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2020-12-08T07:19:16+01:00

Un monde à portée de main de Maylis DE KERANGAL

Publié par Tlivres
Un monde à portée de main de Maylis DE KERANGAL

Pour le 8ème jour de l'opération "Noël en poche", je reviens sur l'un de mes coups de coeur. J'avais terminé l'année 2018 en beauté avec la lecture du roman de Maylis DE KERANGAL "Un monde à portée de main" publié aux éditions Verticales, et aujourd'hui en poche chez Folio.

Paula, Kate et Jonas ont tous les trois fait l’Institut de peinture de Bruxelles, rue du Métal, en 2007. Ils se retrouvent et se remémorent leur apprentissage de la technique du trompe-l’œil, leur appropriation lente et laborieuse des matériaux, du bois, des marbres, des pierres semi-précieuses, leur sensibilisation aux nuanciers de couleurs... Ils y ont passé 6 mois intenses de formation, ont éprouvé les limites de leur corps. Ils ont eu leur diplôme, ce passeport pour les contrats, les missions, à travers la France, le monde. Une nouvelle vie commence alors !

Avec ce roman d'apprentissage, Maylis de KERANGAL nous initie à la discipline de la peinture de décor, elle nous fait entrer dans l'atelier des artistes, nous apprend à distinguer le pinceau à lavis de celui à laque en poils d'ours d'Alaska, elle nous fait voyager à travers le monde en suivant la route du marbre, il y a le vert de Polcevera, le mischio de San Siro, l'albâtre du Mont Gazo... L'écrivaine a ce talent de nous captiver pour un sujet qu'elle explore jusque dans les tréfonds, elle l'appréhende avec minutie, nous familiarise avec le vocabulaire et les codes, nous dévoile son histoire, son environnement.

Maylis DE KERANGAL explore une question philosophique : quel est le sens de la copie ? Le miroir de la société renvoie à Paula une approche du trompe-l'oeil qui ne serait pas une véritable forme de peinture, un art à part entière, elle s'interroge sur son activité, sa pratique. Le fac-similé de Lascaux est un faux comme le roman est une fiction, mais tous ne guident-ils pas vers une vérité ?

Que les artisans de la peinture de décor se rassurent, quelle plus belle ambassadrice auraient-ils pu rêver que Maylis de KERANGAL pour porter aux nues leurs oeuvres !

La plume de l'écrivaine est juste sensationnelle. Je me suis surprise une nouvelle fois à noter de nombreuses citations. Les phrases sont belles, elles sont longues, précises, soignées, méticuleuses et traduisent la quête perpétuelle de la fidélité, de l'exactitude et de la justesse du propos. Un roman qui sublime la peinture, comme la littérature !

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2020-12-08T07:00:00+01:00

Le poison du doute de Julien MESSEMACKERS

Publié par Tlivres
Le poison du doute de Julien MESSEMACKERS

Éditions Le Passage

Il y a des romans qui s’imposent à vous. A peine découvert dans ma boîte aux lettres, j'ai ouvert "Le poison du doute", ai lu les premières lignes et me suis retrouvée totalement happée.

Il est passé devant tous les autres de ma PAL, pleurant leur instant de gloire... grand bien lui fasse !

Margaux a 42 ans. Elle est mariée avec Philippe Novak, lui en a 52. Ils ont un garçon de 7 ans, Romain. Ils habitent un pavillon et vivent dans un petit paradis naturel, la Baie de Somme. Elle est infirmière et associée avec une autre professionnelle, Virginie, une amie. Si le relevé du courrier est une activité négligée, une enveloppe retient pourtant l’attention de Margaux. Elle vient des services de police. Elle est adressée à Philippe qui y découvre une convocation. Lors de l’entretien avec les fonctionnaires, il subit un interrogatoire un brin insistant, sous l’oeil de Judith Balmain, Capitaine du SRPJ de Versailles, en charge de l’instruction d’une affaire non élucidée de familicide commise il y a 17 ans maintenant. Plus que cet entretien, une perquisition de la maison est rapidement faite. Tous les effets personnels se retrouvent sens dessus, sens dessous. Il ne faudra pas plus d’un article de presse avec les initiales de Monsieur et le métier de Madame pour que le solide édifice familial ne soit mis à mal, mais là commence toute l’histoire.

Ce thriller psychologique est tout à fait redoutable.

Julien MESSEMACKERS ne s’y trompe pas. Avec des personnages qui pourraient être vous, qui pourraient être moi, le lecteur tombe inévitablement dans le piège de l’identification. Derrière les apparences d’une vie familiale réussie, à en croire le portrait rapidement brossé, pourrait bien se cacher le plus noir des hommes, ou pas. Le titre est parfaitement choisi, c’est bien le doute qui vient s’immiscer dans la routine familiale parfaitement huilée. L’article de presse met le feu aux poudres. Il n’en faut pas plus pour que certaines âmes sensibles succombent au charme de la rumeur et ne choisissent leur camp, peu importe le sacro-saint principe de la présomption d’innocence. Ce roman n’est pas sans rappeler « Est-ce ainsi que les hommes jugent ? » de Mathieu MENEGAUX, l’occasion d’un petit clin d’oeil à un auteur dans les startings-block de la parution de son 5ème roman.

Tout au long du livre, le lecteur est suspendu au-dessus du vide, le vide d’une famille sans histoire et le vide d’une affaire judiciaire non éclaircie.

Vous l’avez compris, ce roman est aussi policier. J’avoue que le personnage de Judith Balmain est mijoté aux petits oignons, une femme qui ne lâche rien d’une affaire qui aurait pu être classée depuis longtemps, une femme qui a des convictions et qui a toujours obtenu de sa hiérarchie de poursuivre les investigations, une femme obsédée par chaque détail, une femme, aussi, qui n’hésite pas à jouer avec le feu.

