Pour le 17ème jour de l'opération "Noël en poche", je vous propose de retrouver la plume d'une autrice que j'aime profondément, celle de de Yôko OGAWA avec "Instantanés d'Ambre", publié chez Actes Sud, désormais disponible dans la collection Babel.
Renouer avec son univers littéraire, c'est assurément s'envoler pour un voyage merveilleux bercé par le registre onirique.
Je vous dis quelques mots de l'histoire :
Une famille est frappée par un terrible drame, la mort d'une enfant alors qu'elle n'avait que trois ans. Jouant au jardin public, un chien lui a léché le visage. Le lendemain, une forte fièvre se déclare et emporte la toute petite fille. Le père travaille dans une maison d'édition spécialisée dans les encyclopédies illustrées. La mère, douloureusement affectée par cette disparition, décide de tout quitter et d'emmener ses trois autres enfants dans une propriété familiale, cernée de hauts murs. Là, elle leur offre une nouvelle forme d'éducation, à l'abri des regards. Elle leur intime l'ordre de ne pas franchir les murs, le chien maléfique pouvant revenir à tout moment. Pour accompagner leur mutation, elle leur donne de nouveaux prénoms inspirés de l'univers minéral, Opale, Ambre et Agate. Elle trouve un travail auprès des thermes du village. Pendant son absence, les enfants se cultivent au gré de leurs découvertes dans les encyclopédies de leur père et de leur exploration du vaste jardin qui leur est offert jusqu'au jour où un homme sonne à la porte, Joe, marchand ambulant. Là commence, pour eux, une toute nouvelle existence.
Derrière cet enfermement, d’aucuns pourraient y voir un emprisonnement, une privation de la liberté de mouvement, une séquestration, la double peine en quelque sorte, j’y ai personnellement vu une immense preuve d’amour, comme un baume offert par cette mère à ses enfants pour panser leurs plaies. Il y a une question de survie dans l’urgence à agir, proposer une alternative à la vie d’avant empreinte de cette tragédie, et une perspective de résilience aussi.
Et puis, en dehors du fait de devoir se conformer à l’interdiction de sortir, les enfants baignent dans un bonheur préservé du mal de nôtres société. Ils apprennent par eux-mêmes, font des expériences, se confrontent avec la nature. J’ai été particulièrement sensible aux liens qui unissent cette fratrie, la solidarité mise en place et leur force pour surmonter l’indicible.
Et puis, avec Yôko OGAWA, nous sombrons dans la féerie. Que ça soit avec la danse par exemple, la passion d’Opale, une discipline artistique qui prend, sous la plume de l’écrivaine, ses plus beaux costumes. Les descriptions sont tout en délicatesse, raffinement et sensualité.
Une nouvelle fois, ce roman de Yôko OGAWA est un petit bijou de la littérature, tout comme Amours en marge, La marche de Mina, Cristallisation secrète... et beaucoup d'autres m'attendent encore !