leur mesure, aux événements qui soulèvent leur pays. Salvador Allende décède lors du coup d'Etat du 11 septembre 1973 dans le Palais Présidentiel bombardé. Là commence une toute nouvelle histoire, avec un grand H (aussi) !
 
"Carmen et Teo", c'est avant tout un roman historique. Delphine GROUES est Directrice de l'Institut des compétences et de l'innovation de Sciences Po, elle a écrit une thèse sur la protestation populaire chilienne. Olivier DUHAMEL, connu notamment pour ses interventions sur Europe 1 et LCI au sujet des institutions et de la vie politique, a écrit "Chili" publié en 1974. Tous deux sont des spécialistes et nous font revivre une page de l'Histoire du Chili, une page dont personnellement je n'avais que très peu de connaissances. 
 
Ce qui, personnellement, m'a captivée, c'est la formidable euphorie que vivait à l'époque une jeunesse assoiffée de liberté et qui voyait dans les mouvements communistes l'opportunité d'un régime égalitaire. 
 
Si ce roman concourt à la mémoire d'un pays d'Amérique du Sud et de son Histoire, il est aussi un formidable roman d'aventure qui peut s'apprécier comme un beau moment d'évasion littéraire à parcourir le monde au bras d'attachants personnages.
 
Et pour conclure, quel plus beau cadeau offert par Caroline LAURENT le 6 juin dernier lors de l'interview réalisée par Nicolas AUVINET de la Librairie RICHER avec, dans les toutes dernières minutes, l'intervention de Teo, l'homme dont le parcours a largement inspiré le roman !

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2020-12-17T08:07:19+01:00

Instantanés d’Ambre de Yôko OGAWA

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Instantanés d’Ambre de Yôko OGAWA

Pour le 17ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de retrouver la plume d'une autrice que j'aime profondément, celle de de Yôko OGAWA avec "Instantanés d'Ambre", publié chez Actes Sud, désormais disponible dans la collection Babel.

Renouer avec son univers littéraire, c'est assurément s'envoler pour un voyage merveilleux bercé par le registre onirique.

 

Je vous dis quelques mots de l'histoire :

Une famille est frappée par un terrible drame, la mort d'une enfant alors qu'elle n'avait que trois ans. Jouant au jardin public, un chien lui a léché le visage. Le lendemain, une forte fièvre se déclare et emporte la toute petite fille. Le père travaille dans une maison d'édition spécialisée dans les encyclopédies illustrées. La mère, douloureusement affectée par cette disparition, décide de tout quitter et d'emmener ses trois autres enfants dans une propriété familiale, cernée de hauts murs. Là, elle leur offre une nouvelle forme d'éducation, à l'abri des regards. Elle leur intime l'ordre de ne pas franchir les murs, le chien maléfique pouvant revenir à tout moment. Pour accompagner leur mutation, elle leur donne de nouveaux prénoms inspirés de l'univers minéral, Opale, Ambre et Agate. Elle trouve un travail auprès des thermes du village. Pendant son absence, les enfants se cultivent au gré de leurs découvertes dans les encyclopédies de leur père et de leur exploration du vaste jardin qui leur est offert jusqu'au jour où un homme sonne à la porte, Joe, marchand ambulant. Là commence, pour eux, une toute nouvelle existence.

Derrière cet enfermement, d’aucuns pourraient y voir un emprisonnement, une privation de la liberté de mouvement, une séquestration, la double peine en quelque sorte, j’y ai personnellement vu une immense preuve d’amour, comme un baume offert par cette mère à ses enfants pour panser leurs plaies. Il y a une question de survie dans l’urgence à agir, proposer une alternative à la vie d’avant empreinte de cette tragédie, et une perspective de résilience aussi.

Et puis, en dehors du fait de devoir se conformer à l’interdiction de sortir, les enfants baignent dans un bonheur préservé du mal de nôtres société. Ils apprennent par eux-mêmes, font des expériences, se confrontent avec la nature. J’ai été particulièrement sensible aux liens qui unissent cette fratrie, la solidarité mise en place et leur force pour surmonter l’indicible. 

Et puis, avec Yôko OGAWA, nous sombrons dans la féerie. Que ça soit avec la danse par exemple, la passion d’Opale, une discipline artistique qui prend, sous la plume de l’écrivaine, ses plus beaux costumes. Les descriptions sont tout en délicatesse, raffinement et sensualité.

