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2021-02-08T07:00:00+01:00

Impact de Jean-Luc MANIOULOUX

Publié par Tlivres
Copyright © JEAN-LUC MANIOULOUX 2018 - Tous droits réservés

Copyright © JEAN-LUC MANIOULOUX 2018 - Tous droits réservés

C'est la semaine du rouge, toutes les vitrines s'en parent dans la perspective de la Saint-Valentin mais l'une d'entre elles a retenu tout particulièrement mon attention, celle de la Galerie In Arte Veritas de la rue des Lices à Angers.

Vous vous souvenez peut-être des tableaux de Virut découverts ici, de l'exposition de Botero Pop aussi.

Là, en première place dans la vitrine, trône une création dans une boîte en verre, une oeuvre de Jean-Luc MANIOULOUX, un artiste français, c'est l'une des déclinaisons de sa collection "Impact". Je suis restée scotchée.

Composée d'une ampoule rouge dont les éclats sont projetés, elle est aussi organisée autour d'un vol de papillons, des cymothoe sangaris, originaires d'Afrique centrale.

Il y a l'idée d'un choc et d'une explosion mais, grâce à l'inspiration de l'artiste et dans sa main, l'instant et le mouvement sont à jamais figés.

N'est-ce pas lui, d'ailleurs, qui pose cette question ?


Combien de temps le temps va-t-il suspendre son vol ?

Personnellement, je ne saurais fichtrement pas répondre à la question mais ce que je sais, c'est que je suis restée immobile à observer l'oeuvre d'art, médusée devant son esthétisme. Le temps s'est subitement arrêté !

Et puis, cette création m'a inspirée un lien avec mon #mardiconseil, mais là est une autre histoire. Savourons le moment présent, nous sommes lundi et la vie est belle !

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2021-02-07T19:04:36+01:00

Control de Zoe WEES

Publié par Tlivres
Control de Zoe WEES

Ma #chansondudimanche, c'est un titre de Zoe WEES, une auteure compositrice interprète allemande.

"Control" c'est non seulement une mélodie rythmée comme je les aime, c'est aussi un message. La jeune femme a souffert d'épilepsie dans sa tendre enfance. Elle raconte dans cet album son combat de chaque jour pour garder la maîtrise de son corps.

Et puis, Zoe WEES, c'est une voix !

Allez, musique !

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2021-02-06T07:00:00+01:00

Tant qu’il reste des îles de Martin DUMONT

Publié par Tlivres
Tant qu’il reste des îles de Martin DUMONT
 
Martin DUMONT est l’un des quatre danseurs expérimentés du bal des 68 Premières fois. Après « Le chien de Schrödinger », il nous revient avec un second roman, « Tant qu’il reste des îles », un roman captivant, en lice pour le Prix des libraires.
 
Léni a toujours vécu sur l’île. Il a 30 ans aujourd’hui. Il travaille au chantier naval de Marcel. C’est toute sa vie, avec sa fille Agathe qu’il ne voit qu’un week-end sur deux. Quand l’amour avec Maëlys prenait le large, Léni avec, il semblait plus sage que la petite reste avec sa maman. Mais maintenant elle grandit. Elle lui manque. Alors, quand elle passe le week-end avec lui, il l’emmène en bateau. Mais, comme les châteaux de sable qu’ils construisent ensemble sur la plage, sa vie a lui, vacille. Il y a les difficultés financières du chantier et son avenir qui s’amenuise, il y a les pêcheurs comme son pote, Stéphane, qui souffrent. Il faut sortir de plus en plus en mer pêcher pour réussir à gagner sa vie, conditionnée par le prix du poisson à la criée. Et puis, comme si ça n’était pas suffisant, il y a le monstre, le pont, cette folie. Demain, des hordes de voitures accèderont à leur territoire préservé, leur île, c’est la leur, et pas celle des touristes qui viennent gâcher leur petit coin de paradis. Il y a le ferry. C’est déjà pas mal, non ? Entre deux bières et deux parties de coinche au bar du village, chez Christine, les esprits des hommes s’échauffent, pour le meilleur comme pour le pire.
 
Pour tout vous dire, ce roman, je l’ai lu d’une traite, un dimanche pluvieux, confortablement installée le long de la baie donnant... sur la mer ! Quand je vous dis qu’il n’y a pas de hasard dans la vie, ce livre est arrivé à point nommé !
 
