Dans ce dernier roman, Véronique OVALDE se renouvelle. Elle nous offre un roman au rythme trépident et OVALDÉ focalise son récit sur l’histoire rocambolesque et chahutée de Gloria, une jeune femme étrange et mystérieuse qui s’est construite au gré de circonstances dramatiques.
Tout au long de cette lecture, la respiration est saccadée, elle évolue au rythme irrégulier de la narration avec des chapitres tantôt de quelques pages, tantôt de quelques lignes. Au coeur d’un paysage naturel, il y a cette urgence à vivre !
Bref, c'est une écrivaine dont je suis devenue une inconditionnelle au fil du temps, une femme de talent, quoi !
Dans le sillon de Moonpalaace et Floandbooks, je poursuis la déclinaison de #marsaufeminin avec Wangari MAATHAI, Prix Nobel de la Paix en 2004.
Wangari MAATHAI est née au Kenya, elle est décédée en 2011.
Militante, pacifiste, biologiste, cette femme a marqué l'histoire de son pays de son empreinte. De retour des Etats-Unis où elle a suivi des études supérieures, elle mène trois combats, celui de l'amélioration de la condition féminine, celui de la protection des espaces boisés et enfin, celui de la libération des prisonniers politiques de son pays.
A l'initiative de la création du mouvement de "la ceinture verte" et du parti vert Mazingira, elle s'engage dans la politique. Elle est nommée, en 2002, Ministre Déléguée à l'Environnement et aux Ressources Naturelles.
Ce livre est une véritable leçon de courage et de dévouement. Il nous présente la vie de cette femme formidable qui fera don de sa vie pour libérer son peuple de l'oppression blanche, de la corruption et des effets négatifs de l'occidentalisation.
Elle fut récompensée du 39ème #grandprixdeslectriceselle 2008.
Chère Sandrine, c’est un immense honneur que vous me réservez aujourd’hui en acceptant de répondre à mes questions. Je voudrais partager avec les internautes votre joie de vivre et votre chaleur humaine, vous qui vous êtes spécialisée au fil du temps dans le roman noir.
Vous avez écrit de nombreux romans. Il y a eu « Des nœuds d'acier » - Grand prix de littérature policière 2013, « Un vent de cendres », « Six fourmis blanches », « Il reste la poussière », « Les larmes noires sur la terre », « Juste après la vague », « Animal » et très récemment « Et toujours les Forêts », roman présélectionné pour de nombreux prix littéraires.
Mais vous avez aussi écrit des nouvelles : « Une brume si légère », « L’épouvantail », « Le Tracteur » et « L’amour, c’est de ne pas trouver les mots..., dans L’Amour, c’est... ». Et enfin, une découverte pour moi, des manuels : « L'Atout senior : relations intergénérationnelles, performance, formation et « Savoirs et enjeux de l'interculturel : nouvelles approches, nouvelles perspectives ».
Avant d’évoquer la toute nouvelle rentrée littéraire qui vous anime, je voudrais que vous nous parliez de votre rapport à l’écriture ? Est-ce qu’enfant vous souhaitiez devenir écrivain ?
Je serais tentée de répondre : oui, comme tous les auteurs ! C’est presque toujours un vieux rêve. Mais quand on est enfant, c’est comme dire qu’on voudra être clown ou majorette : ça ne fait pas sérieux. Du coup, j’ai mis du temps à y revenir, même si je n’ai jamais cessé d’écrire. Le déclic, c’était d’essayer de se faire publier. Ecrire est une chose, rendre public ce que l’on écrit en est une autre.
Chez vous, y a-t-il un lieu privilégié pour écrire ? un moment de la journée aussi ?
Pas vraiment. Je n’ai pas (encore) de tics, de tocs, tout ça. Du moment que mon ordinateur est là, j’écris n’importe où, chez moi le plus souvent en effet mais aussi dans un café, chez des amis… Et comme je fais beaucoup d’autres choses, l’écriture se glisse au milieu de plein d’activités, parfois le matin, souvent en fin d’après-midi, d’autres fois le soir. Si je devais trouver une régularité, je dirais qu’il faut de l’énergie pour écrire (donc après une journée de bricolage, c’est fichu), d’où l’importance de temps vides. Et par ailleurs, la pluie m’aide beaucoup en m’empêchant d’être en extérieur autant que je voudrais. Donc des jours de pluie où on s’ennuie, c’est pas mal !
