Nouvelle bonne pioche du Book club, que dis-je, coup de cœur ! C'est mon #Mardiconseil Merci ma chère Hélène de m'avoir mise sur sa voie.
Tout commence avec ce mail adressé à 3 personnes qui sonne comme un au revoir. L'expéditeur est sur le point de se jeter du balcon du 7e étage de son appartement parisien. Le geste est prémédité, il est organisé depuis des mois, depuis la vente de sa maison. Objectif : mourir quand il en est encore temps. Nous sommes le 4 janvier 2023. Derrière l'histoire de Jean-Louis se cache celle d'Elisabeth, sa mère. Leur point commun, un pied dans le vide !
Ce livre qui transcende les genres (thèse, récit, correspondances, fiction...), je ne pouvais que l'aimer.
Il faut dire que des fées se sont penchées sur son berceau, à commencer par Laurence TARDIEU, l'autrice des romans :
dans lequel elle disait :
Mais ça, je ne le découvrirais que dans les remerciements. C'est la cerise sur le gâteau, la sensibilité qu'il faut pour rendre le livre aussi fascinant que bouleversant. Je sors de cette lecture sous le choc, en pleurs sur l'itinéraire de cette femme, en colère sur les méthodes psychiatriques de la 2e partie du XXe siècle.
Parce que ce livre, c'est tout ça et beaucoup plus encore.
C'est une histoire familiale d'abord, aux origines bourgeoises, dans laquelle les femmes doivent se conformer aux injonctions d'un ordre social, être de bonnes épouses et de bonnes mères. Celles qui comme Élisabeth aspirent à s'en émanciper tomberont sous le joug de la médecine.
C'est là que de l'individuel on passe au collectif. Adèle YON, en enquêtant sur l'itinéraire de cette aïeule, relate les méthodes employées et déconstruit les modèles de la psychiatrie. Elle va notamment se focaliser sur la lobotomie, cette opération chirurgicale qui vise à extraire le lobe frontal du cerveau pour supprimer ce que ces femmes auraient en trop !
Le mot "femme" est prononcé. Ce livre se veut aussi le témoin de ce que les hommes, les pères, les maris, les frères, les médecins, imposaient au "sexe faible". En lisant Adèle YON, vous verrez à quel point cette expression prend tout son sens dans les pratiques d'une époque et explique les violences faites aux femmes, l'incarnation de la domination masculine, patriarcale, à commencer par la maternité.
Ce qui est terrifiant, c'est de voir à quel point la jeune génération est encore imprégnée du passé. Adèle YON révèle qu'elle-même a été élevée avec la crainte d'être fragile comme Elisabeth. C'est parce qu'elle risque de devenir folle qu'elle se lance dans les recherches qui lui permettront d'écrire cette thèse. La filiation, la transmission de génération en génération, est terrifiante. Son livre n'en est que plus puissant.
Je pourrais en écrire des pages, tellement il regorge de détails, il est foisonnant et captivant. Il est déjà lauréat de nombreux prix littéraires : Le Grand Prix des Lectrices Elle, le Prix Régine Deforges, le Prix Littéraire du Nouvel Obs, le Prix Essai France Télévisions...
Lire un livre, c'est planter un décor, poser des images sur des personnages, parfois inspirées du cinéma. Vous comprendrez que le visage de Virginie EFIRA se soit imposé à moi. Dans "En attendant Bojangles" de Régis ROINSARD, elle interprète divinement bien comment pouvait être traitée la maladie mentale dans les années 1960.
Ce livre fait partie de ceux que je n'oublierai jamais. C'est à ça que je reconnais les coups de coeur !
Retrouvez ceux de l'année 2025 :
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