Il m’a captivée de bout en bout.
 
D’abord, il y a le chantier naval, là où on répare les bateaux à coup de fibre de verre, de résine et de colle. Toutes les pièces du bateau sont remises en état, le safran, la coque, la quille, le mât... bref tout ce qui souffre pendant la navigation. Et des bateaux, il y en a de tous les genres, des chalutiers, des vedettes, des trimarans, des voiliers, des vieux gréements, des zodiacs, comme autant d’invitation à naviguer au rythme des marées, affronter les déferlantes et s’émerveiller des lames d’écumes. La mer, c’est d’abord des codes, du vocabulaire. Sous la plume de Martin DUMONT, j’ai adoré me plonger, le temps d’une lecture, dans cet univers.

Et puis, il y a les hommes de la mer, ceux qui lui donnent toute leur vie, même si en retour elle est parfois cruelle. Elle leur en fait voir de toutes les couleurs. Elle les fait se lever tôt, se coucher tard, elle est exigeante avec les corps. Ils travaillent dur pour deux francs six sous, quand le patron daigne bien les payer, ses ouvriers. Et tout ça, pourquoi ? Pour savourer leur liberté de l’aimer, leur île. Ils y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux.


Pour lui, une île c’était un graal, un objectif qu’on ne pouvait atteindre qu’en affrontant la mer. P. 94

Leur île, c’est leur lopin de terre, leur terre à eux, ceux qui sont nés là, qui y vivent toute l’année, ceux qui la chérissent. Ce roman, c’est en fait une histoire d’amour entre des hommes et ce qui constitue leur patrimoine, naturel, familial, social, culturel, historique, ce sont des lieux, des modes de vie, des ambiances festives entre ceux qui partagent le même héritage, transmis de génération en génération. Pour autant, ils ne vivent pas seuls. Ils ont besoin des autres, ne serait-ce que d’un point de vue économique. Alors, quand la modernité s’invite à la table des négociations, c’est toute leur vie qui bascule.Ce ne sont pas des touristes ou des cols blancs qui la changeront leur île, quoique...
 
Aujourd'hui, il y a le monstre. Comme Léni qui construit un bateau avec Karim et Yann, d’autres hommes construisent un pont, leur édifice, leur création, leur fierté. L'auteur lui a donné la primeur. Il a organisé le roman en cinq parties, rythmé par les différentes phases de sa construction : les fondations, les piles, le tablier, les équipements et puis... l’inauguration. S'il est mis en avant, c'est qu'il vient chambouler l'équilibre savamment préservé jusque là mais, la construction d'un pont comme celle d'un bateau, c’est bonnet blanc et blanc bonnet parce que les travailleurs manuels sont ainsi. Des mêmes valeurs les unissent : l'achèvement du travail et la prospérité de l'ouvrage. Ce sont des artisans du quotidien qui, chacun dans leur domaine, revendiquent le droit d’exister. C'est là que le bas blesse !

Enfin, dans la vie d'un homme, il est une autre forme de construction, celle de l'intime, la création d'une famille. Dans ce roman, par le filtre de Léni, c'est une histoire de paternité qui est abordée, une relation déchirante au quotidien qui fait se côtoyer les excès du manque avec, le temps d’un week-end sur deux, les excès de l'euphorie. Entre les deux, Léni se bat, pour rien, pour le tout.


On espère beaucoup de choses de soi, mais la réalité est souvent différente. P. 114

 
J’ai été gagnée par le charme de l’univers littéraire de Martin DUMONT. Sa plume est belle, sensible, empreinte d’humanité. La narration à la première personne du singulier est comme une cerise sur le gâteau. La fin est très réussie. 
 
Alors, vous aussi vous êtes prêt.e.s à vous mettre dans la peau de Léni ? Dépaysement garanti !
 
Parce ce qu'il n'y a pas de bal des 68 Premières fois sans musique, je vous propose "La Marine" de Georges BRASSENS, quelques notes de guitare...

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2021-02-05T07:00:00+01:00

Requiem à huis clos de Ruriko KISHIDA

Publié par Tlivres
Requiem à huis clos de Ruriko KISHIDA
Traduit du japonais par Myriam DARTOIS-AKO
 
Les polars japonais, j’y prends goût avec les Éditions d’Est en Ouest.
 