Outre la psychologie des personnages minutieusement ciselée et l’intrigue diaboliquement orchestrée, ce roman choral est aussi remarquable pour sa construction narrative. Tour à tour, Julien MESSEMACKERS donne la parole à chacune des trois femmes autour desquelles tout se joue. Il y a Margaux, il y a Judith, il y a aussi Marianne, l’épouse assassinée avec ses enfants il y a 17 ans maintenant. Le scénario est construit dans l’alternance des temporalités, c’est audacieux et très réussi.

Bref, ce roman est une pépite de cette fin d’année 2020. Ne passez pas à côté !

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2020-12-07T07:00:00+01:00

Un océan, deux mers, trois continents de Wilfried N'SONDE

Publié par Tlivres
Un océan, deux mers, trois continents de Wilfried N'SONDE

Pour le 7ème jour de l'opération "Noël en poche", je reviens sur un très beau roman, lauréat du Prix France Bleu_Page des Libraires 2018, l'occasion d'un petit clin d'oeil à toute l'équipe et Alexandra KOSZELYK, avec qui j'étais jurée.

Il s'agit du roman de Wilfried N'SONDE, "Un océan, deux mers, trois continents", publié initialement chez Actes Sud, et plus récemment dans la collection Babel.

Nsaku Ne Vunda est né vers 1583 au royaume du Kongo. Sa mère est morte en couches, son père foudroyé alors qu'il courait chercher des secours. Orphelin, sa vie n'a tenu qu'à un fil et pourtant, l'enfant a survécu. Considéré à l'époque comme un miraculé, son existence a toujours été auréoléé d'un profond mystère. Devenu grand et attiré par la foi chrétienne, il est ordonné prêtre. Lors de son ordination, il est baptisé Dom Antonio Manuel. Les Bakongos le désignent ambassadeur de leur peuple et porteur d'un message à destination du Saint-Père. Il se retrouve à embarquer sur Le Vent Paraclet commandé par le Capitaine Louis de Mayenne sur ordre d’Henry IV. Alors qu'il se croit à destination de l'Italie, il prend le large en direction du Nouveau Monde. Victime d'une supercherie organisée par le roi Alonso II, il découvre dans les soutes du bateau des dizaines d'esclaves vendus comme des marchandises et faisant l'objet de la plus grande ignominie. Son voyage durera trois ans, trois longues années pendant lesquelles il découvrira la condition humaine dans ce qu'elle a de plus barbare mais ce n'est pas tout, et là commence une autre histoire...

Ce roman historique, sous la plume de Wilfried N'SONDE devient une véritable épopée. Semé d'embûches, le parcours initiatique du jeune Dom Antonio Manuel est mené tambour battant, à un rythme haletant. Sa vie est régulièrement mise en danger. Les pirates sévissent en plein océan, les conditions météorologiques sont instables et les embarcations incertaines.

Le roman dédie aussi de longs passages à l'approche des religions. Entouré de chrétiens, il se voit confronté à des pirates, eux, musulmans, qui, mal inspirés du Coran, proclament une lutte acharnée contre tous les plaisirs.

Avec Dom Antonio Manuel, l'auteur trouve à exprimer la voie de la fidélité, de la loyauté, de la sincérité, lui devient le porteur d'un message de tolérance, de bonté et de charité. 

J'ai adoré voyager aux côtés de Dom Antonio Manuel, c'est un roman très bien écrit, la plume est éminemment romanesque. Quelle aventure !

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2020-12-07T07:00:00+01:00

La lecture par Pascale GAUTRON-DAVY

Publié par Tlivres
La lecture par Pascale GAUTRON-DAVY

Avec Christine et Eliane, nous ouvrons chaque jour une case de notre #calendrierdelavent sur le thème des femmes artistes.

Jour 7 : Pascale GAUTRON-DAVY, La lecture

Cette sculpture mérite un peu plus qu'une simple citation... effectivement, en me promenant rue Bressigny sur Angers, j'ai découvert une création de cette artiste exposée dans une vitrine, je suis tombée sous le charme.

Je n'ai pas hésité une seconde. Je me suis lancée à la découverte de l'univers artistique de Pascale GAUTRON-DAVY sur le web. A signaler, son site est particulièrement bien fait, je vous invite à y jeter un petit coup d'oeil, il mérite le détour !

Et puis, sur le thème des enfants, j'ai trouvé "La lecture". Impossible de résister bien sûr, c'est donc ma #lundieouvredart.

Si vous êtes passé(e)s à côté des premières publications, retrouvez :

Jour 6 : Nathalie Dacoster 🇫🇷 Le temps qui passe

Jour 5 : Carole Feuerman 🇺🇸 Lévitation, 2015

Jour 4 : Renée Sintenis 🇩🇪 Le joueur de polo, 1929

Jour 3 : Claire Jeanne Roberte COLINET 🇫🇷, La jongleuse (1880 - 1950)

Jour 2 : Camille Claudel 🇫🇷, La Valse ou Les Valseurs, 1893

Jour 1 : Louise Bourgeois 🇫🇷 , Eyes benches, 1996-1997

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2020-12-07T07:00:00+01:00

Là où chantent les écrevisses de Delia OWENS

Publié par Tlivres
Là où chantent les écrevisses de Delia OWENS

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, place à "La plus belle couverture". J'ai choisi sans aucune hésitation "Là où chantent les écrevisses" de Delia OWENS aux éditions du Seuil, un énorme coup de coeur de ce printemps.