Si fil rouge il y a dans toutes vos productions littéraires, quel serait-il ?
Sans doute la survie. Je n’aime rien tant que mettre des personnages ordinaires (comme vous et moi) en situation extraordinaire. Les super-héros ne m’intéressent pas. Donc, ces gens comme vous et moi, je les mets dans des conditions extrêmes où leur vie est en jeu (un ouragan, une tempête en montagne, un enfermement…) et je regarde comment ils réagissent. Certains se dépassent, d’autres deviennent des minables ou des salauds. Je ne juge pas : je montre.
S’agissant de vos romans, et en particulier des derniers, Dame Nature occupe une place prépondérante. Quel rapport entretenez-vous avec elle ? En quoi vous inspire-t-elle ?
La Nature est mon élément. C’est sans doute pour cela que mes romans se placent dans les grands espaces : la ville ne m’inspire pas. Dans la réalité, j’entretiens une relation très heureuse et fusionnelle avec la nature qui m’entoure ; mais pour mes romans, j’en fais une force destructrice, c’est sa puissance qui me fascine. Je crois au fond que la nature peut être le plus grand prédateur, le plus grand tueur en série du monde, plus encore que l’homme, car quand une catastrophe naturelle advient, rien ni personne ne peut l’arrêter. C’est cette démesure qui m’intéresse. C’est aussi la réminiscence de l’enfance : les histoires de sorcières, de monstres, d’ogres qu’on nous raconte se passent toutes au fond des bois. J’ai dû assimiler un peu vite : la nature, c’est beau mais c’est dangereux.
Comment construisez-vous vos personnages et leurs trajectoires ? Est-ce que vous savez, dès le début, quelle sera leur fin ?
Quand l’histoire se déclenche dans ma tête, je ne commence pas à écrire avant de l’avoir construite entièrement, d’avoir fait un canevas même un peu vague. Alors oui, je sais dès le début quelle sera la fin, ou presque. Parce que parfois j’ai une fin, et au fur et à mesure que le livre s’écrit, je me rends compte qu’il y en a une meilleure, ou que celle que j’avais imaginée ne me semble pas à la hauteur, etc. Donc à la fois les personnages et l’histoire sont construits dès le départ, et à la fois, dans la mesure où mes chapitres peuvent avoir un ou deux mots-clés mais qu’il reste sept ou dix pages pour les remplir, le livre se construit pas à pas. La créativité ne disparait pas à l’écriture, elle se renforce.
Comme tous vos romans, j’ai lu « Et toujours les Forêts » d’une traite, impossible, une fois ouvert, de le lâcher. Je suppose qu’un vaste tour de France est à l’oeuvre pour assurer la promotion de ce roman. Comment vivez-vous le métier de « VRP » ? Qu’est-ce que ça vous apporte personnellement ?
Le métier d’auteur est fondamentalement et essentiellement solitaire. Il faut aimer ça je crois – ce qui est mon cas. Mais pour ma part, je ne vis bien la solitude que parce que je sais qu’elle est ponctuelle, une sorte de fausse solitude, en quelque sorte. Alors oui, les rencontres en librairies, en médiathèques ou dans les salons, c’est loin, c’est fatigant, c’est chronophage. Mais c’est aussi le moment où on n’est plus seul et où on peut partager ce qu’on aime : les livres. En ce sens, c’est très riche, d’autant plus qu’on est confronté aux interprétations des lecteurs, à leur ressenti, aux liens qu’ils font : parfois, ils pensent à des choses auxquelles je n’avais jamais pensé, et je vis cela comme une ouverture d’esprit. Les rencontres sont toujours des temps forts dont je ressors avec plus de largeur dans ma tête.
Vous allez être accueillie par bon nombre de librairies. Avez-vous une adresse particulière à nous conseiller ? une à laquelle vous soyez fidèle ?
Oh non, j’aurais trop peur d’en oublier. Je suis fidèle aux librairies qui m’ont soutenue dès le premier roman, mais j’en découvre de nouvelles chaque année. J’ai surtout fait la connaissance des libraires : des gens passionnés (et il faut l’être pour espérer vivre du livre), sympathiques et bavards, avec plein de choses à raconter, souvent des vies à plusieurs trajectoires, capables de vous dire ce que vous allez aimer lire juste en vous écoutant, bref, cela fait autant partie du plaisir d’aller à leur rencontre lors de la promotion des romans.