Après « Whiteout » de Yuichi SHIMPO, nous partons pour Kyoto.
 
Lors d’une exposition dans une galerie d’art, Asami Wakaizumi retrouve Reiko Shingo, 37 ans comme elle, avec qui elle avait fait l’école des Beaux Arts. Reiko est peintre et rencontre un immense succès depuis qu’elle a réalisé un salon parisien. Asami reconnaît que ses œuvres relèvent du génie. Elle est en admiration devant une toile quand son amie, Yuka Shinohara suffoque en regardant "Oyez le requiem", une toile saisissante. Le mari de Yuka est porté disparu depuis 5 ans maintenant. Elle a vu dans la toile un indice qui l’amène à croire que Reiko connaît son mari. L’artiste s’en offusque. Asami réussit à clore l’incident en guidant Yuka vers la sortie. Cette affaire interpelle Asami. Licenciée récemment, elle commence à mener l’enquête quand un homme est retrouvé assassiné dans la résidence secondaire de Yuka, cette maison inhabitée depuis la disparition de son mari. Portes et fenêtres étaient fermées de l’intérieur ce qui laisserait à croire à un suicide mais rapidement, des éléments d’information ouvrent d’autres possibles. Asami se rapproche de la famille de l’artiste. Reiko est divorcée, son fils est mutique. Quant à sa fille, Yukino, à qui Reiko voue une haine effroyable, passe ses journées à manger, son corps déjà obèse risque un jour de ne plus pouvoir supporter cet excès de poids. Asami côtoie aussi Tetsu Ichijô qui était également aux Beaux Arts avec elle et Reiko et qui s’est réorienté, il tient un restaurant italien dans la ville. Au fur et à mesure que Asami découvre des indices, les meurtres s’accumulent. Qui peut bien avoir intérêt à ce que la vérité reste cachée à jamais ?
 
Ce polar est excellent, le premier roman de Ruriko KISHIDA.
 
Hameçonnée avec le comportement de Yuka devant la toile de Reiko, je me suis laissée porter par le suspens, grand bien m’en a pris.
 
J’ai aimé que l’art serve de focaliseur d’attention. Le fait d’explorer une toile dans sa composition pour en découvrir les mystères m’a captivée.
 
Comme Asam, j’ai ressenti une certaine empathie pour ces enfants... différents, incompris de leur mère, maltraités aussi. Les deux sont attachants, chacun dans leur genre.
 
L’intrigue est parfaitement maîtrisée. L’autrice consacrera quelques pages en fin de roman pour détricoter l’ensemble du stratagème, c’est dire si le scénario tenait la route.
 
Je ne vous en dis pas plus, juste que ce second polar japonais vient confirmer ce que je pensais déjà, il y a du talent au pays du soleil levant !

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2021-02-04T07:00:00+01:00

Paroles de Jacques PREVERT

Publié par Tlivres
Paroles de Jacques PREVERT

Nous sommes aujourd'hui le 4 février, c'est l'anniversaire de la naissance de Jacques PREVERT, cet artiste éclectique du XXème siècle.

J'ai profité du cycle de "La Compagnie des Oeuvres" diffusé en ce début d'année sur France Culture pour revisiter sa vie et son oeuvre.

Jacques PREVERT est né en 1900. Il aime profondément sa mère et visite les pauvres avec son père. C'est peut-être de cette expérience que l'artiste, toute sa vie durant, restera attentionné aux petites gens, les gens de la rue, les gens ordinaires. Il les préfère aux intellectuels imbus de leur personne, ceux qui brillent dans les salons. Il fréquente un temps les surréalistes mais s'en sépare quand ils adhèrent au parti communiste. Lui, est homme de liberté. Pour rien au monde, il n'accepte d'être encarté. Et s'il prête sa plume au groupe Octobre, ce théâtre de rue d'agit-prop qui donne de la voie aux opprimés, on se souvient des ouvriers de Citroën en grève en 1933 auquel le poète apportera son soutien, Jacques PREVERT souhaite rester indépendant.

Il n'en est pas moins engagé. Pendant la seconde guerre mondiale, il cache des amis artistes. Il disait lui-même avoir échappé au train de DESNOS alors que tout l'y conduisait.