Une nouvelle fois, ce roman de Yôko OGAWA est un petit bijou de la littérature, tout comme Amours en margeLa marche de MinaCristallisation secrète... et beaucoup d'autres m'attendent encore ! 

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2020-12-16T21:16:15+01:00

Otages intimes de Jeanne BENAMEUR

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Otages intimes de Jeanne BENAMEUR

Pour le 16ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose un coup de coeur publié chez Actes Sud, désormais disponible dans la collection Babel : "Otages intimes" de Jeanne BENAMEUR.

De cette autrice, j'ai lu beaucoup de roman : "ça t'apprendra à vivre", "La boutique jaune", "Laver les ombres", "Les insurrections singulières", "Profanes" et plus récemment "Ceux qui partent". 

Je vous dis quelques mots de l'histoire de celui-là :

Etienne, photographe de guerre, est sur le chemin du retour. Il a été séquestré quelques mois. Alors que ses yeux restaient fixés sur une scène de la vie quotidienne, une femme transportant de l'eau avec ses enfants, il est arraché à sa rêverie par des ravisseurs qui l'emprisonnent et font de lui une monnaie d'échange. Le jour où il parcourt plus de pas que ceux nécessaires quotidiennement pour rejoindre des toilettes de fortune, il perd tous ses repères. Que va-t-il lui arriver ? C'est en réalité la liberté qui s'annonce. Saura-t-il de nouveau l'apprivoiser ?

Ce roman, je l'ai lu il y a 5 ans maintenant mais je vois encore, rien qu'à l'évoquer, les scènes imaginées. Il faut dire que Jeanne BENAMEUR a une écriture presque cinématographique et dans ce roman, en particulier, le décor, l'atmosphère, l'environnement, sont définis avec une infinie précision.

Dans ce très beau roman où chaque mot a son importance, le lecteur accompagne Etienne dans sa reconstruction. Si Jeanne BENAMEUR n'est sûre de rien et pose de nombreuses questions, ce qu'elle sait toutefois c'est que chaque mot jouera un rôle essentiel.

J'ai été bouleversée par les retrouvailles de la mère avec son fils, une relation extraordinaire dans ce qu'elle a de plus charnel. Elle y est parfaitement décrite, tout comme cette angoisse que vivent en permanence les mères devant les prises de risque de leur progéniture.

Et puis, comme dans chaque roman je crois, une discipline artistique y est explorée. Là, il s'agit du registre de la photographie et plus spécifiquement le reportage de guerre. Il y a aussi la musique, mais là, je ne vous en dirais pas plus.

Ce roman est une pépite, vraiment !

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2020-12-16T07:53:21+01:00

La belle lumière de Angélique VILLENEUVE

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La belle lumière de Angélique VILLENEUVE

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, place au "Livre le plus poétique". J'ai choisi "La belle lumière" de Angélique VILLENEUVE aux Editions le Passage, un roman déjà largement cité par d'autres blogueurs ces derniers jours.

Kate a épousé un homme, Arthur, à la tête d’un journal, âgé de 20 ans de plus qu’elle. L’enfant naît 2 ans après leur mariage. Tout se passe « normalement » (si normalité il y a), jusqu’à ses 19 mois. Là, elle est prise de fortes fièvres. Sa mort est annoncée. Le bébé survit pourtant mais avec des séquelles profondes. Si les apprentissages de la vie quotidienne de l’enfant sont difficiles, il est un champ dans lequel Helen évolue en s’affranchissant de toute forme de handicap, c’est celui des fleurs, des roses très précisément. A sa naissance, un premier rosier, « Pâquerette », créé par une roseraie lyonnaise, avait été offert à Kate, celui-là ne supportera pas les différences de températures entre la France et les Etats-Unis mais il sera le point de départ d’une collection tout à fait exceptionnelle au sein de laquelle Helen « s’épanouira comme une fleur » ! Mère et fille évoluent dans une famille élargie. Il y a la soeur d’Arthur, il y a deux fils d’un premier mariage, il y a une nièce orpheline et, pour les servir, des hommes et des femmes, noirs. Virginia s’occupe de la maison, Yates du jardin, Hilliott des chevaux. C’est dans cet environnement interculturel que Kate va mener son plus grand combat, celui de l’éducation de sa fille par la voie d’un apprentissage « adapté », mais là commence une toute nouvelle histoire.