Je vous en livre les premières lignes :

"Un marais n'est pas un marécage. Le marais, c'est un espace de lumière, où l'herbe pousse dans l'eau, et l'eau se déverse dans le ciel. Des ruisseaux paresseux charrient le disque du soleil jusqu'à la mer, et des échassiers s'en envolent avec une grâce inattendue - comme s'ils n'étaient pas faits pour rejoindre les airs - dans le vacarme d'un millier d'oies des neiges. Puis, à l'intérieur du marais, çà et là, de vrais marécages se forment dans les tourbières peu profondes, enfouis dans la chaleur moite des forêts. Parce qu'elle a absorbé toute la lumière dans sa gorge fangeuse, l'eau des marécages est sombre et stagnante. Même l'activité des vers de terre paraît moins nocturne dans ces lieux reculés. On entend quelques bruits, bien sûr, mais comparé au marais, le marécage est silencieux parce que c'est au coeur des cellules que se produit le travail de désagrégation. La vie se décompose, elle se putréfie, et elle redevient humus : une saisissante tourbière de mort qui engendre la vie." 

Pour celles et ceux qui aiment les livres pour ce qu'ils véhiculent de savoir et les portes ouvertes sur le monde, vous allez fondre, j'en suis certaine.  

Bienvenue en Caroline du Nord dans des paysages naturels encore préservés. Delia OWENS nous émerveille de descriptions d'oiseaux et de marais.

"Là où chantent les écrevisses" est aussi un roman d'apprentissage, c'est celui d'une enfant qui s'est construite dans la solitude. Kya, on la découvre à l'âge de 6 ans. Très vite, elle doit satisfaire ses propres besoins, à commencer par celui de manger. Et puis, elle va faire des rencontres. Il est beaucoup question d'apprivoisement dans ce roman, avec les oiseaux mais aussi avec les hommes. 

Enfin, je suis tombée sous le charme de la narration de ce roman. Il y a une alternance des temporalités, un pari audacieux, parfaitement réussi. Le temps défile, d'une part, à partir de 1952, date du départ de Ma, et d'autre part, 1969, date du décès constaté de Chase. Il y a une alternance du rythme aussi. Quand les journées paraissent une éternité à observer l'univers des marais, elles s'accélèrent avec l'enquête menée autour du meurtre présumé où là, chaque heure devient déterminante. 

Ce roman, c'est un page-turner, savamment ponctué par de la poésie. Et oui, Delia OWENS offre au fil des pages quelques vers comme autant de parenthèses d'une beauté remarquable. 

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2020-12-06T19:43:07+01:00

60 000 visiteurs !

Publié par Tlivres

Je ne suis que joie... c’est avec Pharell Williams que je célèbre le passage du 60 000ème visiteur sur le blog 💓

Votre fidélité me va droit au coeur. C’est un très beau cadeau avant l’heure.

Je crois que je vais poursuivre l’aventure en 2021 😄

Je vous dois bien 60 000 « MERCI » 💓

Excellente fin de week-end (pour moi, c’est gagné 🍾 🥂) 💓

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2020-12-06T07:00:00+01:00

Rien n'est noir de Claire BEREST

Publié par Tlivres
Rien n'est noir de Claire BEREST

Pour le 6ème jour de l'opération "Noël en poche", je reviens sur l'un de mes coups de coeur 2019, lauréat du #GrandPrixdesLectricesElle2020. 

Il s'agit bien sûr du roman de Claire BEREST, "Rien n'est noir", publié initialement aux éditions Stock et plus récemment chez Le Livre de Poche.

Nous sommes en 1928. Alors que l’artiste Diego RIVERA réalise une fresque murale monumentale pour le Ministère de l'Education, Frida, l’effrontée de 20 ans sa cadette, l’interpelle et lui demande de descendre de son échafaudage pour lui montrer quelque chose. Elle a, avec elle, deux tableaux. Elle veut son avis. Il lui donne rendez-vous le dimanche suivant avec une nouvelle toile. C’est ainsi qu’une relation passionnelle va s’engager entre deux personnages hauts en couleur : Diego RIVERA dont la qualité du travail artistique va grandissante, Frida KAHLO promise dès son plus jeune âge à un parcours atypique (à 15 ans, elle fait partie des premières filles à entrer à la Prépa) et ambitieux (passionnée d’anatomie et de biologie, elle veut être médecin). C’est à 18 ans que Frida KAHLO a un terrible accident de bus avec de multiples blessures qui la clouent à un lit d’hôpital pendant 3 mois et l’obligent à une nouvelle intervention chirurgicale l’année suivante. C’est alors que Frida demande à son père, allemand d’origine, photographe de formation, passionné de piano, de lui apporter un chevalet, des pinceaux et de la peinture. Grâce à l’installation judicieuse d’un miroir au sommet de son lit à baldaquin, Frida commence à peindre, bien qu’alitée. Une nouvelle page de sa vie s’ouvre alors...

Ce roman est un coup de coeur à plus d’un titre.

Il y a le fond bien sûr. À travers l’itinéraire d’une femme éminemment romanesque, Claire BEREST égrène, comme autant de bijoux dont se pare Frida KAHLO, des souvenirs historiques qui font que le monde est ce qu’il est aujourd’hui. Il y a cette passion amoureuse incandescente pour l'artiste, Diego RIVERA. Plus largement, Claire BEREST honore aussi la mémoire d’une grande Dame de la peinture.
 

Il y a la forme aussi. Claire BEREST intitule ses chapitres des couleurs primaires utilisées par Frida KAHLO. Mais l’écrivaine qui, comme son icône, a le souci du détail, va plus loin en donnant systématiquement la signification de la nuance évoquée, initiant ainsi le lecteur au symbolisme des couleurs, les associations mentales, les fonctions sociales et les valeurs morales qui y sont liées.

 

La narration est foisonnante, à l’image de la vie de l’artiste célébrée. 

 

Claire BEREST maintient un rythme ahurissant qui donne à cette lecture une vivacité et un dynamisme absolument remarquables. J’en suis sortie envoûtée, et aussi sans voix. Je me sens déjà orpheline de la lumineuse Frida KAHLO et me prends à rêver de la vie qu’elle aurait pu mener s’il n’y avait eu l’Accident !