Les textes de Jacques PREVERT sont diffusés sur des tracts, ils le sont aussi dans des recueils comme "Paroles", ils sont encore interprétés par ses amis, à la guitare d'abord par Henri CROLLA, et puis en chanson par Yves MONTAND, Juliette GRECO ou encore les Frères Jacques.

Jacques PREVERT a une imagination débordante. Son ami Picasso dit de lui : "Tu ne sais pas peindre mais tu es peintre". Il se met au collage et associe des images qui selon lui, n'attendais que d'être assemblées, à l'image de ce métro parisien dans lequel il glisse des personnages de la renaissance comme voyageurs. 

L'artiste avait des amis de longue date, ceux-là mêmes qui portèrent son cercueil en avril 1977 sans recourir aux services funéraires. Jacques PREVERT était anticlérical.

Parmi les nombreux textes que j'aurais pu retenir aujourd'hui, j'ai choisi "Le cancre", je le trouve beau (souvenez-vous, Jacques PREVERT écrivait des contes pour les enfants PAS sages !) :

Il dit non avec la tête

mais il dit oui avec le coeur

il dit oui à ce qu'il aime

il dit non au professeur

il est debout

on le questionne

et tous les problèmes sont posés

soudain le fou rire le prend

et il efface tout

les chiffres et les mots

les dates et les noms

les phrases et les pièges

et malgré les menaces du maître

sous les huées des enfants prodiges

avec des craies de toutes les couleurs

sur le tableau noir du malheur

il dessine le visage du bonheur

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2021-02-04T07:00:00+01:00

Gabriële de Anne et Claire BEREST

Publié par Tlivres
Gabriële de Anne et Claire BEREST

Ma #citationdujeudi est extraite du roman "Gabriële" de Anne et Claire BEREST aux éditions Stock et maintenant disponible chez Le Livre de Poche.

 

Gabriële, née BUFFET, grandit au côté de femmes inspirantes, sa grand-mère, Laure de JUSSIEU, essayiste, sa tante, Alphonsine, peintre, formée avec Berthe MORISOT auprès de Charles CHAPLIN. En 1898, elle tente le concours d’entrée au Conservatoire national de musique de Paris. Elle échoue, mais, acharnée, elle sera la première femme à accéder à la classe composition de La Schola Cantorum. Elle part pour Berlin contre l’accord de ses parents. Là-bas, elle gagne sa vie pour payer ses cours après de Ferruccio BUSONI, auteur du manifeste « Esquisse d’une nouvelle esthétique de la musique », l’homme cultive le terreau déjà bien fertile chez Gabriële, il transmet à ses élèves l’envie de créer. Il dit lui-même « Qui est né pour créer devra préalablement accepter la grande responsabilité de se débarrasser de tout ce qu’il a appris. » Gabriële se délecte des plaisirs qu’offre Berlin, la capitale européenne porteuse de modernité. Elle y poursuit ses études de musique. Lors de l’un de ses séjours en famille, son frère, Jean, peintre, qui a élu domicile à Moret-sur-Loing dans les pas de l’impressionniste Alfred SISLEY, lui présente Francis PICABIA. Là commence une toute nouvelle histoire !

 

Sous la plume des soeurs BEREST, une expérience littéraire audacieuse mais parfaitement réussie, Gabriële devient un personnage de roman dont le lecteur découvre le parcours avec une véritable frénésie. La narration du tourbillon artistique est exaltée. "Gabriële" devient rapidement un page-turner, une épopée à vous couper le souffle, une biographie époustouflante.

 

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2021-02-03T10:15:29+01:00

Ces orages-là de Sandrine COLLETTE pour le challenge de lecture 2021 de Collibris

Publié par Tlivres
Ces orages-là de Sandrine COLLETTE pour le challenge de lecture 2021 de Collibris

Nouvelle année, nouvelle aventure littéraire !