Après une première scène tout à fait saisissante, je suis tombée en admiration devant le regard posé par Kate KELLER sur sa fille. Il y a un amour incommensurable, de ceux qui, dans une vie « normale » passeraient pour communs, mais qui, là, face aux difficultés quotidiennes rencontrées, sont la révélation d’une force redoutable.

Kate KELLER est animée d’une grande lucidité sur l’état de santé de sa fille et revendique ses potentiels développements. Il y a des passages juste fabuleux de l’enfant évoluant au milieu des rosiers... 

Angélique VILLENEUVE sait aussi exprimer avec beaucoup de gravité la solitude endurée par cette femme face au regard des autres posé sur sa fille. Elle décrit avec force et violence les doutes qui l’assaillent, le déchirement qui la torture. Bon gré, mal gré, Kate KELLER va poursuivre sa lutte contre tous jusqu’à la voie, tout à fait « miraculeuse », de la langue des signes, manuelle, pratiquée à l’Institution Perkins. 

De cette lecture, je sors « illuminée » par la beauté des mots, et c'est loin d'être un vain mot ! La plume de l'écrivaine est d'une formidable poésie, je vous laisse savourer...


Les mots carrés de sa fille flottent en tout sens sous ses yeux, ils sont des insectes magiques qui tournoient sur l'eau. P. 226

Des phrases comme celle-là, j'aurais pu en citer de nombreuses.

Enfin, c'est avec ce roman que j'ai lancé la diffusion de mes chroniques en version audio sous-titrée, l'occasion de l'écouter.

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2020-12-15T18:01:34+01:00

La beauté des jours de Claudie GALLAY

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La beauté des jours de Claudie GALLAY

 

Pour le 15ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose un coup de coeur publié chez Actes Sud, désormais disponible dans la collection Babel : "La beauté des jours" de Claudie GALLAY.

Jeanne et Rémy s’aiment profondément. Ils sont mariés depuis une vingtaine d'années, ils ont deux filles, jumelles, étudiantes, Chloé et Elsa. Leur vie est on ne peut plus rangée. Elle travaille à la Poste, lui chez Auchan, leur vie est réglée comme du papier à musique.  Mais si Rémy peut se contenter d'entretenir le jardin, réaliser des travaux dans la maison et entraîner les jeunes du village au football, Jeanne, elle, court après quelque chose qui vienne pimenter son existence, lui donner un peu de fantaisie et lui procurer des surprises. Le temps du déjeuner, elle se laisse porter, parfois, par les pas d'un homme, d'une femme, qui la guident dans la cité, quelques instants. Elle imagine leur vie, se plait à écrire une page de leur destin, jusqu'au jour où le soi-disant inconnu se retourne et l'appelle par son prénom. Là commence une toute nouvelle histoire !

Le personnage de Jeanne est absolument fascinant.

Elle est joyeuse, d’un naturel optimiste et jouit de cette capacité à s’émerveiller de la beauté. Elle la trouve dans les gens, son mari, ses filles, Suzanne sa meilleure amie, ses parents, sa grand-mère... c’est une femme attentionnée aux autres. Fine observatrice, à son guichet, à La Poste, elle regarde les mains de ses clients et s’essaye à deviner leur visage. Au passage du train de 18h01, elle suit celui des voyageurs et leur invente une histoire. Comme le dit Suzanne, Jeanne est une grande sentimentale, rien d’étonnant donc à ce que, dans ce roman familial, elle soit celle qui décrypte les faits et gestes de tel ou tel, cherche à dévoiler le passé et l’interpréter. J’ai adoré sa gentillesse avec la petite Zoé, la fille de sa soeur, sa filleule aussi, la plus jeune d’une fratrie de trois filles, une enfant différente qui, à la ferme, dans un milieu de labeur et de taiseux, peine à trouver sa place.