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2020-12-06T07:00:00+01:00

Mon plus grand flop de l'année

Publié par Tlivres
Mon plus grand flop de l'année

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, il y a eu 

Ma première lecture de l'année

Le livre que j'attendais à tout prix

Un auteur découvert cette année

Un livre lu sur les conseils de mon libraire

Le livre dont l'écriture m'a éblouie.

Aujourd'hui, le 6 décembre, nous devrions publier "Mon plus grand flop", mais, pour celles et ceux qui me connaissent, il n'y aura pas ici de chroniques désagréables, non.

Alors, je joue la carte de l'humour, une sorte de joker quoi, avec le dessin de Plantu publié à la une du journal Le Monde le 16 novembre dernier, en lien avec les librairies confinées.

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2020-12-05T12:40:00+01:00

Un funambule sur le sable de Gilles MARCHAND

Publié par Tlivres
Un funambule sur le sable de Gilles MARCHAND

Pour le 5ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de revenir sur le second roman de Gilles MARCHAND, "Un funambule sur le sable", publié Aux Forges de Vulcain et plus récemment chez Points, l'occasion d'un petit clin d'oeil aux librairies Richer et Le Renard qui lit, en souvenir de rencontres-dédicaces tout à fait sympathiques.

Le narrateur est né avec un violon dans le cerveau, de ces différences qui font de vous un être à protéger. De quoi ? De tout ! Des autres, du regard des autres, des enfants, de l'école, de la société en général. Son quotidien est ponctué de visites à l'hôpital, le diagnostic est incertain, il faut faire des examens, encore et encore. Ses parents l'entourent de leur amour, l'étouffent même. Lui, il a envie de vivre comme tout le monde. Mais ce monde lui est inaccessible. Il va trouver quelques êtres qui vont adoucir sa vie, lui offrir une complicité, une compréhension, le traiter d'égal à égal. Il y a les oiseaux d'abord, les cordes de son violon s'en donnent à coeur joie, ils parlent le même langage. Et puis, il y a Max, cet autre enfant, différent lui aussi, il boite. Partager ce même statut, celui d'enfant différent, va nouer entre eux une relation. La musique va venir en consolider les fondations, l'amitié qui va s'établir entre eux sera d'une force inouïe, elle résistera au temps, aux années, aux épreuves de la vie, mais là, c'est encore une autre histoire !

Je ne vais pas vous en dire beaucoup plus, il faut que vous découvriez cette pépite par vous-même(s).
Laissez-vous porter par la beauté de la plume. Tantôt grave, tantôt tendre, humoristique aussi. Gilles MARCHAND joue avec les registres, naviguant entre tous, suscitant en permanence l'ascenseur émotionnel. Vous allez pleurer, vous aller rire. La littérature contemporaine offre assez peu de romans qui vous donnent le sourire aux lèvres, c'est donc suffisamment rare pour être remarqué.

Mais plus encore, la plume de Gilles MARCHAND se distingue par sa fantaisie, sa poésie. 

Ce roman, outre le fait qu'il soit bien écrit, il est beau, il est porteur d'espoir, d'optimisme. Ces enfants différents vont se rencontrer, établir une complicité, cette relation EXTRA-ordinaire va leur donner confiance, les porter tous les deux, leur permettre d'apprendre à mieux connaître leur corps, l'apprivoiser, le revendiquer pour mieux affronter le monde extérieur, grandir, tomber amoureux, vivre quoi !

Enorme coup de coeur qui ne prend pas une ride avec le temps !

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2020-12-05T07:00:00+01:00

La femme qui reste de Anne DE ROCHAS

Publié par Tlivres
La femme qui reste de Anne DE ROCHAS

Vous me direz que ce roman a déjà été mis à l'honneur plusieurs fois ces derniers mois sur le blog. C'est vrai.

Mais j'ai un très bon argument, c'est pour #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine !

Nous sommes le 5 décembre. Voilà donc "Le livre dont l'écriture m'a éblouie", "La femme qui reste" de Anne DE ROCHAS publié aux éditions Les Escales, mon coup de coeur de la rentrée littéraire de septembre. 

"La femme qui reste", c'est un premier roman tout à fait remarquable.

Je vous en livre les premières lignes :

"L'invitation. Illustrée d'un curieux dessin, une figure qui tient à la fois du mannequin de couturière et du pantin, la tête comme une amande noire, un cercle jaune à la place du coeur, et, à côté, flottant sur le contre-fond géométrique, un visage dessiné au crayon, auréolé d'un étrange pointillé. Une présence irréelle dans son innocence, dans son dialogue avec le masque, dans son attente, peut-être, d'une réponse.

"Je n'en vois pas l'utilité", lui avait opposé sa mère lorsqu'elle avait évoqué la fête qui se donnait à l'école des arts décoratifs de Burg Giebichenstein.

La Fête de la Nouvelle Objectivité... Un titre plein de promesses. Moderne, excitant, abstrait ; incompréhensible et d'autant plus excitant."

La construction narrative est brillante. Le livre mêle formidablement fiction et réalité. Ainsi, dans un exercice littéraire exaltant, Anne de ROCHAS construit son roman autour de trois personnages sortis tout droit de son imagination. Il y a Clara Ottenburg, Theodor Schenkel de Hambourg et Holger Berg, le Bavarois. Tous trois vont permettre à l'écrivaine de tisser une toile dans laquelle elle fera se croiser une cinquantaine d'artistes en tous genres dont le point commun aura été de se former ou d'enseigner au Bauhaus. 

La littérature offre cette possibilité de revisiter la grande Histoire et Anne de ROCHAS l'assure tout en beauté. Je me suis délectée des 463 pages de "La femme qui reste", un livre foisonnant dans une plume d'une éblouissante poésie. Chaque mot est savamment choisi.