Je suis allée vagabonder sur le site de Collibris, ce réseau social littéraire animé par des passionné(e)s de lecture, et j'ai découvert le lancement du

Challenge de lecture 2021

avec ses 15 catégories :

1. Un livre dont la couverture vous a attiré (sans forcément lire le résumé)

2. Un livre écrit par un écrivain dont le prénom commence par un A 

3. Une réécriture (de conte, de mythe, de classique…) 

4. Un roman d’humour 

5. Un ouvrage cité dans une de nos vidéos YouTube 

6. Un livre dont il est question de la nature 

7. Un roman dont l’histoire aborde un métier (libraire, écrivain, boulanger, chargée de communication…)

8. Un genre que vous n’avez pas l’habitude de lire 

9. Un livre publié pour la première fois l’année de votre naissance 

10. Le premier tome d’une saga / série

11. Un livre choisi pour vous par l’un de vos proches

12. Un roman avec un phare sur la couverture

13. Le prochain livre que vous voyez passer sur Instagram 

14. Le dernier coup de cœur de l’un de vos amis lecteurs 

15. Un roman dont le titre comporte un point d’exclamation ! 

 

bien m'en a pris !

Pour ma première contribution, j'ai choisi de revenir sur Ces orages-là de Sandrine COLLETTE, un tout nouveau roman sorti en librairie le 6 janvier 2021.

Je dois bien l'avouer, il aurait pu entrer dans tout un tas de catégories mais "choisir c'est renoncer", j'ai donc décidé de le retenir pour l'une de ses originalités, celle d'évoquer un métier, habituellement décliné au masculin et qui là, avec Clémence prend une toute nouvelle dimension.

Vous l'aurez compris, je vais donc le classer dans la catégorie 

7. Un roman dont l'histoire aborde un métier

Si dans les petites boulangeries artisanales et familiales, la boulangère est généralement l'épouse du boulanger et se trouve en magasin pour vendre les produits tout juste sortis du four, embaumant l'espace de parfums qui, instantanément, ont ce pouvoir de faire ressurgir nos souvenirs d'enfance, Sandrine COLLETTE choisit une nouvelle voie, celle de faire porter à Clémence le tablier blanc de celui qui fait le pain.

Avec Flo, un jeune homme qui s'aventure à apprivoiser sa toute nouvelle collègue dans ce qu'elle évoque pour lui de mystérieux et de douloureux, la boulangerie représente un nid douillet où Clémence peut se lover, mettre à distance le dehors, se mettre à l'abri du prédateur qui rode et continue d'envahir ses journées, comme ses nuits.

Quand Clémence travaille au pétrissage de la fournée du jour, elle oublie tout. L'arrière boutique de la boulangerie devient pour elle un lieu clos dans lequel elle peut faire son métier, faire valoir ses compétences, être reconnue pour ce qu'elle fabrique. Son travail a le don de mettre les sens en éveil (les pains sont beaux à regarder, ils sentent bon, ils croustillent...), mais ce métier est aussi exigeant pour ses horaires, ne nous berçons pas d'illusions. Clémence enfourche son vélo à 4 heures du matin, qu'il pleuve, qu'il vente... pour aller travailler chaque jour de la semaine, ou presque.

Avec ce nouveau roman, écrit on ne peut plus rapidement (vous vous souvenez de la sortie de son dernier livre « Et toujours les Forêts » en janvier 2020), Sandrine COLLETTE s'est saisie d'un commerce classé essentiel dans la période de crise sanitaire que nous connaissons depuis presque un maintenant pour en explorer tous les recoins et le mettre en lumière.

Avec Sandrine COLLETTE, la boulangère montre un nouveau visage, qu'on se le dise Mesdames ! Qui sait, peut-être que Ces orages-là susciteront des vocations professionnelles... 

Chez Adele_s_en_mele, vous trouverez :

1. Un livre dont la couverture vous a attiré :

Aria de Nazanine HOZAR aux éditions Stock

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2021-02-03T07:00:00+01:00

Le Premier Homme du monde de Raphaël ALIX

Publié par Tlivres
Le Premier Homme du monde de Raphaël ALIX

Les Avrils

Ce premier roman aura été une sacrée aventure pour son auteur, Raphaël ALIX, et ses éditrices, Lola NICOLLE et Sandrine THEVENET. Rien que pour ça, on peut lui faire la ola, non ? Sachant que j'ai tout un tas d'autres bonnes raisons dans ma besace pour lui faire une ovation...