Mais Jeanne, c'est beaucoup plus que ça. Elle voue, depuis son adolescence, une passion à Marina ABRAMOVIC. Un jour qu'elle rentre du jardin, elle découvre dans le couloir un cadre tombé au sol, la vitre est brisée, les coquillages qui le décoraient se sont décollés, la photo qu'elle retrouve sous le canapé représente l'artiste serbe. Alors qu’elle faisait partie du décor familial de longue date, elle va bientôt resurgir dans la vie de Jeanne. Claudie GALLAY va ainsi creuser le sillon de Marina ABRAMOVIC pour ponctuer l’itinéraire du personnage principal de son roman par des recherches,  des découvertes... et ainsi mener Jeanne subtilement sur la voie d’une quête intérieure.

Marina ABRAMOVIC est une artiste contemporaine qui a puisé son inspiration dans ses peurs personnelles. Elle s’est singularisée avec des performances physiques et mentales. Elle s’est inscrite dans le mouvement de l’art corporel et a fait, de son propre corps, un champ d’expérimentation. Personnellement je ne la connaissais pas mais grâce aux ponctuations données avec ses citations régulièrement recopiées par Jeanne dans son carnet qui fait office de journal intime, je me suis familiarisée avec l’univers de cette artiste. Sous la plume de Claudie GALLAY, le portrait brossé de l’artiste prend une dimension tout à fait particulière. Elle enrichit ainsi les soirées de Jeanne passées sur l’ordinateur avec toutes ces citations minutieusement recopiées dans son carnet qui fait office de journal intime et rend un très bel hommage à une femme qui n’a pas hésité à mettre sa vie en danger pour réaliser ses projets artistiques. J’ai été personnellement très touchée par la puissance libératrice de l'art qui permet, tant à celui qui crée, qu'à celui qui admire, de s'émanciper, repousser les limites et ouvrir le champ des possibles.

La beauté artistique, Claudie GALLAY en fait un leitmotiv. Elle va ainsi offrir à Jeanne la contemplation de peintures d’une chapelle en cours de rénovation. Les descriptions de Claudie GALLAY en font un art à part entière.

C'est un roman audacieux, très réussi. Bravo !

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2020-12-15T17:23:01+01:00

Sankhara de Frédérique DEGHELT

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Sankhara de Frédérique DEGHELT
 
Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, place au "Livre qui a vaincu le confinement", "Sankhara", le tout dernier roman de Frédérique DEGHELT.
 
Si vous pensez qu'accompagner Hélène dans sa quête de solitude était le mauvais choix de ce printemps 2020, je vous dirai qu'il n'en fut rien, voire même "Sankhara" m'a ouvert en grand les portes et les fenêtres d'un autre monde.
 
« Sankhara », c’est l’histoire d’un couple qui se déchire à coup d’incompréhension, de confusion, l’amour aurait-il déserté ? C’est la question que se pose assurément Hélène qui, un jour de septembre 2001, part... pour 10 jours de méditation. Elle laisse homme et enfants, leurs jumeaux sont en grande section de maternelle, ils s’apprêtent à faire leur rentrée scolaire. Ses enfants, elle leur laisse une lettre pour expliquer qu’elle reviendra et qu’ils recevront, chaque jour, un nouveau courrier d’elle. Sébastien, lui aussi, se pose des questions sur son couple, son avenir avec Hélène. Mais, lui, journaliste, va subir ce départ d’Hélène. À son attention, sa femme ne laissera aucun mot. Chacun, terriblement déstabilisé par la nouveauté des événements mais aussi profondément conditionné par son environnement social, familial, urbain, professionnel, géopolitique... du moment va puiser dans ce qu’il a de plus intime pour analyser la situation et l’affronter... ou pas !
 
Frédérique DEGHELT, dans une plume d'une profonde sensibilité, nous fait découvrir le champ de la méditation. Si aujourd’hui, le terme est régulièrement utilisé, au risque qu'il en perde tout son sens, l'écrivaine nous fait toucher du doigt l’un des principes fondamentaux, le recentrage sur soi, et plus encore sur son corps. Ce roman c'est un hymne au silence. J’ai savouré les moments d’apprentissage d’Hélène, son évolution dans son rapport au bien-être et à sa perception de la douleur.
 
Je vous en propose les premières lignes...