Si vous avez envie de faire plus ample connaissance avec l'autrice, je vous conseille de visionner la rencontre littéraire "Un endroit où aller" organisée par Frédérique DEGHELT et Nathalie COUDERC. Anne de ROCHAS y est interviewée par Laetitia ROULIER de la Librairie Gutenberg à Issy-Les-Moulineaux.

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2020-12-04T12:40:00+01:00

Ces rêves qu'on piétine de Sébastien SPITZER

Publié par Tlivres
Ces rêves qu'on piétine de Sébastien SPITZER

Pour le 4ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de revenir sur le tout premier roman de Sébastien SPITZER, publié initialement aux éditions de l'Observatoire, et que vous pouvez trouver chez Le Livre de Poche.

Le roman "Ces rêves qu'on piétine" fut pour moi la révélation d'une très belle plume, l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'équipe des 68 Premières fois !

Nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale. Ils y a ceux qui ont survécu à l'indicible. Fela était la pute des soldats allemands, Ava, sa fille, est une bâtarde. Elle est née dans le camp de concentration de Silésie. Elles occupaient le block 24-A. A la libération, elles deviennent les pestiférées. Elles fuient, elles marchent, elles errent sans but. Sur leur chemin, elles croisent d'autres rescapés, chacun a son histoire. La petite Ava est porteuse de cette mémoire, le rouleau de cuir qui ne la quitte jamais préserve des souvenirs griffonnés sur des bouts de papier de fortune. Et puis, il y a cette femme qui a gravi toutes les marches de l'ascension sociale allemande pour atteindre la plus haute. Elle est mère de 6 enfants. Après avoir connu le pouvoir, elle est exposée à l'abîme. Ces jours sont comptés. Magda Konzerthaus est la femme de Joseph Goebbels. Dans sa vie, elle a renié son passé, sa famille aussi. Son père "adoptif", Richard Friedländer, juif, déporté, mourra en 1939 au camp de concentration de Buchenwald malgré tous les appels lancés comme des bouteilles à la mer.

 

Ce roman est singulier parce qu'il aborde la fin de la seconde guerre mondiale, la période de la libération, celle du passage de pouvoir d'un camp à un autre, celle de la perte des repères, le château de carte s'est écroulé, une nouvelle page de l'Histoire est à écrire.

C'est à ce moment-là que ceux qui étaient protégés par leur statut social se retrouvent au bord du gouffre, à l'image de Magda Goebbels. Cette femme, elle a tout sacrifié pour côtoyer les grands de son pays, elle y a même sacrifié son père. Sébastien SPITZER a puisé le sujet de son roman dans la découverte d'archives publiées en 2016.

C'est à ce moment-là aussi que ceux qui étaient les cibles du pouvoir retrouvent la voie de la liberté après avoir été déportés dans des camps de la mort. 

Ce roman est un hommage au travail artistique réalisé par Lee MILLER, une photographe américaine. A partir de 1942, elle devient correspondante de guerre pour Vogue. A la libération, elle est sur le terrain aux côtés des soldats américains, elle est l'une des premières à réaliser des photographies de la libération du camp de Dachau notamment. Les clichés sont d'une telle violence qu'elle aura, à l'époque, à attester de leur fiabilité. Ceux reçus de Robert CAPA viendront confirmer leur sincérité. Sébastien SPITZER écrit de  très belles pages sur cette femme hors du commun qui a concouru à leur mémoire. 

Prodigieux !

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2020-12-04T07:00:00+01:00

Erika Sattler de Hervé BEL

Publié par Tlivres
Erika Sattler de Hervé BEL

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, je saisis l'opportunité de saluer toute l'équipe Richer d'Angers. 

En effet, nous sommes le 4 décembre et avons à choisir "Un livre sur les conseils de mon libraire".

"Erika Sattler", ce roman de Hervé BEL publié aux éditions Stock, ça a d'abord été un échange avec Nicolas, libraire, sur un temps de déjeuner, et puis la lecture d'un article dans Angers.Maville.com avec cette lecture réitérée, et enfin, l'organisation d'une rencontre-dédicace avec l'auteur et la talentueuse Caroline LAURENT, son éditrice.

Toute une histoire donc pour un roman tout à fait singulier.

Je vous en livre les premières lignes :

"La forêt bruissait du souffle des scies et des hommes harassés, des cris des kapos, et de l'écho saccadé des cognées. L'air sentait la pourriture végétale sur la terre gorgée de froid.

En ce début d'après-midi, les gardes, le ventre plein, étaient fatigués, car même les plus méchants digèrent. Ils fumaient en regardant ailleurs pour n'avoir pas à sévir.

C'était aussi, pour les détenus, un moment de repos relatif. Les muscles se détendaient un peu. Parfois, un oeil toujours fixé sur les SS et les kapos qui buvaient du café chaud à même les thermos, ils interrompaient leur travail. Jamais longtemps.

L'un deux en profita pour aller pisser derrière un buisson. Il s'appuya contre un chêne...

Plus rien. Un trou noir dans lequel il se laissa tomber avec un contentement inexprimable.

Il se réveilla avec le sentiment que quelque chose n'allait pas : c'était le silence."

Fasciné par les régimes totalitaires en général, et le nazisme en particulier, Hervé BEL choisit un personnage féminin pour incarner le peuple acquis à la cause d'Hitler. Vous ne trouverez rien sur Erika Sattler dans les livres d'histoire. Ce personnage est sorti tout droit de l'imaginaire de l'écrivain sur la base des nombreuses recherches qu'il a réalisées.

Copyright Nicolas AUVINET (le libraire est aussi dessinateur !)

Copyright Nicolas AUVINET (le libraire est aussi dessinateur !)

Les femmes nazies se sont révélées être, pendant la guerre, les plus fidèles alliées d'Hitler. Avec ce roman, il nous offre la possibilité de décrypter les rouages d'un culte que rien ne saurait affaiblir.