Rose et Marcus dansent chaque soir en bord de Seine. Depuis 5 ans, ils se délectent sur les notes langoureuses et fougueuses du tango, cette danse venue d’Amérique du Sud, cette danse à quatre temps de Buenos Aires. Tout se passe formidablement bien entre eux, ils s’aiment, jusqu’au jour où Rose propose à Marcus d’avoir un enfant. Rose et Marcus s’adonnent, en plus de la danse, aux ébats amoureux pour concevoir l’enfant. Malheureusement, tout ne se passe pas comme ils l’avaient prévu, au point que Marcus se retrouve à héberger l’embryon du couple. Là commence pour eux une toute nouvelle histoire. 

Marcus n’est autre que le narrateur de ce roman, un brin loufoque, parfois burlesque, d’une fraîcheur et d’une modernité sans égal. C’est donc par le filtre de son regard que, le temps d’une lecture, nous allons nous plonger dans le corps, et les neurones, de ce garçon que la virilité ne va pas manquer d’être ébranlée.

Ne vous méprenez pas, ce n’est pas parce que le scénario prête à rire qu’il ne porte pas sur des sujets graves.

Comme Marcus,


J’avais le souci du détail. J’étais perfectionniste. P. 137

Raphaël ALIX ne va rien laisser au hasard dans ce roman foisonnant, à commencer par le tango, une danse qui, au tout début du XXème siècle, a puisé sa force et son énergie dans la mixité des danseurs. C’est à cette époque que les danses de Blancs et de Noirs se mélangent, elles s’inspirent les unes des autres, s’imitent, se singent, le métissage est à l’oeuvre pour donner ce que nous connaissons aujourd’hui, une danse aux mille et une tonalités, largement pratiquée dans les salles de bal du monde entier.

Pourquoi le XXIème siècle ne serait-il pas, lui, celui de la pamernité ?

L’auteur consacre son tout premier roman à la question de la procréation largement médiatisée en France ces dernières années et qui ne laisse pas indifférent, dans la réalité comme dans la fiction. Raphaël ALIX va confronter avec espièglerie son personnage principal aux normes de notre société. Il y a des moments absolument truculents qui vous feront peut-être pleurer, de rire, à moins que ça ne soit de chagrin sur ce que nous sommes, des êtres obtus.

Aujourd’hui, ne serait-ce que le vocabulaire, rien n’est prévu dans la langue française pour conjuguer la grossesse au masculin. Si le terme « paternité » est aujourd’hui largement prononcé, il l’est en référence au congé accordé au père depuis 2002 dans le code du travail. Raphaël ALIX s’exerce, lui, à prononcer le mot enceint pour qualifier l’état de Marcus, et il a bien raison.

D’un point de vue biologique, il ne vous a pas échappé que l’homme se différentie de l’hippocampe, le seul poisson et mâle du genre animal à assurer naturellement la gestation. Pour autant, certains hommes peuvent porter un enfant. Etre enceint est donc possible, c’est le cas de certains transgenres. Evoquer cette hypothèse dans un roman permet, a minima, de porter au grand nu des pratiques qui à défaut, risquent d’être réalisées sous le manteau et vécues dans le plus grand anonymat.

Du point de l’éthique, toutefois, il n’y a qu’un pas que les scientifiques ne sont pas prêts de s’aventurer à franchir, il en va notamment de la vie du père, mais pas que. Le simple fait d’être enceint vient rebattre les cartes de notre société et fragiliser ses fondations en revisitant la question du genre.


Chacun se plie à son rôle, chacun se voit réduit, cloué à son genre. Voici le canevas, débrouillez-vous comme vous voudrez : un homme, ça se conjugue au verbe avoir [...]. Une femme, ça se conjugue au verbe être, une femme c’est joli, c’est soigné, affectueux, sensible, salope. Et enceinte. P. 101

Si Raphaël ALIX initie un souffle d’autodérision dans son roman avec le personnage de Marcus, obligé de se grimer en femme, de se travestir pour sortir de chez lui et espérer une vie normale, il n’est, en réalité, plus simplement question pour un garçon de jouer à la dinette et/ou de pouvoir porter du rose, une robe, et tous autres artifices habituellement dédiés aux filles. Non, il s’agit de donner la vie.