Je suppose que, lorsque l’écriture vous libère, vous lisez... Quel est votre dernier coup de coeur ?
Je lis tous les jours, je crois que chaque auteur est avant tout un lecteur. Mais je suis une mauvaise lectrice : difficile, avec des goûts qui ne sont pas ceux de tout le monde. Parfois je fais rire mon éditrice, je lui parle d’un roman que j’ai trouvé fantastique et elle me dit qu’il a fait un flop. Tant pis. Donc, mon dernier coup de cœur, il est loin. Disons que le titre qui me vient en tête est « Dans la forêt » (tiens tiens !) de J. Hegland.
Et votre lecture, aujourd’hui ?
Après avoir fermé « Les voyages de Cosme K » de Ph. Gérin (une bonne surprise), je commence « Manuel de survie à l’usage des jeunes filles » sur les conseils d’une amie libraire.
Je vous remercie infiniment pour cet échange, plein d’humour et de fantaisie.
Il ne me reste plus qu’à croiser les doigts pour que votre tout dernier roman soit le lauréat de prix littéraires à venir. Le suspense reste entier mais je lui souhaite, comme de nombreux blogueurs et libraires, le meilleur !
Si vous saviez comme moi aussi je croise les doigts, je pense que je vais me faire un claquage ou développer de l’arthrose !! Merci pour tout et bon vent à vous.
Comme j’en ai pris l’habitude maintenant, je vous en propose aujourd’hui les premières lignes, histoire de vous mettre l’eau à la bouche...
« C’était la première fois qu’il m’invitait. J’avais sonné, les bras chargés de soleils. Sa voix s’était aussitôt fait entendre. Il me priait d’entrer. J’avais trouvé la porte entrebâillée et lui assis sur le grand canapé du salon, pliant le New York Times. Il s’était levé, s’était saisi des fleurs, un peu surpris, les avait disposées dans le vase en cristal qu’il était allé chercher dans un placard de la cuisine, ce que j’avais pu observer puisque ladite cuisine n’avait pas de porte et qu’une large ouverture, sorte de bar, la reliait au salon. Puis, posant le bouquet sur une vieille table en chêne, placée sous un lustre en étain, il m’avait demandé quelle chambre je comptais choisir. »
Dans le sillon de Moonpalaace et Floandbooks, je poursuis la déclinaison de #marsaufeminin avec Maylis de KERANGAL dont la plume est d'une beauté hors pair.
un roman tout à fait extraordinaire sur la discipline artistique du trompe-l'oeil, un énorme coup de coeur.
L'écriture est ciselée, chaque mot délicatement pesé, les personnages profondément explorés. L'univers littéraire de Maylis de KERANGAL est éminemment technique, elle s'imprègne du vocabulaire de chaque registre pour mieux en comprendre les codes et les partager avec le grand public. Il y a un exercice pédagogique dans les expériences littéraires que nous propose Maylis de KERANGAL. Personnellement, j'en raffole ! Et vous ?
Largement inspiré de son histoire familiale, Abnousse SHALMANI nous livre un roman truculent de son exil alors qu'elle n'était qu'une enfant. Ses parents ont quitté l'Iran au moment de la révolution.
"Les exilés meurent aussi d'amour" relate l'arrivée en France et l'installation dans un appartement parisien, la découverte de la culture française, par la voie notamment de la télévision.
Shirin a élu domicile sous le canapé. Là, personne ne la repère. De là, elle peut entendre et voir tout ce qu'une petite fille de 9 ans ne devrait pas entendre ni voir.
L'écrivaine définit formidablement bien l'exil. C'est ma #citationdujeudi.
A l'image de ce que peut écrire Anne-Marie GARAT, Frédérique DEGHELT sait merveilleusement bien nous raconter des histoires, elle nous prend par la main pour nous plonger dans un scénario parfaitement maîtrisé dans un rythme soutenu avec des portraits d'hommes et de femmes hauts en couleur. Chacun est sublimé dans sa part d'humanité.
Un tout nouveau roman vient de sortir chez Actes Sud : "Sankhara". Peut-être l'avez-vous déjà lu ?
Outre la femme de lettres, je voudrais aussi saluer le projet artistique "Etre beau" qu'elle porte avec, pour objectif, de faire évoluer notre regard sur celles et ceux qui sont porteurs d'un handicap. Mère d'un enfant différent, Frédérique DEGHELT se mobilise pour que son fils puisse être reconnu dans ce qu'il a de beau parce que, "Etre Beau, c'est avoir des ailes dans le coeur".