Erika Sattler est une grande femme, blonde, aux yeux bleus, le canon aryen par excellence. Sa morphologie incarne le modèle allemand de cette race supérieure qu'Hitler revendiquait à cor et à cri. J'ai été profondément touchée par le côté solaire du personnage. 

Mais Erika Sattler arbore aussi une façade profondément noire. Elle est d'autant plus menaçante qu'elle est intelligente. C'est une femme d'esprit absolument machiavélique. 

Si elle sait qu'aucun conflit n'épargne les femmes, ces premières armes de guerre, elle sait aussi que les soldats russes ne relèvent pas de l'exception. Erika Sattler conçoit qu'elle encourt le risque d'être bafouée par les siens, la peine suprême. 

Le mensonge qu'elle va construire de toutes pièces montre la puissance de son ignominie.

Je suis sortie de ce roman totalement abasourdie devant de  telles infamies.

"Erika Sattler", c'est la lecture coup de poing par excellence, de celles qui vous laissent sur le carreau, incapables de mettre des mots sur son propre sentiment. Il aura fallu quelques jours, quelques nuits aussi, pour me remettre de ce tour de force.

Le récit est captivant, la narration foudroyante.

Alors, Nicolas, tu as un nouveau conseil de lecture pour moi ?

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2020-12-03T12:40:00+01:00

A crier dans les ruines de Alexandra KOSZELYK

Publié par Tlivres
A crier dans les ruines de Alexandra KOSZELYK

Pour le 3ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de revenir sur le premier roman de Alexandra KOSZELYK, publié initialement Aux Forges de Vulcain (l'occasion d'un petit clin d'oeil à David et son équipe), et édité depuis peu aux éditions Points.

Enorme coup de coeur !

Lena vivait en Ukraine, près de Kiev, à Pripiat très précisément, cette ville construite de toutes pièces pour loger les employés de la centrale nucléaire. Ses parents, Dimitri et Natalia, faisaient partie du cercle des éminents scientifiques russes, lui y travaillait. Depuis sa plus tendre enfance, Lena nourrissait une relation d'amitié avec Ivan, un garçon de son âge. Ensemble, ils découvraient la nature, les choses de la vie. Avec les années, les jeux ont évolué, les sentiments aussi jusqu'au 26 avril 1986, date de l'accident à la centrale de Tchnernobyl. Dimitri a découvert très vite l'ampleur de la catastrophe et organisé, en toute urgence, l'exil de sa famille. Pas le temps de dire au revoir, pas de valises à emporter non plus. A leur arrivée en France, les parents ont imposé à leur fille d'oublier la vie passée, de se construire un avenir dans ce nouveau pays. Pour mettre fin au souvenir d'Ivan, son père lui a fait croîre à sa mort. Léna a bien essayé de s'intégrer en France, d'apprendre une nouvelle langue, de se faire des nouveaux amis, elle n'a malheureusement jamais réussi à combler le vide abyssal laissé par ses origines et son tendre amour pour Ivan. Une bonne vingtaine d'années après l'événement, avec des touristes, elle participe à une visite guidée du site pollué !

Alexandra KOSZELYK traite du sujet de la terre d'adoption. Avec le portrait de Lena, et de sa grand-mère, Zenka, elle aborde l'exil, la migration, le déracinement... autant de plaies dont la cicatrisation laisse une trace indélébile dans la chair des êtres, dans leur esprit aussi. 

Ce roman, il a pour moi la résonance d'un propos militant. Si d’aventure certains pensent encore que l'homme n'y est pour rien dans le réchauffement climatique, il est des catastrophes environnementales dont il est bien le seul responsable, à commencer par l’accident de Tchernobyl avec des conséquences sur l’économique et le social, les trois piliers du développement durable !

Parce que les concepts ne suffisent plus à nous faire prendre conscience de nos erreurs à l’égard de notre planète. Alexandra KOSZELYK avec son premier roman donne une dimension humaine aux événements. Lena et Ivan incarnent ce que sont déjà et seront en nombre effroyable d'ici peu les réfugiés climatiques. C’est par l’itinéraire de gens ordinaires - Lena et Ivan pourraient être nos amis - que l’écrivaine rend explosif le propos, un procédé ingénieux, audacieux et réussi. 

La plume est d'une sensibilité dramatique et bouleversante, l'histoire captivante, le rythme haletant. Bref, cette lecture est un CRI du coeur.

Son second roman, "La dixième muse", est annoncé en tout début d'année prochaine. J'ai tellement hâte !

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2020-12-03T07:00:00+01:00

La deuxième femme de Louise MEY

Publié par Tlivres
La deuxième femme de Louise MEY

Avec #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, je retrouve l'opportunité de parler du dernier roman de Louise MEY "La deuxième femme", publié aux éditions Le Masque.

Nous sommes le 3 décembre. Louise MEY, voilà "Une autrice découverte cette année".

 

Je vous livre les premières lignes :

"Quelque chose a changé.

Sandrine scrute le miroir, pour identifier le glissement, repérer ce qui n'est pas à sa place. Même si, pour la première fois, au contraire, elle sent qu'une chose inconnue se trouve exactement là où elle devrait être.

Elle est nue devant la glace, encore humide de l'eau qu'elle a fait couler, fraîche, davantage pour calmer la chaleur lourde qui lui cloue les pieds au sol que pour se laver vraiment.

D'habitude, elle hait les douches d'été. En hiver, elle n'a pas peur de sortir de la baignoire : la vapeur d'eau a posé son filtre sur les miroirs, a brouillé les contours ; et quand elle s'aperçoit bien malgré elle dans la glace elle peut échapper au détail, ignorer la forme molle et coulante de son propre corps. S'ignorer. En été, elle se lave à l'eau froide, et le risque de croiser son reflet raidit ses gestes et lui fait courber la nuque."