Je vacillais. Je ne savais plus qui j’étais, ni où me situer. L’avais-je déjà véritablement su ? Qui peut répondre à ça : qu’est-ce qu’être un homme ? Et une femme ? Derrière la mise en scène, les rôles que chacun s’efforce d’incarner, personne ne le sait, surtout pas ceux qui aboient la réponse à la face du monde... [...]. P. 131/132

Plus que le genre, c’est finalement une question d’identité à laquelle il s’agit de répondre. Vous voilà plongés, bon gré mal gré, dans un bain philosophique dans lequel il ne vous reste plus qu’à nager !

J’avoue que Lola NICOLLE et Sandrine THEVENET sont particulièrement audacieuses en déroulant le tapis rouge de leur première sélection littéraire pour le roman de Raphaël ALIX. Ces femmes osent, par la voie de la littérature, espérer :


Décoloniser les esprits, et les rendre plus libres. P. 168

Modeste intention, n’est-ce pas !

« Le Premier Homme du monde », c’est un roman revigorant, bourré de fantaisie, fin et intelligent, de ceux qui vont semer dans votre esprit de petites graines et creuser un sillon. Tiens, tiens, je crois bien avoir déjà lu ça quelque part. Et si c’était la ligne éditoriale de la collection « Les Avrils »...

Alors, on la fait cette ola ?

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2021-02-02T07:00:00+01:00

Rescapée du goulag chinois de Gulbahar HAITIWAJI et Rozenn MORGAT

Publié par Tlivres
Rescapée du goulag chinois de Gulbahar HAITIWAJI et Rozenn MORGAT
 
Je l’ai entendue à la radio, le 11 janvier dernier, sur France Inter, au micro de Léa SALAMÉ, dans le 7 - 9, j’ai été captivée par son récit, celui de son emprisonnement.
 
Gulbahar HAITIWAJI a une cinquantaine d’année. Elle est née au Xinjiang, un territoire qui fait trois fois la France, sous régime chinois. Elle est mariée avec Kerim HAITIWAJI. Elle est mère de deux filles. Mari et femme travaillent pour la Compagnie du pétrole et puis un jour, en 2002, Kerim décide de quitter le pays. Il ne supporte plus les humiliations. Il part seul à destination de Paris. Il y découvre la misère des exilés, la vie des sans papier, les petits boulots, et puis un jour, il obtient le statut de réfugié. Gulbahar et ses filles quittent le pays à leur tour. Nous sommes en 2006. Ils habitent dans un appartement de Boulogne. Lui est taxi chez Über, elle travaille dans une cantine. Un jour, en 2016, elle reçoit un appel téléphonique. Elle doit retourner au Xinjiang pour régler des démarches administratives en lien avec sa retraite. Méfiante, elle redoute d’y retourner. Kerim la rassure, elle fera l’aller-retour, elle en profitera pour voir sa mère, ses soeurs. Quand elle met les pieds sur le tarmac, c’est un tout autre scénario qui se joue. Elle est conduite au commissariat, interrogée, emprisonnée.
 
Je ne lis pas régulièrement des récits de vie et pourtant. Celui de Gulbahar HAITIWAJI coécrit avec Rozenn MORGAm’a fait prendre conscience d’une situation tout à fait effroyable. Le régime chinois procède au vu et au su des autorités internationales au génocide des Ouïghours. Pourquoi ? Ils sont d’origine turque, musulmans, et le régime chinois a décidé de lutter contre l’islam radical et le séparatisme... à sa manière !


En Chine, vous ne pouvez pas vivre là où vous voulez. P. 99

Ce récit, c’est celui d’une femme, et comme on le sait tous, les femmes sont, dans les conflits, les premières armes de guerre. Les chinois ne bombardent pas les terres du Xinjiang dont le sous-sol représente une grande richesse, non, leur combat est beaucoup plus pernicieux. Ils s’attaquent à celles qui assurent le renouvellement des populations et l’avenir des peuples. Alors, quoi de mieux que leur mentir avec un soi-disant vaccin contre la grippe pour les stériliser quand elles sont dans les geôles chinoises. Gulbahar a bien essayé de résister mais ce n’était que peine perdue. A l’extérieur, de très jeunes femmes sont mariées de force à des Hans, l’autre ethnie du Xinjiang, d’origine asiatique.
 