Dans un premier temps, elle a collaboré avec une autre femme, photographe, elle, Astrid DI CROLLALANZA, pour réaliser un livre sur la base de 18 portraits.
Il y a eu une exposition des clichés et maintenant, un spectacle de danse avec le metteur en scène, Luc PETTON de la Compagnie Le Guetteur.
Je trouve cette aventure très belle. D'ailleurs, si vous souhaitez contribuer à sa réalisation, un appel aux dons est en cours.
Vous me voyez venir, Frédérique DEGHELT est une belle personne. Assurément, je le crois.
Dans le sillon de Moonpalaace et Floandbooks, je poursuis la déclinaison de #marsaufeminin avec Valérie TONG CUONG, une écrivaine au style remarquable que j’ai eu l’immense chance d’interviewer.
Dans son univers littéraire, les personnages sont éminemment ciselés. Comme le disait Friedrich NIETZSCHE : "Le diable est dans les détails" et Valérie TONG CUONG aime tout particulièrement les explorer, ces détails, qui font toute la différence, assaillent les êtres humains d’un sentiment de culpabilité, les angoissent, les terrorisent…
Valérie TONG CUONG est une écrivaine de talent. Elle est aujourd’hui sur Angers, je me réjouis de notre rencontre ce soir à la Librairie Contact ! Alors, on s'y retrouve à 19h ?
La semaine dernière, je vous racontais l’histoire de cette petite péruvienne, Qinaya, arrivée en France suite au terrible séisme qui avait frappé son pays en 2001, adoptée par un couple de quadras français, et qui avait fait découvrir à Gabriel la grand-paternité. L’histoire ne tenait pas, en fait, Qinaya avait fait l’objet d’un rapt. Elle est donc repartie dans son pays, escortée par les services de Police. 18 mois après, Gabriel prend l’avion sur les traces de cette petite-fille, éphémère.
J’ai beaucoup aimé cet album. J’avoue que le personnage de Gabriel me fascine. Il y a dans ce grand-père un côté très attachant. Tout en pudeur mais profondément humain, il décide de surmonter son chagrin, non pas comme sa femme, en se recroquevillant sur lui-même, mais en s’ouvrant sur le monde. Il n’y a pas d’âge pour un parcours initiatique. Là, Gabriel découvre un autre pays, une autre terre, un autre climat, une autre culture, et puis, une petite fille qui a grandi. Et si ce voyage lui permettait de mieux apprécier les siens, à commencer par son fils qui croupit en prison depuis son jugement pour enlèvement...
Parce que je suis un vieil imbécile qui croit encore Aux contes de fées, alors que la vie se comporte plus souvent qu’à son tour comme une méchante sorcière.
Cette BD, elle m’a beaucoup plu aussi pour le graphisme, les couleurs. Je prends goût au binôme ZIDROU/Arno MONIN. Je trouve que leur collaboration est tout fait pertinente et que la qualité du rendu est remarquable.
Et puis, j’avoue qu’elle m’a rappelé de très beaux souvenirs, ceux de deux voyages au Pérou, avec notamment l’atmosphère de la Garúa, cette bruine permanente sur les côtes de Lima, cette ambiance nuageuse qui est le fruit du contact de l’humidité de l’océan avec la chaleur des terres de la capitale.
Mais, ne vous y méprenez pas, la canicule d’Arequipa y est aussi parfaitement restituée !
Bref, ce tome 2 est tout aussi séduisant que le premier. Gabriel gagne vraiment à être connu !
Ce roman, c'est ma fille qui me l'a conseillé. Elle a sacrément bien fait et je l'en remercie très chaleureusement !
Je vous dis quelques mots de l'histoire.
Vicente a quitté Varsovie en 1928. Après un long parcours, il s’installe finalement à Buenos Aires. Il rencontre Rosita avec qui il a trois enfants. Il succède à son beau-père dans la gestion du magasin de meubles, héritage familial. Tous habitent un appartement à quelques centaines de mètres de l'entreprise. La vie pourrait être un long fleuve tranquille, et pourtant... Si Vicente, en quittant sa mère, lui a fait la promesse de lui écrire régulièrement, il n’a en réalité pas tenu son engagement. Il n'a pas nourri l’échange épistolaire alimenté exclusivement par elle pendant toutes ces années. Et puis, en 1938, les lettres se font plus rares, elles lui dévoilent à demi-mots la condition des juifs enfermés dans le Ghetto de Varsovie. C’est alors que les origines de Vicente resurgissent cruellement et le conduisent progressivement à se murer dans le silence. Là commence une toute nouvelle histoire...
