Éditons de Minuit
Il y a des romans qui font partie de votre PAL depuis de nombreux mois, voire des années, et qui attendent sagement leur heure.
Et puis, il y a ceux qui surgissent dans votre quotidien sans y avoir pris garde. C’est le cas de « Continuer » de Laurent MAUVIGNIER, une référence de ma fille découverte dans le cadre de son Bookclub (et oui, les partages entre passionnés de livres se transmettent de génération en génération !).
Ce roman, il est passé devant tous les autres et m’a littéralement transportée. Offrons-nous un moment d’évasion...
Sybille est divorcée. Elle élève seule son fils, Samuel, un adolescent. Lors d’une soirée dans laquelle s’immisce Samuel avec deux de ses copains, il assiste au viol d’une jeune fille, sans bouger. Quand elle réussit à sortir de la chambre où elle était retenue, elle donne l’alerte. Sybille récupère son fils le lendemain au poste de police. Elle convoque le père de Samuel pour lui exposer la situation. Elle décide d’un séjour de rupture pour son fils, et pour elle qui traverse aussi une passe difficile. Destination le Kirghizistan. Là commence une nouvelle aventure...
Ce roman, comme tous ceux que je lis maintenant, je l’ai ouvert sans connaître un seul mot de l’histoire. J’ai été scotchée.
Il y a bien sûr cette scène, suggestive mais insoutenable, qui annonce tout de suite la gravité des faits, l’environnement familial en pleine désuétude, l’absence totale d’espoir... et puis, il y a ce nouvel horizon, cette perspective de grands espaces pour respirer... enfin !
Les descriptions de la nature sont remarquables. Moi qui pratique le treck en haute montagne, j’y ai retrouvé l’ambiance du lever de soleil, un moment si particulier.
Et puis, cette fusion des hommes avec les chevaux. Il y a cette course folle, en fin de journée comme un rituel à l’arrivée sur le lieu du campement, une parenthèse absolument jubilatoire, fugace mais tellement fougueuse.
J’ai profondément aimé le rapport à l’environnement et la prise de conscience des hommes de sa fragilité...
Et ce n’est là qu’une composante du parcours initiatique du jeune garçon. Au fur et à mesure du périple en terre inconnue, il se découvre lui-même, il porte un regard nouveau, aussi, sur la personne qu’il n’avait jusqu’alors vue que comme sa mère...
Enfin, ce roman est fascinant par son rythme. Il y a des moments où le temps paraît se fondre dans l’éternité et d’autres où l’urgence répond à un instinct de survie.
Cerise sur le gâteau, la qualité de la plume de Laurent MAUVIGNIER. Elle est belle, fluide, émouvante, haletante. Il y a une bonne dizaine d’années maintenant, j’avais lu « Des hommes », j’y ai retrouvé ce rapport à la solitude et au silence comme une alternative au poids devenu insupportable des mots...