Je poursuis la déclinaison de #marsaufeminin avec ma #citationdujeudi extraite du dernier roman de Marie CHARREL "Les Mangeurs de nuit" aux éditions de l'Observatoire, sorti après Les Danseurs de l'aube", deux coups de coeur.
S'il s'agit d'honorer la plume d'une écrivaine qui me fascine, il s'agit aussi aujourd'hui d'assurer la mémoire d'une migration de femmes, japonaises, instrumentalisée avec des mariages arrangés, à destination du Canada.
Nous partons pour le Canada revisiter son Histoire à travers des personnages aussi attachants que mystérieux. Il y a Hannah, une femme qui vit recluse depuis une dizaine d'année dans une maison en haute montagne. Elle porte en elle les traces de sa famille meurtrie par un courant migratoire croyant en l'eldorado mais qui, en posant le pied en terre américaine, révéla à Aika Tamura la grossière erreur de croire en un mariage arrangé. Elle fit partie en 1926 de ces "picture bride", des japonaises qui, en l'absence d'avenir dans leur pays, consentirent à une union sur photographies avec un étranger. Aika n'avait que 17 ans, lui, Kuma, 45. Et puis, il y a Jack, un creekwalker, l'un des 150 hommes recrutés pour veiller sur les cours d'eau et compter les saumons de la Colombie-Britannique. Il passe sa vie avec ses deux chiens. Hannah et Jack ont tous deux été bercés par des contes pour enfants. La réalité s'est chargée de leur faire vivre un tout autre destin.
A l'ouest du Canada, donc, il y a eu l'installation de Japonais, des hommes, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Ils se lancent dans la pêche. Et puis, en 1907, éclatent des émeutes à leur encontre. Les Japonais perdent leurs licences professionnelles, ce n'est que le début de la déchéance de leurs droits de citoyens. C'est pourtant là que des femmes les rejoignent, notamment les "picture bride". Tous sont promis à une vie dans des camps. Ils vont devoir SURvivre.
Je ne connaissais pas les "picture bride", ces femmes bernées par des photographies d'hommes séduisants qui leur promettaient monts et merveilles. Dans la pauvreté, vulnérables, elles réalisaient leur voyage financé par les dernières économies de leurs familles vers un soi-disant eldorado. C'est un tout autre destin qui les attendait.
Je loue Marie CHARREL pour cette révélation, elle contribue à la mémoire de ces hommes et ces femmes qui ont passé une partie de leur vie dans des camps.
Je vous conseille chaleureusement ce roman historique de Marie CHARREL. Il est foisonnant et servi par une plume prodigieuse. Si vous ne la connaissez pas encore, c'est peut-être le moment de la découvrir !
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