Ce roman de Santiago H. AMIGORENA, dont je ne connaissais pas la plume, est inspiré de la vie familiale de l'écrivain. Vicente n'est autre que son grand-père. Il aurait pu en faire un récit, il a choisi la fiction, la littérature permet de donner à des personnes dites ordinaires l'étoffe de héros éminemment romanesques. Je me suis plongée avec grand plaisir dans cette histoire singulière au rythme soutenu et au suspens intense.
Des livres qui racontent la persécution du peuple juif pendant la seconde guerre mondiale, il y en a beaucoup, et pourtant, celui là est EXTRA-ordinaire.
Son originalité repose, je crois, dans la métaphore du ghetto. Si Vicente, lui, a quitté suffisamment tôt son pays pour s'assurer une existence à l'abri de l'oppression nazie, si Vicente, lui, n'a pas été encerclé par les murs du Ghetto de Varsovie, il s'emmure, seul, dans un Ghetto intérieur. A force de nourrir son sentiment de culpabilité à l'égard de sa mère, de ses frère et soeur aussi, son impuissance à les aider d'une quelconque manière qu'elle soit, Vicente se referme sur lui-même, il se réfugie dans le mutisme. Il prend progressivement de la distance vis-à-vis de ses proches, hanté par ses démons. Il laisse choir l'amour que tente désespérément sa femme de lui prouver, il ne répond pas interpellations de ses enfants, Martha, Ercillia et Juan José, comme autant de bouées de sauvetage lancées à un homme en train de se noyer. Il RESISTE au naufrage et c'est ce que Santiago H. AMIGORENA explore avec minutie dans ce roman.
Les mots se précipitaient les uns contre les autres, et si parfois ils composaient des phrases qu’il arrivait à comprendre, des pensées qu’il arrivait à suivre, le plus souvent ils se battaient et tombaient défaits sur le trottoir, formant de petites tâches sombres comme des cafards qui se mêlaient aux déjections claires ou verdâtres des pigeons. P. 92
User des mots, jouer avec eux, c'est l'apanage des écrivains. Dans la démarche de Santiago H. AMIGORENA, peut-être y a-t-il quelque chose de l'ordre de la résilience. Ecrire ce roman n'est-il pas la voie qu'il s'est choisi, lui, le petit-fils, homme des mots justement, pour RESISTER aux drames vécus par la génération de ses grands-parents et qui continuent de l'affecter. Nul doute que Caroline CAUGANT aimerait profondément réfléchir à la question !
Outre les événements qui, malheureusement, relèvent de l'ignominie humaine et qui pourraient être universalisés, il y un sujet qui m'a beaucoup frappée dans ce roman, c'est la puissance de la condition juive.
Être juif, pour lui, n’avait jamais été si important. Et pourtant, être juif, soudain était devenu la seule chose qui importait. P. 70
Avec le personnage de Vicente, une nouvelle fois, il nous est prouvé que nous sommes empreints, que nous le voulions ou non, que nous l'acceptions ou non, de nos origines. Mais "Etre juif", c'est encore plus fort que la simple réminiscence d'une éducation religieuse, c'est aussi et surtout tout ce qui va avec. Dans "Où vivre", Carole ZALBERG décrit parfaitement l'indéfectible lien qui unit une communauté. Peu importe aujourd'hui sa diversité, son interculturalité, peu importe aujourd'hui son pays d'adoption, "Etre juif" se perpétue à travers les générations. Il en est une qui portait dans sa chair le numéro de sa déportation, il y a toutes les autres qui porteront comme un inlassable fardeau les marques laissées à jamais dans leur esprit.
Vous l'aurez compris, Santiago H. AMIGORENA, auteur contemporain, fait se croiser subtilement la trajectoire d'une famille avec celle de la grande Histoire et nous livre un roman tout à fait saisissant. Quant à sa plume, elle est tout en sensibilité, profondément bienveillante, comme un baume pour panser des plaies ouvertes à jamais.
Une nouvelle lecture coup de poing de ce début d'année !