Sandrine tombe sous le charme de « l’homme qui pleure », celui dont la première femme est portée disparue et qu’elle découvre sur son écran de télévision. Elle décide de participer à une marche blanche, c’est là qu’elle va le rencontrer, en chair et en os. Une histoire d’amour commence, pour le meilleur et pour le pire !

 

Je ne vais pas vous en dire beaucoup plus sauf que le scénario machiavélique est parfaitement orchestré par une écrivaine talentueuse.

 

Mais plus que tout, ce qui m’a touchée dans ce roman noir, c’est le mécanisme de l’emprise que « l’homme qui pleure » déploie sur une, puis deux, femmes. A l’intérieur de la maison, un huis clos à l’abri des regards, « l’homme qui pleure » s’octroie tous les droits. 

 

C’est un roman (Louise MEY aurait pu choisir la forme du récit de vie) qui, par son registre littéraire même, rend universel le scénario du prédateur.

 

C’est une lecture coup de poing, haletante, que je ne suis pas prête d’oublier !

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2020-12-02T12:40:00+01:00

Colette et les siennes de Dominique BONA

Publié par Tlivres
Colette et les siennes de Dominique BONA

Je poursuis l'opération "Noël en poche" !

Pour le 2ème jour de décembre, je vous propose "Colette et les siennes", une biographie de Dominique BONA, l'un de mes coups de coeur 2020.

Colette a 41 ans. Elle est journaliste. Elle vit dans le 16ème arrondissement de Paris, dans le "chalet" de la rue Cortambert. Mariée à l'âge de 20 ans, elle était alors danseuse de music-hall. Depuis, divorcée, elle est aujourd'hui mariée avec le baron Henry de JOUVENEL, rédacteur en chef du journal pour lequel elle travaille. Sa fille, Bel-Gazou, elle l'a confiée à sa belle-mère. Elle vit en Corrèze. C'est la guerre. Henry de JOUVENEL est mobilisé. Colette en  profite pour accueillir trois amies chez elle, trois femmes d'exception avec lesquelles Colette va partager un pan de sa vie. Financièrement privilégiée, évoluant dans une propriété de plus de 3 000 mètres carré, Colette brille dans les salons. De la guerre, elle en mesure le confinement, l'absence de son amoureux, la pénurie de denrées alimentaires. Pour le reste, Colette continue de travailler et de proner haut et fort sa liberté. Elle prendra le risque d'aller jusqu'à Verdun retrouver Henry de JOUVENEL où elle vivra des moments d'une folle passion amoureuse. A la fin de la guerre, malheureusement, l'ardeur du bien aimé se portera pour d'autres femmes, rendant Colette profondément triste. Des aventures, elle en aura, avec plus jeune que soi. Pendant ce temps, Colette écrit. Si les "Claudine" avaient été publiées sous le nom de son premier mari, Henry GAUTHIER-VILLARS dit Willy, elle signe désormais ses romans comme ses chroniques dans la rubrique des Contes des mille et un matins du journal Le Matin. Colette révolutionne le ton. 

Dominique BONA écrit la biographie de quatre femmes, aussi audacieuses qu'impétueuses. "Colette et les siennes" est aussi un livre social qui décrit les modes de vie d'une certaine catégorie de la population. C'est aussi un livre historique qui donne à voir les réalités des années 1910 et des trois décennies suivantes. C'est également un livre féministe qui montre l'évolution de la condition des femmes de l'époque. C'est, de plus, un livre artistique qui relate le développement de la presse écrite et les débuts de l'activité cinématographique. Mais c'est encore beaucoup plus que ça !

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2020-12-02T07:00:00+01:00

Et toujours les Forêts de Sandrine COLLETTE

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Et toujours les Forêts de Sandrine COLLETTE

Avec #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, je retrouve l'opportunité de parler du dernier roman de Sandrine COLLETTE "Et toujours les Forêts", publié aux éditions Lattes.

Nous sommes le 2 décembre, voilà "Le livre que j'attendais à tout prix".

L'univers littéraire de Sandrine COLLETTE est reconnaissable entre tous et j'en suis devenue une inconditionnelle au fil des publications.

J'ai lu "Juste après la vague", "Six fourmis blanches" et "Un vent de cendres", et, bien sûr, "Et toujours les Forêts". 

Comme pour "Juste après la vague", Sandrine COLLETTE puise son inspiration dans l'actualité environnementale, le réchauffement climatique. Elle nous livre un scénario apocalyptique. Les couleurs ont disparu, les sons aussi, il ne reste plus qu'une nature dévastée, noire, brûlée, avec seulement quelques survivants, condamnés à l'isolement. 

Je vous en livre les premières lignes :

"Les vieilles l'avaient dit, elles qui voyaient tout : une vie qui commençait comme ça, ça ne pouvait rien donner de bon.

Les vieilles ignoraient alors à quel point elles avaient raison, et ce que cette petite existence qui s'est mise à pousser là où on n'en voulait pas connaîtrait de malheur et de désastre. Bien au-delà d'elle-même : ce serait le monde qui chavirerait. Mais cela, personne ne le savait encore.

A cet instant, c'était impossible à deviner."

Dans ce roman, comme dans beaucoup d'autres de Sandrine COLLETTE, il est question de survie.

L'écrivaine illumine par le jeu de l'écriture la philosophie de chacun, le petit brin d'espoir qui donne à l'un, à l'autre, la force de faire un nouveau pas. 

L'écrivaine livre une histoire rythmée par les pièges qu'elle ne manque pas de tendre à ses personnages. A peine l'un évité qu'un nouveau apparaît, donnant ainsi au roman une cadence infernale.

Quant à la chute, elle est magistrale, bien sûr !