Contre le néon blafard, rien à faire non plus. Première arme de torture, la lumière permanente dans une cellule fermée entre quatre murs empêche les femmes regroupées par trentaine de dormir et de vivre au rythme du jour et de la nuit. Elles perdent la notion du temps et le sommeil. Elles sont soumises à la vidéosurveillance permanente. Impossible pour elles de se parler, d’échanger autre chose que ce que leur impose le régime.
 
Ces âmes sont à rééduquer bien sûr, elles doivent être remises dans le droit chemin, et c’est le régime chinois qui s’en charge, lui qui se targue d’assurer leur protection contre les mauvais esprits.


Dans sa grande clémence, le parti nous offre une chance de racheter nos péchés par la rééducation. Nous lui devons bien ça. P. 103

Alors, avec une recette largement expérimentée à l’époque de Mao TSÉ-TOUNG, les autorités leur assènent à longueur de temps l’hymne national, les valeurs chinoises, du mandarin...


Ça a été mon premier acte de résistance. Tout apprendre par cœur. Ne pas leur laisser le loisir ou le plaisir de m’humilier en me punissant. P. 60

Dans les prisons, comme les écoles de redressement, les femmes sont privées de liberté, soumises à d’interminables interrogatoires, dépendantes de l’humeur des gardiens. Gulbahar va être transférée indéfiniment entre les sites, tondue, humiliée, giflée. Mais, finalement, que lui reproche-t-il, le régime chinois ? Une simple photo de sa fille lors d’une manifestation d’une association de Ouïghours sur les Champs Élysées avec, dans sa main, le drapeau Turkestan oriental. Elle est emprisonnée pour « troubles à l’ordre public en réunion ».
 
Si le titre dévoile l’issue, il n’en demeure pas moins que le récit est rythmé et saisissant. Je me suis retrouvée happée par l’autobiographie de cette femme, de cette page de sa vie absolument ahurissante, inimaginable pour un occidental qui jouit des droits de l’Homme reconnus par l’Organisation dés Nations Unies, celle-là même qui a condamné en 2018 les camps de redressement des Ouïghours du Xinjiang.
 
Je suis sortie indignée par le destin des Ouïghours. Nous ne naissons pas tous égaux, c’est certain.
 
Avec « Rivage de la colère » de Caroline LAURENT, plus jamais je n’oublierais les Chagossiens. Avec Gulbahar HAITIWAJI, plus jamais je n’oublierais les Ouïghours.
 
J’aime quand la littérature révèle au monde les droits bafoués, quand elle dénonce les injustices perpétrées, quand elle assure la mémoire des humains torturés. Là, c’est de l’histoire contemporaine, de celle qui se conjugue au présent. Aucune information ponctuant un journal comme des milliers d’autres actualités ne saurait remplacer un livre qu’une dizaine d’heures permettra  d’explorer. L’acculturation à un sujet mérite que l’on s’y attarde. L’image ne saurait ajouter de plus profond effroi aux mots couchés sur le papier. La littérature se suffit à elle-même, c’est là toute sa force dans laquelle j’aime aller puiser.
 
Je voue un très grand respect à Gulbahar HAITIWAJI, et toutes ces anonymes qui font preuve d’un immense courage et d’une force de caractère insoupçonnée pour RÉSISTER !
 
Ce livre est à diffuser sans modération pour que la communauté internationale s’empare du sujet et qu’un jour justice soit faite aux Ouïghours, que leur langue, leurs traditions, leur culture... puissent être protégées et revendiquées pour leur singularité, que ces hommes et ces femmes puissent accéder aux droits fondamentaux, tout simplement !

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2021-02-01T19:01:51+01:00

Le cadeau de Charles STRATOS

Publié par Tlivres
Le cadeau de Charles STRATOS

J’ai l’habitude de partager quelques souvenirs de créations artistiques découvertes au gré des vacances.

Mais en situation de covid, les musées étant fermés, je me rabats sur les expositions à ciel ouvert pour assouvir ma curiosité.

Et là, jolie surprise le long de la plage de Perros Guirec, des sculptures en inox réalisées par un artiste que je ne connaissais pas encore, Charles STRATOS, du sud de la France.

L’homme s’évertue à magnifier la beauté des sentiments, la tendresse, la générosité, l’amour...

J’ai été séduite par « Le cadeau », une création réalisée en 2012. C’est ma #lundioeuvredart et je vous l’offre, histoire de vous souhaiter une belle semaine !

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