« C’est la première fois qu’elle part sur un coup de tête. Comme si elle quittait tout. Mais en réalité, elle explore les emboîtements du hasard suite au miracle d’une liste d’attente soudain résorbée. Elle ignore si elle doit y voir un signe magique, elle aimerait le penser. Maintenant qu’elle est dans le train, elle a peur. Elle ne sait pas ce qui l’attend. Elle se sent suspendue au résumé lapidaire et salvateur de son copain transfiguré : Tu verras, c’est la fin des souffrances. »

Frédérique DEGHELT donne du rythme au propos avec une répartition méticuleuse des chapitres entre les deux époux, égrenés au fil du séjour d'Hélène. C'est dans le laps de temps des 10 jours que tout va se jouer, ou presque.
 
Chaque chapitre est introduit par une citation tantôt d'Albert CAMUS, tantôt de Mahatma GANDHI, tout un programme que je vous invite à MÉDITER sans modération !
 

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2020-12-14T08:06:19+01:00

Encore vivant de Pierre SOUCHON

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Encore vivant de Pierre SOUCHON

Pour le 14ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose un roman fort en émotions, "Encore vivant" de Pierre SOUCHON, publié aux Editions La brune au Rouergue et plus récemment chez Babel.

Avec le confinement, il m’a fait de l’œil, un peu plus que de raison.
 
La raison, parlons-en de la raison. Chichi, lui, l’a perdue. Le voilà en HP, hôpital psychiatrique. Il avait tout pour être heureux comme le disent souvent les gens. Il venait de se marier en grandes pompes dans ses Cévennes qu’il aime plus que de raison. Mais dans les jours qui ont suivi la cérémonie avec plus de 300 invités, il a tout quitté. Il est parti. À son réveil, il découvre qu’il est de nouveau (mal)traité par le corps médical. Il a la haine de tout, de tous. Il est en guerre !
 
Dans une narration à la 1ere personne du singulier, Chichi crache son venin sur l’univers psychiatrique qui le met K.O. pour le soigner.
 
L’écrivain est un primo-romancier. Il est journaliste et habitué à écrire mais là, l’exercice était périlleux. D’abord, il s’agit de sa propre vie, nous sommes dans l'autofiction. Mais aussi, parce que le sujet est grave et les êtres torturés. Le défi est relevé avec brio, chapeau.
 
Une nouvelle fois, ma chère Amandine, tu avais raison.
 
C’est, pour moi, une lecture coup de poing, de celles que l’on n’oublie pas pour tous un tas de... RAISON(s) !
 

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2020-12-13T07:00:00+01:00

Ce qu'il faut de nuit de Laurent PETITMANGIN

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Ce qu'il faut de nuit de Laurent PETITMANGIN

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, place à "Un prix littéraire lu cette année". J'ai choisi "Ce qu'il faut de nuit" de Laurent PETITMANGIN chez La Manufacture des Livres.

Ce premier roman est lauréat des 

Prix Stanislas 2020

Prix Femina des Lycéens 2020

c'est une lecture coup de poing, j'en suis sortie K.O. !

Fus est un jeune garçon passionné de football et reconnu pour ses qualités sportives dans le club du village. Son père l'accompagne aux matches le dimanche matin. C'est le rendez-vous, un lieu de rencontre des copains, comme un rituel qui tient toute sa place dans une journée de collégien qui se poursuit avec la visite de la moman à l'hôpital. Elle est malade d'un cancer. Trois années durant, Fus et son père seront au chevet d'une femme battue par la maladie. Quand elle s'éteint, Fus s'occupe de son jeune frère, Gillou, pendant que leur père travaille de nuit à la SNCF. Le premier été suivant la mort de la moman, les trois garçons partent en vacances en camping. Il n'y aura qu'une année tous ensemble. Fus grandit, il a de nouveaux copains, d'autres plans. Et puis rapidement, c'est l'engrenage, la distance prise avec Jérémy, son pote d’enfance,  un retour à la maison avec un bandana affichant une croix celtique, et puis, l’impossibilité à communiquer d'homme à homme, et puis, l’extrême, l’irréparable... 

Laurent PETITMANGIN, à défaut de comprendre, tente d'expliquer, par l'exemple, la montée du populisme, l'adhésion à une idéologie de haine, l'expression par les poings.

A la naissance, tous les bébés se ressemblent, leurs destins seront pourtant fondamentalement différents. C'est aussi la paternité qui est explorée dans une famille monoparentale, la jeunesse d'un enfant bafouée, le deuil, l'adolescence, cette période de toutes les prises de risques, de vulnérabilité aussi.

Aussi petit soit-il, ce roman a tout d'un grand !

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