Dans le sillon de Moonpalaace et Floandbooks, je poursuis la déclinaison de #marsaufeminin avec Anne-Marie GARAT, une bordelaise tout à fait pétillante, une écrivaine à l’imaginaire particulièrement développé et couronnée de nombreux prix littéraires.
Cette femme est une formidable conteuse, elle nous entraîne dans des aventures tout à fait exceptionnelles au bras de personnages éminemment romanesques, notamment des femmes dont les portraits sont hauts en couleur.
Son univers littéraire nous fait voyager à travers le temps, les territoires... Je pense notamment au roman « Le Grand Nord-Ouest » qui se passe aux Etats-Unis dans les années 1930, et puis à « L’enfant des ténèbres ».
Anne-Marie GARAT est très présente aujourd’hui en librairie. La rentrée littéraire de janvier 2020 a donné lieu à la sortie chez Actes Sud de « La Nuit atlantique ». Peut-être l’avez-vous déjà lu ?
C’est toujours un immense plaisir pour moi d’entendre sa voix. Augustin TRAPENARD l’a d’ailleurs accueillie le 27 février dans son émission « Boomerang », un petit moment de bonheur.
Si vous avez envie, aussi, de la regarder, sa maison d’édition a également publié une petit vidéo…
Comme d’autres s’y sont engagées, à l’image de Moonpalaace et de Floandbooks, je vais, moi aussi, mettre des femmes à l’honneur tout au long du mois de mars.
La première femme à qui j'ai envie de rendre hommage, c'est Simone VEIL dont la voix me manque cruellement aujourd'hui. Simone VEIL était une femme de lettres, une femme politique, une grande Dame que je respecte profondément.
Comme j'aimerais qu'elle nous éclaire encore de son propos, qu'elle nous permette de prendre de la distance par rapport aux événements, qu’elle nous aide à décrypter ce qui s’est joué vendredi dernier à la remise des Césars, qu'elle nous aide à tracer le sillon du féminisme du XXIème siècle.
Si des femmes d'un âge certain, qui prennent la parole aujourd'hui, me paraissent totalement à côté du sujet, à côté des réalités que vivent les jeunes femmes aujourd’hui, elle, avait su évoluer avec son temps.
Cette chronique, c'est aussi l'occasion d'un petit clin d'oeil à Sarah BRIAND qui a écrit "Simone, éternelle rebelle" et puis à Dominique MISSIKA pour "Les inséparables", un essai découvert dans le cadre du #grandprixdeslectriceselle2019.
Comme d’autres s’y sont engagées, à l’image de Moonpalaace et de Floandbooks, je vais, moi aussi, mettre des femmes à l’honneur tout au long du mois de mars.
Pourquoi ?
Parce que les femmes peinent toujours à trouver leur place dans un monde marqué par des siècles de domination masculine, Parce qu’elles sont aussi les premières victimes des hommes, dans les pays en guerre mais aussi dans le monde occidental, le nôtre, Parce que les femmes doivent toujours lutter pour être reconnues pour ce qu’elles sont,
Pour faire sa place sans perdre son âme dans un monde construit par d'autres, il y a a priori deux options : changer soi-même ou changer le monde.
et que j’ai choisi mon camp !
Je vais ainsi égrainer tout au long du mois de mars des portraits de femmes d’exception, brillantes, intelligentes, perspicaces, ingénieuses... bref, des femmes qui comptent !
Cette semaine, il a été beaucoup question d'immigration et d'exil sur le blog.
Il y a eu "Rivage de la colère" de Caroline LAURENT, un roman dans lequel l'écrivaine met sa plume au service de la défense des Chagossiens et de leur terre,
Il y a eu aussi "La nuit nous serons semblables à nous-mêmes" d'Alain GIORGETTI, un premier roman tout à fait remarquable qui résonne comme un propos militant, une lecture coup de poing !
Il y a eu encore "La loi de la mer" de Davide ENIA, un très beau souvenir du #grandprixdeslectricesElle2019, tout à fait dans le ton avec la #citationdujeudi,
Il y a eu toujours "L'adoption Qinaya" de ZIDROU et Arno MONIN, la #BDdumercredi avec cette enfant arrivée tout droit du Pérou,
Simple coïncidence... ou pas, toujours est-il que je souhaitais terminer cette semaine en beauté, en chanson s'il vous plaît, et là, j'ai convoqué Monsieur SOUCHON bien sûr avec "C'est déjà ça", comme une invitation à se contenter... ou pas, à vous de méditer sans modération. Très beau dimanche !