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2020-12-01T17:50:00+01:00

Gabriële de Anne et Claire BEREST

Publié par Tlivres
Gabriële de Anne et Claire BEREST

Comme l'année dernière, j'avais envie de vous proposer de préparer vos cadeaux de Noël avec des livres sortis en poche.

Et comme les calendriers de l'Avent se déclinent à foison, pour notre plus grand plaisir d'ailleurs, j'ai choisi une version "Noël en poche" !

Pour le 1er jour de décembre, je vous propose "Gabriële", un roman signé à quatre mains de Anne et Claire BEREST, l'un de mes coups de coeur 2020.

Initialement édité chez Stock, vous pouvez maintenant le trouver chez Le livre de poche.

« Gabriële », c’est l’histoire de l’arrière-grand-mère de Anne et Claire BEREST, deux sœurs, co-autrices d’un roman absolument jubilatoire.

Gabriële, née BUFFET, grandit au côté de femmes inspirantes, sa grand-mère, Laure de JUSSIEU, essayiste, sa tante, Alphonsine, peintre, formée avec Berthe MORISOT auprès de Charles CHAPLIN. En 1898, elle tente le concours d’entrée au Conservatoire national de musique de Paris. Elle échoue, mais, acharnée, elle sera la première femme à accéder à la classe composition de La Schola Cantorum. Elle part pour Berlin contre l’accord de ses parents. Là-bas, elle gagne sa vie pour payer ses cours après de Ferruccio BUSONI, auteur du manifeste « Esquisse d’une nouvelle esthétique de la musique », l’homme cultive le terreau déjà bien fertile chez Gabriële, il transmet à ses élèves l’envie de créer. Il dit lui-même « Qui est né pour créer devra préalablement accepter la grande responsabilité de se débarrasser de tout ce qu’il a appris. » Gabriële se délecte des plaisirs qu’offre Berlin, la capitale européenne porteuse de modernité. Elle y poursuit ses études de musique. Lors de l’un de ses séjours en famille, son frère, Jean, peintre, qui a élu domicile à Moret-sur-Loing dans les pas de l’impressionniste Alfred SISLEY, lui présente Francis PICABIA. Là commence une toute nouvelle histoire !

Dans ce roman, il y a beaucoup d'amour.

Celui de Gabriële BUFFET pour Francis PICABIA, d'abord, une passion vertigineuse entre deux personnalités hautes en couleur.

Celui de l'art aussi. On se promène entre les disciplines, depuis la musique jusqu'à la peinture.

Vous côtoierez Marcel DUCHAMPS, Guillaume APOLLINAIRE, Marie LAURENCIN...

Gabriële est une femme EXTRAordinaire dont la vie fût guidée par une quête insatiable de liberté et une formidable philosophie de vie...


Gabriële possède cette capacité à vivre chaque journée comme une potentielle aventure. P. 208

Sous la plume des soeurs BEREST, une expérience littéraire audacieuse mais parfaitement réussie, Gabriële devient un personnage de roman dont le lecteur découvre le parcours avec une véritable frénésie.

La narration du tourbillon artistique est exaltée.

"Gabriële" devient rapidement un page-turner, une épopée à vous couper le souffle, une biographie époustouflante.

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2020-12-01T07:00:00+01:00

La nuit nous serons semblables à nous-mêmes de Alain GIORGETTI

Publié par Tlivres
La nuit nous serons semblables à nous-mêmes de Alain GIORGETTI

Quand deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, lancent l'idée d'un Calendrier de l'Avent autour des livres découverts en 2020, j'adhère bien sûr !

Tout au long du mois de décembre, nous allons donc remettre sous les projecteurs des livres que nous avons aimés.

A chaque jour sa formule. Pour le premier décembre, il est proposé de revenir sur "sa première lecture de l'année".

C'est avec un plaisir non dissimulé que je reviens sur "La nuit nous serons semblables à nous mêmes" de Alain GIORGETTI, un premier roman publié aux éditions Alma, une maison que j'affectionne tout particulièrement.

Je vous en livre les premières lignes :

"Pour le moment, personne ne s'occupe de moi. Yeux écarquillés, bouche ouverte, je reste étendu sur le sol, face à la mer. Je suis là depuis longtemps, depuis des heures, depuis une éternité. Je me demande à quel moment le soleil va reprendre du poil de la bête, et le jour, du terrain face à la nuit. Je me demande si ces rideaux sombres finiront par bouger, par trembler, se tordre et rendre une dimension plus humaine au paysage. Pourquoi une pareille obscurité ? Pourquoi la lune s'est-elle totalement absentée du ciel, de la terre et de la mer ? Pourquoi cette nuit plutôt qu'une autre nuit ? Je me demande où est la fin, où est le commencement, le recommencement. Je ne comprends pas. J'espère juste qu'une aube ferme, et définitive, fourbit déjà ses armes au-delà de ce mur de charbon. J'espère qu'un rayon plus aiguisé, plus fort, poussera bientôt ses ondes clarifiées et ses lueurs vitales jusqu'à mes pieds nus."

Alain GIORGETTI s’est largement inspiré de la photographie du petit Aylan, 3 ans, kurde, découvert mort sur une plage de Turquie, le 2 septembre 2015, largement médiatisée. 

Porté par cette photographie, l'écrivain nous plonge au coeur d'un homme, il nous en livre une véritable introspection.

C'est une odyssée, éminemment romanesque. Il fait du narrateur un personnage hors du commun, un héros, peu importe de quoi sera fait son avenir.

Le roman est mené tambour battant, le rythme est soutenu, l'émotion à fleur de peau.

La qualité de la plume est profondément belle, attendrissante et poétique à l'envi : 


Ma mémoire est comme neuve. Et je suis capable d’attraper le moindre souvenir au collet, que ce soit à l’aide d’une corde de piano ou d’une brindille, disait-elle. P. 247

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